Le Vent de la Chine Numéro 39 (2022)
L’administration du mandat de Xi Jinping III se met en place, sous le signe d’un rajeunissement et de diplômes : signe d’un besoin urgent en cadres dynamiques et compétents, aptes à faire face à des crises inédites.
Ainsi à 57 ans Zhou Zuyi, géophysicien de formation (après des études en Chine, Suisse et Angleterre) part pour le Fujian comme Secrétaire du Parti – le plus jeune secrétaire provincial de l’équipe actuelle. Xi Jinping lui aussi a servi au Fujian, province importante et qu’il connaît bien, ce qui exprime sa confiance dans ce cadre de nouvelle génération.
Aux commandes de la province côtière, Zhou Zuyi remplacera Yin Li, 60 ans, promu Secrétaire du Parti à Pékin. Yin a exercé 20 ans comme administrateur de la santé – qu’il a étudiée en Russie et aux Etats-Unis. Clairement, cette compétence est attendue dans un Pékin hanté par la Covid, avec plus de 150 nouveaux cas quotidiens recensés la semaine passée.
Le Politburo qui sort juste du XXème Congrès compte lui aussi un fort contingent de technocrates : 6 membres sur 24. Xi et ses conseillers savent qu’ils auront besoin de dirigeants capables aux manettes, pour espérer affronter les défis du pays, à commencer par la panne de croissance.
Selon les derniers chiffres, l’immobilier, locomotive traditionnelle, voit ses investissements reculer en 12 mois de 16% et ses ventes de 23%, le chômage (dans 31 grandes villes) grimper en un mois de +0,2% à 6% de la population active. La Chine, de plus, doit affronter une pandémie sans remède fiable, un vieillissement inexorable et une image internationale dégradée.
C’est sans doute pour cela que Xi Jinping s’efforce après le XXème Congrès de se rapprocher des grands de ce monde. En marge du sommet du G20 à Bali, il a rencontré Joe Biden, non pour se réconcilier – c’était hors sujet – mais pour recommencer à parler après un hiatus de longues années. L’on a alors pu voir un patron de la Chine au ton inusité, accommodant. A Bali, Xi a rencontré d’autres leaders, dont le Français Emmanuel Macron, avec le même sourire. Ainsi, il a dit à Biden ce que ce dernier espérait le plus entendre : qu’il n’avait « pas de plan pour prendre Taïwan dans l’immédiat ». Il a aussi réitéré son hostilité (confiée quelques jours plus tôt au chancelier allemand Olaf Scholz) à l’usage de l’arme nucléaire par Vladimir Poutine contre Kiev ou ailleurs. Il a été jusqu’à faire dire, par diplomate interposé, que « l’allié éternel » russe lui avait menti en omettant de lui signaler lors de son passage à Pékin l’imminence de son « opération militaire spéciale» contre l’Ukraine : ce qui est aller loin dans l’offensive de charme aux Occidentaux.
C’est que face au monde, les temps changent pour la Chine. Après des années d’auto-affirmation agressive par ses ambassadeurs « loups combattants », de grignotages territoriaux aux dépends des pays voisins, elle a usé le capital de tolérance et de « soft power » accumulé en 30 ans de politique prudente de Deng Xiaoping. Certains pays ne craignent plus de réagir, comme le Canada qui force en novembre trois groupes chinois à céder des actifs stratégiques dans les terres rares notamment, acquis au pays à la feuille d’érable. Il est grand temps pour Pékin de tenter de remonter la pente.
Le problème est que Pékin le fait, sans renoncer pour autant à sa posture de confrontation. Face au Congrès, Xi Jinping a appelé à « laisser fleurir 100 fleurs » : c’était un rappel implicite à la campagne de 1956, où Mao invitait intellectuels et dissidents à se dévoiler en le critiquant, pour mieux ensuite les faire arrêter l’année d’après.
Cette formule reprise 15 jours plus tard par Li Shulei, nouveau chef de la propagande, est là pour établir que les méthodes staliniennes et l’esprit de la révolution culturelle sont bien de retour. De même, quelques jours plus tôt, Xi se montrait parmi les officiers supérieurs de l’Armée Populaire de Libération, en tenue militaire, pour leur intimer de se tenir « prêts au combat » … Mais ce double langage marque bien les contradictions de cette équipe dirigeante.
