Le Vent de la Chine Numéro 7

du 27 février au 5 mars 2006

Editorial : Pékin otage du pétrole iranien ?

Entre Iran et Chine, depuis l’ère Deng Xiaoping, les relations sont frappées au coin de l’inimitié avec les Etats-Unis, et du pétrole : l’Iran est 2d producteur mondial, avec 126MM barils de réserve et 26.000 MMm3 de gaz.

La dimension stratégique et militaire y est bien lisible, avec des ventes ponctuelles d’armes chinoises et, en échange, dès 1994, l’octroi à Zhenrong (étrange filiale de la nébuleuse d’armement Norinco), du monopole de l’import pétrolier d’Iran – au grand dam des pétroliers officiels !

Zhenrong, une des 200 grandes entreprises d’Etat sous administration centrale directe, importe 14Mt de brut/an, 13,6% de sa demande extérieure. En 2004, il signait un contrat de 20MM$ sur 25 ans, pour 2,5Mt/an de GPL. L’Iran devenait ainsi le discret 2d fournisseur chinois.

Mais entre la République Populaire et celle des Ayatollahs, la coopération s’approfondissait : dès oct. 2004, peu après le contrat Zhenrong, Sinopec reprenait le contrôle et à son tour, signait une lettre d’intention  pour 100MM$ sur 25 ans, pour développer le gisement géant de Yadavaran et importer en retour 10Mt de GNL/an, et 150.000 barils/jour. Puis les choses se calmèrent, tandis que se poursuivaient en coulisses négociations et études de faisabilité : il était aussi question d’un oléoduc vers la Chine via le Kazakhstan, et d’une raffinerie chinoise en Iran.

En janvier 2006 dernier éclate la crise : le nouveau Président radical Ahmadinejad impose la reprise unilatérale de la recherche iranienne nucléaire— immédiatement accusé par Union Européenne et US de rechercher l’arme atomique. Comme la Russie, la Chine temporise. Pas question de laisser les Etats-Unis pressurer Téhéran. Tant pour défendre cette alliance, que pour garder ouvert son robinet du pétrole !

Puis le 17/2, la revue Caijing annonce la signature proche du contrat pour Sinopec. Ma Kai, patron de la SASAC (la State-Owned Assets Supervision and Administration Commission) ira signer en mars à Téhéran. Sinopec acquiert 51% de Yadavaran, secondé de l’indien ONGC (29%) et peut-être de ShellPLC

Le temps presse. Le 6/3, faute de reculade (bien improbable) de l’Iran, l’AIEA (l’Agence Internationale de l’Energie atomique) portera l’affaire au Conseil de Sécurité. Des sanctions suivront. Pékin et Moscou ne pourront s’y soustraire! En attendant, Pékin continue à oeuvrer pour que l’Iran renonce à sa course suicidaire, et pour  freiner les sanctions.

Dans cette affaire, la Chine risque d’être plus victime que gagnante -comme dans la guerre d’Irak, où la CNPC (la compagnie nationale pétrolière) perdit des milliards de US$ d’investissements !

Une mésaventure qu’elle veut  éviter cette fois, mais gageons que sur cette signature anticipée, la Chine a moins d’assurance de réussite qu’elle n’en fait montre -méthode Coué pétrolière !

 

 


A la loupe : Total, en Chine, rebat les cartes

L’an dernier, le cours du pétrole a monté de 39%. Total s’y était préparé, en redéployant ses activités en Chine, et concentrant ses métiers chimiques chez Arkema. A présent le quatrième pétrolier mondial avance tous azimuts sur ce marché.

Avec la CNPC (la compagnie nationale pétrolière chinoise), dans le bassin d’Erdos (Mongolie) Total s’apprête à concrétiser un projet démarré par une déclaration d’intention en septembre 2005 : le développement du champ gazier de Sulige, d’une capacité estimée de 535MMm3 : il s’agit du plus grand champ chinois, à 700km seulement de Pékin (et 1500 de Shanghai).

Total financera à 100% l’exploration puis l’exploitation, et rétrocédera plus de 50% du gaz extrait. Dès 2010, 5MMm3  sont attendus. Dès 2004, via 23 puits, le bassin fournissait déjà 7,5MMm3.

NB : seule Shell, développant un gisement dans l’Ouest, a une longueur d’avance sur Total vers l’exploitation pétrolière en Chine continentale.

