Le Vent de la Chine Numéro 24

du 27 juin au 3 juillet 2004

Editorial : Placebo de réforme politique

Chaque été, pour pallier la stagnation de la réforme politique, le régime émet des gadgets de modernisation anodins et inédits, qui satisferont le peuple durant la trêve balnéaire, sans risques ni effets sur le système. Les initiatives recensées cette semaine se rangent en trois types :

1. Celles dictées par l’urgence, tel ce Comité National d’Approvisionnement Electrique incluant la tutelle de la SERC, (la State Electrical Regulatory Commission), les deux réseaux (Nord et Sud), plusieurs électriciens.

L’objectif va vers une gestion décentralisée et une concertation entre partenaires sociaux, comme cela se pratique en Europe.

2. Celles d’inspiration technocratique, telles :

le Conseil consultatif international de la CSRC, (la China Securities Regulatory Commission): 11 sommités  dont Laura Cha (vice-Présidente), Anthony Neoh, Shang Fulin. Il devra faire entendre l’avis de la haute finance sur la dérégulation de  la bourse et du ¥.

Un organe est créé pour refondre les luttes antidrogue/antiterreur. Au profil sciemment flou, il fait pendant à l’agence créée à Tashkent par la SCO (VdlC n°23), et tire la leçon de la perméabilité des frontières.

Côté terrorisme, il s’agit de protéger les 20M de Chinois quittant la Chine chaque année.

Côté drogue, répondant aux appels à l’aide des provinces, Pékin rajoute 50M sur 5 ans, pour étoffer les17000 flics anti-narcotiques de l’empire.

Idem, l’ANP met en lecture une loi des faillites concoctée depuis 10 ans: délai qui en dit long sur les déchirements internes, car selon la vulgate socialiste, une Entreprise d’Etat ne meurt jamais, ce qui n’empêche des 100aines de milliers de firmes de « pleurer pour faire faillite », avec d’immenses notes de pensions/chômage en souffrance!

Pékin accepte à présent de sauter le pas : en cas de «grand plongeon», 8M de firmes privées, publiques ou étrangères pourront être liquidées, au profit prioritaire des charges sociales – selon la norme internationale! D’ici 18 mois, date d’adoption prévue, Pékin prévoit de financer (sous l’ancien règlement) la mise au rancart des 2.000 dernières Grandes entreprises d’Etat déficitaires !    

¦ Enfin, une initiative vise le renforcement de l’Etat de Droit, tel ce genre de «Cour suprême», pour tester la constitutionnalité des lois et décisions : excellente idée, mais à  sa naissance, l’organe est faible, 10 employés seuls, sous l’ombrelle frêle de l’Assemblée nationale populaire (l’ANP).

Conclusion : tous ces essais devront encore être transformés. Comme tout ce qui se fait dans le genre, en Chine, leur pertinence apparaîtra plus tard -ou jamais !

 


A la loupe : Nouveau départ pour la petite reine?

Partout en Chine, la bicyclette accuse un navrant recul.

Ils ne sont plus que 25% de Pékinois à se rendre à vélo au travail. Orgueil de Mao Zedong, les pistes cyclables ont été recyclées en voies auto supplémentaires. Ce recul du vélo qui, aux yeux du planificateur, doit préluder à son extinction, résulte de 10 ans de privilège de la voiture, vue depuis lors comme coeur nucléaire du transport urbain.

Mais voilà que depuis Shanghai, l’administration fait une volte-face impromptue. La tête du dragon émet un  plan quinquennal d’urgence pour transporter ses 17M d’habitants, plan qui comporte deux ruptures : l’auto n’y est plus prioritaire, et les 6,5M de vélos shanghaïens y retrouvent une place officielle, en même temps que les transports en commun!

