Le Vent de la Chine Numéro 2

du 14 au 21 janvier 2002

Editorial : editorial_2_2002

A des signaux discrets entre Asie et USA, des Cies financières telle SSB voient un début de reprise à partir du 2d semaine, Chine en tête, forte de son marché intérieur qui en 2002, peut espérer 5 à 6M d’emplois nouveaux rien qu’en immobilier et en tourisme (90M de touristes attendus). Dans cette perspective, les firmes chinoises préparent déjà la relance. Shougang, l’aciérie de Pékin poursuit son redéploiement. Contrainte -JO de 2008 obligent – à fermer ou déménager tout ou partie de ses hauts fourneaux, elle a réduit en 3 ans 25% de sa capacité (de 10Mt à 7,5), et va en fermer 2Mt en 2002. Elle s’est diversifiée vers d’autres secteurs, qui assurent 2,22MM$ de chiffre –plus de la moitié de ses affaires: logiciel,  robot, parc d’attraction, logement -activité aisée, grâce à son accès au crédit, son immense capital foncier.

Mais surtout, Shougang prédit la signature de Huaxia, JV de waffers ("gaufres" de silicium fondu), les supports des semi-conducteurs. Il s’agit d’un pari stratégique du pays pour maîtriser cette clé de voûte du hardware électronique -dont elle importe encore 90%. Le partenaire serait NEC, déjà associé à Shougang en production de chips. La fonderie sera facturée 800M$ au lieu de 1,3MM – il s’agit d’une usine 2de main. Mais Shougang et la mairie de Pékin  ne paieront que 200M$, quoique la JV soit présentée comme à "50/50%". Selon des sources, ces conditions commerciales imbattables auraient une source politique : l’usine cédée vient de Corée du Sud, mais est propriété nippone, et les deux gouvernements utiliseraient ce moyen discret pour épurer les litiges commerciaux  les opposant à Pékin.

Shougang ne serait pas la seule à utiliser les produits de Huaxia pour produire ses "chips" (30 à 40000 par mois d’ici 2004) : Grace, autre très grand groupe de semi-conducteurs, à Shanghai, est aussi en demande. Grace a été fondé en 2000 par Winston Wang, fils du Prsdt du groupe taiwanais Formosa Plastics, et Jiang Mianheng, fils de Jiang Zemin. C’est ainsi que les intérêts stratégiques de la Chine recoupe celui de ses enfants. La seule incertitude étant  technique : la fonte du silicium requiert des ingénieurs de haut niveau, qui manquent – et la plupart émigrent, notamment vers les cieux bleus, yankee de la Silicon Valley!  


Editorial : La Chine prépare -déjà- la relance mondiale !

A des signaux discrets entre Asie et USA, des Cies financières telle SSB voient un début de reprise à partir du 2d semaine, Chine en tête, forte de son marché intérieur qui en 2002, peut espérer 5 à 6M d’emplois nouveaux rien qu’en immobilier et en tourisme (90M de touristes attendus). Dans cette perspective, les firmes chinoises préparent déjà la relance. Shougang, l’aciérie de Pékin poursuit son redéploiement. Contrainte -JO de 2008 obligent – à fermer ou déménager tout ou partie de ses hauts fourneaux, elle a réduit en 3 ans 25% de sa capacité (de 10Mt à 7,5), et va en fermer 2Mt en 2002. Elle s’est diversifiée vers d’autres secteurs, qui assurent 2,22MM$ de chiffre –plus de la moitié de ses affaires: logiciel,  robot, parc d’attraction, logement -activité aisée, grâce à son accès au crédit, son immense capital foncier.

