Le Vent de la Chine Numéro 37
C’est un discours insolite qu’a prononcé Jiang Zemin au Grand Palais du Peuple pour l’ouverture (8/11) du XVI. Congrès, devant 2120 délégués prompts aux applaudissements. Le texte sur ‘la construction en grand d’une société de bien-être‘ fut un produit hybride de nostalgies, de patriotisme et d’accents mondialistes de l’OMC.
En effet, si Deng Xiaoping fut cité 10 fois et Mao Zedong 5 , le concept de (sange daibiao) «Triple représentativité» ne revint pas moins de 22 fois – toujours précédé du terme «importante théorie». Ce mot signifiant qu’il faut accepter les patrons privés au PCC, est l’apport théorique de Jiang en 12 ans de pouvoir, qu’il s’apprête à faire graver dans la constitution.
Jiang accorde à l’équipe sortante un autre titre de gloire: celui d’avoir «sauvegardé la grande cause du socialisme à la chinoise», alors que l’URSS et toute l’Europe de l’Est s’effondraient. Pour Jiang, le pouvoir issu des XIV. et XV. Congrès a su résister au vent, avec «immense courage», «magistrale pratique», «ferme discipline», «prodigieuse vitalité» et «en «avançant avec leur époque» : auto-satisfecit!
Comme en même temps, le PNB a quadruplé depuis 1989 et va en faire autant d’ici 2020, l’objectif est tracé : ne rien changer, reproduire « en grand » cet acquis, afin d’apporter au monde la preuve de « l’immense supériorité du socialisme à la chinoise… sans jamais copier les modèles politiques occidentaux » !
Après cet axiome, le discours révèle logiquement l’absence de toute réforme politique à l’avenir. Aucune mesure nouvelle n’est annoncée pour changer les institutions, comme un système ad hoc pour combattre la corruption interne – sinon par un renforcement de la morale, et des sanctions dans les cas graves.
La surprise vient à propos de Taiwan: quittant les pressions d’hier, Jiang Zemin tend la main aux compatriotes, leur offre le vaste hinterland continental pour leurs affaires, agrémenté de 3 thèmes inédits de négociation:
Œ la fin de l’état d’hostilité,
? un rôle commercial pour l’île, et
Ž un statut politique mondial. Une condition inévitable – sans doute inacceptable- est posée: que Taiwan reconnaisse faire partie de Chine. Mais, à la mode asiatique, on se comprend et un RV est pris, qui devrait gêner le gouvernement autonomiste de Taiwan, à un mois d’un fort scrutin législatif !
C’est un discours insolite qu’a prononcé Jiang Zemin au Grand Palais du Peuple pour l’ouverture (8/11) du XVI. Congrès, devant 2120 délégués prompts aux applaudissements. Le texte sur ‘la construction en grand d’une société de bien-être‘ fut un produit hybride de nostalgies, de patriotisme et d’accents mondialistes de l’OMC.
En effet, si Deng Xiaoping fut cité 10 fois et Mao Zedong 5 , le concept de (sange daibiao) «Triple représentativité» ne revint pas moins de 22 fois – toujours précédé du terme «importante théorie». Ce mot signifiant qu’il faut accepter les patrons privés au PCC, est l’apport théorique de Jiang en 12 ans de pouvoir, qu’il s’apprête à faire graver dans la constitution.
Jiang accorde à l’équipe sortante un autre titre de gloire: celui d’avoir «sauvegardé la grande cause du socialisme à la chinoise», alors que l’URSS et toute l’Europe de l’Est s’effondraient. Pour Jiang, le pouvoir issu des XIV. et XV. Congrès a su résister au vent, avec «immense courage», «magistrale pratique», «ferme discipline», «prodigieuse vitalité» et «en «avançant avec leur époque» : auto-satisfecit!
