Le Vent de la Chine Numéro 9

du 10 au 16 mars 2013

Editorial : Rapport de Wen Jiaobao à l’ANP: vin vieux, nouvelle bouteille

Prononcé en ouverture du Plénum de l’ANP par le Premier ministre sortant Wen Jiabao, le rapport d’activité 2008-2013 fut un autosatisfecit, truffé de records et de chiffres flatteurs exprimant selon le cas, de vrais succès, ou des crises maquillées. 

Ainsi, que le PIB ait doublé dans l’intervalle (à 51900 milliards ¥) est symbole de prospérité, mais aussi de croissance toujours moins probante, basée sur l’invest public et l’export, au prix d’une course à la pollution et à la corruption. Et se targuer de recettes d’impôt doublées (à 11 milliards ¥), traduit un bien-être des cadres du Parti, et une taxation privilégiant les riches, au détriment des PME privées (pourtant les plus créatrices d’emplois). 

Wen justifia tous les choix passés, du plan de secours aux sinistrés du séisme du Sichuan en 2008 (où 50% des 5 milliards $ d’aide privée furent siphonnés au passage), aux 600 milliards $ du stimulus de la même année, versé aux consortia. Le pays n’a pas fini d’en payer le prix, avec les projets faillis et non rentables qui s’accumulent, et les marécages de crédits incontrôlables qui s’ensuivent (en janvier, 60% des prêts). Aussi, l’affirmation par Wen d’une baisse des mauvaises dettes de « 6,1% à 0,95% » semble péremptoire, vues les masses énormes de crédits incontrôlables, encore disponibles aujourd’hui dans la nature.

Mais le reste du bilan reste flatteur : en 5 ans, 58,7 millions d’emplois créés, 30 millions de logis social bâti ou rénové, un parc autoroutier porté à 95.600km, et des équipements en aéroports, ports, gazoducs… qui mettent le pays en tête des nations du monde. De même, l’agriculture a connu un bond en avant, avec 300 millions de paysans raccordés à l’eau potable et le prix du blé porté à 41,7%, du riz à 86,7%. 160 millions d’écoliers bénéficient désormais gratuitement des 9 ans d’école obligatoire, y compris les livres et les repas. Clairement, Wen Jiabao, Hu Jintao et ceux ayant partagé avec eux le pouvoir, exigent de partir la tête haute. 

Puis Wen passa à la partie «programme» du rapport, rédaction collective pour le compte du tandem Xi Jinping-Li Keqiang. Un détail frappe : l’absence de promesses. Tout se passe comme si le régime voulait désamorcer au plus vite les espoirs de tournant, émis par Xi depuis son arrivée aux affaires, afin de ne pas décevoir en cas de contretemps.

La réforme du Conseil d’Etat (l’apparition de quelques super ministères) n’est pas détaillée, pas plus que la suggestion d’une disparition des camps de rééducation. Autre détail qui doit être relevé : l’oubli du nouveau n°1, dans l’énoncé des leaders historiques et de leurs slogans. 

Wen évoque le «socialisme à la chinoise » (pour Mao Zedong), la théorie de Deng Xiaoping, la « triple représentativité» de Jiang Zemin, le « développe-ment scientifique » de Hu Jintao. Tandis que le nom du « camarade Xi Jinpin g» n’apparaît qu’à la fin du discours, « Secré-taire Général…de la direction du Comité Central ». Ici, on sent le rôle limité du nouveau n°1. Aussi, c’est en filigrane et en formules cryptées qu’on retrouve des bribes du program-me de réformes du nouveau n°1 : la défense « des droits sur la terre accordés aux paysans par la loi », la « reconversion des migrants en citadins à part entière », la réforme du « système de gestion » des ONG. 

Par la voix de Wen, Xi veut « construire un Etat de droit », garantir « que les pouvoirs de décision, d’exécution et de surveillance puissent travailler ensemble tout en se contrôlant mutuellement ». Il espère aussi « séparer l’administration de la gestion des entreprises ». 

Ce sont là autant de moyens de démocratiser les rouages de la société, sans s’attaquer aux principes autoritaires du régime. Et à vrai dire, on n’a guère de preuve d’un crédo réformiste chez Xi Jinping, vu la multiplicité des discours déployés cet hiver, face à divers publics. C’est là son génie, de savoir contenter tout le monde. Mais en définitive, par son aspect terne, ce rapport peu applaudi par les 3000 édiles, plus discours de clôture que d’ouverture, laisse peu d’illusions sur le quinquennat qui s’ouvre. 


