Le Vent de la Chine Numéro 33

du 14 au 20 octobre 2007

Editorial : XVII Congrès – le grand rendez-vous

Dans un Pékin sous contrôle d’acier s’ouvre  le 15/10,  le XVII. Congrès du Parti communiste chinois : 2147 notables du Parti se rassemblent pour avaliser les mots d’ordre et l’équipe dirigeante du prochain quinquennat, et esquisser celui d’après (2012-2017).

Ce qui frappe, même après 20 ans passés en ce pays, est l’ignorance absolue de tous, sur ce qui va suivre. Sauf sur une rumeur constante : le surprenant retour d’influence de Jiang Zemin, l’ex-homme fort, à grand peine écarté entre 2003 et 2004, après qu’il eût vissé cinq de ses hommes au sommet de l’appareil, autour d’un successeur Hu Jintao, qu’il n’avait pas désigné.

Ce Congrès risque donc d’être moins un forum d’idées qu’une guerre de succession, laquelle n’aura en fait pas cessé depuis 2002. Mais il faut comprendre : 1)  il n’y a plus de lutte idéologique : la dernière (Deng Liqun + Li Xiannian contre Zhao Ziyang + Hu Yaobang) s’acheva en 1986. 2)  D’autre part, la carrière socialiste se gagne par la discipline et fidélité inébranlable au Parti, et l’allégeance à un aîné (rapport clientéliste) – donc, pas par les initiatives ni la créativité. Dans un tel système, on n’a qu’une chance. Lâcher le manche, est l’erreur fatale. La lutte des classes a laissé place à celle des factions, qui structurent ces 2147 édiles.

Basé sur l’intérêt privé, ce concept de faction est tout relatif : il permet alliances et retournements, en fonction du vent- des perspectives de pouvoir du protecteur. D’où l’aspect toujours mystérieux de ces leaders. Tel Zeng Qinghong, le vice Président, hier poulain de Jiang, et que l’on dit à présent sur le départ de son propre gré, tandis que Hu Jintao tente de le retenir, sans lui tenir rigueur du fait qu’il ait barré son protégé Li Keqiang à sa succession en 2012, et lui ait substitué Xi Jinping, un autre personnage mal connu. Malgré ces conflits d’intérêt, Hu Jintao a toujours besoin de Zeng Qinghong, pour sa maîtrise des arcanes de l’appareil, l’irremplaçable «gardien du palais», le faiseur d’alliances.

Le Congrès s’apprête à brasser des thèmes reflétant toutes les angoisses actuelles du régime:

1. La qualité des vivres et leur volume, suite à la pénurie mondiale, imposant une inflation hors contrôle.

2. La pauvreté rurale qui recule dans l’absolu, mais croît face aux villes.

3. La pollution, où peu a été fait en raison de la collusion des industriels (bourgeoisie native) et des cadre -l’incapacité de Pékin à se faire obéir.

4. La reconstruction d’un système de santé ruiné et d’une sécurité sociale très lacunaire.

5. Et la corruption qui fait rage, fruit de l’absence d’une presse et d’une justice libres…

Vu ces poisons sans antidote, peu d’espoir de réforme politique. Hu Jintao n’est pas un joueur : le risque est lourd, et la culture politique du moment ne va pas en ce sens. Au lieu de cette audace manquante,  il faut s’attendre à son ersatz: une campagne contre Taiwan, dont le Président Chen Shui-bian agite le chiffon rouge de la séparation : exutoire commode, mais à court terme, pour une société bloquée dans sa course folle à la croissance non-durable!

 

 


Temps fort : Vers la fin des congés- ‘ tiroir caisse ‘?

La « semaine d’or » (1 au 7/10), fut une affaire à la « Jean qui pleure et Jean qui rit », aux succès compensés par des échecs.

Comme depuis 8 ans, ce système ferma les bureaux et usines, et lança le pays sur les routes et dans les magasins. Sous l’angle du chiffre, quelle merveille! 35MM² ont changé de main, +16%. Pékin a hébergé 5,94M de provinciaux (+6%), Shanghai 4,62M, le Tibet 0,4M, la plupart venus en train… Ensemble, les sites consacrés (mer, montagne, temples) reçurent 28M visiteurs et amassèrent 1,41MM². 150M de Chinois voyagèrent, et l’aviation aussi, battit son recours d’affluence avec 0,54M transportés le 30/9.

