Le Vent de la Chine Numéro 3 (2025)

du 20 janvier au 2 février 2025

Editorial : Le Dragon s’en va, le Serpent siffle
Le Dragon s’en va, le Serpent siffle

Comme chaque année, voici venu le temps de la plus grande migration humaine au monde à l’occasion de la fête du Printemps (« Chunjie » , 春节). A compter du 14 janvier et pendant une période de 40 jours, c’est plus de 9 milliards de voyages qui seront réalisés à travers toute la Chine. Aéroports, gares routières et ferroviaires, autoroutes … Le réseau de transport sera mis à rude épreuve, mais les progrès constants de la Chine font que les scènes de chaos et la pénurie de tickets, récurrentes il y a encore quelques années, ne seront bientôt plus que de mauvais souvenirs…

Si l’écrasante majorité des Chinois célébreront le 28 janvier au soir en famille le passage à l’année du Serpent dans leur ville/village natal, quelques millions d’entre eux profiteront de ces 8 jours de vacances nationales pour s’envoler hors frontières.

La Thaïlande voisine, par exemple, a longtemps été une destination de choix, jusqu’à l’enlèvement début janvier d’un acteur chinois forcé par des mafieux à travailler dans un centre d’arnaque en ligne. Une affaire qui a profondément choqué l’opinion publique et qui devrait refroidir les ardeurs de certains touristes. Ironiquement, dans l’argot policier, une « tête de serpent » désigne le chef d’une organisation criminelle spécialisée dans l’émigration clandestine…

Il faut dire que dans l’imaginaire collectif chinois, le Serpent (蛇) suscite à la fois crainte et fascination. Il a notamment inspiré de nombreuses légendes, dont la plus célèbre est peut-être celle du Serpent blanc (Báishé Zhuàn, 白蛇传), mettant en scène un homme séduit par un serpent qui a pris la forme d’une dame vêtue de blanc. On prête aussi à Nüwa, déesse créatrice de l’humanité dans la mythologie chinoise, un corps de serpent.

Le reptile est également présent dans bon nombre de proverbes courants, tels que « dessiner un serpent avec des pattes » (画蛇添足 ; huàshé tiānzú), qui désigne le fait d’en faire trop. D’autres dictons sont nettement moins flatteurs : « la tête du tigre, la queue du serpent » (虎头蛇尾 hǔtóu shéwěi), qui exprime un bon démarrage, mais une mauvaise fin ; ou encore « dragons et serpents qui se mélangent » (龙蛇混杂 lóngshéhùnzá), qui évoque un mélange de bonnes et mauvaises personnes.

Sixième de la course légendaire lancée par l’Empereur de Jade, le « Petit Dragon » (小龙) comme il est parfois surnommé, est l’animal le plus énigmatique du zodiaque chinois. Ainsi, les natifs du signe sont réputés être plutôt secrets, réfléchis, rusés, intuitifs, prudents, indépendants, mais parfois paresseux.

Parmi les natifs célèbres, on trouve le créateur du « pinyin », Zhou Youguang (janvier 1906) ; l’architecte qui a conçu la pyramide du Louvre, I.M. Pei (1917) ; le poète et essayiste François Cheng (1929) ; le Secrétaire général du PCC, Xi Jinping (1953) ; l’actuel ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi (1953) ; la comédienne Gong Li (1965), en couple avec Jean-Michel Jarre, pionnier de la musique électronique ; le président français Emmanuel Macron (1977) mais aussi son épouse Brigitte (1953) ; l’actrice tombée en disgrâce, Angelababy (1989) ; la chanteuse country qui pourrait bien se produire à Shanghai cette année, Taylor Swift (1989), ; ou encore Gedhun Choekyi Nyima (1989), le fils de pasteurs tibétains désigné par le dalaï-lama comme réincarnation du panchen-lama et mis au secret par Pékin depuis ses 6 ans.

