Le Vent de la Chine Numéro 30

du 14 au 20 septembre 2013

Editorial : La zone franche, cheval de Troie de Li Keqiang

« Notre économie gardera sa croissance soutenue et sa politique de réforme », publiait Li Keqiang, le 1er ministre, au Financial Times (du jamais vu !). À 3 jours du Forum de Davos (12/09, Dalian), c’était un signal fort aux leaders politiques et industriels du monde. Li voulait raviver la confiance, suite à 6 mois plutôt secs : les piliers de sa grande réforme annoncée en mars (le plan d’urbanisation, la réforme de la taxation) tardent à sortir, minés par des querelles au sein de l’administration. En même temps se déploient les plus dures restrictions sur l’internet depuis des années, et sur les visas, nourrissant ainsi les doutes sur la sincérité de l’équipe au pouvoir sur sa politique d’ouverture. Mais Li insiste : forgée par Xi Jinping et lui-même, la réforme de l’Etat sera bien au rendez-vous du 3ème Plenum de novembre. Un des outils fondateurs de cette réforme, arrivera d’ailleurs bien avant : la « zone franche commerciale » (ZFC) de Shanghai prendra vie dès le 27/09. 

Issue de la fusion des zones industrielles de Pudong (aéroport), Waigaojiao (port) et Yangshan (port en eaux profondes), cet espace de 29 km² voit de puissantes fées veiller sur sa naissance. Son patron Ai Baojun, le vice-maire (ex-PDG de Baosteel, premières aciéries de Chine) sera épaulé par un vice-1er ministre, afin d’obtenir ses droits nouveaux, à vitesse de l’éclair. 

19 métiers des services doivent être déréglementés, à condition d’opérer depuis son sol. La plupart des dérégulations profiteront à l’étranger, en JV ou en pleine propriété selon le cas : banque (toutes opérations, toutes zones), assurance-maladie, leasing (avions, bateaux), armement maritime, services via télécom voire juridiques (« mécanismes exploratoires »), agences d’investigation de crédit et de voyage vers l’étranger, courtage en bourse, ingénierie (design), arts scéniques, show-biz, écoles et centres de formation, hôpitaux. 

La plupart de ces règles du jeu seront là d’ici décembre, dont le dégrèvement fiscal, vivement attendu. C’est crucial, pour convaincre les capitaux étrangers de revenir. En 2012, les investissement directs à l’étranger ont chuté de 3,7% à 111,7 milliards $ – c’était du jamais vu. Même s’ils ont repris au 1er semestre (62 milliards de $, +4,9%), l’alerte reste sévère. Incessamment, l’Assemblée Nationale Populaire doit recevoir de Li un projet de suspension de lois financières, applicable aux ZFC – devraient y figurer, complètes, la libéralisation des taux d’intérêts et la convertibilité du yuan. 

À cette ZFC, on voit ainsi se profiler deux rôles: Œ réformer en éprouvette, pour ne pas fâcher les vieux conservateurs ; introduire en un espace confiné l’Etat de droit, sous prétexte de régulation économique. Or, l’Etat de droit (la primauté de la loi) est l’atout n°1 de Hong Kong. Par ce nouvel outil, et son immense marché à sa porte (le plus vibrant du monde), Shanghai veut détrôner ce rival comme roi de la finance asiatique

Pas par hasard, StanChart et HSBC, piliers de la banque du « rocher », seront les premiers à venir s’installer. Avec leur savoir-faire, ils gagneront sur des rivaux locaux soudain vulnérables, privés de leur carapace étatique. 

Evidemment, cette ZFC suscite des inquiétudes. À Canton et à HK, on lit des avertissements acides, du genre « pas le moment de se reposer sur nos lauriers ». La province de Canton prépare sa propre ZFC, 35 fois plus grande que celle de Shanghai (1000km²) par la fusion des zones de Shenzhen, Macao et Canton. Le champion du projet est Hu Chunhua, 50 ans, Secrétaire provincial, jeune espoir du régime et pressenti pour succéder à Xi Jinping en 2022. Le feu vert de Pékin est espéré dès le printemps prochain. Sa marque de fabrique sera une intégration accrue avec HK et Macao, attirés par des règles du jeu encore plus permissives, inspirées de leurs propres institutions. Tel l’ICAC, peut-être (cet organe hongkongais à grand succès dans la lutte anti-corruption), ou la suppression des « comités judiciaires » du Parti dans les tribunaux, au moins pour toute litige économique… Ce serait à la fois un plus (une différence qualitative fondamentale), et à vrai dire le seul moyen de faire fonctionner une telle bulle de démocratie économique, dans un système toujours fondamentalement autoritaire.


