Le Vent de la Chine Numéro 34

du 18 au 24 octobre 2014

Editorial : La Chine dompte son dragon d’eau (1ère partie) – le Canal Sud-Nord

Fruit de décennies d’efforts, une Grande muraille des temps modernes apparaît : le Canal Sud-Nord, aux trois parcours distincts. 

En phase de test, le parcours central va de Danjiangkou (Hubei) à Pékin où il déversera 1,05 milliard de m3 d’eau dès 2015, avant d’aller fournir d’autres villes du Nord en 2030 (13 milliards de m3 ). Il s’agit de combler le déséquilibre fondamental entre une Chine du Sud humide et celle du Nord semi-désertique, en détournant une part du débit du Yangtzé, plus puissant fleuve du pays.
L’objectif semble simple, mais les moyens pour y parvenir sont d’une extrême complexité : 1276 km entre montagnes et fleuves. Longue de 80 km, la seule section pékinoise a pris 11 ans de chantier. La mise en eau du parcours est pour décembre.

Rêvé depuis l’Antiquité, en sus de la route centrale, le projet en comporte deux autres :
la route Est se lovait dès décembre 2013 dans le lit du Grand Canal (1776 km, Pékin-Hangzhou, 2500 ans pour les sections les plus anciennes). Dotée de 23 stations de pompage, elle apporte 13 milliards de m3 à Tianjin.
Futuriste, la route Ouest reliera Yangtzé et Fleuve Jaune, dans des zones inhospitalières, à des altitudes de 4000 à 6000 mètres, parcourues de blizzards à –40° l’hiver. Les pompes restent à inventer, pour refouler en conduites forcées de 7m de diamètre, 18 milliards de m3. Sur les rivières Tongtian, Yalong et Dadu, des réservoirs seront bâtis, aux digues de 300 mètres de hauteur. Les concepteurs espèrent finir le chantier d’ici 2050 : c’est un défi d’avenir de l’humanité.
Même sans se confronter à de telles extrémités, les autres routes ont subi des années de retard, dus à la géographie, au climat et à l’homme. L’axe central devait coûter 15 milliards de $. Mais selon Sun Laixiang de l’université du Maryland (Etats-Unis), il aura coûté 62 milliards de $, sans compter 13 stations d’épuration rendues nécessaires par une pollution sous-estimée. Pékin a aussi dû reloger 500.000 habitants mais le budget a été détourné, causant un sourd ressentiment. 

Grande oubliée du Canal Sud-Nord, l’écologie se venge.
Au Jiangsu (route Est), la puissance des pompes est telle que des milliers de pêcheurs perdent leur gagne-pain. La pollution est telle qu’à l’arrivée à Tianjin, l’eau est inutilisable. Aussi, les experts affirment que la baisse de pluviosité de 60% au Henan et Hubei, est due au Canal, qui dessèche le pays par ses ponctions massives. Allégations démenties par Pékin…
Les hydrologues pour leur part, reprochent au Canal d’être une mauvaise solution, incapable d’étancher la soif de Pékin. En 2014, la ville dispose de 2,1 milliards de m3, mais en consomme 3,6 milliards de m3. Elle trouve le reste par pompage profond, de nappes fossiles qui s’épuisent. Aussi, avec son 1,05 milliard de m3, le parcours central ne permettra pas de combler le déficit présent – il manquera 400 millions de m3, qui deviendront 1,8 milliard de m3 d’ici 2020. La vraie et seule solution réside dans une consommation raisonnée, et une tarification au coût réel – la fin du mythe de l’eau socialiste subventionnée sans limites. 

Mais à ce jour, le pouvoir, par obsession de paix sociale, s’est toujours refusé à sauter le pas, préférant la fuite en avant à travers de tels projets géants. L’eau chinoise est tarifée au quart du coût, et les usines du pays gaspillent le décuple en eau de la moyenne mondiale…
Suite de ce dossier la semaine prochaine.


