Le Vent de la Chine Numéro 20

du 2 au 8 juin 2002

Editorial : editorial_20_2002

Le 25 mai a plongé Taiwan dans le deuil. A 15:42, à 27000pieds, le B747-200 Taibei – HK de China Air s’est disloqué en 4 parts au large des Pescadores. 225 morts -aucun survivant. Quatre jours après, on ignore les causes, faute des boîtes noires, repérées mais non repêchées. L’on soupçonne la fatigue des structures – l’avion de 22 ans devait être retiré… 

Pour CA, c’est la poursuite d’une série noire – 700 morts, 6 avions perdus en 12 ans: contredisant la modernité de l’île, CA apparaît un des transporteurs les moins sûrs au monde.

En réalité, ce drame est moins lié à la fatalité qu’à l’histoire : Ch. Air reste un de ces dinosaures, legs de l’Etat KMT, perclus de concussions et de népotisme. L’ accident a retardé l’entrée en vigueur d’un accord de code sharing avec Delta (US). L’avenir du groupe n’est pas garanti -surtout intervenant après la dépression asiatique de 1999, et les attentats du 11sept. 2001.

Remarquables auront été les réactions par la suite, de part et d’autre du détroit. En Chine, une compassion sincère s’est ressentie – la Chine sortant elle-même de 2 drames du même type. Mais après les condoléances du Président Jiang, a suivi dans la presse l’inévitable exploitation politique, suggérant discrètement que l’accident n’aurait pas eu lieu, si les liaisons directes entre Chine et Taiwan avaient été rouvertes.

Le Président Chen Shui-bian a répondu à la courtoisie chinoise, en absolvant a priori Pékin de tout soupçon de destruction militaire. Cependant qu’au Yuan Législatif, les députés y allèrent chacun de leur initiative : ðles autonomistes pour exiger la privatisation de CA, et son changement de nom, en Formosa Air (proposition sulfureuse pour la Chine, car remplaçant son propre nom, et par un autre d’origine «colonialiste» portugaise), ðet la droite d’affaires, pour revendiquer, en choeur avec Pékin, la réouverture des liaisons aérienne, maritime et postale…

Il se trouve que des rumeurs de négociations sur ce sujet traînaient depuis plusieurs jours – l’intégration économique étant devenue inévitable – chinoise, asiatique, mondiale. Ports et aéroports de Taibei, Kaohsiung et Keelung, et toute la côte chinoise se préparent à étape forcée. Les instances les plus timides, à Taibei, voient la réouverture pour 2004. Nul doute, la catastrophe du vol CI-611 aura accéléré le processus !


Editorial : Conséquences multiples d’un accident aérien!

Le 25 mai a plongé Taiwan dans le deuil. A 15:42, à 27000pieds, le B747-200 Taibei – HK de China Air s’est disloqué en 4 parts au large des Pescadores. 225 morts -aucun survivant. Quatre jours après, on ignore les causes, faute des boîtes noires, repérées mais non repêchées. L’on soupçonne la fatigue des structures – l’avion de 22 ans devait être retiré… 

Pour CA, c’est la poursuite d’une série noire – 700 morts, 6 avions perdus en 12 ans: contredisant la modernité de l’île, CA apparaît un des transporteurs les moins sûrs au monde.

En réalité, ce drame est moins lié à la fatalité qu’à l’histoire : Ch. Air reste un de ces dinosaures, legs de l’Etat KMT, perclus de concussions et de népotisme. L’ accident a retardé l’entrée en vigueur d’un accord de code sharing avec Delta (US). L’avenir du groupe n’est pas garanti -surtout intervenant après la dépression asiatique de 1999, et les attentats du 11sept. 2001.