Les (nouveaux) grands axes seront désormais nantis de pistes cyclables inviolables, et le réseau métro-bus, qui transporte 23% des gens  (1,2M d’usagers/jour), viserait les 30% à terme. Avec 18.000 bus, le trafic est quasi saturé : la réussite du pari dépendra avant tout du métro, des 12 lignes et 580km prévus.

La métropole du Yangtzé prépare aussi ce système déjà testé au Brésil, du réseau BRT (bus à priorité électronique de feux de circulation, et métro inter-connecté par ses hubs) vers les banlieues.

Le gros problème, est  l’exigence croissante de la population enrichie et des constructeurs, d’augmenter le parc auto : pour l’Etat, faire rentrer le diable dans la boîte », n’est pas une option envisageable! L’aspect encourageant, dans ce plan, est la nouvelle chance qu’il donne à la bicyclette. Signe d’une prise de conscience que bannir le vélo, comme Shanghai pensait encore le faire il y a quelques mois, serait « jeter l’enfant avec l’eau du bain »!

 


Joint-venture : Du rififi chez Citigroup

— En électronique, le Japon est largué : avec 188 MM² de chiffre en 2003, l’industrie chinoise passe la nippone.

La tendance s’accélère (janvier-avril) avec une hausse de 46%, à 69M², voire +58% en téléphone portable (81M d’unités). Les ventes suivent, avec 98% de la production écoulée. La tendance confirme la délocalisation des japonais, tel Hitachi-GST, cette JV avec IBM  à Shenzhen, dont l’usine de 414M² pour 7.000 jobs et une capacité de 30M de disques durs ouvrira fin 2005.

Dernière tendance intéressante: la Chine assemble 80% des DVD mondiaux (82M en 2003, +46%), mais l’obligation de payer des royalties aux détenteurs des brevets, condamne la plupart des 600 producteurs indigènes. En cinq mois depuis Shanghai, leur export a chuté de 80% (!) à 193.000 lecteurs, tandis que les étrangers en Chine voyaient leurs ventes extérieures augmenter de 11% (2,5M d’unités)!

— Créée aux lendemains du SRAS, la SCAA, l’administration de certification et d’accréditation, s’est attelée à ses travaux d’Hercule, agréer (après contrôle d’hygiène) les industries alimentaires.

Les 1ers résultats sont édifiants: sur + de 11.000 Cies,  47% ont raté l’examen. 2400 ont vu le retrait immédiat de leurs licences d’export, 3000 la suspension.

C’était le minimum : les pays riches multiplient les barrières sanitaires sur les exports agro-alimentaires de la Chine (tel le gel européen en 2002, de ses fruits de mer bourrés de chloramphénicol), menaçant ainsi ses ambitions dans ce secteur. Mais pourquoi ne pas fermer purement et simplement ces PME délinquantes, pour éviter aux Chinois aussi le risque d’empoisonnement? Car elles signifient beaucoup d’emplois en régions pauvres, dont les titulaires résisteraient avec l’énergie du désespoir!

— En 2001, Citigroup fit le break et s’envola dans les hautes sphères de la banque d’affaire chinoise en recrutant Margaret Ren : l’ex-cardiologue bombardée vice-Présidente (Chine) du groupe, n’était autre que la bru de Zhao Ziyang!

Que cet ex-1er Secrétaire soit en disgrâce depuis 1989, ne l’empêchait d’appartenir à la nomenklatura, ni à ses enfants, aux mieux introduits des 高干子弟 gaogan zidi (fils de la haute).

Citigroup, dit la rumeur, lui doit tous ses coups : l’entrée de China Life en Bourse de HK/NY en décembre 2003 (2,5MM², cf VdlC n°40, VIII), celle de Netcom (1,2MM² en 2004), banques Minsheng (822M²) et CCB (4 à 8 MM² en 2005). C’est donc «avec regrets» que Citigroup (23/6) dit Adieu à Ren et à son directeur Earl Yen tout en clamant ses raisons: le mensonge à la maison-mère et à l’autorité de contrôle!