Politique : Regards en coulisse : autour de Bo Xilai, les déchirements au sommet

Lors du discours d’ouverture (05/03), Wen Jiabao et la direction du PCC s’appliquent à maintenir une façade d’unité solidaire. Mais en coulisses, ses individualités et ses factions se déchirent entre Tuanpai pour Hu Jintao, et Club de Shanghai pour Jiang Zemin. Xi Jinping se trouve être le premier dirigeant ainsi encadré par deux prédécesseurs encore en vie dotés de factions, dont lui-même se trouve encore démuni : pour régner, il doit louvoyer entre ces clans et compter sur ses amis, heureusement nombreux sur la scène politique. 

Un élément perturbateur de la succession de Hu Jintao est Bo Xilai, tribun déchu et fils de la plus haute « aristocratie » révolutionnaire. Proche de Jiang, aux ambitions immenses, Bo « causa » (bien involontairement) trois scandales en 13 mois, sur fond de violence, sexe et abus de pouvoir. Chacune de ces affaires est interprétée par la rue comme une machination, parfois ourdie par un bord, parfois par l’autre ! 

– En février 2012, Wang Lijun, bras droit de Bo à Chongqing, se réfugie au consulat américain de Chengdu (Sichuan), puis est rapatrié à Pékin : il refuse de couvrir le meurtre d’un Britannique, N.Heywood, par Gu Kailai, épouse de Bo Xilai. Gu et Wang ont déjà été jugés et condamnés (mais pas encore Bo).
Selon la rumeur, Wang renseignait aussi Pékin voire obéissait à ses ordres. Le vrai fond de l’affaire n’est pas ce meurtre, mais une conjuration entre Bo et d’autres alliés de Jiang tels Zhou Yongkang ou Zeng Qinghong. Avec leur appui, Bo était supposé prendre le pouvoir après le XVIII. Congrès, et l’exercer dans un sens gauchiste, pour protéger les intérêts des fils enrichis des révolutionnaires de seconde génération. Cette conspiration avait été dénoncée par Wen Jiabao en mars 2012 devant la presse internationale.

– En mars 2012, le fils de Ling Jihua (bras droit de Hu) décède dans un accident en Ferrari, accompagné de deux jeunes filles. Ling tente de dissimuler l’affaire. Cinq mois après, Jiang la dévoile avec détails équivoques au sommet de Beidaihe, et exploite le choc du scandale pour défaire toute la succession préparée par Hu : au XVIII. Congrès, 5 des 7 membres du Comité Permanent sont des lieutenants de Jiang, évinçant Ling Jihua, Wang Yang et Li Yuanchao, alliés de Hu.
Selon la rumeur, l’accident de la Ferrari aurait été tramé par un haut cadre en rétorsion de la défection organisée de Wang Lijun et la chute de Bo Xilai.

– Début mars 2013, Li Tianyi, 17 ans, est accusé d’un viol collectif le 17/02. Son père, le général Li Shuangjiang, est célèbre pour ses chants révolutionnaires, et très proche de Bo Xilai.
Cet incident grave serait exploité pour détruire la réputation du général. Il s’agirait aussi d’avertir les supporters de Bo Xilai que son procès aura lieu (Bo serait nourri de force et porterait une barbe de longs mois). La police pékinoise a démenti l’annonce faite sur internet, qui tentait de clore l’affaire en déclarant que la victime avait été indemnisée, et que le jeune, encore mineur, avait agi sous l’emprise de la boisson. 

On note que les affaires Wang Lijun et Li Tianyi frappent toutes deux l’entourage de Bo Xilai. Tandis que celle de la Ferrari cause préjudice à la faction de la Tuanpai. 

Dans l’affaire Li Tianyi, l’auteur plausible de sa publication dans la presse, serait Xi Jinping, le nouveau n°1. Or, c’est là où les choses se compliquent : en 2008, Xi avait été désigné avec l’appui de Jiang Zemin, contre la candidature de Li Keqiang, candidat de Hu Jintao. On croit donc voir chez Xi un changement d’alliance. 

