Le Vent de la Chine Numéro 14

du 14 avril au 4 mai 2002

Editorial : editorial_14_2002

Le Président Jiang s‘est envolé (8-21/4) vers RFA, Lybie, Nigeria, Tunisie, Iran. A un pays près (la RFA), cette liste a un fil rouge, l’Islam, également visible dans la visite de Zhu Rongji en Turquie, Egypte et Kenya (15/4)!

Les 6 jours de Jiang entre Berlin, Wolfsburg (fief du géant VW) et autres lieux, ont connu une ambiance mitigée, entre la cordialité d’un cabinet Schroeder roulant pour ses contrats espérés (Maglev Pékin-Shanghai), et la mauvaise humeur de la presse – à l’écart, sur demande du visiteur. La visite a permis de signer 2 accords sur les échanges éducatifs/culturels. Jiang a aussi réitéré son soutien à la quête de Berlin pour un siège permanent au Conseil de Sécurité.

Pour pénétrer le sens de cette tournée, il faut la rapprocher de la réception d’une chaleur insolite, réservée 8 jours avant au Commissaire européen Chris Patten, faisant table rase des années de négativité. Par sa visite, Jiang entend opérer un recentrage des priorités de la Chine vers l’Union Européenne. Le leadership ostensiblement détourne son regard du pays qui l’ occupe presque exclusivement depuis 15 mois – les US de G.W. Bush.

Manière élégante de ne pas réagir aux piques du Président US,

Œ à son lapsus lui ayant fait parler de Taiwan comme d’une "République de Chine",

? aux exercices militaires aux Philippines (22/4-6/5) avec 10 pays, Chine exclue, et

Ž à son affirmation (8/4) d’être prêt à "tout ce qu’il faut" pour défendre Taiwan. Le message de Jiang pourrait être: « avec les US, la Chine est condamnée à s’entendre – mais pas à les suivre ».

Ce voeu de contrebalancer le poids croissant des US, résonne comme un testament diplomatique, dans cet avant-dernier grand voyage présidentiel.

La visite en Lybie et en Iran, "Etats voyoux" pour Washington, marque cette volonté de démarquage. Au colonel Khaddafi, Jiang n’a pas craint de dire que les US avaient «pu bombarder ses maisons, mais non les valeurs et principes de la Lybie». Pékin veut tout faire pour stopper les USA d’attaquer l’Irak de Saddam Hussein ou tout autre pays décrété par Bush comme chaînon de l’"axe du mal". Il se trouve que Schroeder, en RFA, pense de même, et lance à Berlin, avec Jiang ET Vladimir Poutine à ses côtés (8/4), un plan de paix entre Palestine et Israël (ce dernier, soutenu par Bush): cela fait beaucoup de coïncidences, et des fissures nettes dans l’alliance mondiale anti-terroriste!

 


Editorial : Jiang brandit à G.W. Bush le chiffon rouge de l’Europe!

Le Président Jiang s‘est envolé (8-21/4) vers RFA, Lybie, Nigeria, Tunisie, Iran. A un pays près (la RFA), cette liste a un fil rouge, l’Islam, également visible dans la visite de Zhu Rongji en Turquie, Egypte et Kenya (15/4)!

Les 6 jours de Jiang entre Berlin, Wolfsburg (fief du géant VW) et autres lieux, ont connu une ambiance mitigée, entre la cordialité d’un cabinet Schroeder roulant pour ses contrats espérés (Maglev Pékin-Shanghai), et la mauvaise humeur de la presse – à l’écart, sur demande du visiteur. La visite a permis de signer 2 accords sur les échanges éducatifs/culturels. Jiang a aussi réitéré son soutien à la quête de Berlin pour un siège permanent au Conseil de Sécurité.

Pour pénétrer le sens de cette tournée, il faut la rapprocher de la réception d’une chaleur insolite, réservée 8 jours avant au Commissaire européen Chris Patten, faisant table rase des années de négativité. Par sa visite, Jiang entend opérer un recentrage des priorités de la Chine vers l’Union Européenne. Le leadership ostensiblement détourne son regard du pays qui l’ occupe presque exclusivement depuis 15 mois – les US de G.W. Bush.

Manière élégante de ne pas réagir aux piques du Président US,

[1] à son lapsus lui ayant fait parler de Taiwan comme d’une « République de Chine« ,

[2] aux exercices militaires aux Philippines (22/4-6/5) avec 10 pays, Chine exclue, et

[3] à son affirmation (8/4) d’être prêt à « tout ce qu’il faut » pour défendre Taiwan. Le message de Jiang pourrait être: « avec les US, la Chine est condamnée à s’entendre – mais pas à les suivre ».

Ce voeu de contrebalancer le poids croissant des US, résonne comme un testament diplomatique, dans cet avant-dernier grand voyage présidentiel.

La visite en Lybie et en Iran, « Etats voyoux«  pour Washington, marque cette volonté de démarquage. Au colonel Khaddafi, Jiang n’a pas craint de dire que les US avaient «pu bombarder ses maisons, mais non les valeurs et principes de la Lybie». Pékin veut tout faire pour stopper les USA d’attaquer l’Irak de Saddam Hussein ou tout autre pays décrété par Bush comme chaînon de l' »axe du mal« . Il se trouve que Schroeder, en RFA, pense de même, et lance à Berlin, avec Jiang ET Vladimir Poutine à ses côtés (8/4), un plan de paix entre Palestine et Israël (ce dernier, soutenu par Bush): cela fait beaucoup de coïncidences, et des fissures nettes dans l’alliance mondiale anti-terroriste!

