Le Vent de la Chine Numéro 36

du 8 au 14 novembre 2010

Editorial : De recensement et de lumières

[1] « La Chine compte 1,3 milliard de sujets, hormis les sujets de mécontentement », aurait pu dire Paul-Louis Courier, pamphlétaire français du XIX siècle,  à propos du lancement du 6ème recensement dans l’histoire du pays (01-10/11). Un projet coûtant 700M¥, mené avec des méthodes très innovantes.

A l’inverse du sondage de l’an 2000 où l’on recensait selon le lieu du hukou (permis de résidence) – souvent au village – les 6M de recenseurs vont aux 400M de foyers réels – en ville. De ce sondage mieux ciblé, l’Etat attend une photo plus nette de la grande famille chinoise, dévoilant le nombre des migrants (160millions ?), le recul de la jeunesse (des demandeurs d’emplois !), la progression des personnes âgées (avec ou sans retraite), la part respective des villes et des campagnes (on s’attend à 50/50, contre  64/36 en 2000).

Pour donner envie de coopérer, le sondage évite les sujets délicats -revenus, religion. Pour inciter à déclarer les enfants «illégaux», l’Etat offre de les légaliser à faible prix. Pékin est conscient de la nervosité ambiante, et en dernier recours, le recenseur peut faire appel à la police pour obtenir les réponses à ses 18 questions… 

   [2] Les raisons de la tension sont multiples.

Le Juge suprême (2/11) dénombre 6375  cas d’abus de pouvoir, ces 10 derniers mois, +6% qu’à même époque en 2009. Tel celui de Gong Cheng, commissaire de 32  ans à Changsha (Hunan), qui avec quatre comparses, drogua et viola une jeune fille (4/09), laquelle se défénestra ensuite. La justice vient de lui infliger la perpétuité et aux complices, d’autres peines très lourdes. Face à cette affaire et d’autres, Pékin rappelle aux cadres du Parti (le 2/11, via le Quotidien du Peuple), de ne pas oublier qu’ils sont “au service du peuple”.

L’immense majorité des griefs touche au foncier. Le problème est systémique, dû à l’absence de privatisation de ce bien “public”, et à la dépendance des mairies, pour se financer par la vente de terrain, avec tous les risques de collusion associés. Pour le Global Times, dans 20 provinces, les habitants craignent d’être dépossédés.

Dans les campagnes, une loi de 2008 fait des ravages. Supposée “récupérer du sol arable”, elle permet de raser les fermes, puis de vendre au promoteur, comme à Zhucheng (Shandong) où 700.000 fermiers de 1249 hameaux seront relogés dans 208 districts ruraux -perdant beaucoup au passage.

En ville, le processus est similaire. A Guiyang, 700 locaux sont violemment expulsés (29/10). A Mishan (Heilongjiang), un  exproprié s’immole par le feu. A Guzhai (Shanxi), un expulsable est battu à mort—il réclamait plus que les 5600¥/m² dictés par la mairie. A Hohot (Mongolie Intérieure), le promoteur choisit d’envoyer aux intéressés leur arrêté d’expulsion, accompagné d’une balle dans l’enveloppe : la police “enquête”.

Face à ces dérives, on note l’adaptation très rapide de la société, s’arrachant à la passivité. Et le rôle d’éclaireurs joué par des artistes, comme Ai Weiwei interdit par les autorités de se rendre le 7/11 à Jiading (Shanghai) pour protester contre la démolition de son studio. Ou comme le blogueur Han Han, en épreuve de force continue depuis l’été avec les autorités à Shenzhen, pour publier sa revue Duchangtuan.

 [3] Ce malaise social est très visible à Canton, où débuteront, le 12/11, les Jeux Asiatiques, relayant l’Exposition de Shanghai  clôturée (31/10) après avoir accueilli un record de 73millions de visiteurs en six mois.

Sur l’île de Haixinsha, ces Jeux Asiatiques se dérouleront dans des conditions de sécurité maximales (comme aux JO de Pékin et à l’Expo de Shanghai), sous des déluges de lumière, symbolisant la modernité. Au village limitrophe de Liede, les habitants sont priés, le 12/11 (nuit de l’ouverture) de quitter leur maison, éclairée.

