Le Vent de la Chine Numéro 24 (XX)
Le 18 juin à Hong Kong, les 70 députés du « Legco » statuaient sur l’offre du gouvernement central, de suffrage universel. – une offre jugée très insatisfaisante par l’opinion locale, car n’envisageant que trois candidats, tous favorables à, et validés par Pékin.Or ce jour-là, le vote parlementaire connut un incident extraordinaire : à 5 minutes du vote, 30 élus pro-Pékin quittèrent l’hémicycle, laissant 8 membres sur place, face aux 28 édiles de l’opposition démocrate. De la sorte, la motion fut repoussée, 28 à 8. Aussi incroyable qu’il puisse paraître, la sortie des pro-Pékin résulte d’une erreur de leur meneur de jeu, qui voulait retarder le vote (pour laisser arriver un édile en retard), en portant le nombre des votants en dessous du quorum. Mais dans la confusion, ces 8 édiles, mal informés, n’avaient pas bougé.Certes, le vote ne changeait rien sur le fond : en tout cas de figure, la motion n’aurait pas atteint la majorité des 2/3, obligatoire ici. Mais pour Pékin, le désaveu est rude : après une telle défaite, il y a à présent blocage, et la seule sortie possible, pour rouvrir le dialogue avec sa « Région Administrative Spéciale », sera de soumettre une autre proposition – ce à quoi la presse officielle, le lendemain du camouflet, se refuse absolument !
La semaine passée vit apparaître un autre thème fort et étonnant : une campagne dite «
guoxue » (国学), préconisant l’étude des
sages antiques. Dès 2008, le président
Hu Jintao avait fait poser place Tian An Men face au portrait de
Mao une statue de
Confucius : c’était pour créer une culture politique « oecuménique » réhabilitant aux côtés du socialisme les valeurs nationales anciennes. Mais vu l’opposition du clan, la statue avait été retirée. Or cette semaine, sous l’égide de l’Académie centrale de gouvernance, Xi Jinping fait publier une série de compilations de ces maîtres antiques, dont la lecture est « recommandée » aux millions de fonctionnaires centraux, voire de cadres provinciaux.
De même, par l’entremise du Front Uni, instance de dialogue avec les forces sociales hors-PCC, Xi tente de reprendre en main l’éducation des jeunes riches de seconde génération (富二代, « fuerdai » ). A Pékin comme à Xiamen, ils s’initient à la piété filiale, à l’origine de la fortune de leurs parents, ainsi qu’à quelques services d’intérêt communautaire. Cela dit, la reprise en main n’est pas traumatisante : ces « fils à papa » peuvent arriver tard ou partir tôt, en payant l’amende –
sans douleur pour eux– de 1000 yuans. Dans les
écoles et universités aussi, depuis janvier, circule une consigne contre l’infiltration des
valeurs occidentales – pour un retour aux sages bouddhistes, confucéens ou du Tao. C’était l’initiative du ministre de l’Education,
Yuan Guiren. Or, celui-ci, le 17 juin, est placé sous enquête par la police du Parti, pour corruption. Et l’on réalise alors que cet ancien lieutenant de Jiang Zemin avait lancé cette campagne, comme un acte désespéré pour faire allégeance à Xi et sauver sa place. Cette dernière péripétie est précieuse pour l’analyse, en jetant une lumière nouvelle sur cette campagne anti-occidentale dans les écoles –celle d’une
lutte interne au Parti. Mais au fait, toute cette campagne pour la « sagesse antique » ne serait elle pas elle-même l’expression d’une lutte au sein du Parti, où le clan réformateur autour de Xi chercherait à mettre en porte-à-faux les marxistes durs de l’ère de Jiang, en leur imposant cette nouvelle règle, au socialisme plus tempéré de références culturelles nationales ? La question reste ouverte !
Qiao Shi, un ex n°3 du régime, s’est éteint le 14 juin à Pékin à 91 ans. C’est un des très rares grands de ce monde socialiste à avoir osé dynamiter sa statue en exprimant un avis contraire à la majorité.
