Le Vent de la Chine Numéro 29

du 7 au 13 septembre 2013

Editorial : Bo Xilai, CNPC, SASAC : Xi Jinping fait d’une pierre deux coups

Dix jours après sa clôture, le procès de Bo Xilai n’en finit pas de faire des vagues, et des mécontents.

Fâché que le procès ait trainé en longueur, des deux jours prévus à cinq, le pouvoir a limogé l’administrateur en charge de sa tenue. C’est que ce mystérieux délai, peut-être dû à une sympathie envers l’accusé, avait permis à ce dernier de jouer de ses talents d’orateur pour apparaître presque vertueux ou injustement frappé. 

En face, des intellectuels détestant la ligne et les manières arbitraires de Bo à la tête de Chongqing, reprochent à Pékin l’« erreur » de lui avoir laissé l’occasion d’une telle tribune, et d’avoir axé le procès sur sa seule corruption, laissant dans l’ombre ses agissements politiques… 

On voit ainsi, à travers le personnage de Bo Xilai, dont le sort se décide en ce moment, deux Chine, une Mao-nostalgique et une réformatrice, et entre les deux, un Etat en recherche d’un fragile équilibre. Mais qu’on ne s’y trompe pas, quelque soit le verdict, il ne plaira à personne. 

Vient ensuite l’enquête (01/09) sur Zhou Yongkang, pour corruption bien sûr. L’ancien « Tzar » de la police, n’est –encore – ni accusé ni inculpé, mais c’est l’homme charnière, des ambitions de Bo Xilai (dont il était très proche), et ‚du pouvoir de la SASAC, ombrelle d’une centaine de consortia d’Etat et de la CNPC, 3ème compagnie pétrolière mondiale. 

Suit (02/09) l’enquête sur Jiang Jiemin, n°1 de la CNPC jusqu’en mars puis n°1 de la SASAC, un des lieutenants de Zhou Yongkang. En 48h, il est limogé : extrême brièveté qui tend à suggérer que le pouvoir a toutes ses preuves en main. De source nippone, Huang Bangsong, 47 ans, milliardaire pétrolier, recevait de la SASAC des infos réglementaires secrètes en matière d’énergie, qu’il repassait au fils de Zhou Yongkang, lui permettant de faire de juteuses affaires avant les autres… 

Plusieurs autres alliés de Zhou Yongkang ont précédé Jiang Jiemin en cette fâcheuse posture : tels Guo Yongxiang, ex vice-gouverneur du Sichuan, Li Chuncheng, ex vice-secrétaire du Sichuan, Li Hualin et Tao Yuchun, leaders à la CNPC. Avec eux coule le « gang de Shengli », groupe de pression du nom du second gisement pétrolier du pays, au Shandong, par où tous sont passés à la suite de Zhou. 

Arrêtons-nous sur ce formidable coup porté à la SASAC et à la CNPC – deux des corps les plus puissants de la RPC. Il établit la puissance de Xi Jinping, inégalée depuis 20 ans pour un leader et acquise en peu de mois – Xi Jinping n’est au pouvoir que depuis le XVIII. Congrès d’octobre 2012, voire le Plenum de l’ANP de mars 2013. C’est un avertissement du sérieux du régime sur sa volonté d’éradiquer la corruption, mortelle pour l’image et la légitimité du Parti. 

Dans cette frappe, il faut aussi voir un préparatif au 3ème Plenum de novembre où les instances doivent voter des réformes de fond et principes politiques de rupture. SASAC et CNPC appartenaient au « mur d’argent » hostile à tout progrès contraire à leurs intérêts. Aussi Xi fait d’une pierre deux coups, frappant tout en agissant sur son levier : le verdict de Bo Xilai n’est pas encore sorti, et Zhou Yongkang pas encore inculpé

Xi prépare une réforme et ne rate pas non plus une occasion de citer Mao. Sous prétexte de corruption, il frappe à gauche, mais au nom de la stabilité, il frappe à droite. Tout cela pour imposer son consensus, sous l’ombrelle du « rêve de Chine ». 