Aviation : Les cieux s’entrouvrent

Partout, l’heure est aux réformes : Li Keqiang passe tous les règlements à la serpe – aussi dans l’aviation civile : pour les transporteurs aériens chinois, le monopole des grandes lignes vers l’étranger vit ses derniers mois. Jusqu’alors réservée à “un transporteur par route”, les destinations de Paris, New York, Londres… seront libérées par la tutelle CAAC. Bénéficiaire : Hainan Airlines (HNA) le n°4, semi-privé, jusqu’alors confiné à des destinations périphériques. Dès cette semaine, HNA ouvre la ligne Pékin-Chicago, précurseur de la dérégulation. 

Déjà admis par permis spécifiques, les « carriers » étrangers pourraient accéder librement aux grands aéroports de l’intérieur. Ce qui allégerait la pression sur les hubs de la côte, presque saturés. Cette semaine, Qatar Airways (cf photo) se posait à Chengdu. Elle y sera suivie de façon imminente par British Airways. 

Toute une génération d’avions apparaissent dans les airs chinois, tels le Dreamliner ou les A330-340. Pour être certifiés à l’international, jusqu’à présent, la CAAC leur imposait un an sur lignes intérieures. Sous peu, le délai devrait repasser à 3 mois. 

Au dessous de 100m d’altitude, l’administration annonce la multiplication des espaces aériens. Depuis janvier, six métropoles ouvrent leurs cieux, et deux roupes aéronautiques préparent 160 aérodromes autour de Pékin…

Mais pour parvenir au degré d’ouverture mondial, le compte n’y sera pas : Europe, Etats-Unis et 100 autres pays du monde pratiquent le « open-sky » – liberté complète d’opération ! 


Sport : Jeux Nationaux de Shenyang

Jeux Nationaux Senyang 04 09 'Les Jo Chinois'Les 12 èmes Jeux Nationaux à Shenyang (31/08 au 12/09), « mini Jeux Olympiques de la Chine » rassemblèrent 9 770 athlètes venus de tout le pays (10 500 athlètes du monde entier se retrouvent eux aux Jeux Olympiques)

A leur tour visés par la campagne anti-hédonisme, le budget de ces Jeux nationaux fut amputé de 78%, à « seulement » 800 millions de yuans.


Politique : Derrière la réforme, le fantôme de Mao

Curieuse contradiction: les réformes promises par Li Keqiang sont précédées d’une campagne idéologique de Xi Jinping, et d’une répression aux extrêmes du spectre politique, contre la grande corruption et les avocats réclamant plus de libertés. Ceci s’explique par un besoin de rassembler et rassurer, en arrêtant les « éléments » les plus en vue. 

En outre, le bras de fer qui s’achève avec l’affaire de Bo Xilai a pu convaincre Xi Jinping qu’une frange importante de la population sympathisait avec Mao et son époque. D’où la « pureté » idéologique dont se pare la campagne : Wang Qishan, patron de la jilüjiancha (纪律检查, police du Parti) appelle à lutter contre l’« hédonisme » qui a « infecté » la société, et Xi saisit toutes occasions de se présenter comme proche du peuple, dans des poses néo-maoïstes, gardien du temple de la Révolution. L’offensive frappe sur plusieurs fronts : 

– Au printemps, une note aux chefs de propagande rejette en bloc «constitutionnalisme, valeurs universelles et liberté de presse occidentale ».

– En mai, la revue Qiushi 求是 assimile la pensée de l’Ouest à un « chemin du diable, un cul de sac » pour le Parti et la nation. 

– Xi se mobilise contre l’internet frondeur, appelant les services de propagande à créer une « forte armée » pour « occuper le terrain des nouveaux média ». Dès le 19/08, il fustigeait dans un discours les « diffuseurs de rumeurs », bloggeurs utilisant leur tribune pour brocarder le régime, que suivent ensuite des dizaines de millions de Chinois. 

Depuis lors, ont été arrêtés (et parfois relâchés) des centaines de ces chroniqueurs, tel le sino-américain Charles Xue (suivi par 12 millions de personnes sur Weibo) surpris avec une prostituée. Xue a été forcé à une confession télévisée, visant à le discréditer. La campagne fonctionne : inquiets, les bloggeurs influents cessent leur persifflage et effacent même leurs anciens posts. Mais d’autres, moins connus, en profitent pour prendre le relais !