Selon la croyance, tous ceux dont le Serpent est le signe de naissance cette année (本命年, běnmìngnián) seraient bien avisés de porter chaque jour sur eux quelque chose de rouge (bracelet, chaussettes, sous-vêtements…) s’ils veulent se protéger des mauvais esprits. De la même manière, 2025 ne sera pas un long fleuve tranquille pour eux, mais ils sauront trouver les ressources nécessaires pour dépasser les difficultés rencontrées.

Le Serpent est aussi le signe de la mue et des changements, parfois violents. En 1977, il inspirait les premières manifestations de l’après Révolution Culturelle et marquait le retour en grâce de Deng Xiaoping après la mort de Mao. En 1989, il animait les étudiants du Printemps de Pékin et provoquait la chute du mur de Berlin. En 2013, il suscitait émeutes et attentats au Xinjiang. Il n’y a plus qu’à espérer que l’élément bois qui revient tous les 60 ans, apportera plus de stabilité et de mesure à cette nouvelle année !


Technologies & Internet : L’hiver de TikTok et le printemps de Xiaohongshu
L’hiver de TikTok et le printemps de Xiaohongshu

C’est une saga qui n’en finit pas. Le 19 janvier, TikTok, le réseau social le plus téléchargé au monde, est devenu indisponible aux États-Unis, affichant le message d’erreur suivant : « désolé, TikTok n’est pas disponible pour l’instant« . En effet, le Congrès a adopté en avril 2024 un texte contraignant la maison-mère de TikTok, ByteDance, à vendre ses activités américaines d’ici cette date butoir, sous peine d’interdiction du réseau social aux Etats-Unis. Les élus américains ont justifié cette décision par crainte de voir les données et contenus des utilisateurs américains exploités par les autorités chinoises, soupçonnées d’espionnage.

Sauf que ByteDance a toujours réfuté avoir accordé l’accès à ces données au gouvernement chinois et a jusqu’ici systématiquement refusé de céder sa filiale américaine, même si plusieurs investisseurs se sont déjà montrés intéressés. La valeur de TikTok US serait estimée entre 40 et 50 milliards de $.

En guise d’alternative, son PDG, le Sinpapourien Shou Zi Chew, avait proposé en mars 2024 d’héberger toutes les informations liées aux 170 millions d’utilisateurs américains sur les serveurs de la société texane Oracle, sans parvenir à convaincre un Congrès particulièrement hostile. Ce courageux plaidoyer lui avait tout de même valu l’admiration et le respect des internautes chinois.

Depuis que la Cour Suprême a rejeté l’appel du groupe le 17 janvier, le sort de l’application préférée des jeunes Américains semble désormais entre les mains de Donald Trump, qui prendra officiellement ses fonctions à la Maison Blanche le 20 janvier. Partisan de l’interdiction pure et simple de Tiktok durant son premier mandat, le président élu a depuis changé d’avis et promis de sauver la plateforme. Il pourrait par exemple, via un de ses « executives orders », accorder un répit supplémentaire de 90 jours à l’application et ainsi permettre à ses propriétaires de trouver un accord avec un repreneur américain.

Pourquoi pas Elon Musk, qui se trouve à la fois être l’un des plus fidèles soutiens de Donald Trump, le propriétaire de X (ex-Twitter), et une personnalité appréciée par Pékin depuis qu’il a installé l’une de ses « gigafactory » à Shanghai ? Bloomberg et d’autres médias rapportent que ce scénario serait envisagé par les autorités chinoises, information toutefois réfutée par les principaux intéressés.

En attendant, pour exprimer leur mécontentement, les utilisateurs américains se sont rués sur une autre application chinoise, Xiaohongshu (littéralement « Petit livre rouge »). Ils seraient au moins 3 millions à avoir franchi le pas en une semaine. C’est ainsi que « l’Instagram chinois », connu sous le nom de RED à l’étranger, serait devenu l’application la plus téléchargée du moment sur iPhone aux USA, devant un autre réseau social chinois auparavant peu connu, Lemon8, également développé par Bytedance.