Il est probable qu’après cette affaire, la CNPC et d’autres consortia d’Etat perdront de l’influence, des privilèges. En fait, c’est déjà le cas. Wang Dongjin, nouveau commodore du géant pétrolier, a réduit les invests, tels ceux d’achats de réserves (57 milliards $ l’an dernier, dont certains estimés fort hasardeux). Wang annonce une « nouvelle phase de développement… orientée vers la qualité et la quête du profit, plus que les marges brutes et l’expansion ». Un langage inédit chez un groupe créé par Mao et qui jusqu’à hier, en gardait le modèle, voire l’âme. Et c’est ainsi qu’à toute vitesse, les pneus hurlant sur l’asphalte, la Chine prend un virage—sans le dire.


Dernière minute : Les statistiques du Yunnan passées au crible
Les statistiques du Yunnan passées au crible

En un surprenant exercice de transparence, la Chine (Bureau National des Statistiques) dénonce le Yunnan pour bidonnage de ses indicateurs conjoncturels (05/09).

Une pratique désormais intolérable pour l’Etat Central…


Politique : Hyperactivité mondialiste—trois étapes

La semaine passée, la Chine était actrice majeure dans trois rendez-vous mondiaux, prouvant ses progrès en tant que puissance.

– Au G20 de St Petersburg (05-06/09), sur la Syrie, l’opposition de V. Poutine et de Xi Jinping à toute frappe contre le régime de B. el-Assad, pour avoir gazé 1500 civils au gaz sarin (21/08), a contribué à isoler les Etats-Unis (B. Obama) et la France (F. Hollande), seuls pays en faveur de l‘action. L’argument subtil de Zhu Guangyao, vice-ministre des Finances, ne passa pas inaperçu : une hausse de 10$/baril du cours du brut, consécutive aux frappes éventuelles, grèverait de 0,25% la fragile reprise mondiale en cours. 

Xi et Poutine prièrent aussi Obama de faire en sorte que la FED, Banque centrale américaine, maintienne sa planche à billets verts pour soutenir l’économie planétaire et les devises des pays émergents. Sans illusion bien sûr : une fois le redémarrage bien engagé aux USA, Washington veut réduire son endettement. C’est pourquoi les 5 pays BRICS lançaient leur projet de fonds de réserve, pour compenser.
Ils y mettent 100 milliards$, dont 41 milliards à charge de la Chine, 18 milliards chacun pour Inde, Russie et Brésil, et 5 milliards au petit-frère Sud-africain. Mais tant sur la modestie du montant (pour une population cumulée de 50% de la planète), que sur la lenteur des palabres (1 an), la décision illustre les difficultés à s’entendre entre pays des quatre continents, sans rien d’autre en commun que leur statut d’économies émergentes. 

– A Ashgabat (Turkménistan, 04/09), avec son homologue G. Berdimuhamedov, Xi obtenait la livraison de 25 milliards de m3/an de gaz, voire 65 milliards de m3 d’ici 2020, si 4 gazoducs géants (57 milliards $ d’investissement par la CNPC) sont alors achevés. Les deux pays préparaient aussi une zone de libre échange à leur frontière. 

À Urumqi, métropole du « Far West » chinois, Li Yuanchao, le vice-Prsdt ouvrait la 3ème Expo Eurasia, destinée à désenclaver et enrichir le Xinjiang et ses pays voisins, et à tenir en échec les tentations séparatistes-intégristes. Puis en Russie, il obtenait confirmation par Gazprom, d’une vieille commande de 38 milliards de m3 de gaz, à doubler d’ici 2020—mais le tarif, pierre d’achoppement depuis 2006, reste à fixer « d’ici décembre », et de façon assez parlante, Gazprom avait d’avance annoncé le report du chantier du gazoduc à… janvier 2014. La confiance règne !

– A Nanning (Guangxi), avec la plupart des 1ers ministres de la région (cf photo), Li Keqiang tenait la 10ème Foire Chine/ASEAN, chantant une « décennie de diamants pour leurs pays ». Ici aussi, Pékin favorise l’intégration, avec des investissements dans les deux sens de 150 milliards $ et un commerce de 1000 milliards $ d’ici 2020 (contre 400 millions en 2012), obtenus grâce à l’accord de libre échange déjà conclu, et à son renforcement en vue. 