En plus des destinations nouvelles comme Yinchuan (Ningxia), la semaine d’or enregistra des innovations, tels ces 30.000 mariages shanghaïens, faisant faire salle comble à tous les meilleurs restaurants. Ou encore, le bond en avant de 60% de la monnaie plastique (cartes crédit-débit), avec 2,5MM$ d’affaires en 2 jours. Telle aussi cette expérience de Fuyang (Anhui) qui épargna 160.000² et la santé de ses visiteurs, en bannissant la voiture durant une semaine.

Et pourtant, comme d’habitude, les problèmes foisonnèrent. Les routes eurent leur compte de bouchons et d’accidents (1.171 morts en une semaine, -43%, suite à un important effort de signalisation et de répression des excès de vitesse). Les touristes durent souffrir des hôtels, restaurants, aéroports combles, un personnel tendu, un service limite, surtaxé de 10 à 100%. D’autres handicaps plus pernicieux sont parfois cachés, comme la destruction de la faune et de la flore sur le passage des hordes humaines. Selon un sondage sur 20.000 usagers et professionnels du secteur, 60% sont mécontents de ce système de trois semaines fériées (incluant celle-ci, le Nouvel an lunaire et le 1er mai).

C’est pourquoi un système se mijote depuis des années pour remplacer la semaine du 1er mai par une série de 5 longs WE dont la fête du Duanwu (端午, bateau dragon) et du Zhongqiu (中秋, mi-automne), permettant de reporter la fête des tiroirs caisses, par celle de la population. La décision tarde encore, sous la pression du lobby hôtelier et commercial, mais aussi pour protéger les milliers de villages fleuris qui ont investi partout pour recevoir ces masses, ainsi que les migrants, qui n’ont pas l’argent pour voyager, mais peuvent au moins, durant ces fêtes réglementaires, se reposer et festoyer entre eux !

 


Pol : Europe et Chine – veille de second mariage

Grand blizzard pré-Congrès

     Une vague magistrale de reprise en main a précédé ce XVII. Congrès, aussi rude que cinq ans avant.

Par 10aines de milliers (par hébergeurs entiers), les sites web ont été fermés. Depuis août, les arrestations d’activistes et internements de dissidents se suivent systématiques, par vagues sur les media, les universités etc. Il s’agit aussi de « nettoyer » la capitale, voire les métropoles  de toute perturbation avant les Jeux Olympiques.

A Fengtai (Pékin) le 11/10, Hua Huiqi, pasteur de l’ombre luttant contre les expropriations, a été frappé et expédié à l’hôpital par quatre groupes en uniforme, deux groupes de police, et deux de vigiles. Dans le pays, 100 protestants anglo-saxons venus clandestinement évangéliser, ont été expulsés. Au Xinjiang, deux de leurs sociétés-écrans (finance et agro-alimentaire) viennent d’être fermées – elles couvraient des activités prosélytes.  Sur les ondes, deux semaines de purge ont permis d’éteindre 2000 publicités à connotation sexuelle, vantant des opérations esthétiques, des médicaments, des sous-vêtements et jouets sexuels. Cette campagne issue des milieux ultras, nourrit à la base une contre-campagne de dérision. Dans ce climat tendu, on trouve surprenant, ce billet à la une de China Daily (10/10) relatant le bilan du sondage de Durex, la multinationale du planning familial : le Chinois chercherait l’amour 122 fois/an, mais trop timide pour en parler, ne l’atteindrait qu’une fois sur quatre. Sondage jugé très improbable par les sexologues locaux.

Europe et Chine – veille de second mariage

     Europe et Chine mettent la dernière main à leur second «contrat de mariage », pacte de partenariat stratégique qui devrait conduire la coopération pour une vingtaine d’années.