La même hésitation, la même contradiction est perceptible face au traitement de la Covid. Le 11 novembre, l’autorité de santé nationale annonce « 16 mesures » pour alléger sa politique de confinement. En cas d’apparition de cas nouveaux, seul le malade sera isolé et non plus l’ensemble du bâtiment. L’accompagneront les cas contact « du 1er degré », mais non plus ceux « du 2d », et l’isolation de retour de l’étranger durera 5 jours et non plus 7. Mais en même temps, Pékin se montre déterminé à maintenir fermement la tolérance zéro : « le principe demeure », explique-t-on, « seule l’application est optimisée ».
Au fond, on voit bien le dilemme du pouvoir, la quadrature du cercle qu’il affronte. D’une part, les populations n’en peuvent plus et commencent à se rebeller, comme à Canton la semaine passée. De plus, le prix à payer pour cette stratégie d’isolement systématique se fait insupportable : des millions d’emplois sont perdus, des milliers d’entreprises ferment, et la croissance du PIB pour 2022 ne devrait pas dépasser 3,2%, du jamais vu.
Mais d’autre part, dès qu’on assouplit les règles, la Covid remonte : la nation enregistrait 20 000 nouveaux cas le 15 novembre, 23 276 le lendemain : record depuis avril, et cela non plus, la population ne peut le supporter. Elle n’est pas prête, préparée à l’autre approche de la pandémie, celle de l’Occident qui en deux ans, a appris à « vivre avec ». Elle y viendra, mais il faudra du temps et de bons vaccins. Xi Jinping lui aussi, a besoin de ce temps, pour ne pas avoir l’air de se déjuger.
A Charm el-Cheikh (Egypte), la COP 27 s’est réunie du 6 au 20 novembre pour accélérer la décarbonation de l’économie mondiale, face au dérèglement climatique. En 30 ans, cette réunion écologique est devenue une énorme « machine » rassemblant 33 000 observateurs, lobbyistes et négociateurs de 200 pays, chaque année dans un pays différent, seule occasion de confronter le « nord » (généralement blanc, et riche) au « sud » (souvent plus coloré, et pauvre). Entretemps, de plus en plus de voix s’élèvent pour contester cette division qui s’avère chaque année plus arbitraire, suite aux 30 ans de croissance qui ont modifié en profondeur la répartition des richesses du monde.
La COP 27 s’est achevée sur un succès important, en jetant les bases d’un fonds de compensation des « pertes et dommages » destiné aux pays frappés par les catastrophes naturelles, et en réitérant l’objectif de limitation du réchauffement global à 1,5°C d’ici 2100. Le fonds des pertes et dommages sera activé dans un an par la COP 28 de Dubaï, et un « comité de préparation » de 28 pays (nord et surtout sud) va le préparer d’ici là, de manière à faire payer « les pays riches » mais aussi des « sources plus larges ».
Toutefois, ce succès est voilé par le lobby des énergies fossiles, composé de compagnies exploitatrices des hydrocarbones (charbon, pétrole, gaz), et surtout d’Etats détenteurs des gisements. Ils ont pu ainsi enrayer toute velléité de date limite à l’usage de cette source d’énergie, cause n°1 du réchauffement planétaire. Cumulés, les engagements actuels des Etats en décarbonation ne permettent pas mieux qu’un réchauffement de 2,4°C d’ici la fin du siècle…
Dans cette cacophonie des nations pour le sauvetage du climat, la Chine s’en tire au mieux, avec deux bénéfices tangibles et aucun effort spécifique supplémentaire dans l’immédiat – on peut faire hommage à la qualité et à la discipline de ses négociateurs, mais aussi constater son art de participer aux négociations internationales, en prenant sans donner. Ajoutons qu’elle est restée durant les deux semaines de tapis vert dans une pénombre discrète, faisant agir ses alliés sans donner de la voix. Quels sont ses gains de Charm el-Cheikh :
– Concernant le financement du fonds « dommages et pertes », le rapport prend soin de préciser que « la Chine ne sera pas spécifiquement en première ligne ». Elle reste, comme depuis 1992 et le Protocole de Kyoto, un pays « en développement », quoique devenue entretemps le second PIB mondial et le premier émetteur de gaz à effet de serre. Ce statut préservé lui permet donc de voir l’avenir avec la confiance de conserver son « bouclier » contre les demandes futures (de l’Union Européenne et de pays en voie de développement) de contribution à l’effort commun.
