Le Vent de la Chine Numéro 1

du 8 au 14 janvier 2001

Editorial : editorial_1_2001

A peine éteints les feux d’artifice du millénaire, Pékin a vu son attention sollicitée d’urgence. A l’aube du 1/01, le Falungong se présentait en masse place Tian An Men.  Le 2/01, 3 navires débarquaient de Taiwan -tolérés, non invités (cf ci-dessous).

Illustrations grinçantes de 2 priorités chinoises pour 2001, le renforcement de la répression contre dissidents et sectes, et le retour de l’île à la Chine. Ces incidents symbolisent l’émergence d’une opposition active à l’action du gouvernement, privé du monopole de l’initiative.

En tête des autres casse-têtes de 2001, figure le chômage. Pékin promet 45M d’emplois neufs d’ici 2005 et un acte audacieux: la suppression du  xiagang, chômage à domicile, payé d’une fraction du salaire par la firme. Dès lors, le pays ne connaîtra plus que le licenciement, l’Etat assumant charges sociales et indemnités (condition pour prévenir les troubles sociaux). La mesure permettra la multiplication des faillites, mais grèvera lourdement le budget public. Selon la propagande, 62% des 6600 grandes entreprises d’Etat (GEE), assainies par le programme de fusion et de désendettement par les SDD, seraient rentables. Les experts eux, estiment 50% d’entre elles bonnes pour le pilon, et 40% promises à un avenir difficile.

Autre risque: la revente des 250MM$ d’actifs faillis. Les SDD s’estimeraient heureuses d’en récupérer 35%. Pour les MM$ de différence, qui paiera? Comment la Chine maintiendra-t-elle sa croissance alors qu’en 2000, le revenu paysan n’a monté que de 2% et que s’effritent les exports,+14% en nov contre+32% (jan-août)? Aussi le pouvoir doute-t-il de reproduire en 2001 l’exploit d’un PNB de +8,1%, et se donne jusqu’à fév. pour produire un plan de relance basé sur les privatisations dans 196 secteurs,la chasse à la corruption, aux gaspis, aux prix abusifs, et sur l’égalisation d’accès aux crédits bancaires entre privé et public!

La Chine renforcera l’effort de taxation pour faire face à ses charges – en 2000, avec 153MM$, ses recettes ont « grimpé » de 23%.

2001 est aussi  marquée par deux inconnues : les effets de l’entrée à l’ OMC, et la désignation de la ville d’accueil des JO/2008 où Pékin est candidate. Pékin semble pessimiste sur la 1ère, optimiste sur la 2de !

 


Editorial : La Chine au Nouvel An -casse-têtes, et bonnes résolutions !

A peine éteints les feux d’artifice du millénaire, Pékin a vu son attention sollicitée d’urgence. A l’aube du 1/01, le Falungong se présentait en masse place Tian An Men.  Le 2/01, 3 navires débarquaient de Taiwan -tolérés, non invités (cf ci-dessous).

Illustrations grinçantes de 2 priorités chinoises pour 2001, le renforcement de la répression contre dissidents et sectes, et le retour de l’île à la Chine. Ces incidents symbolisent l’émergence d’une opposition active à l’action du gouvernement, privé du monopole de l’initiative.

En tête des autres casse-têtes de 2001, figure le chômage. Pékin promet 45M d’emplois neufs d’ici 2005 et un acte audacieux: la suppression du  xiagang, chômage à domicile, payé d’une fraction du salaire par la firme. Dès lors, le pays ne connaîtra plus que le licenciement, l’Etat assumant charges sociales et indemnités (condition pour prévenir les troubles sociaux). La mesure permettra la multiplication des faillites, mais grèvera lourdement le budget public. Selon la propagande, 62% des 6600 grandes entreprises d’Etat (GEE), assainies par le programme de fusion et de désendettement par les SDD, seraient rentables. Les experts eux, estiment 50% d’entre elles bonnes pour le pilon, et 40% promises à un avenir difficile.