Remarquables auront été les réactions par la suite, de part et d’autre du détroit. En Chine, une compassion sincère s’est ressentie – la Chine sortant elle-même de 2 drames du même type. Mais après les condoléances du Président Jiang, a suivi dans la presse l’inévitable exploitation politique, suggérant discrètement que l’accident n’aurait pas eu lieu, si les liaisons directes entre Chine et Taiwan avaient été rouvertes.

Le Président Chen Shui-bian a répondu à la courtoisie chinoise, en absolvant a priori Pékin de tout soupçon de destruction militaire. Cependant qu’au Yuan Législatif, les députés y allèrent chacun de leur initiative : ðles autonomistes pour exiger la privatisation de CA, et son changement de nom, en Formosa Air (proposition sulfureuse pour la Chine, car remplaçant son propre nom, et par un autre d’origine «colonialiste» portugaise), ðet la droite d’affaires, pour revendiquer, en choeur avec Pékin, la réouverture des liaisons aérienne, maritime et postale…

Il se trouve que des rumeurs de négociations sur ce sujet traînaient depuis plusieurs jours – l’intégration économique étant devenue inévitable – chinoise, asiatique, mondiale. Ports et aéroports de Taibei, Kaohsiung et Keelung, et toute la côte chinoise se préparent à étape forcée. Les instances les plus timides, à Taibei, voient la réouverture pour 2004. Nul doute, la catastrophe du vol CI-611 aura accéléré le processus !


A la loupe : Nords-Coréens – toujours la tourmente

Le problème des nords-coréens fuyant la famine à travers les ambassades à Pékin, devient un casse-tête chinois.

Un 1er «clash» l’avait opposé au Japon, difficilement réglé (cf vdlc n°19). Le nouvel épisode a débuté les 23-24/5, à l’ambassade de Corée du Sud, avec trois nouveaux demandeurs d’asile, suivis d’un 4ème le 27/5, clandestin en Chine depuis 1996. Il n’apparaît en rien plus aisé que le précédent – pour la 1ère fois, la Chine hausse le ton, exigeant d’un pays tiers la reddition de ces transfuges étrangers !

Séoul a déclaré la demande chinoise irrecevable: donner à la Chine des «compatriotes», sous les feux de la rampe de la Coupe du monde de Foot, pour qu’elle les transmette à Pyongyang et un châtiment sévère – voire la mort…

La nervosité chinoise s’explique par les circonstances de cette fuite à l’ambassade de Corée du Sud : le dernier transfuge a utilisé un faux passeport chinois, et était en 1996, membre de la garde de Kim Jong-il, le cher leader : difficile de fermer les yeux, tant pour Pékin que pour Pyongyang…

NB : le coût de la fuite à l’ambassade nippone s’alourdit, sous l’effet d’autres incidents.

[1] Alors que les 2 pays célèbrent leur 30.année de relations diplomatiques, 5000 chinois ont été invités. A peine arrivés au pays du Mikado, 50 d’entre eux se sont fondus dans la nature.

[2] D’autre part, le 1er Ministre Koizumi a une fois de plus rendu visite à un sanctuaire à l’honneur (entre autres) de criminels de guerre nippons, suscitant l’inévitable protestation de Pékin: il n’en fallait pas plus pour que Tokyo, jugeant l’ambiance négative, annule la visite en 2002, du couple impérial nippon en Chine!


Pol : la 3,5ème Génération

· La disparition de 63% de Pékin sous les pioches et dents des bulldozers, ne laisse pas place qu’aux malls et tours d’affaires, mais aussi à des projets d’agrément. Ainsi les musées de l’Histoire et de la Révolution flanquant l’Est de Tian An Men doivent se muer en un Musée national d’une taille triplée (200.000 m², contre 60.000 au Louvre). Mais manque le concept intégrateur, et le management est à revoir – ces musées sont un gouffre au personnel pléthorique et au marketing indigent.

500m plus à l’est, doit surgir le 1er complexe de cinéma multiplex : 25 salles, 11.000 places, 80000 m² au terme d’un contrat (28/5) entre les groupe belge Aida et Hongkongais Fuhua. L’objectif étant de rendre à la rue Wangfujing un cosmopolitisme digne des Champs ou de la 5.Avenue.

