Le Vent de la Chine Numéro 12
À La Haye, Xi assiste au Sommet sur la sécurité nucléaire, source d’énergie mal-aimée, mais dont la Chine veut devenir première productrice et utilisatrice. Xi y rencontrera Obama, avec qui il partage des intérêts mais aussi de lourds contentieux. A Bruxelles, la visite au siège de l’Union Européenne signalera que la Chine respecte l’Europe (son premier partenaire, avec 560 milliards de $ d’échanges en 2013), et qu’elle veut participer au club des nations tous azimuts, même au plan culturel (visite à l’Unesco).
Avec l’UE comme avec les USA, un bond en avant se prépare : deux Traités de protection des investissements, qui forceront l’Europe à alléger ses restrictions aux visas, et la Chine à ouvrir ses services et marchés publics. Restent les visites aux Pays-Bas, à l’Allemagne, la Belgique et la France (programme complet ici) laquelle établissait des liens diplomatiques sous l’impulsion du Général de Gaulle dès 1964, parmi les premières grandes nations. Xi sera en France du 25 au 28 – le double du temps que F. Hollande avait passé en Chine en 2013. C’est pour marquer le 50ème anniversaire. Xi veut montrer qu’en politique, Paris est un partenaire essentiel, et il fera quelques gestes pour améliorer les relations, comme libérer le vin français, après un an d’enquête anti-dumping.
Le thème de la Crimée, que la Russie de Poutine a annexé par référendum, sera abordé à toutes les étapes. La Chine a joué à « ni-oui, ni-non », se gardant de condamner, mais appelant « au dialogue ». Au Conseil de Sécurité de l’ONU, elle s’est abstenue de condamner cette annexion (la seule à le faire), évitant à Poutine de se retrouver entièrement seul dans son véto.
Il y a trois semaines, nous tentions d’évaluer les pertes commerciales pour la Chine en Ukraine où elle avait commencé à investir lourdement. Cependant, le bilan, pour elle, devrait finalement s’avérer largement positif. Moscou, qui devra vivre de médiocres années de relations avec l’Europe (Ouest, et surtout Est) et les Etats-Unis, va devoir remercier Pékin pour son soutien passif, par exemple lors de la fixation prochaine du prix de ses exportations de gaz. Les Etats-Unis aussi devront assouplir leurs positions : se renforcer militairement en Europe de l’Est, et donc réduire leurs ambitions de « pivot » en mer de Chine.
En outre cette annexion peut offrir à la Chine une précieuse leçon : si elle se trouve plus tard tentée de confisquer un territoire voisin, elle peut espérer s’en tirer avec un léger prix à payer, comme pour la Russie à présent (la mise sur liste noire euro-américaine des visas pour une poignée de ses cadres). Seulement, la Chine sacrifie ses principes de souveraineté nationale et de non-ingérence. Ce qu’elle laisse faire à Poutine crée un précédent, possiblement applicable sur son propre sol à l’avenir. Mais ce n’est pas grave. Avec son armée qui ne cesse de monter en puissance, en équipement comme en formation, Pékin peut avoir confiance en sa capacité à faire régner sa loi chez elle—la Chine n’est pas l’Ukraine !
Aux Pays-Bas, du 22 au 24 mars
Xi Jinping rencontrera le nouveau roi Willem-Alexander et les dirigeants du Parlement néerlandais avant de s’entretenir avec le Premier ministre Mark Rutte. Les deux parties signeront des accords de coopération sur l’agriculture, l’énergie, la finance ainsi que la culture. Il s’agira de la première visite d’un Chef d’Etat chinois aux Pays-Bas depuis l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays en 1972.
A La Haye le 24 mars, en marge du 3ème Sommet sur la sécurité nucléaire, Xi Jinping rencontrera le Président B. Obama.
En France, du 25 au 28 mars
– Le 25 et 26 mars, Xi Jinping débutera sa visite par la ville de Lyon et le site de BioMérieux (guidée par Alain Mérieux, qu’il a déjà rencontré personnellement plusieurs fois). Il passera aussi à l’Institut franco-chinois, première université hors de Chine installée en 1920.