Réaliste, Pékin doit se résigner : pas de levée, pour l’instant, de l’embargo européen sur les ventes d’armes à la Chine, ni d’octroi du statut d’économie de marché —ils se mériteront, plus tard. Les coopérations où l’on nous promet le plus d’avancées touchent au changement climatique, aux économies d’énergie, et signe des temps, à la prévention anti-terroriste.

Ce traité commercial bilatéral pourrait être prêt pour le sommet euro-chinois du mois prochain à Pékin, en présence de 26 chefs d’Etat. A Luxembourg d’autre part, les 25 ministres des finances, optant pour la  fermeté, ont réclamé la réévaluation du yuan, suivant en cela -tardivement- l’Amérique. La troïka du patron de la Banque centrale européenne  Jean-Claude Trichet, du commissaire responsable J. Almunia et du ministre Président du conseil Jean-Claude Juncker se rendra en décembre à Pékin marteler le message.

Pour se faire entendre d’une Chine un peu sourde, la Commission de Bruxelles dispose d’un levier : l’entente qu’elle vient de passer (10/10) avec la Chine, pour gérer les exports chinois de textiles, en cinq produits courants, du T-shirt au soutien-gorge. A l’expiration fin décembre, du système établi en 2005, les quotas sont remplacés par un système de veille collective. Conformément au désir de Pékin, bien-sûr – mais le compromis repose sur la bonne volonté réciproque !

Barrage des Trois Gorges – l’addition s’alourdit

      Evalué à 16MM$, puis à 18MM$, puis à 25MM$, le barrage des Trois Gorges voit son addition sans cesse s’alourdir, comme prix à payer pour le volontarisme de l’époque.

Ces dernières semaines, par expert interposé, l’Etat faisait siennes les angoisses d’opposants 10 ans plus tôt : celles de mini raz de marées, d’une pollution dévorante, et autres « déteriorations écologiques liées à une exploitation irrationnelle ».

Aujourd’hui, il arrive à une nouvelle, amère conclusion : au Nord-est et au Sud-ouest de Chongqing, 4M de paysans seront déplacés sous 15 ans, pour créer un vide humain autour du réservoir. Ils s’ajouteront aux 1,4M des 116 villes et 1000 villages déjà évacués les années précédentes. A moins qu’il ne s’agisse des mêmes, dont l’on « encouragera » la nouvelle errance plus loin, vers la banlieue de la grande ville…

 

 


Argent : les riches en Chine – la femme occupe la moitié du coffre-fort

La femme occupe la moitié du coffre-fort

Selon R. Hoogewerf, l’expert du sujet, les milliardaires chinois en dollars, sont passés en 2006 de 15 à 106. Les 800 fortunes ont plus que doublé en 12 mois, passant à 562M$.

Contrairement à l’Ouest, où la richesse naît souvent des nouvelles technologies, celle de Chine vient de l’immobilier, et des consortia à propriété partagée. Ainsi la banque privée Minsheng génère-t-elle 9 milliardaires, et Ping An (assurances) et Western Mining en suscitent 7 chacun.

Fait révolutionnaire, les deux plus riches, sont des femmes: Yang Huiyan, sacrée par son père l’être le plus riche du monde, à 25 ans, avec 17,5MM$, cheffe de Country Garden (immobilier), et Zhang Yin (10MM$) reste n°2, avec son groupe Neuf Dragons (carton d’emballage). Peut-être le beau sexe accède-t-il au faîte, à force d’efforts de surcompensation, pour dépasser son handicap sexiste, en terme d’éducation et emploi?    

NB : les 800 fortunes détiennent 459MM$, 16% du PIB. Elles suivent leur course irrésistible, regardent vers le centre et l’ouest du pays, plus pauvres et moins réglementés. Elles alimentent la corruption, associant le fonctionnaire à leurs affaires. Et posent un défi à la stabilité du pays, un lourd questionnement à l’appareil.