Autre ambition exprimée par le Président Jacques de Boisseson, Total offre à Cnooc (China National Off-shore Oil Corporation) et d’autres pétroliers «autant qu’ils voudront» de GNL, venu de ses réserves au Proche Orient, pour 10 centrales à la côte, présentes ou futures. Ce serait une première : jusqu’à présent, la Chine achète à l’Indonésie, l’Australie, l’Arabie Saoudite voire l’Iran (cf édito) !

Mais le temps presse : à l’occasion d’une conférence gazière à Pékin (21/2), le Secrétaire général  du CEC (China Electricity Council), Wang Yongan, avoue que 40% des turbines à gaz du pays (d’une capacité de 10,7 GW) risquent de fermer faute de combustible, et prie l’Etat de réviser sa copie de développement gazier. Et le vice-ministre Zhang Guobao, dans cette même conférence, admet un « pur gâchis » dans un terminal GNL du Guangdong.

Or, le problème ne fera qu’empirer : la demande atteindra 120MMm3 en 2020, dont la moitié seulement, satisfaite sur ressources propres!

Enfin, Total vise un 3ème tableau, la distribution : avec son partenaire Sinochem, il concrétise son projet vieux d’un an, de construction-réhabilitation de 500 stations services, entre Pékin, Tianjin, le Hebei et le Liaoning. Une partie du carburant viendra de sa raffinerie en JV à Dalian—modeste entaille au monopole des pétroliers  célestes !

 


Joint-venture : Duel indécis pour banque méridionale

— 3MM$ pour 85% de la Guangdong Development Bank, et deux candidats : la lutte est acharnée entre Citigroup et Société Générale, et leurs alliés respectifs.

Dès le 2 février, l’Américain criait victoire. Citigroup voulait 40% pour lui-même, et 9% pour Carlyle. Au mépris du présent plafond de 25% -son objectif supposait donc une loi nouvelle. Mais Société Générale se faisait le chantre de la loi présente (il se contentait de 24%), et montrait dans son pool son nouveau héraut, Baosteel l’aciérie shanghaienne, en plus de Sinopec.

La raison du combat des chefs est double : le  vainqueur aura (ce sera une 1ère) la gestion complète de la banque, élaguée de ses dettes. Garantie de rentabilité, et surtout, de créer des succursales sans licence…Le 23/2, la presse re-donnait Citigroup vainqueur, comme au 2 février -mais la CBRC, détenteur du mot de la fin, se tait encore !

 

— Jus de la treille à 100% local, Dragon Seal rejoint les alcools Moutai, Gu Yue Long Shan et Chunghwa Cognac aux présentoirs hors-taxes d’aéroports internationaux.

Camus, chef de file de ces ventes éoliennes, signe pour 10 ans, et veut approvisionner 50 de ses 4000 boutiques pour commencer. Testés depuis septembre dans 20 espaces, ces produits ont rapporté 250.000$, « très bon chiffre », dit Cyril Camus l’héritier, «qui vingtuplera en 3 ans»… Le touriste chinois est visé –29M en 2004 (+43%), mais aussi l’homme d’affaires et voyageur étranger atteint de sinomania.

Pour Dragon Seal aussi, l’affaire est belle, car la marque reçoit ainsi l’aura d’un AOC (appellation d’origine contrôlée), et joue dans la cour des grands. Camus en profite pour placer dans son rayon-Chine son propre Osmanthus King, vin issu du céleste terroir.

 

 


A la loupe : Bisbille avec l’Ouest, en grandes pompes

La trêve commerciale avec Europe et Etats-Unis s’achève.

Côté Union Européenne, le commissaire Mandelson refuse à treize chausseurs chinois le statut d’économie de marché, le 12/01, puis le 20/02, en y incluant le Vietnam. Ensemble, en 12 mois, ils auraient écoulé 215M de paires, à prix subventionné en sous-main par l’Etat.

Cette fois-ci donc, pas de quotas, mais une pénalité de 5% en avril puis 20% en octobre – si les 25 Etats suivent la Commission -comme probable. Face à l’attaque, la Chine fait le dos rond : son export de chaussures vers l’Union Européenne a quasi quintuplé en un an, et ses prix ont baissé du tiers en 5 ans -fruit d’une concurrence acharnée entre provinces. Aussi Pékin prépare des contre-propositionstaxes ou quotas à l’export !