Aucun détail n’est précisé, si ce n’est que les fausses infos «n’ont pas affecté la clientèle ». On peut comprendre cette phrase comme un démenti à toute implication dans l’actuelle fraude de Chine Life à New York. Nul doute, pour Citigroup qui se déclare «prêt à coopérer» (sans préciser avec les enquêteurs de quel pays), cette affaire qui entache son danseur-étoile-rouge, est un coup dur !

 

 

 


A la loupe : L’épée Durandal de l’anti-dumping!

Depuis 1995, 15% des 2.416 plaintes dans le monde pour dumping (le fait de casser les prix) auprès de l’OMC, visent la Chine!

Les seuls américains taxent 17 de ses produits de droits compensatoires. Dernières en date (18/6), les chambres à coucher (mobilier), 5 à 198% de cet export de 992M² en 2003.

D’autres rétorsions récentes frappaient de 4 à 78% les télévisions chinoises, et un alourdissement de la taxe sur les sacs plastiques, passant de 18% à 24%. Prochaine cible : la crevette, dénoncée par les éleveurs yankee, sujet de débat à Pékin (21-24/6) pour Don Evans, le Secrétaire d’Etat au Commerce!

La volée de flèches contre l’export chinois est loin de venir que des Etats-Unis!

Le 23/6, la Corée du Sud lui taxe (12 à 21%) le sulfite de sodium, agent tinctorial.

La Turquie s’apprête à frapper ses livraisons de câble d’acier. L’Union Européenne prépare sa riposte à un déluge chinois de fibre polyester à travers le monde, + 62% (à 708.000t) en 4 mois, fruits d’investissements taiwanais lourds entre Zhejiang et Jiangsu.

Pékin se défend… par l’attaque, apprenant vite des méthodes de ses nouveaux partenaires!

Depuis son entrée à l’OMC, pas moins de 63 enquêtes anti-dumping ont été initiées par la Chine, dont la plupart ont abouti ou vont aboutir à des taxes. Celle qui fait parler d’elle en ce moment, concerne la fibre optique des US (Corning), de Corée du Sud et du Japon,  taxée (16/6) de 7 à 46%.

Ces actions sont l’oeuvre d’une division «antidumping» en grande expansion au min. du Commerce. Celle-ci tente aussi d’agir en amont des plaintes, lançant ce mois-ci un «système d’alerte précoce» à Shanghai, pour identifier les actions à venir parmi 189 produits exportés, et préparer à temps des médiations. Dans ce but, elle recevait en mai le Conseil international de l’arbitrage commercial (ICCA), et en buvait avidement les recommandations.

Dernière défense chinoise : la tentative de se faire octroyer le statut de «régime à économie de marché », qui réduit les chances de rétorsion antidumping. Pour l’instant,  Pékin n’y parvient qu’auprès de sept pays marginaux (derniers en date, Togo et Bénin). Mais çà changera.

Toutes ces tendances, démontrant la maturation rapide d’un partenariat à peine sorti des langes !

 


Argent : Rachats d’Entreprises d’Etat – le temps des moissons

Le 1er semestre a vu 252 fusions et acquisitions, pour 6,7MM², +37% en valeur : la Chine est passée 1er terrain de chasse des investisseurs!

Pour le 2d semestre, la cadence s’amplifiera à 10MM² et 270 deals, tendance d’ouverture au monde voulue par l’Etat, et accélérée par la surchauffe des prix de l’énergie et des matières 1ères.

Ainsi, Wuhan Steel, n°3 national, veut placer les 900M² attendus de son entrée en bourse de Shanghai, dans des rachats d’autres unités, le doublement de son train de laminage à froid, pour passer n°2 national en 2006, avec 16Mt de capacité générale. Chalco annonce le rachat de 29% de Lanzhou Alu (100M²), et profite de son trésor de guerre dû à son monopole sur l’alumine (50% de la production nationale) pour étendre ses tentacules sur le cuivre, l’étain et le molybdène.