– Le 26 mars, à Paris, le Président chinois signera l’accord final entre PSA et son partenaire Dongfeng. Cela se fera en présence de Louis Gallois, 70 ans (ancien PDG de EADS et ex-patron de la SNCF) , nouveau Président du groupe élu à l’unanimité (18/03) par le Conseil de surveillance. Il succède à Thierry Peugeot.
– Xi Jinping s’entretiendra bien sûr avec François Hollande – les deux chefs d’Etat participeront ensemble aux célébrations organisées pour le 50ème anniversaire des relations diplomatiques- le 1er ministre Jean-Marc Ayrault, Claude Bartolone, Président du Parlement…
Des accords sont attendus sur : - l’ éducation (la France a l’objectif d’accueillir en France 50 000 étudiants chinois en 2015), les sciences et technologies, l’énergie (30ème anniversaire du partenariat dans le nucléaire civil), – l’ aéronautique (commande attendue d’au moins 150 Airbus A320, A330, A350, en incluant le feu vert à 27 A330 bloqués sur un contentieux environnemental avec l’Europe, la seconde chaîne de montage d’Airbus à Tianjin), – l’ urbanisation (un projet de ville durable en banlieue de Wuhan) et l’ agriculture (agrément phytosanitaire libérant l’export de la charcuterie française en Chine…).
Paris qui prépare le meeting mondial COP-21 (réchauffement climatique) en 2015, est anxieux de voir Xi s’associer au traité global de lutte, avec efforts contraignants à tous les signataires. Invoquant la « responsabilité historique des pays riches » et oubliant sa position de 1er émetteur (30% des effluents), Pékin a toujours dit « non ». Mais étranglée par la pollution, elle avance vite vers le ralliement – une relation franco-chinoise privilégiée, comme celle qui se développe en ce moment, pourrait permettre un revirement en 2015…
Le 27 mars, Xi visitera également le siège de l’ UNESCO où il prononcera un discours sur la diversité culturelle.-
En Allemagne, du 29 au 30 mars
La visite du Président Xi en Allemagne (premier partenaire commercial européen) marque la première visite d’Etat dans ce pays d’un Président chinois depuis huit ans. Il rencontrera le Président Joachim Gauck et la Chancelière Angela Merkel, et assistera à un banquet avec des chefs d’entreprises et des entrepreneurs des deux pays. Les deux parties signeront des accords de coopération sur l’industrie, l’aviation, les sciences et technologies, l’éducation, la culture et l’agriculture.
En Belgique, du 31 mars au 1er avril
Pendant une demi-journée le 31 mars, Xi rencontrera les présidents de la Commission européenne José Manuel Barroso, du Parlement européen Martin Schulz (candidat à la succession de Barroso, et « poulain » d’Angela Merkel) et du Conseil européen Herman Van Rompuy. A Bruges, Xi Jinping ferait une allocution au Collège d’Europe consacrée aux relations bilatérales entre l’Union Européenne et la Chine.
Depuis leur arrivée en Belgique à bord du « Panda-express » de DHL en février, Hao Hao et Xing Hui, les pensionnaires du zoo de Brugelette attendent de pied ferme Xi Jinping qui fait en 27 ans la 1ère visite au plat pays d’un chef d’Etat chinois. Xi rencontrera le roi Philippe de Belgique et s’entretiendra avec le Premier ministre Elio Di Rupo.
Des documents de coopération devraient être signés, portant sur l’économie et le commerce, les sciences et technologies, les télécommunications et l’éducation.
Xi Jinping visitera l’entreprise Geely Volvo à Gand, un des fleurons de l’investissement chinois en Belgique.