NB : la mairie avoue manquer de crédits pour poursuivre l’immense ouvrage de rénovation avant les JO de 2008. Elle n’en présente pas moins son plan d’investissement en constructions diverses : 102MM$ (si !) sur 5 ans, soit +9%/an.

· La mondialisation n’épargne pas en Chine, le secteur syndical. Le 28/5, cinq délégués français du Mouvement syndical international, de FO et de la CGT, se rendirent à Liaoyang (Liaoning), lestés d’une pétition réclamant la libération de 5 leaders arrêtés lors de la semaine de mouvements sociaux de mars (VDLC No11) : les autorités locales les ont «priés» de quitter la Chine -ils furent raccompagnés jusqu’au train de Pékin, à l’avion de HK. Le fait qu’ils n’aient pas été formellement expulsés, dit assez la délicatesse du dossier, et le peu de marge du régime, pour parler de cette tentative -qui sera suivie d’autres.

· Sur le futur directoire du PC, l’ultime rumeur confirme Jiang à la tête de la CMC et Hu Jintao à celle du Parti, Li Ruihuan à l’ANP et Li Lanqing à la CCPCC. Elle dénie à Hu la Présidence (qui irait à Li Peng), et Wen Jiabao (protégé de Zhu) pourrait se faire doubler au poste de 1er Min, par Zeng Qinghong: si cela se vérifiait, ce serait un revers pour la réforme. Et avec tous les anciens sauf Zhu repris dans la nouvelle équipe, le concept pour la succession de Jiang, de  «leadership (jeune) de 4. Génération », perdrait tout sens. On y verra clair dans 10 semaines, après le conclave balnéaire de Beidaihe


Argent : Changhong – l’avenir est dans le rétro

· Rebondissement inattendu dans la guerre de l’acier entre Chine et US. Deux sidérurgies chinoises, Maanshan (n°5 national) et Weifang, qui exportent pour 19M$ et 2M$ aux US,viennent d’ être blanchies sur sol US de plaintes en dumping : jugement sans précédent, qui éclaire d’une lumière nouvelle la plainte chinoise (27/5) contre les nouveaux tarifs protectionnistes US, augmentant jusqu’à 30% depuis mars, les prix de tout acier étranger aux US. Les aciéries chinoises ne sont pas les seules à dénoncer Washington : 8 pays portent plainte et 12 réclament des compensations.

· La Chine recule l’ouverture d’une Bourse des valeurs technologiques (comme depuis 2000). Un Vice Président de l’ANP l’a justifié le 21/5, en raison de l’immaturité du marché: 70% des firmes candidates à l’inscription sont nées après (ou de) l’annonce publique d’un NASDAQ chinois à Shenzhen. Or pour vivre, ce tableau des valeurs à risques devrait disposer d’au moins 300 sociétés viables – productives, et non créées pour la spéculation… En fait, la tutelle boursière ne se cache pas d’attendre, pour lancer son marché secondaire, de voir prospérer New York (Nasdaq) et HK (GEM). Bloquée dans son expansion boursière sur les 2 tableaux (puisque toute nouvelle inscription en bourse primaire, depuis 2000, va à Shanghai), Shenzhen n’a qu’à attendre. 

· n°1 nat’l en TV, Changhong veut passer n°1 mondial. Le groupe sichuanais veut sortir de la guerre des prix, non en se diversifiant vers les télécoms (ex. TCL) mais en investissant dans la R&D et le haut de gamme. En juil.’01, l’EE a lancé ses téléviseurs à rétro projection dont la marge de profit est estimée à 20%, tentant de re-conquérir un créneau occupé à 80% par l’étranger. Le marché est estimé à 700.000 rétroprojecteurs/an. Changhong a investi 36M$ en chaînes de production, avec pour but une capacité de 500.000 unités/an. Changhong ne lâche pas pour autant sa production conventionnelle à bas prix (marge = 5%), mais massive : il veut avoir vendu 17M d’appareils en 2002,  4M de plus que l’actuel leader -cela lui ferait 13% du marché mondial.