Politique : 4ème Plenum – Quatre axes de réformes probables

La semaine passée, Xi Jinping, n°1 du PCC, concluait 18 mois de « campagne de masse » (contre les styles de vie extravagants) et précisait le thème du 4ème Plenum du Comité Central (20-23/10) : « Gouvernance selon la loi  » (依法治国 yī fǎzhì guó), un concept différent de l’«  Etat de droit », sur lequel la plupart des observateurs s’étaient focalisés jusqu’alors. Le message du Plenum devrait être recherché non dans « l’ouverture de la cage », mais dans le « pouvoir qu’on mettrait dans la cage ».

En marge de ces prédictions floues des fruits potentiels du Plenum, le chef de l’Etat s’est mis ces derniers mois à multiplier les références à la culture chinoise antique. Avec Confucius, il affirme que le maître tire son pouvoir de la « vertu ». Avec Mencius, il célèbre l’obéissance due aux « valeurs fondamentales ». Enfin, il cite Han Fei, le penseur de l’ère de l’Empereur Jaune, qui croit que « quand le dirigeant légal est fort, l’Etat est fort ». Toutes ces références brassent trois idées simples : l’autorité ne se partage pas, elle est basée sur la vertu, et la Chine cherche son avenir en elle-même, dans son passé, et non dans des modèles occidentaux. Tout ceci fait très maoïste. Quoique le Timonier ait milité contre Confucius. Mais Xi Jinping joue sur cette contradiction, à son profit : il surfe ici sur une nostalgie des valeurs d’avant le socialisme, pour replâtrer l’appareil autoritaire socialiste. 

Par rapport aux Plenums précédents, une chose frappe : la rareté de toute « fuite », à quelques jours de l’ouverture. Les rares au courant des préparatifs sont restés muets : d’abord, par prudence face à un appareil plus nerveux qu’en d’autres temps, et par pragmatisme (on confie plus volontiers de bonnes nouvelles, que de mauvaises). 

Selon diverses sources tels le Quotidien du Peuple et un rapport de la Bank of America (Merrill Lynch), le Comité Central se serait entendu sur quatre axes de réforme : 

– renforcer l’indépendance des juges, vis-à-vis des pouvoirs locaux. Désormais, ils seraient payés par la province et non par la ville, et leurs les tribunaux pourraient poster tous leurs verdicts en ligne.
– une réforme foncière renforcera les droits de propriété des paysans (essentiels pour consolider leur accès au crédit hypothécaire) et leur accès au hukou (permis de résidence) urbain.
– la CCID, police du Parti, prendrait plus d’indépendance : Wang Qishan, son Président, bras droit de Xi, comprend que celle-ci se retrouve mains liées, à mesure qu’elle frappe haut. Or, pour prévenir un retour de corruption galopante, la liberté d’enquête de la CCID est incontournable.
– sous l’angle budgétaire, le Plenum veut contraindre les provinces à devenir plus transparentes et responsables de leur dettes.

Dans tout cela, l’essentiel est la réforme judiciaire : elle est une précondition à toutes les autres, notamment celle du droit du sol, de l’entrée du capital privé dans les consortia publics, et elle conditionne aussi le retour de la confiance de la population en l’administration et le Parti. Pour le reste, le Quotidien du Peuple avertit les masses de prendre patience et de ne pas « attendre des solutions immédiates à tous les problèmes ». 

Quel sort réserver à Zhou Yongkang, l’ex-soutien de Bo Xilai, n°1 sur la liste des grands corrompus ? Le Plenum « tranchera ». Sa mise en examen semble inéluctable et être le point d’orgue de la campagne anticorruption. Il est temps, Xi le sait, de passer à autre chose, et de cesser un mouvement qui affaiblit et démotive l’administration, un des piliers du régime. 

