Le Vent de la Chine Numéro 40

du 9 au 15 décembre 2002

Editorial : editorial_40_2002

A Monaco (3 décembre 2002), les 2/3des 89 jurés du Bureau International des Expositions (BIE) ont choisi Shanghai pour l’Exposition universelle de 2010. Après l’OMC et les Jeux Olympiques de 2008, les années croisées France-Chine et le haut profil obtenu au sein de forums mondiaux tels ASEM, APEC, ASEAN etc: ce début de XXI .s, à travers le monde, est celui de la Chine !

Moscou pourtant, jusqu’à septembre, semblait le choix le plus logique, étant

? capitale, ‚ soeur culturelle de la région UE-US, ƒ porteuse de la demande du plus grand pays sur terre, d’être (ré-)admis au club des nations, après 10 ans d’effondrement de l’URSS et 10 ans de purgatoire mafieux. Hélas pour Moscou, les guérilleros tchétchènes ont pulvérisé son rêve : on ne confie pas une exposition de 70M de visiteurs à un pays incapable de prévoir, ni de gérer une prise de 700 otages!

Sous le slogan de « meilleure ville pour une meilleure vie », la Chine a soumis un excellent projet, sur 540 ha dans l’île de Pudong (où il imposera le relogement des 8500 familles, un chantier naval et une usine). En fait, 3MM$ d’investissements publics ont été promis, ainsi que (délicatesse prisée) 100M$ aux PVD pour participer à la fête surnommée, en Chine, «Olympiades du High’Tech». Complétés d’au moins 30MM$ d’invests indirects, ils vont doubler la capacité hôtelière, à 100.000 chambres, tout en accélérant le remodelage urbanistique. 20M de m² de linong (ruelles locales) seront détruits, mais 10M de m², classés, seraient restaurés – si cela se réalise vrai, ce sera une première nationale !

Pour l’expo universelle, le concept d’A.S., bureau français a été primé: celui d’une fête sur l’eau promenant ses visiteurs en bateaux mouches, avec esplanade pour skaters et rollers, et un «pont-fleur».

NB : auteur des opéra de Shanghai (Charpentier), de Pékin (Andreu) et d’autres chantiers de prestige,l’architecture française a la cote en Chine!

Ce RV avec le monde devrait permettre d’ici 2008 à la  (longtou, «tête de dragon» -Shanghai) de redevenir la «Paris de l’Orient» des années ’30, et à tout le moins, la ville la plus moderne d’Asie.

Enfin cette victoire servira la cohésion nationale, ayant canalisé, plus qu’ailleurs, les énergies patriotes de centaines de millions d’adultes et d’écoliers. Elle a prouvé la force du pays : Pékin s’est servie d’abord, avec les J0 de 2008, mais elle s’est ensuite investie pour obtenir pour Shanghai à son tour, une vitrine mondiale qui profitera à toute la côte -et au pays!


Editorial : L’EXPO 2010 CONFIEE A SHANGHAI – LE XXI. SIECLE DE LA CHINE!

A Monaco (3 décembre 2002), les 2/3des 89 jurés du Bureau International des Expositions (BIE) ont choisi Shanghai pour l’Exposition universelle de 2010. Après l’OMC et les Jeux Olympiques de 2008, les années croisées France-Chine et le haut profil obtenu au sein de forums mondiaux tels ASEM, APEC, ASEAN etc: ce début de XXI .s, à travers le monde, est celui de la Chine !

Moscou pourtant, jusqu’à septembre, semblait le choix le plus logique, étant

? capitale, ‚ soeur culturelle de la région UE-US, ƒ porteuse de la demande du plus grand pays sur terre, d’être (ré-)admis au club des nations, après 10 ans d’effondrement de l’URSS et 10 ans de purgatoire mafieux. Hélas pour Moscou, les guérilleros tchétchènes ont pulvérisé son rêve : on ne confie pas une exposition de 70M de visiteurs à un pays incapable de prévoir, ni de gérer une prise de 700 otages!