 


A la loupe : La prairie et les lacs réhabilités

L’été 1998, la crue du Yangtzé causa 4000 morts. Un des facteurs tenait aux lacs supprimés par milliers pour faire place aux rizières :c’est alors que le 1er ministre Zhu Rongji ordonna l’expulsion des 2,5 M paysans installés sur les polders. 4 ans après, leur relogement est bien engagé, et ne fait pas de vagues. Presque tous les expulsés ont reçu 1500 ² de compensation et un lopin. Meubles, briques, tuiles et poutres faîtières sont chargés sur une carriole et tractés jusqu’au nouveau site. Des villes entières déménagent.

Résultat: chef d’oeuvre écologique en péril, le lac Dongting vient de récupérer 560 km² et 3 MM m3 de capacité – 430000 personnes ont été déplacées. En 50 ans, l’écosystème avait perdu 2/3 de sa taille (de 6000 à 2000km²), et comme le Yangtzé (limoneux) le traversait, il montait en vase d’1cm/an. Un autre lac, le lac Boyang  vient de récupérer 5 MM m3 – l’objectif est de le ramener à sa taille de 1954, 5100 km².

La Chine vit donc un virage historique, 1er pays à réhabiliter les lacs et prairies, et faire sauter digues et barrages après avoir été le plus grand destructeur mondial de ce type d’environnement. Elle l’a fait sans débat ni étude d’impact. Pour l’instant, les choses semblent se passer plutôt bien. Avec une ombre tout de même: comment les paysans relogés, veufs de leurs rizières, vont-ils gagner leur vie,et que vaut pour eux, le spectacle neuf des aigrettes et canards traversant le ciel, venus de Sibérie récupérer leur territoire? Mais ceci est une autre histoire!


Pol : Sida – la camarde maintient le rythme

· Résultat probable de déforestation de la Chine et la Sibérie, le dérèglement climatique poursuit son cours sur l’Asie du Nord.

Après 3 mois trop chauds (cf VDLC No13), avril est le temps des tempêtes de sable, étouffant Pékin, contraignant des villes comme Changchun (Jilin) ou Séoul à des fermetures des aéroports, et les hôpitaux à admettre des centaines de milliers de malades des voies respiratoires. La température a baissé de 30°C à des minima de 7°C. Pareilles tempêtes, avec des concentrations de 2070 microgrammes /m3 (la côte d’alerte est à 1000mgr/m3) n’ont plus été vues en 15 ans. Très visibles par satellites, ces sphères sableuses de centaines de km de diamètre voyagent jusqu’à 11000km, à Portland (Oregon), et peuvent s’alterner au brouillard et à la pluie, causant (16/4) causent le crash d’un B.767 d’Air China en approche de Pusan, Corée /sud (120 morts, 39 survivants).

Au Sud, des trombes d’eau apparaissent –Baozhong (Sichuan) subit 2,8M$ de dégâts. Ce n’est qu’un début: comme en 1998, année de crues célèbres, un hiver et un printemps anormalement doux ont fait fondre prématurément les neiges du Tibet, qui cherchent leur chemin vers les grands cours. Les conséquences sur l’économie sont également nettes : absentéisme dans les usines comme dans les magasins les écoles ou le tourisme : sous la tempête, la Chine du nord tourne au ralenti. Consciente de ses risques(7/04), la Chine vient d’investir 964M$ sur son 1er programme météo (2001-2010), afin de dessiner et produire satellites et radars avancés à Doppler digital, destinés à faire face au réchauffement de la planète. But: intégrer le facteur météo dans la recherche en différents secteurs tels agronomie, conservation de l’eau ou transports, face au phénomène, et la prédiction à long terme des extrêmes climatiques en Chine.

· La session annuelle « Chine » de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève (10/04), fut exceptionnellement brève : en l’absence des US, éliminés de cette instance en automne 2001, il ne se trouva aucun pays pour soumettre l’inscription du pays à l’agenda des travaux. Le même jour, Amnesty International publiait son rapport annuel, selon lequel la Chine mènerait sur son territoire, davantage d’exécutions (1781 en 4 mois) que le reste du monde confondu. La Chine a rejeté ces accusations comme «infondées», et salué l’absence de dépôt de résolution critique contre elle, comme preuve de la reconnaissance croissante d’un respect chinois des droits de l’homme.

· Le nombre de séropositifs en Chine vient encore d’exploser, selon le dernier rapport présenté par le Directeur du Département d’épidémiologie du Ministre de la santé. Au 31 décembre, les porteurs du virus recensés étaient 30736, dont 1595 sidéens. Chiffres très bas mais notoirement faux. Les estimations du ministère sur la portée du fléau, sont passées de 600 000 à 850 000, soit un taux de progression de 40%. La Chine aurait déjà eu 200 000 sidéens dont la moitié décédés. Le Sida demeurerait transmis, à 70%, par le partage d’aiguilles entre héroïnomanes, surtout entre jeunes hommes, dans l’Ouest (Yunnan, Xinjiang, Guangxi, Sichuan), mais aussi au Centre (Anhui, Henan), au sud (Guangdong), et -c’est nouveau – dans Pékin et Shanghai. Le dernier rapport n’admet toujours pas l’existence d’un scandale du sang contaminé dans le Henan qui, de source médicale locale, causait dès l’an passé un M de cas.