Politique : politique_20_2002

· La disparition de 63% de Pékin sous les pioches et dents des bulldozers, ne laisse pas place qu’aux malls et tours d’affaires, mais aussi à des projets d’agrément. Ainsi les musées de l’Histoire et de la Révolution flanquant l’Est de Tian An Men doivent se muer en un Musée national d’une taille triplée (200.000 m², contre 60.000 au Louvre). Mais manque le concept intégrateur, et le management est à revoir – ces musées sont un gouffre au personnel pléthorique et au marketing indigent.

500m plus à l’est, doit surgir le 1er complexe de cinéma multiplex : 25 salles, 11.000 places, 80000 m² au terme d’un contrat (28/5) entre les groupe belge Aida et Hongkongais Fuhua. L’objectif étant de rendre à la rue Wangfujing un cosmopolitisme digne des Champs ou de la 5.Avenue.

NB : la mairie avoue manquer de crédits pour poursuivre l’immense ouvrage de rénovation avant les JO de 2008. Elle n’en présente pas moins son plan d’investissement en constructions diverses : 102MM$ (si !) sur 5 ans, soit +9%/an.

· La mondialisation n’épargne pas en Chine, le secteur syndical. Le 28/5, cinq délégués français du Mouvement syndical international, de FO et de la CGT, se rendirent à Liaoyang (Liaoning), lestés d’une pétition réclamant la libération de 5 leaders arrêtés lors de la semaine de mouvements sociaux de mars (VDLC No11) : les autorités locales les ont «priés» de quitter la Chine -ils furent raccompagnés jusqu’au train de Pékin, à l’avion de HK. Le fait qu’ils n’aient pas été formellement expulsés, dit assez la délicatesse du dossier, et le peu de marge du régime, pour parler de cette tentative -qui sera suivie d’autres.

· Sur le futur directoire du PC, l’ultime rumeur confirme Jiang à la tête de la CMC et Hu Jintao à celle du Parti, Li Ruihuan à l’ANP et Li Lanqing à la CCPCC. Elle dénie à Hu la Présidence (qui irait à Li Peng), et Wen Jiabao (protégé de Zhu) pourrait se faire doubler au poste de 1er Min, par Zeng Qinghong: si cela se vérifiait, ce serait un revers pour la réforme. Et avec tous les anciens sauf Zhu repris dans la nouvelle équipe, le concept pour la succession de Jiang, de  «leadership (jeune) de 4. Génération », perdrait tout sens. On y verra clair dans 10 semaines, après le conclave balnéaire de Beidaihe


A la loupe : Passion retrouvée en Chine – le livre

Avec ses 100.000 livres chinois ou étrangers, le 9ème Salon du Livre qui vient de s’achever à Pékin est ce que la Chine a connu de plus sérieux dans ce genre, démontrant que le chinois renoue avec la passion de lire.

Les bilans sont là pour montrer la convalescence. En 1990, les éditions publiaient 1000 titres légitimes. 10 ans après, les seuls titres étrangers atteignaient le septuple! Le frein n°1 reste le piratage. Pour le combattre, les éditeurs (qui sont 500, dont 300 à Pékin, et 180 «on line») doivent précipiter la parution,une fois le droit acquis. Autre problème : un échange inégal avec l’étranger. Rançon du bâillon imposé aux créateurs, face aux 6879 achats de copyrights au 8. Salon (en 2000), seuls 630 droits chinois ont été cédés, surtout vers l’Asie, et surtout en non-littéraire (livres de thé, médecine ou photos anciennes)…

Comme pour les média,et pour les mêmes raisons de contrôle de l’opinion, la Chine poursuit une ambitieuse mais ambiguë campagne de fusion, sous prétexte de défense nationale contre l’OMC. En 2005, si elle réussit, elle ne comptera plus que 10 groupes du livre, tel China Publishing, issu de 13 éditions avec 5000 emplois et 600M$ d’actifs. Mais d’autres, privés, montent vite, tel SanLian, n°3 national,en synergie avec Bertelsmann qui vient d’acheter discrètement le 1er site de vente online.

