Le Vent de la Chine Numéro 3

du 22 au 28 janvier 2007

Editorial : Odeur de XVII ème Congrès…

Un Rendez-vous, une tendance, donnent le ton de la semaine écoulée : tic-tac du XVII. Congrès d’octobre, qui s’annonce dès maintenant comme un tournant crucial !

Le Rendez-vous : les 18-19/01 se tint à Pékin le 3ème conclave du Parti, (après ceux  de 1997 et 2002), qui sert à fixer les prochaines réformes financières. Sont dans la balance, le sauvetage de l’ABC (la banque de l’agriculture), l’avenir des banques politiques, et l’indépendance de Huijin, la holding qui contrôle les trois grandes banques : elle doit s’affirmer, et se séparer de la Banque centrale.

Question la plus secrète, celle du crédit : quel tour donner à l’économie, d’ici 6 mois ? Deux colosses s’affrontent. Pour le compte de lobbies comme la SASAC (State-Owned Assets Supervision and Administration Commission) ou les provinces, la NDRC (National Development and Reform Commission) plaide  la relance. Wang Jian, patron de sa filiale d’études macroéconomiques, s’attend en 2007 à une chute de croissance à 8%, suite à la compression des marchés mondiaux («fin de cycle»). En face, Bo Xilai le ministre du commerce, soutenu par Hu Jintao et Wen Jiabao, milite pour la poursuite de l’austérité, afin d’éliminer les gaspilleurs d’énergie, éviter l’explosion de l’excédent commercial (de 177MM$ en 2006 à 300MM$ en 2007), et maintenir le cap vers une croissance plus durable et plus d’équité sociale…

La Tendance : le resserrement du contrôle de l’opinion. Démentant la libéralisation provisoirement octroyée au 1/01 à la presse étrangère, le régime ajoute aux nombreux règlements de censure déjà en place, un nouveau bâillon spécialisé—l’interdit national de fêter les anniversaires « sensibles ». Le pouvoir réagit en fait aux multiples commémorations qui se sont poursuivies tout au long de 2006, trentenaire de la mort de Mao, le tremblement de terre de Tangshan, la fin de la Révolution Culturelle…Le régime n’ayant jamais osé démaoïser son histoire, c’est pour la presse et pour une opinion assoiffée comme jamais de liberté de pensée, l’occasion d’une critique cinglante du système, que Pékin doit étouffer!

Cette semaine voit aussi la mort du reporter Lan Chengzhang, assassiné par 20 gangsters, sur contrat des patrons de la mine de Hunyuan (Shanxi). Sans un mot de pitié, la province dénonce le «faux journaliste». Pékin lance 70 policiers d’élite sur l’enquête. 

Réforme financière et blocage de l’opinion se complètent, et s’expliquent par l’échec de la stratégie de protection de l’environnement (VdlC n°2, p2). Confronté à l’impossibilité de remplir son objectif de 15% d’énergie renouvelable d’ici 2020, le régime aurait décidé de donner toute priorité à ce dossier, et de l’ouvrir à l’étranger—lors du XVII. Congrès. Cet investissement courageux fera passer la Chine à l’état adulte -elle aura fait en 30 ans, le chemin suivi par l’Ouest en un siècle. Mais sa croissance régressera, réveillant les démons de l’instabilité sociale. C’est dans cette perspective que Hu et Wen serrent la vis. Et c’est ainsi que la répression a changé d’auteur : hier, le fait de nostalgiques conservateurs, aujourd’hui, l’outil des réformistes !

 


A la loupe : L’ASEAN s’unit — autour de la Chine !

A Cebu aux Philippines, (14-16/01), les dix pays de l’ASEAN en leur 12ème sommet, avancent vers leur union. A pas d’escargots, car tout dans leur passé les sépare -religions, langues, systèmes politiques et bien sûr, l’immen-sité salée des océans et mers. Une certitude pourtant les pousse : la peur de la Chine, et/ou de l’Inde, la conscience qu’avec leurs tailles souvent très réduites, faute d’ouvrir leurs frontières et de se créer des économies à l’échelle de leurs 570M de population, ils disparaîtront dans le melting-pot global de leurs voisins. Mais le plus fabuleux, est que cette intégration se fasse avec la Chine, sur son initiative : dès 2000, son 1er ministre Zhu Rongji offrait aux dix voisins un généreux programme de baisse de tarifs douaniers qui aboutissait en 2005 à un programme dit de «récolte précoce», où Chine et Asean s’échangeaient plus de 7000 positions tarifaires (droits de douanes) allégées…

A Cebu, les dix et la Chine complétèrent l’accord en s’engageant à ouvrir, avant 2015, leurs marchés des services, du tourisme à la banque, ou à l’assurance, visant ainsi la plus grande zone de libre échange à 1,7MM d’âmes.