– Le blocus du lobby des énergies fossiles a su empêcher toute date de fin d’exploitation de ces sources d’électricité : et ce, surtout grâce à la Chine qui a jeté tout son poids dans la bataille, par l’entremise de ses 130 pays alliés. C’est paradoxal, car ces pays pauvres auraient tout à gagner d’une contribution chinoise, d’un des pays aux plus grosses réserves financières mondiales. Mais dans cette alliance politique Chine/Pays pauvres et émergents, la discipline est de règle. Elle est toutefois en perte de vitesse : la COP27 a vu l’émergence de 43 pays insulaires menés par Antigua, qui ont osé réclamer la quote-part de la Chine, ainsi que de l’Inde…
Après la clôture, les négociateurs de l’Union Européenne et de la France ont déploré que l’Egypte, pays organisateur, ait privilégié, dans sa conduite des débats, les intérêts des pays du sud, surtout charbonniers, faisant la part belle à la Chine, au détriment de l’objectif commun de sauvetage de la planète à l’horizon 2100. Pour autant, durant les débats, la Chine a laissé entrevoir quelques plans de décarbonation prometteurs sur son territoire : par exemple, récupération accrue de l’acier usagé, qui pourrait atteindre 400 millions de tonnes d’ici 2030 et la moitié de ses besoins, et une réduction systématique des émissions de méthane dans l’agriculture, les gazoducs, les déchets urbains et surtout les mines de charbon à ciel ouvert du Shanxi.
En matière d’énergies renouvelables, la Chine après d’énormes efforts, marque des réussites uniques. En fermes solaires et éoliennes, elle est en tête, et veut détenir une capacité combinée de 1,2 milliard de kilowatts d’ici 2030, réduisant ainsi de 25% sa dépendance aux hydrocarbures. Elle veut aussi élargir sa surface de forêts (l’élément naturel le plus efficace dans le stockage de CO²) à 6 milliards de mètres cubes à cette échéance. Alors, son “intensité carbone”, à savoir ses émissions de CO² par point de PIB auront reculé de 65%. L’administration se prépare à cette optimisation en rassemblant les trois ministères hier rivaux sur l’environnement : Ecologie/Environnement, Ressources naturelles et Gestion des catastrophes naturelles. Le bilan écologique de la Chine est donc complexe et mitigé, « bon élève » de l’humanité et bientôt meneur de tendances sur son sol, mais fort réticent à entendre, dialoguer et travailler en équipe hors frontière. En profonde mutation, son évolution ne lui permet pas de coopérer plus. Il faut laisser du temps au temps.
Enfin, même si les manœuvres politiciennes permettent de préserver des intérêts nationaux en opposition de phase avec l’objectif commun de lutte climatique, le réchauffement global poursuit impavide ses ravages, causant à l’humanité un prix chaque année plus lourd à payer, sous forme de typhons, tsunamis, séismes, sécheresses et crues. Pour lancer enfin « à toute vapeur » (sic) le projet d’enrayer un réchauffement cataclysmique, deux obstacles restent sur le chemin :
– Les Etats-Unis avec leur droite financière sourde à tout effort hors frontières,
– et la Chine, en pleine nostalgie maoïste, qui ne veut rien se laisser dicter de l’extérieur.
L’argument n°1 des USA est de refuser de payer, tant que le premier pollueur, la Chine, en restera dispensée. Autrement dit, c’est clair, pour toute solution commune efficace, il n’y aura pas d’alternative à l’abandon de l’exception chinoise, au fait de rayer la Chine de la liste des nations dispensées de tout effort. Elle y a en fait intérêt, pour s’aider elle-même à nettoyer ses écuries d’Augias, sa terre, ses eaux et son air dilapidés, et pour prévenir les phases chaque année plus graves de crues et de sécheresse sur son territoire, sous l’effet d’un dérèglement des saisons, peut-être plus sévère chez elle qu’ailleurs !
Le XXème congrès du Parti communiste chinois (PCC) à peine achevé, et Xi reconduit dans son troisième mandat inédit, les dirigeants chinois gardent jour et nuit en tête cette épée de Damoclès qui pend sur leur régime : le risque de ne pouvoir nourrir le peuple, faute de terre en suffisance. Si les champs et les élevages ne parvenaient plus à fournir les marchés, si la faim qui avait fauché 30 à 100 millions de vies humaines durant le « grand bond en avant » devait revenir, des émeutes éclateraient, menaçant le « mandat du Ciel » pour le Parti, suivant le sort déjà connu par plusieurs dynasties impériales.