Né en 1924 à Shanghai d’une famille ouvrière, il aurait pu incarner un de ces jeunes héros anti-KMT de « la Condition humaine » de Malraux. Empêché de finir ses études de lettres par la guerre sino-japonaise, il entre au Parti à 16 ans, et fait de la résistance—il franchit les lignes ennemies avec des messages cachés sur lui. Après la révolution de 1949, il fait ses classes de futur leader, membre de la Ligue de la Jeunesse, ouvrier métallo, puis torturé et envoyé en commune populaire sous la Révolution culturelle: sa femme était nièce de Chiang Kaichek, et il avait donc été accusé de trahison. Sous Deng Xiaoping dans les années ’80, il s’envole, monte les échelons, comme apparatchik occulte, dans la police du Parti. En 1989 lors du Printemps de Pékin, libéral mais prudent, il s’abstient dans le vote crucial pour ou contre la répression, ce qui assure sa survie politique, et lui vaut une réputation de crypto-libéral. Jusqu’en 1998, il est à son apogée, Président du Parlement, candidat au poste suprême. Mais il a face à lui la majorité conservatrice qui se méfie de lui, et surtout Jiang Zemin, nommé en 1989 « à titre transitoire » mais redoutable manœuvrier qui parvient à se maintenir au sommet en 1993. En 1998, Jiang impose une règle forçant les anciens leaders à se retirer du Comité Permanent… sauf lui-même.
C’en est donc fini pour Qiaoshi –mais alors, intervient l’événement incroyable de sa vie : rompant avec des décennies de silence (une condition de survie dans le système), il choisit de se dévoiler. En voyage en France comme Président de l’ANP, il accorde une longue interview au Figaro, où il expose son idéal d’une Chine sous séparation des pouvoirs, Etat de droit, et pouvoirs accrus pour son Parlement, sur les organes du Parti.
Une telle vision iconoclaste, révélée en Europe sans autorisation, était inacceptable, et Qiao Shi le savait bien. Aussi avec cette interview, il se « grillait » : il se mettait en réserve de la République pour créer de toute pièce son image d’outre-tombe de démocrate. Il exprimait même un discret regret d’avoir sacrifié parfois des valeurs universelles à la discipline de Parti. Ainsi, il faisait son chant du cygne, en forme de suicide rituel. Exactement comme Zhao Ziyang l’avait fait 9 ans plus tôt, en appelant les étudiants à protester contre le vote du Bureau Politique…
Le 25 décembre 2014, la CCTV diffusa une news qui n’était pas un cadeau de Noël : les antibiotiques dans cinq cours d’eau dont Yangtzé, Fleuve Jaune et Rivière des Perles, et dans les robinets des villes du Jiangsu et de l’Anhui, atteignaient une concentration quadruple du plafond légal toléré aux Etats-Unis. La CCTV évoquait deux sources d’effluents : les élevages de volaille et Lukang (Shandong), n°4 national des antibiotiques.
Sept mois plus tard, 5 chercheurs de l’Académie des Sciences médicales Militaires relancent l’alarme : sur 36 types et 210.000 tonnes d’antibiotiques produits en Chine, 46% passent dans l’alimentation du bétail ou dans l’aquaculture—pas pour soigner ni immuniser, mais pour engraisser.
Pire, 50 à 70% des médecins locaux prescrivent à leur patients des antibiotiques aux premiers symptômes -paysans et soignants ignorent que 80% de ces remèdes avalés par les hommes et les animaux finissent dans les rivières et nappes phréatiques, résultat empiré par l’épandage nocturne des labos indélicats, multipliant jusqu’à 10.000 fois la teneur de ces substances dans les rivières. En fin de chaîne, après irrigation, ces antibiotiques plombent les végétaux, la viande et le poisson. « Tout est à créer », déclarent ces chercheurs : les procédés pour contrôler la vente, l’usage des antibiotiques, le recyclage des déchets, la formulation de nouveaux additifs vétérinaires et de vaccins pour le bétail, distincts de ceux utilisés chez l’homme.
Le risque est déjà là : en Chine plus qu’ailleurs, émergent des agents résistants anti-microbiens (AMR), souches pathogènes ayant muté pour résister aux antibiotiques. Le Chinois moyen absorbe 138 grammes d’antibiotiques par an, dix fois plus que l’Américain ou l’Européen. Cela se paie : entre 2001 à 2005, 150.000 Chinois sont décédés chaque année des suites d’AMR, et les soins spécifiques ont coûté au pays 477 millions de $ au bas mot.
La contre-attaque s’organise. Depuis 2011, les ministères de la Santé et de l’Agriculture ont édicté quelques normes et règles pour tenter d’enrayer la lame de fond qui s’en vient—mais on est loin du compte.