Malgré la barrière de la langue (RED est uniquement disponible en mandarin), cet afflux a donné lieu à des échanges candides et plutôt enthousiastes entre utilisateurs chinois et « réfugiés TikTok » (tel qu’ils se sont eux-mêmes surnommés), réunis sur une seule et même plateforme pour la première fois depuis bien longtemps. Il faut rappeler que Facebook, X, Instagram, Whatsapp et consorts sont bannis en Chine depuis parfois plus de 15 ans. « Est-ce que les salaires baissent aussi aux USA » ? « Est-ce que vous devez aussi rattraper des jours de travail après vos vacances nationales ? » « Est-ce vrai qu’aux Etats-Unis, les rues sont remplies de sans-abris ? ». Autant de questions posées sur RED par des utilisateurs chinois à leurs nouveaux « amis » américains, qui ignorent pour la plupart que cette plateforme au contenu plutôt orienté lifestyle, mode et voyages, est soumise – tout comme le reste de la sphère numérique chinoise – à des règles de publication extrêmement strictes. 

« Rappel amical : sur les réseaux sociaux chinois, ne pas discuter de certains sujets sensibles, comme la politique, la religion ou la drogue », écrit un utilisateur basé dans le Guangdong. Cela tombe bien, les « réfugiés Tiktok » ne sont pas venus sur RED pour critiquer le gouvernement chinois ni pour s’enquérir des problèmes de liberté d’expression dans l’Empire du Milieu, mais seulement exprimer leur désaccord face à l’interdiction potentielle de TikTok aux USA.

L’ironie de la situation n’aura échappé à personne : voir des internautes américains protester contre le contrôle de leur réseau social préféré sur une plateforme chinoise encore plus surveillée, ne manque pas de sel.

Les autorités chinoises, elles, sont tiraillées face à ces improbables « retrouvailles ». D’un côté, cela s’inscrit dans la promotion des « échanges culturels entre les peuples » voulus par le gouvernement chinois, qui reste désireux de projeter une image d’attractivité et d’ouverture sur le monde ; de l’autre, ces interactions spontanées et sans filtres entre ses ressortissants et des citoyens d’une puissance rivale, le mettent mal à l’aise, craignant que les conversations ne dérapent.

Cette situation s’est déjà produite en 2021, dans le sens inverse cette fois, lorsque des internautes chinois affluèrent sur un réseau social vocal américain prénommé Clubhouse (suite à la participation d’Elon Musk) et prirent part à des discussions sur des sujets controversés en Chine (camps de rééducation au Xinjiang, les manifestations prodémocratie à Hong Kong, homosexualité…). Il n’aura fallu qu’une semaine aux censeurs chinois pour intervenir et bloquer l’application.

Dans le cas de Xiaohongshu, les autorités auraient déjà demandé aux propriétaires de l’application de s’assurer que les utilisateurs basés en Chine ne puissent pas voir les publications des utilisateurs hors frontières, comme c’est déjà le cas pour TikTok, plateforme dédiée à un public international, et Douyin, uniquement destiné aux utilisateurs derrière la « Grande Muraille de Feu ».

Même si ce « printemps » de Xiaohongshu devrait vite prendre fin, cet épisode reste remarquable pour la rare occasion qu’il offre aux citoyens des deux pays d’interagir ensemble sans que leurs gouvernements respectifs n’interviennent ou ne tentent de manipuler leur opinion. Il permet également de réaliser à quel point les deux peuples ont une méconnaissance l’un de l’autre. Quant à l’avenir de TikTok aux Etats-Unis, la messe est loin d’être dite…


Economie : Entre censure et propagande, l’impossible récit de l’économie chinoise
Entre censure et propagande, l’impossible récit de l’économie chinoise

Il ne pouvait pas en être autrement. D’ailleurs, il n’en fut jamais autrement sauf durant la période de la pandémie de Covid-19 : la Chine est parvenue à atteindre, grâce à l’excellente supervision de ses dirigeants, ses objectifs de croissance. Certains commentateurs ayant des intérêts économiques dans le pays, ainsi que d’anciens maoïstes et autres thuriféraires du « non-alignement » et de la résistance à « l’Oncle Sam », ne manqueront pas de s’en extasier et d’y voir une manifestation de la résilience de la Chine.

