Le Vent de la Chine Numéro 35

du 22 au 28 septembre 2004

Editorial : Forum Economiques Mondiaux en Chine – la Chine se prépare …

Le «World Economique Forum», premier  think tank à évaluer chaque année, depuis Davos les performances des pays riches et pauvres, tenait à Pékin, du 16 au 18 septembre, son 1996 China Business Summit. 150 membres du Gotha mondial (Présidents ou PDGs de Ssanyong, Jetro, Siemens, G’al Electric, Volkswa-gen-Asia…) étaient confrontés à 100 chevaliers d’industrie et de ministères, parmi les plus influents du régime (Gouverneur de la BPdC, Présidents de la prestigieuse université Qinghua, de la Communication de Retruct. éco., de la Féd. des Chefs d’Entreprise)

Trônait énigmatique au milieu de ce beau linge, l’octogénaire Deng Liqun, le plus intransigeant (et influent) idéologue (anti-Deng Xiaoping), qui venait de rédiger un furieux pamphlet «de 10000 signes», contre l’influence de l’étranger et de ses capitaux…

En 3 jours, tous les sujets brûlants pour la Chine auront été auscultés: monnaie, infrastructures, dette publique, réforme des entreprises d’Etat ou des assurances sociales. Sans compter les débats les plus lourds de décision – en apartés dans les couloirs, entre diplomates et businessmen, y compris ceux de la délégation indienne venue en « éclaireur » renforcer les liens entre les deux «superpuissances asiatiques émergentes».

Côté chinois, le ton a rarement versé dans l’optimisme auto complaisant.

Le plus souvent, des techniciens compétents ont fait passer un maximum d’idées et d’infos inédites, preuve d’une volonté de coopérer -de préparer leur pays à un rôle dans le monde, plus en relation avec leur présence commerciale : cela n’a pas été une mince surprise d’entendre un haut responsable nippon prédire d’ici 2002 l’émergence du Renminbi parmi les parités mondiales, au même titre que Yen ou Mark, et plaider pour la constitution d’une monnaie-panier (inspirée par l’EURO) pour l’APEC, faite du Yen, du RMB, du USD, du Bath thai et du Won coréen… Signe du monde qui change! Voici, en 3 articles, les temps forts des débats du ‘China Business Summit »

 


A la loupe : Les grandes entreprises d’Etat (GEE) : les écuries d’Augias

100,300 ou 1000 Grandes entreprises d’Etat (GEE) mettre en faillite?

Les responsables avancent ces chiffres, autant d’expériences à tenter avant de plonger dans l’eau glaciale : pour la 1ère fois en 1996, ces «dinosaures» perclus de dettes triangulaires, d’impôts et de pensions dues  ont généré plus de pertes que de profits.

Elles n’assurent plus que 48% du PNB, et touchent 140 MM USD de subventions (20% de la dette interne). Leurs invendus se monteraient à 5% du PNB…

Les PME publiques ne sont pas en meilleure forme, mais meurent plus vite: les provinces les vendent – Pékin laisse faire. Pour les GEE, les instruments de régénération s’appellent autonomie de gestion, cabinets d’audit, épongeage du passif, primes de dégraissage du personnel. L’Etat attend la naissance d’une assurance-chômage ou retraite solide… Les GEE les plus «pourries» seront fermées, les autres cédées  tout ou partie à l’étranger  ou au privé, les meilleures regroupées, afin de sauver au moins 1 bout du secteur public.

L’Etat a 3 difficultés :

1. les provinces qui refusent de payer pour ce qu’elles appellent « les erreurs de Pékin »;

2. la hantise de conflits générés par 30 M de chômeurs en colère, «trahis» par le PCC;

3. les nostalgies du Parti, pour qui ces danwei ont été la base de pouvoirs et de privilèges. Pékin procède aussi d’une démarche procrastinatoire : à ne rien faire, certaines GEE disparaissent. Personne n’est responsable, mais le problème global diminue d’ampleur!

 


Joint-venture : Incitations aux JV dans le Centre et l’Ouest

Ø définition de la globalisation, proposée lors du World Eco Forum par Hermann Franz, Président du Conseil de Supervision de Siemens : « la globalisation est le schéma émergeant d’une pression constante de la concurrence, qui agit sur les firmes, les investissements, le commerce, les produits, avec pour résultat, chaque année, de nouveaux pays non-manufacturiers s’ajoutant en bas de l’échelle de la production industrielle»

Ø Siemens regrette de devoir «acheter sur pied» son futur personnel diplômé (seul pays au monde qui impose cette contrainte), 40 000Y par tête, en «remboursement d’études».Réponse du doyen de l’ université Qinghua : «C’est vrai. Mais l’Etat nous paie 5000 Y par étudiant, le jeune ajoute 1000Y, le poste d’étude coûte 10 000 Y – nous n’avons pas le choix!»

Ø Suite aux plaintes des provinces et à l’incapacité de l’administration centrale à traiter rapidement les dossiers de J.V., Pékin porte le plafond des projets autorisables par les provinces, de 10 à 30 MUSD. Jusqu’à hier, ce plafond était réservé aux 5 ZES et aux 14 villes côtières.