A Cebu, les dix eurent le regard vissé sur Bruxelles, l’Union européenne, et exprimèrent la lassitude de n’être qu’un «machin», faute de garder chacun son pré carré de compétences nationales stériles: ils désignèrent un groupe de législateurs pour préparer aux dix Etats, d’ici leur prochain Sommet, une «communauté d’ASEAN», avec charte, institutions et règles contraignantes. Dans l’immédiat, les dix se dotent d’une convention antiterroriste.

Et la Chine, dans tout cela? Dans son style très fonceur, elle accélérait la création de liens avec le pays hôte, signant 20 accords avec Manille, pour 6MM$ d’ici trois ans (s’apprêtant à passer 1er bailleur de fonds étranger, devant le Japon). Dont 500M$ pour une ligne ferroviaire au nord de Luzon, et 4MM$ (à terme!) dans 19 projets agronomiques sur 1,2Mha de blé, maïs, riz et fleurs d’exportation…

Conclusion : c’est clair, l’intégration de l’ASEAN, ne se fera pas contre la Chine mais avec, et à travers elle !

 

 


Joint-venture : Compagnies aériennes : Aide toi, le ‘Ciel’ t’aidera

Puces : saut de géant d’Intel—ou intox ?

La nouvelle serait énorme, si vraie -mais prudence !

A en croire la mairie de Dalian, Intel, le n°1 mondial des micro-processeurs aurait reçu sa licence pour établir au Liaoning un projet industriel record, qui sortirait les puces de dernière génération (65 nanomètres, «nm», et à double moteur, «double-core»). Il en coûterait 3 à 3,5MM$.

Objection : aucun leader mondial comme Intel ou Infineon n’a sauté le pas de produire en Chine – leurs invests ne dépassent pas la chaîne de montage ou le centre de recherche. Seuls les Taiwanais TSMC ou Hynix ont osé le faire, contraints par leur concurrence interne -Taiwan a levé son veto. Il n’en va pas de même pour Washington, qui bannit toujours le transfert de nano-technologie vers la Chine, à moins de 180nm. Pour autant, le projet de Dalian aurait de bons arguments. La Chine est le 1er consommateur de puces, avec 21% du marché mondial (192MM$ en 2005). En 2010, son marché aura triplé à 124MM$, et sa production, très déficitaire, aura quadruplé de 2,6MM$ à 12MM$. En investissant massivement, Intel pourrait s’en assurer la part du lion. Intel compte déjà dans le pays 1.3MM$ d’invest (6.800 emplois, entre Shanghai et Chengdu) Mais le grand vainqueur serait la Chine, mettant enfin la main sur une technologie de pointe ardemment recherchée. Tous comptes faits, cette agitation ressemble à un coup de poker de Dalian : on y verra plus clair, mi-février lors des fêtes du printemps lunaire, date traditionnelle d’annonce des grandes décisions !

Marché aurifère: ressources chinoises – ruée étrangère

Après des années de préparatifs, le projet « Baishan » (Jilin) de la firme australienne Sino Gold approche du stade de l’exploitation.  Première compagnie minière d’or étrangère en Chine, Sino a acheté et exploré le site à 230km de Changchun, évaluant ses réserves à 24t de métal jaune, supposant l’extraction de 7,7Mt de matériau à moins de 50m de profondeur. Sino Gold a demandé une licence d’exploitation, et espère entamer la production en 2008. Sino Gold est né en 1996 de l’éclatement du monopole d’Etat des métaux non ferreux : SMI, filiale aurifère, était reprise par du capital australien, se recombinant avec des intérêts locaux. En 2003, suite à des critiques à la Banque mondiale, liées à un projet au Tibet, SMI prenait son nom présent, et était bientôt renforcée par le Sud Africain Gold Fields, n°4 mondial, qui prit 17,4% des parts en novembre 2006. Sino Gold prépare aussi l’exploitation du site de Jinfeng (Guizhou), aux réserves estimées de 85t, pour une capacité de 5t/an. Se révélant ainsi à la tête de deux des plus grandes mines de métal précieux du pays !

