Le Vent de la Chine Numéro 7

du 24 février au 2 mars 2013

Editorial : Un Chunjie, sous le signe de la frugalité

Au retour des fêtes du printemps, au début de l’année du Serpent, une nappe de brouillard politique plane sur la Chine. En surface, rien ne transparait des combats internes et grandes manœuvres avant le Plenum de l’ANP du 05/03.

L’économie repart, fruit d’un plan financier discret, donnant toute priorité à la stabilité. A l’aube du XVIII. Congrès de novembre 2012, le Parti communiste chinois débloquait plusieurs projets d’infrastructures (acier, TGV). Le retour à ce choix de développement par l’invest public, dont il prétendait pourtant se distancier, donne des fruits (7,9% au 4ème trim. 2012), mais laisse les économistes perplexes. En effet, ce modèle devrait perdre son utilité, une fois le réseau d’équipement arrivé à maturité. Ainsi, selon la tutelle CAAC, 70 des 180 aéroports chinois perdaient en 2011, 16 millions ¥ en moyenne. Mais le résultat est là : la Chine reste plus vivace que l’Europe ou les USA. En janvier, les échanges redémarraient (+25% à l’export, +28,5% à l’import) et le crédit atteignait 400 milliards de $ – 50% de mieux qu’en décembre. 

C’est là où le bât blesse. Seuls 40% des prêts émanaient des banques, le reste provenant du crédit gris : obligations, sociétés d’investissements, prêts directs et à court terme -autant de financements hors du contrôle public, avec les risques de dérapage que cela implique. Mais, disent les autorités, avec un revenu par habitant à 18% de celui de l’Américain, le Chinois a encore de la marge. De plus, les ventes du Chunjie, sous le signe de la frugalité, se sont tassées par rapport à 2012, dues aux campagnes anti-gaspillage et anti-corruption (dans le collimateur du fisc, les coupables les plus visibles ont fait profil bas et consommé moins). 

Pourtant incontournables en cette période festive, les ventes de pétards ont fait long feu : -45% (09-14/02) à Pékin, dû au souci de la mairie et des habitants d’épargner un air urbain déjà très vicié. Aussi dans la capitale, le 09/02, les blessés par brûlure furent 29% de moins, et durant la semaine, on ne dénombrait que 6500 incendies dans le pays.

Pour autant, loin d’être vaincue, la détérioration de l’air va et vient avec les sautes de vent. Le 31/01, plusieurs TGV s’étaient arrêtés en rase campagne, le smog ayant endommagé leurs circuits. Le 17/02, nombre de vols étaient annulés ou retardés à travers le pays. Aussi le pouvoir a ordonné à la mairie de Pékin de « juguler le smog d’ici le Plenum » (?), et un plan très ambitieux se met en place, pour remonter la pente après des décennies de catalepsie par manque de volonté politique. 

La population commence à réagir. Non sans malice, Jin Zengmin, PDG d’une verrerie de Hangzhou (Zhejiang), a offert (18/02) à Bao Zhenming, chef de l’environnement à Rui’an, 200.000¥ pour nager 20 minutes dans le cloaque de la rivière locale…Peu cérémonieusement, Bao déclinait, se déclarant « non responsable de la situation ». Puis l’offre fit tâche d’huile sur la toile : le 19/02, un autre bloggeur offrait 300.000¥ à un autre officiel de la défense de la nature, pour 30 minutes de brasse…

Autre sujet qui fâche : avant le Plenum, la presse épingle d’innombrables corrompus, mettant à l’épreuve la volonté de Xi Jinping de moraliser la vie publique. Tels, ce policier cantonais heureux (mais gêné) propriétaire de 192 apparts ; cet élu du Liaoning qui vit en harem avec six femmes ; ou cette cocotte ayant fait chanter 11 amants – tous cadres à Chongqing – avec le film de leurs fredaines…

Malgré tout cela, Xi Jinping et Li Keqiang son 1er ministre, améliorent leur image. Blogs favorables et fan-clubs se multiplient, tandis que Xi prêche aux cadres la tolérance envers la critique… Un avis qui, sur l’opinion et la toile, fait l’effet d’un galet lancé à la surface de la rivière : quelques jolis ricochets, avant de rejoindre les milliers d’autres promesses non tenues par les grands de ce monde, dans les profondeurs glauques et polluées de l’oubli…


