Le Vent de la Chine Numéro 19

du 10 au 16 mai 2014

Editorial : Gare de Canton : quand les poignards refrappent

Six jours après la frappe ouïghoure en gare d’Urumqi (3 morts et 79 blessés), d’autres kamikazes s’en sont pris à la gare de Canton (06/05). En un an, la liste des « déraillements » entre la Chine et sa province du Xinjiang s’est allongée : 10 attaques mortelles officielles, telles celles place Tian An Men (28/10/2013, 5 morts, 40 blessés) et en gare de Kunming (02/03, 29 morts,143 blessés).

<p>Du fait de la censure, les détails manquent. Selon la version officielle, un homme seul aurait mené l’attaque, portant une calotte blanche – signe traditionnel d’une autre communauté musulmane, celle des Hui. Blessé par la police, il serait à l’hôpital, refusant de s’identifier. Selon des témoins cependant, l’homme aurait eu 3 comparses, dont 2 en fuite et 1 décédé. 

Entre les 4 attaques, des similitudes apparaissent. Si comme on peut présumer, l’identité ouighoure du tueur de Canton se vérifie, toutes ont le Xinjiang pour terre d’origine. Toutes ont impliqué la possession d’armes blanches (lames de 50 cm). Dans deux cas (Pékin, Urumqi), explosifs ou essence ont été utilisés. Toutes ont frappé des métropoles, et se sont déroulées à l’approche de dates-phare : Pékin à la veille du XVIII Congrès, Kunming à celle de la session de l’ANP, Urumqi lors de la visite de Xi Jinping, et Canton juste après le 1er mai. Enfin, au moins deux cas étaient motivés par une rancœur contre l’Etat : à Urumqi, un kamikaze déplorait la détention « injuste » de son fils, et à Pékin, le meneur aurait eu un fils tué par des Hans, lors d’un accident resté impuni. 

On le voit, mobiles et modes opératoires convergent. Le manque de sophistication des armes suggère l’absence de lien avec l’étranger (avec Al Qaeda ou des Ouïghours exilés). Pour autant, ces crimes suivent une ligne commune, et évoquent l’affirmation d’une cause ethnique : déstabiliser l’ordre dominant, le prendre par surprise, indigner les masses pour imposer une réforme. 

On peut comparer ces violences avec les protestations au Grand Tibet. Avec les Ouighours, les Tibétains partagent la peur de perdre leur culture, et le ressentiment d’un jeu économique biaisé en faveur des Hans. Mais la forme de lutte est très différente, selon les valeurs et les interdits religieux de chaque groupe : le Tibétain s’immole par le feu, le Ouighour veut tuer au hasard des passants anonymes. Aujourd’hui, la vague d’auto-immolation semble endiguée, suite au renforcement de la police et des pompiers dans les monastères. On peut supposer que ces attaques dans les gares vont assez vite s’éteindre, sous l’effet d’autres mesures nouvelles de sécurité publique.

Pékin préparerait pour juin un « new deal » du Xinjiang : plus d’emplois pour les Ouighours, mais aussi plus de répression aux opposants. Meng Jiangzhu, patron de la Sécurité vient de lancer une campagne « main lourde, poing serré contre l’arrogance de la violence terroriste » – ni dialogue donc, ni concessions d’autonomie culturelle et religieuse. Mais une réponse de ce type, faute de satisfaire sur le fond (culturel et économique) les aspirations de la base, risque d’exacerber encore la colère, et provoquer davantage d’autres actes aveugles et désespérés.


Agroalimentaire : Le café au Yunnan : nouvelle culture, nouveau paysannat (1ère partie)

Ce reportage, en deux parties, touche à la fois au modèle économique, environnemental et d’organisation sociale du monde agricole.U nique en son genre, l ’expérience menée dans le Xishuangbanna par Nestlé, pourrait avoir une profonde influence sur d’autres régions chinoises et d’autres produits agricoles.