Sous le slogan de « meilleure ville pour une meilleure vie », la Chine a soumis un excellent projet, sur 540 ha dans l’île de Pudong (où il imposera le relogement des 8500 familles, un chantier naval et une usine). En fait, 3MM$ d’investissements publics ont été promis, ainsi que (délicatesse prisée) 100M$ aux PVD pour participer à la fête surnommée, en Chine, «Olympiades du High’Tech». Complétés d’au moins 30MM$ d’invests indirects, ils vont doubler la capacité hôtelière, à 100.000 chambres, tout en accélérant le remodelage urbanistique. 20M de m² de linong (ruelles locales) seront détruits, mais 10M de m², classés, seraient restaurés – si cela se réalise vrai, ce sera une première nationale !

Pour l’expo universelle, le concept d’A.S., bureau français a été primé: celui d’une fête sur l’eau promenant ses visiteurs en bateaux mouches, avec esplanade pour skaters et rollers, et un «pont-fleur».

NB : auteur des opéra de Shanghai (Charpentier), de Pékin (Andreu) et d’autres chantiers de prestige,l’architecture française a la cote en Chine!

Ce RV avec le monde devrait permettre d’ici 2008 à la  (longtou, «tête de dragon» -Shanghai) de redevenir la «Paris de l’Orient» des années ’30, et à tout le moins, la ville la plus moderne d’Asie.

Enfin cette victoire servira la cohésion nationale, ayant canalisé, plus qu’ailleurs, les énergies patriotes de centaines de millions d’adultes et d’écoliers. Elle a prouvé la force du pays : Pékin s’est servie d’abord, avec les J0 de 2008, mais elle s’est ensuite investie pour obtenir pour Shanghai à son tour, une vitrine mondiale qui profitera à toute la côte -et au pays!


A la loupe : Coup de semonce sino-russe sur Pyongyang

Une fois de plus, la visite du Président Poutine à Pékin (1-3/12) a révélé la volonté commune de donner un contenu à l’alliance sino-russe, et d’investir sur la région Russie-Asie plutôt que sur les seuls US ou l’UE.

Cette mission a abouti à trois résultats modestes, mais qui engagent l’avenir :

1. comment coopérer contre le terrorisme, dans le sens des intérêts sino-russes? Fait sans précédent dans l’histoire, Jiang et Poutine ont averti Pyongyang de lâcher ses rêves nucléaires, et de normaliser avec Séoul et Tokyo. Ils se sont aussi interrogés comment protéger leurs intérêts pétroliers (pour 4,4MM$ de champs pétroliers en friche), si les troupes US arrivaient à Bagdad.

NB: Pékin s’apprête à acheter  8 sous-marins furtifs russes « Kilo », pour 1,6MM$. Depuis 10 ans, la Chine achète 1MM$/an d’armes à la Russie.

2. Poutine est venu si vite, pour rencontrer Hu Jintao avant tout le monde, afin de renforcer l’amitié personnelle. Jeunes, et tous deux purs produits de leurs systèmes, ils ont fort à partager. Cette connivence recherchée, jette les bases d’un axe Chine – Russie – Inde -où Poutine s’est rendu juste après !

3. L’oléoduc Angarsk-Daqing n’a pas été signé (cf VdlC n°39). Les négociations avec l’opérateur russe Yukos achoppent sur le prix de vente du pétrole. Mais le délai est peut-être dû aussi au projet de la CNPC, 1er pétrolier chinois, de racheter aux enchères (18/12) le n°5 russe, Slavneft.

Ruinée, la concurrence russe ne pourrait pas suivre -CNPC paierait jusqu’à 3MM$. L’achat permettrait à la Chine de poursuivre la diversification de ses sources et de réduire sensiblement ses coûts de productions. Les deux affaires sont évidemment liées – (le pétrole de Slavneft emprunterait l’oléoduc de Yukos) et devraient faire l’objet d’un deal global !


Pol : une Chine de 40% de bourgeois?