Autre risque: la revente des 250MM$ d’actifs faillis. Les SDD s’estimeraient heureuses d’en récupérer 35%. Pour les MM$ de différence, qui paiera? Comment la Chine maintiendra-t-elle sa croissance alors qu’en 2000, le revenu paysan n’a monté que de 2% et que s’effritent les exports,+14% en nov contre+32% (jan-août)? Aussi le pouvoir doute-t-il de reproduire en 2001 l’exploit d’un PNB de +8,1%, et se donne jusqu’à fév. pour produire un plan de relance basé sur les privatisations dans 196 secteurs,la chasse à la corruption, aux gaspis, aux prix abusifs, et sur l’égalisation d’accès aux crédits bancaires entre privé et public!

La Chine renforcera l’effort de taxation pour faire face à ses charges – en 2000, avec 153MM$, ses recettes ont « grimpé » de 23%.

2001 est aussi  marquée par deux inconnues : les effets de l’entrée à l’ OMC, et la désignation de la ville d’accueil des JO/2008 où Pékin est candidate. Pékin semble pessimiste sur la 1ère, optimiste sur la 2de !

 


A la loupe : Sans perdre un jour, le Falungong récidive

Ce 1er jan 2001. à 7h36, 10.000 personnes se pressaient place Tian An Men, caméra au poing, pour saisir le premier lever de drapeau chinois du 3e millénaire. Parmi elles s’étaient déployés des centaines de membres du Falungong, aux quatre coins de l’esplanade, qui entamèrent soudain à l’unisson des mouvements de gymnastique en brandissant des bannières rouge et or et criant leur slogan anathème:  falundafa hao, («vive la roue de la loi»). Sans douceur, la police arrêtait les adeptes à mesure de leur arrivée. Vers 17 heures on dénombrait 700 arrestations -et le mouvement n’était pas terminé. La dernière grande manif. du Falungong avait eu lieu le 1er oct. (cf. VdlC n°32/V) et avait duré deux heures, contre toute une journée cette fois-ci : c’était l’escalade, avec ce mouvement que Pékin s’était donné deux mois pour « détruire », en septembre 2000.

Le mouvement du gourou en exil, Li Hongzhi confirme ainsi son pouvoir de nuisance, cherchant à prouver au régime que la répression ne marche pas face à sa discipline (relayées depuis l’étranger, manifs de soutien se poursuivent entre Singapour, 31/12, et Hong Kong «ce mois-ci», date non précisée), et sa disponibilité à souffrir (le mouvement affirme avoir 90 « martyrs », et 50000 militants incarcérés). La réaction toujours plus nerveuse des forces de l’ordre, le 1er jan., révèle l’impuissance à juguler le phénomène. Le Falungong, à l’évidence, prépare son prochain RV pour le 24 jan, Nouvel An lunaire. Faute d’avoir trouvé parade plus efficace, le pouvoir, désormais, est condamné à s’enferrer dans la spirale de la répression – ou à négocier


Pol : un ennemi public n°1 de plus – les triades

· autre drame le 25 décembre 2000., avec l’incendie d’un centre commercial de Luoyang (Henan), causant -au moins- 309 morts par asphyxie dans la boîte de nuit au 4ème étage. Les causes sont tristement familières: issues de secours rares et condamnées, la tour figurait depuis 4 ans sur la liste des 40 édifices les plus dangereux de la province, et la boîte de nuit opérait sans licence depuis huit ans. Les soudeurs (sans permis de travail) ayant bouté le feu, avaient fui sans donner l’alarme. Quand la ville imposa la crémation sans témoin des victimes (espérant étouffer l’affaire), c’en fut trop pour les familles, qui descendirent (28/12) dans les rues, exigeant des sanctions: le gouverneur de la province, entre-temps, aurait préféré démissionner, à en croire la rumeur locale.