Or, des milliers de Cantonais prétendent s’organiser pour éteindre cette nuit-là, remplaçant leurs lampes aux fenêtres par des bougies, au nom de la lutte contre le gâchis énergétique, ce qui est un des slogans des Jeux Asiatiques de Canton. Le mobile pourrait sembler peu plausible. Il leur permettra au moins de se justifier d’une accusation de manque de patriotisme…

 


A la loupe : Inde-Chine, faire enfin connaissance, après 3000 ans

Les deux géants émergents d’Asie jouent ces derniers temps un fascinant ballet à double mouvement inversé : l’un d’amitié-synergie, l’autre de méfiance. Le 26/10 à Tokyo, le 1er ministre indien M. Singh, paraphait avec son homologue N. Kan un pacte de libre échange pour «réduire la dépendance envers le marché chinois».

Plus tôt, l’APL, l’armée chinoise, se livrait à des manoeuvres au Qinghai, et au Tibet derrière l’Arunachal réclamé par Pékin. Chasseurs Jian-11, missiles sol-air Hongqi-9 et tanks 96B vrombissaient, semble-t-il, pour dissuader Delhi d’en rajouter à la tension en mer de Chine. Delhi avait concentré 100.000 soldats en Arunachal et préparait une base aérienne à Nyoma (Ladakh).

Mais rien de ceci n’empêchait Zhou Yongkang, patron de la sécurité chinoise, de se trouver le 2/11 à Delhi, dans le cadre du 2d séminaire des relations sino-indiennes, et du 60. anniversaire des relations. Zhou Yongkang chantait la puissance conjointe des deux nations aux 2,5 milliards d’habitants, 40% de l’humanité.

Zhou avait été devancé à Hanoi (30/10), au sommet de l’ASEAN (Association des Nations d’Asie du Sud-Est), par Wen Jiabao pour qui l’embellie avec Delhi (mais pas avec Tokyo!) était une priorité : la main dans celle de Singh, il trouvait la planète «assez vaste pour héberger les ambitions» des deux pays. Singh répliquait d’une remarque un peu froide : il était temps, entre eux, de « faire preuve de capacité d’écoute des intérêts stratégiques mutuels ». Wen annonçait sa visite en Inde avant décembre —la visite de Zhou avait pour but de la préparer.

Sur le fond, 8 ans après la grande réconciliation, la relation sino-indienne est au point mort. A l’échelle de ces pays, 60MM$ d’échanges est peu de chose, et le demi-million de nationaux franchissant la frontière est une misère.

Entre ces deux, les contentieux et les non-dit sont nombreux. Depuis toujours, assidûment, Pékin bloque la demande de Delhi d’un siège permanent au Conseil de Sécurité. Il finance des ports stratégiques autour de l’Inde (Pakistan, Sri Lanka, Bengladesh) et renforce ses prétentions sur le « Tibet-Sud », partie du Cachemire qui l’avait mené en 1962 à une guerre éclair victorieuse sur l’Inde. Mais la Chine s’inquiète de voir Delhi doté d’atouts peut-être gagnants à l’avenir : une économie moins dirigiste, et une démographie forte.

Finalement, ce qui divise le plus Pékin et Delhi, est l’ignorance mutuelle, la césure des Himalayas qui les fit vivre durant 3000 ans dos à dos, et qui soudain, avec l’avion et les télécommunications, perd son rôle de no-man’s land.

Ce qui leur manque, un peu comme aux Européens il y a près d’un siècle, est un règlement des différends frontaliers. La Chine a su le faire avec la Russie et le Vietnam—elle devrait être capable de le faire avec l’Inde, ce « Tibet-Sud » ne l’intéressant que comme monnaie d’échange.