Pour préserver son avantage concurrentiel, Shanghai délègue à Pudong (et Waigaoqiao) l’approbation des J.V. Au 1.oct, tout dossier soumis à Shanghai devra être traité sous 20 jours (au lieu de 30 j).

Enfin, le Moftec prépare des incitations pour JV dans le Centre et l’Ouest, dans l’agriculture, l’élevage, les matières 1ères et l’énergie: prêts et droit de vente majoritaire sur le marché intérieur.

Ø Juste avant la cérémonie de «1ère pierre», démenti d’un projet de casino à Tanggu (port de Tianjin) : il n’y aura qu’1 centre de villégiature, avec sous-marins de plaisance. Ni Black Jack, ni Baccarat.

Ø Surprenant article sur la crise automo-bile: tandis que l’Etat encourage la «voiture du pauvre» (le miandi, fait à Tianjin), les provinces (Shanghai, Dalian) l’interdi-sent -surtout si elle est produite ailleurs. La voiture chère n’est jamais visée -c’est celle des administrations et du Parti!

Ø Après avoir conseillé depuis 3 ans la BPdC (banque centrale), Price Waterhouse devient consultant pour la BdC – Banque de Chine (banque commerciale, détenant l’essentiel des opérations en devises).

Consultation «tous azimut», avec priorité à la gestion du risque (crédit, marché, liquidités). Price Waterhouse investit, au même moment, 100 MUSD dans le recrutement et la formation d’experts en audit et en consulting.

 


A la loupe : Défi bien engagé : la Sécurité sociale

Tâche démesurée mais urgente : établir une Sécurité Sociale, qui compense pour les Chinois, la perte de leur retraite d’hier- leurs enfants. Jusqu’au début ’90, la protection était dispensée par la «Danwei», de la naissance à la mort. Aujourd’hui, la Danwei se meurt – les nouveaux systèmes prennent le relais.

Fonds de chômage : 1% des salaires (Pékin = 2Y par travailleur). Depuis ’86, en Chine, 3,5 M de chômeurs assistés – «beaucoup trop peu », commente le responsable, «face aux dizaines de M de chômeurs attendus d’ici 5 ans»..

Prime multirisques (maladie, pension, maternité accidents, logement,) =11% du salaire dont 8 à charge patronale. Des fonds provinciaux se constituent. En ’95, 670 000 familles affiliées, ’95 MM Y engrangés- très peu, face aux 558 MM Y de frais de santé en ’94, à charge des provinces.

En soins de maladie, le système testé dans 50 villes est «à points» -(l’assuré dépense à hauteur de son crédit), pour éviter, en fin de comptes, un déficit de la Sécurité sociale à la française. Accidents et opérations graves entrent dans un  budget séparé.

Problème n°1 : les taux de pensions différents – 60 à 90 % du salaire selon les provinces, empêchent le transfert des dossiers individuels de la Sécurité sociale et la mobilité des travailleurs.

Problème N°2 : la Sécurité sociale agricole (800 M hts) est facultative (déjà 6 MM Y engrangés), et d’un taux de prestations plus bas que le national…En tout cas, Pékin tâtonne, peaufine, consciente de sa chance de débutant, de pouvoir éviter les erreurs !

 

 


Argent : Nouveau règlement des investissements

Ø Nouveau règlement pour tout investissement en Chine: aucun projet ne peut démarrer avant d’avoir réuni une part du capital prévu, mais à cet inventaire des actifs préliminaires, peuvent être inclus: équipements, titre de leasing du sol, etc.

Deux objectifs: réduire les projets non-viables, et faciliter les investissements dans les régions pauvres.

Ø Apparition imminente à Tianjin dupremier supermarché des matériaux de construction : 40 000m², 200 M Y d’invest, distribution informatisée.

Dans le même sujet, 2 chaînes d’hypermarchés approuvées en J.V. : le japonais Yokado et le néerlandais Makro : feu vert officiellement commenté comme 1 pas vers l’ouverture de la distribution de gros.

Ø ouverture :autoroute Shanghai-Nankin, 274 km pour 1,15 MM USD, reliant 6 grandes villes du delta du Yangtzé. 30 000 véhicules/24h, liaison la + rapide entre les 2 métropoles (3h).

 


Pol : Départ de l’ambassadeur, m. Plaisant

Ø Important lot d’armes saisi à Hong Kong, provenant de Corée du Nord à destination de la Syrie. Première preuve indiscutable de ce trafic- conséquences à attendre, de Washington.

Ø Dans la campagne de m. Boutros-Ghali pour un 2ème mandat de Secrétaire Général de l’ONU, la Chine sera son 1er allié et les USA, son principal adversaire.

ØL’occupation des îles Diaoyu par des éléments nippons soutenus par Tokyo est pour Pékin bonne et mauvaise nouvelle:

1. de Chine, HK et Taiwan, tous les petits peuples communient dans une puissante explosion de colère contre le Japon, qui a mal choisi son moment, presque en même temps que le 65ème anniversaire de l’invasion (de sinistre mémoire) de la Mongolie par les troupes du Mikado.