– Cette offensive débouche sur un règlement du 09/09 : tout auteur de « rumeur » sur internet, cliquée plus de 5000 fois ou réémise plus de 500 fois, encourt 3 ans de prison pour diffamation. Assez clair, l’objectif consiste à casser les voix inofficielles qui mettent en effervescence les 500 millions d’internautes chinois, dont 54 millions d’usagers quotidiens – un volant thermique qu’il est essentiel de contrôler. 

– Enfin une directive de juillet, impose à la police de conserver 15 jours ouvrables (au lieu de 5 précédemment) les passeports des étrangers lors du renouvellement de visa. Raison avancée : « contenir le flux montant des étrangers, et garantir la sécurité nationale ». Procédure qui devient une difficulté pour tout étranger en déplacement hors, et à l’intérieur du pays… 

Cette campagne ne passe pas bien auprès de la population. Plusieurs juristes, tel Wang Cheng (Zhejiang) ou Tong Zhiwei (Shanghai), la déclarent anticonstitutionnelle parce que mise au vote et donnant trop de pouvoir à la police. De même, plusieurs penseurs comme Mao Yushi (économiste) ou Hu Dehua (« petit prince », fils de Hu Yaobang) ont dénoncé en mai et juin la dérive gauchiste. D’autres reconnaissent que ce type de menace peut « intimider les gens un temps, mais ne fera rien pour faire gagner de la crédibilité au pouvoir ».

Vue dans son ensemble, cette campagne explicite la foi du n°1 chinois dans son Parti, et est résumée en cette formule : « la couleur rouge de notre pays est là pour demeurer à jamais ». Mais en même temps, selon AP, le media américain, « par ses efforts agressifs pour contrôler l’opinion, Xi risque d’étouffer ses propres appels aux cadres, d’écouter le peuple » .


Agroalimentaire : Le lait nouveau va arriver

De source fiable, Pékin va éliminer sous 5 ans, 130 des 142 producteurs laitiers actuels, pour ne garder qu’une dizaine, les occidentaux et quelques uns des meilleurs locaux. Ces « élus » se préparent à occuper le terrain… 

Fonterra, la coopérative néozélandaise (45.000 employés 6,3 millions de vaches, n°1 mondial) lance un second complexe à Ying (Shanxi) : 3000 vaches fin 2014 et 500 actifs, dont trois-quarts locaux. Ensemble, avec le hub de Tangshan (Hebei), ils produiront 300.000 tonnes par an de lait de qualité. Sur ce marché dont la production n’augmente que de 2% par an, mais la demande de 6%, Fonterra continuera à renforcer ses capacités pour atteindre en 2020 son objectif d’un milliard de litres. 

Cette annonce va aussi faire oublier l’étrange incident d’août dernier où Fonterra retirait des ventes mondiales un lait pour bébé soupçonné de botulisme, avant de s’excuser : il y avait eu confusion entre deux bactéries !

Huishan, 1er laitier de Chine (Liaoning, 50 fermes, 110.000 vaches de souche australienne) veut lever des fonds et vend 3,8 milliards d’actions en bourse de HK (10/09) : elles se sont arrachées vu la qualité des grands actionnaires (Banque de Norvège, Cofco, et Yili, le n°2 national des produits laitiers).
Le fait que Huishan n’ait pas figuré en 2008 parmi les 28 producteurs laitiers chinois contrôlés positifs à la mélamine, a sans doute joué dans sa sélection parmi les groupes chinois rescapés, autorisés à produire le lait de demain.


Argent : Conjoncture : légère brise dans les voiles, mais l’orage menace…

Dans la conjoncture chinoise de rentrée, les indicateurs suggèrent une relance (mince) en août, succédant à la quasi panique de juin où le crédit avait implosé. Les services ont repris avec un index PMI à 53,9, traduisant l’accélération des commandes. Les usines ont remonté de 47,7 en juillet, à 50,1 en août (indice de hausse du marché local). L’export reprend (+7%), dégageant un surplus commercial de 28,6 milliards $. Même le panneau solaire s’apprête à redevenir rentable : Trina (Changzhou), exportera 100% de sa production en 2013. 

Au 1er semestre, le revenu des firmes chinoises, selon Nomura, a progressé de 12,5% (score médiocre), mais le profit lui, a remonté à +16,9% (2,6% de mieux qu’en 2012). L’inflation baisse à 2,6% et devrait atteindre l’objectif annuel de 3,5%. Pour CLSA tout cela suggère la reprise, après avoir touché le fond. Ce qui permet à Li Keqiang d’affirmer que « les conditions sont réunies pour atteindre les objectifs » (une croissance de 7,5%), et à Xi Jinping, que la récession des 18 derniers mois « avait été prévue et ordonnée, pour se donner les moyens de résoudre des problèmes fondamentaux ». 