Dans l’actuelle course frénétique que livre la Chine vers la dérégulation financière, trois rendez-vous se succèdent en quelques jours, tous porteurs de promesse d’une métamorphose économique en peu de temps.
– Le 17 juin, Gao Hucheng, ministre du Commerce, signait à Canberra avec le 1er ministre australien Tony Abbott (cf photo) l’accord de libre-échange (ALE), fruit de 10 ans de discussions. 17 jours plus tôt, Gao signait à Séoul un même traité avec le voisin sud-coréen.
Quoique concernant des échanges bilatéraux presque doubles en volume (137 milliards de $ pour le commerce sino-australien, 235 milliards pour le sino-coréen), le traité avec la Corée du Sud avait été bouclé bien plus vite, en 3 ans à peine. Cette différence de tempo exprime le surplus de fougue volontariste des pays asiatiques, mais aussi les différences de sensibilité. Pays de tradition conservatrice occidentale, l’Australie peut avoir plus de mal à nouer un partenariat en confiance avec la Chine, que la Corée, sa voisine qui la connait mieux, et qui de surcroit nourrit des ambitions planétaires.
Au demeurant, les deux accords vont loin. Avec l’Australie, complémentaire de la Chine (celle-ci fournissant les matières premières et celle-là les produits finis), Pékin renonce à 85% de taxes sur le minerai, le lait, la laine, le coton. Dans l’autre sens, Canberra suspend 85% de droits sur le textile, les télécoms, les ordinateurs, le mobilier du Céleste Empire. Les deux baissent aussi les seuils respectifs à l’investissement, pour se donner les moyens d’une « ouverture de qualité ».
Corée du Sud et Chine se donnent 20 ans pour démanteler 91%, voire 92% des taxes sur 17 lignes de produits. Dès cette année, la baisse douanière suffira pour rehausser le commerce bilatéral de 25% en un semestre (300 milliards visés en 2015). Ces deux pays portent à 12 le nombre des nations pratiquant le libre-échange avec la Chine (Chili, ASEAN, Suisse, Nouvelle-Zélande, Pérou, Pakistan, Costa Rica, Islande, Singapour et Thaïlande). Ce qui frappe, dans l’accord australien (succédant à celui néo-zélandais), est le fait que les média chinois y voient, et se réjouissent, d’un « échec au TPP », Partenariat Trans-Pacifique que Washington tente de promouvoir entre 12 pays d’Asie et des Amériques, Chine exclue. Ces palabres multilatérales progressent, mais sans aboutir, en partie suite au blocage institutionnel d’un Congrès américain en lutte contre son Président. Or, la Chine qui n’est pour l’instant pas invitée à ce marché commun transpacifique, hait le projet, car celui-ci réveille sa vieille hantise de se voir « contenue », isolée par le rival américain…
– Le 16 juin, les experts du FMI débarquaient à Pékin pour étudier le degré d’ouverture du yuan, de libre usage par les marchés chinois et extérieurs, selon les critères fixés par les « Droits de Tirage Spéciaux », l’embryon de monnaie mondiale du FMI. L’objet de la démarche, est de faire entrer le yuan dans le panier des devises permettant d’émettre les DTS, et (pour le FMI) de les prêter.
Ces dernières semaines, la Banque Centrale a pris plusieurs mesures pour montrer « patte blanche », en l’occurrence sa volonté d’avancer au plus vite vers un système financier ouvert. Et à ce qui semble, les chances sont bonnes—contrairement à 2010, où le FMI avait conclu que le yuan ne répondait pas aux critères. Les enquêteurs rendront leur rapport « préliminaire » en juillet, suite à quoi des négociations s’ensuivront.
– Le 15 juin, le 1er ministre Li Keqiang le promettait, son pays va injecter des milliards d’euros dans le fonds européen EFSI (d’investissements stratégiques), appelé à gérer au total 315 milliards d’euros pour financer une partie de 2000 projets déposés par les 28 Etats membres, et qui sera lancé le 29 juin au 17ème Sommet EU-Chine à Bruxelles.