Ce demi-tour a sa logique. Face au glacis conservateur des grandes familles rouges historiques et des lobbies (industriels et provinciaux) unis dans la défense de leurs privilèges, Xi Jinping, Hu Jintao, et Li Keqiang sont les seuls à vouloir réformer les institutions du pays. Ils le font, non par idéal démocratique mais conscients de l’enjeu : lâcher du lest pour sauver le Parti.


Société : Fièvre rebelle à Shangpu – Guangdong

Etrange ambiance de kermesse anarchiste, bien atypique en ce pays, à Shangpu, village cantonais dont les rues sont parsemées de tentes et de voitures détruites, tandis que l’agglomération est encerclée de forces antiémeutes. Depuis le 22/02, une épreuve de force compliquée s’est déployée entre les agriculteurs et un capitaliste de la région, avec la complicité du maire. Ce duo a fait la double erreur  de racheter les 30 hectares de rizières communales à prix dérisoire, ‚ alors que l’acquéreur n’était pas du coin. 

Les paysans qui perdaient leur moyen de subsistance se sont révoltés, ont chassé 200 nervis lancé contre eux, puis obtenu la révocation d’un des quatre contrats de vente, et l’arrestation de l’édile corrompu. Depuis, ils défendent leur territoire en attendant l’annulation des trois autres titres « bidon », et réclamant des élections locales équitables.

Il s’agit dans la province de la seconde rébellion paysanne « démocratique » en 15 mois, après celle de Wukan. Elle arrive au milieu de la passation de pouvoir entre les gouvernements de 5ème et de 6ème génération. Avec l’arrivée à Shangpu de nombreux journalistes étrangers, l’affaire a des chances de se terminer bien pour eux, mal pour l’acquéreur et le maire. 

A noter enfin ce détail : les riziculteurs ne refusent pas que soit vendue leur terre, pourvu que ce soit à bon prix, et à leur profit. Ils en tireraient le double profit d’un patrimoine pour rebondir, et d’une usine installée sur ce périmètre—des emplois pour leurs enfants !


Sécurité Alimentaire : Nouvelle police du panier de la ménagère

La malbouffe était forcément un sujet fort à l’ ANP : suite aux scandales à répétition : huile d’égouts, lait à la mélamine… La rue chinoise n’a plus confiance dans le marché, ni dans la compétence de l’administration. 

Jusqu’alors, 13 organes se disputaient la tâche, créant conflits de compétence et zones de non-droit. L’entourage de Li Keqiang l’a annoncé aux édiles, ces responsabilités seront recentrées entre 3 voire 4 instances, suivant un modèle américain où les lois et leur application sont dans une seule main.

Dirigée par Yin Li, sous les ordres du Premier ministre, la Commission de sureté alimentaire (ministère) jouera le chef d’orchestre. La surveillance des industries ira à la SFDA (State Food & Drugs Administration). Celle des matières premières au ministère de l’Agriculture, et normes et évaluation des risques au ministère de la Santé. 

Apparaît aussi à l’ANP la question de la taille des « fermes familiales » que l’Etat veut protéger. Comment concilier cette taille avec l’investissement en élevage et culture de produits propres ? Et avec le maintien à la campagne de 30% de la population (450 millions) d’ici 2030 ? 6600 fermes familiales, sur 33 territoires, font l’objet de mesures-tests, droits nouveaux en matière d’accès au crédit, de location, d’assurance et d’impôts – et même de vente du sol entre paysans… ce dernier pouvant être à l’avenir la motivation primordiale de l’exploitant, pour investir et s’équiper afin de produire blé, lait ou viande de qualité ! 

(Légende photo : détectées puis détruites en Chine (05/03), deux tonnes de patisserie IKEA porteuses de bactéries, sonnent l’alarme ailleurs dans le monde.)


Politique : Organes, hauts cadres, politiques : ce qui change…

La première semaine des travaux de l’ ANP a permis de valider plusieurs options du nouveau Premier ministre, Li Keqiang. Dans l’espoir de briser les prébendes des ministères, indispensable pour redistribuer la richesse publique et fonder un grand marché intérieur, le Conseil d’Etat est refondu. Emerge un super-ministère des Transports, noyant celui des Chemins de fer, notoire foyer de fraudes. Les tutelles des media, du livre et du cinéma sont fusionnées, mais ces tours d’ivoire parviennent à éviter l’absorption par le ministère de la Culture. D’autres fusions sont attendues. 