Pas par hasard, à la veille du Plenum, Xi a rencontré durant deux heures une assemblée d’artistes et s’est aussi exprimé sur leur métier – sur un ton inspiré du discours de Yan’An par Mao en 1942. L’artiste doit « résister à l’appel de l’argent », servir des valeurs qui sont nationales (honnêteté, compassion) et socialistes (contribuer à « dissuader les styles de vie indésirables »). Xi voudrait aussi voir disparaître les architectures « bizarres » – telle la tour de la CCTV à Pékin, œuvre du néerlandais Rem Koolhaas ou le siège de Quotidien du Peuple à Pékin, par Zhou Qi. Ces dernières années, des architectes internationaux tels Zaha Hadid ou Paul Andreu ont éclairé la physionomie des métropoles chinoises, tout en libérant la créativité de ses architectes. 

L’art semble être pour Xi Jinping un exemple clair de cette gouvernance « néoconfucéenne », autoritaire qu’il souhaite appliquer à sa société durant son mandat…
La suite la semaine prochaine, pour le bilan de ce 4ème Plenum !


Diplomatie : Li Keqiang en Europe, superstar !

Du 10 au 17 octobre, Li Keqiang était en Allemagne, Russie et Italie. Chaque étape représentait des situations très diverses entre deux démocraties, une Russie en froid avec l’Ouest, une Union Européenne en passation de pouvoir, et un parterre d’autres organes internationaux (FAO, ASEM, ASEAN) et de nations d’Europe et d’Asie. Pourtant, un « fil rouge » relie toute la mission, avec deux objectifs chinois prioritaires : 

<p>- pousser l’usage mondial du Yuan pour concurrencer le US Dollar, en commerce international et en émission de bons d’Etat. Déjà la bourse de Londres vient de récolter 6 milliards de £ d’offre d’achat de la 1ère obligation européenne en RMB.
– renforcer l’influence chinoise en Asie du Sud-Est face à l’ASEM, et de combattre le projet d’Obama de « pivot » – le retour américain dans cette zone pour réunir les pays riverains, contre la stratégie chinoise de pénétration en mer de Chine du Sud. 

Li Keqiang arrivait en Europe avec un atout : la Chine reste le seul pays encore capable de générer de la croissance commerciale. Li apportait deux initiatives internationales d’échanges : une ceinture économique « route de la soie » (via Asie Centrale et Russie), et une route maritime de la soie, chaîne de comptoirs portuaires vers l’Europe via l’Océan Indien. 

A Moscou, Li Keqiang a signé 39 accords de coopération, dont un swap de 25 milliards de $ en rouble et yuan. Il a confirmé l’accord géant de mai LIEN – 400 milliards de $ d’achat de gaz russe – 38 milliards de m3 par an sur 30 ans. Ce deal est aujourd’hui jugé très favorable à la Chine : pressée par les sanctions occidentales suite à son annexion de la Crimée, Moscou a perdu son levier face au client chinois, pour imposer un prix élevé. 

D’ autres accords pour 10 milliards de $, concernent le nucléaire (russe, à installer en Chine), le TGV Moscou-Kazan (1ère section de 770km d’une ligne Moscou-Pékin), les télécoms et même le tourisme. Cependant la plupart de ces projets relèvent de la déclaration d’intention. Les réalisations sont freinées par une méfiance héritée du passé. Le principal ciment entre eux reste l’argument le plus faible aussi : la politique, la volonté commune de faire corps contre les Etats-Unis. 

L’Allemagne était sans conteste le plat de résistance : l’Outre-Rhin compte pour 30% des échanges sino-européens et est 1er investisseur européen en Chine avec 2,08 milliards de $ d’investissements directs en 2013 (+43%). Mais Berlin n’hésitait pas à dénoncer des dérapages protectionnistes de la campagne anti-monopole – VW (Audi) avait écopé d’une amende de 40,5 millions de $ pour entente (11/09).

Li a signé pour 18 milliards de $ de contrats, dont 5 pour l’achat de 70 airbus A320. Il s’agit en fait du rétablissement d’un contrat gelé en 2013 suite à la tentative – infructueuse – de l’Europe de taxer les émissions de CO2 de tous avions de ligne dans son espace aérien. Li a poussé un nouveau projet de chaine de montage pour A330 au centre Airbus de Tianjin, dont la JV est prolongée jusqu’à 2026 : Pékin s’engage ainsi à commander au moins 960 monocouloirs sous 10 ans. Ceci ne peut que renforcer les doutes sur la foi chinoise en son groupe aéronautique Comac – qui reçoit chaque année des milliards de $ de subventions afin de créer une concurrence à Airbus et Boeing. 

