Le Vent de la Chine Numéro 9

du 13 au 19 mars 2006

Editorial : Réforme politique : l’art de reculer pour – peut-être -mieux sauter

Présentant le 5/3, le 11. Plan (2006-2010) aux députés, le 1er ministre Wen Jiabao affirma qu’il équiperait sous 5 ans les campagnes, en écoles, hôpitaux, banques et commerces bon marché.

Pourtant, les édiles restèrent de marbre : au-delà des crédits annuels promis (34MM²), manquaient les outils politiques à hauteur du défi. Pas de réforme du droit du sol. Pas d’écrémage de l’administration pléthorique, ni de contrôle de sa gabegie systémique, ayant dévoré en 2005, 30MM² en frais de transports, 25MM² en missions à l’étranger et 20MM ² en «loisirs». Face à tels excès, les crédits aux paysans faisaient pâle figure !

Mais le socialisme moud lentement ses surprises. Le 8/3, le Quotidien du Peuple révéla un plan de promotion des leaders provinciaux, en fonction de leur cote d’amour, mesurée par sondage (embryon de suffrage universel) ! 

Pour ces promotions, le critère n°1 serait le talent à redresser les injustices sociales. Le plan est très vaste, avec 100.000 cadres à permuter, dans toutes les provinces, d’ici 2007.

Il est aussi question de changer le règlement des expropriations. A usage collectif, la compensation sera supérieure au prix agricole. A usage commercial, elle se fera au prix du marché. L’Etat prétend interdire le détournement du sol par le cadre, mais sans dire comment, ce qui laisse pour l’instant un goût de velléité. Ces demi-réformes préparent le XXVII. Congrès de 2007. D’ici là, l’appareil devrait être rajeuni, et sélectionné pour sa compétence, sa moralité, et son goût du risque : prêt, espèrent Wen et Hu, à entériner des virages idéologiques à 180°, telle l’introduction d’un droit foncier privé, de l’autonomie financière des villages, ou d’élections urbaines.

Ainsi, le gouvernement s’est donné une philosophie provisoire pour gérer ses problèmes : retarder la réforme, la remplacer par la promotion des cadres, et préparer le Congrès du grand chambardement .

NB : Cette session détonne aussi par une impatience nouvelle envers l’étranger comme si la Chine commençait à ressentir les limites de sa politique d’ouverture.

Li Deshui, chef des statistiques, foudroie les acquisitions d’actifs par les multinationales—leur pollution et leur vigilance à sauver leurs privilèges fiscaux. Ji Baosheng, Président de l’université Renda leur reproche le rachat en 2005 pour 370 MM$ de grandes entreprises d’Etat en bourse étrangère. Chen Wanggang, du CPPCC (Conférence Consultative Politique du Peuple chinois), évalue à 3MM² /an leur évasion fiscale… Arguments populistes, vaguement xénophobes, qui expriment l’incertitude, l’angoisse face aux lendemains !

 

 

 

 

 


A la loupe : Dialogue sino-japonais – valse lente !

Les 6-7/3 à Pékin, la 4ème session de palabres sino-japonais tenta de régler un point crucial des relations entre ces deux voisins et rivaux : celle du partage du pétrole en mer de Chine.

Les deux pays n’ont jamais convenu d’une démarcation de leurs ZEE (zone économique spéciale maritime). Tokyo revendique une ligne médiane, selon la thèse du droit international de la mer. Pékin exige le suivi du plateau sous-marin, qui l’avantage. Cette conférence était une première reprise depuis novembre 2005. Alors, Wu Yi, Vice 1er ministre avait annulé une rencontre au Japon avec J. Koizumi, le 1er ministre, qui venait une fois de plus de se recueillir au sanctuaire shinto de Yasukuni, où gisent des criminels de guerre.

Ces entretiens des 6 et 7/3 se sont conclus sur un échec, le ministre chinois Li Zhaoxing taxant ensuite l’attitude d’«un leader nippon» de «stupide et d’immorale».

Malgré tout, de cette rencontre émergent des signes de volonté mutuelle de compromis. Un proche de Shinzo Abe (parti LDP), dauphin présumé de Koizumi dès septembre, offrait (07/03) une «coopération stratégique sur pied d’égalité» – c’était une 1ère. Abe renchérissait, offrant de faire de leur «mare nostrum» une «mer d’amitié».