· au pied des plages immaculées de l’île tropicale de Hainan, les 12-13/04, le Bo’ao Forum for Asia, a tenu la seconde session de son histoire, une semaine avant le WEF, pas par hasard : cette initiative «privée» répondant à la demande de la Chine, voire de nombreux pays riverains, de se retrouver «en famille asiatique », entre chevaliers d’industrie et leurs ministres, affranchi des influences occidentales. Ce sommet de plus de 2000 participants de 48 pays n’avait rien laissé au hasard pour s’imposer d’emblée dans la cour des grands, ayant rassemblé quatre premiers ministres « poids lourds » (Zhu Rongji, le nippon Koizumi, le coréen Lee Handong et le thaï Thaksin Shinawatra), et de prestigieux sponsors comme Goldman Sachs, Siemens, CNN ou Audi. Ce sommet présenta simultanément ses immenses ambitions, et la longue marche devant lui pour parvenir à maturité: l’ambiance fut parfois tendue, du fait d’une maîtrise défectueuse des travaux – retards dans l’horaire, modérateurs et interprètes absents, pannes de micro… Ces difficultés furent aiguisées par une maladresse de la puissance invitante, qui accapara: le Président malais de l’an passé, diplomate respecté, avait été remplacé sans concertation par un cadre de la RPC qui revendiqua pour la conférence deux langues officielles : anglais ET mandarin (que personne parmi les 47 autres pays, ne parle). Zhu Rongji sauva la situation en s’excusant pour les déficiences et en réitérant le fait que ce Forum « appartenait à tous ». Couacs mis à part, le Forum de Bo’ao a permis de retrouver le meilleur esprit de ce genre de grande messe économique : s’affranchir des poncifs compassés de ses rivaux, pour émettre des grandes idées d’avenir. Koizumi osa brandir un thème mal vu en Asie jusqu’alors, l’exemple de l’Union Européenne, et ses 50 ans d’effort, pour atteindre une intégration économique, tout en interpellant : « pouvons-nous exiger moins pour notre région » ? Koizumi voit les disparités de l’Asie mais aussi les besoins qui la rassemblent, notamment l’énergie (pour une coopération permettant de limiter la dépendance au Moyen Orient), la finance et les monnaies (avec l’initiative de Chiangmai pour une protection commune contre la spéculation internationale, qui fit plier les genoux à la plupart des devises asiatiques en 1997), et le commerce et les investissements, (avec un projet de zone de libre échange, entre ces pays dont le commerce avec la Chine atteint aujourd’hui 288MM$). Ce qui frappa le plus, durant ce forum : l’apparition d’un tandem sino-japonais – seule force susceptible de dégager une cohésion et une direction à cette Asie en quête d’avenir. Koizumi avait «fait une fleur» à Pékin en acceptant de venir à ce sommet encore en manque d’audience. Plusieurs fois, Zhu Rongji et lui-même notèrent « l’amitié » entre les deux pays – ce qui n’allait pas de soi. Moment fondateur, et dans tous les esprits, un modèle règne, en filigrane : celui de l’UE, et de sa « locomotive » franco-allemande !

·  En ce printemps 2002, anniversaire des 30 ans de relations diplomatiques sino-japonaises, les deux pays vivent un tournant qualitatif dans leurs rapports -moins dicté par le sentiment, que par les réalités d’affaires. Attiré par les 7 à 8% de taux de croissance chinois, et découragé par sa stagnation depuis 10 ans, l’establishment nippon industriel (Minolta, Matsushita, Sony, Hitachi, Toshiba) – mais aussi financier (Mizuho) abandonne sa stratégie du «Vol d’oies sauvages» des années ’90 vers le Continent, et s’apprête à y déplacer des parts de son outil pour s’y ancrer à long terme. Symptomatiquement, ce lobby réclame à présent de leur gouvernement le même démarchage, qu’assurent à leurs groupes les pays de l’UE, et les US : c’est un -dur- virage psychologique à négocier!

Les chiffres ne trompent pas : sourd aux heurts politiques, le commerce bilatéral a progressé à 89,1MM$ en 2001, faisant du Soleil Levant le premier partenaire de l’Empire du Milieu. Entre avril et décembre 2001, les investissements japonais, à 771M$, ont doublé – très loin derrière le record de 1995, à 4,5MM$, mais belle reprise. Matsushita par ex., a 41 usines chinoises. En Chine, deux villes sont en pointe dans l’effort d’attirer les ca-pitaux du Japon, et y ont lancé en 2002 des missions : Wuxi (Jiangsu) et Dalian (Liaoning).

Dans les gouvernements aussi, on plante doucement les clous du décor de détente : Junichiro Koizumi, le 1er ministre japonais, présent au Forum de Bo’ao (Hainan, 12-13/4 ), et Li Peng, le Président de l’ANP en visite au Japon les 6-7/4, alternent paroles de paix et appels à la coopération.

Dans ce tableau, les vieilles querelles demeurent, abcès qui tardent à disparaître. Tokyo s’inquiète de la longue shopping list d’armements de l’APL (VDLC N°11), Ichiro Ozawa (Parti Libéral) évoque (06/4) les moyens nippons de se doter de l’arme nucléaire. Le 09/4, le Min. de l’Education japonais autorise un livre d’histoire révisionniste, occultant les massacres japonais en Chine de 1937-1945… Donnant chaque fois des émotions aux hauts cadres chinois, qui se gardent pour autant de tomber dans le panneau des provocations- les chameaux aboient, la caravane passe!

 

 


Argent : China Eastern -comment voler haut, sans vent

· Les échanges sino taïwanais suivent une courbe identique à ceux sino-nippons.

Après de longues années de marée basse depuis 1995 (exercices militaires chinois autour de l’île) et 1997 (crise asiatique), 2001 a été un grand cru pour les investissements taïwanais en Chine : 4214 firmes nouvelles, + 36%, et un investissement engagé de 3MM$, soit +20%, et 10% du total des investissements étrangers directs de l’année.

