Le Vent de la Chine Numéro 28

du 9 au 15 septembre 2012

Editorial : Congrès – le train siffle toujours 3 fois!

De 1997 à 2002, Jiang Zemin, prédécesseur de Hu Jintao, avait tenté trois fois de s’accrocher au poste suprême au-delà des 10 ans et des deux mandats permis par la Constitution. Chaque fois, le Bureau Politique (BP) ou le «Présidium» des anciens (instance non inscrite dans la Constitution) s’était interposé, pour éviter le retour aux dérives du culte personnel ou à une dynastie. 

Or, voilà que Hu aussi, vient de voir contrecarrer trois tentatives de conserver, par personne interposée, le pouvoir au-delà du XVIII. Congrès d’octobre :
– en 2007, Hu avait proposé Li Keqiang comme son successeur en 2012 : l’appareil lui avait préféré Xi Jinping.
– en août 2012, à Beidaihe, il avait voulu promouvoir au Comité Permanent Hu Chunhua, autre protégé : ce fut refusé.
– fin août, Ling Jihua, son bras droit, perdit la présidence du Secrétariat général du Parti communiste chinois. De facto, Ling perdit aussi sa promotion quasi-acquise au Comité Permanent, qui lui eût permis d’exercer une influence et de tenir en bride le futur n°1, pour le compte de Hu Jintao. 

Son successeur au Secrétariat général, Li Zhanshu (62 ans, Secrétaire du Guizhou), appartient aussi de l’écurie Hu, mais n’a pas la même carrure. 

Ling tombait suite à une fuite, après cinq mois de secret d’Etat. La nuit du 18/03 à Pékin (trois jours après le limogeage de Bo Xilai), une Ferrari noire s’encastra sous un pont du 4ème périphérique. Des trois occupants quasi-nus, le pilote décéda et les jeunes passagères furent grièvement blessées. Enterré sous le nom de Jia, le conducteur passa pour le fils de Jia Qinglin, intime de Jiang Zemin et membre du Comité Permanent. Mais c’était faux.
D’après le quotidien South China Morning Post de Hong Kong, (02/09), Jia furieux avait fait identifier le chauffard : c’était le fils de Ling. Puis il avait confié ce secret à Jiang Zemin, qui avait attendu trois mois pour le balancer à Hu Jintao. Le média hongkongais croit savoir que le Président tomba des nues : tout ce maquillage ayant été orchestré par son propre camp, à son insu. Aucun détail ne fut épargné : la voiture à 800.000$ (incompatible avec le salaire du père), la cause présumée du drame – un jeu sexuel à grande vitesse avec une ouïgoure et une tibétaine, que le fils venait de prendre à l’Université des Minorités.

Le dégât politique suite à cette révélation est immense. Désormais, les camps des «Petits princes» et des «Shanghaïens» n’étaient plus seuls entachés d’un scandale, celui de Hu aussi. Ce qui éclaire, au passage, l’incapacité du Parti à entamer un grand nettoyage, pourtant si urgent pour restaurer sa réputation.

Signe d’érosion du leadership : Qiushi, revue théorique du Parti, publie (04/09) une critique acerbe des 10 ans du tandem Hu-Wen. L’auteur, Deng Yuwen, ose dire que ce pouvoir lègue « plus de problèmes, que de réalisations ». 
Aussi, selon divers témoins, les jeux sont faits. 

Au futur Comité Permanent (réduit de 9 à 7, par la relégation au Bureau Politique des portefeuilles « propagande » et « sécurité »), Hu ne comptera que 2 voix : celles de Li Keqiang (futur 1er ministre), et de Li Yuanchao (futur vice-président). Ce qu’on reproche à Hu au fond, est d’avoir différé, par passivité, des réformes urgentes (crédit, taxation, droit du sol). Ainsi, aurait été enrayée la croissance, et compromise la fameuse « société harmonieuse » (和谐 héxié), pourtant son souci principal.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : même sans devenir le « faiseur de roi » qu’aura été Jiang, Hu restera influent, surtout pour la sélection du successeur de Xi Jinping en 2022. Et là, son protégé Hu Chunhua conserve ses chances. Surtout s’il réussit à Chongqing, son prochain poste, en sachant mener de front la croissance et la compensation de milliers de foyers dépossédés par Bo Xilai et ses hommes. 
Enfin, les déboires de Hu Jintao profitent à Xi Jinping : vaincu par l’âge, Jiang va devoir réduire son activité. 