Ces intellectuels ne voudront surtout pas mettre en doute ce rebond fort bienvenu de l’économie chinoise au dernier trimestre de 2024 qui lui permet, – miracle toujours renouvelé – d’atteindre donc les objectifs prévus de 5% de croissance du PIB en 2024.

Voici donc les données officielles publiées par le Bureau national des statistiques le 17 janvier : le PIB de la Chine a atteint 134 910 milliards de RMB (18 800 milliards de $) en 2024, ce qui représente une croissance de 5,0 % en glissement annuel à prix constants. Les données trimestrielles ont montré que la croissance du PIB a atteint 5,4 % au 4ème trimestre, dépassant même les attentes du marché après une croissance de 5,3 % au 1er trimestre, de 4,7 % au 2ème trimestre et de 4,6 % au 3ème trimestre.

Le total des importations et des exportations de biens de la Chine a atteint 4 380 milliards de RMB (610,16 milliards de $), soit une augmentation de 5,0 %. Les exportations se sont élevées à 2 550 milliards de RMB (355,23 milliards de $, en hausse de 7,1 %), tandis que les importations ont totalisé 1 840 milliards de RMB (256,32 milliards de $, en hausse de 2,3 %), maintenant la Chine comme deuxième importateur mondial pour la 16e année consécutive.

Officiellement donc, il n’y a que des motifs de réjouissance. Traduction : les intellectuels post-coloniaux peuvent continuer à critiquer l’Occident pour ses ratés économiques (tout en faisant du capitalisme la source de tous les maux) et les économistes financiers peuvent continuer à exhorter le « grand capital » et les petits porteurs à miser sur le pays et à y investir massivement.

Ces chiffres sont cependant sujets à caution. Certains signes contradictoires semblent pouvoir nuancer, sinon contredire ce narratif.

Le premier signe est d’abord qu’il semble devenir impossible en Chine de mettre en doute le narratif officiel. En septembre 2024, Zhu Hengpeng, un économiste chinois de premier plan, qui travaillait pour un influent groupe de réflexion gouvernemental, a disparu après avoir fait « des remarques désobligeantes sur l’économie chinoise » dans un groupe WeChat.

Plus récemment, début janvier 2025, le président chinois Xi Jinping aurait fait taire l’éminent économiste Gao Shanwen après qu’il ait osé émettre des doutes sur la fiabilité des données officielles du PIB et sur la capacité de Pékin à soutenir la croissance économique. Ce crime de lèse-majesté se serait produit lors d’un événement à Washington le mois dernier où Gao avait déclaré : « nous ne connaissons pas le véritable chiffre de la croissance réelle de la Chine ». Des propos qui pourraient bien refroidir les plus fervents « sinolâtres ». D’autant que Gao ajoutait : « ma propre spéculation est qu’au cours des 2-3 dernières années, le chiffre réel pourrait être en moyenne d’environ 2 %, même si le chiffre officiel est proche de 5 % ». Le problème est qu’il est fort difficile, sinon impossible, de vérifier, infirmer ou confirmer, les chiffres officiels de l’économie chinoise de façon indépendante. D’ailleurs, le FMI et la Banque mondiale, eux-mêmes, ne font que transmettre les chiffres officiels.

On dira : pourquoi croire un économiste chinois qui parle de son pays à l’étranger et vise sûrement à se mettre en valeur ? C’est que, si le doute est permis, il l’est des deux côtés. Gao, économiste en chef de la société d’État SDIC Securities, a fait part de ses propres estimations sur l’avenir de la croissance chinoise : « je pense qu’il serait plus raisonnable de s’attendre à un taux de croissance entre 3 et 4 % dans les 3 à 5 prochaines années, mais nous savons que le chiffre officiel sera toujours d’environ 5 %… ». Faut-il croire dans l’adage qu’il n’y a que la vérité qui blesse ? En tout cas, ces déclarations auraient provoqué la colère du leadership, qui aurait ordonné une enquête sur Gao : l’économiste a été autorisé à conserver son poste mais s’est vu interdire de s’exprimer en public.