L’EFSI est supposé avoir un effet de démultiplication de 15 contre 1 : les Etats membres contribueront peu, et l’essentiel des fonds doit venir d’un « effet boule de neige ». La mise chinoise, dont le montant sera fixé en septembre, pourrait donc dépasser celles d’Etats comme la France ou l’Allemagne. Elle visera d’abord des projets technologiques et de télécommunications. D’où une importante question en suspens : contre sa participation, Pékin réclamera quel droit de regard, de gestion ? Ce geste est fait pour remercier les Européens d’avoir refusé de suivre Washington qui voulait boycotter son propre projet de banque AIIB, qui sera basée à Pékin (100 milliards de $, date de signature officielle le 29 juin, en présence de 57 ministres des Finances dont tous les Européens).
D’autre part, cette injection d’argent est à charge de revanche : la Chine attend des pays du vieux continent qu’ils participent à leur tour aux projets de ses « Routes de la soie ». Deux pays d’Europe expriment des espoirs particuliers : la Grèce, vu les investissements chinois déjà lourds dans le port du Pirée, et la Hongrie qui s’offre à des chantiers chinois sur une route naturelle allant d’Asie Centrale vers l’Europe de l’Ouest…
Jusqu’à hier, la Chine prétendait polluer toujours plus, au nom de la croissance. Mais le 9 juin, Chen Jining, le nouveau ministre de l’Environnement avertissait : « le pays atteint ses limites ». Et de fait, en terme de consommation du charbon, le reflux est déjà visible.
En 2014, les « gueules noires » chinoises extrayaient 3,87 milliards de tonnes de houille, assez pour la Terre entière, et une masse qui une fois brûlée, émettra 9 milliards de tonnes de dioxyde de carbone. Mais en même temps, cette extraction annuelle reculait de presque 3% par rapport à 2013 : la plus forte baisse en 14 ans.
Surtout, cet effort traduisait une fuite en avant d’un secteur à 80% déficitaire et aux abois. En 12 mois, le prix du charbon à coke a perdu 75% (à 300¥ la tonne). L’anthracite se vend 200¥ la tonne, en dessous des coûts de production, avec si peu d’acheteurs que les mines livrent désormais à crédit. Les salaires ont baissé jusqu’à 60%, à 2000¥ par mois, faisant repasser les familles sous le seuil de pauvreté. À Yuanshi (Hebei), le nombre de PME minières a chuté de 1000 à… 80. Pour l’ensemble du pays, les importations reculaient en mai de 40%. L’heure est donc à une douloureuse reconversion.
Désormais, l’Etat se garde bien d’assister les mines endettées : entre les mines existantes et celles en cours d’ouverture, l’excès de capacité atteint 1,5 milliard de tonnes par an. Seuls les géants tel Shenhua restent (encore un peu) rentables – mais ils peuvent connaître d’autres soucis, judiciaires : Hao Gui, vice-CEO de Shenhua est sous enquête, pour malversations. Là aussi, c’est nouveau, la campagne anti-corruption a aussi pour fonction de réguler la croissance—un des critères d’intervention de cette police du Parti pourrait bien être, sous prétexte de respect de la loi, l’assainissement de secteurs en excédent de capacité !
Autre avancée : le ministère publie un projet de loi de taxation de tous types de pollution, du dioxyde au décibel en passant par l’ammoniac. Les unités de taxation sont aussi spécifiées, du kilogramme à la tonne et au décibel. De larges exemptions sont prévues aux secteurs sensibles (agriculture, transports…) pour faire accepter cette révolution durant une période de transition.
Il prévoit aussi au 13ème Plan (2016-2020), la vente forcée de quotas d’émissions (de ces catégories d’effluents) aux industriels, qui auront dès lors un incitatif puissant à s’équiper de filtres, pour émettre moins, voire revendre en bourse leur reliquat de quotas.
Dès à présent, certains types de pollution commencent à baisser. Le ministère confirme pour l’ensemble du territoire en 2014, un recul des grands types d’effluents : en oxyde d’azote (-6,7%), dioxyde de soufre (-3,4%), ammoniac d’azote (-2,9%) et demande d’oxygène (-2,47%).
De ce fait, l’air des villes s’améliore—sans être encore satisfaisant. La concentration en particules de 2,5PM a reculé de 11% en moyenne dans 74 métropoles. Le tassement de la croissance y est pour quelque chose : la production électrique, en mai, a été étale, après avoir enregistré un déclin au premier trimestre, et l’an passé, par rapport à 2005, la consommation d’électricité a reculé de 29,9% et la diffusion de dioxyde de carbone, de 33,8%.