La nouveauté ne réside pas tant dans la hausse brute du volume que dans la diversification :

[1] sectorielle, avec une percée dans les produits à haute valeur ajoutée (agro-alimentaire, plastique, informatique, environnement, équipement médical…),

[2] géographique, sortant de ses fiefs du Fujian et du Guangdong pour s’étendre dans le Jiangsu et le delta du Yangtsé, l’Ouest (pour la politique fiscale), Pékin (en vue des JO de 2008) et le Liaoning (pour les nouvelles technologies).

[3] structurelle : le grand groupe rattrape, en volume d’affaires, la PME familiale, et les deux travaillent en symbiose (sous-traitance).

 

· Le bilan statistique du 1er trimestre confirme la perspective d’une reprise ferme, et rend plausible le scénario d’un taux de croissance de 7-8% d’ici 2005.

La croissance industrielle a progressé de 10.9% (à 145MM$, +1%), et les ventes au détail ont augmenté de 8.7% (121,5MM$). 18MM$ de bons du trésor (+30%) seront dédiés en 2002 à l’industrie lourde, aux infrastructures (dont 40% au grand Ouest), et au développement rural –c’est nouveau. La State Power Corp. va investir 8,5MM$ dans l’inter connection des réseaux (en plus des 18MM$ déjà payés depuis ’99), dans le but de ramener le prix de l’électricité rurale, au niveau pratiqué dans les villes (jusqu’à présent, seuls 60% des villages sont raccordés à un réseau ouvert à concurrence, et le fermier paie couramment 0,2Y de plus au Kw/h que le citadin.

Un sondage de la BPdC nous apprend que l’épargne maintient sa confiance dans les bons d’Etat: 19.6% leur reviendra, contre 11.6% aux assurances, 7.4% aux titres boursiers – taux qui remonte, pour la première fois depuis 2000, en conséquence de la coupe de la taxe aux transactions.

Reste les zones d’ombre: la baisse des profits automobiles, avec la guerre des prix exacerbée par l’OMC : en janvier-février, 15 marques ont enregistré 116M$ de revenus, moins 22%. Le chômage urbain rampe, toujours plus dur à cacher (l’Etat avoue aujourd’hui 10%). Et surtout, des doutes apparaissent, toujours plus fermes, sur la qualité des statistiques chinoises, et du taux de croissance unique au monde, de la Chine depuis des années – vieille histoire.

 

· Comment une Cie aérienne peut-elle doubler son profit en 2001 au marché déprimé (surtout après le 11/09), avec des coupes moyennes de 40% (à 600Y l’aller Shanghai)?

C’est pourtant ce que vient de faire China Eastern (9/4), en citant un chiffre de +209% (à 66M$), démentant les 22 maisons de courtage qui prédisaient une baisse du même profit, de -19%! L’explication du résultat est édifiante : une petite partie tient à la chance – la dépréciation du Yen, devise d’une part des dettes du groupe- mais surtout au coup de pouce de l’Etat, qui a réduit pour elle de 33 à 15% son impôt des sociétés (lui offrant un crédit de 37M$, et l’épongeage de la moitié de l’arriéré fiscal de 80M$), pour avoir transféré son siège social de l’aéroport de Hongqiao (Shanghai) vers celui de Pudong. De même, la Cie s’est fait alléger ses charges patronales de 11.66M$, en transférant à la SS municipale les dossiers de ses employés. Soutien qui permet au 3ème transporteur chinois de tenir ses engagements: 6 Boeing 737-700 et 2 Airbus A319 en leasing, seront achetés en 2002…

 

· Sun Microsystems, (inventeur du langage Java, 18,5MM$ de capital, présent dans 170 pays) vient d’offrir au Ministère de l’Education son logiciel de traitement de texte StarOffice (6.0), pour duplication et distribution aux écoles et universités. Sun, qui en 1995 avait déjà relié à l’internet 50.000 instituts supérieurs grâce à son système NetDay, y voit l’étape préalable avant l’établissement de 10 centres de télé enseignement.

NB : cette mise à disposition de StarOffice permettra sa mise en vente publique, dès mai, à 60$ pièce: lourde concurrence pour Microsoft-Office, qui assume des fonctions similaires.

Dans la même veine, au chapitre des efforts pour moderniser l’éducation, une loi d’encouragement des écoles privées est déposée (4/04), dont le but sera d’autoriser la prise de profit et le retour sur investissement et de clarifier la propriété. Ceci, pour faire face à la crise d’un système incapable de faire face à la demande à tous niveaux (pré scolaire, primaire, supérieur), carence traduite chaque année par des départs plus massifs vers l’étranger des fils de riches, sinon des plus doués.

 

 


Politique : politique_14_2002

· Résultat probable de déforestation de la Chine et la Sibérie, le dérèglement climatique poursuit son cours sur l’Asie du Nord.

Après 3 mois trop chauds (cf VDLC No13), avril est le temps des tempêtes de sable, étouffant Pékin, contraignant des villes comme Changchun (Jilin) ou Séoul à des fermetures des aéroports, et les hôpitaux à admettre des centaines de milliers de malades des voies respiratoires. La température a baissé de 30°C à des minima de 7°C. Pareilles tempêtes, avec des concentrations de 2070 microgrammes /m3 (la côte d’alerte est à 1000mgr/m3) n’ont plus été vues en 15 ans. Très visibles par satellites, ces sphères sableuses de centaines de km de diamètre voyagent jusqu’à 11000km, à Portland (Oregon), et peuvent s’alterner au brouillard et à la pluie, causant (16/4) causent le crash d’un B.767 d’Air China en approche de Pusan, Corée /sud (120 morts, 39 survivants).