Environnement : Plenum de l’ANP : préparatifs « verts » à pas de velours

L’explosion du smog sur la Chine a donné à Xi Jinping une chance d’agir en environnement, contre les consortia.
À partir du 1 mars 2013 dans 47 métropoles, pour être agréée, toute nouvelle centrale thermique, aciérie, pétrochimie, chimie, cimenterie, fonderie de métaux non ferreux, devra répondre aux normes internationales d’émission de CO2. Par exemple, en thermique, la norme baisse de 30 mg/m3 à 20 mg/m3. Les unités en activité auront 16 à 22 mois de sursis ou + selon le secteur, pour respecter ces normes, sous peine de fermeture. 

L’impact sera lourd. Ces secteurs causent 70% des effluents aériens. Les 47 villes (19 provinces) assurent 70% du PIB, mais 82% (38 villes) n’atteignent pas les normes de propreté de l’air. De ce tour de vis, l’Etat attend un frein à l’insupportable agression sur la santé publique. Il peut aussi en espérer la réduction des plaintes de l’étranger envers ses exports à bas prix, subventionnées par la permissivité en pollution. Enfin, cette mise au pas accélérera la concentration des secteurs et une compétitivité accrue, suite à la disparition des petites unités polluantes, incapables d’assumer les frais de leur passage à un mode productif plus respectueux de l’environnement. 

En aval, une série d’autres étapes se prépare. Une future législation de restriction des microparticules (µ 2,5) est soumise à l’avis public jusqu’au 04/03 – veille de la session de l’ANP (Parlement), permettant un débat immédiat. Elle prépare un réseau national de monitoring pour 2015, et sans doute, des quotas urbains d’émission pour 2020. Elle prône aussi une prévention des émissions par la planification des villes futures, jusqu’à présent grande absente de l’urbanisation chinoise. 

Jia Chen, du ministère des Finances, annonce le remplacement de la taxe de pollution (contre les émissions de soufre) par une taxe de protection de l’environnement englobant le CO2. Peut-être de 10¥ par tonne de CO2 en 2015, puis 50¥/t en 2020. Fait essentiel, cette taxe ira aux provinces et non à l’Etat, ce qui fera d’elles d’ardentes supportrices du système. Elle sera suivie d’un système de quotas « cap-and-trade » d’émissions de CO2 aux usines, autorisées à échanger les reliquats, dans 7 places boursières spécialisées d’ici fin 2013. 

A cette taxe, s’ajouteront des taxes de ressource, sur l’eau et sur la houille : pour celle-ci, la taxe sera sur les revenus à la vente et non plus le volume vendu. Dernière arme anti-pollution déjà en cours d’imposition : une assurance obligatoire, à laquelle souscrivent 2000 firmes dans 12 provinces, au fonds de 3,2 milliards de $ pour compenser d’éventuelles catastrophes. 

Tout cela aura des répercussions sur la carte écologique du monde. Les USA, ainsi, perdront leur argument n°1 pour refuser de coopérer dans la lutte contre le réchauffement global. 

Pour la Chine, il est temps : depuis 1980, l’usage du charbon a triplé, et celui des moteurs, vingtuplé. Si rien n’était fait, en 2050, son atmosphère, son sol et ses eaux contiendraient + de 85% d’effluents ammoniaqués, et huit fois plus d’effluents azotés, avec pour la santé chinoise, une dégradation inconcevable. Sur la nouvelle politique, on en saura plus lors du discours d’ouverture du Plenum de l’ANP par Li Keqiang, le nouveau 1er ministre succédant à Wen Jiabao. 


Défense : Voyage au monde obscur du dératiseur…

Alors que les Etats-Unis dévoilent au monde (19/02) l’existence à Shanghai de l’« unité 61398», cellule de l ’APL (armée) spécialisée dans le hackage de masse (cf photo), le pays fait lumière sur une autre forme d’ espionnage : l’effort surhumain de la classe dirigeante pour s’espionner elle-même. En décembre 2012, l’hebdomadaire Nanfang Zhoumou dressait le portrait de Qi Hong, ex-dératiseur de caméras et micros chez les hauts cadres -regard inquiétant sur une ambiance sulfureuse !

