Le Vent de la Chine Numéro 19

du 26 mai au 1 juin 2002

Editorial : editorial_19_2002

Paradoxe : alors que la Chine voit à sa porte des crues sévères, elle vend (22/5) à l’étranger deux réseaux urbains d’eau potable. Ont été élus deux majors mondiaux, «les mieux placés – dit Deutsche Bank- pour exploiter l’ immense marché potentiel»: Vivendi Environnement et Ondéo (Suez).

Vivendi Environnement a remporté (22 mai) l’appel d’offres pour la concession pour 50 ans, de la distribution d’une partie de Pudong, la Shanghai neuve (550.000hts sur 1,7M). Il prend 50% de la JV dont le marché, sur 50 ans, est évalué à 10MM², et sa rentabilité à 12%/an. Le réseau passerait à 5M d’âmes d’ici 2015.

La mairie conserve distribution, collecte et traitement des eaux usées sur le reste de la ville (16,7M hts),sauf les contrats déjà octroyés à d’autres tel Ondéo qui, moyennant 5,3 d’investissement, détient depuis juin 2001 50% de la JV de fourniture d’eau potable d’une zone industrielle (projet Spark). Sa filiale Degrémont vient de racheter pour 26,7M² (22/5), 2 centrales de retraitement (capacité 860.000m³/j).sur le parc pétrochimique SCIP. Ondéo annonce aussi le 22/5 (pas par hasard) sa reprise d’une part du réseau à Qingdao (Shandong), pour alimenter 1,4M d’hts, pour 25 ans. Il rachète moyennant le rachat pour 33M², de deux usines d’une capacité de 540.000m³/j. Le volume du contrat est évalué à 430M².Un autre marché se discute, l’approvisionnement de 450.000 hts de Chongqing, Tous ces contrats se réalisent à travers Sino-French (JV d’Ondéo avec le groupe sino-Hongkongais New World): véhicule lui permettant de rassurer les villes chinoises, par la présence d’un partenaire local.

Les deux groupes intègrent la publicité dans leurs stratégies. Ondéo, par exemple, sera responsable à Qingdao de la qualité de l’eau des épreuves nautiques des JO de 2008 – comme il l’avait fait pour les JO de Sydney en 2000. Vivendi épouse l’image de succès et d’avenir de Pudong. Ce qui peut justifier le fort prix payé, 266M$, pour 4 usines vieillissantes. Le vrai vainqueur, ici, étant peut-être Shanghai.

NB : Vivendi Universal, le groupe mondial de média, télécommunication et films, s’apprête à faire approuver par son Conseil d’Administration (29/5) la vente de 15% de Vivendi Environnement (dont il contrôle 63%) – le rachat de Pudong ressemble une action préparatoire, de nature à faire monter son titre !


Editorial : Vivendi / Ondeo – les titans d’eau français sur le ring chinois 

Paradoxe : alors que la Chine voit à sa porte des crues sévères, elle vend (22/5) à l’étranger deux réseaux urbains d’eau potable. Ont été élus deux majors mondiaux, «les mieux placés – dit Deutsche Bank- pour exploiter l’ immense marché potentiel»: Vivendi Environnement et Ondéo (Suez).

Vivendi Environnement a remporté (22 mai) l’appel d’offres pour la concession pour 50 ans, de la distribution d’une partie de Pudong, la Shanghai neuve (550.000hts sur 1,7M). Il prend 50% de la JV dont le marché, sur 50 ans, est évalué à 10MM², et sa rentabilité à 12%/an. Le réseau passerait à 5M d’âmes d’ici 2015.