Au Sud, des trombes d’eau apparaissent –Baozhong (Sichuan) subit 2,8M$ de dégâts. Ce n’est qu’un début: comme en 1998, année de crues célèbres, un hiver et un printemps anormalement doux ont fait fondre prématurément les neiges du Tibet, qui cherchent leur chemin vers les grands cours. Les conséquences sur l’économie sont également nettes : absentéisme dans les usines comme dans les magasins les écoles ou le tourisme : sous la tempête, la Chine du nord tourne au ralenti. Consciente de ses risques(7/04), la Chine vient d’investir 964M$ sur son 1er programme météo (2001-2010), afin de dessiner et produire satellites et radars avancés à Doppler digital, destinés à faire face au réchauffement de la planète. But: intégrer le facteur météo dans la recherche en différents secteurs tels agronomie, conservation de l’eau ou transports, face au phénomène, et la prédiction à long terme des extrêmes climatiques en Chine.

· La session annuelle « Chine » de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève (10/04), fut exceptionnellement brève : en l’absence des US, éliminés de cette instance en automne 2001, il ne se trouva aucun pays pour soumettre l’inscription du pays à l’agenda des travaux. Le même jour, Amnesty International publiait son rapport annuel, selon lequel la Chine mènerait sur son territoire, davantage d’exécutions (1781 en 4 mois) que le reste du monde confondu. La Chine a rejeté ces accusations comme «infondées», et salué l’absence de dépôt de résolution critique contre elle, comme preuve de la reconnaissance croissante d’un respect chinois des droits de l’homme.

· Le nombre de séropositifs en Chine vient encore d’exploser, selon le dernier rapport présenté par le Directeur du Département d’épidémiologie du Ministre de la santé. Au 31 décembre, les porteurs du virus recensés étaient 30736, dont 1595 sidéens. Chiffres très bas mais notoirement faux. Les estimations du ministère sur la portée du fléau, sont passées de 600 000 à 850 000, soit un taux de progression de 40%. La Chine aurait déjà eu 200 000 sidéens dont la moitié décédés. Le Sida demeurerait transmis, à 70%, par le partage d’aiguilles entre héroïnomanes, surtout entre jeunes hommes, dans l’Ouest (Yunnan, Xinjiang, Guangxi, Sichuan), mais aussi au Centre (Anhui, Henan), au sud (Guangdong), et -c’est nouveau – dans Pékin et Shanghai. Le dernier rapport n’admet toujours pas l’existence d’un scandale du sang contaminé dans le Henan qui, de source médicale locale, causait dès l’an passé un M de cas.

· au pied des plages immaculées de l’île tropicale de Hainan, les 12-13/04, le Bo’ao Forum for Asia, a tenu la seconde session de son histoire, une semaine avant le WEF, pas par hasard : cette initiative «privée» répondant à la demande de la Chine, voire de nombreux pays riverains, de se retrouver «en famille asiatique », entre chevaliers d’industrie et leurs ministres, affranchi des influences occidentales. Ce sommet de plus de 2000 participants de 48 pays n’avait rien laissé au hasard pour s’imposer d’emblée dans la cour des grands, ayant rassemblé quatre premiers ministres « poids lourds » (Zhu Rongji, le nippon Koizumi, le coréen Lee Handong et le thaï Thaksin Shinawatra), et de prestigieux sponsors comme Goldman Sachs, Siemens, CNN ou Audi. Ce sommet présenta simultanément ses immenses ambitions, et la longue marche devant lui pour parvenir à maturité: l’ambiance fut parfois tendue, du fait d’une maîtrise défectueuse des travaux – retards dans l’horaire, modérateurs et interprètes absents, pannes de micro… Ces difficultés furent aiguisées par une maladresse de la puissance invitante, qui accapara: le Président malais de l’an passé, diplomate respecté, avait été remplacé sans concertation par un cadre de la RPC qui revendiqua pour la conférence deux langues officielles : anglais ET mandarin (que personne parmi les 47 autres pays, ne parle). Zhu Rongji sauva la situation en s’excusant pour les déficiences et en réitérant le fait que ce Forum « appartenait à tous ». Couacs mis à part, le Forum de Bo’ao a permis de retrouver le meilleur esprit de ce genre de grande messe économique : s’affranchir des poncifs compassés de ses rivaux, pour émettre des grandes idées d’avenir. Koizumi osa brandir un thème mal vu en Asie jusqu’alors, l’exemple de l’Union Européenne, et ses 50 ans d’effort, pour atteindre une intégration économique, tout en interpellant : « pouvons-nous exiger moins pour notre région » ? Koizumi voit les disparités de l’Asie mais aussi les besoins qui la rassemblent, notamment l’énergie (pour une coopération permettant de limiter la dépendance au Moyen Orient), la finance et les monnaies (avec l’initiative de Chiangmai pour une protection commune contre la spéculation internationale, qui fit plier les genoux à la plupart des devises asiatiques en 1997), et le commerce et les investissements, (avec un projet de zone de libre échange, entre ces pays dont le commerce avec la Chine atteint aujourd’hui 288MM$). Ce qui frappa le plus, durant ce forum : l’apparition d’un tandem sino-japonais – seule force susceptible de dégager une cohésion et une direction à cette Asie en quête d’avenir. Koizumi avait «fait une fleur» à Pékin en acceptant de venir à ce sommet encore en manque d’audience. Plusieurs fois, Zhu Rongji et lui-même notèrent « l’amitié » entre les deux pays – ce qui n’allait pas de soi. Moment fondateur, et dans tous les esprits, un modèle règne, en filigrane : celui de l’UE, et de sa « locomotive » franco-allemande !

