Le Vent de la Chine Numéro 23
La Suisse dispose désormais de son Fonds de partenariat, de soutien à ses PME au Céleste Empire. RFA exceptée, ce pays industriel riche et organisé, est en avance sur la plupart des pays d’Europe, avec un modèle souple et délocalisé.
1er fonds étranger à opérer depuis la Chine, doté de 31,5M FRS -dont 20% fourni par Pékin, il sera géré par un Conseil constitué d’experts, diplomates et de firmes suisses (PME!) déjà en place.
Les interventions seront décidées, au cas par cas: prêts, participations, garanties, auprès des banques chinoises… Plafond par projet: 5 M FRS -soit un nombre max. simultané de 6 à 10 dossiers.
Participation limitée à 33% du capital de la JV (pour ne pas dépasser les parts des partenaires suisse et chinois), et remboursables après la phase de lancement : la Confédération veut éviter de devenir opérateur industriel en Chine!
L’assistance technique (d’un expert financier « prêté » par Crédit Suisse à l’Ambassade helvétique à Pékin) sera limitée à 12 mois par projet. Pratiquement, le Fonds se veut commercial – il prend le relais des crédits mixtes (subventionnés) d’hier, entre-temps bannis par l’accord d’Helsinki et l’OMC.
Pour l’avenir le Fonds ne s’interdit aucune voie – pas même celle de puiser des fonds sur le marché boursier mondial. Mais dans l’immédiat, la Suisse comme d’autres pays, ignore deux besoins de PME « pauvres » mais prêtes à relever le défi d’une expatriation : besoins en logement à prix abordable, et en information de terrain. Mais c’est un début!¦
En 1995, la Chine réalise le tour de force d’un budget en cours de rééquilibrage, avec une hausse des dépenses inférieure à celle des recettes (17,6% contre 18,6%.
Bilan «positif» pour la 1ère fois depuis 15 ans, grâce à l’introduction depuis 1994 du 1er système moderne de taxation du pays.
Même tendance pour 1996, où la hausse des recettes dépasse de 2% celle des dépenses, et le revenu de l’Etat progresse (10,9% du PNB). Tout ceci, en menant de front des programmes efficaces d’éradication de la pauvreté, de soutien de prix agricoles rémunérateurs et d’infrastructures nationales, notamment pour lancer les économies du Centre et de l’Ouest….
Cela dit, le Ministère des Finances évite le triomphalisme: le service de la dette et les emprunts nouveaux pour couvrir les anciens, ne sont pas inclus dans ces résultats, et le déficit budgétaire atteindra quand même 60 MM Y (soit 7 MM USD)!
12 M de DM du gouvernement allemand pour un projet de reforestation au Sichuan.
L’ennemi n°1 des forêts ne serait pas l’homme, dit la presse -qui pourtant les dévore -mais vermines et pestes, dont la Chine compte 8000 espèces. Les surfaces de forêts contaminées ont octuplé depuis les années ’50, passant à 120 M de «mu» (1 ha = 15 mu).
Remake aérien de la «mouche du coche»: l’aéroport de Macao vise une part du marché de Kai Tak puis Shek Lap Kok (qui ouvrira en avril prochain):
de l’aéroport, les passagers débarqués sont conduits, par le système expresslink, au jetfoil. L’immigration se fait à Hong Kong, et les bagages sont déposés en ville, aux frais de Macao-airport.
Cette solution aussi rapide que Shek Lap Kok et moins fatigante pour des familles chargées, sera plus attractive encore d’ici mi-1998, quand un terminal-foil à l’aéroport fera repartir les passagers «du pied de l’avion».
Avec 1,6 M passagers prévus cette année, l’aéroport de Macao est occupé au quart de sa capacité, mais progresse vite.
1er étranger autorisé à fonctionner à Shanghai, l’assureur américain A.I.A. subdivise: sous le nom de AIA, le commerce des assurances-vie (c’est sous cette activité qu’ AIA s’est fait connaître), et sous le nom d’American Int’l Underwriter, le secteur non-vie.
A Hong Kong comme à Pékin, les préparatifs vont bon train, pour les festivités les plus extravagantes jamais vues en R.P.Chine.
A Hong Kong, aux côtés du Gotha mondial et de la crème du Parti communiste chinois figureront 60 «officiels» taiwanais.
