Le Vent de la Chine Numéro 24

du 1 au 7 juillet 2001

Editorial : editorial_24_2001

Les jours d’avant le 80 anniversaire du Parti communiste chinois (PCC) le 1er juillet ont vu s’exacerber la sévérité, signe possible de tensions internes.

L’échéance du choix (13/07)de la capitale des J0 2008, a causé le report (27/6) du procès d’un webmaster dissident, mais non celui de l’exécution de deux terroristes ouighurs. Le carcan sur la presse s’est reserré : un photo-graphe US frappé place TAM (23), un quotidien nankinois fermé et “ré-éduqué” trois mois (25), 150 Red. Chef convoqués à Pékin (2-3/07) …

La journée mondiale contre la drogue (26) fut marquée par 57 exécutions de dealers: traduisant l’exaspération, face à un trafic en croissance hors contrôle. Depuis jan., ont été saisies 2,2t d’héroïne, 2 d’ice, 1,2 d’opium. Les drogués officiels ont augmenté de 13% à 860.000 (dont toujours plus de femmes) – coût de l’érosion du tissu rural et industriel.

Le 1er juillet, eurent lieu des fêtes somptuaires comme la Chine en connaît depuis le 50. Anniversaire du régime (oct. 1999), en multiplex TV, précédées par la réouverture d’édifices de prestige tel l’opéra (chinois) de 1796 à Pékin… Fêtes en place pour consacrer l’élévation personnelle du Président Jiang  au niveau de Mao et de Deng, sous la théorie protéiforme, ambiguë des «trois représentativités».

Ce tableau est contredit par sa toile de fond, la sélection du futur leadership appelé à en relayer la troïka Jiang, Li Peng et Zhu Rongji en mars 2003.

Un nom inattendu ressort: celui de Li Ruihuan, Président du CCPCC, mal en cour depuis 12 ans, payant son rôle de bras droit du 1er Secrétaire Réformateur Zhao Ziyang, qui fut limogé après la crise de juin 1989.

Le jeu (traditionnel en socialisme chinois), consiste à se pousser hors de la nacelle, au nom de la limite des 70 ans : elle joue en faveur de Li Ruihuan (qui aura 67 ans lors du 16. Congrès d’octobre 2002), contre Li Peng (72ans) et Jiang (74ans).

Certains voient déjà aux commandes Li et deux jeunes, Hu Jintao et Wen Jiabao (58 chacun) : cela donnerait un cocktail moins «pro-Jiang», en tenant à l’écart des fidèles tels Zeng Jinghong (patron de l’administration) ou Li Changchun. Hu Jintao est dauphin de Jiang Zemin mais surtout de Deng Xiaoping, et Wen Jiabao, l’homme-lige de Zhu Rongji. Si ces tendances se vérifient, on verra d’ici peu le retour de la collégialité, toutes grandes tendances représentées, démentant l’impression d’un pouvoir solitaire Ce démenti ressort d’ ailleurs, depuis 6 mois, dans bien des interviews de leaders, Jiang en tête !

 


Editorial : Li Ruihuan, l’homme qui monte!

Les jours d’avant le 80 anniversaire du Parti communiste chinois (PCC) le 1er juillet ont vu s’exacerber la sévérité, signe possible de tensions internes.

L’échéance du choix (13/07)de la capitale des J0 2008, a causé le report (27/6) du procès d’un webmaster dissident, mais non celui de l’exécution de deux terroristes ouighurs. Le carcan sur la presse s’est reserré : un photo-graphe US frappé place TAM (23), un quotidien nankinois fermé et “ré-éduqué” trois mois (25), 150 Red. Chef convoqués à Pékin (2-3/07) …

La journée mondiale contre la drogue (26) fut marquée par 57 exécutions de dealers: traduisant l’exaspération, face à un trafic en croissance hors contrôle. Depuis jan., ont été saisies 2,2t d’héroïne, 2 d’ice, 1,2 d’opium. Les drogués officiels ont augmenté de 13% à 860.000 (dont toujours plus de femmes) – coût de l’érosion du tissu rural et industriel.