On voit se profiler un partage des postes de vice-premiers exécutifs, entre les «jeunes» réformateurs de la tendance Xi Jinping et Li Keqiang, et les compagnons de Jiang. Côté Xi-Li, sont pressentis Li Yuanchao (aussi proba-ble vice-président de la RPC) et Wang Yang, l’ex-Secrétaire pour Canton. En face, Zhang Gaoli viendra représenter la sen-sibilité conservatrice. Li Bin, seule femme gouverneur (Anhui), s’apprêterait à relayer le francophone Chen Zhu comme ministre de la Santé. Pan Yue, ex-vice ministre de l’Environnement évincé en 2008 pour avoir dérangé des intérêts industriels, crée la surprise – favori pour reprendre ce ministère.

À la Défense, faisant fi de la crise et d’une croissance du PIB réduite à 7,8% en 2012, « notre nouvelle Grande Muraille » s’adjuge une enveloppe de + de 0,7% à 118 milliards de $ – voire bien plus, en comptant les fonds secrets de recherche et d’achats d’armes. Quand à la sécurité civile (toutes formes de polices), tout en suivant une courbe plus modeste à + 8,7%, elle obtient pour la 3ème année, une allocation supérieure à l’armée, à 122 milliards de $. Clairement, en ces temps de récession et de baisse d’image pour le Parti, la priorité est au renforcement des moyens de contrôle des masses. 

Le pouvoir justifie ces hausses par un besoin (sans doute réel, pour les moins gradés) d’améliorer l’ordinaire des soldats. La presse évoque aussi les besoins dérivés par la crise avec le Japon. Mais ici, les nouvelles se contredisent. D’une part, les tentatives (véridiques ou feintes) pour organiser un sommet bilatéral, semblent virer à néant. Mais de l’autre, le général Liu Yuan, rompant avec son style d’or-dinaire va-t-en-guerre, prédit soudain que « l’amitié éternelle prévaudra » et plaide pour une « priorité nationale » à la négociation. 

En outre, c’est seulement à présent qu’ émerge un appel de Xi Jinping à Shenzhen le 07/12, pour un contrôle « absolu » du Parti sur l’armée, comme seule chance d’éviter « la chute du régime, comme en URSS ». Ce qui jette de la lumière sur le malaise du gouvernement vis-à-vis de l’influence jugée excessive de l’armée. Cela éclaire aussi sur une source de la tension en mer de Chine : l’armée y trouve double profit, prenant pied sur un terrain neuf, et en tirant un dividende budgétaire. 

Dernier sujet, deux réformes sociales pointent à l’horizon des débats de l’ANP : Ma Xu, haut cadre, prépare les députés à divers tests de démantèlement du planning familial dans des provinces-laboratoires. D’autres administrateurs annoncent un plan décennal d’urbanisation à paraître après la fin du Plenum. Doté de 6400 milliards de $, il comblerait le fossé de droits sociaux entre villes et campagnes et abolirait le système du Hukou (户口), remplacé par un simple permis de résidence au lieu de son choix. 


Politique : Sessions ANP/CCPPC : célébrités et propos insolites

Ce rendez-vous de 6000 élus des deux assemblées confronte des Chinois de tous horizons géographiques, âges, origines : dans les couloirs, cela donne des chocs parfois inattendus ! 

Tie Feiyan, caissière de péage au Yunnan et aussi une des plus jeunes députées à l’ANP (20 ans), arrive impréparée, ayant été désignée édile 7 sept jours avant l’ouverture de l’ANP, grâce à ses bonnes actions (avoir sauvé un ouvrier de la noyade, recueilli un bébé abandonné). Elle avoue candidement s’être documenté sur internet sur les ficelles du métier, comme la différence juridique entre les « propositions » et les « suggestions » qu’on attend d’elle. 