Discrètement invité à travers le pays, Qi Hong parvint en 2011 à « débugger » 300 caméras et micros dans les voitures, les bureaux et chambres d’une centaine de hauts cadres (gāo gànbù). Loin d’émaner de la seule CCID (Commission centrale d’inspection de la discipline – la police du Parti), ces outils avaient aussi été « planqués » par des épouses jalouses, amantes et collègues, agissant par intérêt personnel (pour s’assurer la fidélité du mari, de l’amant, ou la place du chef). Détail formidable, Qi Hong remarque que la prolifération de ces écoutes est justifiée par leur rentabilité : invariablement, on trouve un agissement illégal, permettant au possesseur de l’info de faire chanter. Le délogement de l’équipement est souvent suivi de réactions surprenantes, tel l’évanouissement. Puis l’espionné exprime le besoin de se confesser au « dératiseur » en un plaidoyer peu crédible, niant toute faute. 

Un tel choc induit un tournant dans la vie. Certains redeviennent honnêtes. D’autres renforcent la sécurité pour empêcher une autre intrusion, ou font infester le bureau de l’attaquant présumé. D’autres flattent leurs chefs, pour tenter de les convaincre de couvrir leur faute. Tous cherchent la source de l’action : si c’est la CCID, ils s’organisent avec les collègues pour tout nier en bloc afin d’« assurer la sécurité et la stabilité des intérêts collectifs ».
Les ronds de cuir ont mis au point deux parades contre micros et caméras : l’accolade prolongée quand on se rencontre, permettant à chacun une discrète fouille de l’autre ; et les palabres au sauna, en tenue d’Adam, avec le cas échéant, un cabas rempli de numéraire, prix de la corruption.
En fait, cette corruption paraît un système obligatoire : pour s’enrichir, le chef doit « mouiller » ses inférieurs. Parfois, Qi Hong vit un cadre piégé par son chef, parce qu’il refusait de jouer ce jeu : quand le subordonné finit par céder et prendre son enveloppe, il fut immédiatement dénoncé -c’était un piège – et partit en prison. 

Quelque part, cet espionnage privé peut être considéré comme réminiscence de la Révolution culturelle, où l’on dénonçait ses parents pour sauver sa vie. Joue aussi la sophistication et la baisse de coût de l’électronique. L’absence de loi est la clé de voute, permettant aux chefs de détourner impunément, et à leurs proches de les dénoncer, par un mélange de « justice expéditive » et de goût du lucre, la valeur ayant pris la succession de la morale socialiste. 
À Qi Hong, un chef d’unité de travail avait déclaré : « dans ma danwei, c’est ma parole qui fait loi ». Qi en conclut que ces écoutes, face à de tels tyrans, sont une autodéfense. Découragé, le détective a quitté ce métier, ayant détecté, sans vouloir le dire, que par son bas niveau de confiance mutuelle, la haute société chinoise est bien vulnérable à l’avenir !


Sport : Football – la balle du progrès, en corner

Pour une sanction, c’est une sanction, assénée au football chinois par la CFA (China Football Association), le 19/02. Douze clubs punis, et 33 joueurs, officiels et arbitres bannis à vie ! La frappe complète celle de juin 2012, qui avait jeté en prison jusqu’à 10 ans, 8 acteurs. 

En fait, de fin 2009 à fin 2011, une action historique d’assainissement a eu lieu, tentant d’arracher au ballon rond chinois sa pratique des matches achetés et des paris clandestins. Des centaines de gens connus ont tour à tour disparu, interrogés dans un hôtel du Nord du pays (Dalian, peut-être). Personne ne sachant qui avait dit quoi, tout le monde confessa ! Plus de 50 célébrités furent condamnées.

Le verdict taxe ces 12 clubs de 500.000 à 1 million de ¥, et jusqu’à 6 points au championnat. Le plus sévèrement puni est Shenhua (Shanghai), qui vient de perdre ses stars Drogba et Anelka – on comprend mieux maintenant la raison de leur départ précipité, juste avant le scandale. Shenhua se voit aussi dépossédé de son titre de vainqueur de la Ligue de 2003.