Ce qui manque le plus, dépasse de loin les deux pays : des institutions communes, un organe supranational aux règles contraignantes, où l’on s’engage d’égal à égal. Ce ne peut être à l’ASEAN, noyauté et muselé par la Chine. Mais la Chine reste encore si peu favorable à une telle approche (cf son blocage répété aux débats climatiques mondiaux), qu’on peut douter que Wen Jiabao puisse présenter ce genre d’offre ou de demande, à Delhi avant Noël. Le seul argument en faveur, étant celui de groupes industriels comme Tata (Inde), qui ne supportent pas de devoir « attendre que les politiciens se mettent d’accord : le business n’attend pas ! »

 

 


A la loupe : Monde rural : immenses réformes, sauf une

Les crues du Sud-Ouest, la sécheresse de l’été n’ont pas empêché une récolte «égale» à 2009 (531Mt), selon le ministre Han Changfu.

Seul souci, le riz en recul, devant le blé et le maïs, face à la mutation alimentaire mondiale vers le pain (blé) et la viande (maïs). Le déficit en riz pourrait d’ailleurs s’aggraver : planté trop tard, il pourrait en plus souffrir de gelées précoces, avant sa récolte.

Au reste les aléas climatiques ont fait flamber tous les prix, rappelant la pénurie de 2008, causée par l’urbanisation, le réchauffement et le désinvestissement mondial en agriculture. Le blocage de l’exportation russe de grain cet été a inspiré des importations, à prix d’or : blé (845.000t) au 1er semestre, riz (+44%), coton. L’import de maïs atteindra 3Mt en 2011, 15Mt en 2015, rien que des USA. Le vieux défi du pays est de maintenir 95% d’autosuffisance (on ne parle même plus de 100%). Il faudra au bas mot produire toujours plus, soit 10Mt de plus en 2020 avec toujours moins :

-moins d’emblavures, 0,9 M hectare/an perdus depuis 1998. L’Etat s’est fixé une « ligne rouge » de 120Mha à ne pas franchir— à 121,7M hectare cultivés, on y est déjà !

-moins d’eau, avec un manque de 30MMt en 2009, dû aux systèmes d’irrigation périmés,

-moins d’hommes, avec 23 millions de paysans en moins en 2009—soit un total de plus de 200M, d’ici 2020.

-moins d’argent, vu la dette provinciale 1200MM$ (20% du PIB), en plus de celle de l’Etat, 1800MM$ (30%).

Cependant il y aura plus de fonds alloués aux paysans—l’Etat n’a pas d’alternative à ce choix politique du tandem Hu/Wen :

[1] 2,3MM$ en 2009 en primes directes aux équipements,

[2] 8,5MM$ en 2011, aux écoles, au nom des «trois gratuités» aux enfants pauvres (livres, allocations, repas).

[3] 125MM$ sur 3 ans, à la santé, pour rénover/bâtir 1000 hôpitaux de canton, former les médecins, accélérer le déploiement de régimes simples de Sécurité sociale/retraite (100M d’affiliés fin 2010, selon Yin Weimin, ministre de la Sécurité sociale)…

D’autres mesures sont : la hausse des prix publics du riz et du blé (5 à 8% en 2011), l’accès internet de 30.000 sites web agricoles pour seulement 105millions de ruraux (15%), au contraire du téléphone mobile et TV (96%).

Enfin, la banque pénètre dans l’agrobusiness, chinoise (ABC, Chongqing-Rural, Postal Savings etc) ou étrangère, Santander/CCB, BEA, Stanchart ou HSBC, laquelle compte déjà quatre agences… C’est évidemment une révolution verte, soutenue par l’épargne des migrants et 10 ans d’énormes dépenses d’infrastructures : écotourisme, urbanisation, reboisement font qu’un bourg, tel Huzhou (Zhejiang) avance un revenu/habitant de 11 745¥/an, double de la moyenne paysanne avec 88% de revenus non agraires.

Autre phénomène, la terre prend une valeur telle à la côte, que 9/10 des étudiants de Yiwu (Zhejiang) préfèrent garder leur identité paysanne « Hukou », pour avoir droit à un lopin qu’ils font bâtir, ce qui les rend à 20 ans propriétaires d’un bien de 5M¥… plus qu’ils ne pourraient espérer gagner de toute leur vie avec les salaires locaux !

Le pouvoir semble donc tout à fait dynamique face aux campagnes—à une exception près, qui est de taille : il vient de buter sur le droit du paysan à hypothéquer sa terre, et ainsi la réforme du droit foncier.