Le 1er juillet, eurent lieu des fêtes somptuaires comme la Chine en connaît depuis le 50. Anniversaire du régime (oct. 1999), en multiplex TV, précédées par la réouverture d’édifices de prestige tel l’opéra (chinois) de 1796 à Pékin… Fêtes en place pour consacrer l’élévation personnelle du Président Jiang  au niveau de Mao et de Deng, sous la théorie protéiforme, ambiguë des «trois représentativités».

Ce tableau est contredit par sa toile de fond, la sélection du futur leadership appelé à en relayer la troïka Jiang, Li Peng et Zhu Rongji en mars 2003.

Un nom inattendu ressort: celui de Li Ruihuan, Président du CCPCC, mal en cour depuis 12 ans, payant son rôle de bras droit du 1er Secrétaire Réformateur Zhao Ziyang, qui fut limogé après la crise de juin 1989.

Le jeu (traditionnel en socialisme chinois), consiste à se pousser hors de la nacelle, au nom de la limite des 70 ans : elle joue en faveur de Li Ruihuan (qui aura 67 ans lors du 16. Congrès d’octobre 2002), contre Li Peng (72ans) et Jiang (74ans).

Certains voient déjà aux commandes Li et deux jeunes, Hu Jintao et Wen Jiabao (58 chacun) : cela donnerait un cocktail moins «pro-Jiang», en tenant à l’écart des fidèles tels Zeng Jinghong (patron de l’administration) ou Li Changchun. Hu Jintao est dauphin de Jiang Zemin mais surtout de Deng Xiaoping, et Wen Jiabao, l’homme-lige de Zhu Rongji. Si ces tendances se vérifient, on verra d’ici peu le retour de la collégialité, toutes grandes tendances représentées, démentant l’impression d’un pouvoir solitaire Ce démenti ressort d’ ailleurs, depuis 6 mois, dans bien des interviews de leaders, Jiang en tête !

 


A la loupe : LA SHENYANG CONNEXION!

Le torchon brûlait depuis juillet 1999 à Shenyang, capitale du Liaoning –Ma Xiangdong, vice-maire,avait été arrêté de retour de Macao après avoir perdu, au jeu, $4,8M d’argent du budget municipal, quand on le croyait en stage à l’école du PC à Pékin. Lancée en décembre 2000 par 3 instances nationales, l’enquête de la  jilüjiancha (police du parti) a ceci de nouveau, dans le dossier corruption: elle pose officiellement la question des liens entre  sanhehui (triades) et administration.

Action d’ampleur: pour éviter collusions, faux témoignages voire évasions, 100 édiles arrêtés ont été déplacés à Nankin…1100km plus au sud. L’enquête se concentre sur Liu Yong, ex-haut cadre du PCC, patron de la police, qui s’est taillé un fief fondé sur la corruption, l’évasion fiscale, le racket et le meurtre (42 cas dont certains perpétrés par des agents). Liu et 20 de ses sbires comparaîtront incessamment. Parmi les autres accusés figurent rien moins que les ex-chef des finances, des travaux publics, et le maire Mu Suixin, 58 ans, qui aurait touché $8,4M, avec des compagnes (présente et ex-) !

Le scandale menace aussi d’éclabousser l’ex-gouverneur du Liaoning, Zhang Guogang.

L’affaire est si sensible que Jiang Weiping, journaliste ayant écrit sur le thème en 1999, vient d’en prendre pour 4 ans pour divulgation de «secrets d’Etat». Mauvaises nouvelles pour cette ville déprimée de 6,9M d’âmes, qui tente -non sans succès ponctuels- de se construire un avenir de centre hightech, et d’attirer les investissements étrangers, par les exigences très basses de sa masse salariale 