A noter ici, le son discordant de gros producteurs communautaires comme Timberland, ou Kickers, solidaires de la Chine, car ayant délocalisé chez elle… Mais l’Europe a une industrie à protéger—l’italienne-  et même un homme au credo libéral comme Mandelson, ne peut rien faire contre la vague !

Côté US : Washington a mal vécu son déficit commercial avec la Chine, 202MM$. C’est année d’élections pour le Congrès qui menace de déclarer Pékin «manipulatrice de sa monnaie», et brandit l’épouvantail d’ une taxe de 27,5%, qui la forcerait à réévaluer. Rob Portman, représentant au commerce, freine les ardeurs en «nommant une commission», comme la BPdC (la banque centrale chinoise) qui veut garder son Yuan « stable cette année ». Enfin, comme par hasard, la tempête se borne aux menaces, et intervient juste avant la visite de Hu Jintao début avril : une manière de camper le décor !

Curieusement, Portmann et Mandelson, étaient ensemble à Bruxelles (22/2) pour parler de la Chine, et de l’OMC (l’organisation mondiale du commerce). Lors de la rencontre, ils partagent une critique contre cette dernière, responsable par protectionnisme, du blocage dans la ronde de l’OMC : les pays craignent d’offrir des concessions nouvelles, qui aggraveraient encore l’emprise chinoise sur leur marché…

Temps d’orage, donc, après une trop longue chevauchée fantastique des industries chinoises à travers les cinq continents, et en fin de compte, la simultanéité de ces deux accès de fièvre euro-américains ne serait donc pas vraiment liée au hasard !

 

 


Argent : Global Bio-Chem,le maître de l’or vert

— Qui eût dit que le cours du pétrole, en doublant en trois ans recomposerait le paysage rural?

C’est pourtant le cas, suite au rôle croissant de l’agriculture comme substitut du pétrole. Global Bio-Chem, groupe agrochimique de Hong Kong au Jilin (1400 actifs) veut capitaliser sur cet engouement. Les producteurs d’alcool lâchent comme matière première le pétrole pour le sucre, dont le prix est passé de 3000 à 5700¥/t : Global Bio-Chem s’apprête à presque doubler sa production d’isoglucose, de 500.000t à 900.000t en 2006, sur son site de Changchun. La plupart de ce sucre ira directement à la vente, au lieu d’être transformé en lysine, aliment fourrager, dont le cours s’était effondré l’an dernier -GBC est 1er producteur national de lysine, avec 70% du marché

Autre manière de surfer sur l’or vert : sa future usine de polyol produira 100.000t, puis 200.000t/an, substitut du pétrole dans les antigels, le plastique la fibre synthétique! Entre tous ses projets, GBC investira dans l’année 100M² !

NB: l’utilisation para pétrolière du grain augmente son usage: pour 2010, on prévoit un déficit de 30Mt -malgré une récolte record de 520Mt et réapparaît le souci de dépendance envers l’étranger.

 

— Les assureurs sont tenus de garder, 80% de leurs 158,5MM² de patrimoine, en épargne et en obligations, pour un rendement max de 3%/an.

Ce jeu conservateur comporte le risque de s’appauvrir face aux autres métiers financiers. Mais les choses changent : rassuré sur la maturité du secteur, la tutelle CIRC (China Insurance Regulatory Commission) autorise (21/2) Ping An, China Life et les autres, à se redéployer dans les fonds d’investissement, l‘immobilier et les infrastructures (eaux, autoroutes, ports…).

Il est temps : aguerris à cette pratique, des étrangers tels Prudential, Generali ou AIG viennent de tripler leurs parts sur le marché chinois, à 8,9% fin 2005, contre 2,6% en 2004.

Dès 2005, les assureurs chinois pouvaient prêter aux firmes, et placer -20% – en bourse de Shanghai ou de l’étranger. Ping An (Shenzhen), par exemple, s’est adjugée dès 2003 une petite banque du Fujian, renommée Ping An Bank, et veut créer un fonds d’investissement dans les ponts et chaussées. Histoire de prendre une place plus grande dans la finance chinoise, à mesure que tombent les barrières entre banque, bourse, et assurance

 

 


Pol : Charbon, deux coopérations qui nettoient l’avenir

— Très sévères, et néanmoins formels, les tests de la NIDA (National Interior Decoration Association), dénonçant des taux excessifs d’ammoniac (jusqu’à 18 fois le plafond autorisé) dans 81% des nouveaux buildings pékinois.