Le secteur des librairies reste très conventionnel. En 1997, il comptait encore 47000 boutiques dont 11000 «Xinhua» (1/2 du marché), 900 créées par les éditeurs, et 50 librairies internet. Parmi ces dernières, Wangsheng (privé), tient le haut du pavé, avec 160000 visiteurs/jour, surtout les élites cultivées de province.

Mais ici aussi, la relève se profile: les super librairies de 5000m² et 10000 titres en stock, tel le Book Center de Pékin qui a fait 24M$ de chiffre en 2001. A travers le pays, ces géants pratiquent le stockage en commun, les achats groupés, rendant la concurrence illusoire – petits libraires, changez de métier!


Joint-venture : la pharma reprend du poil de la bête

· Après IKEA, supermarché du foyer, apparaît celui du bureau : Office-1 Superstore (US) a reçu sa licence pour ouvrir son siège à Shanghai (6000m²) et son 1er magasin en août, pour un investissement de 12M$. Un seul thème donc (le monde en col blanc), mais tous les produits: fournitures, mobilier, machines, décoration. Tous les outils de vente, aussi : ses magasins (Office-1 en veut 500 sous 3 ans, dont 20 sous 2 ans à Shanghai), ses ventes par correspondance, son e-business. Office-1 veut acheter aussi – pour 300M$ de produits made in China, à écouler dans ses points de vente à travers 20 pays. En un mot : Office-1 raccorde la Chine à son réseau mondial.

· Avec l’entrée à l’OMC, la pharmacie chinoise était morose, manquant de qualité et de brevets propres, voyant la perspective de faillites et de procès pour piratage. Elle conserve toutefois un atout – ses prix bas. Tsumura, N°1 mondial du remède herbal vient d’investir dans une usine de 30M$ à Shanghai (JV à 63% avec 2 partenaires locaux) qui lui permettra de sortir 600t/an de produit fini-c’est une première! En 2001, pour 80M$, le groupe nippon a ouvert en Chine 6 autres usines de préparation. De son côté, comme il le fait pour tous ses secteurs vulnérables, l’Etat vient de poser la 1ère pierre (26/5) du Parc high tech pharmacologique du groupe Huayuan (EE des sciences de la vie)dans le cadre riant de Wuxi (Jiangsu), à 2h de Shanghai. D’un coût initial de 240M$, ce parc de 1100ha est soutenu par les universités prestigieuses de Beida, Qinghua (Pékin), Jiaotong, Fudan (Shanghai) et même Harvard, et de la CAS, qui y ouvriront 4 centres de recherche en cancer, diabète, circulation et gérontologie. Viendront s’ajouter les producteurs chinois et étrangers de médicaments, pro-duits de santé et matériel médical. Un investissement global de 2,4MM$ est attendu.

· Suite à l’OMC,l’étranger avait entamé une première percée dans l’assurance-vie , forgeant des alliances locales avec Taikong, Ping An, New Life. L’on passe à présent au créneau de l’immobilier: le 27/5, ACE, new-yorkais enregistré aux Bermudes au chiffre d’affaires de 6,4MM$ en ’01, a dévoilé son plan d’achat de 22% de Huatai, n°4 chinois, moyennant 150M$. Ce mariage sera financier, mais aussi technique: ACE transfert des managers sino-US chez Huatai pour l’assister en gestion, formation, réassurance et développement de produits. L’objectif financier étant peut être d’accéder par phases à la majorité de 51% – et certainement de tailler des croupières au géant public PICC.