Foncier : du nouveau

     On ne s’en est pas aperçu lors du vote, mais la loi foncière en vigueur depuis le 1/10, change tout. Elle «renouvelle automatiquement» le droit d’usage de l’acquéreur de sol ou d’appartement : elle abolit le pouvoir absolu foncier de l’Etat sur tout le sol de la république, après 50, voire 70 ans de cession! Assouplissement pour les propriétaires donc, mais  durcissement pour les promoteurs, suite aux nouvelles règles du 9/10, qui leur retirent toute possibilité de crédit ou d’hypothèque avant d’obtenir la licence d’exploitation.

 

 


A la loupe : Banque Mondiale : la Chine, mauvaise ‘ ouvre-boites ‘ !

En réglementation d’affaires, la Chine passe pour le pays de la souplesse : avec des mythes comme celui du maire de Shanghai en 1991, Zhu Rongji dit « Mr tampon » pour avoir fort allégé le nombre des permis requis pour y ouvrir une firme. Mais la Banque Mondiale, par son étude Doing business 2008 (http://www. doingbusiness.org/ExploreEconomies/?economyid=42) entre 178 pays, arrive à des conclusions plus nuancées, et très variables !

La Banque Mondiale classifie les pays selon 11 chapitres. La Chine y obtient une place honorable en fait de règlement de conflit contractuel (20ème), d’enregistrement de bien (29), de commerce hors frontière (42) ou de clôture de firme (57). D’ailleurs, sous ce chapitre, la Chine a gagné 19 places en un an. Démentant Zhu Rongji, elle reste médiocre en ouverture de sociétés (135ème, perdant 7 places cette année). Elle s’avère plutôt moyenne aux rubriques  ‘faire des affaires’ (83ème), ’employer’ (86ème), ‘obtenir du crédit’ (84ème – cette position vient de gagner 10 places par rapport à l’édition 2007), et ‘protéger l’investisseur’ (83ème).

Enfin, les résultats sont franchement désastreux en fait d’ ‘obtention de licence’, où la Chine est « lanterne rouge -3 » (175ème), et calamiteux au chapitre de la taxation (168ème).

Quelques explications : pour ouvrir un entrepôt, la Chine exige 37 permis distincts, qui prennent 336 jours : ces deux chiffres font le double de la moyenne asiatique. Quant au coût  (840% du revenu/actif), il fait 6fois la moyenne asiatique, 12 fois celle de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement économique).

Mais pour enregistrer un bien, la Chine est compétitive avec Asie et OCDE en nombre de tampons (4), en durée (29 jours), et elle est la meilleure au chapitre du coût (3,6% de la valeur du bien).

En taxation chinoise, par an, une firme moyenne doit payer 35 fois (27 en Asie, 15 dans l’OCDE), faire plancher un comptable 872h (Asie 271, OCDE 183). La taxe sur le profit est très compétitive (19,9% contre 18,2 et 20%), mais pas celle sur le travail et les « contributions », qui font 46%. Total : la Chine éponge 73,9% des profits, contre 38,5% chez ses voisins et 46,2% en OCDE.

On eût pu s’en douter, la Chine est championne de l’import-export. Moins pour la paperasserie qui est concurrentielle (7 tampons à la Chine, 6,9 à l’Asie, 4,5 à OCDE ), ou sa durée (21 jours en Chine, 24,5 en Asie, 9,8 à l’OCDE), que sur le coût : 390$ (vers les US, par conteneur) contre 885$ à l’Asie et 905$ à l’OCDE. Performances comparables à l’import (430$, contre 1014$ et 996$).

Ainsi, la Chine s’avère en retard en fait de licences et taxation -prix à payer pour sa pléthore de ronds de cuir parfois tatillons et insuffisamment  formés- mais capable de faire la différence, par volonté politique, là où il lui importe : le commerce extérieur !

 

 


A la loupe : L’usine chinoise apprend l’art du litige !

En mars 2003 aux Etats Unis, Huawei (Shenzhen), l’équipementier informatique était accusé par Cisco de copier ses routers : pour éviter un cuisant verdict, il se retirait du marché américain. Comme parade, il créait avec 3Com, autre firme américaine, une JV en Chine à 320M$. Puis en décembre 2006, les partenaires se battaient: Huawei rachetait les parts de 3Com (882M$), qui disparaissait de Chine.