Comme en même temps, le PNB a quadruplé depuis 1989 et va en faire autant d’ici 2020, l’objectif est tracé : ne rien changer, reproduire « en grand » cet acquis, afin d’apporter au monde la preuve de « l’immense supériorité du socialisme à la chinoise… sans jamais copier les modèles politiques occidentaux » !
Après cet axiome, le discours révèle logiquement l’absence de toute réforme politique à l’avenir. Aucune mesure nouvelle n’est annoncée pour changer les institutions, comme un système ad hoc pour combattre la corruption interne – sinon par un renforcement de la morale, et des sanctions dans les cas graves.
La surprise vient à propos de Taiwan: quittant les pressions d’hier, Jiang Zemin tend la main aux compatriotes, leur offre le vaste hinterland continental pour leurs affaires, agrémenté de 3 thèmes inédits de négociation:
[1] la fin de l’état d’hostilité,
[2] un rôle commercial pour l’île, et
[3] un statut politique mondial. Une condition inévitable – sans doute inacceptable- est posée: que Taiwan reconnaisse faire partie de Chine. Mais, à la mode asiatique, on se comprend et un RV est pris, qui devrait gêner le gouvernement autonomiste de Taiwan, à un mois d’un fort scrutin législatif !
Le 6/11, les engins du barrage des 3 Gorges ont barré le canal de dérivation, creusé pour la construction. 22 buses géantes font désormais traverser au Yangtzé le plus gros ouvrage au monde (185m de haut/1983m de long). En août 2003, le 1er courant local sortira, et en 2009 pour 24MM$ d’investissement, 26 turbines produiront 18000 Mw -équivalent de 18 réacteurs nucléaires!
Ce projet s’inscrit dans un concept national : d’ici 2009, la Chine pense doubler sa capacité hydro-électrique à 150.000 Mw – de 20 à 30% des besoins : il lui en coûtera 36 MM$, à financer par les banques d’Etat, car cette filière est plus chère que celles au charbon ou au gaz. L’objectif délaisse pour l’instant les filières éolienne et nucléaire. Mais le changement de pouvoir pourrait apporter des révisions, au vu de la profitabilité croissante du nucléaire dans le monde. La course à la houille verte ira de pair avec celle du Go West, qui muera la région en pôle énergétique national.
Mais pour l’heure, le barrage des Trois Gorges génère plus de soucis locaux que de profits. Depuis 1993, 116.000 personnes ont été déplacées, leurs villages dynamités. A l’issue des travaux, ils seront plus d’1M. Déjà 100000 emplois d’usines ont disparu (500 usines). Cas d’école, en ce pays, d’une minorité sacrifiée à l’intérêt général : la Chine n’a pas que besoin de plus de lumière (+4,3%/an), mais aussi d’énergie plus propre – 80% de ses centrales tournant toujours au charbon, faisant du pays le plus pollué du monde !
· En 2000, les deux-tiers des entreprises étrangères en Chine déclaraient au fisc perdre de l’argent -contre 1/3 entre 1988 et 1993.
Or, étrangement, la moitié de ces firmes, tout en insistant sur une "dégradation" de leur profitabilité, continue à augmenter leurs investissements. La clé de l’énigme, telle que décodée par China Business Times (et l’administration des taxes derrière elle) serait que de nombreuses firmes pratiquent l’évasion fiscale par de multiples procédés, tels la sous-capitalisation par rapport aux engagements contractuels, le gonflement artificiel des frais et la sous-évaluation des revenus, ou l’ "emprunt" à l’étranger à des taux ruineux (auprès d’une banque complice).
Rien de très surprenant: les 3/4 des 380.000 firmes "étrangères" de Chine, sont en fait des créations de chinois de l’étranger ou même de caisses noires d’Entreprises d’Etat ayant fui hors de Chine et qui reviennent – en éternel circuit afin de ne payer de taxes nulle part!
NB : La seule tendance vraiment nouvelle dans cette information, est la compréhension par le ministre des finances du mécanisme, sa montée en puissance patiente mais déterminée – la mise en place d’un système logique, adhérent aux pratiques réelles du terrain!