Mais surtout, Shougang prédit la signature de Huaxia, JV de waffers (« gaufres » de silicium fondu), les supports des semi-conducteurs. Il s’agit d’un pari stratégique du pays pour maîtriser cette clé de voûte du hardware électronique -dont elle importe encore 90%. Le partenaire serait NEC, déjà associé à Shougang en production de chips. La fonderie sera facturée 800M$ au lieu de 1,3MM – il s’agit d’une usine 2de main. Mais Shougang et la mairie de Pékin  ne paieront que 200M$, quoique la JV soit présentée comme à « 50/50% ». Selon des sources, ces conditions commerciales imbattables auraient une source politique : l’usine cédée vient de Corée du Sud, mais est propriété nippone, et les deux gouvernements utiliseraient ce moyen discret pour épurer les litiges commerciaux  les opposant à Pékin.

Shougang ne serait pas la seule à utiliser les produits de Huaxia pour produire ses « chips » (30 à 40000 par mois d’ici 2004) : Grace, autre très grand groupe de semi-conducteurs, à Shanghai, est aussi en demande. Grace a été fondé en 2000 par Winston Wang, fils du Prsdt du groupe taiwanais Formosa Plastics, et Jiang Mianheng, fils de Jiang Zemin. C’est ainsi que les intérêts stratégiques de la Chine recoupe celui de ses enfants. La seule incertitude étant  technique : la fonte du silicium requiert des ingénieurs de haut niveau, qui manquent – et la plupart émigrent, notamment vers les cieux bleus, yankee de la Silicon Valley!  


A la loupe : Démesuré, gâté de talent -le sport chinois

Pour les jeux de Salt Lake City (Utah),  Pékin n’envoie pas moins de 133 athlètes- dont 71 en ski et patinage: record, par lequel elle espère décrocher sa 1ère médaille d’or en 6 JO d’hiver. Elle pourrait y parvenir en patinage vitesse et en ski de figure féminin, disciplines dont elle a emporté 21 titres de champion du monde en 2001, l’année de tous ses records.

L’an passé, elle s’est appropriée 90 titres et 10 nouveaux records, dans des sports tels le ping-pong, mais aussi le tir à l’arc, la lutte, la boxe, parfois à des âges stupéfiants : Feng Jing est devenu n°1 mondial de gymnastique, à 16 ans.

Ces victoires valent à la Chine beaucoup d’argent: de plus en plus de footballeurs ou handballeurs s’exportent et réalisent des spots publicitaires en M$, tel Yang Chen, footballeur national, nommé en décembre «m. Celebrity» par Duracell et Gillette -tandis que Bora Milutinovic, entraîneur yougoslave de l’équipe chinoise, a déjà empoché 1M$ en cachets TV.

Qui dit argent, dit corruption : le foot bat sa coulpe, après trop de laisser-aller. Le seul club Lucheng (province du Zhejiang), admet avoir suborné 8 «sifflets noirs», qui ont empoché entre 4000 et 20000 ² pour de nombreuses victoi-res mal acquises… Pleine de vertueuse indignation, la Fédé Nationale parle d’«inviter la justice à réagir». C’est alors qu’on s’aperçoit qu’il n’y a pas de loi pour frapper ce genre d’indélicatesse… Ces victoires et ces vices, don-nant l’image d’un sport chinois très jeune, surdoué, et en pleine crise d’adolescence!


Pol : le prochain leadership, déjà là?

· Souvent, sur tout dossier non politique, la Chine institutionnelle s’intéresse aux sujets sociaux. Fin déc. 2001, l’ANP a levé un fameux lièvre, déchaînant scandales et passions, en reconnaissant pour la première fois au conjoint (mâle), le droit à avoir un enfant. Ce texte bien intentionné voulait protéger le mari de l’épouse lui refusant un héritier. Mais en l’absence de tout règlement sur la manière d’appliquer ce droit, les juristes voient poindre le risque, dans les campagnes, de critiques publiques, d’amende voire, au pire d’incitation au viol. Un peu tard, Zhou Xiaozhen, sociologue à l’université du Peuple (Pékin) remarque que «ce type de conflit de cou-

ple, sur la conception d’un enfant, devrait se résoudre par le débat et l’éthique, pas par la loi»!