Rappelons que les principaux investissements chinois en Belgique sont réalisés par Geely, Huawei (à Bruxelles et Louvain-la-Neuve) et Hainan Airlines, qui investit dans l’hôtellerie en plus de l’aviation. Parallèlement, les exportations belges se concentrent dans la chimie, les métaux de base (groupe Umicore), le diamant…
Le 17 mars à l’hôpital 301 (Pékin), soigné d’un cancer de la prostate, le Général Xu Caihou (71 ans, à droite sur la photo), protégé de Jiang Zemin, supporter de Bo Xilai et allié de Zhou Yongkang, est arraché à sa luxueuse chambre par une escouade en kaki. Accusé de corruption, il est sous enquête interne de la Commission Centrale d’Inspection de la discipline (CCID). Si assez de preuves sont rassemblées contre lui, il pourrait être déféré à la justice.
De 2004 à 2013, Xu était vice-Président de la Commission Militaire Centrale (c’est-à-dire en pratique, le patron de l’APL—Armée Populaire de Libération), en charge des promotions nationales. Sous son règne, la corruption a explosé. Un racket inimaginable existait sur les fournitures comme sur les nominations : tout jeune voulant s’engager devait payer 50.000¥ au bas mot. Pour avancer au rang d’officier, la plus épaisse enveloppe rouge assurait le plus haut grade. Xu avait pour acolyte Gu Junshan, 53 ans, ex-n°2 de la logistique, sous investigation depuis 15 mois. Pour son mariage, la fille de Xu avait reçu d’« oncle Gu » une carte de débit sustentée de 20 millions ¥…Depuis janvier, Xu sentant le vent tourner, tentait en vain d’approcher Xi Jinping, pour défendre son cas…Pourtant, le sort de Xu n’est peut-être pas désespéré : son cancer étant jugé incurable, il pourrait être dispensé de procès.
Xi tente ainsi de nettoyer le chancre militaire : vaste programme, vu la masse des officiers fidèles à Xu, lui devant leur poste et astreints pour leur survie au mur du silence.Ce nettoyage n’est pas justifié que par la morale : bon nombre de recrues ayant payé leur passage à travers les tests, sont en fait inaptes, et le souci de Xi est de renforcer la capacité d’engagement de l’APL, et de rendre cette armée à la fois plus professionnelle, et plus responsable sur théâtre extérieur…
Les liens entre Chine et Région Administrative Spéciale (RAS) de Hong Kong sont tendus. En 2017, le Traité de retour à la Chine prévoit l’élection au suffrage universel du Chef de l’Exécutif de Hong Kong, que Pékin admet. Mais la Chine prétend ne tolérer que des candidats « amis », ce qui est un contresens, que les démocrates du « Rocher » rejettent avec véhémence. Elle exige aussi un résultat « harmonieux » – un consensus autour du pouvoir local.
Or, les « pan-démocrates », spectre large de sensibilités libertaires, font face au DAB (Democratic Alliance for Betterment), parti des possédants, plus âgés, persuadés que le seul avenir passe par une entente avec Pékin. Les modalités du scrutin doivent être votées cet été : le DAB a la majorité (par un système électoral trafiqué), mais la majorité des 2/3, constitutionnellement obligatoire, rend nécessaire le ralliement d’une partie des démocrates.
Pékin souffle « le froid et le chaud ». Le 06/03, Zhang Dejiang, Président du Parlement avertit : on ne va pas « copier l’Occident » lors des élections de 2017, et on ne tombera dans le « piège de la démocratie » – ce qui fait enrager les démocrates, bien sûr ! Peu après, comme pour compenser la mauvaise impression, Liu Xinkui, l’émissaire permanent de Pékin, invite à Shanghai tous les partis locaux à deux jours de débats (12-14/04), pour enfin échanger sur ce thème brûlant.
Deux agressions en trois semaines
Le Parti démocratique d’Emily Lau commença par refuser. La méfiance est grande, surtout après l’attentat du 26/02 contre Kevin Lau, ex-éditeur du quotidien Ming Pao, un des plus actifs pour les libertés de Hong Kong. Limogé en janvier par la direction du journal (sur pression de Pékin), Lau fut agressé au couteau dans la rue par deux bandits et subit de multiples blessures graves.