Début mai, sur les hauteurs de Simao, au Sud du Yunnan, des paysans arpentent les terrasses, prélèvent les pousses toutes frêles de thé de Pu’er, et d’un geste adroit, les jettent dans leur hotte sur leurs dos. Quelques centaines de mètres en contrebas, les planteurs de café, en attendant le début de la saison en octobre, quand les baies auront atteint le rouge cerise de la maturité, profitent de ce temps libre pour retailler leurs arbustes frappés par le gel de cet hiver. 

Le café, qui n’existait pas il y 20 ans dans la région, vient concurrencer le thé sur une terre où il régnait en maître depuis des millénaires. Pour Wouter De Smet, le patron du programme café de Nestlé, « le thé est dans le cœur des paysans, le café, dans leur porte-monnaie » ! 

C’est un prêtre catholique français qui l’introduisit en 1902, en cultivant quelques plants dans son jardin. 86 ans plus tard, Nestlé, qui cherchait à approvisionner son usine Nescafé de Dongguan (Guangdong), se mit à prospecter cette région au climat tropical, et inaugura en 1997, une ferme « modèle » de 20 ha à Mengsong (Xishuangbanna), d’abord pour tester les méthodes et les plants, puis donner aux locaux la preuve vivante de sa viabilité. Vingt ans plus tard, Nestlé achète 20% (11.500 tonnes) de la production totale du Yunnan (53.000 tonnes de fèves en 2013) et devient ainsi 1er client, tandis que la province y trouve une nouvelle source de richesse.

Arabica et biodiversité

Pour Nestlé, il s’agissait d’abord de trouver les espèces et le mode de culture les plus adaptés à ce terrain très vallonné. A partir des 30 grandes espèces de café, fournies par son Centre de R&D agronomique de Tours (France), 5 semences furent sélectionnées, toutes de la variété « Arabica », écartant la  « Robusta ». Nestlé fit aussi le choix de la biodiversité –en dispersant les caféiers parmi d’autres arbres, pour obtenir une défense naturelle contre les parasites et éviter l’épuisement du sol. 

Le Centre de Simao

Nestle Simao

A partir de 2002, le centre de Nestlé à Simao (Pu’er, à 120km au nord de la ferme) mit en place un « programme d’action » visant à encourager les paysans à accélérer leur passage d’une agriculture de subsistance à une agriculture de rapport, tout en renforçant son image de projet soucieux d’une agriculture durable et de commerce équitable..

Recrutés localement, des agronomes chinois visitèrent les villages, présentant le café, prouvant son attractivité, dispensant gratuitement la formation et l’analyse de sol (réalisée par les laboratoires de l’Etat). Seules les semences ont été fournies à prix coûtant, pour épargner aux paysans le sentiment d’un produit sans valeur. A Simao, l’équipe Nestlé emploie une quinzaine d’employés, dont cinq chimistes chargés des tests de qualité et cinq agronomes équipés de « 4×4 », toujours par monts et par vaux pour visiter continuellement les 2000 fermes.

Une coopération stricte

La coopération se fait suivant des règles très précises imposées par Nestlé, soucieux de prévenir tout dérapage : seuls sont admis comme fournisseurs, des fermiers possédant ou louant légalement leurs terres, et ayant reçu l’agrément Nestlé. Les paysans doivent extraire eux-mêmes la fève de la baie, au lieu de confier la tâche à une usine : ainsi leur gain est supérieur. Ils ne sont pas liés, pour la vente, au groupe helvétique, mais ses prix sont notoirement meilleurs que ceux de la concurrence.

La dégustation, test incontournable

Degustation De CafeEn période de récolte, tous les matins devant l’entrepôt, les paysans apportent leurs grains à bord de leurs petits tracteurs tout-terrain. A l’aide d’une sonde, quelques fèves sont prélevées, leur taille et couleur (bleu-vert) observées. Puis en moins d’une heure, l’échantillon est torréfié, goûté et noté par 4 experts. En cas de mauvais arôme (dû à un défaut de séchage ou de stockage), le produit est rejeté. Le paysan peut alors soit resoumettre son café un peu plus tard (une fois séché), ou le proposer moins cher ailleurs. 