La sanction n’a pas convaincu les afficionados. Punir des actes vieux de 10 ans, c’est donner des amendes faibles, sans rapport avec les chiffres de 2013 : les salaires d’Anelka et Drogba, par exemple, dépassaient 1M d’€/mois, face auquel l’amende de 130.000€ fait sourire. Pas de relégation non plus, quoique la CFA l’ait pratiqué en 2010, sur des clubs tel Canton, qui crie (pas forcément à tort) au favoritisme. Enfin, la sanction épargne le juge lui-même, la CFA, qui pourtant notoirement impliquée comme les autres.

Et justement, la gestion politique de l’affaire n’a pas été à la hauteur de celle policière. On sent la récupération, le replâtrage. La CFA justifie ses verdicts doux par le souci de ne pas casser la maison football. Mais en même temps, est passée à la trappe la promesse d’une élection partielle par les clubs, d’une Fédération qui aurait permis à ces derniers d’accéder à la gestion de leur sport comme partout au monde. Il faut préciser ici que cette CFA n’a d’« association » que le nom, organisation de contrôle des masses parmi d’autres, issue du temps de Mao et non réformée depuis…

En somme, pour l’heure, l’Etat – Xi Jinping se montre d’accord pour frapper les corrompus (pas trop fort), mais pas pour doter le sport d’une dose d’autonomie qui briserait son monopole du pouvoir, la sacro-sainte dictature du prolétariat. On verra si la formule permet d’atteindre le rêve immémorial de la Chine : d’accéder enfin à un sport de masse de niveau mondial. 

Heureusement, d’autres types de progrès apparaissent à la base, depuis Canton. Evergrande, club irrigué par deux milliardaires de l’immobilier (qui s’entendent bien) a remporté la Ligue, deux saisons d’affilée. 

Son secret : la recette classique d’achat d’internationaux, les joueurs Yakubu (Nigéria), Elkeson (Brésil) Conca (Argentine) ou Barrios (Paraguay), l’entraîneur M. Lippi, entraineur de la Squadra italienne jusqu’en 2010. Surtout, avec l’aide du Real Madrid et du Milan AC, Evergrande pense à la formation, créant école, et université dont sortiront diplômés 100 talents qui pourront par la suite être prêtés. Avec de telles actions à long terme pour apprendre de l’Europe, le football chinois se donne enfin les chances de sortir de l’enfer !


Agroalimentaire : Céréales – Parcours du combatant pour l’autosuffisance

Comme chaque année à même époque, pour sa prochaine récolte en céréales, la Chine doit jouer fin, entre des stocks toujours plus sollicités, des catastrophes toujours plus fréquentes, et une demande en hausse verticale, notamment pour produire viande et alcool. 

L’an dernier, soja compris, il a fallu, importer 70 millions de tonnes. Or, le marché mondial est toujours plus tendu – tout commence à manquer, lait, viande ou blé. En 2012, à 590 millions de tonnes, la récolte affichait une 9ème hausse annuelle consécutive de 3,2%, selon Ren Zhengxiao, patron des greniers publics. Toutefois près de 10% étaient perdus entre les mauvais silos, le transport et la meunerie. D’autre part, les meilleures terres autour des villes se perdent, revendues pour la construction (c’est interdit, mais la corruption joue), et 260 millions de paysans ont troqué leurs lopins pour des emplois urbains. 

Aussi, comme chaque année, Pékin veut augmenter les primes céréalières, améliorer semis, irrigation, mécaniser et garantir un « plancher » de 11 millions d’ha d’emblavures. 27 équipes d’experts sont dépêchées dans les provinces par le ministre Han Changfu, pour vérifier le respect des consignes. 
Signe de ce temps de vaches maigres qui s’en vient : de 2013 à 2017, la Chine lance un plan pour perfectionner le stockage céréalier, le système de distribution d’urgence et réduire les gaspillages qui coûtaient en 2012, tous produits confondus, 32 milliards de $. Mais aujourd’hui, le problème n’est plus tant de pouvoir payer, que de trouver hors du pays le grain manquant pour assurer la soudure.


