Le Vent de la Chine Numéro 13

du 19 au 25 avril 2009

Editorial : Escapade à Tianjin

Le 15/04, à une quarantaine d’intéressés, la CCIFC, la Chambre de commerce et dindustrie française en Chine, faisait découvrir quelques sites industriels de Tianjin. Le Vent de la Chine vous présente ses notes de voyage :

«  Il y a 20 ans, Papa avait 20 employés : j’en ai 1237, dont 300 ingénieurs. Papa avait débuté avec quelques millions de ¥ de chiffre daffaires par an—en 2008, j’ai dépassé le milliard, dont 30% à l’export »… Mixant curieusement les affaires de sa firme et celles de sa famille, Zhang Jianhao, PDG de Saixiang présente sa compagnie en un style assez courant en Chine : mi-confucéen (pratiquant le culte du père), mi-macho (une pincée de Timonier, une autre de Rambo). Au demeurant, Zhang Jianhao a des raisons de fierté : expert en équipements lourds, Saixiang a trois usines, dont la dernière-née de 50.000m². Il compte pour clients des groupes géants, tels Michelin ou Firestone. Saixiang fabrique des machines à pneus de chantier, 10m de long par 5m de haut, combinant tour, four, robot à laser pour insérer la carcasse radiale, plaquer et sculpter la gomme… Chaque modèle unique est facturé au tiers des tarifs courants (6M¥ au lieu de 20M¥). Au mur trône un pneu de 3,5m de haut fabriqué avec sa machine. Avec en son centre, la photo de Wen Jiabao, le 1er ministre, natif de la région, qui visitait Saixiang quelques mois avant. «D’ailleurs, ajoute Zhang, nous préparons le prochain modèle, capable d’usiner un pneu de 5m : ce sera le record du monde».

Non contente de faire dans le pneu, la firme fournit aussi à Airbus ses conteneurs pour structures d’A320, nécessaires au transport maritime depuis l’Europe.

Plus tôt, nous sommes passés par l’ISEIAC, l’école franco-chinoise d’aéronautique. Ouverte en 1987, elle compte déjà 200 élèves, recrutés parmi la crème des bacheliers du pays, et aura atteint son rythme de croisière avec 600 dès 2011, une fois qu’elle disposera de son propre campus -elle est aujourd’hui logée « chez l’habitant », dans l’université aéronautique de Tianjin (UAT, 16.000 étudiants). Financée par les deux pays et soutenue par l’Europe, Airbus, Thales et Safran, l’ISEIAC dispense 27 licences et 25 maîtrises. Elle conduit au master en un an, au diplôme d’ingénieur en 5 ans. Son originalité : l’enseignement partiellement en français, par 3 grandes écoles de France (7 enseignants, qui seront 20 dans deux ans). L’UAT fournit les 13 autres professeurs, qui doivent augmenter à 25). Le cursus est même trilingue, car l’anglais est tout aussi présent, langue d’Airbus-Tianjin, et langue de ce métier très mondialisé. Cette anglomanie déçoit un peu Wang Ning (20 ans, du Henan), qui avait choisi l’ISEIAC, par amour de la langue de Molière…

Dernier arrêt : chez Schneider, une des 21 usines du pays. 900 employés, presque toutes des femmes y montent un disjoncteur modulaire, vendu en Chine à 400M de copies : « un Chinois sur trois en ‘a’ un»… Notre guide dans l’usine ne le sait pas encore, mais la firme vient de perdre un procès historique contre son copieur n°1, qui a réussi à faire condamner le groupe… pour piratage (voir rubrique argent) ! Mais la vie continue. De la crise, Schneider attend en 2009 un ralentissement de sa croissance à +4 à 5%. Comme d’autres firmes en Chine, Schneider réagit… en investissant plus, dans une usine de 10M², afin de pouvoir lancer ses nouveaux produits simultanément en Europe et en Chine. Une décision qui reflète la foi de son état-major : crise ou pas, c’est dans cette région du monde que se trouve le marché de l’avenir.

 

 

 


Joint-venture : Renault – Nissan veut brancher la Chine

Renault-Nissan veut brancher la Chine

L’annonce est discrète -concurrence oblige- mais forte : Renault-Nissan va vendre dès 2012 son véhicule tout électrique dans 13 villes chinoises, Wuhan (Hubei) en tête. Véhicule importé, d’une autonomie aujourd’hui limitée à 160km.