· Une étude de Harvard jette une lumière sur l’amplitude de la censure chinoise sur la toile chinoise: sur 204.000 sites testés, 25% sont bloqués parfois, 8% sérieusement. Les sites les plus surveillés sont ceux touchant au Tibet et à Taiwan, de grandes agences de news telle BBC (mais pas CNN). Curieusement, la santé chinoise fait aussi l’objet d’un effort massif de silence. La Chine accorde une grande place aux moyens automatiques – aux mots-clés, bloquant ainsi des milliers de sites innocents tels le red lobster (restaurant) ou l’encens tibétain (produit commercial).

Conclusion de Harvard : « le filtrage reste un instrument important de la politique de l’Etat pour l’ internet, il continue à y déverser de forts moyens techniques et humains » – à fonds perdus.

· Des concepts politiques inédits flottent dans l’éther chinois, parlant de xiaokang (bien-être) et de zhongchan (classe moyenne). Ils sont imprécis, et sans auteur. Ils n’évoquent plus la jusqu’ alors inévitable allusion aux 3 représentativités. Il s’agirait de la 1ère prise de parole de Hu Jintao, nouveau Secrétaire National, bientôt Président de la République. Selon ces rumeurs, la récompense à attendre d’une stabilité maintenue jusqu’en 2020 sera le quadruplement du PIB à 4000 MM$, et chaque année d’ici là, 1% de bourgeois en plus : de 18% en 2002, on passerait à 40%.

NB : Pendant que Hu fait ses vocalises, Jiang Zemin monte en puissance: obligé, par ses nouvelles fonctions, de lâcher sa seule base d’influence comme directeur de l’Ecole centrale du Parti, Hu la cède à son grand rival, lieutenant de Jiang : Zeng Qinghong !

· En matière de santé, la Chine obtient aussi, parfois, des succès. Elle est en train de vaincre le «IDD», syndrome de déficience iodine, du à la carence en iode dans le sel, qui cause goitres, fausses couches et crétinisme. En 1993, 60% des enfants chinois en étaient victimes. En 1999, ils n’étaient plus que 19%, suite à une restructuration du marché du sel de table et à la mise sur pied d’une police du sel, à seule fin d’assurer que l’iode soit à sa place. Grande victoire donc -même si, jusqu’à leur mort, 45% de tous les malades de l’IDD, resteront en Chine ! ■


Argent : téléphonie 3G – le combat des normes

· Alors que Datang et Siemens peaufinent leur standard local de téléphonie de la 3ème génération, (système à large bande pour tél. portable), un bras de fer a lieu entre locaux et étranger, pour ou contre un statut de norme nationale exclusive à ce standard «TD-Cdma». «Puisque l’UE défend ses normes GSM et les US leur Cdma», dit Datang, «pourquoi pas nous?» – d’autant que le TD-Cdma dérivé de la norme US, serait plus performant. A Pékin, l’UE plaide pour «le bon sens»: une norme mondiale (Wcdma ou Cdma-2000) limiterait les frais de recherche et le coût des connections internationales. Wu Jichuan, ministre sortant du MII (cf VdlC N°39) a fait un jugement de Salomon : pas de norme exclusive, les licences seront accordées selon les tendances du marché.

NB: cet avis ne préjuge pas de l’avenir, car Wu, dans 3 mois, est remplacé. Le MII a aussi s’il le veut, d’autres moyens de garantir l’exclusivité à sa filière-maison, qui offre aux constructeurs l’avantage appréciable d’épargner les royalties à Qualcomm (US), inventeur du Cdma!

· Jusqu’alors, le jouet, dont la Chine est 1er producteur mondial (pour7,6MM$ d’export en ’01), repose sur le bas de gamme -faible technologie, salaires et valeur ajoutée. Pôle du secteur, le Guangdong veut inverser la vapeur, pour sortir gagnant du mouvement de restructuration mondial qui se profile. Moyennant 48M$, province et mairie se dotent d’un Centre international du jouet de 16 ha, surface appelée à doubler. En ’01, la Chine produit 70% des jouets sur terre, exporte, et travaille à façon pour des groupes comme Mattel (n°1 mondial, producteur de tous jouets Warner Bros, et des « Harry Potter »).