·  En ce printemps 2002, anniversaire des 30 ans de relations diplomatiques sino-japonaises, les deux pays vivent un tournant qualitatif dans leurs rapports -moins dicté par le sentiment, que par les réalités d’affaires. Attiré par les 7 à 8% de taux de croissance chinois, et découragé par sa stagnation depuis 10 ans, l’establishment nippon industriel (Minolta, Matsushita, Sony, Hitachi, Toshiba) – mais aussi financier (Mizuho) abandonne sa stratégie du «Vol d’oies sauvages» des années ’90 vers le Continent, et s’apprête à y déplacer des parts de son outil pour s’y ancrer à long terme. Symptomatiquement, ce lobby réclame à présent de leur gouvernement le même démarchage, qu’assurent à leurs groupes les pays de l’UE, et les US : c’est un -dur- virage psychologique à négocier!

Les chiffres ne trompent pas : sourd aux heurts politiques, le commerce bilatéral a progressé à 89,1MM$ en 2001, faisant du Soleil Levant le premier partenaire de l’Empire du Milieu. Entre avril et décembre 2001, les investissements japonais, à 771M$, ont doublé – très loin derrière le record de 1995, à 4,5MM$, mais belle reprise. Matsushita par ex., a 41 usines chinoises. En Chine, deux villes sont en pointe dans l’effort d’attirer les ca-pitaux du Japon, et y ont lancé en 2002 des missions : Wuxi (Jiangsu) et Dalian (Liaoning).

Dans les gouvernements aussi, on plante doucement les clous du décor de détente : Junichiro Koizumi, le 1er ministre japonais, présent au Forum de Bo’ao (Hainan, 12-13/4 ), et Li Peng, le Président de l’ANP en visite au Japon les 6-7/4, alternent paroles de paix et appels à la coopération.

Dans ce tableau, les vieilles querelles demeurent, abcès qui tardent à disparaître. Tokyo s’inquiète de la longue shopping list d’armements de l’APL (VDLC N°11), Ichiro Ozawa (Parti Libéral) évoque (06/4) les moyens nippons de se doter de l’arme nucléaire. Le 09/4, le Min. de l’Education japonais autorise un livre d’histoire révisionniste, occultant les massacres japonais en Chine de 1937-1945… Donnant chaque fois des émotions aux hauts cadres chinois, qui se gardent pour autant de tomber dans le panneau des provocations- les chameaux aboient, la caravane passe!

 

 


A la loupe : Jungle et n°1 global – le jouet chinois!

Première exportatrice mondiale du jouet (près d’1MM$ exportés en2001 dont 48% vers les US), la toute jeune industrie chinoise est une jungle, avec son lot de vainqueurs et de vaincus.

Vaincue, l’usine électronique de Shuihe à Dongguan (Guangdong) voit (08/04) ses 2000 employés manifester pour toucher leurs salaires – le patron taiwanais s’est enfui avec la caisse. Shuihe produisait des genres gameboy pour des groupes comme Wal-mart ou Mattel. En fév., les clients se sont retirés, (l’année 2001 avait été mauvaise pour tout le monde), forçant la firme à la faillite. On découvrit alors les conditions scandaleuses d’emploi: une vie de chiourme en dortoirs, 19 h./jour de travail, à 20 cent d’²/h, et une pluie d’amendes fantaisistes.

Vainqueur, le groupe « Love Health», à Wenzhou (Zhejiang), se dit "un des 10 grands mondiaux du jouet pour adulte », produit 10.000 articles/j, exportés à 70%: vibromasseurs, poupées gonflables femmes et hommes, voire pour les audacieux, des canots de caoutchouc à deux places. Son patron Wu Wei (ex-employé, 33 ans) avait d’abord fondé à Pékin les sex-shops mitoyens et séparés, "Adam" et "Eve".

JV datant de 1995, avec un discret partenaire nippon, Love tient face à la concurrence mondiale grâce à ses coûts bas (- de 100Y l’article), et à la recherche: 500.000 ² /an, portant par ex. sur une poupée à la peau et température humaines, douée de parole et de mouvement… Pour l’avenir, le groupe vise moins le marché étranger que celui de Chine. Prude à l’extrême, le chinois de Wenzhou attend la nuit pour se risquer au sex-shop, attisé par un désir de plaisir qui est sans doute une des nouveautés en Chine du XXIs.

« La demande est d’autant plusintense qu’elle est réprimée », dit Wu Wei, « quand elle s’exprime, rien ne l’endigue plus".

 


Joint-venture : la Chine n’a peur de personne à moto…

· Le 7/4, Morgan Stanley s’illustre dans un domaine inattendu, l’agriculture. En s’engageant à prendre 17% (30M$ et 10% de son investissement en Chine) de Shifeng (Shandong), premier producteur et vendeur de véhicules agricoles en Chine, la banque d’affaires répond à l’appel du pouvoir, pour assister le secteur occupant la plus récente priorité du gouvernement. Avec 193,5M$ d’actifs et un profit de 60,5M$ (10% du chiffre d’ affaires), Shifeng est le groupe le plus rentable du secteur depuis 6 ans. L’injection de fonds de M.S. lui évite de devoir entrer en bourse – action que l’expérience et les contacts de MS seraient pourtant de nature à faciliter. De même, MS s’engage à éviter toute influence dans les choix de production et de R&D. La banque d’affaires US se bornera à renforcer son partenaire en matière de gestion et d’image voire (par ses contacts avec de nombreuses Cies globales), en fait de distribution à l’étranger. Morgan Stanley annonce que cette entrée directe dans une EE en bonne santé et à fort potentiel sera répétée – elle constitue une de ses stratégies de pénétration en Chine. M.S. pouvant retirer sa participation, conformément à la pratique internationale, dès que Shifeng entrera en bourse.