Cependant, quatre hommes de sa mouvance auront été installés au prochain Comité Permanent, et voteront avec Xi : Wang Qishan, Yu Zhengsheng, Zhang Dejiang et Wang Yang – donnant ainsi au nouveau Président une claire majorité. Avec malgré tout, derrière lui, l’ombre de ces anciens du «Présidium» dont l’influence, quoique non réglementaire, demeure écrasante !


Economie : Nouveau programme de grands travaux pour relancer l’économie

Stimulus tardif pour inverser la crise : la NDRC (National Development and Reform Commission) approuve (07/09) 60 grands chantiers, dont 25 métros (celui de Xiamen, 240km, 138 stations), 13 routes (2000km dont 300km d’autoroutes au Xinjiang), 9 stations d’épuration, 5 ports et 2 canaux. Investissement d’Etat estimé à 1000MM¥, soit 124MM€.
C’est pour l’Etat un tournant, vers une lutte financière plus radicale contre la dépression : il vise à sauver (4ème trim.) les « 7,5% de croissance » programmés en 2012.


Diplomatie : La Commission Européenne lance son enquête anti-dumping

Refusant de se ranger à l’avis de la chancelière Angela Merkel, la Commission Européenne lance (06/09) son enquête anti-dumping contre les panneaux solaires chinois, la plus forte action de ce type dans l’histoire des deux blocs. 

Dumping suspecté de 70% du prix, l’UE a 9 mois pour décider de taxes compensatoires, jusqu’à 250%.


Politique : Wang Lijun – procès proche

Des trois « criminels » impliqués dans l’affaire Bo Xilai, le premier, Gu Kailai (son épouse) est condamnée (20/08) à la perpétuité. Le cas du second, le policier Wang Lijun, suit tambour battant : le 05/09, il est inculpé – son procès peut démarrer (à Chengdu) à tout moment.

Au-delà de ses crimes au demeurant notoires, ce que l’on reproche à Wang est d’être l’homme par qui le scandale est arrivé. Le 06/02, ce n°2 de la ville de Chongqing s’était réfugié au Consulat américain de Chengdu, fuyant la rage de Bo Xilai. 

Pour cette fugue de 24 heures, Hu Jintao l’avait qualifié de « traitre » un mois plus tard. Aujourd’hui, il est incriminé de 4 chefs d’accusation, à savoir la défection, la corruption, « tordre la loi à ses propres fins », et l’abus de pouvoir. Incidemment, on lui reproche aussi d’avoir placé sur écoute ses supérieurs : il risque la perpétuité, voire pire. 

Les autorités sont face à un dilemme : Gu Kailai et Bo Xilai, coupables, n’en sont pas moins des enfants du sérail, aux droits particuliers, quoique inavouables. La perpétuité de Gu pourrait se réduire à 9 ans. 

Pour Bo, de surcroît encore très respecté d’une frange du Parti et de l’opinion, le juge aura du mal à frapper dur. Mais pour restaurer l’image du Parti, il faudra au moins un châtiment exemplaire. Aussi, le calcul de Wang, de lâcher Bo, son ancien protecteur, pour aider Pékin à faire tomber un homme dangereux, semble se retourner contre lui !


Diplomatie : Chine-USA : le double monologue

Les 4-5/09, l’étape pékinoise d’Hillary Rodham Clinton, sa dernière en qualité d’émissaire des USA, était le pivot d’un voyage de 11 jours à travers six pays pour préparer un sommet d’Asie Orientale à Phnom Penh, en novembre. 

Le président B. Obama devrait aider la région à parler en front uni à la Chine, sur la question du partage de la mer de Chine du Sud et de ses îles. Il devrait aussi faire adopter à tous un Code de conduite contre les conflits maritimes. Sur la zone, cinq nations riveraines ont des revendications locales, la Chine prétendant à l’intégralité de la zone. L’initiative s’inscrit dans le retour des USA en zone Pacifique depuis 2010, suite à leur désengagement d’ici 2014 sur les fronts irakien-afghan. Faut-il le dire ? Cette offensive diplomatique ambitieuse doit aussi servir au candidat Obama à remporter ses élections du 4 novembre. 