Deux manifestations «de bienvenue» auront lieu dans la rue: la «procession» (sic) de l’Alliance patriotique, et le meeting de Martin Lee, «pour le retour à la Chine et la démocratie»…
Les cérémonies festivités pékinoises sont moins bon enfant: 100 000 spectateurs Place Tian An Men, le 30 juin, pour une fête de toute la nuit, 40 000 autres le lendemain, au Stade des travailleurs…
Les plus grands feux d’artifices, le plus gros budget (le montant reste secret d’Etat)… Toutes ces fêtes sont à guichet fermé (pour les fidèles, invités): la police est sur les dents, Pékin veut prévenir tous dérapages… Un ambitieux programme de fermeture des bars culminera du 29 au 5, (re-)faisant de Pékin une ville morte, by night… Et c’est ainsi que le Pékinois se voit à la fois intimé, de se réjouir et de rester chez soi!
Dans un rare accès critique, Crédit Suisse accuse China Eastern, qui caracole à la Bourse de Hong Kong depuis son introduction en février, d’être le transporteur aérien «probablement le plus cher du monde», avec une dette dont le service, en 1997, consommera intégralement les profits (940 M Y).
Sson Président chassé et son chef des opérations boursières «réprimandé», Shenzhen Development Bank s’excuse d’être l’auteur du scandale boursier du moment: seule banque inscrite en Bourse, la SDB avait détourné, en mars-avril 1996, pour 311 M de Y de prêts pour spéculer sur ses propres valeurs.
d’ici déc 1997, fin des CFC (Chloro-Fluoro-Carbones, gaz rares) comme propulseur des spray, mousses à raser etc. Les technologies de remplacement sont en place.
Signe du frein volontaire à la croissance: durant ce 1er trimestre, 18 provinces ont vu leurs investissements étrangers décroître, et 11, de plus de 50%: Hebei, Shandong, Zhejiang, Guangxi, Guandong, Xinjiang, Yunnan, Jiangsu, Liaoning, Anhui et Fujian.
Piratage entre chinois: Taile (Pékin) doit verser 50 000Y à Maipu (Chengdu), et son manager est condamné à 2 ans 1/2 de prison ferme, pour avoir piraté le modem mis au point par la firme sichuanaise
Sit-in (le 1er depuis le printemps de Pékin ’89) vendredi 20 devant les portes de Zhong Nan Hai, le siège du PCC : une centaine d’hommes et femmes de tous âges, protestant contre leur éviction forcée de leurs «hutongs» (ruelles), rasés pour laisser place à de juteux complexes immobiliers. Les protestataires ont été emmenés manu militari.
A quelques semaines du conclave balnéaire de Beidaihe (Hebei), qui établira le futur leadership (à soumettre en octobre 1997 au 15. Congrès du PCC), motions et campagnes partent dans tous les sens. D’un côté: une campagne gauchiste, dans la presse, qui accuse le pouvoir d’erreurs (libérales) ayant engendré des «contradictions».
Auteur putatif: Deng Liqun, chantre maoïste qui réclame des limites aux réformes et à la croissance économique. En face, appel d’un sociologue officiel, qui réclame, contre l’avis du Président Jiang, une séparation de l’APL, l’Armée, et du Parti : un ministère dirigé par des civils, et le démantèlement des cellules de base du Parti dans l’armée. Fait remarquable, ce théoricien passait hier pour proche de Jiang -et donc s’en écarte. C’est un début : le débat sur la réforme politique sort des limbes!
Taiwan va rendre à Pékin 2 pirates aériens -derrière les barreaux nationalistes depuis 2 et 4 ans. En mai, Pékin avait rendu un pirate aérien taiwanais.
Après avoir suggéré que Paris pourrait lui vendre 60 bombardiers Mirage (en plus des 60 déjà vendus en 1994, et en cours de livraison), Taiwan prétend acquérir à même adresse 2000 missiles anti-chars, «livrables avant fin 1997 », une fois le contrat approuvé par Paris.
Mauvais «fengshui » (sort), pour cet encensoir en bronze de 5 tonnes, réalisé pour Hong Kong, à Nanchang (Jiangxi) pour 2 M HKD: il a fait une mauvaise chute à la descente du camion, et s’est brisé un pied. Le tripode portait gravés, une dédicace de C.H. Tung et des extraits de la Loi Fondamentale…
Bon fengshui pour l’hippodrome de Sha Tin, le dernier jour de la saison des courses: le 15 juin, double record battu! Celui de l’assistance (88 000 parieurs), et celui de l’argent misé : 2,8 MMHKD dans la journée. Les grands gagnants du jour étant les organisateurs : les paris, qui portaient sur un « triple tiercé », ont tous échoué, par la faute d’un « outsider »!
Semaine passée, ce Colonel de l’APL l’Armée chinoise, franchissant la frontière en civil, exigeait un passe-droit, que le douanier lui refusait. L’officier a appelé à l’aide, obtenu gain de cause.