Avec le MIIT et Wuhan, deux accords viennent d’être signés (10/04) pour leur fournir les plans des équipements et accélérer l’émergence des réseaux-pilotes, mi-privés, mi-publics, de charge et maintenance. En fait l’accord chinois n’est que le 19ème conclu par l’Alliance franco-nippone, d’autres ayant précédé avec 18 villes et régions d’Europe, d’Asie et d’Amérique.

L’Alliance n’est toutefois pas seule en course. BYD (Shenzhen) a surpris le monde en sortant dès décembre sa F3DM, voiture hybride qu’elle aussi prétend sortir en 2011. Flairant la fortune, Warren Buffett, l’investisseur américain a pris sans tarder 10% des parts de BYD, pour 230M$. Chery aussi présente ses ambitions avec son alliance (Israël Corp) et 500M$ d’investissements annoncés… L’Alliance Renault-Nissan prétend gagner la course par un pari stratégique : griller l’étape de l’hybride pour passer directement à la «mobilité émission zéro», au nom du slogan : « l’avenir de l’énergie, c’est l’électricité ! » 

 

 


A la loupe : Conjoncture : une embellie sous perfusion

La crise fait rage en Chine. La croissance du trimestre a atteint 6,1%, moins de la moitié des 13% de 2007, pire score en 20 ans. L’export a chuté de 19,7%. Mais on croit lire aussi que le pire est déjà dépassé : une légère reprise des exports en mars a permis une remontée, par rapport aux -25,7% soufferts en février. Même tendance visible dans la consommation électrique, moins 4% pour le trimestre, mais moins 2% seulement en mars. Idem, la déflation d’1,6% en février décroît à 1,2% en mars…

L’embellie est due au plan de relance et à ses 500MM$ de crédits : ils alimentent les +30,3% d’investissement fixe urbain au mois de mars, effort accru par rapport à janvier-février (+26,5%). Les banques prêtent toujours plus : 1890MM¥ en mars et 4580MM¥ pour le trimestre, frisant les 5000MM¥ assignés pour l’année -mais la Banque centrale le dit déjà : pas question de refermer le robinet ! Ce crédit maintient un commerce de détail de +14,7% en mars contre 15,2% en janvier-février. Il vient compenser les 9,5% de repli de l’investissement étranger (IDE) en mars : repli qui faiblit lui aussi : il atteignait -15,8% en février. Et surtout, la production industrielle redémarre, à +8,3% (mars) contre 3,8% en janvier-février. Les salons d’équipement tel le CIMT à Pékin font mine réjouie. Et dans les garages, 1,1M d’autos se sont vendues en mars, +5%. Tout cela permet à Wang Tao (UBS) de rajuster la croissance du trimestre à 7%, dans les temps pour atteindre les 8% annuels, but officiel. La moyenne des analystes préfère tabler sur 6,5%.

Cependant, au-delà de l’optimisme de rigueur, bien des ombres subsistent : de baisses d’impôts en lancement de projets massifs d’infrastructure, l’Etat perd 8,3% de recettes, à 1460MM¥. Aussi, cette croissance reste fondée sur l’export vers un monde industrialisé qui a cessé de croître, et ne pourra pas accepter indéfiniment la pratique.

Autre risque insidieux : l’aspect artificiel d’une croissance manipulée par un pouvoir détenant la plupart des leviers sur son économie. Exemples :

[1] la bourse a gagné près de 30% depuis janvier, boostée par des dizaines de milliards de US$ détournés en sous-main des fonds du stimulus ;

[2] de discrètes braderies immobilières permettent aux « gros » promoteurs de vendre à perte, tandis que les petits coulent. Aussi, Cao Jianhai, de la CASS (Académie chinoise des Sciences Sociales), voit les cours s’effondrer de moitié sous 24 mois ;

[3] ce flux d’argent facile va induire des mauvaises dettes -l’Etat prédit des contrôles renforcés—voeux pieux !