· en 2001, la lutte contre la corruption franchit une étape: au 1er janvier, le crime organisé (la mafia) constitue une «menace à la stabilité de l’Etat». Après l’arrestation en juil. ’99 d’un vice-maire de Shenyang (Liaoning), qui avait flambé 4,8M$ de fonds municipaux au casino à Macao, après la mise en examen fin déc. du maire de la même ville, pour ses amitiés avec des triades, Pékin réalise l’emprise tentaculaire de la mafia sur le pouvoir et leurs rapports complexes, protection contre "cadeaux". «Grand frère Chang» (Chang Anlo), parrain de l’Union du Bamboo (15.000 membres, la plus grande triade taiwanaise) transite ainsi impunément en Chine, grâce à ses amitiés officieuses. Et le dernier scandale financier et douanier, à Shantou (Canton), avec un préjudice allégué, pour l’Etat, de 12MM$, et 500 fonctionnaires mis en examen, pulvérise tous les records notamment celui de Xiamen (6MM$). Cette montée en puissance du monde de la pègre impose au Parti de (tenter de) réviser ses modes de fonctionnement: un règlement entre en application (01/01), imposant à tout fonctionnaire (jusqu’au rang de ministre ou de gouverneur) de détailler ses comptes et biens personnels, ainsi que ceux de ses enfants et épouse -le réglement ne précise pas si ces chiffres seront rendus publics


Argent : Epargne -la banque n’a plus la cote

· en 2000, l’épargnant chinois a changé son fusil d’épaule. Depuis oct. ’99, ont quitté les coffres des banques 25,7MM$. La croissance de l’épargne a ralenti de 18,5% (juin 2000) à 6,3% (déc). Le report s’est effectué vers: ¬ la bourse, qui a vu l’ouverture de 23% de comptes personnels de plus en un an (passant à 55M de porteurs), et une clôture de fin d’année à +50% en valorisation, ce qui explique en partie le dynamisme des marchés chinois en 2000, cas unique en Asie dont les indices ont perdu jusqu’à 40%;

­ les bons du Trésor, dont les 5,9MM$ émis de jan. à sept. ont été acquis à 50% par l’épargne (rendement moyen promis: 2,25%);

® l’immobilier, dont les ventes ont cru de 40,2% de jan. à sept. à 17,6MM$, dont 62% d’entre elles au profit d’individuels. Signe que les sept coupes de taux d’intérêts depuis ’96 ont porté,ainsi que la taxe de 20% en sept. 1999 sur les intérêts bancaires. Puissante incitation aux banques, pour mieux faire fructifier le capital dont elles avaient hier encore le monopole.

· Huarong, la structure de défaisance de l’ICBC, a procédé au plus gros rachat de dettes de l’histoire du pays, au bénéfice de l’aciérie Anshan. 766M$ de créances ont été converties en 28% de parts de la nouvelle filiale de l’EE, New Iron & Steel Co. Un record qui pourrait être inquiétant pour Huarong, puisque celle-ci annonce en même temps le dépôt de 100 plaintes en justice, contre autant de firmes refusant de lui remettre, contre les 13MM$ de dettes épongées, les titres ou parts de capital correspondants-ou de fermer boutique!

· le 1/01, deux ans après que le gouvernementt ait ordonné à l’APL de céder ses actifs commerciaux, l’armée a transmis la propriété de son réseau téléphonique CDMA "Great Wall" à Unicom, le n°2 chinois des télécoms. Reliant Pékin, Shanghai, Tianjin, Xian et Canton, il ne compte que 550.000 abonnés, avec une capacité maximale de 750.000, une fraction infime des 65M d’usagers de téléphones portables (dont Unicom revendique 18M, +13M depuis déc. ’99). Toutefois, Unicom renforce ainsi son monopole en Chine sur la filière CDMA, prépare l’élargissement du réseau « Great Wall » à 160 villes (10M d’usagers : bonne nouvelle pour l’américain Qualcomm, propriétaire de la licence, à qui Unicom paiera les « royalties » !