· Comme prévu (cf VdlC n°36), l’ASEAN et la Chine sont convenus d’ouvrir ensemble une zone de libre échange avant 10 ans, et de se doter avant déc. 2003 d’une "règle de l’origine". Mais en réalité, le dossier est très loin d’être simplement bilatéral : toute l’Asie est derrière, voire les US, l’Union Européenne et le monde. En réalité, cette semaine a fourmillé d’initiatives en ce genre, émanant du Japon, de Corée, de Taiwan et des US :
1. dès le 26/10, G.W. Bush confirmait la volonté US de signer des accords bi ou multilatéraux hors-taxes avec l’Asie : la conclusion du texte avec Singapour est imminente, au moins 3 autres pays ont fait savoir leur intérêt.
2. Zhu Rongji à Phnom Penh, en marge des travaux de l’ASEAN, propose (4/11) à ses homologues Sud-coréen et japonais, de jeter les bases d’une union douanière… entre leurs pays.
· Le 4/11, une circulaire du Parti limite sérieusement la liberté des groupes commerciaux d’acheter du terrain à vocation rurale. Ce texte -décret d’application d’une loi du sol adoptée trois mois plus tôt – fait des vagues, en semblant contredire l’objectif public de libéraliser ce vieux monopole. Ce texte ambigu, sans interdire formellement la pratique, entend protéger le patrimoine rural et de réserver la terre à sa fonction première – l’agriculture. Quant aux industries alimentaires, le gouvernement les incite à se concentrer sur leur métier.
Que se passe-t’il? La Chine a été contrainte, par les négociations de l’OMC, à assouplir le droit du sol. Mais depuis, les ventes de champs ont explosé, notamment dans les ceintures vertes, laissant place à des projets immobiliers d’un intérêt trop souvent spéculatif. La plus-value est empochée par les cadres locaux du Parti, gratte-papier corrompus qui expulsent le paysan (devenu chômeur), tandis que l’Etat est grugé de toute taxe. Comme solution, la circulaire envisage de limiter les transactions en superficie, ou bien d’en éliminer tout acteur non paysan.
· Depuis quelques semaines, China Telecom souffre, et multiplie les actes désespérés pour sauver son passage en bourse, en dépit de conditions ingrates (cf VdlC n°34 et 36).
Toutes ses mesures ne lui ont servi de rien : frappé par la morosité mondiale de son secteur, le n°1 chinois des lignes fixes a dû rabattre ses prétentions, en réduisant le nombre des parts mises en vente le 14/11 (date prévue) à 55% du chiffre original. D’autre part, en fixant le prix au minimum de la fourchette de départ, ses rentrées atteindront au mieux 2MM$, au lieu des 3,68 MM$ souhaités. China Telecom est le premier géant chinois à rater son entrée en bourse mondiale – et peut-être, du même coup, sa privatisation! La CSRC, et les autres grands groupes faisant la queue derrière, vont certainement réviser leur stratégie!
· Les 2/3 des groupes chinois producteurs de TV couleur fermeront leurs portes d’ici quelques années, estiment cette enquête du Conseil d’Etat, du MII et de l’Association nationale de l’Electroménager.
En Chine comme ailleurs, mais beaucoup plus vite, guerre des prix et surproduction forcent l’industrie à griller l’étape du bas de gamme pour passer presque tout de suite au Hi-Tech mondial. Actuellement, une 50aine de fabricants produisent 35M de téléviseurs/an, pour un marché où 96,3% des citadins sont déjà équipés, et 10M à l’export. 10 ans avant, ils étaient 80. Le marché se consolide autour d’un noyau d’une quinzaine de grands groupes. Le haut de gamme fait la différence – la marge bénéficiaire y est meilleure. Parmi ceux-ci, l’écran plat est le jardin de groupes comme TCL (Prov. Canton) et Changhong (Sichuan), et le rétroprojecteur, 1,4% des ventes, une chasse gardée étrangère.