· L’explosion d’une usine rurale de pétards à Wanzai (Jiangxi, 31 déc), ayant causé au moins 39 morts, succédait à celle d’autres pétards dans une école (une 50aine de décès), et à celle d’un autre atelier de la province le 9 jan (3 morts)… Sur ordre de Pékin, le secrétaire du Parti, Meng Tianzhu a fini par décréter l’activité entière hors la loi : 9000 usines ont 12 mois pour fermer ou se reconvertir. Le problème est la pauvreté du Jiangxi, la rareté de ses emplois. Le pétard est dangereux, mal payé, mais se vend bien à travers la Chine et 60 pays du monde. Il est vrai que le contrôle des provinces par le centre, est plus formel que réel :  shang, you zhengci, xia, you duici (en haut, les ordres – en bas, le désordre).

· Le South China Morning Post croit pouvoir annoncer la nouvelle équipe de dirigeants de la quatrième génération, appelée à régner en mars 2003.

Président de la République :  Hu Jintao (60 ans), technocrate, désigné personnellement par Deng Xiaoping.

Vice Président: Zeng Qinghong, compagnon de Jiang Zemin depuis 25 ans, à Shanghai puis à Pékin.

Jiang céderait aussi à Hu son mandat de 1er Secrétaire, conservant -comme Deng en 1989- celui de Président de la Commission Militaire Centrale.

Li  Peng, Président de l’ANP, ira en retraite, remplacé par Li Ruihuan, seul "ancien" à conserver sa place.

Zhu Rongji, le 1er ministre, sera remplacé, comme attendu, par son dauphin Wen Jiabao.

En résumé : Jiang reste dans l’ombre, derrière son homme vice Président. Les quatre autres nouveaux venus, sont d’obédience réformatrice : cela donne potentiellement un cabinet bicéphale, aux mêmes équilibres. Dans cette équipe, la pâleur prime : pas d’opinions connues, c’est la technocratie qui prime, de "jeunes" blanchis sous le harnois.


Argent : la banque chinoise montre les dents

· Non confirmée, BP, le conglomérat pétrolier s’apprêterait à signer l’emprunt d’1,8MM$ auprès d’un syndicat bancaire majoritairement chinois – seules la HSBC (GB) et la Industrial Bank of Japan, comme étrangères, y participent. Les 900M$ restants pour financer le complexe pétrochimique à Shanghai, seront apportés par les deux partenaires de la JV, BP et Sinopec. Cet emprunt chinois, s’il se confirme, est un précédent inquiétant pour la banque étrangère en Chine : avant, les financements  étrangers de projets en Chine, revenait aux banques expatriées. Les conditions consenties à BP ont été de loin, selon la source, "les meilleures à un étranger, depuis 1997" – la banque chinoise montre les dents!

· Vu la crise présente de l’agriculture (cf p.1), on ne s’étonnera pas que lui revienne la part du lion du budget national de recherche et de développement technologique au X. Plan, réactualisé cette semaine : 963M$ sur 5 ans, destiné à la mise au point de riz et soja à haut rendement, aux cultures à faible irrigation, à la création de 20 nouveaux parcs agronomiques, sans oublier l’agronomie high tech pour régions arides de l’Ouest. 600M$ iront encore au soutien de la recherche dans les Industries de l’information, et 96M$, à la digitalisation d’usines conventionnelles, tandis que des montants plus faibles sont affectés à la vulgarisation et à des prix à la recherche individuelle.

· En matière d’industries de télécoms, se poursuit sur 2 ans le redécoupage du secteur en 4 groupes (Unicom, C-Telecom, Mobilecom et Netcom), présents en ligne fixe et en réseaux mobiles. Unicom saute le pas en lançant (08 jan) le 1er réseau national de téléphone mobile CDMA, sous licence Qualcomm, d’une qualité sonore bien meilleure que celle de la concurrence GSM. A travers 330 villes, pour un investissement frisant les 3MM$, le réseau peut servir 15M d’usagers (ils doubleront d’ici 03). Le tarif sera identique à celui de la concurrence (aujourd’hui, China mobile): 50Y/mois, et 0,4Y/minute.