 


Politique : politique_1_2001

· autre drame le 25 décembre 2000., avec l’incendie d’un centre commercial de Luoyang (Henan), causant -au moins- 309 morts par asphyxie dans la boîte de nuit au 4ème étage. Les causes sont tristement familières: issues de secours rares et condamnées, la tour figurait depuis 4 ans sur la liste des 40 édifices les plus dangereux de la province, et la boîte de nuit opérait sans licence depuis huit ans. Les soudeurs (sans permis de travail) ayant bouté le feu, avaient fui sans donner l’alarme. Quand la ville imposa la crémation sans témoin des victimes (espérant étouffer l’affaire), c’en fut trop pour les familles, qui descendirent (28/12) dans les rues, exigeant des sanctions: le gouverneur de la province, entre-temps, aurait préféré démissionner, à en croire la rumeur locale.

· en 2001, la lutte contre la corruption franchit une étape: au 1er janvier, le crime organisé (la mafia) constitue une «menace à la stabilité de l’Etat». Après l’arrestation en juil. ’99 d’un vice-maire de Shenyang (Liaoning), qui avait flambé 4,8M$ de fonds municipaux au casino à Macao, après la mise en examen fin déc. du maire de la même ville, pour ses amitiés avec des triades, Pékin réalise l’emprise tentaculaire de la mafia sur le pouvoir et leurs rapports complexes, protection contre "cadeaux". «Grand frère Chang» (Chang Anlo), parrain de l’Union du Bamboo (15.000 membres, la plus grande triade taiwanaise) transite ainsi impunément en Chine, grâce à ses amitiés officieuses. Et le dernier scandale financier et douanier, à Shantou (Canton), avec un préjudice allégué, pour l’Etat, de 12MM$, et 500 fonctionnaires mis en examen, pulvérise tous les records notamment celui de Xiamen (6MM$). Cette montée en puissance du monde de la pègre impose au Parti de (tenter de) réviser ses modes de fonctionnement: un règlement entre en application (01/01), imposant à tout fonctionnaire (jusqu’au rang de ministre ou de gouverneur) de détailler ses comptes et biens personnels, ainsi que ceux de ses enfants et épouse -le réglement ne précise pas si ces chiffres seront rendus publics


A la loupe : Fin de siècle -l’ANP s’exprime !

Au cours de son ultime session en 2000, le Bureau de l’ANP a réaffirmé sa prééminence législative (inscrite dans la Constitution) sur le Conseil d’Etat, instance exécutive du Parti qui avait de plus en plus tendance à empiéter (par voie réglementaire) sur ses compétences. Curieusement Li Peng, Prsdt du Parlement, passe pour un défenseur opiniâtre du pouvoir central et du Parti sur les instances élues (civiles), tandis que Zhu Rongji,chef du Conseil d’Etat, a l’image inverse. Le paradoxe n’est qu’apparent:les organes de l’Etat ont leur dynamique propre, et leurs chefs doivent parfois les suivre, pour s’en faire obéir!

Le 29/12 était votée une loi stricte sur l’internet pénalisant "pirates informatiques", révélation de "secrets d’Etat", "sabotage de l’unité nationale" et "organisation de sectes". Quelle suite sera donnée à ce texte destiner à vacciner 17M d’internautes contre la subversion? Une application risquant de décourager l’abonné, chasser l’invest.étranger, tuant dans l’oeuf un secteur d’avenir.

La lutte contre les crimes économiques était un autre sujet de cette session. Peut-être inspiré par le cas de Lai Changxing, auteur d’une gigantesque affaire de contrebande, réfugié au Canada (VdlC n°39 /V), pays non lié avec la Chine par un traité d’extradition, l’ANP approuvait une Loi en la matière, visant à accroître la coopération en cas de crimes de portée internationale.