Energie : Or noir étranger – la Chine au sprint

L’AIE (l’ Agence Internationale de l’Energie), le calcule : de 2011 à 2015, la Chine aura doublé sa production de pétrole hors frontière, à 3 millions de barils par jour – autant que le Koweït ou les Emirats ! C’est le fruit d’une boulimie d’acquisitions aux USA, en Angola ou en Irak depuis 2009, culminant à 35 milliards de $ en 2012. 

Dévasté par la guerre, l’Irak se reconstruit en négociant à prix d’or les droits d’exploitation de son or noir. Seule en tête, la Chine paie sans rechigner. Avec 1,4 million de barils par jour, la CNPC, la compagnie nationale pétrolière, contrôle plus de 50% de sa production. Elle s’apprêterait à acquérir le champ de West Qurna 1, et une part dans West Qurna 2, en tandem avec le russe Lukoil. En cas de succès, elle extraira 80% du pétrole irakien. 

Son atout : un matériel moins avancé mais moins cher, et des salaires du quart du niveau mondial, selon l’analyste canadien Wenran Jiang. L’Irak ne laisse à l’exploitant que quelques dollars par baril en royalty. La Chine n’est pas masochiste, mais n’a pas le choix : d’ici 2035, pour étancher sa soif en pétrole à 80% étranger, il faut prendre tout ce que l’on trouve, accepter la faible rémunération et le risque politique et économique, qui lui fit déjà perdre 20 milliards de $ en Lybie en 2011 à la chute de Kadhafi. L’APL (l’armée) s’y prépare d’ailleurs, en s’entraînant à des missions d’évacuation urgente de dizaines de milliers de techniciens outre-mer… 

En contrepartie, la Chine entre au club des « sœurs » multinationales pétrolières. Elle apprend à produire aussi pour le marché mondial et s’initie aux technologies de pointe : des arcanes du forage off-shore profond, à la fracturation/’séparation des gaz de schiste et sables bitumineux… 


A la loupe : Nouveau : « Tibet, dernier cri ! », le récit de voyage d’Eric Meyer

Le Vent de la Chine a le plaisir de vous annoncer la sortie du nouveau livre d ‘Eric Meyer, Tibet, dernier cri ! paru le 14 février 2013 aux éditions de l’Aube – grâce au soutien de nombreux contributeurs.

Tibet, dernier cri restitue la magie antique de cette civilisation, soudainement plongée dans la tourmente. D’où le titre de ce livre, dont le double sens n’aura pas échappé au lecteur : il se réfère aux deux avenirs possibles pour la région, soit l’agonie d’une culture tibétaine étouffée (le « génocide culturel » dénoncé par certains Tibétains de l’exil), soit la renaissance à travers le syncrétisme des deux civilisations qui ferait de la région le phare d’un monde de la foi et de l’art de vivre, et, sans doute, une destination « dernier cri » !

Entre Lhassa, Shigatze, Giantze et le lac Namtso, en passant par le train rapide Pékin-Lhassa « T-27 », c’est une véritable immersion au Tibet que ce livre propose, porté par quarante photos magnifiques en noir et blanc, de Laurent Zylberman.

Un témoignage extrêmement rare – donc d’autant plus précieux !

Pour ceux qui seraient déjà conquis, ils pourront acheter le livre en ligne ou alors nous contacter - exemplaires disponibles.


Petit Peuple : Pékin – Hong Kong : le mariage (tardif) de Yin et Yang

Que Yin Qingye et Yang Leidong (noms d’emprunt) s’exhibent sur Weibo en janvier, en jeunes mariés (costume noir, robe blanche à traîne) frisait le ridicule – et pourtant, c’était inévitable. 

Le dérisoire tenait à leurs mèches blanches éparses trahissant un âge où décence et raison eussent dû davantage guider leur comportement. Pour autant, une telle scène devait se produire un jour ou l’autre, vu le rebrassage de toutes les valeurs qui balaie le pays depuis maintenant deux générations, et vu la prise de conscience extrêmement rapide du droit au bonheur, dépassant les diktats d’une morale étriquée. 

Disons-le tout net, Yin et Yang étaient homosexuels, membres d’un groupe social mal considéré, et qui aujourd’hui refuse l’opprobre dans lequel les confine le « qu’en dira-t-on ». 