Dans la bouche de Xi Jinping ces derniers mois, revient fréquemment l’expression du « bol de riz », synonyme de l’approvisionnement chinois en produits agricoles. Depuis l’avènement du socialisme en 1953, la société a plus que doublé le nombre de ses bouches à nourrir, passant selon la FAO de 601 millions à 1,448 milliard. Elle a aussi beaucoup vieilli, en conséquence du quota d’un enfant par couple, imposé par le planning familial de 1979 à 2015. Nonobstant, sur ce territoire montagneux, les terres arables stagnent à 12%, contre 17% aux USA et 25% en Union Européenne, dont les populations sont bien plus modestes avec 338 et 447 millions d’habitants.
Malgré sa bonne productivité moyenne, l’agriculture chinoise est structurellement en manque de terres, d’autant que le pays, reconverti en « usine du monde », s’est terriblement pollué depuis des décennies, causant une crise écologique aiguë sur ses sols, ses eaux et son air*.
Pire, la moitié nord du pays est aride, avec seulement 15% de l’eau disponible ailleurs sur Terre – ceci explique, au passage, l’obsession historique du PCC à contrôler le Tibet, source de trois grands fleuves (Mékong, Yangtzé, Fleuve Jaune), aussi surnommé « pays des neiges » et « troisième pôle ».
Certes, avec la croissance économique fulgurante qu’a connu la Chine depuis 2008, nourrir tant de bouches n’aurait guère causé de problèmes, si les prédécesseurs de Xi Jinping, dans leur hâte de combler le retard de croissance du pays, n’avaient aveuglément adopté un modèle agricole de type américain, favorisant massivement l’élevage pour offrir aux citoyens toujours plus de viande et de produits laitiers.
D’un point de vue agronomique pourtant, c’était une erreur monumentale, quasi sans retour, qui aurait pu être évitée en maintenant dès le départ sa société sur son régime alimentaire végétarien traditionnel. Mais en passant massivement aux protéines animales, il a fallu décupler l’alimentation du cheptel, ce qui ne pouvait se faire qu’en important massivement l’aliment pour animaux, maïs et soja notamment. La Chine est ainsi devenue le principal importateur mondial de ces produits chers, qui ont endetté drastiquement ses fermiers.
Après avoir encouragé l’exode rural durant les derniers plans quinquennaux, le Parti, pressentant les méfaits du changement climatique, a opté pour moderniser ses campagnes, et rendre la production durable. Il a exempté les paysans de leurs taxes millénaires. Il a créé, ce qui se sait peu, une des banques de ressources génétiques les plus actives au niveau mondial. Il continue de favoriser l’amélioration génétique du riz et du blé, du maïs aussi du colza, du soja, des cultures d’algues marines, du porc, du poulet, des poissons et crevettes d’élevage en eau douce et marine.
Des progrès considérables ont été faits et mis en avant dans certains domaines : le professeur Yuan Longping a été quasiment « sanctifié » de son vivant pour ses gains de productivité en riz hybride. Autre agronome de génie – mais plus discret – le professeur He Zhonghu, membre de la CAAS (académie des sciences agronomiques) pourrait gagner demain la même notoriété dans le domaine du blé.
De nombreuses mesures accompagnent l’objectif public d’intensification et de durabilité de cette agriculture : tels la libéralisation récente des règles de production du maïs et du soja OGM, le recours généralisé à l’édition de gènes, et l’annonce en novembre 2022 d’un plan de digitalisation du secteur agricole. Quitte à sacrifier quelques individus, le Parti s’autorise même à sévir sur des accidents qui, en fait, ne sont que le fruit de son activisme agricole forcené, tels la crise du lait frelaté à la mélamine de 2008 (300 000 bébés avaient eu les reins bloqués, dont six étaient décédés) ou l’« accident » de la dernière épidémie de peste porcine (2016, des centaines de milliers de carcasses étaient abandonnées dans le Yangtzé par les éleveurs, pour éviter de payer les frais d’équarrissage), la cause étant largement due à la circulation d’animaux entre des élevages aux tailles incontrôlables.