Mais se posait en frein à ce mariage, la crise de la mer de Chine du Sud, ravivée par l’émergence d’une base chinoise sur l’atoll du Scarborough Shoal, proche des Philippines.

A Nanning, Li Keqiang fit son possible pour maintenir la confiance, arguant des « convergences d’intérêts supérieures aux litiges », et soutenant – du bout des lèvres – le projet d’un code de conduite maritime de leurs nations. C’était son homologue vietnamien qu’il tentait de convaincre, mais non B. Aquino, le Philippin – découragé par les conditions posées à sa présence, ce dernier s’était décommandé.


Environnement : Le grand nettoyage

En janvier, atteignant à Pékin un record de 994µ par m3, la catastrophique vague de pollution de l’air déclenchait l’alarme. Au pied du mur, la Chine découvrait qu’elle devait changer de gestion de son environnement. Les décès prématurés sont désormais estimés à 1,2 million par an, et le tourisme reculait de 15% en juin 2013. Cette fois, le pouvoir ne pouvait plus tergiverser. 

Au ministère de l’Environnement (25/08), un plan quinquennal de « guerre totale aux microparticules (2,5µ) » est lancé, le second en deux ans, doté de 277 milliards de $, concentré sur l’œil du typhon de pollution—le nœud Pékin, Tianjin, Hebei. D’ici 2017, 25% de baisse d’émissions doivent être atteints, et à Pékin, 60 microgrammes par m3 – le maximum faisable. Cinq semaines après (03/09), la mairie de Pékin annonce les moyens qui seront engagés—une liste impressionnante, voire effrayante. 

Côté automobile (33% des émissions), les mesures sont féroces. D’ici 2017, le parc de 5,35 millions de voitures fin juil., sera plafonné à 6 millions. Petites cylindrées et e-véhicules seront favorisés et 1 million de taxis iront à la casse. Longtemps mal raffiné, le carburant sera porté aux normes de l’UE. « L’intensité d’usage, dit Li Kunsheng, patron municipal de l’environnement, doit être réduite par un mécanisme de marché » : pour rouler en ville en telle zone, à telle heure, il y aura péage, à commencer par les véhicules extérieurs qui, dès 2014, seront bloqués au 6ème périphérique. 

Bus et métro, d’ici 2017, devront supporter 52% du trafic (8% de plus qu’en 2012) et les 2/3 des bus et taxis seront « propres ». 
Filtres et convertisseurs naturels du gaz carbonique, les étangs et canaux augmenteront de 1000 ha, les espaces verts ou boisés atteindront 60% du territoire du Grand Pékin. 

Côté charbon aussi, les choses vont avancer. Engagée dès 2003, la chasse aux chaudières à houille avait éradiqué 7 millions de tonnes par. Dès 2014, quatre centrales à gaz entreront en action à Pékin, permettant de remplacer 9,2 millions de tonnes de charbon par 24 milliards de m3 de gaz (soit brûlé dans les foyers, soit converti en électricité). Districts et grosses usines recevront des quotas d’émission de CO2 et de soufre. D’ici fin 2015, tout charbon aura disparu à l’ intérieur du second périphérique, et en 2016, en banlieue, 4 millions de tonnes de mauvais charbon (cause de 70% des émissions de dioxyde de soufre) seront remplacés par un charbon de haute qualité.

Les industries et commerces aussi, vont durement sacrifier à l’autel de l’air propre pékinois. Pour les 1 200 usines visées (ciment, chimie…) à en croire Xinhua, une « responsabilité collective » est établie (principe radicalement nouveau) : « pour les régions ou secteurs qui ratent leurs objectifs annuels de réduction d’émissions, à compter de 2013, aucune licence ne sera accordée à de nouvelles implantations causant des émissions majeures», et dès 2016, en cas d’incapacité à se mettre aux normes, ce sera la fermeture. 