La mairie conserve distribution, collecte et traitement des eaux usées sur le reste de la ville (16,7M hts),sauf les contrats déjà octroyés à d’autres tel Ondéo qui, moyennant 5,3 d’investissement, détient depuis juin 2001 50% de la JV de fourniture d’eau potable d’une zone industrielle (projet Spark). Sa filiale Degrémont vient de racheter pour 26,7M² (22/5), 2 centrales de retraitement (capacité 860.000m³/j).sur le parc pétrochimique SCIP. Ondéo annonce aussi le 22/5 (pas par hasard) sa reprise d’une part du réseau à Qingdao (Shandong), pour alimenter 1,4M d’hts, pour 25 ans. Il rachète moyennant le rachat pour 33M², de deux usines d’une capacité de 540.000m³/j. Le volume du contrat est évalué à 430M².Un autre marché se discute, l’approvisionnement de 450.000 hts de Chongqing, Tous ces contrats se réalisent à travers Sino-French (JV d’Ondéo avec le groupe sino-Hongkongais New World): véhicule lui permettant de rassurer les villes chinoises, par la présence d’un partenaire local.

Les deux groupes intègrent la publicité dans leurs stratégies. Ondéo, par exemple, sera responsable à Qingdao de la qualité de l’eau des épreuves nautiques des JO de 2008 – comme il l’avait fait pour les JO de Sydney en 2000. Vivendi épouse l’image de succès et d’avenir de Pudong. Ce qui peut justifier le fort prix payé, 266M$, pour 4 usines vieillissantes. Le vrai vainqueur, ici, étant peut-être Shanghai.

NB : Vivendi Universal, le groupe mondial de média, télécommunication et films, s’apprête à faire approuver par son Conseil d’Administration (29/5) la vente de 15% de Vivendi Environnement (dont il contrôle 63%) – le rachat de Pudong ressemble une action préparatoire, de nature à faire monter son titre !


A la loupe : Le yoyo déréglé des saisons chinoises

La saison des crues s’annonce aux portes de la Chine avec un mois d’avance, cette année aux cours gonflés par 45 jours de pluie sur le Centre (pluviosité double de la normale). La cote d’aler-te est atteinte entre Hubei, Hunan et Jiangsu. Dès le 21/5, le Yangtsé atteint 25m à Wuhan et monte de 30cm/j:record de 1865, et de 1998 égalé – cette année-là avait vu des crues graves, causant 4000 morts, inondant durant deux mois une demi-France, avec 24MM$ de pertes matérielles. Dès maintenant, 20M de hunanais sont sinistrés, et 2,5M ha de cultures sous les eaux –2M$ d’aide d’urgence ont déjà été distribués. 24h/24, des 10aines de civils rafistolent les digues, 8 dépôts régionaux de 1er secours ont été mis en place, + 237 centres de stockage des dons matériels.

Crues au Centre, mais aussi sécheresse au Sud et au Nord-Est et Ouest, avec en prime invasions de sauterelles ! Depuis le début de l’année, seuls 86 mm de pluies sont tombées à Hainan et 300 réservoirs sont à sec dans le Fujian. A Pékin, du 15 au 20 mars, une tempête-record a déversé 56.000t de sable du Gobi, du Taklamakan et de Sibérie. Le niveau « V » de pollution envisage 500 microgr/m3 d’air : jusqu’à 15000 microgr./ m3 ont été enregistrés, affectant la vie des commerces et des écoles. Depuis ’90, 1,9M km² de sols arables ont été désertifiés – 3,5 France. Dès aujourd’hui, la sécheresse affecte les vies de M de têtes de bétail et d’hts – la situation ne pourra qu’empirer d’ici l’été. Ainsi, malgré des efforts tardifs mais très réels (reforestation, invests sur le réseau fluvial), la dégradation du climat s’amplifie, et la Chine ne gagne pas la bataille !


Pol : Pékin, Canberra – amour et or noir

· A Chongqing (17/5), quatre militants du Falungong (secte déjà interdite depuis’00), ont été condamnés de 7 à 16 ans de prison pour avoir détourné le 1er jan. un réseau TV afin de diffuser un message de Li Hongzhi, leur gourou en exil. En fait, ce détournement de faisceau hertzien n’est qu’un parmi au moins 4, les autres ayant eu lieu à Changchun (Jilin), Anshan (Liaoning) et Harbin (Heilongjiang). Ce verdict constitue le dernier avatar dans le bras de fer entre l’Etat et la secte. Après le piratage de Changchun, le Département Central de la Propagande a ordonné une campagne nationale d’ «introspection» des media, destinée à surveiller les employés, et à avertir les chefs qu’ils seraient responsables de tout autre «incident politique». Les verdicts sévères traduisent l’espoir d’empêcher le Falungong de coordonner depuis l’étranger à l’avenir, ce type d’actions dommageables à l’image de fermeté du régime.