Or fait inouï, les malfrats furent arrêtés (09/03) à Dongguan – Canton. Frères de la triade Shui Fong, ils avouent avoir reçu 1 million de HK$ chacun d’un anonyme commanditaire. Ils furent extradés à Hong Kong (17/03), sur ordre de Pékin, selon la police hongkongaise…
Puis le 19/03, un second attentat advient à Hong Kong, contre deux patrons d’un journal démocrate. Le mode opératoire est comparable : genoux et coudes brisés à la barre de fer… On semble donc faire face non à une, mais à deux Chine, l’une intéressée à exaspérer Hong Kong, et l’autre prête à tendre la main et négocier.
Carrie Lam, patronne de l’administration, prévient qu’en cas de rebuffade, une autre chance de discuter ne se retrouvera pas. Les démocrates finirent alors par accepter : ils ont reçu l’assurance de rencontrer en tête-à-tête les responsables nationaux du dossier « Hong Kong », et que leurs propositions seront discutées, retransmises.
De part et d’autre, un tel débat devient urgent. Côté Hong Kong, l’économie semble proche de la panne. Témoin, le magnat Li Ka-shing, en train de se désengager d’au moins une partie de sa fortune dans la ville (les magasins Watson’s, 60% d’un de ses terminaux portuaires, HK Electric). Mais Pékin se soucie aussi de la dérive anti-Chine, de plus en plus visible dans l’ex-colonie.
Un sentiment identique se dessine en même temps à Taiwan, contre le Président pro-chinois Ma Ying-jeou, et le nouveau traité économique déjà négocié, qu’il a du mal à faire valider au Yuan Législatif (Parlement). En témoigne la récente occupation (18/03 – cf photo) du Parlement par des étudiants. Il est urgent de discuter !
Aux yeux de Xi Jinping, la crise avec Hong Kong est évitable – à condition de faire de nouvelles concessions qui aillent plus loin que le domaine matérialiste et de la « goulash démocratie », comme Pékin s’est limitée à faire jusqu’à présent.
Le 16 mars est une date à retenir : avec 18 mois de retard, le Conseil d’Etat publie son Plan national d’urbanisation d’un nouveau type (2014-2020) qui signe – peut-être – la naissance de l’ urbanisme chinois, annonçant de nouveaux plans urbains conçus pour équilibrer monde du travail et lieux de vie, pour une vie meilleure.
On voit un changement de paradigme. Jusqu’à ce jour, la Chine s’enrichit par le travail peu cher des migrants qui viennent s’installer en ville, presque sans structures d’accueil. Etat et groupes industriels n’investissent que dans le productif et l’export, au détriment du bien-être social. Ainsi, en entassant jusqu’à 500.000 ouvriers non-qualifiés par campus, dans des conditions ingrates, Foxconn, sous-traitant d’Apple, est le dernier -anachronique- avatar de ce modèle économique. Or désormais, les règles du jeu ont changé.
La ville de demain
La ville de demain doit permettre à cette couche vulnérable de contribuer à une autre forme de croissance : en consommant, en devenant propriétaire et en produisant plus de valeur ajoutée. Ce qui suppose pour ces migrants de nouveaux droits – logement, santé, éducation. Mais partant de si bas et pour autant de gens, ce bond en qualité de vie ne peut être offert à tous en même temps. Aussi d’ici 2020, le plan vise à rendre citadins 60% des Chinois, 7% de plus qu’en 2013, 85 millions de paysans. Pour ceux-ci, les conditions d’accueil ne changeront guère. L’effort pour améliorer les droits des migrants (la reconnaissance par la ville de leur citoyenneté) vise 100 millions de migrants de longue date.
En outre, ces 85 millions de candidats citadins ne pourront pas aller partout : dans toutes les villes de plus de 5 millions d’âmes, ils seront repoussés par une « gestion ferme », orientés vers des villes moyennes, près de mégalopoles comme Chongqing ou Chengdu – dans des régions centrales, riches en énergie (hydro, houille, solaire), en matières 1ères et demandeuses de travail à bas prix. C’est là aussi que se redéployeront les industries à fort besoin en main d’œuvre : énergies renouvelables, informatique de « nuage » (cloud computing), textiles…
Pour réussir ce transfert, d’ importantes infrastructures sont en cours de réalisation, chemins de fer et voies rapides pour les « villages » de 200.000 habitants, autoroutes et TGV à ceux de 500.000. De même, un plan de logements sociaux se poursuit (quoique moins ambitieux qu’à ses débuts en 2012). Cette année, 4,75 millions d’unités rénovées ou reconstruites, pour 163 milliards de $.