Pour la Chancelière allemande en tout cas, qui pâtit aujourd’hui d’un creux conjoncturel, cette moisson d’accords était du pain bénit. Telle la création d’un centre de crash- test SAIC-VW au Xinjiang (127 millions de $), ou celle d’une JV China Mobile-Deutsche Telekom, pour créer des systèmes internet embarqués à bord d’automobiles (43 millions de $). 

A Rome, avec son homologue italien Matteo Renzi, Li contresignait (14/10) 10 milliards de $ d’acquisition d’actifs dans de grands groupes italiens – Pékin a déjà acquis depuis janvier pour 6 milliards de $ de parts de maisons telles ENI, Enel, Fiat ou Prysmian, le n°1 mondial du câble. 

A Milan, avec l’Union Européenne, au sommet de l’ASEM, Li faisait ses adieux à la Commission sortante, dans l’attente de celle du Luxembourgeois J-C. Juncker qui débute le 1er novembre. En « cadeau d’adieu », les parties enterraient un conflit sur les télécoms depuis 8 ans, suite à la pénétration « à la hussarde » de Hua-wei depuis 2006 sur le marché du vieux Continent, lui ayant permis d’en contrôler 25% (1 milliard d’€ par an) au moyen de prix inférieurs de 18% à la concurrence locale. Pour épurer le litige, Pékin s’engagerait à limer ses crédits à l’export. Les deux bords s’engageraient à surveiller les parts en télécoms des marchés réciproques, et à coopérer en R&D et en standardisation. Si Pékin accepte aujourd’hui de jouer ce jeu, la porte serait ouverte à des accords plus ambitieux : protection mutuelle des investissements, libre-échange… 20 à 30 ans de coopération en perspective, entre les deux continents.


Santé : La Chine en guerre contre Ebola

Comme d’autres pays, la Chine sent l’inquiétude monter à propos d’ Ebola, virus découvert en 1976 au Zaïre (RDC), mortel dans 70% des cas, qui a déjà causé la mort de plus de 4400 personnes, en l’absence d’un vaccin. 

<p>Son arrivée possible menace la 116ème Foire de Canton : l’édition d’ automne pourrait souffrir une perte sèche en visiteurs et exposants (500.000 en mai dernier, dont 15.000 venus d’Afrique). 

Pourtant, sans avoir déclaré un seul cas, la Chine dispose d’une série d’atouts intéressants pour l’OMS, à commencer par l’expérience glanée lors de crises épidémiques, du SRAS en 2003 (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère), puis de grippe aviaire (H5N1 en 2009, H7N9 en 2013). 

En novembre 2002, la Chine s’était trouvée sans système de prévention ni coopération sanitaire, face à un SRAS que la censure permettait de se propager sans entrave. Une des 1ères tâches de Hu Jintao, à peine installé au pouvoir, avait été de débloquer 200 millions de $ pour créer un réseau de Centres de Contrôle et de Prévention des maladies (CDC) à travers le territoire et d’ordonner une transparence complète sur les données du SRAS. Une bonne surprise avait été l’aptitude démontrée par la population à isoler tout nouvel arrivant. Aussi si Ebola doit atteindre la Chine, le ministère de la Santé et l’OMS, en pleine synergie, peuvent compter sur plusieurs lignes de défense déjà en place.

A Pékin, la menace est prise très au sérieux : dans chaque province, un hôpital est désigné et formé en urgence, et à toutes les gares, aéroports et postes frontière, les détecteurs de température sont en alerte rouge. 