Zong Qinghou (PDG de Wahaha, première fortune du pays avec 12,6 milliards de $) offre ses suggestions pour bonifier la Chine en 2013 : allouer à tout jeune travailleur dans les grandes villes une chambre qui ne lui coûterait que 10% de sa paie. Puis une fois enrichi et marié, un appart de 100m² qui ne coûterait au couple que 20% de son revenu durant 15 ans—tout cela, sans dire d’où devrait venir l’argent pour financer ce géant programme. Zong préconise d’éviter d’investir en bourse, selon lui « manipulée » par les spéculateurs.
Il trouve aussi normal que les milliardaires envahissent les travées du Parlement (ils sont 83, contre 75 en 2012) car ils défendent la cause du peuple, et avec la prospérité galopante, ils sont toujours plus, dans la rue comme à l’ANP – c’est tout naturel !

Autre nabab, Chen Guangbiao propose de combiner planning familial et eugénisme : permettre aux diplômés d’avoir autant d’enfants qu’ils veulent, n’en permettre qu’un aux bacheliers, et aucun aux analphabètes, « sauf ceux qui habitent en des lieux très reculés ». Il se reprendra un peu plus tard, accusant les reporters de l’avoir mal compris : « face à la procréation, tous les hommes sont égaux ». Etant aussi écologiste, Chen conclut en annonçant un don de 30.000 vélos. 

D’autres élus sont en kaki : général-chercheur en académie militaire, tout en rondeur, Mao Xinyu (cf photo) a pour mérite particulier d’être le petit-fils de son grand-père, le grand Timonier. Glouton notoire et pesant plus de 100kg, Mao fait les délices de la presse par ses confidences naïves, prononcées presque en s’excusant : « tout le monde a de grands espoirs en moi…que je devienne un cadre encore meilleur ».

Côté CCPPC, parmi les sportifs, le basketteur Yao Ming entame une seconde carrière comme ambassadeur du sport, pour susciter des vocations sportives. Il se veut aussi solidaire des centaines de champions vieillis, qui végètent oubliés par la nation, tel le marathonien Ai Dongmei, retrouvé vendant du pop-corn dans la rue. 

De son côté, Jacky Chan, la star Hongkongaise du wushu, ne mâche pas ses mots pour dénoncer le chacun-pour-soi, et raconte l’hypocrisie des collègues qui n’hésitent pas à enfreindre l’interdiction de fumer à l’aéroport de Shenzhen, en escale, mais qui rangent soigneusement leurs paquets une fois atterris à Singapour – bien conscients que là-bas, la loi et ses amendes sont les mêmes pour tout ne monde. 

Enfin, Chen Kaige, le cinéaste en chute libre depuis des années, vient de trouver la raison à sa perte d’inspiration. Ni l’âge, ni les complaisances mutuelles avec le régime pendant des décennies, mais le smog pékinois : « encerclé par le terrible climat, je n’ai plus nulle part où aller…Je suis incapable de me concentrer sur ma création », a-t-il gémi ! 


Diplomatie : Pékin vote pour des sanctions contre la Corée du Nord

Dernière minute : Pékin vote (07/03) au Conseil de Sécurité de l’ONU des sanctions sans précédent contre la Corée du Nord, suite à son test nucléaire du 12/02. Ainsi, la Chine exprime la fin de son soutien inconditionnel au dernier régime stalinien au monde. 

Mais en définitive, dit Susan Rice, l’ambassadrice américaine devant l’ONU, tout dépendra à l’avenir, de la volonté chinoise, à appliquer ces mesures !


Petit Peuple : Jinjiang – Fujian : course aux mariages-record !

Jinjiang (Fujian) est une ville bénie des dieux, berceau de nombreux millionnaires. A 54 ans, Wu Ruibiao peut se compter parmi ces gens à succès, ayant fait fortune dans la porcelaine produite en masse par sa firme Wanli.

Wu aime sa femme avec l’autorité d’un patriarche, sans lui permettre (ni à quiconque) la moindre critique. Il a été élevé ainsi, « petit dragon » avant l’heure, dressé pour le pouvoir par des parents rêvant de fortune. Un seul être échappait à sa férule autoritaire : Xiaodie (appelons-la ainsi), sa fille chérie avec laquelle il gardait une relation fusionnelle depuis sa naissance.