Un chiffre fait froncer les sourcils : tandis que les citadins deviendront 60% en 2020, les résidents légaux ne seront que 45%. Les 15% de différence, 200 millions, seront privés d’école, d’hôpitaux et de logements subventionnés. Mais c’est tout ce que le système peut supporter dans ce délai, sous l’angle financier. Et cela explique en grande partie le retard du plan, tout comme le recul visible des attributions de Li Keqiang, le 1er ministre.
NB : Xi Jinping a arbitré entre Li et ses adversaires lobbyistes et conservateurs. Xi a rogné les ambitions du programme, mis son poids dans la balance, et protège le programme d’urbanisation en le plaçant sous son autorité directe.
D’autres rattrapages suivent avec une intensité visible, pour préparer la ville à la vague de peuplement qui se dessine.
En mars 2014, seules 3 villes sur 74 étaient aux normes de pollution : Pékin veut en 7 ans porter le taux à 60%, soit 44 villes. Face à l’obstacle majeur à l’urbanisation, à savoir les prix du logement, Li Keqiang affirme pouvoir enrayer la hausse, en pénalisant la construction spéculative, et en créant d’ici 2020 un réseau de cadastres municipaux ainsi qu’un fichier national. Ce dernier permettra notamment d’introduire la taxe foncière sur les résidences secondaires.
Rappelons toutefois deux conditions sine qua non à la réussite de ce plan :
– la réforme de la taxation (pour donner aux provinces les moyens de financer l’égalisation des droits sociaux entre migrants et citadins),
– et celle du droit à la propriété foncière pour permettre aux paysans, soit d’investir sur place pour passer à une agriculture plus rémunératrice, soit de vendre pour partir à la ville du bon pied, sans être spolié de son patrimoine par le cadre corrompu. Or, sur ces deux réformes, on est encore loin du but, car elles lèsent les intérêts de la classe au pouvoir.
En Chine comme ailleurs, la réalité dépasse souvent la fiction. Dans le film hongkongais « In the mood for love », Wong Kar-wai chante la romance d’un homme et d’une femme mariés à des conjoints résidents à Tokyo, qui finissent par succomber l’un à l’autre quand ils découvrent que ces derniers les trompent. Un scénario bien improbable!
<p>Seulement voilà, la même histoire vient de se dérouler en Chine, entre Hunan et Shenzhen. Strictement authentique, elle se distingue du film par une variante : les deux épouses sont sœurs…Acte I : Attiré en 1999 par les lumières de la ville, Wang Yang, simple paysan, quitte son Hunan natal pour la métropole de Shenzhen.
Comme tous les migrants de Chine, Wang s’est installé dans le quartier où la langue hunanaise règne en maître, tout comme ses lois coutumières. Ils se retrouvent le soir entre eux pour manger le travers de porc rissolé à la badiane et autres délices du paradis perdu. Un soir de 2000, un copain lui présente Liu Xiang, une jeunette de 20 ans, de passage pour un emploi saisonnier de 2-3 jours, avant de reprendre son bus pour Lukou, son village près de Changsha.
Au voyage suivant, elle le revoit et il l’attend. Alors s’engage le temps du flirt, bientôt suivi de celui des soupirs et des interminables coups de téléphone. Le mariage eut lieu en 2002.
Ils continuèrent cependant à vivre séparément : Liu Xiang qui bredouille le mandarin, faute d’avoir reçu une bonne éducation, supportait mal la ville, lui préférant de loin la vie simple et saine de sa campagne.
Une autre raison est sa sœur aînée Liu Li, qu’elle adorait. Liu Li avait épousé Feng Sheng en 2001, et comme celui-ci a emménagé depuis dans leur maison familiale, la vie à Lukou ne manquait ni de charme, ni d’animation et de bonne humeur partagée.
