Avec ses 100.000 livres chinois ou étrangers, le 9ème Salon du Livre qui vient de s’achever à Pékin est ce que la Chine a connu de plus sérieux dans ce genre, démontrant que le chinois renoue avec la passion de lire.
Les bilans sont là pour montrer la convalescence. En 1990, les éditions publiaient 1000 titres légitimes. 10 ans après, les seuls titres étrangers atteignaient le septuple! Le frein n°1 reste le piratage. Pour le combattre, les éditeurs (qui sont 500, dont 300 à Pékin, et 180 «on line») doivent précipiter la parution,une fois le droit acquis. Autre problème : un échange inégal avec l’étranger. Rançon du bâillon imposé aux créateurs, face aux 6879 achats de copyrights au 8. Salon (en 2000), seuls 630 droits chinois ont été cédés, surtout vers l’Asie, et surtout en non-littéraire (livres de thé, médecine ou photos anciennes)…
Comme pour les média,et pour les mêmes raisons de contrôle de l’opinion, la Chine poursuit une ambitieuse mais ambiguë campagne de fusion, sous prétexte de défense nationale contre l’OMC. En 2005, si elle réussit, elle ne comptera plus que 10 groupes du livre, tel China Publishing, issu de 13 éditions avec 5000 emplois et 600M$ d’actifs. Mais d’autres, privés, montent vite, tel SanLian, n°3 national,en synergie avec Bertelsmann qui vient d’acheter discrètement le 1er site de vente online.
Le secteur des librairies reste très conventionnel. En 1997, il comptait encore 47000 boutiques dont 11000 «Xinhua» (1/2 du marché), 900 créées par les éditeurs, et 50 librairies internet. Parmi ces dernières, Wangsheng (privé), tient le haut du pavé, avec 160000 visiteurs/jour, surtout les élites cultivées de province.
Mais ici aussi, la relève se profile: les super librairies de 5000m² et 10000 titres en stock, tel le Book Center de Pékin qui a fait 24M$ de chiffre en 2001. A travers le pays, ces géants pratiquent le stockage en commun, les achats groupés, rendant la concurrence illusoire – petits libraires, changez de métier!
Sommaire N° 20