La Chine, pour la 2de fois, déposait une offre d’exploitation conjointe. Tokyo refusa, car son document ne parlait pas du gisement de Chunxiao, à 400km au Nord d’Okinawa, développé par la CNOOC (China National Off-shore Oil Corp.) depuis novembre 2004, dont l’exploitation semble imminente. Du coup, oeil pour oeil, Pékin lui aussi rejeta l’offre de Tokyo d’exploration conjointe- sur la table depuis l’automne. Et Tokyo s’achemine vers une exploration unilatérale, sans attendre le verdict de la conférence internationale du droit de la mer, chargée de statuer sur les litiges territoriaux marins avant 2009. Seul point positif : les deux pays sont d’accord pour poursuivre le débat, et le régler à l’amiable.

Bilan: En optant pour l’exploitation unilatérale, la Chine a ouvert une situation sans loi, dont le maintien est dangereux pour la paix régionale. D’autre part, Pékin semble s’être résigné à ne pas signer avec Koizumi -faute de le voir renoncer à ses pèlerinages qui fâchent. Mais qu’adviendra t’il si Abe s’en va à son tour à Yasukuni, une fois 1er ministre ?

 

 


Joint-venture : Ciment – Holcim double sa mise

— En novembre 2005, China Telecom, testait un filtre sur son marché, pour en bannir Skype, voire toute téléphonie par internet (gratuite ou presque).

Si le filtre marchait, il l’aurait universalisé dès 2006. Au lieu de quoi, ce 1er opérateur chinois sur ligne fixe, lance dans Hong Kong un nouveau service : la téléphonie …par internet à large bande ! Géré par sa filiale Lintech, le système ira en bourse, pour 200 à 400M$.

Il permettra aux insulaires, aux Chinois ET au reste du monde de communiquer à tarif local. Autrement dit, faute de pouvoir empêcher Skype, China Telecom en veut sa part !

Holcim (Suisse) reprend (7/3) Huaxin (Hubei), un des plus gros cimentiers chinois, 6.600 jobs.

Coût : 125M$, plus les 300M$ de dettes reprises. En 1999, Holcim, n°2 mondial avait pris 23% du groupe, puis 25% 6 ans plus tard, et aujourd’hui, 50,3%.

Cet argent frais va financer l’achat de six nouveaux fours, de trois chaînes trémies-broyeurs, pour une capacité supplémentaire de 14Mt/an, et pour Holcim, un total de 40Mt.

Parmi les autres grands cimentiers, figurent Lafarge (17Mt, 24 à la fin 2006), Anhuiconch (n°1, 50Mt) et Jidong. Le financement constitue une 1ère:

Huaxin achète 160M de parts A, en ¥, titres d’Etat incessibles hier, et depuis 2005 obligatoirement placés sur le marché. Approuvée par l’Assemblée d’actionnaires en décembre, cette dilution fut compensée aux petits porteurs par 30% de parts gratuites. Le gros actionnaire, Holcim, l’est par rachat du groupe, au terme d’un règlement ad hoc de jan 2006 !

NB: ce marché est promis à une hausse immense : le 11ème plan prévoit une hausse des capacités de 300Mt en 4 ans, et le véritable enjeu n’est pas la course au tonnage, mais à la qualité.

 

 


A la loupe : Sus au monopole des loisirs, des ondes !

Un bras de fer surprenant, mais au fond prévisible, lie et oppose – en même temps- le pouvoir et les multinationales des télécoms, de l’audiovisuel et du loisir.

Sur internet, Li Yuanlong, journaliste, est inculpé, suite à des messages subversifs émis via une adresse de hotmail.com : propriétaire du service, Microsoft se sent obligé (7/3) de préciser qu’il n’y est pour rien. Yahoo! lui, déjà accusé d’avoir facilité la condamnation de deux dissidents, aggrave une fois de plus son image, en offrant sur son site le téléchargement indirect d’airs de stars locales ou mondiales (ou bien leur version en sonnerie de tél. portable).