Des négociations sont engagées avec les pays et les centres mondiaux de défense épidémiologique. En une coopération débutée en juillet, des médecins et infirmières ont monté au Sierra Leone (l’épicentre du fléau), un hôpital de campagne—ils sont aujourd’hui 174. Pékin a également investi 54 millions $ hors frontières (dont 8,3 millions $ en dons directs) et a envoyé 10.000 doses (15/10) d’un remède expérimental curatif et préventif « JK-05 », des laboratoires Sihuan et de l’Académie Militaire des Sciences Médicales. En cas de succès, cette molécule relativement simple serait aisée à produire massivement, affirment ses auteurs.
Ainsi, alors que l’hydre menace le monde, la Chine se profile avec les Etats-Unis comme un des deux principaux champions, aux coudes à coudes pour la défaire.


Culture : Oscars 2015 : la Chine choisit son candidat – français !
Oscars 2015 : la Chine choisit son candidat – français !

Le Promeneur d’oiseau (夜莺) est l’histoire d’une gamberge à travers les campagnes du Guangxi d’un grand-père veuf et de sa petite-fille gâtée. Du réalisateur français Philippe Muyl, le film est une adaptation chinoise de son succès « Papillon » (2002). 

La surprise, c’est que cette co-production –la seconde officielle depuis la signature d’un accord cinématographique entre les deux pays en 2010– vient d’être choisie par Pékin pour représenter la Chine à Hollywood pour l’Oscar 2015 du meilleur film en langue étrangère.
La sélection a été rude face à des concurrents de haut vol, tels Zhang Yimou (« Coming home »), Jiang Wen (« Gone with the bullets »), le Français J-J Annaud (« Le Totem du loup », autre coproduction inspirée du roman de Jiang Rong) ou Diao Yinan, nimbé de son Ours d’or à Berlin pour « Black Coal, Thin Ice ».
De fait, ce choix a causé un choc discret parmi certains des prétendants et dans la presse spécialisée. La sélection est pourtant logique, chez des officiels persuadés d’avoir trouvé avec « le Promeneur d’oiseau » la meilleure chance d’un Oscar intensément désiré. Dans toute l’histoire d’Hollywood, la sélection chinoise n’a atteint que trois fois le palmarès des 5 films nominés, sans jamais remporter l’Oscar.
On peut soupçonner les sélectionneurs d’avoir voulu changer de critères, pour se mettre dans la peau d’un jury occidental. L’an dernier, « Back to 1942 » de Feng Xiaogang , un drame patriotique à gros budget, se déroulant pendant la Seconde guerre sino-japonaise, avait été recalé.
D’autres films en lice « collaient » mal. « Coming home », drame de révolution culturelle, demeurait trop sensible et « Black Coal », drame écologique et de pauvreté, trop triste !

« Le Promeneur d’oiseau » par contre avait la fraîcheur naïve et enthousiaste d’un dialogue entre grand-père et petite fille, avec juste assez de conflits pour permettre au public de deviner qu’ils se régleront avec douceur et brise.
Le long métrage était donc au confluent entre une vision étrangère de la Chine, que l’Etat puisse accepter selon son critère de « société harmonieuse ». Il venait aussi d’être présenté dans 17 festivals internationaux.
Last but not least, 2014 est l’année du 50ème anniversaire des relations franco-chinoises, et le choix d’un talent du cinéma français améliore les chances chinoises à Hollywood…
Rendez-vous donc au 15 janvier 2015, pour l’annonce des 5 nominés !


Petit Peuple : Xi’an : Liu Juyou, drogué malgré lui (2ème partie)

Résumé 1ère partie : Liu Juyou se fait embarquer lors d’un contrôle de police, début septembre à Xi’an (Shaanxi), testé positif à la consommation de drogue. Sachant bien qu’il n’y avait jamais touché, ce chauffeur de 26 ans se retrouve en préventive et doit seul faire la preuve de son innocence…