Pol : Corée du Nord -la chance sourit aux audacieux

· Face à l’Assemblée Générale de l’ONU (26/6), Zhang Wenkang, Min. de la Santé, a admis (c’est une 1ère, en public), plus de 600.000 porteurs du VIH en Chine, et une hausse de 30%/an. Le problème du sang contaminé, «réglé», n’entraînerait plus que 4à 6% des cas (virulence en baisse de 40% depuis 1996). Les victimes se trouveraient pour 70% parmi les héroïnomanes partageant leur seringue et 10% dans le circuit du sexe vénal. Pour limiter à 10% la hausse, le ministre a prôné des méthodes telle l’abstinence des paradis artificiels ou corporels, d’autres plus «in» comme la multiplication des distributeurs de condoms, des tests de dépistage, et des programmes de sensibilisation à tous niveaux -médical, des cadres, des jeunes. Cependant, Pékin n’a investi, en 2001, que $12,4M dans cette lutte: vu la libération des moeurs et l’extension des migrations intérieures, l’ONU craint que la Chine ne se trouve au seuil d’une explosion du fléau.

· Les intempéries frappent le Sud côtier. Venu de Taiwan, le typhon Chebi s’est acharné sur le Fujian (24/6), causant 73 morts, 87 disparus, et des dégâts estimés à 3.5MMY (centaines de milliers de maisons rasées, d’ha de cultures détrui-tes, cargos échoués…). A Hangzhou (Zhejiang), 22 ouvriers sont morts (26) surpris par un déluge de boue. Chaque année, cette région paie le prix de sa densité, contraignant les nouveaux venus à s’établir en zones inondables.

· Chassées par la faim, des hordes (150.000?) de nord coréens ont trouvé refuge dans le Nord-Est, parfois recueillis par leurs frères locaux. D’autres ont été rapatriés de force. En 2000, les filières sud-coréennes sur place pour les aider, ont dû quitter. Voilà pourquoi une famille de 7 a osé, et réussi à trouver refuge (27) à Pékin à l’UNHCR, «priant le monde de se pencher sur leur problème». S’agissant de petites gens (non gênants pour Pyongyang), Pékin a été accommodant : il a laissé la famille quitter pour l’étranger (Séoul) – non comme réfugié (!), mais pour raisons de santé. L’UNHCR, à présent, est très bien gardé !

· Les US ont imposé (14/6) des sanctions contre une firme chinoise, Yongli (Nanjing) pour avoir fourni à l’Iran des substances chimiques pouvant entrer dans la composition d’armes biologiques, en infraction au pacte de 1997 contre les armes chimiques, signé par USA, Chine et Iran. En vertu de ces sanctions, Yongli perd ses licences commerciales, publiques ou privées, avec les US. C’est la seconde sanction US de ce type à Yongli -la première avait été édictée en mai ’97, pour des livraisons de produits chimiques et de récipients en verre gradué, soupçonnés d’usage terroriste. L’impact sur les relations diplomatiques semble limité : le Secrétaire d’Etat US Colin Powell et son homologue Tang Jiaxuan ont même convenu, par téléphone le 28/06, que les relations bilatérales s’étaient améliorées!


Argent : voyages – l’assurance à la rescousse

· Ses semblables à travers le monde chantent le blues, mais Legend, géant chinois du PC, n’en finit pas d’amasser ses profits: au terme de l’année fiscale (31/03), il annonce (27/6) + 79% et 110M$ de gains, pour un volume d’affaires de $3,5MM (+56%), et des ventes de 2,61M de PC (+77%). Malgré un regain de la concurrence intérieure et étrangère cet été -période où se montent 1/3 des PC – Legend a de bons atouts pour augmenter ses 35% de parts de marché: un puissant réseau de revendeurs, de SAV, 7 nouveaux modèles (22/6). Legend est aussi entré (comme tout le secteur) dans le jeu glissant de la guerre des prix : Le Tianxi II (Pentium 4, 1,3 Go) se vend $1088, moins 20%. Legend espère livrer 4M de PC d’ici mars 2002. Il est taxé d’optimisme par la bourse de HK (29/6), où ses parts ont perdu 10,5%. Mais même ainsi, le titre demeure un des plus performants de l’indice Hang Seng, et la demande de PC en Chine reste réputée monter de 25%/an jusqu’en ’03, deux fois plus vite qu’aux US et en Europe.

