Le Vent de la Chine Numéro 33

du 19 octobre au 2 novembre 2013

Editorial : Une seconde vie pour la santé

MedecinDes nouvelles comme celles qui suivent, sont de nature à soutenir les réformes qui se négocient âprement à la veille du 3ème Plenum

Il y a encore 10 ans, la censure les confinait, épargnant au régime toute remise en cause de son mode de gouvernance privilégiant une élite. À présent, grâce à l’apparition des media sociaux de l’internet, elles circulent, agitent l’opinion : Pékin n’a d’autre choix que de passer à l’action.

– Cité par le Financial Times, un sondage de 2011 de l’ Association nationale des médecins prête à 78% d’entre eux le souhait que leur enfant ne fasse pas le même métier. 
Selon une autre source, jusqu’à 80% des médecins chinois n’ont embrassé cette carrière, qu’en raison d’un score trop faible au Gaokao (Bac). Dès que les étudiants le peuvent, ils quittent la fac de médecine pour d’autres filières.
Le manque de vocation s’explique d’abord par le salaire de départ : 2339¥ par mois, moins qu’une femme de ménage.
Autre problème : la violence qu’exprime ce sondage Xinhua (déc.2012-juil. 2013) réalisé dans 316 hôpitaux : angoissé par les agressions des patients (+27,3% en 2012), 40% du personnel soignant se prépare à quitter le métier. Bref, la profession de médecin, si prestigieuse à l’Ouest, est peu considérée en Chine. 

Mais les choses changent. 

L’image du médecin pourrait remonter avec cette seconde étape de la réforme de la santé que l’Etat annonce (14/10), vrai acte de naissance d’une médecine privée qui devrait peser 8 trillions de yuans (960MM€) d’ici 2020, avec des services, des compétences et des salaires mieux adaptés à la demande. 
Entreprises, ONG, fondations, assurances, locaux et étrangers -(en JV) seront autorisés comme investisseurs.
Contrairement à la pratique présente, tout secteur de la santé non-interdit, sera ouvert au privé.
Pour éviter que les investissements frais n’aillent qu’à la seule médecine de riches, l’Etat garde le monopole de ces services, quitte à les sous-traiter. Public et privé doivent coexister, en offrant aux investisseurs les mêmes condition qu’aux hôpitaux, en terme d’allocation de terrain, de tarif d’électricité, de subventions et d’impôts. Pour le professeur Zhou Zijun (de l’Université de Beida), le verrou administratif saute à présent – les fameuses « portes transparentes » invisibles qui bloquaient la médecine privée. Tout cela reste pour l’instant déclaration d’intention, mais c’est clair, la santé quitte les rivages maoïstes du « tout Etatique ». 

– Un pas en avant, un pas en arrière : médecins et ONG lèvent les bras au ciel face au projet de loi (15/10), pour bannir les séropositifs des maisons de bains et spas. Inopérant sous l’angle médical (le SIDA ne se transmet pas par l’eau), ce principe discriminatoire ne fera que repousser les malades dans la clandestinité, et favoriser la diffusion du virus hors de tout contrôle. 
Comme quoi, en matière de politique de santé, des préjugés plus moralistes que médicaux s’accrochent.

– À Tianjin, la mairie a révoqué ou mis à l’amende 13 médecins ayant été payés par Danone pour prescrire son lait maternisé Dumex.
Un parmi les quelques groupes mondiaux surpris cet été à ce genre de pratique, Danone a exprimé ses « profonds regrets » et son soutien à la politique nationale d’alimentation périnatale au sein – tout en précisant qu’il remplaçait la direction commerciale de la branche incriminée. 

Au demeurant, l’avenir du marché chinois reste souriant : en matière de lait pour bébés, les consommateurs gardent toutes leurs préventions contre l’offre « made in China » et selon EuroMonitor, la demande en lait maternisé va doubler en Chine d’ici 2017 à 25 milliards de $.