· le 8/01, la presse annonce la saisie (record d’ Asie) de 673 kg d’héroïne de Birmanie, 20 trafiquants, et pour 900.000 ² d’argent sale confisqué. En 2001, les saisies d’héroïne ont dépassé 12 t, celles d’Extasy frisé les 2M de tablettes, et 67500 dealers ont été arrêtés. Ces chiffres font plus du double de ceux de 1999, accusant un taux de progression de 40% par an. La police déclenche l’alarme : sauf tournant rapide, la diffusion de la drogue risque de passer hors contrôle!


Politique : politique_2_2002

· Souvent, sur tout dossier non politique, la Chine institutionnelle s’intéresse aux sujets sociaux. Fin déc. 2001, l’ANP a levé un fameux lièvre, déchaînant scandales et passions, en reconnaissant pour la première fois au conjoint (mâle), le droit à avoir un enfant. Ce texte bien intentionné voulait protéger le mari de l’épouse lui refusant un héritier. Mais en l’absence de tout règlement sur la manière d’appliquer ce droit, les juristes voient poindre le risque, dans les campagnes, de critiques publiques, d’amende voire, au pire d’incitation au viol. Un peu tard, Zhou Xiaozhen, sociologue à l’université du Peuple (Pékin) remarque que «ce type de conflit de cou-

ple, sur la conception d’un enfant, devrait se résoudre par le débat et l’éthique, pas par la loi»!

· L’explosion d’une usine rurale de pétards à Wanzai (Jiangxi, 31 déc), ayant causé au moins 39 morts, succédait à celle d’autres pétards dans une école (une 50aine de décès), et à celle d’un autre atelier de la province le 9 jan (3 morts)… Sur ordre de Pékin, le secrétaire du Parti, Meng Tianzhu a fini par décréter l’activité entière hors la loi : 9000 usines ont 12 mois pour fermer ou se reconvertir. Le problème est la pauvreté du Jiangxi, la rareté de ses emplois. Le pétard est dangereux, mal payé, mais se vend bien à travers la Chine et 60 pays du monde. Il est vrai que le contrôle des provinces par le centre, est plus formel que réel :  shang, you zhengci, xia, you duici (en haut, les ordres – en bas, le désordre).

· Le South China Morning Post croit pouvoir annoncer la nouvelle équipe de dirigeants de la quatrième génération, appelée à régner en mars 2003.

Président de la République :  Hu Jintao (60 ans), technocrate, désigné personnellement par Deng Xiaoping.

Vice Président: Zeng Qinghong, compagnon de Jiang Zemin depuis 25 ans, à Shanghai puis à Pékin.

Jiang céderait aussi à Hu son mandat de 1er Secrétaire, conservant -comme Deng en 1989- celui de Président de la Commission Militaire Centrale.

Li  Peng, Président de l’ANP, ira en retraite, remplacé par Li Ruihuan, seul "ancien" à conserver sa place.

Zhu Rongji, le 1er ministre, sera remplacé, comme attendu, par son dauphin Wen Jiabao.

En résumé : Jiang reste dans l’ombre, derrière son homme vice Président. Les quatre autres nouveaux venus, sont d’obédience réformatrice : cela donne potentiellement un cabinet bicéphale, aux mêmes équilibres. Dans cette équipe, la pâleur prime : pas d’opinions connues, c’est la technocratie qui prime, de "jeunes" blanchis sous le harnois.