NB : ces projets discrets se montent à la veille d’un amende-ment de la loi sur les ressources minérale, avant 2008, dans le but d’ « améliorer l’accès des multinationales dans le secteur » et faciliter l’octroi des licences : pour Sino Gold, l’avenir scintille.  

 

 


A la loupe : Bo Yibo — le dernier des immortels

Dans les années ’90, on les appelait les « immortels », ou le 白头帮 baitoubang («gang aux cheveux blancs»), ces compagnons de Deng Xiaoping qui se maintenaient depuis un demi siècle au sommet.  Boutade qui exprimait l’étonnement face à leur formidable longévité, ayant survécu à toutes les purges et coups de palais, et l’agacement résigné, devant leur obstination à conserver leur ordre révolu.

Le 15 janvier, s’est tourné une page de l’histoire, avec le décès du dernier d’entre eux, Bo Yibo, 98 ans. Communiste irréductible, parfois héroïque, il avait fait la Guerre sino-japonaise et la Longue Marche de la 8ème armée, aux côtés de Mao – 8,000 km de retraite erratique, pourchassé par les forces nationalistes. Dans les années ’60, sur ordre de Jiang Qing, il était jeté 15 ans en geôle pour «révisionnisme droitier » (sa femme battue à mort) avant de se voir réhabilité au début des années ’80, puis vice 1er ministre réformiste, patron de l’économie. En 1989, il appuyait la loi martiale et l’intervention militaire place Tian An men (03-04/06/1989), avant d’oeuvrer comme faiseur de roi en 1997, de déboulonner Qiao Shi, dernier rival possible et confirmer Jiang Zemin à la tête du régime.

Le départ de Bo a été  passé sous silence pendant 24h. Simple pratique d’un système peu spontané, attendant en tel cas les consignes d’en haut. Cette mort coïncidait avec le 2d anniversaire du décès d’un autre personnage d’une toute autre stature : Zhao Ziyang, co-auteur de toutes les réformes de la Chine moderne, mais en disgrâce.

La discrétion du régime pouvait avoir une autre raison : Bo Xilai, l’actuel chef du Ministère du commerce, est le fils de Bo Yibo, ce qui maintient les rênes de  l’économie nationale dans la famil-le, de père en fils. Anglophone formé aux USA, Bo Xilai passe pour bon gestionnaire, et une étoile montante. Mais il est un exemple du népotisme éclairé chinois et de la caste des 高干子弟 gaoganzidi (« fils des hauts cadres »). Certes, le système parvient à se doter de leaders compétents, mais il les sélectionne parmi ses fils, tout en rappelant que nul, en Chine, ne survit sans un parrain ou un père : autre pratique sur laquelle le régime ne souhaite pas s’étendre !

 

 


Argent : Urbanisation et économie d’énergie

Aide-toi, le « Ciel » t’aidera

Les compagnies aériennes chinoises n’ont jamais fait bon ménage avec le profit, coincées entre un programme lourd d’équipements, la hausse du fuel et une concurrence interne effrénée. Mais depuis deux semaines, le vent tourne et le ciel rosit, tandis que décolle leurs titres en bourse, +33.80% pour China Eastern, +25% pour China Southern.

Causes de ces envolées, le projet officieux de Pékin, de recapitaliser China Eastern, China Southern et Air China de 2.6MM$, tout en baissant de 34,5$/t le prix du kérosène. Un autre bonus arrive par la monnaie : +6% du ¥, depuis juillet 2005, réduit d’autant la charge des invests et les dettes, libellées en US$. Tout ceci arrive à point pour alléger l’endettement énorme, 8,5 fois les actifs chez China Eastern, 3,8 chez China Southern, et 1,2 chez Air China. Ce coup de pouce a réussi à inverser une spirale : les 82M$ de pertes des trois grands, au 1er semestre 2006, ont mué en 1,1MM$ de profits de janvier à novembre 2006. En 2007, le régime laissera le ¥ se réapprécier jusqu’à 7%. La principale planche de salut sera le marché, n°2 mondial derrière l’américain, avec 160M de passagers transportés l’an dernier sur 11 mois, +15,9%. 