Le second questionnement concernant les chiffres du PIB chinois vient d’autres signaux plus faibles mais insistants. Ainsi, mi-décembre, le rendement des obligations souveraines chinoises à 10 ans a continué de chuter. Le rendement des obligations d’État à 30 ans est également tombé sous la barre des 2 %. En outre, diverses sources rapportent que les entreprises ont du mal à garder leurs finances, que les gens ont de graves difficultés à trouver du travail et que les municipalités croulent sous les dettes, peinant même à payer leurs employés. A cela s’ajoute qu’au cours des trois derniers mois de 2024, la consommation des ménages n’a contribué qu’à hauteur de 29 % à l’activité économique chinoise, contre 59 % avant la pandémie. Enfin, selon China Dissent Monitor, il y a eu plus de 900 manifestations en Chine entre juin et septembre 2024, menées par des travailleurs et des propriétaires fonciers, soit 27 % de plus qu’à la même période un an plus tôt : ce qui ne saurait être un signe de bon augure, car on ne se révolte pas si tout va bien.

De tout cela, il ressort une vérité à la fois simple et brutale : donner les chiffres de la croissance chinoise sans les mettre en perspective ou les nuancer, revient ni plus ni moins à faire de la propagande pour le compte d’une puissance étrangère.

Par Jean-Yves Heurtebise


Vocabulaire de la semaine : « Croissance économique, naissance, kidnappé »
« Croissance économique, naissance, kidnappé »
  1. 经济增长, jīngjì zēngzhǎng : croissance économique
  2. 整体, zhěngtǐ (HSK 3) : global, dans son ensemble
  3. 强劲, qiángjìng (HSK 7) : solide, robuste
  4. 对比, duìbǐ (HSK 4) : contraste
  5. 描绘, miáohuì (HSK 7) : dépeindre, faire le portrait
  6. 疲软, píruǎn : faible, mou
  7. 通胀, tōngzhàng : inflation
  8. 税收, shuìshōu : taxe, impôt
  9. 支出, zhīchū (HSK 5): dépenses
  10. 乏力, fálì : faible

中国公布2024年经济增长5%,正式实现官方增长目标。不过,一些外部经济学家表示,与GDP整体数据强劲表现形成对比的是,其他一系列数据则描绘出一幅更为疲软的经济图景,比如消费者通胀税收收入和线上支出表现乏力.

Zhōngguó gōngbù 2024 nián jīngjì zēngzhǎng 5%, zhèngshì shíxiàn guānfāng zēng cháng mùbiāo. Bùguò, yīxiēwàibù jīngjì xué jiā biǎoshì, yǔ GDP zhěngtǐ shùjù qiángjìng biǎoxiàn xíngchéng duìbǐ de shì, qítā yī xìliè shùjù zémiáohuì chū yī fú gèng wèi píruǎn de jīngjì tújǐng, bǐrú xiāofèi zhě tōngzhàng, shuìshōu shōurù hé xiàn shàng zhīchū biǎoxiàn fálì.

La Chine a annoncé une croissance économique de 5 % pour 2024, atteignant officiellement son objectif de croissance. Cependant, certains économistes externes soulignent que, contrairement à la bonne performance globale du PIB, d’autres indicateurs dressent un tableau d’une économie plus atone, tels que l’inflation à la consommation, les recettes fiscales et les dépenses en ligne, qui restent faibles.

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  1. 人口, rénkǒu (HSK 2) : population
  2. 总数, zǒngshù (HSK 5) : totale
  3. 死亡, sǐwáng : décès
  4. 出生, chūshēng (HSK 2): naissance
  5. 上升, shàngshēng (HSK 3) : augmenter
  6. 得益于, déyìyú (HSK 7) : grâce à
  7. 农历, nónglì (HSK 7) : calendrier lunaire
  8. 吉利, jílì (HSK 6) : porte-bonheur, auspice favorable
  9. 反弹, fǎntán (HSK 7) : rebond
  10. 趋势, qūshì (HSK 4) : tendance

去年中国人口总数继续减少,为连续第三年下降,死亡人数超过出生人数。中国在2024年的出生人数八年来首次小幅上升,这得益于农历龙年的吉利意义,但人口学家表示这种反弹趋势不会持久。

Qùnián zhōngguó rénkǒu zǒngshù jìxù jiǎnshǎo, wèi liánxù dì sān nián xia jiàng, sǐwáng rénshù chāoguòchūshēng rénshù. Zhōngguó zài 2024 nián de chūshēng rén shù bā niánlái shǒucì xiǎofú shàngshēng, zhè dé yìyú nónglì lóng nián de jílì yìyì, dàn rénkǒu xué jiā biǎoshì zhè zhǒng fǎntán qūshì bù huì chíjiǔ.