Mais il y a plus grave : on apprend (15/10) que Mark Reilly, ex-Président de GSK, le groupe pharmaceutique le plus touché par la frappe « anti-corruption des étrangers », est depuis fin août interdit de quitter la Chine. Il avait quitté le pays fin juin, pour y revenir à l’été « pour les besoins de l’enquête », laquelle a dernièrement été placée sous contrôle direct du 1er ministre. Signe de la sensitivité de cette affaire, des dizaines d’ex-employés chinois de GSK, demeurent incarcérés : pour le régime, une campagne anti-corruption n’a de sens que si elle frappe partout à la fois, Chinois ET étrangers ! 


Diplomatie : Thaïlande, Vietnam – des approches pragmatiques

Keqiang Maha Chakri Sirindorn– A Bangkok ( 12-13/10) les affaires de Li Keqiang allèrent bon train, avec son homologue Mme Y. Shinawatra, et sa visite à la Princesse Maha Chakri Sirindorn (photo).

Il commanda 200.000 tonnes par an de latex et 2 millions de tonnes de riz, négocia une future exemption mutuelle de visas et un renforcement du rôle du yuan.
Cela montre bien le caractère quasi-stratégique pour Pékin, du pays de Siam, cœur de l’Indochine. La Thaïlande n’est riveraine ni de mer de Chine, ni de Chine, ce qui leur évite tout conflit territorial. Elle est aussi plus riche que la plupart de ses voisins, solvable pour acheter davantage d’équipements. 

Les 2 millions de tonnes de riz furent commandés en deux temps : la moitié de la commande en fin de visite, avec les 200.000 t de latex. Pas par hasard : Bangkok s’apprête à renouveler son parc ferroviaire et vient de publier un plan d’équipements ambitieux à 70 milliards de $. Or un consortium chinois rivalise avec un japonais pour 4 lignes TGV, dont Bangkok-Chiangmai (680 km) et Bangkok-Nong Khai (450 km). Pékin voit d’ailleurs beaucoup plus loin, préparant 3 lignes TGV trans-asiatiques, dont celle centrale qui parcourra 3000 km en 24h, de Kunming à Singapour. Or, la Chine remporte ces dernières années de nombreux contrats à travers le monde sur base « infrastructures contre matières 1ères ». Avec Bangkok, elle discute à présent de fourniture de ce réseau TGV, au moins partiellement payé en riz et latex. Ce serait la plus grosse affaire de Barter de l’histoire, dépassant les 10 milliards $ : les commandes présentes de caoutchouc et de riz préfigurent ces remboursements en nature ! 

– Les choses se présentèrent de façon moins souriante avec le Vietnam, en conflit latent avec la Chine pour la mer de Chine, qui s’en méfie notoirement, et avec qui les échanges stagnent pour cette raison la Chine n’est que son 12ème partenaire avec « seulement » 41,2 milliards$ de commerce bilatéral en 2012.
Pour aggraver les choses, sur ce trafic, Hanoï déplore 16,4 milliards$ de déficit, et reproche à la Chine sa force de frappe industrielle. Aussi, pour Li Keqiang, dérider son hôte et homologue Nguyen Tan Dung n’était pas mince affaire. 

Mais quand il repartit, ses résultats étaient loin d’être insignifiants. Déterminés à atteindre un nouveau palier de synergie, Li et Nguyen ont formé un groupe de travail sur la mer de Chine. On sent l’assouplissement d’une Chine réalisant son risque d’être isolée par sa propre intransigeance maritime, et par une alliance « en tenaille » ourdie par les USA, de défense, et de commerce (avec un accord économique TPP dont la Chine serait absente). 

Deux autres groupes prépareront des décisions d’équipement et de financement du Vietnam. Une zone industrielle mitoyenne, des bureaux de promotion commerciale sont convenus, ainsi qu’un téléphone rouge d’alerte. CPI et Southern Grid vont bâtir avec Vinacoal une centrale électrique à 2 milliards de $ au centre du pays. Les deux leaders veulent faire passer le trafic bilatéral à 60 milliards de $ en 2 ans, puis à 100 milliards, d’ici 2017.