Curieusement la gamine n’était pas sortie perturbée par tant d’amour possessif. Modeste, plutôt mignonne, Xiaodie avait fait des études brillantes au lycée puis à l’université de Xiamen. Plutôt que la laisser s’envoler trop tôt vers de grandes universités à Pékin ou Shanghai, il l’avait fait rester dans la province, lui offrant trois ans après, en compensation, un envol vers l’Angleterre, pour parfaire sa formation dans un ruineux établissement britannique.

Tranquillement, le chevalier d’industrie préparait Xiaodie à reprendre les rênes de son empire. Avec un diplôme british en poche, il n’avait eu aucun mal à l’imposer si jeune au Comité de Direction de Wanli. Elle venait d’ailleurs de démontrer sa compétence en réussissant seule l’entrée du groupe en bourse coréenne. Avec une telle héritière, Wu Ruibiao pouvait espérer marier son royaume de faïence au fils de l’empereur de la baignoire, ou bien au grand-duc de l’eau encapsulée – histoire d’« assortir correctement les familles », (méndāng hùduì, 门当户对).

Mais soufflé par le destin imprévu et taquin, un fétu de paille était venu contrarier cet audacieux projet patrimonial : d’un amour simple mais partagé depuis toujours, la jeune fille aimait Longmei, son camarade d’enfance qui avait partagé toutes ses années, de la maternelle au gaokao. Il se peut d’ailleurs que ce sentiment ait crû, inconsciemment au moins, pour résister à la passion un peu trop exclusive que lui vouait le père. Ce jeune garçon timide, mais bûcheur, avait suivi une voie différente de la sienne : dédaignant les affaires, il passa avec succès le concours ardu d’une prestigieuse administration d’Etat.

Wu-père savait que tenter de briser cette affection ne lui servirait qu’à perdre l’amour de son héritière : mieux valait faire contre mauvaise fortune bon cœur ! Alors, à défaut d’épouser un milliardaire, il allait organiser un mariage à la hauteur, et se mesurer, en bling-bling, aux autres grands mariages de la région.

En décembre 2011, un autre nabab, Xu Lianjie, du groupe HengAn (le roi des serviettes hygiéniques et du papier toilette) avait ouvert le bal en jetant 200 millions de yuans dans l’union de sa nièce. Puis en décembre 2012 Wu Jinbiao, baron textile de Billion Industrial, renvoyait la balle avec un mariage à 250 millions. Wu Ruibiao savait ce qu’il avait à faire.

Il allait tous les laisser sur place, pâles de jalousie : pour sa Xiaodie, il craqua un milliard de yuans, pas un de moins. Le 28/12/2012, pour les noces, il fit livrer sur le lieu de la fête quatre coffrets bardés de colliers, bracelets, bagues et autre clinquaille en or massif, ainsi qu’une Mercedes, une Porsche, un livret bancaire à 8 chiffres, et un portefeuille d’actions de Wanli. 

Les tourtereaux recevaient aussi un anneau lourd des clés d’une brochette de propriétés, villa, manoir et d’un supermarché à Quanzhou…Sans oublier, pour la chance, et pour la bonne image, 15 millions offerts à deux associations caritatives de la région. Cette fois, c’était sûr, c’était lui, le roi du mariage, incontestablement le plus riche de tout le comté.

Sur internet, certains jaloux se mirent dans la peau de l’heureux jeune mari, pour commenter non sans perfidie : « décidément, c’est encore mieux que de braquer une banque, plus rémunérateur et moins risqué ». Tandis qu’un autre, plus fin, observa : « Mais cet argent ne sort de la famille. Par contre, ces médias agglutinés, ça lui fait une image pour son groupe. Ses banquiers savent maintenant qu’ils peuvent lui prêter les yeux fermés… C’est donc de l’investissement bien placé, une pub pas cher payée ! »


Rendez-vous : Rendez-vous de la semaine du 11 au 17 mars 2013
Rendez-vous de la semaine du 11 au 17 mars 2013

12-14 mars, Shanghai : SPIN EXPO, Salon des fibres, fils, tricots

13-15 mars, Canton : China LAB, Salon international et conférence sur les appareils d’analyse

13-15 mars, Canton : Salon des soins personnels et des cosmétiques

14 mars, Xian / 16 mars, Shanghai : CIEET, Salon de l’éducation 

15-18 mars, Shanghai : Salon de l’immobilier et de l’investissement 

16-20 mars, Canton : Salon international du meuble et de l’ameublement – machines et matériaux