C’est trop pour Hu Jintao—ce sera pour ses successeurs.

 

 

 

 


Argent : La banque, nerf du progrès

Pas de crise pour les « quatre soeurs » bancaires BoC (Banque de Chine), CCB (China Construction Bank), ICBC (Industrial & Commercial Bank of China) et ABC (Banque de l’Agriculture) : au 3ème trimestre, elles ont engrangé 30% de profits par rapport à 2009, grâce à leurs prêts. Aujourd’hui, elles se trouvent à risque, avec une masse probable de prêts irrécupérables, condamnées à prêter toujours plus, pour se couvrir. Ayant dépassé leur quota, elles sont «à sec».

Pour contourner l’obstacle, presque toutes recourent au même artifice, la bourse. N°2 mondial pour les prêts, CCB veut vendre entre Shanghai et Hong Kong pour 61,7MM¥, d’actions, autant que la Banque de Chine (60MM¥). ICBC vise une émission de 45MM¥, et la CITIC 26MM¥.

Toutes vendent, sauf une, la Banque de l’Agriculture. Moins par prudence ou par modestie que du fait de sa tonitruante entrée en bourse en juillet dernier, où elle avait engrangé 23MM$ (150MM¥) en actions correspondant à 15% de ses actifs.

Ce qui frappe aussi, dans ce déploiement de la puissance bancaire chinoise, est sa prise de contrôle de pans entiers de l’économie. Dans les transports aériens par exemple, les carriers chinois, fortement endettés, ne disposent que d’un tiers de leurs flottes en leasing.

Ainsi BOC Aviation, filiale de la Banque de Chine, depuis son siège singapourien, vient de commander ferme 30 Airbus A320, à livrer en trois ans, destinés à voler sous pavillons chinois. En trois ans d’existence, BOC-Aviation s’est imposée n°1 du leasing asiatique, possède 163 appareils, et compte doubler sa flotte avant 2016, moyennant un budget de 10MM$.

 


Pol : Après le mariage blanc, le divorce blanc

Pour contourner le resserrement de l’accès au crédit, sur les achats immobiliers au-delà du 1er appartement, une formule sociale inédite voit le jour : le divorce blanc.

Depuis le 29/09, en effet, les particuliers souhaitant acquérir un 2.eme bien, doivent faire face à un dépôt initial et à des frais hypothécaires plus importants.

Telle que publiée dans Chine Nouvelle par un agent immobilier de Changsha (Hunan), la solution consiste à divorcer, pour mettre la maison sur le compte d’un conjoint, rendant à l’autre sa liberté d’acquérir un second bien sans pénalité. Un couple cité compte épargner ainsi environ 20% des 720.000¥ du prix de son achat.

Le « divorce » s’obtient de deux manières : soit par le bureau des unions (auquel cas, on se remarie, après), soit moyennant 300¥, pour une paire de faux certificats.

L’affaire embarrasse le ministère des affaires civiles, qui note 848.000 séparations dès le 1er semestre, soit 10% de plus que l’an passé, sans moyen de distinguer les authentiques des opportunistes. Cette tendance, pour les experts, démontre que les Chinois ne croient pas à une baisse de l’immobilier à l’avenir, et préfèrent assurer leurs vieux jours. Le risque social étant que les intéressés ne se remarient pas, restant seuls par la suite.

La conséquence, en tout cas, est claire : pour le mois d’octobre, à Shanghai, les ventes d’apparts ont baissé de 20%, au lieu des 40% attendus, et les prix du marché ont encore monté, de 9,1%.

 

 


Temps fort : France / Chine—un ralliement bénéfique

Rien n’a été épargné entre Pékin et Paris, pour faire de la visite française du Président  Hu Jintao (4-6/11) un  succès : les cinq entrevues entre les chefs d’Etat en 45 heures, les 22,7MM$ de contrats offerts aux groupes français, l’escapade à Nice, l’absence de commentaire de la France sur le prix Nobel à Liu Xiaobo, sa faveur réitérée à la levée de l’embargo «ventes d’armes».