Tout ceci fait que cette agriculture chinoise, quoique admirable par ses progrès fulgurants, reste un « colosse aux pieds d’argile » qui cause à ses dirigeants un souci permanent. Depuis les années 2010, la Chine s’est lancée dans une course discrète aux acquisitions stratégiques de terres, de compagnies agronomiques hors frontières. Elle achète le courtier Nidera en Amérique latine, le groupe semencier helvète international Syngenta. Des dizaines de milliers d’hectares ont été sécurisés par des entreprises chinoises en Asie du Sud-Est, en Amérique Latine, en Afrique, mais aussi en Europe – en France même.
D’un point de vue agricole, les projets BRI des nouvelles routes de la soie prennent un éclairage particulier : invariablement, ces routes à travers les océans et les cinq continents aboutissent en Chine avec leurs cargos et leurs trains chargés de maïs, de blé ou de porc congelé (cf diagramme – source : cultivar.fr, 22/10/2020).
Et une des raisons de la spectaculaire répression des peuplades ouïghoures au Xinjiang, aura été l’impératif d’empêcher tout soulèvement qui découragerait le passage des céréales de Russie, d’Ukraine et d’Asie centrale.
De même, la pandémie a été pour le régime l’occasion d’augmenter fortement les importations chinoises de blé, de maïs, d’huile de palme et de soja, pour regarnir ses stocks.
L’incertitude alimentaire accélère donc aussi le resserrement des liens avec la Russie. En soutenant Moscou dans sa guerre d’agression de l’Ukraine, la Chine pourrait se voir « gagnante à tous les coups » : sous le coup de sanctions occidentales, la Russie n’a d’autre option que lui offrir son grain à vil prix, et en cas de défaite, elle verra exploser sa dépendance vis-à-vis de l’« allié » chinois. Ici, le prix que peut guigner Pékin, est un accès largement élargi à la Sibérie voisine, un paradis vert encore à demi vierge, avec son eau, son bois, et ses champs que seule une population nombreuse comme la chinoise serait capable d’exploiter.
Mais l’ambition verte chinoise a un prix. Par son appétit insatiable, elle est devenue l’agent n°1 de la hausse des prix mondiaux des denrées et des engrais. Dans l’oubli du fait qu’on ne peut pas produire de tout partout, elle contribue à l’insécurité alimentaire mondiale, et son image de « soft power » en pâtit. En cas de conflit avec les Etats-Unis, par exemple suite à une attaque sur Taïwan, elle pourrait devoir subir le blocus de ses livraisons d’Amérique latine, d’Australie et d’Afrique. Une telle perspective pourrait avoir été à la base du tournant autoritaire constaté ces dernières années.
* cf. Le toujours très actuel livre de Benoît Vermander, « Chine brune ou Chine verte ? Les dilemmes de l’Etat-parti », 2007, Presses de Science Po.
Le 29 septembre 2019, à l’occasion du 70e anniversaire de la création de la République populaire de Chine, 42 personnalités chinoises et étrangères recevaient des mains du Président Xi Jinping des médailles nationales ou titres honorifiques pour les uns, des médailles de l’amitié pour les autres, récompensant des représentants exceptionnels du peuple ayant contribué à la cause du Parti et des fidèles ambassadeurs de la Chine dans leurs pays d’origine. Ce jour-là, Jean-Pierre Raffarin était récompensé d’une médaille de l’amitié et Duguima (都贵玛), une femme originaire de Mongolie Intérieure, gagnait le titre honorifique de « Modèle du Peuple » (人民楷模, rénmín kǎimó) pour un épisode de sa vie lié à ce qui a été appelé plus tard l’affaire des « Orphelins de Shanghai » (上海孤儿, shànghǎi gūér) ou des « Enfants de l’Etat » (國家的孩, guójiā de hái).
Duguima, aujourd’hui octogénaire, a été distinguée pour s’être occupée seule – alors qu’elle n’avait pas dix-neuf ans et aucune expérience en la matière – de 28 enfants âgés de quelques mois à cinq ans pendant plusieurs mois en 1961. Jeune Mongole au grand cœur, elle s’était portée volontaire, participant ainsi à une énorme opération de sauvetage orchestrée par des officiels connus de l’époque – dont Zhou Enlai, Premier ministre, et Ulanhu, Premier secrétaire du Parti de Mongolie Intérieure – pour éviter à ces enfants de mourir de faim. En effet, de 1959 à 1961, à la suite des politiques économiques désastreuses du Grand bond en avant et de la violence de la collectivisation agricole, la population chinoise endure l’une des plus grandes famines de l’histoire mondiale (三年大饥荒 ; pinyin : sān nián dà jī huāng).