50% émanent aussi une teneur en ozone et 42%, en formaldéhyde, un gaz responsable d’asthme ou légionellose. Ailleurs, de Shenzhen à Wuhan, c’est pire, jusqu’à 90% des sites testés. Le problème provient des additifs au béton, pour lui permettre de prendre par -0°C, et qui mettent des années à se résorber. Interdits, mais pratiqués en toute impunité. D’autres normes sont aussi transgressées dans l’électronique, le mobilier, et la climatisation qui véhicule germes et agents au lieu de les filtrer. Cette pratique illégale n’est pas seulement importune, mais aussi nocive : 111.000 personnes en sont mortes l’an passé, chiffre officiel ! 

 

— “La bourse ou la Chine!” , lance le Congrès américain à Google, Yahoo!, Cisco ou Microsoft, en réponse à leur collaboration avec la police de la toile.

Les multinationales se retranchent derrière la loi chinoise : le Global Online Freedom Act, projet du sénateur républicain Christopher Smith,  leur opposera la loi américaine, si les Chambres le votent. Selon ce projet, toute délation d’un internaute à une administration totalitaire vaudra à la firme coupable, pour un responsable, 5 ans de prison, 2M$ d’amende, et des dommages et intérêts à la victime. La loi s’étendra à toute firme en bourse US -même des startups chinoises telles Baidu ou Sohu, listées au Nasdaq. Les experts estiment que l’attraction du marché US devrait suffire à éviter la fuite des candidats vers d’autres places comme Hong Kong ou Shanghai

Par ailleurs, on assiste à un bizarre retour de flamme sur Google : éreinté (comme les 3 autres) par les media US, le n°1 du moteur de recherche fait l’objet (22/2) d’une campagne de presse chinoise, l’accusant de fonctionner sans licence en Chine(Google.cn). Google dément, et prétend partager sa licence avec Ganji.

Auteur probable de la mise en scène, le Ministère des industries de l’information se dit «préoccupé» et «enquête». Sur le sens de cette scène, les diplomates restent perplexes. Certains au pouvoir auraient eu leur doute sur la qualité d’un partenariat, et profiterait de cette faiblesse momentanée pour l’enfoncer? Affaire à suivre !

 

— Une firme, et une politique nat’le autour d’elle: c’est CUCBM, créée en 1996 pour récupérer le grisou des mines (méthane), avec l’aide de l’étranger. L’activité a été encouragée par des incitations fiscales et de partage du marché. L’étranger explore seul, puis partage avec CUCBM frais et profits d’exploitation. Une fois le méthane épuisé, peut débuter l’extraction houillère -sans plus de danger pour le mineur ! Plus de 22 contrats ont été conclus par CUCBM avec 10 firmes étrangères, 234 puits forés, pour 150 à 200M$ d’invest extérieur. Le dernier s’est fait le 22/2 avec Refle-ction Oil&Gas Partners, de Londres, sur le bloc de Shilou-sud (Shanxi). Avec 2MM m3 de réserves,c’est un des plus gros champs du pays, dont les réserves totales seraient 37MMm3 , 3ème rang mondial derrière Russie et Canada. 70 à 85% sont récupérables. Ce serait un bienfait, car jusqu’à ce jour, 6 à 8MMm3 sont brûlés en torchère, avec forte pollution.

Idem, une autre coopé démarre avec l’UE (21/2), après signature par le Commissaire à l’énergie Andris Piebalgs et le vice-ministre de la NDRC Ma Songde,d’une déclaration d’intention  pour le transfert de technologie du charbon propre. Les partenaires cofinanceront des projets de recherche, pour le captage et de stockage souterrain du CO² des centrales thermiques.

NB : C’était la condition tacite de Pékin, à son engagement dans le club du protocole de Kyoto, et son pied dans l’engrenage des engagements d’autolimitation de ses émissions de gaz à effets de serre. Ainsi, l’Europe confirme son rôle de 1er  coopérant technique avec Pékin !

 


Temps fort : Joseph Zen, Cardinal de Hong Kong – bon pour la normalisation?

Le 22/2, Benoît XVI ordonne 15 cardinaux dont Joseph Zen Ze-Kiun, évêque de Hong Kong.