· En 2000, les deux-tiers des entreprises étrangères en Chine déclaraient au fisc perdre de l’argent -contre 1/3 entre 1988 et 1993. Or, étrangement, la moitié de ces firmes, tout en insistant sur une "dégradation" de leur profitabilité, continue à augmenter leurs investissements. La clé de l’énigme, telle que décodée par China Business Times (et l’administration des taxes derrière elle) serait que de nombreuses firmes pratiquent l’évasion fiscale par de multiples procédés, tels la sous-capitalisation par rapport aux engagements contractuels, le gonflement artificiel des frais et la sous-évaluation des revenus, ou l’ "emprunt" à l’étranger à des taux ruineux (auprès d’une banque complice),. Rien de très surprenant: les 3/4 des 380.000 firmes "étrangères" de Chine, sont en fait des créations de chinois de l’étranger ou même de caisses noires d’Entreprises d’Etat ayant fui hors de Chine et qui reviennent – en éternel circuit afin de ne payer de taxes nulle part!
NB : La seule tendance vraiment nouvelle dans cette information, est la compréhension par le ministre des finances du mécanisme, sa montée en puissance patiente mais déterminée – la mise en place d’un système logique, adhérent aux pratiques réelles du terrain!
· Comme prévu (cf VdlC n°36), l’ASEAN et la Chine sont convenus d’ouvrir ensemble une zone de libre échange avant 10 ans, et de se doter avant déc. 2003 d’une "règle de l’origine". Mais en réalité, le dossier est très loin d’être simplement bilatéral : toute l’Asie est derrière, voire les US, l’Union Européenne et le monde. En réalité, cette semaine a fourmillé d’initiatives en ce genre, émanant du Japon, de Corée, de Taiwan et des US :
þ dès le 26/10, G.W. Bush confirmait la volonté US de signer des accords bi ou multilatéraux hors-taxes avec l’Asie : la conclusion du texte avec Singapour est imminente, au moins 3 autres pays ont fait savoir leur intérêt.
ý Zhu Ronji à Phnom Penh, en marge des travaux de l’ASEAN, propose (4/11) à ses homologues Sud-coréen et japonais, de jeter les bases d’ une union douanière… entre leurs pays.
· Le 4/11, une circulaire du Parti limite sérieusement la liberté des groupes commerciaux d’acheter du terrain à vocation rurale. Ce texte -décret d’application d’une loi du sol adoptée trois mois plus tôt – fait des vagues, en semblant contredire l’objectif public de libéraliser ce vieux monopole. Ce texte ambigu, sans interdire formellement la pratique, entend protéger le patrimoine rural et de réserver la terre à sa fonction première – l’agriculture. Quant aux industries alimentaires, le gouvernement les incite à se concentrer sur leur métier.
Que se passe t’il? La Chine a été contrainte, par les négociations de l’OMC, à assouplir le droit du sol. Mais depuis, les ventes de champs ont explosé, notamment dans les ceintures vertes, laissant place à des projets immobiliers d’un intérêt trop souvent spéculatif. La plus-value est empochée par les cadres locaux du Parti, gratte-papier corrompus qui expulsent le paysan (devenu chômeur), tandis que l’Etat est grugé de toute taxe. Comme solution, la circulaire envisage de limiter les transactions en superficie, ou bien d’en éliminer tout acteur non paysan.
Durant les 20 prochaines années, la croissance du trafic aérien en Chine (7,6% /an attendus) culminera celle du monde (4,9%), confirment les experts à la Biennale de l’aéronautique de Zhuhai (4-7/11, Guangdong).