L’année dernière, la population totale de la Chine a continué de diminuer pour la troisième année consécutive, le nombre de décès ayant dépassé celui des naissances. En 2024, le nombre de naissances en Chine a légèrement augmenté pour la première fois en huit ans, grâce au caractère propice associé à l’année lunaire du Dragon, mais les démographes estiment que le rebond ne durera pas.

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  1. 演员, yǎnyuán (HSK 3) : acteur
  2. 边境, biānjìng (HSK 5) : frontière
  3. 绑架, bǎngjià (HSK 7) : kidnapper, enlèvement
  4. 被迫, bèipò (HSK 4) : être contraint de
  5. 诈骗, zhàpiàn (HSK 7) : escroquerie
  6. 游客, yóukè (HSK 2) : touriste
  7. 取消, qǔxiāo (HSK 3) : annuler
  8. 前夕, qiánxī (HSK 7) : la veille, le jour d’avant
  9. 旅游业, lǚyóu yè : secteur touristique
  10. 打击, dǎjī (HSK 5) : un coup dur, un revers

演员王星在泰国边境城市湄索遭绑架后被带到缅甸,被迫在一个网络诈骗园区工作。许多中国游客出于安全担忧取消赴泰国旅行。中国春节假期前夕,这对泰国旅游业造成打击

Yǎnyuán wáng xīng zài tàiguó biānjìng chéngshì méi suǒ zāo bǎngjià hòu bèi dài dào miǎndiàn, bèi pò zài yīgèwǎngluò zhàpiàn yuánqū gōngzuò. Xǔduō zhōngguó yóukè chū yú ānquán dānyōu qǔxiāo fù tàiguó lǚxíng. Zhōngguó chūnjié jiàqī qiánxī, zhè duì tàiguó lǚyóu yè zàochéng dá jī.

L’acteur [chinois] Wang Xing a été kidnappé dans la ville frontalière de Mae Sot en Thaïlande, puis emmené en Birmanie, où il a été contraint de travailler dans un parc dédié aux escroqueries en ligne. De nombreux touristes chinois, préoccupés par leur sécurité, ont annulé leurs voyages en Thaïlande. Il s’agit d’un coup dur pour l’industrie touristique thaïlandaise à la veille des vacances du Nouvel An chinois.


Petit Peuple : Chongqing – Hu Guangrong : Un jardin inestimable
Chongqing – Hu Guangrong : Un jardin inestimable

Avec le succès rencontré par le documentaire à un festival dont elle a oublié le nom en juin dernier, Hu Guangrong s’étonne de voir des gens venir à sa rencontre dans les rues de son quartier natal de Shibati, à Chongqing. Il faut dire qu’elle détonne de plus en plus dans ce quartier millénaire, le dernier vieux quartier de Chongqing, soumis depuis 2009 à un plan de réaménagement complet. Il y a quelques années encore, elle se fondait dans le paysage bourdonnant de ce quartier populaire et sa hotte tressée en bambou sur le dos n’attirait pas le regard, il y avait tant à observer autour.

Elle connaissait tous ses voisins par leur nom et eux ne manquaient pas de la saluer. Dans les ruelles étroites aux pavés glissants, ils se côtoyaient tous les jours. Les maisons construites les unes sur les autres, en bambou et terre, ne possédaient ni toilettes ni eau courante. Aujourd’hui, les promoteurs parlent d’insalubrité, autrefois personne ne se posait de question. On partait faire ses besoins dans les toilettes publiques au bout de la rue, et les repas se cuisinaient sur des réchauds installés sur le pas des portes. Les jours de pluie, chacun grimpait sur les toits de tuile pour réparer les fuites avec les moyens du bord tandis que des bandes d’enfants, têtes levées vers le ciel et visages trempés, riaient à s’éclabousser, sous les cris des grands-mères chargées de leur surveillance. La pauvreté jurait partout ailleurs dans cette mégapole tentaculaire mais là, à Shibati, elle trouvait son réconfort et une certaine joie, oui, la joie de vivre ensemble.