Enfin ceux qui d’une manière ou d’une autre enfreignent la loi « verte », se verront sine die privés de financement : ni banque, ni bourse, ni grâce de TVA. Ce qui, dans ce métier, signifie la mort par asphyxie à court terme. 

Toutes ces mesures qui semblent drastiques, doivent être prises avec des pincettes—l’Etat, sur ces sujets, a trop souvent fait des annonces non suivies d’effet. Mais l’ensemble donne l’impression d’urgence et de volonté de changer. Toutes ces mesures sont douloureuses par leur prix et par les contraintes aux usagers. C’est le coût pour sortir de 30 ans de fuite en avant dans un rêve illusoire de vie « à l’américaine ». Enfin avec cette nouvelle stratégie, Pékin et sa région deviennent laboratoire. Le reste du pays ne tardera pas à suivre. 


Joint-venture : Drôle d’histoire de petits légumes

Minzhong (Shandong), producteur de légumes bio exportant vers 26 pays, devait céder en février 2013 15% de ses parts à Indofood, groupe indonésien n°1 mondial de la nouille instantanée. Peu après, Indofood doublait ses parts à 29,4%, en rachetant celles de Temasek, bras financier de Singapour qui manifestait ainsi ses doutes sur l’avenir de Minzhong. 

Or le 26 août, Glaucus, cabinet américain d’analyse et capital à risque, frappait un grand coup en accusant Minzhong de falsifier ses chiffres de ventes et autres données du bilan. En même temps, il incitait à parier sur la chute du cours : la cotation du titre était dès lors suspendue. 

Tout d’abord, le plan fonctionna : en 8 jours, les parts perdirent 48% et la valeur du groupe chuta à 272 millions de $. Mais le 2 septembre, une contre-attaque imprévue vint d’Indofood qui « gardait confiance en Minzhong » et offrait d’en racheter toute part au cours du 26/08, le plus haut, affirmant ainsi la valeur du légumier à 576 millions de $… Dès lors, le titre se rétablissait – surtout par le désinvestissement en pleine panique des joueurs ayant parié sur la chute du cours. 

Pour les plus fins observateurs, le grand gagnant est l’investisseur indonésien, qui a su saisir l’occasion opportuniste de prendre le contrôle de Minzhong à bas prix – sans doute en difficulté suite à des imprudences, mais au grand potentiel. Quant à Glaucus, il panse ses plaies…Tel est pris qui croyait prendre !


Monde de l'entreprise : L’affaire GSK roule et amasse mousse

Sur l’affaire GSK, ce laboratroire britannique accusé de corruption de milliers de médecins, Pékin semble avoir opté pour un battage maximal et un nettoyage strict de l’ensemble du secteur. 

Suite à dénonciation, la pratique frauduleuse est désormais établie.
GSK payait les médecins via des agences de voyages, pour prescrire ses remèdes.
Les détails s’accumulent, ternissant l’image d’un groupe très impliqué dans la santé chinoise avec cinq usines, 7000 actifs et un centre de R&D. Huang Hong, le GM-Chine (en prison depuis l’été avec trois autres cadres) invoque l’extrême pression imposée par M. Reilly, l’ex-Prsdt-Chine qui avait fixé l’objectif de ventes à +25%/an, 7% de plus que la hausse de la demande. « Un tel résultat ne pouvait pas être atteint par des moyens légaux ».

Aussi la corruption était-elle sophistiquée et lourde, à deux étages, avec 490 millions de $ alloués en quelques années aux médecins et 10 millions de ¥/an offerts aux cadres-clés des hôpitaux, sous forme de cadeaux, chèques, ou « séminaires » dans des sites prestigieux à l’étranger. Guo Jianhua, la DRH, renchérit : les cadres étaient supposés agir en leurs noms. En cas de « pépin », GSK ne les couvrait pas. 

Pour l’Etat, ce déballage a un sens : selon Xinhua, « il devient clair que cette pratique était organisée par GSK-Chine, et non par ses commerciaux à titre individuel ». Or, une telle conclusion infirme d’avance toute prétention de la direction qu’elle ne savait rien. Elle va devoir se défendre devant les instances chinoises mais aussi devant celles du Royaume-Uni, sous le coup de la loi UK Bribery Act, et des USA, sous celui de la US Foreign Corrupt Practices Act. Et là aussi, de lourdes sanctions sont à attendre. 