A la loupe : KABOUL – l’OSS tente de remonter le courant

Lundi 7 à Pékin, le sommet de l’ OSS faisait face au plus lourd défi de son existence. Créé en 1996 entre Chine, Russie, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan puis Ouzbékistan, son but était de combattre séparatisme, mafia et intégrisme. Il servait aussi à partager entre Moscou et Pékin l’influence sur les 4 républiques d’Asie Centrale, mal préparées à leur jeune indépendance. Mais les attentats du 11 septembre remettaient tout en cause. A l’appel de G.W. Bush, l’Ouzbékistan ouvrait une base aux US: incapable de barrer la voie à l’intégrisme vers l’extérieur, à l’Occident vers l’int., le Club perdait tout sens!

Présidée par Jiang (qui signala ainsi l’importance qu’ il attache à cette institution, son enfant), l’OSS devait donc faire la preuve de son utilité! Sans surprise, les 6 ministres ont dénoncé toute influence extérieure sur Kaboul. Selon le russe  I.Ivanov, «la situation…devrait être déterminée par les pays de la région »: faute de quoi serait inévitable selon les 6, « l’éclatement d’une autre crise pour le pays et  les régions avoisinantes

Opinion unanime sincère, mais bourdonnante d’arrière-pensées. Par ex., comment obtenir les indispensables investissements et technologies pour le pétrole d’Asie Centrale, sans entrer avec l’Ouest, dans un jeu de dialogue et d’«in-fluence»? Justement,  les 4 républiques veulent diversifier leurs alliances et sous couvert d’alli-ance anti-terroriste mondiale, font bon accueil aux forces et aux diplomates d’Occident!

Pourtant, le sommet de Pékin a relancé l’OSS, en se promettant de se doter d’ici juin d’une charte politique,d’une agence régionale antiterroriste, et d’un système de réponse (militaire) d’urgence … Révélant ainsi un lien profond entre ces six pays: ils travaillent à se doter d’un bouclier commun contre la déstabilisation intégriste. Prétexte aussi bon qu’un autre pour entamer une coopération, dont l’enjeu réel est infiniment plus vaste !

 


Joint-venture : un gazoduc sort du tunnel

· CNOOC, groupe national de pétrole off shore, s’apprête à révéler le rachat -peut-être pour 600M$– d’un gisement sous-marin non précisé, qui lui permettra d’augmenter sa capacité de 15M barils /an (son objectif pour 2002 est de 125M, et son bilan pour 2001, de 95M). Contraint et forcé, le vendeur serait Enron, le groupe US en faillite : une telle vente d’une Cie pétrolière US vers une chinoise, est une 1ère mondiale. Il nous revient aussi que Shell serait sur le point de signer (d’ici quelques semaines) un contrat pour la constr. du gazoduc Urumqi-Shanghai, 4000km pour 5 MM$ (18MM$ avec centrales thermiques et réseaux de distribution). La JV inclurait d’autres partenaires, le russe Gazprom et Exxon-mobile. Petrochina conserverait 55% des parts.

· Le soutien de la Chine à l’² (euro) ne lui a pas porté chance : à Paris, le premier casse en Euro a visé (06 jan) l’agence de la Banque de Chine, rue Laffitte (neuvième arrondissement) : les monte-en-l’air sont repartis avec 400.000 ².

· Après 5 ans de poursuites par le Pentagone qui l’accusait d’avoir aidé l’aérospatiale militaire chinoise, Loral Space a trouvé un compromis avec Washington, rendant possible -sauf veto présidentiel- la reprise d’exports de satellites tel China-sat-8 et Apstar5, bloqués depuis 1997. Moyennant un total de 20M$, le gouvernement fédéral abandonne ses poursuites.

NB : deux satellites étrangers intégrant des pièces US, sont sous le même ban : APR-3 d’Intelsat (produit d’ Astrium -SAS, France) et Atlantic-bird-1 (d’Alenia-Spazio, Italie).


Temps fort : L’oublié de la fête – le paysan

«La stabilité et la croissance du pays commence par celles des campagnes…

Le soutien aux paysans est un impératif politique!» Par l’éditorial percutant du Quotidien du Peuple du 9/01, se lit l’inquiétude du régime face à l’érosion du revenu rural, et les incidents sociaux qui se multiplient.