Hu Guangrong y est née, et si elle tient toujours son petit hôtel malgré l’âge et les sous qui rentrent si peu, c’est d’abord pour les migrants qui s’y arrêtent. Où trouveraient-ils ailleurs à Chongqing une nuit d’hôtel à 3 yuans ? C’est ensuite parce qu’elle ne veut rien changer à son quotidien. La ville entière peut se transformer, elle continuera de vivre et de travailler comme elle l’a toujours fait. Pour gagner un peu d’argent en plus de son hôtel, elle a pris l’habitude depuis une quinzaine d’années de récolter dans la rue ce que d’autres ont jeté. Une fois réparés ou décorés, elle les revend ou les gardent. Ces objets rejoignent alors la « maison de ses pensées » comme elle aime décrire cet espace derrière chez elle, rempli de tout un amoncellement hétéroclite d’objets et de plantes. Son jardin secret en quelque sorte. Un champignon géant en plastique, des peluches salies, des guirlandes lumineuses et des fleurs artificielles, des parapluies, de vieux panneaux de signalisation, des cerfs-volants déchirés, de vieilles enseignes en bois rouge… Plus le quartier se vide, plus son jardin se charge. Elle y tient plus que tout, s’y accroche avec l’espoir de ne jamais quitter sa maison et être relogée dans les grandes tours des banlieues lointaines. La plupart de ses voisins sont déjà partis et le nouveau Shibati n’a plus rien de celui qu’elle connaissait : « un Shibati pour touristes », sourit-elle. Seul reste le nom et sa légende, Shibati pour les dix-huit marches de pierre, 十八梯, qui, à l’époque Ming (14e – 17esiècles), permettaient aux habitants du quartier d’accéder à un puit et d’y tirer de l’eau potable.

Pourtant, pas de nostalgie dans sa voix, Hu Guangrong sait combien les regrets sont inutiles. Un large sourire sur son visage fané, ses cheveux blancs ramenés en arrière dans une queue de cheval lâche, elle empoigne sa hotte et part au gré des ruelles qui montent et qui descendent, sur la piste de trésors enfouis. Car tous ces objets murmurent à son oreille des histoires, l’écho de vies quotidiennes effacées par les pelleteuses et les marteaux-piqueurs. Si le quartier est mort, les objets restent, qui évoquent pour elle les petits vieux en pyjama, assis sur des pliants devant leur porte, les joueurs de Mahjong et les fumeurs silencieux qui les observent, le tofu qui frit dans les poêles, le ronronnement des machines à coudre, les disputes et les cris des enfants, le bruit des gouttes de pluie qui s’écrasent sur les tuiles.

Le documentaire changera-t-il quelque chose au cours du temps ? Madame Hu ne se fait aucune illusion mais s’étonne toujours de voir des gens s’intéresser à son histoire. Comme ses objets, les images restent. Pour faire ce documentaire qui rencontre tant de succès, le réalisateur chinois l’a suivie pendant presque dix ans. Il a nommé le film « Le jardin de Mrs Hu » (Ms. Hu’s Garden) et ce titre plaît à la vieille dame. Oui, son jardin est un trésor, dont la valeur vaut le prix d’une ville au moins (价值连城, jià zhíliánchéng) par la somme des souvenirs qui continuent là de fleurir.

Par Marie-Astrid Prache

NDLR: Notre rubrique « Petit Peuple » dont fait partie cet article raconte l’histoire d’une ou d’un Chinois(e) au parcours de vie hors du commun, inspirée de faits rééls.