Aux offres de coopération de Clinton, la réponse de la Chine a été double, ambigüe voire contradictoire :
[1] C’est aux nations « directement concernées » de régler leurs problèmes avec elle (les USA devraient se retirer), mais
[2] Pékin aurait aussi assuré la Secrétaire d’Etat d’être prête à «travailler avec ses voisins pour résoudre la dispute pacifiquement». Invariable depuis 10 ans, la position de la RP Chine est que la mer de Chine lui « appartient historiquement », et que chaque riverain devrait venir « négocier » à Pékin sa revendication, sous droit chinois. Tandis qu’ASEAN (Association des Nations d’Asie du Sud-Est ) et Washington attendent une négociation multilatérale, dans le cadre de la Convention de l’ONU du droit de la mer (dont Pékin n’est pas signataire).

La même ambigüité fut constatée au niveau de l’accueil de l’envoyée spéciale. 

Hillary Clinton fut reçue par les plus hauts personnages : son homologue Yang Jiechi, le Président Hu, le 1er ministre Wen, le vice 1er Li Keqiang… Sauf Xi Jinping ! Le futur Président déclara forfait, sous prétexte officieux d’un lumbago le forçant à annuler ses rendez-vous du jour, dont celui avec le 1er ministre singapourien. Cependant, contredisant ce tapis rouge digne d’un chef d’Etat, la presse critiqua H. Clinton par un tir d’articles acerbes, avant même son arrivée, fort inhabituel dans un pays plus connu pour ménager la face des hôtes, même adversaires. 

Pour mémoire, signalons que le « dialogue » (ou plutôt le double monologue) n’a permis nul progrès sur les autres dossiers abordés, Syrie, Corée du Nord, Soudan, où les deux pays s’opposent matériellement et idéologiquement.
Cette ambiance trouble de rivalité et d’attraction réciproque est en fait partagée par les deux gouvernements, tous deux en phase de renouvellement et donc momentanément sourds à toute concession. Tous deux mènent surtout une lutte de longue haleine pour l’influence sur la région. 

Mais justement, revenons sur le forfait de Xi Jinping au rendez-vous avec Hillary R. Clinton. En février 2012, le futur président chinois avait fait aux Etats-Unis un voyage à succès, où il avait offert à Barak Obama de porter les relations à un niveau jamais atteint, moyennant des concessions mutuelles. 

A six semaines de son accession au pouvoir, son lumbago pourrait être une manœuvre, pour contourner deux risques. En rencontrant l’émissaire américain, il eût été obligé, soit de manier le langage intransigeant du pouvoir actuel (et de bien mal poursuivre la relation), soit de se voir critiqué pour s’en être distancié. Tandis qu’en restant au repos, il préservait l’avenir proche (son intronisation comme n°1), et le moyen terme, c’est-à-dire la relance de la Chine, des USA (voire du monde) par l’alliance sans précédent qu’il ambitionne !


Hong Kong : Hong Kong : « démocratie » contre « civisme »

Cela se murmurait depuis l’été à Hong Kong : pour la 1ère fois en neuf ans, le gouvernement local voulait mettre au pas son opinion trop libre, un des héritages de l’ère coloniale que Pékin supporte le moins.
L’été 2003, le 1er « Gouverneur » de la Région Administrative Spéciale, Tung Chee Hwa avait tenté de raboter les libertés en faisant voter une révision de l’art. 23 de la Constitution : il avait obtenu une manif de 500.000 personnes, convainquant Pékin de faire marche arrière sans plus attendre.
Cette fois, c’est par l’école que cela passe. Des cours de « civisme » patriotique encensant le Parti communiste chinois. Les cours sont facultatifs, et le manuel un « guide » indicatif pour les professeurs. Mais les citoyens savent que dès 2016, le « facultatif » deviendra obligatoire. 

Aussi, 120.000 parents et étudiants manifestaient (7/09) devant le siège du gouvernement, certains continuant la grève de la faim.
Leung Chun-ying, le nouveau Chief Executive tient bon, refuse de discuter. Mais face à l’agitation montante, il doit renoncer à se rendre au sommet de l’APEC (Coopération Economique de la zone Pacifique) (Vladivostok, 07/09). Le conflit se durcit.

Le moment choisi par le pouvoir pour l’épreuve de force apparaît risqué : l’imminent Plenum du Comité Central, le XVIII. Congrès du Parti communiste chinois, fournissent aux opposants autant de chambres d’écho, pour se radicaliser et se faire entendre, prenant ainsi le Parti en otage. Dès le 07/09, Leung « étudie prudemment » l’option de faire marche arrière.