Pendant tout ce temps en Centre de détention, Liu Juyou ne se laissait pas abattre mais réfléchissait fiévreusement : d’où venait cette intoxication, s’il n’avait touché à la drogue ?
Soudain, à l’aube de la cinquième nuit, la lumière fut. Il se rappela « la Céleste nouille », son dernier bouiboui favori, découvert par hasard. Étirées à deux bras à la mode de Lanzhou, les nouilles n’avaient rien de mémorable, mais la sauce était magique. A la tomate se mariait l’oignon fondu, l’ail et la ciboule, la sauce d’huitre et la pâte de piment du Sichuan, assez épicée pour réveiller un mort, mais étrangement subtile. Puis son palais gardait souvenance de ce quelque chose d’entêtant, qui ne demandait qu’à y revenir… La drogue avait dû être jetée dans la marmite, il n’y avait pas d’autre solution ! C’était le poison mortel planqué dans le plaisir, la « balle enrobée en dragée » (糖衣炮弹, tángyī pàodàn) !

Liu saisit alors son portable—qu’il avait eu la sagesse de conserver en position éteinte depuis 5 jours, pour le faire durer. Il appela Li Zhenhe, son épouse. La voix tremblante, il lui dit son soupçon. Il la pria d’aller avec l’oncle Wang, la tante Xie et son frère Zhaohua, déjeuner à la Céleste nouille, puis d’aller se faire tester. Elle promit de le faire toute affaire cessante.
Heureux de pouvoir assister leur proche dans la détresse, tous se retrouvèrent derrière les tables en formica avec des mines de conspirateur, à déguster leurs bols de « lamian ». Puis la dernière bouchée ingurgitée, ils poursuivirent à pied vers l’hôpital. Le temps de se plier aux formalités, de faire les files d’attente, le verdict des laborantins tombait : Liu avait vu juste, les nouilles étaient plombées à l’opium ! 

Armés des certificats des médecins, ils allèrent en cohorte au commissariat central. Après les avoir écoutés, les limiers de la brigade des stups foncèrent en voiture, sirène enclenchée, vers la guinguette. Là, ils n’eurent même pas besoin d’attendre les résultats de l’analyse de la sauce : Zhang, le patron, leur confia fièrement pratiquer sa recette de famille comme son père, son grand-père et depuis 5 générations. L’opium, c’était des têtes de pavot dont il avait acheté 2kg dans la montagne. Il l’avait fait « pour l’arôme et le business » car en ces temps difficiles, le client se faisait rare. Or, avec son ingrédient-miracle, il était le seul du quartier à n’avoir pas eu besoin de casser ses prix. Sur cette belle confession, le malheureux gâte-sauce fut coffré. 

Informés du succès de l’opération, les membres de la famille de Liu retournèrent au commissariat, fiers d’avoir élucidé ensemble l’énigme et s’imaginant que le chef d’inculpation de leur proche était caduc. Quelle désillusion, ils se heurtèrent à un « non » catégorique ! Le boulot des agents était d’enfermer les toxicomanes, pas de les relâcher au premier prétexte. Or, toxico, Liu l’était sans discussion. Et qu’est- ce qui leur disait que Liu n’était pas venu chaque jour en toute complicité, prendre sa dose d’opium dans ses nouilles ? Hypocritement, les pandores se refusaient à amoindrir leur palmarès, leurs statistiques d’arrestations, dont dépendaient leurs primes. Après 15 jours d’échanges verbaux exaspérés, à bout de patience, l’épouse balança toute l’histoire sur Weixin (WeChat), suscitant à travers le pays des milliers de réactions hilares ou indignées. Ainsi, le centre de détention entrouvrit ses griffes, relâchant le chauffeur plus mort que vif. Depuis d’ailleurs, il jure que jamais plus il ne remettra les pieds dans un restaurant, et ne mangera que la cuisine de sa femme.

Le patron du bouiboui, plus chanceux, fut élargi le même jour que le chauffeur, après seulement 10 nuits à l’ombre. Joua en sa faveur le fait qu’il s’agissait d’une recette bien connue, interdite depuis quelques années seulement. La dose en alcaloïde était trop faible pour susciter une dépendance : sa bonne foi semblait donc établie. Toutefois, avant d’être autorisé à refranchir le lourd vantail d’acier, Zhang avait été prévenu: son affaire n’était pas close, il pourrait être poursuivi à l’avenir. 