Des rêves ? Pas forcément. Le 15/10, le Conseil d’Etat annonçait un plan de redéploiement de filières (verre, ciment…) en surcapacité – la délocalisation d’usines non rentables. La destination idéale serait le Vietnam. De la sorte, Li Keqiang réaliserait trois coups en un : assainir son parc industriel, faire du Vietnam un marché (hinterland) chinois… et isoler – punir davantage les Philippines, coupables aux yeux chinois d’avoir déposé plainte contre elle auprès du tribunal de l’ONU pour son occupation de l’atoll Scarborough, non loin de leur propres rives de Palawan…


Politique : Royaume-Uni – la fin d’une brouille, au prix fort
Royaume-Uni –  la fin d’une brouille, au prix fort

Aa HinkleyEn mai 2012, D. Cameron, le 1er ministre britannique, fâchait Pékin en rencontrant le Dalai Lama. 18 mois plus tard, il enterre la brouille en envoyant à Pékin (14/10) G. Osborne, son Chancelier de l’Echiquier, et B. Johnson, le flamboyant maire de Londres, encore auréolé de la réussite de ses JO 2012. 

La fâcherie a-t-elle tant pesé sur les échanges ? Pas sûr, tant la position du Royaume-Uni est attractive pour Pékin, à la fois dans l’Europe et en dehors, avec son 1er rôle financier mondial et son ouverture proverbiale aux capitaux. Ainsi, entre public et privé, depuis 2005, la Chine a investi 17 milliards $ outre-Manche – le quadruple des acquisitions en Allemagne ou en France. Et les nouveaux projets ont de quoi frapper.

EDF négocie depuis des années deux réacteurs EPR de 1500MW à Hinkley (Somer-set) pour un coût estimé à 22MM$, entièrement à charge des bâtisseurs qui l’exploiteront en BOT (Build, Operate, Transfer). La Chine est sur ce projet avec la CGNPC, qui paiera 49%. Ce projet lui servira, espère-t-elle, de cheval de Troie pour se faire reconnaitre, vendre et d’installer une autre centrale au Royaume-Uni à l’avenir… 

BCE (Beijing Construction Engineering Corp) s’associe de son côté avec un consortium de Manchester (fonds de pension, aéroport) sur un projet de centre d’affaires dans cette seconde ville du Royaume-Uni : 61ha, d’une valeur de 1,3milliard$ après la création de 16.000 jobs, bienvenus dans cette vieille région industrielle. 

Enfin, Huawei installe à Luton un centre de R&D à 200 millions$ et 200 chercheurs, qui mettront au point ses produits pour la clientèle du vieux continent. 

Le gouvernement conservateur veut aussi charmer touristes et hommes d’affaires chinois, en leur accélérant les formalités de visas pour garantir l’obtention, idéalement, en 24h. En 2012, avec 289.000 entrées, la progression avait frisé le tiers. 

La prochaine offrande britannique de réconciliation apparaît beaucoup plus contestée par la finance – qui semble proche de perdre son flegme immémorial. Le problème de Londres, alors que Paris et Francfort cherchent à obtenir leur part, est de préserver son acquis sur le marché du RMB comme devise.  

Grâce à des partenaires comme HSBC ou Stanchart, vieilles maisons anglo-Hongkongaises, ayant reçu des privilèges de Chine, la City traite 62% des paiements en RMB hors Chine, pour 5,3 milliards $ quotidiens (en avril dernier). Des flux qui seront appelés à monter prodigieusement dans les décennies suivantes. 

Or Londres s’apprête à proposer aux 4 « sœurs » bancaires chinoises (Banque de Chine, ICBC, China Construction Bank, Banque de l’Agriculture) un statut de branches, qui leur permettrait de dépendre de leurs maisons-mères à Pékin (de pouvoir déplacer sans contrôle vers l’Angleterre de très gros montants), contrairement aux autres banques, y compris locales, traitées en « filiales » et soumises aux contrôles étroits de la PRA (Prudential Regulation Authority - tutelle financière)… Aussi les banques d’outre-Manche dénoncent une « orgie extravagante » de privilèges indus, et une atteinte à l’indépendance de la Banque d’Angleterre. 

En échange, les investisseurs britanniques pourraient placer jusqu’à 13 milliards$ sur le marché très fermé du capital chinois. Mais au final, disent les observateurs, Londres paie au prix fort son retour en grâce au Céleste Empire – un peu comme Nicolas Sarkozy avait dû le faire en France, après avoir rencontré le Dalai Lama en 2008. Mêmes causes, mêmes effets ! 