· Frappée de 544 actions anti-dumping par 33 pays, la Chine riposte par ses tarifs temporaires contre les imports. Les dernières semaines ont vu frapper le papier traité (contre US, Corée du Sud, Japon – la Finlande passe à travers), l’acide acrylique (46%) contre Singapour, Corée /Sud, Malaisie, Indonésie, et 5 types d’acier -(23%) contre Japon, Corée du Sud et Taiwan. Cette action est parallèle à une autre, qui vise le soutien aux firmes chinoises contre les plaintes anti-dumping, sur le terrain du droit international. Cette défense commence à remporter des succès, tant à Bruxelles, qu’aux US ou au Canada. Ensemble, les 2 actions vont ouvrir davantage les marchés mondiaux aux produits chinois et faire passer un message vieux comme Hérode: « si vous touchez à nos exports, nous touchons aux vôtres » !


Politique : politique_40_2002

· Une étude de Harvard jette une lumière sur l’amplitude de la censure chinoise sur la toile chinoise: sur 204.000 sites testés, 25% sont bloqués parfois, 8% sérieusement. Les sites les plus surveillés sont ceux touchant au Tibet et à Taiwan, de grandes agences de news telle BBC (mais pas CNN). Curieusement, la santé chinoise fait aussi l’objet d’un effort massif de silence. La Chine accorde une grande place aux moyens automatiques – aux mots-clés, bloquant ainsi des milliers de sites innocents tels le red lobster (restaurant) ou l’encens tibétain (produit commercial).

Conclusion de Harvard : « le filtrage reste un instrument important de la politique de l’Etat pour l’ internet, il continue à y déverser de forts moyens techniques et humains » – à fonds perdus.

· Des concepts politiques inédits flottent dans l’éther chinois, parlant de xiaokang (bien-être) et de zhongchan (classe moyenne). Ils sont imprécis, et sans auteur. Ils n’évoquent plus la jusqu’ alors inévitable allusion aux 3 représentativités. Il s’agirait de la 1ère prise de parole de Hu Jintao, nouveau Secrétaire National, bientôt Président de la République. Selon ces rumeurs, la récompense à attendre d’une stabilité maintenue jusqu’en 2020 sera le quadruplement du PIB à 4000 MM$, et chaque année d’ici là, 1% de bourgeois en plus : de 18% en 2002, on passerait à 40%.

NB : Pendant que Hu fait ses vocalises, Jiang Zemin monte en puissance: obligé, par ses nouvelles fonctions, de lâcher sa seule base d’influence comme directeur de l’Ecole centrale du Parti, Hu la cède à son grand rival, lieutenant de Jiang : Zeng Qinghong !

· En matière de santé, la Chine obtient aussi, parfois, des succès. Elle est en train de vaincre le «IDD», syndrome de déficience iodine, du à la carence en iode dans le sel, qui cause goitres, fausses couches et crétinisme. En 1993, 60% des enfants chinois en étaient victimes. En 1999, ils n’étaient plus que 19%, suite à une restructuration du marché du sel de table et à la mise sur pied d’une police du sel, à seule fin d’assurer que l’iode soit à sa place. Grande victoire donc -même si, jusqu’à leur mort, 45% de tous les malades de l’IDD, resteront en Chine ! ■


A la loupe : L’affolement des tiroirs -caisses!

Le commerce de détail s’emballe. Avec 454 MM$ de chiffre en 2001 (+9% en 2002), il voit arriver une masse d’investissements, de marques – et de faillites. Entre Shanghai, Pékin, Canton et Chengdu, 60% de tout commerce est trusté par les grandes surfaces, au détriment d’un immense maillage de petits détaillants ( à travers la Chine, 1M magasins moyens, 25M d’échoppes).

La raison est l’OMC : en 2004, les protections tombent: finie, l’obligation de JV. L’étranger en 2002 tient 3% du marché : d’ici ’05, il pourrait en avoir 10%. Sur les 1000 grandes surfaces dépassant 12M$/an, « seuls 5 à 6 groupes survivront», pense Lianhua, n°1 national, 1600 magasins, 1,8MM$ /an. En ’03, tous les étrangers sur place pensent doubler leurs implantations et chiffres, tel Carrefour, leur vaisseau amiral (31 hypermarchés, 900 M$ de jan. à oct.), ou Wall Mart (22 unités).