· Les Douanes de Tianjin s’inquiètent, et divers ministères avec elles, d’une tendance au rejet international de ses exports agro-alimentaires. De décembre à février, 2.312t de produits d’une valeur de 1.3M$, ont été retournés à l’envoyeur, et rien qu’en janvier les rejets ont dépassé de 56% ceux constatés 12 mois plus tôt. En février, les retours sont retombés à +5%, du fait d’une politique beaucoup plus prudente d’expéditions. La raison de cette désaffection tient à l’imposition, juste après l’entrée à l’OMC (et l’allégement des taxes étrangères pour les produits chinois), de barrières non tarifaires, sous forme de contrôles de qualité. Dans un domaine sensible comme l’agro-alimentaire, ce nouveau mur, très peu dans la philosophie de l’OMC, a un double sens : les pays riches veulent protéger à la fois Ê leur propre agriculture d’une concurrence imbattable, Ë et la santé de leurs concitoyens, par exemple d’agents conservateurs ou d’antibiotiques interdits sur leur sol. Pour une Chine dont les marchés extérieurs constituent une des seules chances de sauver son agriculture obsolète et aux effectifs pléthoriques, c’est un signal d’alarme, impliquant la nécessité de se mettre aux normes, à moins de devoir abandonner ses légitimes ambitions mondiales de géant vert.

· Sony saute le pas en établissant fin février, avec 2 partenaires shanghaiens (Synergy Multi Media et Jingwen) une JV musicale, Epic Music. Sa part est de 49% (invest de 30M$). Elle est la première à entrer dans ce secteur ouvert à l’étranger par l’OMC, mais le risque est fort, du fait du piratage en Chine, où les ventes de disques et cassettes ont fondu de 80% à 79,5M$ entre ’92 et 2000 – la copie illicite règne sur 95% du marché chinois. La JV a pour mandat de distribuer le répertoire Sony à travers les 30 provinces. Toutefois la production d’albums restera le privilège des partenaires chinois, titulaires de la licence de production. Sony espère atteindre l’équilibre financier sous 2 à 3 ans – le partenariat est pour 5 ans.

NB : déjà détenteur de la licence de distribution, mais apparemment plus frileux, le rival Warner ne compte pas matérialiser sa JV avant 2003.

· Jusqu’à présent les constructeurs auto et moto japonais avaient souvent misé sur une production bas de gamme, afin de réserver au made in Japan le produit cher pour l’export. Dix ans après, cette stratégie conservatrice se paie. Associé à Tianjin Auto, Toyota a perdu le marché populaire : la Xiali a vu ses ventes fondre en 2000, suite à l’ arrivée d’une marque privée, Geely (Zhejiang). Toyota exige, pour maintenir la coopération, une fusion de Tianjin avec First Auto Works (FAW) de Changchun (Jilin). Manquant d’un véhicule à bas prix, FAW, partenaire de VW, profiterait d’une telle fusion, mais refuse de reprendre les mauvaises dettes de Tianjin…

Mêmes soucis dans la moto,Yamaha a régné 20 ans grâce à son modèle V80, produit par sa JV avec Jianshe (Chongqing), avant de se retrouver dépassé par des modèles plus accrocheurs et moins chers. Tardivement, Yamaha réagit en renflouant la JV, promettant (26 mars) d’introduire ses modèles les plus neufs et de décupler la production d’ici 2004. Honda, de même, avec ses trois JV, a plafonné avec 3% du marché chinois, puis s’est allié en septembre 2001 à Sundiro (Hainan), créant 3 filiales (Hainan, Shanghai, Tianjin) chacune sur un créneau de prix, afin de fournir, pour deux fois moins cher qu’avant, 3 à 4M de motos/an soit 1/3 du marché.

· La nouvelle chaîne TV en mandarin du groupe Murdoch, en Chine/Sud depuis début du mois, annonce sans ambiguïté la couleur par son nom: Xin Kong, «Ciel étoilé», comme la bannière de l’hymne US : c’est une TV de masse et jeune, clonant localement (à bas prix) des programmes à succès outre-Atlantique, tels «Wanted! in China » (le RV de recherche de bandits), « la femme juge » (remake de l’émission « Juge Judy »), ou «les plus hilarantes vidéo familiales ».

Avec ce petit dernier, le groupe « Star » détient en Asie 53 chaînes, 70M spectateurs quotidiens et… 1MM$ de pertes. Xin Kong ne sera pas profitable avant 2 ans, faute de recettes de pub solides d’ici là. Star vise, pour Xin Kong, une audience de 7M avant 2003, par le réseau câblé.

· Pratique très neuve en Chine, Shell China Exploration & Production, responsable d’une part de la construction du futur gazoduc Urumqi-Shanghai, commande une enquête d’impact social du projet auprès des 8 provinces riveraines, dans le but de «maximiser les bénéfices socio-économiques et de promouvoir une croissance équitable». Le sondage et les études seront menés par des consultants chinois et étrangers, publics et privés auprès de toutes les parties concernées (individus, mairies, ONG…). Au cours de ce processus, la transparence est promise – pour réaliser l’enquête, Shell recourt aux services de l’UNDP. Publiés à partir de mi-2002, les résultats serviront à définir un programme d’investissements sociaux le long des 4000km de l’ouvrage, financé par les partenaires du consortium et le gouvernement.