Zen n’est pas bien vu à Pékin : il combattit en 2003 sa tentative de rogner les libertés dans la Région Administrative Spéciale. Pourtant, sa promotion ne devrait pas rompre le dialogue avec le Vatican : Zen est enfant du pays (né à Shanghai), et son cardinalat renforcera la voix de la Chine, plus importante pour Pékin que la querelle religieuse.

Aussi Pékin l’invite t’il à venir discuter—et à s’occuper de ses affaires !

Métamorphose en cours : depuis 1978, (X. Congrès), un schisme divisait les paroisses «officielles» qui abjuraient le Pape, et celles «de l’ombre».

Mais aujourd’hui, une réconciliation est constatée, due à l’habileté tactique du Pape, qui a su accorder son investiture à quasi tous les 103 prélats. Mieux, les 6 derniers évêques ou auxiliaires furent nommés (élus) localement, mais intronisés avec investiture papale annoncée en chaire. De même, au synode de 2005, le pape invita quatre évêques, dont trois officiels et un clandestin. Pékin refusa le visa, mais le message était clair : il n’y avait plus qu’une église !

Entre-temps cependant, la nervosité de l’Etat ne diminue pas. Deux prêtres furent arrêtés à Baoding (Mongolie) la semaine passée, et quoique Pékin ait secrètement reçu quatre cardinaux depuis octobre, rien ne permet de présager la reprise des relations. Quoique les deux exigences de Pékin soient satisfaites, murmurent certains: Rome lâchera Taiwan (où il n’entretient déjà plus de nonce), et la co-nomination des prêtres est déjà fonctionnelle.

Mais Pékin n’est pas encore prêt pour le jour « J », où  il faudra accorder la liberté religieuse complète : il est urgent d’attendre !

 

 


Petit Peuple : Wenzhou – châtiment du ciel!

En janvier 2006, un juge de Wenzhou n’en crut pas ses oreilles: devant lui, Zhong, commerçant propret sur la 40aine, réclamait la prison pour cause de bigamie, délit réprimé par la loi ! Sommé de s’expliquer, il s’épancha.

Banale en Chine, son histoire était celle d’un homme parti au loin pour travailler. Avec Zhu, son épouse et leurs enfants, il avait émigré vers les plaines givrées du Heilongjiang pour écouler ses souliers made in Zhejiang. Vite gelée,  Zhu l’avait planté là –mais non plaqué, pour retourner vers les cieux émollients de sa province natale. Cinq ans plus tard, célibataire de facto, Zhong s’était cru permis d’agrémenter sa solitude et de reconvoler en injustes noces, oubliant de dénouer sa 1ère union, et même de signaler ce détail d’état-civil à Mme Liu, sa conquête. Quand le commerce va, tout va : le couple vivota des rentrées de leur fonds, jusqu’à ce que l’entreprise rende l’âme, rattrapée par l’impécuniosité proverbiale des acheteurs de la rustbelt du Dongbei…

En 2005, toute honte bue, Zhong  retourna sans tambours ni trompettes à Wenzhou, accompagné de Liu et du fruit de leurs amours. Lourde erreur ! Au Zhejiang plus qu’ailleurs, elle court – elle court, la rumeur! Zhu sa légitime, fut prompte à découvrir le pot au rose et l’adresse du traître. Elle le relança. Refusa toute miteuse explication. Jura de rendre sa vie un enfer, s’il ne revenait pas -Liu objecta. Durant des mois, les tigresses se battirent, aucune ne voulant ni partager, ni divorcer, ni pardonner. En octobre, Liu blessa même Zhu au cours d’une de leurs scandaleuses altercations en pleine rue et nuit. Un jour, coincé tel «Zhu Bajie en son miroir» (héros légendaire du Voyage à l’Ouest mi-homme mi-cochon qui se découvre dans un miroir, puis hors du miroir, et se déteste dans les deux cas), Zhong réalisa qu’à telle existence, il préférait mille fois la paille humide du cachot ! Hélas pour lui, le juge s’en lava les mains: sans plainte de l’une ou l’autre mégère, pas de procès possible! Zhong en fut quitte, après interrogatoire de police, pour retourner, avec l’inutile valise, à ses harpies qui l’attendaient toutes griffes dehors, à la porte du prétoire !

 

 


Rendez-vous : Canton, Foire de l’habillement

n  28/02-3/03, Pékin (CIEC), Exposition articles automobiles et maintenance.   

n  01-03 mars, Guangzhou,  Foire Textile 2006 – approvisionnement pour l’habillement.