Dès 1960, les orphelinats de Shanghai tirent la sonnette d’alarme devant le nombre croissant d’enfants qui leur sont déposés. Ces derniers ne sont pas des orphelins stricto sensu et, pour la plupart, ne viennent pas de Shanghai mais des villes environnantes : Yuxing, Suzhou, Yangzhou, Nankin entre autres. Là-bas, la rumeur dit que Shanghai a encore de quoi manger. Cela pousse des parents épuisés et incapables de trouver de quoi nourrir tous leurs enfants à prendre des décisions terribles : peut-être faut-il en abandonner un pour permettre aux autres de survivre ? Ne pas le laisser n’importe où mais à Shanghai où il sera nourri et survivra ? Acculés, des milliers font ce choix et abandonnent de très jeunes enfants devant un hôpital, une cantine, un grand magasin. Vite débordées, les autorités de la ville appellent à l’aide.
Dans les steppes de Mongolie Intérieure paissent encore des vaches qui pourraient donner du lait. Ulanhu propose donc d’y amener ces enfants puis de les répartir dans les familles locales. À peine débarqués du train et adoptés, beaucoup d’enfants meurent, saisis par le climat vigoureux, affaiblis par la malnutrition et le voyage. Aussi, les officiels locaux décident de créer des nurseries gérées par des femmes mongoles, pour habituer les enfants à leur nouveau mode de vie avant de les faire adopter.
C’est comme cela que Duguima s’est trouvée responsable d‘une nurserie avec 28 enfants à sa seule charge. Elle se souvient de la dureté de cette période, les pleurs incessants, nuit et jour, d’enfants effrayés, brutalement arrachés à leur vie, très faibles. La barrière de la langue l’empêche de se faire comprendre mais elle fait de son mieux pour habituer ces orphelins à leur nouvelle vie, les longs hivers, le froid, le régime alimentaire à base de viande et de lait, les yourtes, le dialecte tchakhar…
Sun Baowei (cf photo avec Duguima) et Jalgamj, un an et cinq ans à leur arrivée dans la nurserie, se réjouissent de la reconnaissance dont Duguima bénéficie aujourd’hui. Jalgamj sait depuis très longtemps ce qu’il lui doit. Après six mois dans la nurserie sans être adopté, c’est grâce à Duguima qu’il trouve enfin un foyer pour l’accueillir. Quand il est en âge de comprendre, ses parents adoptifs ne lui cachent rien de leur infertilité, de son adoption et du rôle joué par Duguima. Ceux de Baowei au contraire, préfèrent se taire.
Ainsi, beaucoup de ces enfants devenus adultes n’ont aucune idée de leur passé. Il y a bien quelques doutes, une absence sur les photos de famille, des moqueries de camarades d’école, des colères ou des silences trop prononcés quand ils posent des questions. La plupart de ces familles adoptantes ne veulent pas remuer un passé que le gouvernement met sous silence ou utilise comme symbole de l’harmonie inter-ethnie. Comme Sun Baowei, beaucoup de ces orphelins ne souhaitent pas peiner leurs parents adoptifs et attendent leur mort pour « déterrer les racines afin de comprendre la base » (刨根问底, páo gēn wèndǐ), aller au bout de leur recherche d’identité.