Pour l’expert A. Kroeber, ce flux d’investissement « politique » à faible profit, ne compensera qu’un an ou deux la chute de l’export – il suffit, pour s’en assurer, d’observer la chute des profits des grandes entreprises d’Etat. Ensuite, la croissance devra venir du marché intérieur. Mais les indispensables réformes, pour ce faire, ne sont pas lancées. Il y a bien (12/04) le droit accordé à 150 paysans de Faku (Liaoning) d’emprunter 300.000¥ en hypothéquant 60ha de terre: prêt «illégal», mais béni par les autorités à titre de test. Mais comme new deal du paysannat, c’est un peu court. Aussi Li Xiaochao, du bureau national des statistiques, prévient ses concitoyens contre tout triomphalisme : « l’économie reste sous la pression de la récession mondiale… Les bases sont fragiles, et la tâche reste très aléatoire » !

 

 


Argent : Schneider – Chint : l’arrangement

Schneider—Chint, l’arrangement

Trouvant la faille dans un brevet chinois de Schneider Electric, en 1999, l’industriel Chint lança une action qui débouche 10 ans plus tard sur un «coup» judiciaire qui fera date. Chint réenregistra le brevet, sortit sa propre version du produit (un disjoncteur modulaire) puis attaqua Schneider pour piratage. Face aux juges de Wenzhou (la ville de Chint), le groupe du Creusot ne put jamais rassembler les preuves qu’il importait légalement ce produit avant le dépôt du brevet par Chint, ce qui aurait établi l’usurpation de ce dernier. Chint gagna en 2007 en 1ère instance 37M², puis le 15/04 en appel – dommage diminué de 53% à 17,5M², payables sous 15 jours. Les groupes ont d’autre part transigé, à des conditions secrètes, sans doute lourdes : c’est qu’avec ce verdict, Chint pouvait réattaquer Schneider partout en Chine, pour des montants jusqu’à 10 fois supérieurs. Schneider a préféré jeter l’éponge, pour «se recentrer sur son développement». Mon tout donnant un sévère avertissement à tout groupe étranger, de bétonner ses brevets à l’avenir !

 

 


Pol : Petits pas dans les Droits de l’Homme

Le 14/04, le Conseil d’Etat dévoile un plan des droits humains, sorte de ligne directrice d’ici 2010, en quatre chapitres et 163 mesures. Parmi celles-ci, une liste de prescriptions destinées à éradiquer la torture policière (une barrière entre questionneur et suspect, lequel doit être médicalement inspecté avant et après l’audition), et d’innombrables mesures en faveur des femmes, des enfants, des chômeurs, des vieillards et handicapés…

En tant que 1er effort du genre en ce pays, et pour sa volonté d’universalité dans la protection sociale, le plan a été salué (cela aussi est rare) par Amnesty International, qui déplore quand même l’absence de toute mesure sur les 劳改所 laogaisuo, camps de travail échappant au contrôle de la justice. D’autres, tel l’avocat dissident Li Jinsong, se demandent si ce texte changera quoique ce soit à la pratique du pouvoir en vie réelle.

Détail symbolique, l’initiative arrive le jour du 20ième anniversaire du décès de Hu Yaobang, célèbre réformateur, événement qui avait provoqué le Printemps de Pékin. En même temps, on constate une série d’actions de harcèlement contre des dissidents de cette époque, tel Qi Zhiyong (embarqué le 15/04), Jiang Qisheng (surveillé). Dans ce contexte, ces actions et le plan apparaissent deux moyens du régime pour affronter ce souvenir dramatique, qu’il ne parvient pas à faire oublier. Témoins, ces étudiants de Hong Kong, qui mènent un scrutin sur la question: « faut-il changer le jugement officiel sur le Printemps de Pékin ?», établi à l’époque comme « séditieux et contre-révolutionnaire ».

Cette tension est aggravée par une kyrielle d’incidents sociaux, reflet de la crise : manifestations de taxis à Yueyang (Hunan, le 10/04), d’ouvriers textiles à Fuling (Chongqing, le 14/04), de propriétaires grugés à Shenzhen (le 14/04), une violence mafieuse à Canton (16 arrestations le 14/04). Ou encore cette inspection d’urgence par 100.000 agents d’Etat, de tous les greniers du pays, suite à la découverte de cas de déstockage frauduleux de grains, dans le Heilongjiang (« Fujin N°90 ») et dans l’Anhui.