Détail amusant, Nestlé actualise son prix selon la bourse de New York, chaque lundi et jeudi : « les fermiers, confie De Smet, ont appris à suivre le cours sur internet (entre 12 et 26 yuans le kilo) et déterminent ainsi le meilleur moment pour vendre, selon leurs besoins. Ainsi, un producteur peut nous apporter trois sacs juste avant les fêtes du Nouvel An…Nos partenaires, quoique peu éduqués, sont devenus de véritables hommes d’affaires ».

Retrouvez au prochain numéro : « Nestlé – l’audacieuse révolution du 4C » ou cet article en version anglaise sur le blog d’Eric Meyer – Forbes


Diplomatie : Nouvelle avançée chinoise en mer de Chine

Le mode opératoire de la percée chinoise en mer de Chine est bien défini et la pratique rodée : le 01/05, la CNOOC (groupe pétrolier) faisait remorquer sa plateforme de forage Haiyang Shiyou 981 (un titan, d’un investissement d’1 milliard de $) à 200 km des côtes vietnamiennes, proche des îles Paracelse (sous contrôle chinois depuis 1974), en des eaux revendiquées par les deux pays. Face à cinq pays riverains, la Chine revendique la quasi-totalité de cette Méditerranée d’Asie. 

<p>Le 03/05, Pékin décrète une zone d’exclusion de 1,8 km autour de cette base, élargie à 5,5 km le 05/05. Entretemps, Hanoï proteste et envoie une flottille le 04/05. 80 navires « civils » chinois, policiers et militaires l’accueillent et n’hésitent pas à enfoncer les coques deux garde-côtes, selon Hanoï. La Chine elle, affirme que ce sont les navires vietnamiens qui ont chargé 171 fois.
Puis Pékin condamne le « harcèlement » du petit voisin, exige le retrait de ses bateaux, et conclut que son pas en avant est « légal et normal ». 

Les réactions ne manquent pas : cette intrusion perturbe les voisins, inquiets pour leurs zones de souveraineté. Yoshihide Suga, chef du cabinet japonais, affiche la « profonde préoccupation » de son pays. Les Etats-Unis de même. Pourtant, au même moment, le Japon prépare à l’automne une reprise du dialogue avec la Chine, car entre les deux pays, le climat est épouvantable. Le moment est mal choisi pour soutenir plus le Vietnam. 

Combat Naval Chine VietnamAussi, avec la marine vietnamienne, un clash n’est pas à exclure. Mais vu la quasi-impossibilité d’une intervention extérieure, il sera éphémère.
Les Philippines, pendant ce temps-là, capturent dans des eaux proches de leurs côtes, un chalutier chinois pris sur le fait à braconner 500 tortues, espèce protégée. Pékin exige la libération de ce navire pris sur « ses » eaux. Pour l’instant, Manille refuse. 

C’est ainsi que pas à pas, la Chine rédige un nouveau droit maritime en sa faveur. En cela, elle n’agit pas autrement qu’autrefois toutes les puissances maritimes, Royaume Uni, France, Etats-Unis entre autres… 

Il existerait bien une alternative : une coalition de défense, chapeautée par les Etats-Unis. Mais les USA sont loin de leurs bases, et ces petits pays du Sud-Est asiatique sont encore à des années lumières d’une telle coopération, faute de tradition historique en ce sens, voire de base institutionnelle (pas même l’ASEAN, noyautée par la Chine). 

Seul manque à gagner pour la Chine : son action quasi-militaire va à l’encontre de ses efforts pour une image de « soft power », contrée bienfaitrice et partenaire fiable pour ses voisins. Mais Pékin par ailleurs, tente de se rattraper par le commerce, ses investissements à l’étranger, son aide au développement. Et le temps joue en sa faveur : dans son irrésistible montée en puissance, la prise de la mer de Chine, c’est pour maintenant, et la construction d’une Asie gravitant autour d’elle, c’est pour demain.