Pékin médite une amende salée : le ministre de la Sécurité Publique évoque (04/09) le précédent de GSK en 2012 aux USA, condamné à payer 3 milliards $ pour « promotion illicite de remèdes » « défaut d’information sécuritaire» et « étiquetage frauduleux ».
Si Pékin s’acharne, c’est bien sûr d’abord au nom de la campagne anti-corruption, fer de lance du mandat de Xi Jinping et Li Keqiang. Mais il y a une autre raison, plus directe. 

Une enquête de l’American Medical Association (AMA) tout juste publiée, voit en Chine 114 millions de diabétiques (un fléau contre lequel tous les labos sous enquête vendent un remède dans le pays), et ce n’est qu’un début !
Dans la population, 40% des 18-29 ans et 47% des 30-39 ans sont pré-diabétiques. Les coûts seront terribles, tant en heures de travail qu’en soins : laisser des groupes comme GSK corrompre pour accaparer le marché et supprimer la concurrence, était inadmissible.
L’Etat prend soin d’ajouter que de tels agissements, tous les laboratoires les pratiquent, chinois y compris. La presse réfléchit et découvre une autre source de cette dérive dans la carence réglementaire. Car sur le fond, le dialogue médecins/labos est légitime et nécessaire : aux soignants pour suivre les nouveaux remèdes, et aux industriels, pour entendre la demande des médecins confrontés en permanence à de nouvelles pathologies.

L’Etat va donc devoir combler la lacune et le cadre légal. Pourquoi, demande la Chambre de Commerce Européenne, seuls les étrangers sont touchés ?
En l’absence de réponse, il est permis de penser que la Chine, s’apprêtant à nettoyer la pharmacie locale de ses producteurs de mauvais médicaments, laissera de facto place libre aux étrangers, en qui le marché a bien plus confiance. Dès lors, comme sur le marché du lait, la tutelle centrale veut d’abord rectifier les dérives des géants extérieurs, mais aussi se prémunir d’une accusation future de favoritisme envers les étrangers !


Petit Peuple : Nanyang : la cavale de Hu Xiaojiang, otage grand seigneur – 1ère partie

Quand un play-boy débarque à Xi’an en chemise de soie et costume Hugo Boss impeccables, en BMW série 4 noire rutilante immatriculée à Canton, il ne passe pas inaperçu. Surtout quand il se montre le soir du 12 août à la terrasse du Diaoyutai, un des cafés en vogue dans le quartier chic de la vieille ville, à deux pas de la Pagode de l’Oie qui, à cette ca-pitale du Shaanxi, est le rendez-vous incontournable des touristes et des fashion victims.

Hu Xiaojiang n’était pas là en villégiature, mais en service commandé. En périple commercial à travers cette Chine du Centre, pour le compte de son père, il prospectait des clients pour son petit empire commercial. Ce qui ne l’empêchait certes pas, une fois le job achevé, de s’habiller avec recherche, pour visiter les bars aux jolies filles. Il faut bien que jeunesse se passe, Hu ne comptant que 28 printemps.

Cependant pour Wang, Jiang et Ma, trois petits malfrats qui hantaient les parages depuis l’aube en quête d’un pigeon à détrousser, ce fils à papa apparut la proie rêvée, la chance irrésistible que leur accordaient les Dieux – comme s’ils avaient voulu leur envoyer un sac d’or, le genre de chan-ce qui n’advient d’habitude que dans les comptes de fées. Il faut dire qu’à l’instar d’un nombre de gens dans leur profession, nos trois larrons étaient assez superstitieux. 