Toute sa vie Yin, professeur d’histoire avait souffert de cet ostracisme. Pour éviter la persécution, il avait dû apprendre à cacher comme une tare sa tendance naturelle, sans jamais pour autant trouver de joie dans la conformisation au courant dominant sur la « bonne » sexualité. Comme après quelques années, une fois accompli le devoir de paternité, les visites nocturnes à sa femme ne lui procuraient aucun plaisir: elle l’avait quitté – on peut la comprendre. De saison en saison, quelque fut le soin maniaque qu’il apportât à se dissimuler, ses élèves l’avaient dévoilé et chahuté sans pitié. Puis l’heure de la retraite avait sonné pour Yin, sur un 3ème âge solitaire et amer. 

Mais alors, inopinément, l’amour avait sonné à sa porte en la personne de Yang Lei-dong, son livreur d’eau. Chaque semaine à son passage, ils bavardaient, s’épanchaient. Jusqu’au jour où ils osèrent se mettre en ménage. Instantanément, ils réalisèrent la profondeur de leur union, devenus l’un pour l’autre une bouée de sauvetage, n’ayant plus qu’une certitude simple et indestructible : celle de vouloir finir leurs jours ensemble.

Bien sûr, il y eut un prix à payer. Les voisins du professeur cessèrent de lui parler. Dans le feu du scandale, son fils quadragénaire honorablement marié, coupa les ponts. Depuis, sous prétexte de protéger son propre enfant, il lui refuse accès à son pervers de grand-père. 
Cependant loin d’intimider Yin et Yang, ces brimades les confirmèrent dans leur foi d’une croisade opiniâtre à mener, de changer les mœurs avec un courage si persuasif que « même les pierres obstinées finissent par acquiescer » 顽石点头 (wán shí diǎntóu ). 

En janvier, le couple décide de s’afficher sur les réseaux sociaux, sous le titre des « deux vieux amants », publiant leurs photos et prétendant se marier dans le mois. Fièrement, ils disent leur bonheur simple de retraités, leurs recettes de cuisine, leurs parties de cartes, leurs promenades. 
Et puis l’affaire prend un tour politique, national, voire un peu plus encore. Car nos tourtereaux chenus ont osé sauter le pas, encouragés par la campagne «Big love» d’Anthony Wong et de Denise Ho Wan-Sze, célèbres artistes gay, depuis Hong Kong. 

Quand Deng Xiaoping et son Bureau politique, dans les années ’80, avait choisi de réintégrer Hong Kong à la mère patrie, plutôt que de la laisser accéder à une semi-indépendance pleine de gratitude, c’était selon un dogme et une confiance aveugles : l’influence n’irait que dans un sens, celui du Parti. 

D’une manière ou d’une autre, le « Rocher » serait lentement teinté de la morale socialiste, même en affaire de mœurs. 

Or trois décennies plus tard, l’inverse apparaît aussi vrai : Hong Kong éveille toutes sortes de minorités sur le continent, les aide à s’affirmer et s’unir. « Big love » veut faire passer une loi pour éduquer l’opinion contre toute discrimination fondée sur la sexualité. 

Cette loi, le pouvoir insulaire la refuse encore, mais ses militants se battent—et s’appuient sur leurs frères et sœurs du continent : le mariage de Yin et Yang a été diffusé sur internet, avec le soutien et en la présence de Hongkongais de grande notoriété. 

Tandis qu’à Pékin, parmi la vieille école du pouvoir en place, d’aucuns commencent à déplorer d’avoir légèrement, une génération et demie en arrière, mis le doigt dans cet engrenage ! 


Rendez-vous : Rendez-vous de la semaine du 25 février au 4 mars 2013
Rendez-vous de la semaine du 25 février au 4 mars 2013

26-28 février, Shanghai : SIOF,Salon international de l’optique

27 février – 2 mars, Pékin : ALPITEC, Salon de la montagne et des sports d’hiver 

28 fév–2 mars, Shenzhen : ICC China, des composants électroniques

1-4 mars, Canton : LED et SIGN China, Salon de l’industrie des LED, Signalisation, enseigne, éclairage et publicité

1-4 mars, Pékin : CIAACE, Salon des accessoires automobiles