Monde de l'entreprise : Zone Franche de Shanghai : un bol d’air frais !
Zone Franche de Shanghai : un bol d’air frais !

Sur la zone franche de Shanghai ouverte le 29 septembre 2013, on n’y voit pas clair. Ainsi, au lieu d’une liste de secteurs libéralisés, la mairie a publié celle… des activités restreintes, qui sont plus de 200 et 20% de toute la nomenclature. 

Ce flou n’empêche pas des milliers de firmes locales et dizaines d’étrangères de venir s’installer, attirées par la perspective du hors-taxe et de la simplication administrative.

Un des privilèges attendus sera la création d’une bourse franche intramuros, où les étrangers pourront enfin (mais quand ?) séduire l’épargne chinoise. Un autre sera la dérégulation complète des comptes capitaux en yuan, donc la convertibilité. Ce qui explique l’arrivée en masse des banques des cinq continents, à commencer par HSBC et BEA. On brandit aussi le chiffon rouge d’une TVA réduite, qui rendrait la zone, un paradis du négoce en ligne.

Parmi les entreprises venues en éclaireur d’au-delà des mers, on note des affinités : Royal DSM (Pays-Bas) qui parle d’investir 1 milliard de $ dans son usine de peintures, équipements en renouvelables ou suppléments diététiques; Almaco (Finlande) ravitaillerai les « liners » de croisière – tous ont besoin de fournitures rapides, de qualité « top » et de hors taxe. La licence n°001 revient à une JV Microsoft/BesTV. Ici, le besoin est en liberté de création hors censure. 

En somme, toutes ces firmes viennent chercher ici ce que Xi Jinping et Li Keqiang veulent donner à tous à terme : de la dérégulation


Politique : Xi Jinping, en pleine chasse « aux tigres »

Ji Jianye Maire NankinPromise par Xi Jinping avant l’été, l’arrestation des « tigres » (grands corrompus, par opposition aux « mouches », petits corrompus) bat son plein. 

Le 17/10, on apprend la mise sous enquête de Ji Jianye, 56 ans, maire de Nankin (Jiangsu), pour irrégularités portant sur 20M¥. Comme pour toutes les frappes de la campagne en cours, c’est la Commission nationale de discipline (纪律检查, jilüjiancha) qui officie, police interne du Parti sous la poigne de fer de Wang Qishan. Il se trouve que Ji passe pour un fidèle de Jiang Zemin, l’ex-chef de l’Etat, dont il avait administré la ville natale, Yangzhou jusqu’à fin 2009.

Le 17/10 aussi, c’est Wei Zhigang qui tombe, patron de la CNPC en Indonésie. Jusqu’à mars, la CNPC, 1er groupe pétrolier chinois était la base de pouvoir de Zhou Yongkang maître occulte de toutes les polices. Depuis, une vingtaine de cadres de la CNPC et d’apparatchiks sont sous enquête, tous des hommes de Zhou. 

Une autre mini-bombe fut la sortie dans la presse (14/10) que Li Xiaolin avait arrangé, en 1995, pour le groupe suisse Zurich, un cachet de 16,9M$, à trois grands patrons chinois, pour qu’ils lui cèdent 20% de l’assurance New China Life – quatre ans avant que ce type de participation ne soit ouvert aux étrangers. Une partie du cachet avait été investi en cadeaux : au ministre des Finances par exemple, une villa à 600.000$ aux Etats-Unis, pour sa fille qui y étudiait. La source de ces révélations est un procès aux USA entre deux de ces hommes affaires, l’un accusant l’autre d’avoir détourné une partie de la somme. 