Les transporteurs chinois achèteront 1600 à 2000 appareils (145-165 MM$), dont 25%, en jets régionaux. Légalement réalisée, la fusion d’une majorité du secteur en 3 grands groupes sera effective en 2003. En prévision de ces jours meilleurs, 370 entreprises étaient présente au Salon, écourté pour cause de XVI. Congrès. Deux constructeurs chinois y ont "volé" la vedette :
1. AVIC-II va de l’avant dans son projet de jets régionaux, 30/50 places, en JV avec Embraer. La JV veut construire 24 avions/an et livrer dès 2003.La signature (2/11) marque un point au groupe brésilien, dans son match chinois avec son rival canadien Bombardier. AVICII a aussi signé avec WFLC une vente en leasing de 30 appareils (hélicoptères Zhi-9, avions à hélice Yun-12) pour 130M$.
2. AVIC-I a conclu avec l’américain GE, une lettre d’intention pour la motorisation de son futur jet ARJ-21. Ce jet, sous ses 2 versions 79 et 99 places, volerait d’ici 5 ans, avec des moteurs GE. Le marché porterait, disent les partenaires, sur 500 appareils en 20 ans, et pour 3MM$ de moteurs. AVIC-I livrera aussi pour 169M$ de pièces de l’A-320 à Airbus – contrepartie de contrats de ventes d’Airbus à la Chine. D’autre part, le consortium toulousain en profite pour baisser ses coûts, face à Boeing – 65% du marché chinois des gros-porteurs.
· Pour sa part, le canadien CAE, n°1 mondial du simulateur de vol, s’associe à China Southern dans une JV de 30M$, pour ouvrir un centre de formation au chiffre d’affaires estimé à 12M$/an. Outil bien nécessaire pour porter cette aviation chinoise encore dans les langes à un niveau de formation conforme aux normes internationales.
· Au 1er novembre 2002, Shell et la CNOOC (monopole national de l’off-shore) signent un contrat de JV à 50/50% pour 4,3MM$, destiné à doter le Guangdong de la plus grosse raffinerie de pétrole de Chine, d’une capacité, en 2005, de 2,3Mt de produits raffinés/an, d’une valeur d’1,7MM$. Sur l’ensemble du pays, le groupe à la coquille d’or veut investir 5MM$ d’ici 2005 contre 1,6MM$ à ce jour.
Parmi les projets, comptent 15% de participation au gazoduc Urumqi-Shanghai (5MM$ pour 3900km) et la rénovation de 500 stations-service en JV avec Sinopec (cf VdlC n°12). Ce dernier investissement lui permet désormais d’être présent dans tous les métiers de l’or noir en Chine.
NB : contraints à mener de front l’occupation de leur terrain et leur restructuration (licenciement de centaines de milliers de personnels), les groupes pétroliers chinois, malgré leurs profits énormes, ont du mal à joindre les deux bouts : Sinopec défraie la chronique en déstockant de 17,6% à 5,1Mt, profitant des prix forts, au moment où l’Etat s’efforce de créer une réserve stratégique!
· 1er fabriquant de produits de ménage, Unilever ouvre en Chine (Shanghai) son centre mondial d’approvisionnement. Son but : exporter au moins 500M$ de matières premières ou produits finis, au sein du réseau mondial du groupe. Déjà 200 usines chinoises ont reçu la certification"Unilever". Cette centrale d’achat est, à Shanghai, la 38ème du genre. Parmi les autres, Wal-Mart (10,3MM$ d’achats en 2001), Carrefour (3,5MM$, et le double en 2003). Dans cette chasse aux intermédiaires et la création d’une plate-forme commerciale planétaire, Shanghai ne s’arrête pas en si bon chemin : elle aura, pense t’elle, 45 de ces bases mondiales d’ici décembre.
· En Chine depuis quatre ans, Limagrain, n°1 mondial des semences potagères et n°3 des semences grande culture, prenait ses marques, se familiarisant au terrain et cherchant à croître tout en évitant le piratage de ses produits. Elle vient à présent de conclure sa 1ère JV de production, avec l’Académie des Sciences Agricoles du Shanxi (montant non spécifié). La nouvelle JV vise à développer des variétés génétiques (aux gènes non manipulés) plus performantes notamment de blé (valeur nutritive, résistance aux pestes).Aux normes internationales, ces produits viseront les marchés européen et chinois, peu favorables aux OGM. Par conséquent, la nouvelle JV (établie à Taiyuan, siège de ASAS) s’en tiendra, pour sa sélection, aux procédés de croisement de l’agronomie traditionnelle.