L’ANP a ratifié la nomination de Zhang Fusen, Min. de la Justice remplaçant Gao Chengli, « démissionné » pour "raisons de santé" en décembre.

Enfin, les élus n’ont pu s’entendre sur la révision de la loi du mariage (cf. VdlC n°35/V), avec pour enjeu, une actualisation de la procédure de divorce. Le dossier oppose les clans passionnés de trois thèses incompatibles : les défenseurs de la famille, ceux des droits de la femme (battue dans trois foyers sur 10), et ceux de l’amour tout court, au nom de la santé mentale de la société entière. Faute de consensus, le débat se poursuit.

 


Joint-venture : marché TV – le grand retour des étrangers

· dès les premiers jours de 2001, anticipant son entrée à l’OMC, la Chine offre un «paquet de cadeaux» à différents groupes étrangers sur son sol. Le Conseil d’Etat vient de promulguer une baisse des tarifs douaniers de 16,4% à 15,3% sur 3462 articles (49% du code douanier), et un nouveau mode de calcul de la taxe, basé sur le prix usine («transactional price») du produit importé; ­ la SAIC réforme (1/01) les licences commerciales pour groupes à capitaux étrangers: attribuées entre jan et juin ’01, elles ne seront plus assujetties à re-nouvellement annuel, et ne feront qu’une avec celles octroyées aux chinois;® au terme d’une révision (en cours) de la loi, les JV d’exploration pétrolière seront libérées de l’obligation d’employer prioritairement personnel et équipements locaux. Jusqu’alors monopole du forage on shore en JV, la CNPC devra désormais partager avec Sinopec. Et pour la CNOOC, la durée d’exploitation de ses puits offshore en JV sera rallongée.

· le 3ème millénaire s’annonce glorieusement pour Kodak en Chine, dont le marché local de la pellicule et du développement grandit de 8%/an et deviendra sa 1ère base mondiale en 2010. Fort de ce succès, le groupe de Rochester (USA) investit: 10M$, en 2001 iront dans l’équipement de 300 boutiques Kodak en imprimantes photo digitales à Shanghai (jan-avril), puis de 700 autres entre Pékin, Canton et Shenzhen. Kodak mise aussi sur les salles obscures, et place 4M$ dans la création d’un complexe multisalles de 3500m2 et 956 places, en JV avec Shanghai Film & TV. Dernier cri, le cinéma sera adapté aux handicapés moteurs et malentendants, et inaugurera un principe novateur de tarification – au milieu de la guerre des prix des billets: 30 Y dès la sortie du film, puis dégressivité de 10% chaque semaine, permettant à toutes les bourses de fréquenter la même salle -mais pas en même temps. Kodak veut introduire ce concept dans plusieurs autres métropoles.

· rien ne va plus pour Kraft/Chine. Une des plus anciennes JV, elle y a perdu 800M$. Kraft jette l’éponge, et remet 85% des parts de l’usine au pékinois Sanyuan, pour 80M$. En fait, pas un yuan ne sera échangé – Sanyuan paiera Kraft en yoghourts sous sa marque. Loin d’être limité au seul groupe US. Le problème touche tout l’agro-alimentaire, à l’aube de l’entrée à l’OMC: la Chine est globalement non compétitive. Kraft compterait revenir sur ce marché une fois dans l’OMC, en y vendant ses produits faits à l’étranger !

· sur le champ de bataille du marché des TV, les pertes ont été lourdes : depuis 1996, la guerre des prix a coûté 2,42MM$ aux fabricants nationaux. Pire : leur production l’an passé (jan-oct) a reculé de plus de 50%, à 27,1M de postes, et 6M d’appareils demeurent invendus. Autre conséquence négative: la perte sèche a empêché les groupes chinois d’investir dans les R&D, et de se refaire une santé par la vente de TV de haute technologie. Pendant ce temps, les étrangers, jusqu’alors en chute libre en Chine ont fait un come-back très visible, dans le segment des appareils à haute va-leur ajoutée: passant de 10% à 30% de jan. à oct., notamment en installant en Chine leurs centres de R&D et en étoffant leurs réseaux de vente.