L’officier et le gabelou ensuite, ont été se plaindre, suscitant une émotion certaine: «l’APL entre-t-elle dans HK avec des règles et des droits différents de ceux du citoyen? », demande la presse. Embarras des autorités (C.H. Tung comme Pékin), face à la foucade du galonné.
C.H.Tung octroie aux 2 conseils municipaux et aux 18 conseils d’arrondissement, le droit de survie jusqu’aux prochaines élections. Non sans les avoir «rectifiés» par 116 « hommes à lui » (sur 453), tous du bord politique pro-chinois (DAB, Progressive Alliance).¦
A moins d’une semaine du grand retour à la Chine, l’attention se crispe à Hong Kong sur des thèmes de démocratie. Mais ce débat légitime cache d’autres conséquences toutes aussi fortes, de ce bouleversement!
1° la mafia se renforce, autant à Taiwan qu’à Hong Kong, suite à la fin de la coopé policière bilatérale! C’était par le contrôle simultané des ports-aéroports de Hong Kong et Taiwan, que se contrôlaient les redoutables triades, de Birmanie aux Philippines.
En mars, 200agents taiwanais de renseignement ont quitté leur poste hongkongais, les derniers font leurs valises, aucune structure de remplacement n’est prévue!
2° doutes aussi sur la libre circulation de l’info économique, clé de la forteresse boursière coloniale. Des pressions de Pékin sont moins à craindre, que ces centaines d’experts boursiers chinois déjà en place dans les grandes maisons hongkongaises de securities, avec leur analyse philo-chinoise, qui explique pour beaucoup les actuels achats chinois à étapes forcées, de fleurons tels, la semaine passée, de 30% de Cable & Wireless, n°4 à Hong Kong!
3° Taibei ne s’y est pas trompée, en imposant à partir du 1er juillet, des licences pour tous investissements. taiwanais (au-delà d’un certain seuil) vers Hong Kong et Macao, en fonction de critères de sécurité ou d’intérêt national.
Entre 1987 et ce jour 30 MMUSD avaient pu franchir -librement- le détroit de Taiwan vers la Chine, via les enclaves britanniques et lusitaniennes!
Pékin à l’heure américaine, ce mercredi, sur Chang’An (l’artère principale), introduction des voies réservées aux bus. Découverte aussi des joies de la fourrière : 200Y par saisie (on dit la police fort active dans les quartiers «diplomatiques».
La plus « méchante » manif ouvrière de l’histoire du régime a eu lieu en mars 1997: exaspérés de n’être point payés depuis six mois, 20000 «canuts» sichuanais, ouvriers de la soie à Nanchong,, ont assiégé la mairie avec en otage, leur directeur.
Ce faisant, ils ont obtenu de Pékin l’ordre à une banque locale de « prêter » l’argent pour payer les salaires. Mais cette usine d’État (une parmi bien d’autres) n’en sera pas plus rentable pour autant.
Le VDLC a remarqué, autour de Pékin (lacs de Miyun, de Huairou, Beidaihe) ces centaines de (centres de formation), qui ne forment qu’à la gastronomie appliquée, au bowling, au tennis, au billard et au karaoké.
La Chine socialiste décourage les hôtels de villégiature, pour ses enfants, mais elle n’interdit pas la « formation ». Ces hôtels, le plus souvent possédés par des «danwei», offrent des « stages » gratuits à leurs employés, mais « forment » aussi, à côté, qui peut payer. Vivons heureux, vivons cachés!
Être femme en Chine n’est pas le plus facile. A Shenyang, le « restaurant de nouilles des licenciées » vient de fermer après 10 mois.
Géré par les travailleuses d’une usine d’État ruinée, celles-ci avaient ouvert ce local, qui marchait bien, vu le prix bas (0,65 Y le bol). Mais le succès a attiré police, services d’hygiène, quarantaine, collecte des immondices : tous venus réclamer leur dîme (illégale, mais que ces femmes ne surent point refuser) : d’où la mort de ce bouiboui sympathique!
La mode japonaise arrive en Chine: le tamagotché, cet horrible gadget simulant un animal vivant, que l’on porte sur soi et qui crie si on ne le «nourrit» pas, se vend, rien que dans un seul supermarché de Pékin , à 70 unités/jour.
Ces jouets seraient très prisés par les femmes, et par les retraités. Produits à Wuhan, Shanghai et Shenzhen, ils coûtent de 100 à 200 Y.
27 juin-1er juillet, Pékin : Salon Int’l de la machinerie