Par cette démarche jusqu’alors inexplorée en Chine, le groupe Shell apporte une «valeur ajoutée» au projet, en investissant dans l’image du groupe et de l’outil futur. Elle répond à un souci partagé par tous les chantiers de pointe en ce pays (barrage des trois Gorges, centrales nucléaires, futur canal Yangtzé-Fleuve Jaune) : par leur complexité et leur vulnérabilité, de tels investissements exigent un degré d’acceptation par les riverains, et donc, de réflexion concertée, sur leurs propres besoins, en rapport à ce projet!


Temps fort : Génomique- Pékin dans la cour des grands!

L’institut pékinois de génomique a surpris son monde en annonçant (8/4) le séquençage du riz indica – l’espèce la plus cultivée en Chine. C’est, disent les experts, l’annonce la plus importante depuis le décryptage du génome humain en 2001.

Ce résultat couronne 5 ans de travail de 11 universités chinoises, financé par 5M$ de l’Etat. La Chine tente de mener sa recherche à un niveau que seuls les US aujourd’hui se permettent. Elle peut le faire, avec ses nombreux chercheurs et professeurs itinérants, employés aux US, en Europe et Australie. Autre atout, ses coûts de fonctionnement moins élevés qu’ailleurs.

Evidemment pour des raisons budgétaires, contrairement à d’autres joueurs comme la France qui mènent leur recherche génomique sur plusieurs fronts, la Chine a concentré ses efforts sur une espèce, qui offre le double avantage d’être sa culture principale, et la "pierre de Rosette des céréales", celle au génome le plus petit (donc, le moins complexe et le plus facile à décrypter), permettant de remonter aux autres du groupe végétal.

Avec ce séquençage du riz indica, le programme vise un double bénéfice. A terme, la maîtrise des gènes permettra de créer des souches plus résistantes aux pestes, à la sécheresse, et plus nutritive, dont la Chine profitera sans délai, contrairement aux européens, qui l’étudient pour l’intérêt de la science universelle, mais ne le cultivent pas. D’autre part, cette recherche familiarise la Chine aux outils informatiques d’avenir, aujourd’hui d’un coût ruineux. Le gros volume d’infos livrées par le génome impose, pour leur interprétation, l’usage de PC à haute puissance."Mais dans 10 à 20 ans", explique Alain Bonjean de Limagrain, "de tels outils seront à la portée de tous – et ce ne seront pas forcément les gros qui gagneront. Comme en informatique, on pourrait voir un Bill Gates sortir avec une bonne idée, pour damer le pion à IBM". Voilà comment la science chinoise, pragmatique, tente sa chance, avec pour enjeu, la maîtrise mondiale d’un secteur agronomique de pointe.


Petit Peuple : Shangrila,détournement de paradis

· à 2 semaines du coup d’envoi de la Coupe du Monde, la fièvre du football ne lâche plus la Chine, aux 2M fans sociétaires de l’ACF (la Fédération).

% Lundi 8, Meide, firme cantonaise d’électro ménager, offrait 12000 $ au Fonds du jeune foot, pour tout but chinois -sauf lors des «tirs au but».

%Mardi 9, les dirigeants de l’ACF élurent l’équipe Dragon – l’équivalent chinois des ballons d’or.

%Le 10, la cour de Xuanwu (Pékin) confirma l’ inculpation de Gong Tianping, 1er arbitre chinois accusé de corruption (120000$) : les autorités tentent le grand nettoyage des matchs truqués, conscientes de l’immense risque, sinon, de briser dans l’oeuf un sport si populaire et prometteur.

%Enfin, Wang Wen, le prsdt de l’ACF, protesta contre les tour operators coréens. La Chine a dévoré les 10.749 billets de stade alloués pour "ses" 3 matches préliminaires (poule C). Mais les tarifs exigés (1200$ pour 1 match et 3 j., 3600$ pour 3 matches et 10 jours) sont exorbitants. Pire, Séoul entend se prémunir de l’émigration clandestine, en prélevant une caution de 8000$ par touriste. En définitive, toutes ces nouvelles expriment une ferveur inimaginable. Et si, comme le prédit l’entraîneur-fétiche B. Milutinovic, son équipe franchit le 1er tour, on ne répond plus de rien – ce sera le délire!

NB : depuis février, au moins 80 faux touristes chinois se sont fondus dans la nature du ‘Matin Calme’, attirés par les salaires décuples.

· Protégée dans l’écrin des Himalayas entre Bouthan et le Sikkim, entre monts immaculés et lacs bleutés, se cache, dit la légende, une vallée riante de verdure, de cascades pures, de sources chaudes et monastères où, comme il se doit, les mortels n’ont plus à se soucier du nombre de leurs printemps : Shangri-La… ou Shambala, étape finale (inaccessible) d’écoles bouddhistes et d’autres yogi – retraite du monde. Quoique dé-crivant différemment son propre paradis (sous la forme de  shi wai tao-yuan, «jardin des pêchers d’outre-terre»), la Chine vient d’arrimer ce site à son territoire, par décision du Conseil d’Etat du 18 mars. Dès 1997, le district de Zhongdian (Yunnan) avait décidé de se renommer  Xianggelila (Shangrila). La plus haute instance administrative du pays vient d’entériner ce coup sémantique, suscitant immédiatement une levée de boucliers dénonçant la mainmise commerciale sur un mythe de toute l’Asie. La mesure est défendue par un professeur Cheng, de Taipei qui note que Zhongdian est la vallée décrite par «Horizon perdu», roman de l’américain James Hilton (1933), immense succès adapté en film… CQFD. Zhongdian-Shangrila ne sera peut- être pas le paradis de tous, mais peut-être au moins celui d’une catégorie professionnelle : les tours opérateurs.