Côté chinois aussi, on tente d’atteindre en peu d’années la masse critique. Wu Mart, semi-privé veut doubler (par rachat) ses surfaces à 500 en 2002, et son chiffre à 300M$, avant de monter 6 hypermarchés en 2003.

Et le gouv’t? Avec pragmatisme, il tente d’assister la marche forcée de ses nationaux. La tutelle SDPC préconise d’ici 2005 la création de chaînes par les industriels (chimie, télécoms, pharmacie, édition, automobile), surtout dans l’Ouest, dernier terrain vierge, encore à prendre ! Mais en même temps, à la colère des groupes émergents, il laisse s’installer l’an prochain de nouveaux noms tels à Pékin, B&Q (GB), OBI (RFA), Leroy Merlin et Auchan, Seven-11 et Wall Mart (US), Discount (Espagne). C’est qu’il faut éviter les investissements chinois perdus d’avance : à 12 mois de la grande ouverture, le protectionnisme à tout crin n’est plus de mise! Voilà pourquoi une révolution est en cours en Chine : les grandes surfaces qui étaient 21.000 en 2000, quintupleront à 100.000 d’ici ’05, suivies de près par leurs ventes, de 18MM$ à 84MM$ !


Joint-venture : mise sur son cheval Mazda

· Pour l’automobile chinoise, 2002 a été l’année du feu d’artifice, avec +40% de ventes!

N°3 avec 8,6% du marché, General Motors (GM) remporte la meilleure courbe, ayant doublé ses ventes (+104%) à 110.000 unités : Fruit d’un investissement (1,5MM$ en 1997) qui a permis de porter sa gamme sur tous les segments du marché. Avec la nouvelle Buick (sortie 26/12), GM va mettre sa chaîne aux 3/8, atteignant son plafond de capacité (150.000 véhicule par an).

VW a le record de la masse, avec 500.000 véhicules vendus en 2002 (+140.000). VW va doubler son score en 5 ans, moyennant un investissement annuel de 600M² /an -pour conserver ses 50% de marché.

Ford tente sa dernière chance pour entrer en Chine par la grande porte. Terrassé en 1997 par GM sur la place de Shanghai, Ford avait dû se rabattre sur des petits partenaires (Chang’an à Chongqing, qui sort en 2003 la Fiesta, Jiangling au Jiangxi). Or, FAW (Changchun) va produire sous licence la Mazda 6 -Mazda, filiale Ford à 33%, a une JV avec FAW à Hainan. On parle de fonder une nouvelle JV, voire de fusionner des actifs -Chang’an pourrait être absorbé par FAW, déjà partenaire de Toyota et de VW (pour la Jetta). Mazda pourrait être, pour Ford, le bon choix : produisant 20.000 véhicules/an le groupe nippon espère atteindre à moyen terme 5% du marché (50000 véhicules en valeur 2002).

· Dix mois après avoir collé 20M$ d’amende à l’agence newyorkaise de la BoC pour fraude (cf VdlC N°3), l’autorité bancaire US donne le feu vert pour s’installer à China Merchants, filiale à 23% de la Cosco, n°6 chinois (38MM$). Shanghai pourtant, ne renvoie pas l’ascenseur, et refuse à Citibank la reprise de 1,66% de Pudong Development Bank, avec 60M de parts A, moyennant 17M$ : elle les revend à son propre bras financier récemment créé – Shanghai International Group. Mauvais départ pour le permis de vente de parts A à l’étranger, effectif depuis le 1/12!