De plus au G20, qu’il présidera en 2011, N. Sarkozy assure d’éviter de «gêner les nations pour leur excédent commercial». Ce qui, concernant la Chine, va contre les intentions de Bruxelles, qui se promet, à Séoul le 12/11, de rappeler sans équivoque à la Chine sa demande de rehausser son yuan.

Une telle visite était demandée par Paris, et l’ambassadeur de France H. Ladsous y a consacré bien des efforts depuis des mois. Ce qui n’empêche l’impression que c’est Pékin qui a choisi son heure,  à quelques jours  du sommet intercontinental. Est-ce l’effet du hasard ou d’une soigneuse étude de cas, si les deux Etats européens visités par Hu sont parmi les plus fragilisés : la France sortant à peine de conflits sociaux ayant porté la cote de son président à son plus bas, et le Portugal (l’étape suivante), étant en faillite chronique, en grand besoin d’argent frais pour équilibrer ses comptes? On prête à Hu Jintao l’intention d’annoncer des achats de dette publique lusitanienne, qui permettraient opportunément de relâcher la pression. Ainsi, avant même Séoul, cette visite très médiatisée, et ses fruits, peuvent ébrécher la solidarité occidentale et en affaiblir l’offensive monétaire. Ce qui est de bonne guerre…

La moisson pour la France est belle. Airbus place 102 avions dont 66 en commandes nouvelles, pour 14MM$. 25 A320 vont à la chaîne de montage de Tianjin, les autres aux usines européennes du groupe et ses sous-traitants.

Areva élargit le spectre de la coopération. En amont, il assure à la Chine 20.000t de fourniture de combustible en 10 ans (3,5MM$) et la co-exploitation d’une mine nigérienne ; en aval, il prépare la construction d’un centre de retraitement et de fabrication de Mox (combustible). Or ce pas, jusqu’à hier, posait problème à la défense française, vu le risque de détournement par Pékin du plutonium résiduel, pour usage militaire. En outre, le contrat pour 2 réacteurs EPR (1600MW) d’une valeur de 8MM² serait imminent, et Sarkozy évoque l’entrée des deux pays dans une nouvelle phase de coopération nucléaire où ils produiront, voire exporteront, ensemble des réacteurs tel l’Acmea, de puissance moyenne.

Au passage, on ne voit pas bien l’intérêt d’Areva à partager ainsi son savoir-faire, ni celui de groupes chinois comme la CGNPC (China Guangdong Nuclear Power Corp) à partager ses marchés extérieurs…

Total qui, par ailleurs est sur le point d’obtenir le contrat d’exploitation du gisement gazier de Sulige, discute avec CPI pour une centrale de liquéfaction du charbon à 4MM$ dans la même province mongole.

Alcatel décroche pour 1,7MM$ de fournitures à China Telecom, China Mobile et China Unicom. Et comme les échanges bilatéraux atteignent 40MM$ cette année, Hu Jintao associe à sa manière l’Hexagone au XII. Plan quinquennal chinois, en lui fixant l’objectif de doubler le chiffre d’ici 2015 !

Autre succès pour N. Sarkozy : Hu Jntao a approuvé son projet de «refondation de la croissance mondiale, sur des bases plus saines», et de réforme du système monétaire, de la gouvernance globale et du contrôle des fluctuations des matières 1ères. En somme sous réserve d’inventaire, le ralliement, à vrai dire inéluctable, vu l’irrésistible ascension chinoise, en valait la peine !


Petit Peuple : Zigong : le petit chaperon rouge

Tingting, à 5 ans,  a eu bien de la chance, ce 26/09 à Chengdu (Sichuan), d’être trouvée par M. Zeng. Rentrant du travail vers 19h, ce vigile de l’usine Jingang vit une tache rouge tranchant sur la pénombre du parvis du temple Chenghuang : un cartable sur une masse de vêtements – une fillette, bras sur les genoux, endormie.