· durant 3 jours (21-23/5), J. Howard, 1er Min. australien est venu défendre les intérêts de son pays et offrir un renforcement de la coopé économique. Pierre angulaire du rapprochement, il offre une place à Shougang (aciéries de Pékin, en quête de redéploiement) dans une sidérurgie futuriste en Australie de l’Ouest, en JV avec Rio Tinto (Australie), avec crédits publics et invests US et Japon. Il offre aussi de reprendre la coopé militaire suspendue en 2000 par Pékin (offre acceptée). A ce prix, la candidature de Woodside Petr. pour fournir le terminal GNL de Shenzhen (valeur du contrat : 14MM$ sur 20 ans) est de nouveau en selle.

NB : celle de l’Indonésie aussi. On s’achemine droit vers un partage du contrat, tout à fait dans le sens des intérêts chinois, de diversification des sources d’approvisionnement.

· Tokyo et Pékin ont finalement étouffé l’affaire des 5 Nord-coréens arrêtés le 8/5 par la police chinoise dans le consulat nippon de Shenyang. Tokyo a renoncé à recevoir des excuses, et à voir les candidats à l’exil. Pékin les a expulsés vers Séoul via Manille (23/5) : compromis à l’asiatique et fin d’un psychodrame – à peine la famille nord-coréenne parvenue en Corée riche, et Pékin réclamait au partenaire japonais le re-tour à la normale.

Sur le fond : les deux pays ne peuvent à long terme ni s’entendre, ni s’affronter. Mais ils ont, pour vivre ensemble, deux atouts : une profonde connaissance mutuelle, et un fort pragmatisme. Dans ce conflit précis, on serait tenté de dire que Koizumi, le leader nationaliste nippon, n’a pas eu le dessus!


Argent : argent_19_2002

· En signant (13/5)une loi de soutien à ses agriculteurs, dotée de 190MM$ sur 10 ans, G.W. Bush le Président US vient de créer une nouvelle pomme de discorde avec la Chine (après sa loi protectionniste concernant l’acier). Pékin n’accepte pas qu’on subventionne ses farmers, quand on détient déjà 25% du marché mondial du blé et 57% du soja, pour 53MM$ en 2001. "Mr OMC" en Chine, Long Yongtu, a revendiqué (22/5) le droit pour son pays à soutenir ses paysans dans la même proportion. Professeur à Beida, Lu Feng précise sa pensée:

Œ prêter aux paysans à 6%, taux (bonifié) égal à celui prévu aux US,

? offrir aux paysans des assurances volontaires (bonifiées)contre les aléas climatiques, et

Ž des subventions en cas de chute des cours. Suggestion qui pourrait être suivie d’effet plus vite que l’on ne croit, malgré l’absence des assurances et des fonds nécessaires: si des exports massifs devaient causer de trop lourdes pertes d’emplois et l’explosion de colère dans les campagnes.

· Face à l’échéance de 2006 imposée par l’OMC, d’ouverture de la finance à l’étranger, et après 10 ans de vaines tentatives d’assainissement des banques d’Etat, il devient urgent de réagir.

Le 21/5, la BPdC (banque nationale) a ordonné aux banques de publier chaque 30 avril leur rapport d’exercice (opérations, prêt,capital). Toutes les banques sont astreintes, sauf les municipales (délai octroyé jusqu’au 1er janvier 2006). Par ailleurs, la BPdC épluchait, depuis des mois, 277 prêts consentis par 118 filiales des 4 soeurs (ICBC, ABC, BoC, CCB): le couperet est tombé sur 114 agents fautifs de 6MM$ de mauvais prêts, accusés d’indélicatesse, d’incapacité, et d’interprétation abusive de réformes publiques.