En 2001, ce revenu atteint 2250Y, soit 300²/an. Les dettes des villages atteignent 11 MM², les contraignant aux taxes illégales pour payer les salaires. En moyenne, ces taxes atteignent 50 ²/an: insupportable, pour des foyers proches de l’indigence!

La courbe de la croissance s’est brisée en 1995: pourquoi? La sécheresse montante a joué son rôle, mais paradoxalement, c’est une mesure abolie 20 ans plus tôt qui a fini par ruiner le paysannat : prônée par Mao dans les années ’60 et ’70, l’absence de planning familial, a  causé 200M de bouches supplémentaires, aujourd’hui adultes. Ils sont 800M de ruraux en lutte pour 150M de jobs, et l’OMC va réduire le chiffre à 50M d’ici 2010. Autre effet perverse : la Chine produit trop, causant l’effondrement des cours, et le spectacle en toute ville, de milliers de jeunes aux joues briquées, tenant en main le carton calligraphié de leur demande d’emploi.

Appliquées depuis 1999, deux mesures lucides de Zhu Rongji ont jusqu’à présent échoué :

[1] testée un an dans l’Anhui, la suppression des taxes illégales, faute des crédits centraux pour compenser les mairies, et faute de pouvoir les contraindre à dégraisser leur personnel pléthorique.

[2] la création d’emplois nouveaux dans les petites villes plafonne, et coûte 1/3 de plus que 5 ans plus tôt !

A présent, Pékin n’a d’autre choix que de mettre l’appareil, à tous les niveaux, face à ses responsabilités, par presse interposée. Le pouvoir sait (cf conférence du Comité Central sur «le travail de l’agriculture en 2002 », 6-7/01) qu’il faudra continuer à appliquer les remèdes de Zhu, enrichir et urbaniser le paysan : face au fléau de la surpopulation, il n’y a pas d’alternative !


Petit Peuple : plainte contre Zoo?

· Le 26 déc. à Wuhan (Hubei), Wang Sheng, fit  promener sa Mercedes coupé SLK 230 à travers la métropole tirée par une vache, puis, devant une kyrielle de camera, la fit détruire à la masse. De côté, les forces de l’ordre se tenaient sans intervenir: c’était sa voiture. Prsdt du zoo municipal, Wang avait payé le véhicule (au nom de ce dernier) la bagatelle de 85.000$ en déc. 2000, et tout de suite, s’était plaint – elle ne démarrait pas.

Cinq fois en 12 mois, des mécaniciens de Mercedes débarquèrent à Wuhan, inspectèrent le bolide – mais ne trouvèrent qu’un encrassement dû à l’usage d’un carburant grossier. Au fil des mois, montaient les exigences de Wang, et baissait la patience du constructeur allemand : Wang se vit donc refuser sa requête de reprendre sa voiture, et détruisit son joujou, puis créa un comité d’usagers mécontents – regroupant des aigris de Wuhan, Pékin, Ningbo, Shenzhen, Xi’an et Zhuhai. Non sans sagesse, le groupe de Stuttgart a différé sa réplique – qui pourrait revêtir la forme d’une plainte en justice- aux lendemains des fêtes du printemps lunaire. Voilà donc l’histoire, scandaleuse et trouble.

S’agit-il d’une affaire de mafia ou de chantage? D’enfant unique, gâté, en train de mal tourner? D’étalage de sa fortune par un nouveau riche corrompu? Pour le VDLC, après les années passées où tant de zoos durent abattre leurs bêtes, la question qui importe, est de savoir si le zoo de Wuhan n’avait pas meilleur usage de ses crédits que l’achat puis la démolition d’un véhicule de luxe, à seule fin d’illustrer une auguste colère,  nu fa chong guan -(littéralement: colère, où les cheveux soulèvent le chapeau) ?