Mais il y a l’envers de la médaille : en août, le crédit est estimé à 1 570  milliards de ¥, contre une moyenne de 1000  millairds de ¥ aux trois mois précédents. Dont 294 milliards de ¥ ont été prêtés par le crédit gris (c’est un record), surtout aux villes. Discrètement, les freins sur l’immobilier, forte source de financement des villes, ont été allégés : à Pékin, une parcelle de 28.000m² vient de se vendre 73.000¥/m², un record.

Sans le dire, le Conseil d’Etat a aussi réalisé un mini-stimulus : en allégeant les taxes des PME, les garanties bancaires à l’export, et en relançant les projets d’infrastructures. La ville de Pékin poursuit son programme de métro, et étoffera le réseau de 50% en 3 ans après l’avoir porté en 10 ans à 17 lignes et 456 km. 

Mais où en est la dette ? L’emprunt des provinces est évalué à 15.000 milliards de $. L’endettement national serait de 140% du PIB ce qui est lourd face aux 90% du Brésil et 75% de l’Inde. Les mauvaises dettes seraient au minimum 10% du capital des onze plus grandes banques, signifiant un « trou » de 500 milliards $, voire bien plus (si les mauvaises dettes atteignent 15%, le système bancaire chinois serait techniquement insolvable). 

Pour assainir (par recapitalisation, et libération des taux d’intérêts), la tâche sera rude. En 2006, lors d’un premier dépannage des banques, l’Etat avait ouvert à l’étranger, qui avait épongé 18% des actifs faillis. Mais cette fois, il semble vouloir se passer d’elles et maintient les investissements faillis, à des prix sciemment découplés de la réalité. 

Au contraire, on voit une banque de Tianjin-Binhai tester en juillet une émission de bons, mixant crédit failli et projets neufs, et visant l’épargne locale : une technique risquée, qui rappelle les « subprimes » américains… . Aussi, l’on comprend que la Bank of America vienne de se débarrasser de ses dernières parts de la CCB (pour 1,5 milliard de $), avec 3,9% de perte (03/09).

Une fois la finance chinoise remise sur pied, le pire restera à venir. Il s’agira d’élaguer de l’économie les investissements redondants en tous secteurs, de l’acier au ciment, de l’auto aux éoliennes… C’est une autre écurie d’Augias à nettoyer, pour que cette économie devienne enfin durable. Ces incroyables défis rendent pensif Zhang Zhiwei, chef économiste chez Nomura : « difficile de trouver des raisons d’être optimistes. On voit mal comment cette croissance là pourra se maintenir ».


Politique : Jeux d’archipel

Trois dates cette semaine ont marqué les relations Chine- Japon : tensions mais aussi volonté de sauver l’acquis. 

– Quand à Buenos Aires, le CIO octroya à Tokyo les JO de 2020, Xinhua relaya, mais avec un lapsus, les attribuant à Istanbul, candidat malheureux. Puis Pékin félicita Tokyo, mais en l’informant que ces Jeux ne seraient un succès que si le Japon savait assumer ses responsabilités historiques. On a vu plus chaleureux !

– C’était le 1er anniversaire de la « nationalisation » des îles Senkaku-Diaoyu par le Japon, qui les contrôle depuis 130 ans mais que Pékin revendique. Aussi les tensions attendues n’ont manqué de suivre.
Un convoi de garde-côtes chinois (aux coques blanches, symboles d’un corps civil désarmé) pénétra les 7-8/09 l’archipel, aussitôt suivis bord à bord par les confrères nippons, tandis que drones et avions survolaient les îles. 

L’ambassadeur chinois à Tokyo fut convoqué pour protestations diplomatiques, et Tokyo soupesa l’idée de défendre sa souveraineté sur ces rochers en y stationnant des hommes. Pékin rétorqua : cette atteinte à sa propre souveraineté ne serait pas tolérée !

– Comme pour garder la tête froide, les deux pays tenaient (11-12/09) une foire à Shanghai, avec 600 firmes japonaises et leurs partenaires. La foire garde profil bas (7000 visiteurs). Mais les nippons en témoignent, la partie chinoise a fait son possible pour coopérer. 

C’est quand la relation est menacée, qu’on cherche à la défendre – en douceur, sans aller se mettre en porte-à-faux avec les faucons de son camp. 