Une riche liste de sanctions en résulte, allant de l’inculpation (15) au renvoi (13), en passant par la suspension (6), le blâme (22), l’avertissement (18), la mutation (5), le limogeage (4), et 31 autres formes de tape sur la main.

NB: S&P estime le capital évanoui en mauvaises dettes à 518MM$, soit 50% du PNB, et évalue à 10 ans le mauvais temps nécessaire pour rabaisser ce taux de 50 à 15%.

· La mairie de Shanghai vient de bouleverser la règle du jeu urbain en taxant (17/5) le traitement des déchets, jusqu’alors l’affaire du socialisme. La ville fait appel au privé et à l’étranger pour investir dans les technologies les plus avancées, effort rémunéré par la taxe. Dès à présent, 300t/jour de déchets alimentaires émis à 70% par les restaurants, vont être recyclés dans les 3 centrales en construction à Nanhui, Fengxiang et Pudong – ils produiront engrais et aliment du bétail. Il en coûtera aux émetteurs, 26$/t, également répartis entre enlèvement et recyclage.

NB: depuis 2000,vache folle oblige, le commerce des déchets alimentaires est banni à Shanghai.

· La surproduction et les imports OMC vont causer une coupe noire dans deux récoltes en 2002:

î en coton, la SDPC signale (21/5) la réduction des surfaces, à 5,11M d’ha, – 14%, voire -19% dans le bassin du Yangtsé (-19%).

î en Blé, la récolte du printemps 2002 va chuter de 5% par rapport à 2001, atteignant 82Mt. Aux prix publics trop bas et aux stocks trop abondants, s’ajoute le printemps pourri- pas de soleil jusqu’en avril, suivi de pluies constantes. D’où pertes en volume, mais aussi en qualité (bas taux en gluten, et moisissures !).

 


Politique : politique_19_2002

· A Chongqing (17/5), quatre militants du Falungong (secte déjà interdite depuis’00), ont été condamnés de 7 à 16 ans de prison pour avoir détourné le 1er jan. un réseau TV afin de diffuser un message de Li Hongzhi, leur gourou en exil. En fait, ce détournement de faisceau hertzien n’est qu’un parmi au moins 4, les autres ayant eu lieu à Changchun (Jilin), Anshan (Liaoning) et Harbin (Heilongjiang). Ce verdict constitue le dernier avatar dans le bras de fer entre l’Etat et la secte. Après le piratage de Changchun, le Département Central de la Propagande a ordonné une campagne nationale d’ «introspection» des media, destinée à surveiller les employés, et à avertir les chefs qu’ils seraient responsables de tout autre «incident politique». Les verdicts sévères traduisent l’espoir d’empêcher le Falungong de coordonner depuis l’étranger à l’avenir, ce type d’actions dommageables à l’image de fermeté du régime.

· durant 3 jours (21-23/5), J. Howard, 1er Min. australien est venu défendre les intérêts de son pays et offrir un renforcement de la coopé économique. Pierre angulaire du rapprochement, il offre une place à Shougang (aciéries de Pékin, en quête de redéploiement) dans une sidérurgie futuriste en Australie de l’Ouest, en JV avec Rio Tinto (Australie), avec crédits publics et invests US et Japon. Il offre aussi de reprendre la coopé militaire suspendue en 2000 par Pékin (offre acceptée). A ce prix, la candidature de Woodside Petr. pour fournir le terminal GNL de Shenzhen (valeur du contrat : 14MM$ sur 20 ans) est de nouveau en selle.

NB : celle de l’Indonésie aussi. On s’achemine droit vers un partage du contrat, tout à fait dans le sens des intérêts chinois, de diversification des sources d’approvisionnement.

· Tokyo et Pékin ont finalement étouffé l’affaire des 5 Nord-coréens arrêtés le 8/5 par la police chinoise dans le consulat nippon de Shenyang. Tokyo a renoncé à recevoir des excuses, et à voir les candidats à l’exil. Pékin les a expulsés vers Séoul via Manille (23/5) : compromis à l’asiatique et fin d’un psychodrame – à peine la famille nord-coréenne parvenue en Corée riche, et Pékin réclamait au partenaire japonais le re-tour à la normale.