Chinafrique : Li Keqiang en Afrique : « allegro, ma non troppo »

Li Kejiang AbudjaAprès la visite de Xi Jinping en Europe ( 22 mars – 1er avril), il fallait bien que Li Keqiang, le 1er ministre, parte pour l’ Afrique, histoire de rassurer ce partenaire privilégié. Aussi le 5 mai, il s’envolait pour l’ Ethiopie, avant de de poursuivre 7 jours entre Nigéria, Angola et Kenya

Dès la 1ère étape à Addis-Abeba, Li Keqiang tirait sa grosse cartouche, promettant au sous-continent d’étoffer le crédit global de 20 à 30 milliards de dollars et le fonds de développement mixte de 3 à 5 milliards de $. Il assurait que la relation entre les deux continents atteignait son « âge d’or », et qu’à travers cette mission, son pays visait moins des contrats minéraliers, qu’un développement pour l’Afrique, récipiendaire désormais de la moitié de l’aide chinoise dans le monde. 

Entre ces blocs en 2013, les échanges atteignaient 210 milliards de $, et 2500 firmes chinoises opéraient sur sol africain. Tout au plus, Li admettait-il que les échanges à ce stade, souffraient de « douleurs de croissance », mais que ceci n’arrêtait pas le progrès.
D’ici 2020, Li fait miroiter pour 100 milliards de $ d’investissements (x4), 400 milliards de $ d’échanges (x2), et l’ossature d’un TGV transcontinental (sans autres détails). 

Lors de son arrivée à Abudja (Nigéria), à la session régionale du World Economic Forum, la CCECC, groupe de génie civil chinois, remportait le contrat pour une ligne côtière de chemins de fer de 1385 km, pour 13 milliards de $. 

Tout ceci fait bon effet, mais sur le terrain, les pays d’Afrique se font du souci. Car en fait, les investissements directs étrangers (IDE) chinois, qui y atteignaient 5,5 milliards de $ en 2008, étaient réduits de moitié en 2012. Aux années euphoriques des plans grandioses d’équipements contre minerais, succède une désillusion : l’intendance ne suit pas. Sur les dizaines de milliards de $ de projets signés en Afrique, Imani, un centre de recherche au Ghana, estime que moins de 20% des financements promis ont été honorés. 

Un cas d’école est ce prêt de 3 milliards de $ consenti par la Banque chinoise du développement (CDB) au Ghana en 2011 pour diverses infrastructures dont un gazoduc offshore, qu’Accra devait payer en pétrole. Mais 36 mois plus tard, seuls 600 millions de $ ont été livrés. C’est que depuis, le cours du brut s’est érodé, et avec lui la capacité de remboursement du Ghana, lequel a aggravé son cas en omettant de respecter les délais techniques. Surtout, déplore J. D. Mamaha, le Président du pays, « la Chine est en train de changer de politique ». 

Ce qui semble plausible : depuis la récession de 2008, le cours des matières premières stagne et tombe : l’obsession chinoise de s’assurer les mines coûte que coûte, ne se justifie plus. La SASAC, tutelle des consortia publics, interdit ce genre d’achats au mépris du marché, et de nombreux groupes pris dans la nasse, tentent de renégocier les contrats passés. 

Un autre frein aux projets d’investissements tient aux fréquents cas de destruction de l’environnement par des groupes chinois peu scrupuleux, forçant l’Etat-hôte à réagir.
Compte aussi l’action anarchique du million « officiel » de Chinois sur son sol, cassant des dizaines de milliers de PME locales en pratiquant des prix imbattables, tout en inondant le sous-continent de faux et produits de mauvaise qualité en tous genres.