Aussi, voyant Hu sortir de sa luxueuse berline et marcher vers le bar, ils se regardèrent, clignèrent de l’œil : c’était bien la cible du traquenard qu’ils ourdissaient depuis des mois !
Quand Hu sortit du pub et appuyant sur sa clé, débloqua la portière, les bandits qui s’étaient faufilés derrière lui, bondirent. Deux le prirent aux bras. Lui mettant un couteau à cran d’arrêt sous la gorge, le 3ème l’avertit bien vite de ne pas crier sous peine de se voir tailler un sourire jusqu’aux oreilles. Lui confisquant son trousseau de clés, ils le forcèrent à passer à l’arrière, deux malfrats l’encadrant, tandis que l’autre prenait le volant.
Toute l’affaire n’avait duré que quelques secondes, et tandis que la BMW démarrait sans précipitation, les conjurés le fouillèrent lestement, l’allégèrent de son portefeuille, en extrayant la carte bancaire. Une menace, une légère pression de la lame sur la carotide suffirent à lui faire avouer son « mima » (密码, code secret). Au prochain distributeur de bil-lets dans la rue voisine, ils se mirent en devoir de siphonner le compte de leur prisonnier.

C’est alors qu’ils eurent leur 1ère déconvenue, prouvant qu’ils n’avaient qu’une connaissance bien approximative du système bancaire de leur pays : l’homme parti effectuer la ponction ne put prélever que le maximum autorisé, 2500 yuans. Il revint, tempêtant qu’on se fichait d’eux, se retenant de flanquer une gifle à leur client, pour se passer les nerfs. Car pour ce vol avec violence, s’ils se faisaient attraper, ils savaient qu’ils en prendraient bien pour cinq ans. Aussi cette poignée de billets roses était bien maigre pitance, loin de récompenser le risque encouru.
Même en ajoutant la voiture, dont le receleur donnerait au mieux la moitié de sa valeur, le compte n’y était pas.
Aussi sur le champ, les bandits décidèrent de passer au « plan B » si souvent évoqué entre eux dans leurs soirées de beuveries, le coup du siècle, la reine de l’arnaque : avec l’otage et la bagnole, on allait décamper !

Pour éviter la traque policière qui ne pouvait manquer de suivre, les barrages sur les routes et tout le tintouin, il fallait brouiller les pistes en changeant de province.
Ils partirent donc pour Nanyang (Henan) d’où l’un des larrons était originaire. De là-bas, en sécurité à 1 200 km, ils adresseraient en toute quiétude une demande de rançon exorbitante, que la famille du jeune plein aux as n’aurait aucune difficulté à verser.

Quand ils furent sur l’autoroute, Hu qui conservait sur sa gorge la lame, sentit encore longtemps la panique, les battements désordonnés de son cœur.

De ce traquenard aussi magistralement programmé, comment allait-il s’en tirer ? Il se voyait déjà « au bord de la tombe », ce qui en chinois, se dit : « comme le poisson qui nage dans la marmite », (yú yóu fǔ zhōng, 鱼游釜中).
Mais il lui restait, sa foi inébranlable en sa bonne étoile, pour veiller sur lui…

Quel destin attend notre héros ? Saura-t-il s’en sortir indemne ? Vous le découvrirez en lisant la suite de l’aventure de Hu Xiaojiang,
au prochain numéro !


Rendez-vous : Rendez-vous de la semaine du 9 au 15 septembre 2013
Rendez-vous de la semaine du 9 au 15 septembre 2013

6-11 septembre, Changchun : CNEA Expo

7-9 septembre, Pékin : CIOF, Salon de l’optique

10-12 septembre, Pékin : Automotive Testing Expo, Salon du test, de l’évaluation et de l’ingénierie de la qualité dans les composants automobiles

10-13 septembre, Shanghai : MWS, Metro World Summit

11-12 septembre, Suzhou : Valve World Asia + Nuclear Exchange 2013

11-12 septembre, Pékin : Wireless China, Forum des communications sans fil

11-13 septembre Dalian : World Economic Forum

11-15 septembre, Shanghai : Furniture China, Salon de l’ameublement et accessoires

12 septembre, Shanghai, puis le 14 sept. à Pékin : ACCESS MBA 

12-15 sept., Xiamen : CIFIT, Foire int’l des investissements

15-17 sept., Shanghai : Cloud Connect, Conférence sur le développement logiciel