En filigrane de l’apparente nervosité publique, on croit lire un besoin impérieux du pouvoir, de défendre le principe de l’infaillibilité du Parti et sa ligne de non-réforme politique. Faute d’avoir en réserve des concessions à offrir à la base. Tel est l’apparent prix à payer pour maintenir le fragile consensus entre tendances au sein de l’appareil : leurs oppositions traditionnelles s’exacerbent sous les difficultés de la crise.

 

 


Temps fort : Tianjin – balade dans une nurserie d’avions

Dans la halle de montage près de l’aéroport de Tianjin, sur le campus bien gardé d’Airbus China, l’impression est magique : quatre A-320 verts pâles (couleur de la peinture sous-couche) à des degrés divers de finition, en train de recevoir leurs ailerons, ailes, portes. Plus loin, en un autre hangar, rutilante dans sa livrée rouge-carmin, la 1ère machine complète poursuit ses tests (pesage, kérosène, 1ers vols) avant d’être livrée en juin à Sichuan airlines.

La montée en puissance est époustouflante. Les halles (montage, peinture, équipements, contrôle qualité) sortent de terre au rythme d’une par mois. Lancée le 18/08/08, la chaîne a achevé en décembre l’assemblage de sa 1ère cabine, dont la peinture était prête dès février. Les autres avions suivent, en six segments par appareil, acheminés depuis Hambourg par l’armateur Cosco : le 8ème débarque cette semaine. Au rythme d’un par mois, Tianjin livrera onze A-320 cette année, 26 en 2010, 48 en 2011, à une clientèle chinoise ou asiatique. En cours de route, l’équipe d’Airbus a dû régler un problème imprévu : les clients redoutaient le made in China et réclamaient des avions venus d’Europe: «Il a fallu, dit Marc Bertiaux le Vice Président, leur démontrer que la qualité serait ‘au moins égale’ à celle d’Europe».

Sévère, très couru (jusqu’à 1000 candidats par poste), le recrutement est quasi-achevé. Quoique diplômés, les ‘élus’ ont suivi un an de formation entre Pékin et Hambourg avant de rejoindre la chaîne. Ils sont 300 à Tianjin, avec 140 chefs d’équipe français ou allemands, lesquels resteront au moins 5 ans, le temps de former leur relève locale. D’ici 2011, le personnel aura atteint les 480 postes prévus.

Le coût de ce montage à Tianjin reste plus cher que son grand-frère d’Europe. Il baissera avec l’accélération de la cadence, le départ des expatriés et la production locale de pièces par six usines partenaires entre Xi’an et Harbin, capables de produire la moitié des composants de l’A320.

Avec cette usine à haut savoir-faire européen, existe un risque qu’on évoque peu officiellement mais beaucoup en sous-main: celui du piratage, en faveur des programmes locaux, l’ARJ-21 de 100 places, le futur gros porteur C-919. C’est ce danger qui aurait incité Boeing à offrir à la Chine un modèle obsolète, qu’elle a refusé. Airbus limite le risque en conservant 51% des parts de la JV, et en se réservant la production des composants de pointe: le groupe a retenu la leçon des déboires de MDD (USA), et de sa JV ratée en Chine en 1994.

Mais face à cela, que de belles perspectives, dans cette coopération: réduire les coûts des pièces, renforcer la capacité de design, de maintenance, de réduction des émissions de CO² (en production et en vol), de recyclage… Partager la vie aéronautique. Et avant tout, prendre d’avantage des 2000 commandes locales d’avions attendues sous 10 ans, et rattraper Boeing, qui équipe encore 60% de la flotte chinoise : « que notre effort soit payé de retour », dit notre guide, d’un mince sourire.

 

 


Petit Peuple : Yucheng : une loyauté de 835 ans

A 80 ans sonnés, Song Kecheng, originaire de Yucheng (Sichuan) a le sens de la famille. Depuis 60 ans, il remplit la charge, confiée 835 ans plus tôt à son ancêtre : gardien du tombeau de Yu Yunwen, 1er ministre de Chine sous les Song du Sud. Rien, durant toutes ces années n’a pu arracher sa famille à la protection de ce tas de pierres. Ni guerres, ni famines, ni même la révolution n’ont fait plier Song Kecheng et les siens : en pleine nuit, en cachette, ils ont fait leur devoir, mais jamais n’ont abandonné leur garde obstinée du mausolée, jusqu’à la fin des temps.