Harbin Power, n°1 des équipements électriques, ferraille toujours avec GE, pour une reprise qu’il veut minoritaire et le yankee, à 51%. Ce qui explique peut-être le maintien au tapis vert de deux autres groupes, Alstom et Mitsubishi – pour permettre à Harbin d’imposer ses termes.

NB: en 2004, le marché des centrales électriques sera de 20MM², et 40 Gw, soit un parc britannique!

 

 

 


Pol : Le Parti se privatise

— La plus antique toilette fut exhumée d’un tombeau des Han de l’Ouest, vieux de 20 siècles.

Dans les années ’50, Mao s’enorgueillit de doter le pays de toilettes frustes mais secourables. D’ici ses J0 de 2008, Pékin veut mettre 24M² dans un parc élargi de vespasiennes “nickel”, suivie par Shanghai qui investit pour passer le cap des 3 latrines/km². Ces efforts ont convaincu l’autre WTO (World Toilet Organisation!), sis à Singapour, de confier son Congrès à Pékin  (17-19/11), puis à Shanghai en 2005—avec en prime, le 1er salon mondial des édicules, 100 stands, 8000 visiteurs.

NB : cette coopération en matière d’édicule, re-pose sur un concept singapourien très admiré en Chine, celui du néo-autoritarisme. Il consiste à compenser l’absence de dialogue politique par des services publics impeccables.

— 15 officiers sont promus Généraux par Jiang Zemin, (20/6).

Parmi ceux-ci, Liu Zhenwu, 1er chef de la garnison de Hong Kong, et Zhu Qi, commandant la région militaire de Pékin. You Xigui chef de la Garde centrale depuis 1999 est aussi sur la liste.

Cette charrette de promotions dit deux choses :

1. l’ascendant que le civil Jiang a su prendre sur l’armée populaire de libération (APL), ayant placé 79 généraux depuis 1993, dont 1/2 depuis 2000;

2. promouvoir son ex-garde du corps, pour Jiang, n’a de sens que s’il se maintient au pouvoir après le Plénum d’octobre 2004, malgré la limite d’âge théorique de 70 ans- il en a 77.

Le Président de la CMC s’estimerait nécessaire au pays, dit la rumeur, du fait du problème non réglé de Taiwan.

— Jusqu’à présent, la revitalisation de l’économie s’est faite sans le PCC, (le Parti communiste chinois) : dans Shanghai, par ex., seules 3000 des 280.000 Cies privées (1,1%) ont leur cellule du Parti!

Ce dernier s’en inquiète, car de cette pénétration dépend la manne des cotisations, positions d’influence, et pensions pour ses vieux cadres méritants. Aussi à Pékin, le Département du personnel a donné 5 ans aux provinces pour doter d’un représentant du Parti toute PME comportant plus de 50 emplois, et d’une cellule pour toute PME de plus de 100. Shanghai se targue de boucler ce défi en trois ans!

— Que l’administration détourne 140M² du budget 2003, est un péché véniel, dénoncé par l’auditeur-chef Li Jinhua (23/6), en son rapport annuel à l’ANP (le vrai chiffre, notoirement, devrait se compter en MM²).

Ce qui est  plus grave, est que l’Administration Générale des Sports a détourné 11 des 13M² des fonds alloués depuis 1999 au titre de la préparation des Jeux Olympiques de Pékin 2008, qui y perdent le reflet d’innocence absolue et de verdure espéré… Pour autant, bien d’autres JO (Salt Lake City, Athènes…) ont leurs petits secrets, inévitables dans l’univers du sport international!

 


Temps fort : Une nouvelle mode : les organisations internationales!

Bien révélateur, cet « entrisme » chinois aux organisations régionales !