La tirant doucement par le bras, il lui demanda son nom, son adresse. Mais pas un instant, de toute la soirée elle ne se départit d’un mutisme témoignant d’un rare caractère chez cette fillette haute comme 3 pommes. D’une mimique, elle refusa plus net encore de se laisser conduire au Commissariat. Zeng ne pouvait pourtant pas la laisser sur place, sans défense face à n’importe quel mauvais coup : il l’emmena chez lui. Sa femme lui donna la becquée, la déshabilla et lui fit faire un brin de toilette. Puis à peine allongée dans le petit lit qu’il venait de lui bricoler d’une couette et deux fauteuils, le sommeil la terrassa …

Le lendemain, Tingting reposée finit par lâcher le nom de son école : surprise, c’était à Zigong. La petite intrépide ne daignerait jamais avouer par quel train ou bus elle avait franchi les 269km jusqu’à la capitale provinciale. Quelques coups de téléphone plus loin, Zeng parlait à Xiangyan, le père, éperdu de soulagement.

Depuis la veille vers 10h, quand la grand-mère les avait eu sur son portable, lui et sa femme ne dormaient plus. Ils étaient à Lhassa, 1200km plus à l’Ouest où, comme bien d’autres Sichuanais, ils menaient la dure vie de commerçants au Toit du Monde, offrant leur petit business aux Tibétains pour échapper à l’excessive concurrence qui régnait au pays natal. A l’horrible nouvelle, ils avaient instruit la mère-grand d’avertir la police, puis sauté dans le 1er avion – au diable les économies. En vol, ils avaient envisagé fiévreusement toutes les hypothèses, de l’enlèvement à l’amnésie, échafaudant 1000 stratégies pour la retrouver.   

Débarquant vers 15h, tandis qu’il appelait les amis et proches, elle se précipitait chez un imprimeur pour faire tirer à la va-vite, une affichette à 1000 copies avec photo : par équipes jusqu’à tard, les copains sillonnaient Chengdu, d’autres Zigong. Ils distribuaient les pamphlets aux passants, leur demandant s’ils l’avaient vu d’aventure… mais  ils faisaient chou blanc.

Le 26 donc, vers 13h, vibra son portable sur l’appel de M. Zeng. Joie totale, mais éphémère, car dans les minutes suivantes, les parents durent replonger dans l’angoisse: dare-dare, Tingting avait rejoué les filles de l’air, dès qu’elle avait entendu Zeng prononcer le nom du père. A présent, tout doute était dissipé : c’était bien sa famille qu’elle fuyait de façon si véhémente…

Durant 72 heures, les parents battirent le pavé. Pendant ce temps, la fillette prouvant sa rapidité à apprendre, déploya un réel talent à se cacher des passants et garder l’apparence de normalité, tout en se nourrissant discrètement dans les poubelles, aux robinets publics. Il fallut trois jours à un autre vigile, à la gare du Nord, pour la reconnaître aux annonces de la presse et de la télé: profitant de son épuisement, il put la coincer, prévenant le père.

Arrivant ventre à terre, Xiangyan put enfin serrer son enfant dans ses bras : «Mais pourquoi t’es tu sauvée?», osa-t-il demander. « Parce que vous ne m’aimez plus », asséna-t-elle, « vous n’aimez que votre job. Et moi, si j’ai plus de parents, je m’en vais ».

Simples et dévastateurs, ces mots tirèrent au père des larmes de honte. Ce qui au passage, démentit à Tingting son hypothèse. Depuis sa fuite, les parents se répétaient que gagner plus mais perdre Tingting, c’était «gagner la graine de sésame pour perdre la pastèque»   捡了芝麻丢了西瓜 (Jiǎnle zhīma, diūle xīguā)… Ils rentrèrent au foyer enfin à trois. Papa et maman se promettant de lâcher leur affaire tibétaine, de se réorganiser, que Tingting ne doute plus à l’avenir que leur seul trésor, c’était elle.

 

 


Rendez-vous : A Shanghai, le Salon de l’énergie

9-13 novembre Shanghai : Salon de l’Energie

9-13 nov. Shanghai : Factory Automation Asia/ IAS : Salons de l’automation des usines et procédés

10-12 nov. Suzhou : API China, Salon de l’industrie pharmaceutique

10-12 nov. Shanghai : CEF, Salon de l’électronique

10-12. Pékin : INTERPHEX, équipements de la pharmacie