Par Marie-Astrid Prache
20-22 novembre, Shanghai : HOTELEX SHANGHAI, Salon international de l’agro-alimentaire et de l’industrie hôtelière. REPORTE du 29 mars au 1er avril 2023
20-22 novembre, Shanghai : FHC CHINA, Salon international de l’agro-alimentaire. REPORTE, Date à confirmer
20-22 novembre, Shanghai : PROPAK CHINA, Salon spécialisé dans la transformation alimentaire et l’emballage. REPORTE du 19 au 21 juin 2023
20-22 novembre, Shanghai : RUBBERTEC CHINA, Salon dédié aux machines de traitement du caoutchouc, produits chimiques, aux additifs et matières premières. REPORTE à 2023, Date à confirmer
23-25 novembre, Canton : CGMT, Salon international des machines-outils CNC
23-26 novembre, Shenzhen : CMEF – China Medical Equipment Fair, Salon chinois international des équipements médicaux
24-26 novembre, Shanghai : CIBE SHANGHAI – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté. REPORTE, Date à confirmer
24-27 novembre, Chongqing : CWMTE, Salon international des machines de production. REPORTE du 26 au 29 mai 2023
25-28 novembre, Shanghai : CEMAT ASIA, Salon des matériels de manutention, des techniques d’automatisation, de transport et de logistique. ANNULE. Prochaine édition du 24 au 27 octobre 2023
25-28 novembre, Shanghai : PTC ASIA 2022, Salon de la transmission et du contrôle de puissance, l’hydraulique et la pneumatique, les techniques de l’air compressé, les moteurs à combustion interne et les turbines à gaz: ANNULE. Prochaine édition du 24 au 27 octobre 2023
27-29 novembre, Canton : China International Metal and Metallurgy exhibition, Salon international de la métallurgie: REPORTE, Date à confirmer
29 novembre-1er décembre, Qingdao: CAC SHOW, Salon international et conférence dédiés à l’agrochimie et aux technologies de protection des récoltes: REPORTE du 23 au 25 mai 2023
30 novembre-2 décembre, Shenzhen : NEPCON ASIA, Salon international des matériaux et équipements pour semi-conducteurs
30 novembre-4 décembre, Shanghai : CIIF – China International Industry Fair, Foire industrielle internationale de Shanghai (industrie du métal et machine-outil, automatisation industrielle, technologies de l’environnement, technologies de l’information et des télécommunications, énergie, technologies aérospatiales…). REPORTE à 2023, Date à confirmer
1-3 décembre, Shanghai : EP Shanghai / Electrical Shanghai, Salon international des équipements électriques. REPORTE, Date à confirmer
1-4 décembre, Shenzhen : DESIGN SHENZHEN, Salon international du design, de la décoration et de l’architecture intérieures
2-4 décembre, Yantai : CINE – Chine International Nuclear power industry Expo, Salon international de l’industrie nucléaire
2-4 décembre, Canton : THE KIDS EXPO, Salon international de l’éducation des enfants en Chine. REPORTE du 9 au 11 juin 2023
2-3 décembre, Pékin : ALLFOOD EXPO, Salon international de la confiserie, des snacks et des glaces
6-8 décembre, Canton : INTER AIRPORT CHINA, Salon international des équipements pour aéroports, technologies et services
7-9 décembre, Shenzhen : CIOE – China Internation Optoelectronic Expo, Salon chinois international de l’optoélectronique
7-9 décembre, Suzhou : MEDTEC CHINA, Salon et conférence des constructeurs chinois de matériel médical
7-9 décembre, Shanghai : SIAL, Salon international de l’alimentation, des boissons, vins et spiritueux
9-11 décembre, Pékin : ISPO BEIJING, Salon professionnel international des sports, de la mode et des marques de vêtements. REPORTE, Date à confirmer
9-11 décembre, Pékin : ALPITEC, Salon international des technologies de la montagne et des sports d’hiver. REPORTE, Date à confirmer
14-16 décembre, Shanghai : CBME – Children Baby Maternity Expo, Salon international de l’enfant, du bébé et de la maternité. REPORTE du 28 au 30 juin 2023
18-21 décembre, Canton et Shenzhen : CIBE – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté
14-16 décembre, Shanghai : INTERMODAL ASIA, Salon et conférence sur le transport naval et la logistique portuaire
20-22 décembre, Shanghai : CPHI / PMEC, Salons internationaux de la pharmacologie et des biotechnologies qui rassemblent compagnies pharmaceutiques, institutions et organismes de recherche
20-23 décembre, Shanghai : AUTOMECHANIKA, Salon professionnel international des pièces détachées et accessoires pour l’industrie automotive, des équipements pour garages et stations-services
21-23 décembre, Pékin : INFOCOMM CHINA, Salon et conference sur les technologies de l’information et de la communication
21-23 décembre, Chengdu : CTEF, Salon chinois international des équipements et procédés chimiques
26-28 décembre, Pékin : CIBE – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté
27-29 décembre, Shanghai : SNEC PV POWER EXPO, Conférence et exposition internationales sur les technologies de stockage d’énergie
27-30 décembre, Shenzhen: LOGIMAT CHINA, Salon international de la distribution, du matériel de manutention et des systèmes de gestion des flux