Tout ceci justifie le voyage de Li Keqiang pour rétablir la confiance, et force à la réflexion.
Pour conserver l’image d’altruisme et de bonne volonté qu’elle a construite en 60 ans d’efforts, la Chine peut-elle changer de modèle de rapport ? Et au lieu de ne traiter qu’avec les gouvernements, le faire aussi avec les citoyens ? Tel est le genre de défi auquel doit faire face aujourd’hui le pouvoir chinois sous l’angle de la gouvernance de ses affaires en Afrique.


Petit Peuple : Shandong – Xiang Junfeng, l’éternel mariage (1ère partie)

Peut-être ce fait divers semble-t-il dépasser les bornes de la vraisemblance. Il est pourtant authentique – comme tous nos « Petits Peuples ». C’est l’histoire d’une femme qui va d’abord lutter pour ne pas mourir, puis quand les vents seront meilleurs, se reconstruire. Nous verrons que notre héroïne réagit finalement avec une grande rigueur logique – même si c’est la sienne, confucéenne, et non la nôtre cartésienne ! 

Le destin de Xiang Junfeng était hors du commun : née au Sichuan en 1967 dans une minorité (celle des Hmongs, essaimés à travers l’Asie du Sud-Est), elle avait émigré jeune, avec sa famille, en banlieue de Jimo (Shandong) où elle végétait dans une misère quotidienne. A la mode de son ethnie, elle adorait les châles, fichus et robes bariolés. Elle ne se doutait pas que cumulé à sa beauté d’adolescente, ce péché mignon allait causer son malheur. 

L’ayant repérée dans la fraîcheur de sa jeunesse, des mafieux n’allaient pas tarder à l’enjôler, en 1985 (elle avait 18 ans), lui promettant un emploi mirifique. Eblouie, elle signa et les suivit sans méfiance… Elle se retrouva quelques heures plus tard, asservie, dans les griffes d’un redoutable réseau de traite des femmes. 

Elle fut revendue alors à Heze (Shandong) à 500 km de là, et mariée de force à un paysan grossier et solitaire. Le village et la police étaient complices : pour lutter contre l’exode vers la ville, il fallait bien trouver des femmes quelque part, en fermant les yeux sur les moyens. Junfeng subit alors toutes les violences imaginables, battue, injuriée, forcée à sarcler le lopin, nourrir le bétail, tenir la maison, préparer les dîner, et pire que tout, passer ses nuits avec son bourreau. 

Pour casser sa résistance, son mari invitait les voisins et même les policiers, leur offrait à manger et à boire, pour la convaincre d’abandonner tout espoir d’une autre vie. Si elle osait tenter de s’enfuir, ils la reprendraient et la ramèneraient de force. Chaque fois qu’il la surprenait à pleurer dans un coin, il la rouait de coups : c’était, disait-il, l’indice infaillible qu’elle continuait à rêvasser de prendre la poudre d’escampette. 

Armée de la rage de survivre, Junfeng prit son mal en patience… Les années passèrent, dans la haine et la peur. Ce n’est qu’un soir de 2000, à 33 ans, qu’elle trouva le courage d’appliquer son plan 100 fois rêvé et 100 fois reporté : après avoir enivré le barbon au tord-boyaux (acheté à la louche, à l’épicerie locale) et l’avoir rassasié d’un lourd dîner, elle décida de s’enfuir dans la nuit.
C’est sa rencontre avec Zhu Xiaohua (nom d’emprunt), voisine du canton limitrophe, qui travaillait à Heze, qui déclencha son courage tardif. Car son amie avait su écouter le récit de ses années d’amertume, et très vite, l’avait prise sous son aile. Les deux femmes avaient deviné la chance qu’apportait leur écart géographique : « Si tu arrives chez moi, avait remarqué Xiaohua, pour peu de n’être pas remarquée en route, tu ne seras pas dénoncée – ici, personne ne te connaît. Et même si une plainte est déposée, notre police te laissera tranquille : les affaires de Heze ne l’intéressent pas ». 

Aussi Junfeng avait-elle commencé par apprendre par cœur le chemin, les signes indicateurs. Le soir fatidique venu, le cœur battant la chamade, elle avait passé des heures à courir et à marcher dans le noir, sans jamais se reposer – même après la chute qui lui égratigna le genou – tétanisée par la terreur d’être rattrapée. 