Cet acte de piratage que Yahoo! dément et dénonce, intervient sous la gestion de sa filiale (à 40%) Alibaba. Yahoo! ne fait en cela que suivre le rival Baidu.com. Condamné par la Cour de Pékin en septembre 2005, Baidu persiste dans l’illégalité, vu l’immense popularité du service….

Un autre deal met aux prises Disney et la SARFT (State Administration of Radio, Film and Television), tutelle des medias audiovisuels. Shanghai n’a jamais été si proche, ni si lointain d’obtenir son parc Disney, gadget de ses rêves et clou de son expo universelle de 2010, qui lui permettrait de damer le pion au rival du nord, Pékin, (dont les J0 seront oubliés), comme à celui du sud, Hong Kong, qui a son Disneyland -mais beaucoup trop petit.

Mais alors que la mairie de Shanghai fait connaître à grands cris sa préparation du parc à thème, et son attente du feu vert du Conseil d’ Etat, Walt Disney Co. déclare n’avoir aucun accord avec la ville : toute ouverture, si jamais, «ne pourrait intervenir avant 2010 ! » Tout est dit : si Shanghai veut son parc dans les temps, c’est maintenant que Pékin doit se décider.

Or, mises à part deux licences accordées à des maisons de TV étrangères, pour des marchés très limités, la SARFT a su intégralement préserver le monopole public et national sur le petit écran. On l’aura compris, pour Disney, « pas de Donald à Shanghai, sans l’octroi d’une Télé-Mickey ! » Le groupe US pourrait accepter une JV, mais exige un public large. Dur choix pour Pékin, mais ce bras de fer montre que le temps de la dictature médiatique du prolétariat arrive à son terme !

 

 

 

 


Argent : Shaanxi, Minsheng – petites banques en quête de stratégie

— Deux tests ratés du TD-SCDMA, (Time Division Synchronous Code Division Mobile Access) la norme téléphonique chinoise de 3ème génération (3G) n’ont pas découragé le MII (Ministère des industries de l’information): seule chance de vendre des royalties de brevets, au lieu d’en acheter, et de dominer le marché, local et mondial.

Grâce à son haut débit internet, avant 2010, le 3G devrait rallier 120M d’usagers en Chine. 4 marques nippones ne s’y sont pas trompées, qui ont déjà lâché en Chine le portable classique, «sans profit», pour le 3G à forte marge.

D’ici juin, le TD-SCDMA espère passer son 3ème test, et emporter la 1ère licence nationale, qui reviendrait à China Telecom. Dans cette attente, Philips, a déjà présenté son vidéophone dans cette technologie, mis au point en JV avec Samsung et T3G. Mais Ericsson doute que l’échéance soit maintenue—et le test réussi. Comme la majorité des experts, il croit, à court terme, à une victoire en Chine des deux autres standards, CDMA-2000 (US) et surtout l’européen WCDMA. China Mobile, serait son exploitant, et attirerait 6 des10M de candidats à l’achat immédiat.

En tout cas, le 1er marché ira aux équipementiers : 12MM$ seront à investir par les opérateurs.

— Comment, pour les petites banques locales, détricoter 50 ans de pertes ?

Le Shaanxi attend depuis 1997 l’accord de Pékin pour fusionner ses banques municipales avec celles d’autres provinces en une Banque de l’Ouest ou Nord-Ouest. De guerre lasse, Li Xiaodong, son ministre du trésor se donne encore 9 mois pour obtenir les permis. Faute de ce feu vert, la province limitera la fusion à ses frontières, entre les banques de Xi’an, Baoji, Xianyang, et la future banque de We-nan.Les 5MM¥ de capital légal viendraient du privé, du public de Hong Kong et l’étranger, espère Li !

De son côté, Minsheng la pékinoise, enrage de piétiner devant la bourse de Hong Kong depuis2003, et change son fusil d’épaule en cherchant à acheter une banque hongkongaise ou chinoise déjà cotée—l’ACBl’Asian commercial Bank (12 agences) vient de lui échapper. En attendant, Temasek discute aussi une hausse de sa part dans le capital de Minsheng – aujourd’hui 4,55%.

Ainsi, pour jouer dans la cour des grands et faire sa place au soleil bancaire étranger, cette firme moyenne, n°1 de la finance privée chinoise joue au moyen poisson se faisant croquer la queue par un gros, tout en dévorant elle-même un petit !