L’Etat chinois n’a pas réagi – seul le groupe Orient, principal actionnaire de New China Life a démenti. Mais le fond de l’affaire est ailleurs, dans l’état civil de Li Xiaolin : elle n’est autre que la fille de Li Peng, l’ex-1er ministre. Avec Jiang et Zhou, Li appartient au clan conservateur hostile aux réformes. Mais sous l’effet de ces affaires qui les mouillent, chacun semble mettre en sourdine leurs préventions et deux d’entre eux au moins (Jiang et Zhou) ont dernièrement soutenu publiquement la ligne de Xi Jinping. C’est –probablement– le fruit de cette campagne, dont un but était de contenir la corruption et un autre, de casser les résistances des ultra : d’assurer lors du Plenum, une majorité favorable au changement. 

Une autre évolution permet de préciser la ligne du pouvoir. Début juin, le poste de vice-Président de la CBRC, tutelle des banques, revenait à Yang Jiacai, échappant à Liu Chunhang, pressenti pour le poste. Liu était aussi le gendre de Wen Jiabao, le 1er ministre sortant.
Pour Xi Jinping notoirement à l’origine de cette promotion, Wen était plutôt un allié, favorable aux réformes. Ce qui ne l’a pas empêché de choisir un homme compétent, plutôt qu’un homme de haute famille : pour le chef de l’Etat, dans toutes ces décisions de personnel (qu’il s’agisse de promotions ou de sanctions), la loi doit désormais peser d’un poids plus fort qu’hier, face aux influences des clans ! 

Justement, sur les décisions qui pourraient être prises, une lueur s’agite au bout du tunnel. Un document « 383 » circule, que l’on dit rédigé par Liu He, conseiller de Xi Jinping : il refléterait le document cadre du 3ème Plenum. Le sujet principal serait la réforme du crédit, de la taxation et du sol, sous la formule anodine de « mécanisme de logement à long terme ».
Il s’agirait de renforcer la propriété du sol rural, de systématiser et alourdir la taxe foncière, afin de donner aux mairies et provinces un revenu stable et durable, et de réduire les privilèges des grands groupes d’Etat : dégager les ressources nécessaires pour mener à bien 10 ans de campagne d’« urbanisation » ! 


Joint-venture : China Telecom débarque en France

Avec Orange, en France, China Telecom Global vient d’annoncer (16/10) le lancement prochain de CTExcelbiz, réseau à bas prix entre les deux pays. 

Orange (ex-France-Télécom) est le plus gros opérateur dans l’Hexagone, et le détenteur du réseau câblé. Il est présent en Chine depuis 25 ans, vieux partenaire du groupe chinois. C’est d’ailleurs avec lui que CTG a fait ses premiers pas en Europe en 2012, au Royaume-Uni, sur le réseau d’Orange et de T-mobile, l’opérateur d’outre-Manche. 

Or la France compte 500.000 Chinois résidents sur son territoire, en mal de communiquer avec la famille. De plus, pour la myriade de touristes et hommes d’affaires chinois qui s’y bousculent, la France est un marché stratégique pour la Chine—un service de télécommunication adapté, de qualité est une condition essentielle pour pouvoir acheter ou gérer des actifs sur place. 

Aussi, comme au Royaume-Uni, Deng Xiaofeng, Président de CTG, prépare en France de nombreux services, tels que l’usage du numéro de portable chinois en France, une messagerie vocale en mandarin, un Pass européen permettant aux voyageurs de surfer sur la toile et de téléphoner à travers les 28 Etats membres à coût réduit de 80% par rapport aux tarifs moyens en vigueur. 

L’intérêt d’Orange dans cette affaire? La réciprocité, pour les touristes et résidents français en Chine, à l’avenir. Pour CTG, il s’agit de créer des nouveaux marchés et se redéployer hors frontières, le marché intérieur étant de plus en plus dominé par les deux géants, China Mobile et Unicom.


Petit Peuple : Shidao – Un radeau de la méduse, version chinoise – 2ème partie

Lurong 2862Le 27 décembre 2010 à Shidao ( Shandong), le Lurong 2862, 33m de longueur, embarquait pour le Pacifique Sud, pour deux ans de pêche au calamar, sous les ordres du capitaine Li Chengguang. Après six mois, une mutinerie éclatait : deux gangs, du Dongbei et de Mongolie, forçèrent le retour au pays, tandis qu’une série d’assassinats débutait. 