Energie : Xi Jinping dans les steppes d’Asie Centrale, à la pêche à l’or noir

Xi Jinping avait pris son souffle, pour ce parcours du combattant en Asie centrale : 11 jours (3-13/09), quatre étapes, deux sommets (le G20 de St Petersburg, le Sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai à Bishkek) qui lui firent croiser Vladimir Poutine, deux fois en neuf jours, des dizaines d’accords bilatéraux, des dizaines de milliards de dollars engagés entre les cinq pays de cet immense « milieu des Empires »…Même le Tadjikistan, que Xi évitait, était présent, à travers le futur réseau de gazoducs à très haute capacité, signé avec quatre pays. 

Un concept de grande ampleur se dégage, explicité par Xi à l’étape d’Astana (Kazakhstan) : celle d’une « nouvelle route de la soie » ou plutôt zone industrielle du Pacifique à la mer Caspienne, qui revitaliserait toute l’Asie continentale, y compris Inde et Asie du Sud-Est, 3 milliards de citoyens. Xi proposait aux partenaires de commencer par repenser les axes de communications multipodes, tel ce « Transibérien du Sud » qui relie depuis 2009 Chongqing à l’Europe, permettant de gagner 16 jours sur le trafic maritime pour la moitié du prix du fret aérien. 

Un obstacle est mental : la méfiance envers la Chine, le rêve d’indépendance, le refus de troquer une zone d’influence russe pour une autre chinoise, la crainte de ce nouveau géant qui bouscule sans complexe son style de vie. Cela se voit dans le tourisme, où les visas vers ces pays coûtent plus cher que ceux vers les Etats-Unis et où le « 1er de la classe », le Kazakhstan ne reçoit que 250.000 Chinois par an… Manque aussi la langue chinoise. Aussi Xi offre dès maintenant 10.000 stages pour profs et étudiants des 5 pays, et 30.000 bourses d’études, chapeautés par les Instituts Confucius qui gagnent en influence. 

Le reste du voyage, a odeur d’or noir : à coups de prêts, dons et prises de participation, c’est une pêche miraculeuse aux hydrocarbures à laquelle Xi s’est livré durant ces 11 jours. 

Au Turkménistan, il inaugure le gisement gazier de Galkynysh, 4ème mondial, et assure des livraisons à la Chine de 25 milliards de m3, puis 65 milliards de m3 en 2020 (cf. VdlC N°29). 

Au Kazakhstan, pour 5 milliards de $, la CNPC prend 8% du gisement offshore de Kashagan, et au total, 30 milliards de $ de contrats ont été signés. 

En Ouzbékistan, 15 milliards de $ de contrats gaziers, et les 2,9 milliards de $ de commerce bilatéral en 2012 (+33%) seront 5 milliards en 2017. 

Au Kirghizistan, pas d’hydrocarbure, mais Pékin paiera les 225 km de gazoduc qui rapatrieront « son » gaz turkmène. Au total, pour 3 milliards de $, il paie une autoroute Nord-Sud, et rénove la centrale thermique de Bishkek, l’aéroport, la zone industrielle frontalière… 

En dépit des méfiances locales, la Chine se sent à l’aise dans ces pays. Dilapidés par l’ère soviétique et en mal d’investissements, tous sont dirigés, de main de fer, par des dictateurs, où les droits de l’Homme ne sont pas un sujet de débat…


Autres : « Le Temps de la Chine », un livre témoin de la CCIFC

Le 10 septembre à Pékin, la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine (CCIFC) (à l’occasion de son 20ème anniversaire) et l’éditeur Félix Torres, inauguraient la tournée de lancement à travers le pays, du livre « témoin », « Le Temps de la Chine« . 

Avec plus d’une cinquantaine de témoignages d’experts, professionnels et universitaires, « Le Temps de la Chine » se veut être une référence en dressant un portrait croisé de la Chine d’aujourd’hui, ses mutations…

Retrouvez plus d’informations sur Le Petit Journal Pékin !


Monde de l'entreprise : Corruption – Bayer et Sinobiopharma, à leur tour sous enquête
Corruption – Bayer et Sinobiopharma, à leur tour sous enquête

Deux nouvelles cibles viennent s’ajouter à l’enquête contre les groupes pharmaceutiques : le chinois Sinobiopharma et l’allemand Bayer, soupçonnés comme le britannique GSK et d’autres, d’avoir soudoyé de nombreux médecins pour prescrire leurs remèdes…

Prévue depuis août, (60 laboratoires sont officiellement visés), l’inclusion de Sinobiopharma à la liste des groupes sous enquête est là pour dissiper l’idée que la frappe serait d’inspiration protectionniste. 

La Deutsche Bank croit que l’enquête se poursuivra jusqu’en 2014.