Sur le fond : les deux pays ne peuvent à long terme ni s’entendre, ni s’affronter. Mais ils ont, pour vivre ensemble, deux atouts : une profonde connaissance mutuelle, et un fort pragmatisme. Dans ce conflit précis, on serait tenté de dire que Koizumi, le leader nationaliste nippon, n’a pas eu le dessus!


A la loupe : Jiang Zemin A SON APOGEE

Amorcé depuis le 15/5 (VDLC No18), le renouvellement par vote interne (et non plus par oukaze pékinois) des Secrétaires du PCC des villes et des provinces témoigne du pouvoir inégalé du Président Jiang – résultat à vrai dire prévisible, fruit de 12 ans aux rênes du pays. A Pékin, la reconduction de Jia Qinglin était rien moins qu’évidente. Eclaboussé depuis 1999 dans le scandale des 10MM$ de contrebande Xiamen (Fujian), Jia passait, 2 mois plus tôt, pour un homme sur le départ. Un signe avant-coureur de sa remontée en sève fut donné le 7/05, avec son voyage à Pyongyang -mission rarement confiée à un homme fini. Le message fut reçu 5 sur 5 par le Congrès du PCC de Pékin-ville, qui reconduisit Jia Qinglin (22/5).

On s’attend au même succès pour Mme Chen Zhili à Shanghai, et pour Huang Liman et Li Changchun à Shenzhen et au Guangdong – tous trois de la mouvance de Jiang. Les secrétariats du PCC à Pékin et Shanghai sont des positions stratégiques dans la pyramide de la politique chinoise, car ils comportent chacun un siège au Politbureau : Jiang, qui en 2003, n’aura –probablement– plus de mandat autre que celui de chef de la CMC-, fait la preuve de sa capacité à se préparer le réseau d’ influences le plus fort. Parmi les autres nominations pressenties – préparées de longue date-, figure celle de Zeng Qinghong, actuel patron du Département de l’organisation -dont le poste-clé reviendra à Wang Gang, autre membre du club de Shanghai… Assurant ainsi que pour 3 ans au moins, Jiang aura droit au chapitre des nominations dans l’administration de son successeur Hu Jintao !

En même temps, on voit une 1ère matérialisation de la théorie de Jiang des «3 représentativités » : par la nomination de propriétaires privés au Congrès du Guangdong tel Liu Shaoxi le magnat du bois (l’un des 50

plus riches de Chine). Mais cet élargissement du PCC aux capitalistes n’est pas vanté, pas plus que ne sont publiées les Œuvres choisies du Président Jiang – l’opposition reste trop forte !


Joint-venture : La Poste a les yeux plus gros que le ventre

· La taiwanaise CPC et la chinoise CNOOC signent une 1ère (16/5): un traité d’exploitation conjointe de pétrole off-shore. La JV de 25M$ (50/ 50%) fait suite à 4 ans d’exploration mixte au large du Delta des Perles.

En 2000, sept sites avaient été identifiés. A présent, les firmes exploiteront un gisement de 15.400 km2, au départ de 3 plates-formes. Synergie profitable, associant les deux spécialistes de chaque Chine pour déployer une haute technologie, à des coûts moindres que ceux des grands mondiaux – sans parler des évidents bénéfices politiques, en terme de stabilité.

· la guerre de la messagerie express n’aura fait qu’un feu de paille, entre China Post et les groupes US sur le marché. En février, (cf VDLC No13), alléguant de son besoin de revenus pour financer ses activités de service publique, la Poste, à la fois juge (tutelle)et partie (avec son EMS) avait donné jusqu’au 20/5 à FedEX, UPS, TNT et DHL pour renoncer à 1/2 de leur marché du colis express. Mais la mesure violait le texte de l’OMC (rétablissait de facto son monopole). EMS était incapable d’assurer qualité et volume offerts par la concurrence. Ayant lourdement investi dans ses "hub" chinois, l’étranger avait des droits, et surtout des partenaires : Sinotrans, peu ravi de se voir évincé d’un métier profitable et en pleine expansion.