Xiaohua l’avait accueillie, cachée et nourrie. Après quelques semaines, les recherches à Heze s’étaient interrompues, et le vieux mari s’était cloitré pour cacher sa honte et sa rage. Il avait « perdu sa femme, et perdu la bataille » (赔了夫人又折兵, péi le fū rén yòu zhé bīng). Car pire que ce départ : en quinze ans, Junfeng ne lui avait pas donné d’héritiers ! L’oiselle à présent envolée, il se retrouvait seul, et la risée du village.

Pendant ce temps, Xiaohua et son frère, Zhengliang, avait aidé la fugitive à trouver des petits boulots, tout en lui réservant une chambre à demeure dans leur maison. Pour cette jeune femme qui avait passé près de la moitié de son existence en captivité, c’était le moment béni, la chance que le soleil enfin se lève sur sa vie ! 

Retrouvez la semaine prochaine , vous découvrirez l’excentricité imbattable qui va arracher la rescapée à la grisaille de son existence antérieure, assurant par là même, sa célébrité !


Chiffres de la semaine : 10 policiers, le PIB de la Suisse…

Alibaba, le géant de l’ e-commerce de Hangzhou (Alipay, AutoNavi, Taobao, Tmall, Yu’e Bao, Youku Tudou, Weibo…) prépare son introduction en Bourse de New-York (qui devrait être la plus importante de l’histoire de l’internet, devant les 16 milliards de $ de Facebook en 2012). Les analystes vont jusqu’à 20 milliards de $. Grâce à l’émergence de la classe moyenne, le groupe estime que le marché chinois du e-commerce devrait doubler d’ici 2016 et les ventes de Alibaba devraient naturellement passer de 1,841 milliards de yuans l’an dernier (295 milliards de $) à 3,790 milliards de yuans (608 milliards de $) – soit plus que le PIB de la Suisse ou la Suède !

10 policiers chinois sur les Champs-Elysées

Suivant les récentes attaques de touristes chinois dans la capitale (souvent porteurs de grosses sommes en liquide sur eux), le Ministère de l’Intérieur français envisagerait la venue de 10 policiers chinois, parlant la langue de Molière. 

Policiers Paris Touristes Chinois

Ils patrouilleront avec leurs collègues français sur les lieux touristiques et assisteront leurs compatriotes en détresse. Une telle intervention chinoise dans une ville étrangère est une première. En 2013, la France a reçu 1,5 million de touristes chinois et souhaite en attirer toujours plus : avec la simplification de l’obtention des visas (en 48h), les demandes a augmenté de 40% en 2014 ! Face à cette horde, les 10 policiers feront-t-ils vraiment le poids?


Rendez-vous : Semaine du 12 au 18 mai 2014
Semaine du 12 au 18 mai 2014

9-11 mai, Shanghai : WTF, Salon mondial du voyage

13-15 mai, Shanghai : SIAL, Salon de l’agroalimentaire – la France, en invitée d’honneur avec 80 exposants, et la venue du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll (12-13 mai)

13-15 mai, Pékin : ISH China & CIHE, Salon international du chauffage, ventilation et air conditionné 

13-16 mai, Canton : WEE, Salon mondial des ascenseurs

13-16 mai, Shanghai : Bakery China, Salon de la boulangerie et de la pâtisserie

13-18 mai, Pékin : CHITEC, 17th China International Hi-tech Expo 

14-15 mai, Pékin : INTERTRAFFIC, Salon des routes et des transports

14-16 mai, Nankin : Salon et Conférence sur les biotechnologies

15 – 30 mai, Shenzhen : ICIF, Salon international des industries culturelles

15 mai 2014, Canton (Sofitel Guangzhou Sunrich) : FORUM D’AFFAIRES SINO-FRANÇAIS organisé par la CCIFC et CCPIT Contact : hespel.emeline@ccifc.org