2. mais Pékin doit rester passive, face à son voisin qui peut beaucoup pour, beaucoup contre lui. Par exemple, une invitation à Tokyo du Président  taiwanais Lee Teng-hui ne ferait pas l’affaire de la Chine!

Ø Le comité mixte sino-britannique pour le changement de souveraineté sur Hong Kong, est sorti semaine dernière d’années de blocage. Quelques accords ont été passés, avec concessions mutuelles : sur le terminal conteneurs CT9 (Londres renonce à y imposer Jardines, haï par Pékin), sur l’application des conventions internationales à HK (droits de l’homme)…

Ø Visite officielle de Jacques Chirac annoncée pour mai 1997. Cinq autres visites prochaines de ministres ou Hauts Magistrats. Départ le 6 octobre de l’ambassadeur m. Marcel Plaisant, qui sera remplacé par m. Morel (ex-ambassadeur à Moscou).

 

 


Temps fort : Le RMB: monnaie triomphante

Le Yuan triomphe, résultat de 2 ans de resserrement du crédit qui a ramené l’inflation de 22% en 94 à 5,8% en août 1996,et d’une injection massive de devises (investissements étrangers+ recettes d’exportation).

Les investissements nouveaux friseront cette année les 40 MM USD, la balance commerciale est positive depuis 1994, les réserves d’Etat dépasseront fin 1996 les 100 MM USD, faisant de la Chine le second plus «riche» pays derrière le Japon.

Tandis que l’épargne privée atteint l’équivalent pharaonique de 430 MM USD, laquelle devrait alimenter une seconde vague de croissance l’an prochain, par un programme national d’accès à la propriété privée

Autre succès clair : la réforme de l‘impôt, avec l’introduction de la TVA, de l’impôt sur le revenu, et une redéfinition plus efficace des contributions des sociétés et des provinces.

Les recettes du 1er trimestre avaient augmenté de 28% (taxe Industrielle Commerciale), 50% (douanes), 25% (TVA) et 59% (impôts indiv.).Ceci permet à l’Etat de baisser ses droits de douanes (pour se conformer à l’OMC), et de garantir la convertibilité du RMB d’ici fin ’96.

2 domaines monétaires restent dans le noir:

1. la réforme des banques chinoises (et l’accès des étrangères au marché/RMB), réforme impossible tant que les (GEE) pomperont 140 MM USD de prêts improductifs (20% des prêts industriels annuels);

2. l’absence d’un marché des capitaux, et surtout d’un marché de la dette, seul capable à long terme de satisfaire les besoins du pays (cf, d’ici 2000, les 233 MM USD pour les seuls projets d’infrastructures chinois).

Mais, disent les experts au World Economique Forum, « c’est dans ce secteur bancaire que l’Etat sait le plus clairement jusqu’où et à quel rythme il voudra aller » -autrement dit, peu de mauvaises surprises.

 

 


Petit Peuple : Trois gendarmes peu communs

Ø Preuve que l’on trouve de tout dans la police chinoise : à Jining (Shandong), ce policier a salué 102 fois une jeune cycliste pour lui signaler l’infraction qu’elle venait de commettre, et quand celle ci, importu-née, s’est enfuie, abandonnant son engin sous les huées de la foule, le timide s’est évanoui. Tandis qu’à Huaying (Sichuan), 1 gendarme de service apercevant 1 com-missaire mal garé et bloquant le trafic, lui confisque son permis. En rage, ce dernier tente de l’écraser. Mais l’incorruptible est sauvé par la foule et le méchant, arrêté!

Øla semaine passée, à Zhangjiang (Can-ton), des rumeurs de tremblement de terre imminent ont jeté la panique, forçant la police à imposer un mini-état d’urgence pour calmer les esprits. Fin août, les habi-tants de Taiyuan (Shanxi) dormaient de-hors, avaient dévalisé les magasins d’a-limentation… La Chine est persuadée de l’imminence d’un séisme, qui ne vient pas.

Ø une fillette de 12 ans se suicide dans le Shaanxi -elle ne pouvait payer la «taxe obligatoire» de 30 Y, réclamée par l’école pour le compte de la mairie. La taxe était pour financer 1 hôtel de 10 étages (1MY).

 


Rendez-vous : Foire de Heihe, la sibérienne

Ø24-6 sept., Dalian (Liaoning) : «Sympo-sium HK/ commerce et invest». 20 pro-jets, parmi lesquels l’extension du port et (projet Hkgais) 1,1 MM USD de Centre commercial + port plaisance + Hôtel et complexe résidentiel.

Ø25-28 sept., Pékin:salon de l’immobilier

Ø23-26 sept., Heihe (Heilongjiang): foire la plus nordique du pays, entre rideau de bambou et (ex-)rideau de fer. Thème = produits de J.V. de Canton et de la côte.

Ø 27 sept.-2 oct., Qingdao (Shandong): expo int’le du vêtement de marque.