Aussi à l’aube du Qingming (fête de la lumière pure), à Yucheng, qui tire son nom du défunt légendaire, Song Kecheng s’est levé et après de brèves ablutions s’est mis en chemin, accompagné de Li Zhengnan, son épouse de sept ans sa cadette. Portant dans son panier ses accessoires préparés la veille, il s’est rendu au pied du mont Yuping, au petit monument de 2,3m par 1,80. Devant la stèle, il s’est agenouillé et dans son rocailleux accent sichuanais, a prononcé la formule sacrée, avec la même ferveur émue que ses pères, depuis 835 ans:«Premier ministre, voici venu le Qingming. Laissez-moi balayer votre tombeau», suite à quoi il a passé des heures à gratter soigneusement les blocs, nettoyer mousses et lichens, rafraîchir les inscriptions. Il a déposé ses offrandes de fruits, la coupelle d’alcool blanc, fait brûler la monnaie de l’enfer, avant de repartir avec son épouse, satisfait du devoir accompli.

Pour ce travail, il reçoit de la commune 40¥/mois (non réactualisés depuis 30 ans). Ce maigre salaire compte moins pour lui que l’honneur et la tradition, qui semblent habiter le village et lui faire oublier sa misère quotidienne. Pourtant, la tâche de Kecheng est tout sauf honorifique. Les pilleurs de tombeaux pullulent, enragés par la légende. En 1161, Yu Yuchen aurait sauvé l’empire d’une offensive des Jurchen (Jin), remportant la bataille décisive de Caishi contre des forces très supérieures en nombre (18.000 contre 400.000 soldats). Mais 13 ans après, il aurait été décapité, suite à une calomnie de trahison. Une fois l’erreur réalisée, l’empereur Gao Zong, affligé, l’aurait fait ensevelir en grande pompe avec une nouvelle tête en or massif, dont salivent depuis lors les candidats profanateurs. Dans les années ’70, un équipement primitif de couteaux et de cordes pouvait suffire au père de Kecheng pour défendre le sanctuaire. Mais dès 1984, les alertes répétées imposaient au Bureau de l’antiquité de lui confier un fusil. Les attaques culminèrent entre ’98 et ’99 : en 14 mois, six tentatives furent enregistrées, dont certaines faillirent réussir. Kecheng releva jusqu’à cinq entrées de tunnels autour du mausolée, sur quoi il décida avec Zhengnan de dormir armés sur place. Une nuit de mai 1999, il entendit les pillards arriver, envoya sa femme avertir la milice puis 10 minutes plus tard, tira un coup de fusil en l’air: les malfrats s’enfuirent… dans les bras des vigiles, qui en prirent cinq, calmant ainsi pour quelques temps leurs ardeurs maraudières.

Fier de sa mission peu commune, le vieux gardien a quand même deux soucis. Anodin mais impossible à satisfaire, le premier tient à son ignorance, vu le silence des textes classiques sur ce point, du lien entre son ancêtre Song, et Yu Yunwen. Kecheng suppute que son aïeul était au service du général-premier ministre. L’autre souci concerne l’aîné de ses six enfants. Unique mâ-le, il est l’héritier irremplaçable de la charge. Mais notre jeune homme est d’une autre époque! Il travaille à mi-temps en ville, il s’y plait, et ne veut pas entendre parler d’aller se ré enterrer chez les bouseux, pour les beaux yeux d’un fantôme.

Aussi le risque est réel, que là où huit siècles d’épreuves ont échoué, le XXI. siècle réussisse : à amollir l’homme, lui faire abjurer sa parole. Perdant ainsi pour un bol de soupe, son héritage impérial. Mais le vieux Kecheng ne veut rien savoir. S’il n’a qu’un fils, il fera le job, point/barre : «à qui a la charge, nul moyen de se défiler», dit-il -责有攸归, zé yǒu yōu guī !

 

 


Rendez-vous : Tianjin – Convention de la filière aéronautique

18-21 avril, Shenzhen : CMEF, Salon des équipements médicaux

19-22 avril, Pékin : Salon de l’industrie de l’énergie nucléaire 

20-24 avril, Tianjin : Convention int’l de la filière aéronautique

21-24 avril, Shanghai : NEPCON, Salon des industries et des équipements électroniques

22-28 avril, Shanghai, Salon de l’automobile