· Que les touristes chinois profitent de l’été! Les package tours augmenteront, avec ce nouveau règlement de l’Administration Chinoise du Tourisme, au 1er septembre, imposant aux agences, sous peine de « sévères sanctions » une police (chinoise) d’assurance pour chaque voyage, couvrant toutes les misères de la route-décès, maladie, blessures, vol, incendie etc. Jusqu’alors, les agences indemnisaient directement (ou pas!) leurs clients en cas de problème à partir d’un seuil (10.000$ en Chine, 20.000 $, passée la frontière). La règle profitera à tout le monde – les agences laisseront aux assureurs la charge des litiges -à chacun son métier. Seul «hic»: selon la règle présente, les assurances-vie n’ont pas le droit de couvrir la valise!

· Le 25/6 la SETC a publié son plan quinquennal textile. Prévoyant une intensification de la concurrence « pauvre » (Indonésie, Vietnam), le projet préconise l’achat de nouvelles machines pour occuper des créneaux plus haut de gamme (pied de poule, shintz, textile auto…). Les auteurs prédisent une concentration de capacité : les groupes de plus de 100.000 tonnes passeront de 7, à 20 en 2005. Pour franchir la vague, la SETC encourage les firmes côtières, les plus riches, à poursuivre la promotion de leur marque et de leurs exports. Celles du Centre viseraient le marché intérieur, celles de l’Ouest, les marchés d’avenir (énergie, mat 1ère, salaires à coûts imbattables), soutenue par les investissements étrangers. D’ici 2005, Pékin voit une poussée des exports de 25%, à 75MM$, dont 70%  à forte valeur. C’est ce qui déplaît au Mexique, dernier membre de l’OMC à n’avoir pas signé avec la Chine : son textile fait vivre 1M de pers. Mexico tente de sauver, pour 15 ans encore, sa taxe anti-dumping (400%) sur 1.400 produits chinois depuis ’94.

 


Politique : politique_24_2001

· Face à l’Assemblée Générale de l’ONU (26/6), Zhang Wenkang, Min. de la Santé, a admis (c’est une 1ère, en public), plus de 600.000 porteurs du VIH en Chine, et une hausse de 30%/an. Le problème du sang contaminé, «réglé», n’entraînerait plus que 4à 6% des cas (virulence en baisse de 40% depuis 1996). Les victimes se trouveraient pour 70% parmi les héroïnomanes partageant leur seringue et 10% dans le circuit du sexe vénal. Pour limiter à 10% la hausse, le ministre a prôné des méthodes telle l’abstinence des paradis artificiels ou corporels, d’autres plus «in» comme la multiplication des distributeurs de condoms, des tests de dépistage, et des programmes de sensibilisation à tous niveaux -médical, des cadres, des jeunes. Cependant, Pékin n’a investi, en 2001, que $12,4M dans cette lutte: vu la libération des moeurs et l’extension des migrations intérieures, l’ONU craint que la Chine ne se trouve au seuil d’une explosion du fléau.

· Les intempéries frappent le Sud côtier. Venu de Taiwan, le typhon Chebi s’est acharné sur le Fujian (24/6), causant 73 morts, 87 disparus, et des dégâts estimés à 3.5MMY (centaines de milliers de maisons rasées, d’ha de cultures détrui-tes, cargos échoués…). A Hangzhou (Zhejiang), 22 ouvriers sont morts (26) surpris par un déluge de boue. Chaque année, cette région paie le prix de sa densité, contraignant les nouveaux venus à s’établir en zones inondables.

· Chassées par la faim, des hordes (150.000?) de nord coréens ont trouvé refuge dans le Nord-Est, parfois recueillis par leurs frères locaux. D’autres ont été rapatriés de force. En 2000, les filières sud-coréennes sur place pour les aider, ont dû quitter. Voilà pourquoi une famille de 7 a osé, et réussi à trouver refuge (27) à Pékin à l’UNHCR, «priant le monde de se pencher sur leur problème». S’agissant de petites gens (non gênants pour Pyongyang), Pékin a été accommodant : il a laissé la famille quitter pour l’étranger (Séoul) – non comme réfugié (!), mais pour raisons de santé. L’UNHCR, à présent, est très bien gardé !