S’appuyant sur ce type de données, la London School of Economics confirme (8 juin) que la Chine a franchi son pic de consommation de charbon. Sa pollution devrait décliner non dans 10 ans comme s’y est engagé Xi Jinping, mais sous 5 ans, avec des émissions de 14 voire 12,5 milliards de tonnes de CO2.
Cette nouvelle pourrait influencer la conférence climatique de Paris, la COP-21, fin novembre : la réduction chinoise anticipée améliore les chances du plan de l’ONU de réussir, qui vise une limitation à 2°C du réchauffement global à la fin du siècle. Du coup, les membres du G7, en Allemagne début juin, promettaient qu’un accord sera bel et bien trouvé à Paris.
Le 14 juin, à la réunion du groupe directeur national pour le changement climatique, le Premier ministre Li Keqiang s’engage à « imposer une limite stricte » aux extensions d’industries polluantes ou gourmandes en énergie. « La Chine, ajoute-t-il, s’engage à appliquer de façon efficace, complète et durable la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique » – le traité de Paris.
Et le 29 juin, au Sommet China-UE à Bruxelles, les partenaires concluront que le changement climatique est une des grandes menaces pour l’humanité. Chen Jining d’ailleurs, prévoit pour la fin du mois de juin, l’annonce de l’offre nationale de coupe d’émissions d’ici 20 ans. Cela permettra aux préparateurs de la COP-21 d’apprécier si l’ensemble des offres mondiales de coupes, est « dans les temps » avec l’objectif commun.
Tout ceci permet d’observer, depuis la COP-15 à Copenhague (2009), le chemin parcouru. A l’époque, Pékin se refusait au moindre effort de décarbonisation de la planète, qui devait revenir « aux autres », pays « riches » et « de l’Ouest ». Aujourd’hui, le monde se décrispe—et le déblocage vient de Chine.
Avertissement : Cette histoire se déroule en Mongolie Intérieure, avec pour protagoniste le chef de la police. De ce fait, certains détails n’ont pas été dévoilés dans les media. Aussi, nous invitons nos lecteurs à percevoir ce Petit Peuple d’un œil différent : moins comme le rapport froid de la réalité, que comme une vision compatissante, tournée sur l’être humain et la passion, plus que sur le rang et la fonction.
Le problème de Zhao Liping était Li Lanping, gracile beauté de 27 ans, vendeuse dans une boutique de vêtements à Chifeng, ville de 4 millions d’âmes, à l’Est du territoire.
Elle lui avait été présentée par son commissaire divisionnaire lors d’une de ses missions d’inspection – voyages que Zhao faisait pour coordonner ses policiers entre des chefs-lieux de Wuhai à Xinlin Gol, souvent à des centaines de kilomètres de sa capitale provinciale de Hohhot.
En ces grosses bourgades, il était reçu avec tous les honneurs, avec agapes et festivités. Il y avait aussi son réseau d’amantes, maintenu avec soin par des subordonnés soucieux de leur avancement.
Rencontrant Lanping à un banquet à l’automne 2013, il avait senti comme un éclair froid lui traverser l’échine, à la vue de sa longue et soyeuse chevelure dans laquelle elle avait glissé un bibi de dentelle, lui donnant un petit air cultivé mais en même temps coquin. Avec ses prunelles de feu, ses lèvres au rouge orangé, sourire espiègle, et sa longue robe noire sculptant sa sveltesse, Lanping sortait du lot.
Pour Zhao Liping, le repas parut une éternité, n’écoutant que d’une oreille les exploits ou plates plaisanteries des adjoints, ne goûtant les spécialités locales que du bout des lèvres : il restait subjugué par cette mignonne qui faisait mine d’éviter son regard puis le croisait comme par hasard, faisant chaque fois des étincelles.
Deux heures plus tard à la sortie, tandis que les autres s’écartaient diplomatiquement, il suggéra des retrouvailles discrètes à sa résidence officielle. Mais en souriant, elle le planta là, prétextant sa vieille mère qui l’attendait chez elle…
Habitué aux « cocottes minutes », Zhao s’ébahit d’être forcé de filer doux devant cette jolie fleur coupée. A 62 ans, comme un collégien, ce vieux ballot subissait « l’amour coup de gong, au premier regard » (一见钟情 yī jiàn zhōng qíng).
De retour à Hohhot, il ne lui fallut pas cinq minutes pour obtenir son numéro de portable, et lui envoyer des messages à la chaîne, auxquels elle répondait une fois sur quatre.