NB : paradoxalement, le malheur de CEA fait sa fortune : les boursiers s’arrachent son titre, car étant la plus endettée, c’est elle qui touchera le gros lot de la manne de l’Etat !

Urbanisation et économie d’énergie

Nouvelle priorité d’Etat, les économies d’énergie apparaissent dans l’immobilier. Qiu Baoxing, vice-ministre de la Construction admet que la Chine construit fort (50% de l’immobilier mondial), mais construit mal.

A preuve, les 600 derniers chantiers inspectés, dont 10% en infraction aux normes. Pour inverser la tendan-ce, on passe aux grands moyens avec 193MM$ d’investissements en 14 ans. D’ici 2020, tous les bâtiments présents et à venir auront été modifiés. En construction, la simple adoption des normes étrangères permettra une économie d’énergie de 65%. En équipement et réhabilitation du parc existant, la simple installation de technologies de ventilation et éclairage naturel, et de recyclage de l’eau, permettra l’épargne de 60% de l’énergie d’entretien pour un surcoût de 7% sur l’effort initial. L’installation d’outils « psychologiques », tel le thermostat,  sera systématisée, pour responsabiliser l’usager. En 15 ans, 350Mt de houille seront ainsi épargnés.

L’énorme budget passera en investissements directs, subventions, taxation préférentielle et dans la surveillance du respect des « normes vertes ». Encore faut-il que Pékin soit entendu par les cadres et les promoteurs.

 


Pol : Nouvel An : taxes derrière les cadeaux

Grippe aviaire : les grands moyens

Plusieurs oiseaux rares viennent d’être trouvés porteurs du virus de la grippe aviaire sur les marchés de Hong Kong. Les « oiseaux prières » (genre moineau) ont leur habitat au Nord, mais sont pris et convoyés par camions vers le Sud, où les fidèles bouddhistes les rachètent pour les relâcher en masse lors de cérémonies (0,5M d’oiseaux vendus en 2005).

Selon le professeur Yi Guan, de l’université de Hong Kong, le mal qui les frappe est une nouvelle mutation du virus H5N1, déjà transmise à l’homme en Asie du Sud-Est… La Chine, pendant ce temps, annonce son 22ème cas humain  depuis 2003- dans l’Anhui. Le malade, un paysan, en a réchappé—c’est le 8ème. Pour contrôler ce fléau, la Chine a déjà déployé des efforts considérables, sacrifiant 5,13 MM$ en abattage d’élevages contaminés (grippe aviaire, fièvre aphteuse) – et des millions d’emplois. A présent, Pékin fait du dossier une priorité, et y met 1MM$ d’ici 2008, dans l’espoir d’enrayer la propagation, voire d’éradiquer le fléau d’ici 2015. Au programme, supervisé par cinq ministères, figurent le contrôle épidémiologique de M de basse-cours et autres élevages, et la création d’un corps massif de vétérinaires.

Conférence financière nationale : trois innovations ! 

A la  veille de la conférence financière nat’le (cf Edito), Dai Xianglong, maire de Tianjin, annonce dans sa zone économique de Binhai, sous réserve de feu vert, un genre de port-franc boursier où investisseurs étrangers et chinois échangeront titres fiduciaires et parts d’entreprises normalement  incessibles, comme Xugong, reprise par Carlyle. C’est donc une dérégulation expérimentale. L’objectif avoué, serait d’offrir une porte de sortie aux invests à risque des Cies financières. Avec ce outil inédit, et la libre convertibilité (limitée) octroyée l’an passé par la SAFE (Administration d’Etat des devises étrangères), Dai espère faire de sa zone un rival de Shanghai-Pudong.

La conférence doit aussi approuver :

[1] une assurance obligatoire, assortie d’une réserve interbanque, aux dépôts des usagers. Ce ressort permettra aux pouvoirs publics d‘éponger les liquidités afin de resserrer le robinet du crédit, et de dégager leur responsabilité. Un tel outil s’impose, alors que la masse des mau-vaises dettes bancaires demeure incontrôlable.  