Durant 5 semaines, ils poursuivirent leur route dans cette ambiance détestable. Jusqu’à cette nuit du 20 juillet 2011, au large de Hawaï, où un marin découvrit des traces de sabotage: une perte de gasoil suite à un déversement criminel en mer. 
La riposte de Liu, le chef pirate, fut immédiate. C’était le prétexte idéal qu’il attendait pour liquider les proches du capitaine Li. En plein sommeil, six gars furent égorgés et balancés à l’onde, dont Wang Yongbo, le bosco. Le lendemain, ce fut au tour de Wu Guozhi, le beau-frère de Li, poignardé et passé par-dessus bord. Suivi de Wen Dou, le chef mécano suspect.

Profitant de la confusion, quatre marins s’étaient bricolé un radeau de planches et de bouées de sauvetage. Hélas pour eux, alors qu’ils tentaient frénétiquement de ramer avec leurs bras, les courants les repoussèrent contre le navire, où les bandits les attendaient avec des rires sardoniques. Plutôt que de subir une fin inique, trois d’entre eux préférèrent nager vers leur destin. Seul Song Guochun remonta : troussé tel un dindon, lesté d’une gueuse, il fut replongé en mer où il s’enfonça, hurlant en vain… 

Mais ces meurtres, œuvre du gang du Dongbei, étaient trop pour Ji et sa bande mongole, qui commença à se désolidariser – ce que les nordestins supérieurs en nombre, ne pouvaient laisser faire. Aussi le 23 juillet, à 1000 milles des côtes du Japon, les Mongols furent un à un entourés, garrotés, tués. Dans ces derniers crimes, Li, le capitaine, était désormais second couteau. Ayant perdu tout solidarité humaine, pour sauver sa peau, il était devenu docile comme un toutou. 

Le 25 juillet, au large de la Corée du Nord, le second mécano, Wang Yanlong, disparut, et une voie d’eau se déclara en salle des machines. A ce qu’il faut supposer, il s’était jeté en mer, après avoir ouvert une vanne. Suite à quoi Liu, le chef pirate, n’eut d’autre solution que de remettre en état la radio pour lancer un SOS. 

Dès lors, les événements se succédèrent en accéléré. En 30 minutes, un avion nippon apparut en reconnaissance, bientôt suivi d’un aviso. Les garde-côtes passèrent à bord, trouvèrent la vanne, la refermèrent, écartant le risque de naufrage. Cependant durant l’inspection éclair, cent détails glauques d’un drame récent à bord, leur sautèrent aux yeux : des traces noirâtres de sang, un capitaine muet comme une carpe, la panique dans les yeux, et surtout un équipage fantôme réduit à un tiers. 
Aussi, quoique les rapports entre administrations chinoise et japonaise soient médiocres dès cette époque, la solidarité maritime prévalut : les garde-côtes japonais avertirent alors leurs collègues chinois. 

A l’administration continentale, sachant qu’elle aurait un navire à tracter, voire à subjuguer, il fallut 4 jours pour dépêcher sur place la vedette n°118 des garde-pêches, puis 15 autres pour rapatrier l’épave. Le 12 août, le Lurong 2682 faisait sa piteuse entrée à Shidao son port d’attache. Par rapport à la fête de 9 mois plus tôt, le contraste était vif : il fut accueilli dans un silence de mort, et sans aucune joyeuse volée de pétards pour lui souhaiter une bonne chance, décidément absente. Il faut dire que sur les 33 hommes du départ, il n’en restait que 11 !
La lenteur de l’instruction du procès qui s’ensuivit (20 mois), exprime mieux que tout la honte générale. C’est que tous les survivants avaient du sang sur les mains. Tel avait été l’effroyable compromis, le gage donné aux truands qu’on était « de leur bord », l’acceptation de tuer ceux qui le refusaient, pour obtenir sa propre survie.

À Weihai, ville voisine, le procès s’ouvrit en février 2013, et le verdict tomba le 20 juillet 2013 :
5 peines capitales, dont celle du capitaine Li, pour avoir poignardé 6 de ses hommes. Deux gars écopèrent de 6 et 4 ans pour n’avoir tué « qu’une fois » (le pauvre Song, noyé). 