Acte II : La cohabitation s’avère assez éphémère. A son tour, Liu Li reçoit une offre d’emploi à Shenzhen : la voilà partie, laissant son homme Feng Sheng et sa sœur Liu Xiang à la maison.
Quand un an après à Shenzhen, Liu Li accouche d’un beau nourrisson potelé, elle le ramène à Lukou – son mari, sa sœur et sa mère vont s’occuper de lui. En fait, pour Liu Xiang, ca ne changera pas grand-chose, puisqu’elle doit déjà s’occuper de son propre bébé, alors un de plus ou un de moins…Nous avons donc, qu’on le note bien, deux couples séparés, l’un à Lukou, l’autre à Shenzhen. Or, comme dit Proust, l’amour, c’est « l’espace et le temps rendus sensibles au cœur ». C’est donc à ce moment là que l’affaire se complique…
Acte III : Au bout de nombreuses nuits solitaires sans leurs partenaires, l’appel de la nature se fit pressant pour Feng Sheng et pour Liu Xiang, le beau-frère et la belle-sœur qui ressentaient toujours plus urgente l’attraction d’un « long temps sous le même toit » (ri jiu sheng qing 日久生情) : ils craquèrent en 2004. Simples et honnêtes, mais un peu imprudents et ne se rendant pas compte des conséquences, ils avouèrent spontanément leur faute à leurs moitiés. Dès lors, la suite arrive, comme une mécanique inéluctable, ou un ballet au script invariable.
Acte IV : De leur côté, à Shenzhen, Liu Li et Wang Yang avaient vécu leur quotidien en honnête séparation, se fréquentant de loin, habitant à des kilomètres l’un de l’autre, dans des districts différents de la ville.
Mais le coup de poignard porté dans leur dos par leurs conjoints changea toute la donne. Compagnons de misère, ils se trouvèrent, se confièrent, se consolèrent dans les bras l’un de l’autre et recréèrent ensemble un nouveau foyer. En août 2006, Liu Li demanda alors le divorce (qui en Chine, est une formalité) et Feng Sheng, l’ex-mari volage, obtint la garde de leur fils au village.
Acte V : A Lukou, désormais discrète amante de Feng Sheng, honteuse car toujours mariée à Wang Yang, la cadette Liu Xiang ne se résolvait toujours pas à divorcer, craignant le scandale dans le village et de perdre sa réputation.
Mais quand le 15 septembre 2007, elle accoucha d’un second fils qui cette fois, était indiscutablement de son « beau-frère » Feng Sheng, il lui fallut assumer. Sa vieille mère, qui n’était pas dupe du manège, y veilla et l’y contraignit à force d’amères admonestations – il y allait de l’honneur du clan !
Aussi, ce n’est que plus tard après la naissance, morte de honte, qu’elle accepta le divorce que Wang Yang réclamait depuis trois ans. Mais à l’heure de l’enregistrement de Feng Tao, le fils du péché, Liu Xiang n’osa pas se montrer au bureau d’état civil, et envoya sa vieille maman déclarer son fils. Tous retenaient leur souffle.
Comment faire face à cet imbroglio ? Vous le saurez en lisant la suite, au prochain numéro du Vent de la Chine !
24 avril, La Haye (NL) : Sommet sur la Sécurité Nucléaire, avec les Présidents Xi Jinping, Obama, Hollande…
25-27 mars, Shanghai : Matelec EIBT China, R&T Asia : Salons du génie électrique, des volets déroulants
26-28 mars, Pékin : Clean Energy Expo, Salon des énergies renouvelables
26-28 mars, Pékin : Wind Power Asia, Salon de l’énergie éolienne
26-29 mars, Pékin : CHIC China, Salon de l’habillement
27-29 mars Pékin : China MED, Salon des équipements médicaux
28-31 mars Shenzhen : S.Mould, SICA, Salons pour la fabrication de moules et de l’automation
28-31 mars Shenzhen : SICT, SICW, Salons de l’outillage et du soudage du métal