Le week-end suivant, le rendez-vous était fixé à Chifeng. Sur le principe, la jeune femme n’avait fait nulle difficulté : on ne se refusait pas à un chef de la police, qui de surcroît promettait de prouver sa gratitude. Lanping le reçut dans son studio, en cachette des voisins. La chambre fleurie l’attendait, avec un souper aux chandelles, et pas de vieille mère aux alentours.
Cette nuit-là, Zhao se surprit de découvrir que l’âge n’avait plus de prise : son cœur, son corps avaient retrouvé leurs 20 ans. A l’aube, Lanping lui avait offert un colifichet antique, cadeau d’un maître de qigong, expliqua-t-elle « pour le jour où elle trouverait l’homme de sa vie ».
Se retrouvant avec elle chaque week-end, il se mit à échafauder des plans sur la comète. Il ne pouvait pas l’épouser – face au Parti, le divorce n’était pas une option, et sa puissante belle-famille avait les moyens de lui faire payer cher telle avanie.
Mais il pouvait la protéger, l’établir. En pleine zone piétonne, il lui loua une boutique de mode, obtenue à bon prix grâce à son précieux divisionnaire. La « fashion victime » était aujourd’hui à son compte. Une autre fois, il lui offrit une Hyundai coupé blanche : le permis l’attendait sur l’oreiller, le carnet plastifié noir au nom de Li Lanping, avec sa photo, gentiment emballé en paquet cadeau.
Parfois, il l’invitait en avion, en escapade dans les plus jolis coins du pays, des montagnes de Lijiang, aux plages de sable fin de Sanya.
Pour elle, il délaissait son foyer familial, sa femme, sa fille et son petit-fils, tout comme son petit empire policier à Hohhot.
Et c’est ainsi qu’à l’aube de la retraite, Zhao filait le parfait amour. Lanping, elle, prenait ses marques de passion avec détachement. Elle semblait parfois en plein jeu de rôle, tantôt fillette boudeuse, tantôt flamboyante amazone, face à son protecteur mi-Roméo, mi-papa-gâteau. Jamais elle ne demandait rien, mais laissait toujours entendre ce qui lui serait agréable et se faisait servir.
En somme, c’était un rêve, mais bancal : à travers cette femme qui eût pu être sa fille, cet homme en plein démon de midi cherchait à se raccrocher à une illusoire jeunesse, sans s’intéresser le moins du monde, chez elle, à ses véritables attentes et sentiments…
La suite et fin inévitable, la semaine prochaine !
24-26 juin, Shanghai : BIOPH, CPI, Salons de la pharmacologie et des bio technologies, et des ingrédients pharmaceutiques
24-26 juin, Shanghai : Expo STARCH, Salon international de l’amidon et leurs dérivés
24-26 juin, Shanghai : FI Asia-China, Salon international des ingrédients alimentaires
24-26 juin, Shanghai : HI, HNC, Salons sur les ingrédients alimentaires de santé et des produits naturels
24-26 juin, Shanghai : ICSE, P-MEC, Salons chinois de l’industrie pharmaceutique, et salon des machines et équipements pour l’industrie pharmaceutique
24-26 juin, Shanghai : INNOPACK, Salon de l’emballage des produits pharmaceutiques
24-26 juin, Shanghai : LABWORLD, Salon des équipements de laboratoire, matériel d’analyse
24-26 juin, Shanghai : PCIM Asia, Salon et congrès sur l’électronique de puissance, le contrôle de déplacement, les énergies renouvelables et la gestion de l’énergie
25-27 juin, Canton, HOSFAIR, Salon international des équipements et fournitures pour l’hôtellerie, de l’alimentation et des boissons
26-28 juin, Pékin : BITE, Beijing International Tourism Expo, Salon international des industries du tourisme et des loisirs
29 – 30 juin, Pékin : UCRG, World Credit Rating Forum
30 juin – 2 juillet, Shanghai : ESBUILD, Salon international des matériaux de construction et de la décoration intérieure
29 juin, Bruxelles : 17 ème Sommet Europe – Chine, avec la participation du Premier ministre Li Keqiang
1er -2 juillet : visite de Li Keqiang en France (Paris, Toulouse) - Forum d’affaires France-Chine à Paris & le Forum Economique à Toulouse , organisé par le Comité France-Chine