L’avocat de la défense ne fut pas écouté. C’était pourtant lui, selon la presse locale, qui approchait le plus la vérité, en affirmant que dans cette affaire, le plus grand coupable était Xinfa, l’armateur, en dotant les hommes de paies misérables, de contrats non réglementaires et en les privant d’assurances-accidents. De ces loups de mer, il avait fait des loups pour l’homme. Pour l’homme de loi, à bord, tout le monde avait été victime, pour avoir trop tenté, selon l’adage bouddhiste, de « sauver sa vie, dans un monde de souffrance »
(苦海余生, kǔhǎi yú shēng).


Chiffres de la semaine : 15,5 milliards de yuans, 1,5 million de vues…

Xiangtan Anniversaire MaoRien n’est trop beau en l’honneur du Grand Timonier 

En amont du 120ème anniversaire de la naissance de Mao le 26 décembre prochain, les autorités de Xiangtan, sa ville natale du Hunan, ont dépensé 15,5 milliards de yuans (soit 1,85 milliard d’euros !) dans 16 projets pour marquer l’événement dont : l’entretien de l’ancienne résidence du Grand Timonier, la rénovation un centre touristique, l’élargissement des infrastructures ferroviaires et routières pour impressionner les futurs visiteurs.

Les autorités locales affirment que  » rien n’est plus important à leurs yeux en ce moment « . Pourtant, les travailleurs de la ville ont connu récemment de nombreux licenciements de la part d’entreprises d’Etat….

Xi Zhongxun TimbreL’info, reportée par le Changsha Evening News, n’a pas échappé aux internautes, scandalisés : « je ne peux pas croire qu’ils dépensent autant d’argent en l’honneur d’un homme décédé – de plus, controversé !« 

100 ans déjà

Mais Mao n’est pas le seul à l’honneur ces jours-ci : on fêtait le 22 octobre le 100ème anniversaire d’un de ses fidèles camarades, Xi Zhongxun – qui n’est autre que le père de Xi Jinping ! Au progamme : série de timbres à son éfigie (cf photo), livres et série TV…

1,5 million de vues

Voici la vidéo qui cartonne sur Youku  (version anglaise dans ce lien) avec 1,5 million de vues en 4 jours seulement. 

Ce petit dessin animé est produit par un studio inconnu et non-joignable pour le moment, Fuxing Lushang Video (复兴路上工作室 – que l’on peut traduire par « sur la route de jouvence », référence à un slogan de propagande).

Nommée « comment nos leaders sont parvenus au pouvoir ? « ,  la vidéo présente très simplement les parcours de Barak Obama, David Cameron et…. Xi Jinping et ses 6 autres camarades du Comité Permanent.

Que la vidéo soit toujours en ligne et n’ai pas été censurée indique que soit le département de la Propagande soit à l’origine de sa création, ou soit qu’elle ai été  implicitement acceptée.

Quoiqu’il en soit, la morale du petit film est très claire : « de nombreux chemins mènent au pouvoir suprême, et chaque pays choisit une route qui lui est propre. Que ce soit un seul bulletin de vote qui fasse basculer le destin d’une nation ou alors un long processus méritocratique qui requiert des années de dur labeur, tel un maitre de Kung Fu, l’important est que la population en soit satisfaite et que la nation connaisse développement et progrès « . A bon entendeur…!


Rendez-vous : Rendez-vous du 21 octobre au 3 novembre 2013
Rendez-vous du 21 octobre au 3 novembre 2013

21-24 octobre, Yiwu Commodities Fair

22-23 octobre : Shanghai Mode Lingerie

23-25 octobre Shanghai, SINCE, Salon des non-tissés

24-27 octobre Chongqing : CIMAMOTOR, Salon de la Moto

25-27 octobre Shanghai : TOP Marques, Salon des produits de luxe

28-31 octobre Shanghai: PTC Asia, Salon de la transmission 

29 octobre -1er novembre, Pékin : China-Pharm, Salon de l’industrie pharmaceutique

29 octobre – 1er novembre, Shenzhen : CPSE, Salon de la sécurité du territoire

30 octobre – 1er novembre, Shanghai : EP, Salon de la production, distribution d’énergie