NB. : deux fonds de placement mixtes ont été autorisés : après Allianz et Société Générale, ING (NL) prend 30% d’une JV au capital de base de 12M$ (le minimum), avec 4 partenaires dont China Merchants Securities, un des plus gros courtages nationaux, tandis que Fortis contrôle 33% d’une JV. La part belge passera à 49% d’ici 3 ans, suivant la règle de l’OMC. Plus chanceux, Fortis n’a qu’un partenaire, Haitong. Les 2 fonds sont de type «ouvert», en parts A (pour chinois). Ils attireront des clients, selon leur capacité à convaincre les investisseurs d’un « plus » apporté par une gestion à l’occidentale.

 

 


Temps fort : Dure, la manette des gaz…

D’ici 2010, la Chine veut doubler (à 6%), la part du gaz dans ses besoins en énergie. En 2002, elle s’est imposée plus de 40MM$ d’invest, entre le gazoduc Urumqi-Shanghai, le terminal GNL de Shenzhen, et deux contrats de livraison à long terme (Australie, Indonésie). L’AIE (9/12), dans une forte étude, multiplie les mises en garde.

En effet, pour l’AIE, l’Agence Internationale de l’Energie, la Chine a bien vu venir le besoin de diversifier vers les énergies propres tel le gaz. Mais elle n’a pas anticipé la création du marché spécifique. Or, le gaz est beaucoup plus cher (x3!), étant importé (la Chine a – de 1% des réserves mondiales) et loin de ses marchés.

A cette contrainte technique s’en ajoute une autre, politique : le prix du gaz est fixé de façon erratique, par région et par projet. Il est fixé dans le seul intérêt de l’exploitant (Cnooc, Sinopec ou Cnpc, monopoles publics très influents).

De même, la Chine écoule les 2/3 de son gaz hors marché, dans des usines. Le marché idéal (dit l’AIE), serait une foule de mini-centrales à gaz (50MW). Mais cette configuration de type privé hérisse – le socialisme a plus d’affinité avec les gros projets publics.

Le risque est réel, dit l’AIE, de voir le gaz rater son entrée:déjà 2 gazoducs (Ordos-Pékin et Sebei-Lanzhou) voient l’échec commercial – leur gaz est écoulé sous la contrainte. Les remèdes préconisés parlent tous d’élargir le débat gazier, hors des lobbies et du Parti, en associant (plus) l’étranger, le privé, la finance et le juridique, pour aider le marché à prendre. On parle ainsi de créer une Agence, et une Politique nationale de l’énergie, détaxer le gaz et taxer le charbon selon sa nuisance à la santé, créer un cadre légal pour l’émission de bons municipaux. Autant d’actions inédites en Chine, impliquant un recul de l’Etat !

NB 1: vu sa profusion en Chine, le charbon restera sans doute toujours majoritaire – Pékin investit des MM$ en recherche en charbon propre!

NB 2: ce réseau-gaz que la Chine tente de faire en 20 ans, les US l’ont fait en 100 et l’UE en 50: manière pour l’AIE, de fixer l’ampleur du pari !


Petit Peuple : vieux fou qui semait ses montagnes

· Voici la version bouddhiste et mongole du Yu gong yi shan   , «fou qui déplaça la montagne» –

ce vieillard qui creusa seau à seau, d’abord sous la risée puis avec l’aide de tous les siens, une saignée à travers la chaîne infranchissable.

Arabten Daorji, reconnu « gegen » ou Bouddha vivant depuis l’âge de 3 ans, vit en son monastère à Uxinzhao (Mongolie intérieure). Au bord de la ville, le désert de Muus progresse chaque année sous l’action des grands vents du nord et du bétail pléthorique et famélique. Face aux progrès du sable, Daorji vécut jusqu’à 51 ans sans rien faire, puis il passa à l’action. Depuis lors, chaque jour entre deux séances de prière, culte ou étude de sutras, il replante. Seul. 17 ans après, les sarcasmes se sont éteints: au printemps 2002, le bureau des forêts d’Uxinzhao lui confia la réhabilitation de 300 ha – il en a déjà planté 30, avec 180.000 pieds de genêt pour arrimer le sol. Cette reconnaissance fut suivie d’une autre: celle des éleveurs de chèvres et de mouton qui, quittant des décennies de fatalisme, se retroussent les manches, pour replanter à leur tour !