[2] Une relance du marché des obligations, jusqu’alors inhibées par un corset de règlements tâtillons. Par son sérieux « de père de famille », l’obligation peut servir de valeur-retraite, de nouveau produit bancaire, tout en acheminant l’épargne vers les firmes privées. Pour cette relance, Pékin a transféré la compétence de gestion des obligations, de la conservatrice NDRC (National Development and Reform Commission) vers la CSRC (China Securities Regulatory Commission), tutelle plus professionnelle des métiers d’argent et plus dynamique. Promesse d’une explosion de la masse de ce type de valeurs.

Nouvel An : taxes derrière les cadeaux

Répercutant la baisse mondiale du pétrole, la NDRC (National Development and Reform Commission) annonce (13/01) un « petit cadeau de Chunjie », rabais de 4% à la pompe—le premier en 19 mois. Cette  baisse semble incongrue, alors que la Chine vise à remonter son cours intérieur, moitié plus bas que le mondial… à moins que l’Etat ne s’apprête à appliquer son vieux rêve de taxe sur le carburant. Tandis que le pouvoir reste coit, l’idée trotte dans toutes les têtes : elle inciterait le client à l’économie, et soulagerait les pertes des pétroliers, d’autant plus lourdes que flambent les cours mondiaux.

Autre taxe, bien réelle celle là : on annonce le 1/02 un impôt de 30% à 60 % sur les profits immobiliers. Impôt adopté en 1993, mais sursis depuis en raison du rôle moteur du secteur. A présent que l’Etat veut endiguer la croissance, le privilège perd sa raison d’être.

Espace : la Chine défie les USA

C’est Washington qui le dit, l’agence spatiale chinoise elle, le cachait : la semaine passée, la Chine a détruit par missile son propre satellite météo vieillissant. Une opération que Moscou et Washington avaient réalisée dès les années ’80. Quelques mois plus tôt, la Chine avait aussi aveuglé -durant quelques minutes – un satellite américain – pour voir. Nonobstant son affirmation en novembre 2006, dans son « livre blanc spatial », de ne développer l’espace qu’ « à des fins pacifiques ».

Doté de moyens prioritaires (en MM$/an), ce programme secret fait depuis 10 ans des avancées considérables, rattrapant Europe, Russie et Amérique. Depuis 2001, il a procédé à 29 lancements de fusées (tous réussis), mis sur orbite 22 satellites de 6 types (y-compris militaires) et 5 vaisseaux. Ses deux prochains programmes  : pour 2012, un propulseur nouveau, de 120 tonnes, non polluant  (pour rempla-cer son « Longue Marche »), et l’exploration lunaire, avec trois missions dont la prochaine imminente. Un programme donc très complet, sans complexes, et n’excluant pas des incursions dans le domaine jusqu’alors interdit de la « guerre des étoiles » !

 

 


Temps fort : Europe, Canada / Chine – égalité et dialogue stratégique

Depuis les années ’90, l’Occident courtise la Chine, étouffant ses critiques démocratiques. Mais en ’06, le balancier a oscillé dans l’autre sens, au Canada et en Allemagne, dont les nouveaux gouvernements réaffirment  les droits de l’homme. Six mois plus tard, voyons comment cette fronde évolue !

[1] Dépêchant à Pékin (14-19/1) deux ministres-clés (David Emerson, Commerce International, et Jim Flaherty, Finances) Ottawa ne cache pas l’espoir d’« enrayer la tension » -de normaliser. Face à son opinion, le cabinet Harper a du mal à justifier les pertes sur le marché chinois : +2,3% d’échanges en 2006, face aux +40% engrangés par le rival australien, en fournitures minières et d’énergie. Profitant de l’embellie, on signe des accords: un traité de coopération en sciences et technologies, doté de 5,25MCan$ (assorti d’un accord de protection des inves-tissements), une déclaration d’intention pour renforcer la façade pacifique canadienne comme Corridor, ou porte de la Chine en Amérique du Nord.

NB : à Pékin, M. Emerson relance la question des droits de la personne : on ne sacrifie ni droits de l’homme, ni business. Tentative d’équilibre des valeurs.