 



Temps fort : Chine/Taiwan – la yacht – diplomatie

Partis de Kinmen et Matsu le 2 jan 2001, 3 yachts taiwanais mouillaient aux ports de Xiamen et Fuzhou (Fujian, notre photo), 24h après la levée à Taibei d’un embargo nationaliste vieux de 51 ans sur les liens maritimes,commerciaux, postaux, entre ces îles excentrées et la Chine.

Cet acte de détente a libéré le sourire des investisseurs (la bourse de Taipei montait de 4% le jour-même). Il a aussi dissipé les reproches latents au Prsdt Chen Shui-bian, de laisser végéter les relations entre les deux rives chinoises : Chen reprend l’initiative, qu’il semblait avoir perdue, alors que Pékin recommençait à donner des signes d’impatience.

Ce faisant, Taiwan gagne du temps à moindre frais : ces trois «mini-liens» concernent deux îles excentrées et non la principale. Pour sa part, Pékin peut-être embarrassé, minimise la manoeuvre comme «très inadéquate» – et veut la réouverture complète des échanges -que Taiwan suggère comme «possible à l’avenir, si tout se déroule bien dans l’étape présente».

Pékin n’est pas la seule à souhaiter réduire la portée de l’action de Chen Shui-bian : le 4/01, 33 membres du KMT et du « Nouveau Parti » (opposition, droite traditionnelle) étaient à Pékin pour discuter de ces «liens directs».

Combien de temps peut encore durer ce jeu? Chen a encore une concession dans sa manche -les liens directs, qui réduiraient de 15% le coût des échanges (aujourd’hui via HK).

Il peut aussi compter sur le nouveau Président US, G. W. Bush Jr, à cheval sur le soutien à Taiwan (Pékin, par voie de presse, commence à mettre en garde). B. Clinton vient d’autoriser la vente de quatre contre-torpilleurs « Kidd » à Taipei (peut-être pour éviter celle, quelques mois plus tard, de navires Aegeis, plus performants)… G. Bush a déjà promis de poursuivre le programme de parapluie spatial antimissile TMD. Avec ces atouts, la position de Taiwan semble plus confortable qu’en 2000, lui permettant d’ envisager un rapprochement avec la Chine – mais non inévitable, et vraiment négocié .

 


Petit Peuple : Le corbeau et le détective

· de juin à déc. 2000, plus de cent lettres désagréables furent reçues par des fonctionnaires à travers la vaste Chine. Pas tout à fait anonymes, les missives paraphées d’un mystérieux "Centre Holmes de Détection en Chine", suggéraient d’embarrassantes peccadilles, sur lesquelles il offrait généreusement de passer l’éponge,moyennant le transfert d’une modeste somme sur un compte bancaire. Il se trouva au moins un fauteur pour se rebeller – soit parce que la fredaine imputée était imaginaire, soit parce qu’elle était grave, et que l’accusé avait le bras assez long pour se défendre- en toute discrétion! Une police d’élite remonta donc au corbeau: surprise ! Ce dernier n’était autre que le chef d’un bureau de défense de la « société spirituelle socialiste» de Luoyang (Henan), ayant eu accès, grâce à sa charge, aux rumeurs nécessaires à son trafic, auquel il s’était résolu pour faire face aux exigences (incompatibles avec sa paie) de sa maîtresse… A ceux qui le sommaient de se justifier, le maître chanteur invoqua l’amour et la modicité des montants exigés: c’était, expliqua-t-il, à la mode d’un Robin des bois exotique, «prendre aux riches pour donner au pauvre» -à lui-même !