Le 28/9, s’achève une autre étape de cette guéguerre: Ren Zhengfei, boss de Huawei rachète 16,5% de 3Com, le reste allant à Bain, compagnie d’investissement américaine, pour 2,2MM$. Le deal fait froncer les sourcils au Sénat, tenté de bloquer le deal pour raison stratégique, comme lors de la tentative de rachat d’Unocal (7e pétrolier mondial) par Cnooc (la compagnie pétrolière off-shore) en 2005. Mais les experts restent perplexes, sur la logique de Huawei : pourquoi racheter un 3Com moribond? Gros risque ! La cohérence de cet investissement réside dans le « fil rouge » de la stratégie du groupe —prendre pied sur ce marché américain… Suivant ainsi pied à pied  ZTE, son rival intérieur, qui signait dès 2006 un cadre d’association avec Cisco !

NB : c’est ainsi qu’une manoeuvre judiciaire de Cisco pour protéger son marché maître, a abouti au rachat de 3Com, son rival mourant, par Huawei, son rival émergent !

Le 30/9, dans une autre affaire, on constate le recours à la même méthode, cette fois par un groupe chinois. Suite à une bataille légale menée depuis 1999 avec Chint, un de ses copieurs, Schneider, leader des disjoncteurs (50% du marché local) est condamné au à Wenzhou (Zhejiang) pour… piratage au détriment de Chint. Le juge l’enjoint de cesser de produire cinq disjoncteurs, et l’astreint à 31M² d’amende. Selon Guy Dufraisse, le Président de Schneider-Chine, Chint a obtenu ce résultat en parvenant à déposer avant lui à Pékin, une partie de ses propres brevets.

Une cause possible de cette offensive, est l’imminence d’une JV de Schneider avec un autre de ses gros copieurs, Delixi (Wenzhou), 4000 ouvriers, usine de 100.000m² : Chint, tentant ainsi de prévenir par cette frappe judiciaire, la montée en puissance par concentration, de Schneider sur son marché.

NB : Cette amende-record indique que contre le piratage, la Chine quitte sa pratique des amendes symboliques. Ce tournant judiciaire agira à double sens : le précédent devrait permettre de frapper lourdement les vrais pirates à l’avenir.

L’avenir reste ouvert : Schneider compte faire appel devant la haute cour du Zhejiang. Le déni de justice n’est pas obligatoire : à Pékin, un tiers des décisions du Bureau des Brevets ont été cassées.

Enfin, après l’affaire Cisco-Huawei, il n’a fallu que 4 ans à une firme locale, pour maîtriser cette technique occidentale de protection de son marché par voie  judiciaire : la Chine apprend vite !

 

 


Joint-venture : Automobile : la guerre des prix

Acier : restructuration accélérée, à étapes forcées

L’acier chinois accélère sa restructuration. A Berlin, face aux aciéristes de l’IISI (Int’l Iron & Steel Institute), Zhang Xiaogang, chef d’orchestre du fer chinois prédit qu’en 2010, 10 majors assureront 50% de la coulée nationale, et que des petites aciéries auront été fermées, pour 100Mt de fonte et 55Mt d’acier brut de capacité.

La prochaine concentration sera celle de Angang et de Bengang, d’une capacité de 32Mt, bientôt suivie par plusieurs entités de 50Mt. Mais Eurofer, par la voix de son Président Ph. Varin accuse la Chine, peu dissuadée par une taxe de pollution basse, d’émettre 51% du CO² sidérurgique mondial. Après 2012, sous l’effet de la prochaine convention de Kyoto-2, la taxe européenne devrait atteindre 80²/t : Bruxelles va batailler dur pour imposer l’égalité de concurrence. Les Etats-Unis vont plus loin: alléguant 52MM$ de subsides aux aciéries chinoises (à 91% publiques), ils prolongent leur taxe compensatoire en vigueur depuis 5 ans, frappant de 90% l’export chinois d’acier.                                                                      

NB: Pour autant, le char d’assaut d’acier chinois va poursuivre sa conquête : l’export atteindra cette année 60Mt, dont 10 à l’Union Européenne—le double de l’an dernier. Pékin a beau jeu de réclamer le respect de l’esprit de l’OMC – l’organisation mondiale du commerce : le monde, en fait, observe une pénurie d’acier, inspirée par la demande chinoise, de 443Mt cette année.