Rendez-vous : Semaines du 20 janvier au 16 mars 2025
Semaines du 20 janvier au 16 mars 2025

28 janvier au 4 février: Congés du Nouvel An chinois

29 janvier : Nouvel An chinois. Dans toute la Chine, les festivités du Nouvel an lunaire célèbreront l’entrée dans l’année du Serpent ( de Bois) qui commencera le 29 janvier 2025 pour se terminer le soir du 16 février 2026.

15 – 17 février, Canton : D•PES China, Salon professionnel de la signalétique, de l’affichage, de la gravure laser, des équipements et consommable d’impression

17 – 19 février, Shenzhen : LED CHINA, Salon mondial de l’industrie des LED

19 – 21 février, Canton : PCHi, Salon des soins personnels et des cosmétiques

20 – 22 février, Shanghai : SIOF – Shanghai International Optics Fair, Salon international de l’optique

17 – 19 février, Shenzhen : LED China, Salon international des LED

19 – 21 février, Canton : PCHi, Salon des soins personnels et des cosmétiques

20 – 22 février, Pékin : ISH China & CIHE, Salon international de l’assainissement, du chauffage, de la ventilation et de l’air conditionné

20 – 22 février, Shanghai : SIOF – China (Shanghai) International Optics Fair, Salon international de l’optique

21 – 24 février, Pékin : CIAACE, Salon chinois international des accessoires auto

23 – 25 février, Shanghai : Allfood Expo, Salon international de la confiserie, des snacks et des glaces

24 – 26 février, Pékin : CIBE – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté

25 – 27 février, Shanghai : SPINEXPO, Salon international du sourcing industriel dédié à l’innovation dans les fils, fibres et tricots

25 – 27 février, Canton : SPS – Smart Production Solutions, Salon d’approvisionnement pour les entreprises cherchant à pénétrer le marché manufacturier du sud de la Chine

27 février – 2 mars, Pékin : PetFair, Salon international spécialisé dans l’alimentation et les produits pour animaux de compagnie

28 février – 3 mars, Shenzhen : AutoEcosystems, Salon de la technologie et modification automobiles, du marché secondaire, des véhicules commerciaux, des camping-cars

3 – 6 mars, Canton : PackInno, Salon international des produits d’emballage

4 – 7 mars, Shanghai : APPP Expo, Salon international de la publicité, des technologies et des équipements de signalisation

5 – 7 mars, Canton : China Lab, Salon international et conférence sur les appareils de laboratoire et d’analyse

5 – 7 mars, Canton : IBTE, Salon des jouets et des produits pour bébés

5 – 7 mars, Shanghai : IWF, Salon professionnel international du la santé, du bien-être, du fitness et de la musculation

6 – 7 mars, Shanghai : WBX – World Breakbulk Expo, Salon international de l’industrie de la logistique et du transport, axé sur le thème du fret maritime et du breakbulk

6 – 9 mars, Pékin : CHF – China Home Furnishing, Salon international des matériaux de construction et de décoration

6 – 9 mars, Tianjin : CIEX – China International Equipment & Manufacturing Industry Expo, Salon international de l’automation, de la robotique et de la machine-outil

7 – 9 mars, Shanghai : CCF – China Consumer Goods Fair, plateforme d’achat pour toutes les catégories de biens de consommation

7 – 9 mars, Wenzhou : WIE – Industry Expo Wenzhou, Salon international de l’industrie manufacturière

10 – 12 mars, Shanghai : IACE, Conférence internationale sur les céramiques avancées

10 – 12 mars, Shanghai : PM, Salon international et conférence sur la métallurgie des poudres

10 – 12 mars, Shanghai : CCEC, Salon international et conférence sur les carbures cémentés

11 – 13 mars, Shanghai : CHIC, Salon international de la mode, de l’habillement et des accessoires

16 – 18 mars, Canton : Asian Flower Industry Expo, Salon asiatique de l’industrie des fleurs

16 – 18 mars, Canton : GMF – Asia Forestry & Garden Machinery & Tools Fair, Salon dédié aux équipement destinées à l’industrie forestière et à l’entretien des jardins

16 – 19 mars, Shenzhen : SZCW – Shenzhen International Furniture Exhibition and Creative Week, Salon international du meuble