 [2] Troisième commerce mondial et puissance politique qui monte tranquillement, l’Allemagne utilise sa 12ème présidence de l’Union Européenne (du 1/01 au 30/05) pour marteler à Pékin son double message. Elle dénonce la discrimination des firmes européennes au profit des chinoises – une liste de griefs, une campagne sont imminentes.

« Une firme étrangère qui suit toutes les lois d’un pays, devient locale » rappelle Volker Stanzel, l’ambassadeur, « et doit être traitée au pied d’égalité ». Berlin veut aussi négocier le nouveau partenariat sino-européen, ample pacte qui gérera les affaires communes durant 20 ans, avec influence bénéfique pour la planète. D’abord, il s’agit d’amener la Chine à promettre, en même temps que l’Europe, une coupe de ses émissions de gaz à effets de serre (30% d’ici 2020 pour l’Union Européenne). La commissaire de l’Union Européenne Benita Ferrero-Waldner était d’ailleurs dans les murs (17/01) pour donner le coup d’envoi à ces palabres complexes.

NB : habilement, Berlin s’est préparée avec Finlande, Portugal et Slovénie, les présidences tournantes d’avant et après son mandat  de six mois, pour verrouiller une stratégie unique durant deux ans : latence minimale pour faire entendre  à la Chine le message de l’Union, son 1er client (320MM$ d’échanges en 2006).

 

 


Petit Peuple : Xi’an : une équanimité digne de Lao Tseu !

A Xi’an en 1996, après des années de mésentente, l’ingénieur Lian, avait rompu son calamiteux mariage. Six ans après, il avait refait sa vie avec Li Zhi, veuve, gratte papier. Mais leur bonne heure ne dura pas ! Bientôt débutèrent les appels anonymes, sur son portable à elle : « Quitte Lian, vite, ou il t’en cuira ».

Trouver le corbeau n’était pas difficile  : c’était Lian Hao, fils du 1er lit qui avait été élevé dans la haine du géniteur absent. Lian Hao porta bientôt sa guerre au bureau de Li Zhi,troublant sa paix, compromettant sa carrière et la menaçant de mort, si elle insistait pour  «prendre la place nocturne de sa mère». Le plan maladif du fils se résumait ainsi: ou le père retournait à sa marâtre, ou c’est lui qui le condamnait à une vieillesse solitaire, en ex-piation de sa désertion.

C’est alors que surgit l’aspect résolument bizarre de ce psychodrame, inintelligible à la logique occidentale: durant ces trois ans d’épreuves, loin de discuter ou de se battre (fût-ce physiquement) avec son fils, loin de changer d’adresse ou bien de porter plainte afin de placer leur intimité sous la protection de la police, l’ingénieur Lian se cantonna dans le silence, sans jamais se départir d’ une impassibilité digne de Lao Tseu. Pas un instant il ne tenta de se défendre ! En réalité, ce stoïcisme était pétri d’amour pour son fils, de passivité atavique (l’in-certitude sur l’attitude à suivre), et d’esprit de clan.

Son inaction eut raison de lui : en septembre, il céda, quitta sa femme, en soupi-rant. Sans l’avouer à qui-conque, Lian attendait un signe du ciel qui lui per-mette de réagir, s’arra-chant à sa passivité. Le signe tomba deux mois plus tard : Li Zhi se brisa le bras. Alors, il revint vers elle, s’ accusant à grande pamoison de l’avoir laissée sans protection. Ce premier courage en induisit un autre : celui d’aller quérir la presse, lui dévoiler la «filialité sélective » de son héritier. Dès l’ affaire publiée, faisant les choux gras des tabloïds, le vaurien retourna à ses études : leur cauchemar avait atteint son terme.

Depuis, ils goûtent sans y croire leur paix retrouvée. De son fils, Lian ne parle plus guère, sauf pour déplorer la déception qu’il lui inspire – « que le fer n’ait pu devenir acier » (恨铁不成钢, hen jie bu cheng gang) !

 

 


Rendez-vous : Changchun : Jeux asiatiques d’hiver

24-28 janvier, Davos, Suisse : World Economic Forum

25-27 janvier, Beijing :China Int’l Transportation Interiors Exhibition

8 janv/ 4 fév, Changchun : Jeux asiatiques d’hiver