Aviation : Airbus et Air France naviguent à vue

D’ici 2031, dit Boeing, la Chine achètera 5 260 avions (15,5% du monde, pour 670 milliards $). Un marché contrôlé par le groupe de Seattle et par le consortium européen Airbus. Pour ces géants, le défi d’avenir consiste à conserver leurs parts. 

Airbus vient d’assurer (30/08) la reconduction de sa licence d’assemblage d’A320 à Tianjin pour 10 ans (2016-2026). En prime, il obtient une commande de 50 A320 produits sur place (dont 25 A320 « néo », moins gourmands en kérosène). Mais rien sans rien. Dès cet été, le ministère chinois de tutelle avait demandé d’exporter ces avions, chose exclue par contrat, ce qu’avaient rappelé le Quai d’Orsay et l’état-major du groupe. Or deux mois après, Pékin contourne le blocus, en vendant ces appareils à des filiales de leasing de banques chinoises… Pour les louer (à l’étranger aussi !), puis les céder en crédit-bail. Airbus vient d’accepter une « dérogation » : la commande du 30/08 va à ICBC Leasing, filiale de la première banque chinoise, qui placera les premiers chez Air Asia, le low-cost malais. 

F. Brégier, nouveau patron d’Airbus, était « fier de soutenir la croissance des entreprises chinoises de leasing ». Mais quelques jours plus tard (03/09), le constructeur assure que les A320 de Tianjin « restent destinés au marché chinois », les cas de leasing vers l’étranger devant rester « marginaux ». 

Clairement, il y a malaise. Pour imposer cette rupture d’une clause du contrat, la Chine a pu jouer sur la licence de la chaîne de montage de Tianjin après 2016. Et sur le fait que, quoique de qualité égale à ceux montés à Hambourg ou Toulouse, les Airbus de Tianjin souffrent en Chine-même d’une préférence pour leurs jumeaux européens. Par ailleurs, on peut supposer que la Chine, avec ses ambitions de puissance aéronautique mondiale, veut dès aujourd’hui se faire la main sur les marchés internationaux, avec le produit qu’elle a déjà : ses Airbus made in China… N’empêche que pour le consortium, la pilule est amère, après avoir accepté de s’installer en Chine, au risque de transferts indésirables de technologie vers le C919 chinois (sortie en 2016), et de concurrence commerciale « illégale » sur ses autres marchés. L’évolution des ventes reste comparable à celle de Boeing, lequel s’est abstenu de prendre tous ces risques. 

Par ailleurs, Air France Industries (AFI, 3ème pilier du groupe AF), monte deux usines de maintenance en Chine (Xi’an et Shanghai), pour 2013. Le terme « ateliers » serait plus correct, vu la modestie de l’investissement initial (6 millions de $) et du personnel (40 mécanos).
Mais de toute évidence, ces sites seront appelés à connaître une croissance rapide, dans l’entretien des pièces et moteurs des compagnies locales. N°2 mondial de sa catégorie, Air-France-KLM Engineering & maintenance (la branche dédiée) réalise plus d’1 milliard d’€ (1/3 de son CA total) sur des appareils d’autres flottes. Déjà présent à Singapour et à Dubaï, il veut sa part du marché asiatique (3% de croissance par an, attendus d’ici 2022). Y-a-t-il rapport avec le drastique plan de restructuration du groupe au pavillon tricolore (5000 suppressions de postes imposées d’ici 2015) ? Ce dernier s’en défend vigoureusement – et nous n’avons trouvé aucun argument pour le contredire !


Aviation : Aviation civile : grain de sable imprévu dans l’engrenage…

En sept jours, quatre incidents ont affecté autant de vols en Chine ou vers la Chine, causant l’interruption de trois d’entre eux.