 

 

 


Pol : Australie-Chine -main de fer dans un gant de velours

— A Shuangyashan (Heilongjiang), s’est conclu (3/3) un procès qui datera : 17 Serviteurs des 3 rangs, secte protestante, sont accusés du meurtre de 20 adeptes d’une chapelle rivale,

Foudre d’Orient (laquelle croit que Jésus est revenu en Chine, et est femme). Selon les China watchers, leurs aveux auraient été extorqués sous la torture.

Ce qui est sûr: la répression exacerbée des sectes avec le Falungong, les a plongées plus profond dans la clandestinité, au risque de les rendre mafieuses.  Or, des 100aines de M de chômeurs ou paysans sans médecine ni pension sont une proie facile. Dans des régions déshéritées tel le Dongbei, se déroulent des guerres entre sectes, pour la défense de leur fonds de commerce. Parmi les accusés figure Xu Shuangfu, 10 ans de camp depuis 1976. Avec 9 autres, il risque la mort.    

— Curieusement, un second scandale remet en scène Shuangyashan, cité houillère de 400.000 âmes.

Depuis 2003, Zhu Dequan, escroc, et 2 boss de l’agence de la Banque de Chine (BoC) du faubourg de Simalu y ont pompé 91M², via 96 faux billets à ordre ! 43M² ont été perdus, que la banque doit inscrire en «pertes et profits».

Or la Banque de Chine avait déjà été victime en février d’un détournement à son agence de Zhuhai : 485M$ avaient filé aux USA (cf VdlC n°6). Alors, la Banque de Chine l’avait promis : c’était la «Der des Der» de ses fraudes internes. La Banque de Chine avait besoin de re virginisation rapide, devant se présenter en juin en bourse de Hong Kong! Et c’est le 7/3, en pleine session de l’ANP qu’éclate le dernier scandale, dans les colonnes du journal Caijing. A croire que quelque part, quelqu’un veut saboter l’entrée au monde de BoC !

 — Ambiance de fer, comme chaque année, entre minéraliers australiens (BHP-Billiton, Rio Tinto) et sidérurgistes chinois tel Baosteel, lors des négociations des nouveaux prix à 12 mois, applicables au 1er avril 2006.

Le bureau australien des ressources prédisait une hausse/an de 26%, après celle de 71,5% en 2005. Les aciéries exigent une stabilisation, voire une baisse. Or selon des sources, Pékin aurait interdit aux ports de laisser partir les navires déchargés à des prix supérieur aux 54$/t de l’an passé Ce qui reviendrait à fixer un prix d’ Etat au produit étranger, pratique peu conforme à l’OMC. Pékin dément formellement. Canberra réclame clarification d’urgence, et évoque un document secret chinois, ordre à tous ses ports minéraliers.

Les traders parlent de bluff, espérant influencer les négociations en cours!

NB : Pékin marche sur des oeufs: elle doit maintenir une bonne image, et de bonnes relations commerciales avec l’Australie, son fournisseur en minerai de fer, mais aussi en uranium, charbon, gaz et pétrole.

— Inquiets de la grippe aviaire, les continents sur sa trajectoire tournent les yeux vers le pays qui en fut le berceau, la Chine, dans l’espoir d’y lire l’évolution future.

La presse chinoise en parle, China Daily ayant fourni en février 13 articles ou photos de Une. Mais le contenu reste très censuré.

Une 10ème victime sur 15 décède (7/03) au Zhejiang. La veille, le 9ème cas à Canton avait choqué, étant le 1er en ville sans contact rural. Depuis, l’export de volaille vers Hong Kong est suspendu. Les services épidémiologiques chinois redoutent une pandémie, lors des migrations de printemps.

Discrètement accusés par l’OMS (organisation mondiale de la santé) de ne pas partager leurs souches du virus (afin d’accélérer la recherche d’un vaccin humain), ils prient par voie de presse… le monde de transmettre les siennes! Ainsi la Chine poursuit cette valse hésitation, exprimant ses angoisses, et les cachant par des nouvelles “positives”. La question étant, si le virus H5N1 est résistant à la propagande !

 


Temps fort : Splendeur et misère du programme spatial chinois !