Automobile : la guerre des prix

     Quoique ayant boosté ses ventes de 27% de janvier à août (3,37M d’unités), l’automobile chinoise, aux capacités excédentaires, se livre une féroce guerre des prix !

Depuis septembre, Hyundai, dont les ventes chutent (-20% de janvier à août, à 146.000, alors qu’il visait 310.000 pour l’année), vient de baisser ses prix jusqu’à 16.000¥ sur ses modèles phares.

On prête à General Motors et Honda des plans identiques, voire PSA, dont les ventes n’ont monté que de 2,4%. Les experts annoncent une baisse moyenne des prix (après avoir monté de 3,6% de janvier à août), de 6,5%, contre 5,6% l’an dernier. Les marques tentent aussi de répondre en cernant plus les goûts du public. Jusqu’à peu, les vendeurs de PSA se plaignaient de modèles trop « euro-centrés » : cela sera bientôt du passé, suite à l’ouverture prochaine d’un bureau de style entre Shanghai et Canton, annoncée par Christian Streiff, le nouveau Président du directoire. Travaillant en lien avec le centre de R&D, ses 15 ingénieurs et stylistes auront pour mission de faire « plus chinois en Chine »— retoucher les 12 modèles prévus d’ici 2010. Les ambitions vont loin : 300.000 petites cylindrées d’ici 2008 (206.000 en 2006), grâce à un nouveau site en JV avec Dongfeng, voire une mystérieuse 3ème usine envisagée, à la côte. PSA vise 1M de véhicules et 20% du marché d’ici 2015, pas moins !

Arsenal— à l’américaine, le sport se vend…

     Influence des Jeux Olympiques, ou bien l’attraction de la NBA, la très commerciale fédération américaine du basket, qui vient de s’installer en Chine, portée par Yao Ming son joueur fétiche? Arsenal, un des plus célèbres clubs de football britannique prend pied en Chine en ouvrant à HK son site web en chinois http://arsenal.tom.com.

L’objectif, selon le directeur général K. Edelman : imposer la marque, et lever 4M de fans. Puis, avec les fonds dégagés, créer une filiale pour former des jeunes, comme déjà au Vietnam et en Thaïlande. Il s’agit aussi de pallier une décision commerciale de la 1er League anglaise (1ère division), de céder l’exclusivité des retransmissions asiatiques à une chaîne satellite invisible en Chine : « On est là pour longtemps », précise A. Ford, le directeur commercial.

 

 


JO : La campagne des quatre pestes bat son plein

La campagne des quatre pestes bat son plein

1. Pour traquer le dopage, la Chine exclut (11/10) pour 2 ans Wang Hongni, triathlon, testée positive à la testostérone -un test parmi les 10.000 prévus dans l’année. Pour Wang, 24 ans, médaille d’or aux Jeux asiatiques de Doha en 2006, pas de JO 2008 – elle était le meilleur espoir chinois !

2. Deux joueurs sont chassés de l’équipe olympique de football, suite à une question licencieuse posée à un instructeur lors d’un stage militaire. Dai Lin (19 ans), l’un des exclus faisait partie de sept joueurs rapatriés d’Angleterre en juin, après une rixe sur un terrain avec les Queen’s Park Rangers : cette fois, la coupe était pleine…

3. La ligne de métro n°5, à Pékin (une des 3 qui ouvriront pour les Jeux), ouverte au 8/10 : 27km nord-sud, 23 stations en 49 minutes au lieu de 2h en bus. Elle a coûté 1,2MM² et 5 ans d’ouvrage. Le prix du billet a été réduit à 2¥  (de 3¥) : une aubaine.