Figé en politique, le programme-testament de Jiang Zemin est innovant en affaires économiques – manifestement résultat d’un compromis, portant la griffe de Zhu Rongji et de son lieutenant Wen Jiabao, afin de réussir à convertir "en grand" la croissance -aujourd’hui limitée à la côte, voire quelques mégalopoles.
Aux objectifs abstraits d’ "affermir la position de l’agriculture comme base de l’économie nationale", ou de "libérer les forces productives", se superposent des projets beaucoup plus concrets tels le renforcement de la sécu sociale– avec couplage des fonds communs et des comptes personnels, l’accélération des investissements vers l’Ouest démuni, et surtout la privatisation des GEE, afin de libérer le pouvoir de la charge de renflouer sans espoir cette moitié de l’économie en faillite. Il est question d’ "établir des organismes chargés de la gestion des biens publics" (structures de défaisance), de "parfaire le système de la personne morale" de manière à rendre vendables les actifs faillis. Jiang Zemin parle même de la libre convertibilité du Yuan, de la rupture des monopoles et de celle des barrières commerciales entre provinces, afin de créer un vrai marché unique – comme le sont ceux de l’Europe ou des US. Il est enfin fait allusion aux investissements à l’étranger, thème très à la mode en Occident : "la stratégie de déploiement des firmes chinoises hors des frontières est d’intérêt capital, dans cette phase nouvelle de l’ouverture… Export de marchandises et de main d’ oeuvre afin de créer de puissantes entreprises transnationales"!
Cette évocation d’une accélération de la mondialisation en Chine est importante, même si elle n’est pas nouvelle: jusqu’à présent, rachats, fusions ou passage en bourse de firmes publiques étaient pratiqués à petite échelle, sous forme d’expérience. Désormais, elles pourront être menées au grand jour, avec la garantie pour leurs auteurs de ne pas être poursuivis : un effet boule de neige est à attendre!
· Pour le grand RV du XVI. Congrès, Pékin s’est faite pimpante sous les glaces : drapeaux rouges, et pour des M$ de pub de lumière au faîte des artères, chantant le Parti ou les délégués. Place Tian An Men, des massifs de palmiers luttent avec le froid. Des groupes de vieux camarades arpentent l’espace, infiltrés par des agents en civil. Ailleurs, de nombreux bars et karaokés les dissidents mis au vert, et en cinq jours, 68 gangs ont été démantelés, dit la presse. Autour de Pékin, des corps d’armée se sont déployés en une opération au nom de code expressif: « rivière circulaire ».
« Le XVI. Congrès, ça m’intéresse », dit ce passant, surpris le nez collé au Dazibao, journal affiché dans une grande avenue: « c’est notre avenir»! Ce genre d’opinion positive est commun à Pékin, exprimant la voix des 27% de pensionnés (payés). Il en va tout autrement à Shanghai, où le regard traditionnel se pose avant tout sur l’intérêt matériel : "pour moi, dit ce chômeur, c’est du vent – ce qui m’importe, c’est si le Congrès va me donner des sous, ou un job…".
Vis-à-vis du Congrès, les critiques existent – dans les foyers ou dans les provinces. A Liaoyang dans le Liaoning (ville sinistrée par la fermeture de ses usines d’Etat), 1000 canuts et métallos ont fait une marche contre la corruption, vite dispersée par une police aux aguets. Une manifestation du même type a eu lieu à Changchun (Jilin), menée par 400 ouvriers-brasseurs en faillite.
Ces informations, de toute manière, ne parviennent pas aux oreilles des chinois : la presse, elle aussi, a reçu ses ordres. Rien ne devant altérer la magnificence de la clôture d’un règne : que la fête commence !