· Les US ont imposé (14/6) des sanctions contre une firme chinoise, Yongli (Nanjing) pour avoir fourni à l’Iran des substances chimiques pouvant entrer dans la composition d’armes biologiques, en infraction au pacte de 1997 contre les armes chimiques, signé par USA, Chine et Iran. En vertu de ces sanctions, Yongli perd ses licences commerciales, publiques ou privées, avec les US. C’est la seconde sanction US de ce type à Yongli -la première avait été édictée en mai ’97, pour des livraisons de produits chimiques et de récipients en verre gradué, soupçonnés d’usage terroriste. L’impact sur les relations diplomatiques semble limité : le Secrétaire d’Etat US Colin Powell et son homologue Tang Jiaxuan ont même convenu, par téléphone le 28/06, que les relations bilatérales s’étaient améliorées!


A la loupe : Netcom, une firme branchée à suivre!

Le 25/6, China Netcom a établi une alliance stratégique avec Singapore Telecom. Havre de technicité, Singapour détient nombre de QG «Asie»de groupes opérant en Chine: la synergie SingTel / Netcom veut reprendre les réseaux intranet entre les deux. Tournant l’interdiction aux étrangers (jusqu’à l’OMC), l’accord évite l’investissement direct par SingTel, qui achètera le service de Netcom et le facturera à ses clients. Ainsi, les deux groupes espèrent « ratisser »  une part de l’ouverture internationale des télécoms chinois. Pour SingTel, évincé en 2000 de la bataille pour Cable &Wireless (HK), au profit d’un groupe inconnu, PCCW (de Richard Li Tsarkai, fils de Li Kashing, proche de Jiang Zemin), c’est l’entrée en Chine longtemps convoitée. Pour Netcom, c’est l’accès à la cour des grands internationaux. Né en 1999, Netcom a l’appui de la SARFT, de la CAS, du Ministère des Chemins de fer, de Shanghai, et peut-être surtout de Jiang Mianheng, le discret aîné du Président, présent dans des entreprises parmi les plus prospères, capital à risque et semi-conducteurs notamment.

Avec de tels parrains, Netcom a drainé plus de 3MM$ privés dont, en février, $325M d’un pool incluant News Corp., Goldman Sachs et Michael Dell (cf. VDLC no7/VI). Netcom a installé un réseau fibre optique large bande (40 giga/s), de 8,500 km entre 17 villes, qui concurrencera celui de China Telecom. Bien qu’il pense tirer ses 1ers revenus du transfert de données, Netcom est aussi un acteur de la téléphonie internet (IP): en baissant ses tarifs de 50% en 2000 (Pékin-New York à $0,28/min), il a obligé son rival Jitong à suivre. Par cette alliance, Pékin confirme son sérieux, avant l’entrée à l’OMC, dans sa volonté d’imposer une concurrence chinoise à China Telecom. C’est aussi une manière de compenser Singapour, l’allié «culturel», qui n’a pas toujours rencontré en Chine les succès qu’il était en droit d’attendre.


Joint-venture : Philips -repli chinois et globalisation

· En janvier, Ericsson annonçait qu’il «passait la main» sur la production des téléphones portables, qu’il confiait à Flextronics (Singapour), tout en fusionnant son département R&D et design avec Sony, en JV. Le 27/6, c’est au tour de Philips de révéler l’arrêt de la fabrication de ses cellulaires.

Sous réserve  d’approbation, le groupe néerlandais transférera la plupart de sa production et R&D à China Electronic (Shenzhen), émanation du MII, aussi sous-traitant pour NEC (Japon), qui prendra le contrôle de la JV et acquerra  chaînes, savoir-faire et modèles GSM de Philips. Philips fournira toujours des composants, et gardera le contrôle des ventes et du marketing, mais tous les appareils de marque Philips seront produits par CEC, provoquant la perte des 1250 emplois de l’usine du Mans, en France.