Une fois à l’air libre, le cuistot fit le point sur sa mésaventure. Philosophe de nature, il se dit qu’au fond, une telle épée de Damoclès sur sa tête ne changeait pas grand-chose à sa situation. Se faire du souci sur la menace éventuelle d’être recoffré, ne ferait que ruiner sa santé. Mis à part l’usage du pavot comme condiment, dont il s’abstiendrait désormais comme de la peste, il s’empresserait d’oublier toute l’affaire. Sur ces bons mots, en sifflotant, il se remit en chemin.


Chiffres de la semaine : 200 milliards de yuans, 10,000 emails, 2 ans…

– 200 milliards de yuans : c’est le montant de la nourriture abandonnée sur les tables chinoises des restaurants chaque année. En effet, ne pas finir les plats est un signe de respect de la part des invités, geste censé montrer qu’ils sont assez mangé. L’appel de Xi Jinping en janvier 2013, à finir son assiette (“光盘行动“) mériterait d’être renouvelé…

Mais avant même d’arriver dans les assiettes, 35 milliards de kilos de grains sont perdus entre les mauvais silos, le transport et la meunerie, selon la China State Administration of Grain. Le plan lancé en 2013 pour perfectionner le stockage céréalier (avec une deadline en 2017), n’a pas encore porté ses fruits.

Zara Tmall– Il aura fallu 10,000 emails et 2 ans à la chaîne espagnole de magasins de vêtements  Zara (groupe Inditex – 456 magasins en Chine) pour négocier et préparer son entrée sur la plateforme B2C  Tmall (groupe Alibaba),  le 13 octobre. 

Après l’arrivée de deux de ses marques « plus jeunes » sur Tmall l’an passé (Bershka et Pull&Bear), le groupe rêve d’atteindre un large public avec sa marque phare. Zara rejoint ainsi 4000 autres marques étrangères vendant déjà leurs articles sur Tmall comme Burberry, Esprit, GAP, Uniqlo, Cache-Cache, Mango, Asos, C&A, Muji, La Redoute, Nike, Adidas, Le Coq Sportif, Lacoste… H&M (241 boutiques en Chine), un des principaux concurrents de Zara, vient lui d’ouvrir début septembre son propre site d’e-commerce en Chine. 

Le 16 mai 2014 à Hangzhou, le MAE Laurent Fabius signait avec Jack Ma (CEO d’Alibaba) un accord sur 3 ans pour aider les entreprises hexagonales à vendre via Tmall. 


Rendez-vous : du 20 au 26 octobre 2014
du 20 au 26 octobre 2014

19 octobre, Pékin : 34 ème Marathon

20-21 octobre, Shanghai : Shanghai Mode Lingerie

21 octobre, Chine : sortie nationale du film « Le Promeneur d’oiseau » de Philippe Muyl

21-24 octobre, Dalian : SHIPTEC China, Salon de la construction navale, des équipements pour la marine et de l’ingénierie offshore en Chine

22-24 octobre, Pékin : ELECTRICAL China /EP/ EPA Electrical Power Automation, Salons des équipements électriques et des réseaux de distribution d’énergie

24-25 octobre, Chengdu : SME Forum & Exhibition, Salon des PME, avec Forum PME France-Chine

24-26 octobre, Shanghai : TOP MARQUES, Salon des produits et marques de luxe

25-28 octobre, Qingdao : Salon de l’Agriculture

25 octobre – 2 novembre, Pékin : Mercedes-Benz China Fashion Week - retrouvez le programme détaillé ici

28-31 octobre, Shenzhen : China-Pharm, 19 ème Salon de l’industrie pharmaceutique

28-30 octobre, Shanghai : CEF – China Electronic Fair

A l’occasion de 50ème anniversaire des relations franco-chinoises, un jumelage officiel entre le château de Chambord et le Palais d’Eté à Pékin (Yuanmingyuan) a été mis en place.