Pour la session de l’ANP (l’Assemblée nationale populaire), les hommes du programme spatial chinois devraient porter le front haut, vu les succès engrangés – orgueil de la nation.

Pourtant, les nouvelles sourdant du Grand Palais du Peuple évoquent une humilité atypique.

Témoin ce verdict judiciaire contre Li Jianzhong (69 ans), patron de la CALVT (China Academy of Launch Vehicle Technology) de 1994 à 2000 (entité chargée de fournir les moteurs de la fusée «Longue Marche»). Convaincu d’avoir volé 20M$ (variante du «syndrome des 59 ans», où les cadres au bord de la retraite, prélèvent sur le denier public une poire pour la soif), Li écope de la perpétuité (7/3).

Pékin annonce ce verdict en pleine session, pour bien montrer qu’en cas de corruption, le Parti sait châtier même ses élites. Mais parlant de ce corps de scientifiques, gâté et symboliquement porteur de vertus socialistes, la pilule est amère !

Autre contretemps : on apprend que le prochain lancement, Shenzhou VII prévu pour avril 2007, serait reporté de 6 mois, le temps aux cousettes spatiales d’assembler les tenues de sortie dans l’univers. Un autre programme de mise sur orbite lunaire d’un satellite Chang’e 1 est maintenu pour avril 2007, mais pas d’alunissage habité avant 2020 !

La Chine garde un copieux retard technologique sur US ou Russie, comme l’admet Luan Enjie, commandant du programme : (rattraper en 10 ans), « il serait ridicule, même d’y penser !» Il est vrai que l’investissement pour mettre un Chinois dans l’espace n’est pas lourd, «à 140M², soit 14km d’autoroute.» Mais le propos est humble. Comme si, dans ce programme spatial, les savants prenaient le pas sur les commissaires politiques : back to reality !

 

 

 

 


Petit Peuple : Chongqing, le propre délire des frères Wang

Depuis l’antiquité, le paysan chinois pratique une propreté proverbiale, bien que limitée aux moyens du bord.

Faute d’eau courante, on se lave au broc, et comment empêcher les mouches de déposer leurs chiures au plafond, ou les poules dans l’entrée? Tout paysan sait çà -sauf les frères Wang, de Tongfucun (Chongqing), 66 et 77 ans, obsédés d’hygiène. Quiconque leur rend visite se voit forcé de frotter ses souliers avant de passer l’huis. Il trouve une chaumière immaculée, murs javellisés, vaisselle ébouillantée, carreaux transparents. Chaque jour, les couettes sont suspendues au soleil.

Les Wang n’ont pas de basse-cour, et une haie bloque l’accès aux canards des voisins. Face aux déjections, c’est la guerre sainte : les frères ne vont aux champs qu’avec pots de chambre, et s’ils trouvent quelque fiente, crottin ou bouse sous une plante, ils n’ont cesse de brûler l’objet, «de peur des bactéries, vous comprenez» ?

La maniaquerie aurait dû séduire les jeunes fermières du canton -un parti si propre, dame, ça ne se trouve pas sous le pas d’un cheval ! Seulement voilà, aucune candidate n’a su briser la muraille de leurs lois prophylactiques, ni trouver place dans leur enclave aseptisée : mieux valait rester seuls, qu’avec conjointes d’hygiène douteuse !

Le secret de cette folie – qu’ils prennent pour raison- tient à un passé douloureux : enfants, ils avaient vu la camarde emporter le père, leurs 7 soeurs, la mère -un par an, fauché par la maladie. Puis à 32 ans, Xueqian eut dans un journal la révélation de la cause de leurs malheurs : pour vivre, il fallait se laver. Convertis à cette nouvelle secte à deux, ils se sont condamnés à vieillir seuls. Faute d’avoir réalisé une vérité plus haute : 见缝插针 jian feng cha zhen, «il n’est de fente où l’on ne passe son aiguille », il faut toujours sur terre, tout féconder- même, au risque de se salir !

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Rendez-vous : Shanghai: Expo machines textiles

15 -18 mars, Pékin : Modern life

 

13-15, Shanghai: Exposition machines textiles

 

14-16, Canton: PTC 2006 (Pacific Telecommunication Council)