4. Durant la semaine d’or, 100.000 sachets anti-crachats furent distribués, et 89 malchanceux furent taxés de 20 à 50¥. Zhang Huigang, « Mme Bonnes manières », administre la campagne des « quatre pestes » (ne pas cracher, resquiller, jurer ni fumer)et lance son armée de volontaires sur une cible par mois: hôpitaux, métro, taxis… « Ca prendra des ans », estime Zhang, réaliste !

 

 


Petit Peuple : Coup de pouce des Dieux, ou des hommes ?

A l’école de Flixton (Royaume-Uni), lors d’une fête pluvieuse, le 15/7, 100 ballons avaient été lâchés,  sustentés  d’un  «message in a bottle» portant l’adresse de l’émetteur, un élève. Quiconque le retournerait par poste, recevrait un tour gratuit parmi les lions, phoques et girafes du zoo de Manchester.

Près de deux mois après, le 5/09, quelle ne fut pas la surprise du principal, de recevoir un pli de Chine, contenant les restes de la baudruche, accompagnés d’une lettre dans un anglais cérémonieux et lacunaire. Xie Yufei, ingénieur de 25 ans, déclarait fièrement avait trouvé le ballon dans un arbre, tandis qu’il jouait au basket dans la cour de son institut de dessin industriel.

En Chine, la découverte suscita une perplexité durable. Netease, portail virtuel des plus fréquentés,  posa  la question: tel vol de 10.000km était-il possible  pour un vulgaire ballon rouge ? 26.000 gens se hâtèrent de répondre, dont 46% par l’affirmative. Sur ce chapitre pourtant, la science est catégorique: suivant l’implacable loi de la physique, en altitude, les ballons éclatent, sous l’effet de la dilatation de leur hélium… Invariablement, ce processus réduit leur chance de parcours à quelques km, à quelques dizaines « à tout casser ».

Un météorologue offrit cette supposition créative mais osée: l’échappée du ballon jusqu’au Céleste Empire, aurait eu pour vecteur une ascendante puissante – bulle d’air chaud et stable, à basse pression. Un autre se fendit de la variante romantique: l’aérostat aurait décrit son parcours intercontinental, coincé sous l’aile d’un long courrier.  

Si par légions, des Chinois y allèrent de leur petit commentaire, c’est que l’envoyeur était du genre qu’on n’oubliait pas : Alice, petite anglaise de 4 ans blonde comme les blés, haute comme trois pommes, aux taches de rousseur mouchetant son charmant minois.

Pour les Chinois, l’Angleterre n’est pas un pays comme les autres. Il dispose de son charisme propre, et est très admiré, malgré les –voire à cause des – guerres de l’opium et du sac du Palais d’été. C’est le royaume des ducs et des reines, la terre des «colleges» victoriens et de Harry Potter, et le pays ayant envoyé à l’empereur Qian Long, en 1797, une flotte chargée de ses merveilles technologiques de l’époque, avant de tenter de le coloniser. La lettre de la petite fille éveilla donc de bien vieux souvenirs.

Il faut bien l’avouer : les Chinois réagirent aussi, aiguillonnés par l’intuition nette d’une mystification. L’internaute soupçonne un touriste cantonais anonyme, de passage en Albion, d’avoir trouvé le ballon, et pensé immédiatement à Yufei, à qui il l’aurait rapporté pour le seul plaisir d’une bien belle embrouille.

Il se trouve en effet que Yufei signifie, en langue de Zheng He: «voyageur de l’univers ». Quel nom prédestiné pour ce genre de blague ! Il établit l’existence d’une affinité élective (d’atomes crochus) entre ce garçon chinois et la petite reine du pays des merveilles.

Et il confirme on ne peut mieux le proverbe, « mille li ne séparent pas ceux destinés l’un à l’autre » – 有缘千里来相会, you yuan qian li lai xiang hui !

 

 


Rendez-vous : A Shanghai, le Salon de la distribution d’énergie

12-17 oct, Shenzhen : Elexcon, salon de l’électronique

16-19 oct., Shanghai : Electrical China, EP China, sur la distribution d’énergie

17-19 oct. Shanghai : Salon du jouet, des bébés et des cadeaux

17-20 oct., Shanghai : Prolight + Sound + Music

19-21 oct. Dalian : Salon asiatique du tourisme