Pékin était déjà observateur à l’ASEAN, membre de l’APEC et l’ASEM. Il avait créé «ses» structures multilatérales propres avec la SCO (dit « initiative de Shanghai »), et le Forum de Bo’ao (Hainan).

Voilà qu’apparaît le 22/6, à l’issue du 3ème Sommet des 25 pays membres de l’ACD (Dialogue pour la Coopération en Asie), une nouvelle initiative de Qingdao (Shandong), afin de rapprocher les politiques de l’énergie!

La rencontre a son sens, alors que deux des signataires (Chine, Japon) sont n°2 et 3 plus gros consommateurs, lourdement frappés par le cours persistant du baril à + de 35$, tandis que cinq autres sont producteurs (Bahrein, Qatar, Koweit, Oman, Kazakhstan)… Le pacte de Qingdao envisage une coopération accrue en fait de prospection, d’infrastructures communes, de recherche en énergies renouvelables. Une autre déclaration à Qingdao ouvre la voie à des coopérations régionales plus vastes (agriculture, biotechnologie, finance, environnement, tourisme, lutte contre la pauvreté).

Cette frénésie chinoise à collectionner les pactes et structures régionales, apparaît comme une réaction après 40 ans d’isolement révolutionnaire. Que Pékin se concentre sur sa région, est pragmatiquement raisonnable, et un calcul habile : sûr de sa puissance industrielle, il bâtit son hinterland de demain!

NB : elle pourrait sortir en sept, au sommet SCO à Biskek, la Banque d’Asie Centrale ! Elle sera calquée sur le modèle de la Banque asiatique de développement, l’ADB, privée, financée notamment par les pétroliers chinois!

 


Petit Peuple : Rayon de (Mme) Soleil sur la toile

— En classe terminale à Hefei (Anhui), faute d’amour de soi, Lulu (prononcez Loulou) filait du mauvais coton.

En juin l’attendait le bac, où moins de 50% des lycéens réussissent. Elle était dévorée par son vieux démon : une enfance sans amour, amitiés ni flirt. Et comme 30% de ces jeunes Chinois, Lulu, incomprise, souffrait de stress et s’emmurait dans un silence agressif. Scotchée des heures par jour à l’internet, elle rêvait de quitter le train en route.. D’une manière inopinée, c’est sur cette toile qu’elle rencontra celle qui lui sauva la vie: Liu Huanrong, autre surfeuse qui lui porta un message d’espoir, de découverte de ses atouts propres et d’éveil. Au fil des mois, elle ferma ses blessures, allant jusqu’à appeler ses parents pour les convaincre d’échanger avec elle, autrement que par blâmes moralistes et disputes…

Mais l’argument ultime, par lequel Liu réconcilia Lulu avec elle-même, fut sa propre apparition sur écran. Victime 30 ans avant d’un feu de forêt, Liu était grande brûlée, recluse en appart, tapotant ses e-mails de son unique doigt restant. D’aspect monstrueux, elle aussi avait connu la tentation du suicide, et s’était sauvée par le chat sur internet : voir la différence de chance entre cette elephant-woman et elle-même, fut pour Lulu une leçon dé-cisive : elle potassa son bac, et l’obtint haut la main.

Quant à Liu, elle est depuis lors la “Mme Soleil” de l’internet chinois. Par milliers, les jeunes paumés se pressent sur le site que des bénévoles lui ont gratuitement ouvert. Liu est la preuve vivante d’une conviction profondément ancrée en Chine : 苦海无边,回头是岸 ku hai wu bian, hui tou shi an, la mer amère est sans bornes, mais le rivage est derrière ta tête -au plus profond du désespoir, un rayon de lumière veille!

 

 

 


Rendez-vous : Conférence patrimoine mondial Unesco

27/6-2/7: visite du Président argentin N.Kirchner

28/6-7/7, Suzhou: Conférence du patrimoine UNESCO

30/6, Shanghai: Conférence fusions / acquisitions

1-6/7: visite du Président mongol N. Bagabandy