Il ne fallut pas longtemps pour que le Conseil d’Etat intervienne, rendant inévitable la suspension de la directive abusive (le doc. n°64). Mais demeure une autre barrière non tarifaire. Le Doc. N°629 émis par MOFTEC et MII le 20 décembre, suite aux rumeurs mondiales de colis à l’anthrax, impose aux messageries étrangères une licence spéciale… que leur octroierait leur concurrent la poste ! On y reviendra!

 


Temps fort : Ballon rond – La Chine aux anges, et sans espoir !

C’est ce samedi que vibreront au Japon et en Corée les sifflets d’ouverture de la Coupe du Monde de football où la Chine,à son immense fierté, est présente pour la 1ère fois. Sans illusion: «battre le Costa Rica, dit ce chauffeur, peut-être. Le Brésil et la Turquie, jamais. On y va pour apprendre»!

« On », c’est 60.000 supporters chinois non découragés par les nombreuses barrières fixées par l’hôte coréen : la caution fixée à 8500 US$, les 15749 billets seulement, fournis à la RPC pour ses fans- Séoul craint qu’ils n’utilisent pas le billet de retour!

Côté Chine,le monopole des ventes des billets à une seule agence touristique «sans expérience, mais politiquement bien introduite» (disent ses concurrents désabusés) n’arrange rien : de 4000Y en temps normal, le trip de 4 jours est passé à 8400, billet compris. Dans ces conditions, les supporters en Corée seront les nouveaux riches, les fidèles du PCC et ceux des Grandes Entreprises d’Etat chinoises et étrangères, qui trouvent un moyen commode d’obliger ainsi leurs contacts gouvernementaux.

Sélectionné par le plus célèbre étranger du moment – Milu, l’entraîneur yougoslave-, le Onze national fait sa:  zhen ge dai dan, veillée d’armes («dormir sur sa lance en attendant l’ aube»). Ses piliers sont ses joueurs expatriés: Yang Chen (Francfort), Fan Zhiyi (Dundee), Sun Jihai (Manchester) ; un ailier rapide com-me l’éclair, Qu Bo (20 ans, Qingdao), et Jiang Jin (Tianjin), dit meilleur gardien d’Asie.

Force de l’équipe: son physique.

Faiblesses:son inexpérience et sa timidité face aux buts adverses. Son meilleur atout sera enfin le soutien populaire. A Shenyang (Liaoning), l’ultime stage, l’équipe entière a découvert sa statue de bronze. A Shanghai, le groupe F4 (Taiwan), venu en soutien, vit son concert bouclé en 10 min. par la police médusée: les filles s’évanouissaient comme des mouches, impressionnées par leurs héros du ballon rond, et par le sex appeal des acteurs et musiciens taiwanais !


Petit Peuple : le dernier des Ewenki

· Au fond des forêts montagneuses de Mongolie Intérieure, les Ewenki d’Aoluguya se nourrissaient de la chasse et de l’élevage du cerf. Comme chez les indiens d’Amérique, l’écorce de bouleau fut de tous leurs voyages, drapant leurs canoës de leur vivant et leurs linceuls suspendus aux hêtres, une fois la mort venue. Basée sur le lait et la viande séchée des rennes, les chants folklorique et un culte chamaniste des ours, une telle micro-culture ne pouvait que mourir face à la civilisation : au fil des ans, leur territoire de chasse déclina en peau de chagrin. Ils se replièrent sur l’élevage. Puis chassés par le défrichage, ils errèrent à travers les monts Hinggan, pour échouer dans des zones inondables et infestées de moustiques. Finalement, l’Etat leur a donné une secourable mais pitoyable nouvelle place: d’ici l’automne, ces derniers des Mohicans chinois auront troqué leurs yourtes de cuir pour des huttes de brique, et pour le son de la CCTV, les chants des alouettes et des passereaux.