Temps fort : Brilliance – au bord du précipice?

Les coups de théâtre s’accumulent autour de Brilliance, l’hydre d’investissement «privée» en croissance mirifique depuis 1992, aux 10aines de filiales entre Bermudes, HK, Shanghai, Shenyang présente dans l’automobile, pharma, banque…

Le Conseil d’Etat octroie à CBA (29/05) la licence pour sortir sa voiture de luxe Zhonghua – privilège rare attendu depuis 2 ans, qu’un seul autre groupe privé a reçu – Geely. Yang Rong le PDG promet la sortie «d’ici automne».

Mais même temps, les mauvaises nouvelles pleuvent.

[1] Le 25/05, la province du Liaoning veut confisquer ses actifs.

[2] Le 27/05, la Bourse blâme CBA et 4 autres firmes cotées, pour irrégularités.

[3] Le 30/05, des officiels confirment que Yang et d’autres cadres, sont sous enquête pour détournement d’actifs.

[4] La Fondation Nationale pour l’éducation, qui tient 48% de CBA (en apparence, structure inattaquable émanant de la BPdC, en fait, Cie-écran aux mains de Yang Rong), prétend n’avoir (sic) «plus rien à voir» avec CBA : le temps est à l’orage!

Yang se voit reprocher principalement d’avoir ignoré l’ordre du Ministère des Finances, dès 1999, de transférer ses actifs CBA,de la Fondation vers une Cie financière publique. Exigence justifiée par le fait que les fonds de naissance de Brilliance en 1992, caisse noire Hongkongaise, étaient publics.

Que l’Etat accorde la licence Zhonghua en ces temps troublés, semble traduire des divisions sur le sort à réserver au financier «public devenu privé». Pour défendre le cours de l’action CBA (en chute libre à HK), Yang réinjecte dans la fondation un paquet de ses parts. Enfin, la multiplication des négociations pour des JV étrangères (abouties mais non approuvées avec BMW, en cours pour les autres, cabs londoniens «Austin», usine «Kangoo» dans le Hubei avec Renault, avec Rover) procède autant d’une volonté d’expansion, que d’une stratégie de défense contre l’Etat. Mais les enquêtes en cours sont irréversibles, et un élagage de la jungle Brilliance est inévitable.


Petit Peuple : A Lanzhou, l’arroseur arrosé

· Avec une pollution variant entre les cotes 3 et 4 (sur les 5 pratiquées en Chine), Lanzhou la Ville bleue (Gansu) manque de lumière. Ce qui explique le coup de sang des résidents de Rongda, voyant monter sous leurs fenêtres des tours hautes comme le Qomolangma (Everest), qui violaient leur vue imprenable. Mais les promoteurs du Bureau urbain de planification avaient préjugé de la capacité de résistance de leurs victimes : les 62 juges-résidents de Rongda portèrent plainte en bloc. Comme les grues peinaient jour et nuit pour porter les gratte-ciel à une hauteur irréversible, l’instruction fut menée à vitesse de l’éclair. Contre la ville, les greffiers obtinrent une glorieuse victoire, dit le Quotidien des travailleurs, «en raison de leur privilège et de leur savoir»: première nationale, le chantier fut gelé en référé, puis tronqué à une hauteur minable. Bond en avant vers l’état de droit, mais surtout, preuve du fait qu’en Chine pas plus qu’ailleurs, on ne peut  yi shen shi fa, «tester la loi sur son propre corps» – importuner impunément les patrons de la justice chinoise !

· Caroline Deleens vient de lancer Mushi , ligne de haute couture imprégnée de culture franco-chinoise (cuirs sauvages, noires soieries ombrées à la Soulage), à la  Red Gate Gallery, devant 450 journalistes, expatriés et pékinois.