En 2001, Philips aura démantelé 9000 jobs dans le monde. D’un coût de 260M$, cette restructuration peut se lire de deux manières:

1. trop faible sur le marché mondial du portable (2,9% en 2000), Philips se replie sur la Chine où il tient 4% (6ème rang pour 110 M d’utilisateurs), en pleine croissance, qui dépassera les USA avant fin de l’année.

2. Tant pour limiter ses pertes que pour satisfaire ses actionnaires, il faut réduire ses coûts -phénomène mondial, et cas d’Ericsson : « le succès de nos boîtes ne se gagne plus dans les usines, mais en bourse » (commentaire d’un lecteur).

 


Temps fort : Des étudiants chinois à l’univ. McDo

Depuis des années en toute discrétion, Mc Donald’s préparait l’opération -et la démentait encore deux mois avant. La question, celle de toutes les entreprises expatriées avec un marché massif en ce pays était : comment financer localement son expansion, sans re-courir aux outils financiers institutionnels (banque, bourse) avec leur triple handicap d’ intermédiaires, procédures et corruption. La réponse évidente, le franchisage, soutenait déjà 70% de ses branches dans le monde. 

Après avoir ouvert, depuis 1991, 360 restaurants en JV locales, le N°1 mondial du hamburger estime la Chine mure pour la nouvelle recette, et le risque de piratage désormais réduit: des 100ainesde restaurants sont à ouvrir !

Le candidat doit justifier une bonne moralité, la bosse du commerce, et  4MY -coût minima, hors site et pub, et ½ du coût des franchises de KFC. Il devra être une personne physique (pas un groupe), et ouvrir dans une petite ville. Son dossier accepté, il ira étudier un an minimum à l’université MacDo (USA). Puis le groupe lui fournira matière 1ère, savoir-faire et déco, sans oublier la clé du succès, la double arche d’or du logo. Le franchisé paiera un pas de porte et un %age sur son chiffre.

Mai dang lao (McDo) a préparé cette avancée en gonflant son image, alternant distributions de coupons et ventes de mascottes (Snoopy) dont la popularité frisa l’émeute.

McDo compte s’imposer dans des régions vierges (Mongolie Int., par ex.) et reprendre la tête du marathon du fast food qui l’oppose aux autres jumbo, Pizza Hut et KFC– ce dernier comptant depuis  ’87, avec 400 points de vente dont 10 franchises.

Le prix d’entrée pour pers. privées  est moins outrageux qu’il ne paraît: aux dernières nouvelles, la Chine compte 3M de millionnaires en Yuan -assez pour attirer des milliers vers cette carrière lucrative et sans grand risque !


Petit Peuple : un mort, deux rites

L’histoire nous plonge dans deux valeurs de la Chine, l’une immémoriale – le respect des rites confucéens, la piété due aux morts proches, l’autre trépidante: la course à la fortune. A Nankin, mme Zhang est agioteuse. Quand son mari trépassa inopinément, au lieu d’organiser veillée, visites,fleurs, fruits,encens, défilé en blanc et offrande ignée de fort multiples colifichets de papier destinés à adoucir l’existence du cher disparu dans l’éther éternel, elle arrangea une crémation sans fifres ni tambours dès le lendemain, qu’elle suivit seule. A peine eut elle signé le reçu, qu’elle se précipita, son sac de cendres sous le bras, au centre boursier, pour sacrifier à son vice invétéré. Frustrés d’une digne fête de recueillement, parents et amis réclamèrent des explications: ils en eurent: «elle n’avait fait» (sanglots dans la voix) «que se plier, malgré elle, aux pressantes dernières volontés du défunt», qui ne connaîtrait pas de repos, tant que les siens ne seraient hors du besoin, grâce à la Bourse! L’assistance regagna ses pénates, indécise: intrigante ou sainte, Mme Zhang? Impossible d’y voir clair, pour sûr !