 Le 29/08 à Hefei (Anhui), Fang Daguo, militaire et cadre du Parti, monte éméché à bord du vol China Southern pour Canton, avec son épouse. Arrivant au dernier moment, le compartiment à bagages est plein, et l’hôtesse n’arrive pas à placer leurs sacs. L’épouse du cadre agresse alors la demoiselle, déchire son uniforme. Lui-même, saisissant son portable, prétend appeler une jeep kaki au pied de l’appareil.
L’avion décolle enfin, mais la polémique aussi. A Yuexiu (sa base militaire), le bureau du PCC prétend minimiser l’affaire, l’officier « s’étant excusé» et n’ayant « rien fait » : c’est sa femme qui a « secoué » l’hôtesse. Cette dernière, sur son blog, affiche ses bleus et son uniforme déchiré, et suscite des montagnes de critiques contre Fang – et tous les apparatchiks tout-puissants.
Finalement, l’officier sera suspendu. De l’avis de la presse, ce que l’incident révèle, est la multiplication actuelle des conflits entre citoyens et cadres, dus à la « baisse du niveau de conduite » de ces derniers.

 Le 02/09 à l’Est de Moscou, à bord du vol Swiss Zurich -Pékin, un passager chinois de 57 ans, ivre, exige que l’homme devant lui (compatriote de 29 ans) relève son siège. Faute d’obtempérer, il le frappe. D’où rixe. L’agresseur est maîtrisé, menotté, mais craignant pour la sécurité à bord, le commandant décide d’avorter le vol : retour à Zurich 7 heures plus tard où les deux hommes sont arrêtés. Ils sont libérés deux jours après, l’agresseur frappé d’une amende de « 90 jours Schengen » (à 650Fr suisses par jour), sans mesure avec les coûts occasionnés.

 Le 30/08, le vol CA981 destination New York, est forcé au demi-tour, au-dessus du Pacifique, suite à une alerte à la bombe. La fouille de l’appareil et des bagages ne donnera rien. L’auteur de l’appel n’est pas retrouvé.

 Le 01/09, le vol ZH9706 Xiangyang (Hubei)-Shenzhen, est contraint à atterrir à Wuhan après une fausse alerte à la bombe. Le lendemain, le mauvais plaisant est arrêté : Xiong Yi, 29 ans, de Shiyan (Hubei), a lancé l’appel depuis son portable. La plaisanterie coûtera cher, ayant immobilisé 30 véhicules et 200 professionnels (police, pompiers, ambulance)…

Cette série noire suscite un débat: « il faut s’attendre à voir se multiplier ce type d’incidents, dit ce bloggeur, beaucoup de mécontents ressentent le besoin d’exprimer leur colère ». Or, l’aviation est un maillon faible, où l’Etat a moins de moyens de réaction, tant que les vies des passagers sont en jeu. 

Chef de la sécurité des aéroports du Hubei, Huang Wenbao renchérit : « si des douzaines d’alertes à la bombe étaient émises en même temps, notre réseau sécuritaire pourrait s’effondrer. Il nous faut améliorer notre capacité d’analyse, pour en tirer des stratégies plus efficaces. Il nous faut aussi des réponses mieux coordonnées ». 

Selon Airbus, l’aviation civile est supposée, croitre de 53% d’ici 2032. Mais pour y parvenir, il faudra d’abord régler ces dérapages, eux aussi en pleine expansion – et pas seulement en Chine. Une cause universelle pouvant être, en l’occurrence… la peur de l’homme, une fois en l’air, détaché du plancher aux vaches !


Petit Peuple : Pékin – un sauveur, au bénéfice du doute

Un matin à Pékin, Li Hong se rendait à bicyclette à sa bijouterie du 798, le quartier d’art contemporain. À 100m derrière trottinait Laïka, sa chienne de race Samoyed de 5 ans, le crin blanc de neige flottant sous la brise. Trop loin peut-être : se retournant, la joaillère vit soudain un homme et une femme s’approcher de sa chienne sans méfiance, une bête aimée depuis ses premiers jours et ayant de ce fait perdu ses défenses naturelles, remplacées par une foi infinie en la bonté des humains. Mais l’homme la prit par le collier, la poussa dans un taxi, s’engouffra derrière, avec la femme. A peine le temps pour sa maîtresse de pédaler à perdre haleine, le véhicule jaune et vert disparaissait au prochain carrefour… 

D’abord furieuse, Li Hong poursuivit le taxi, mue par la force de l’instinct. Noyant son regard, les larmes la forcèrent parfois à piler, mais derrière l’hébétude qui s’était emparée d’elle, genre choc postopératoire, elle gardait sa pugnacité, l’esprit pragmatique et en guerre. Dix minutes après, son plan de bataille était prêt.

N’ayant pas encore d’enfant, Li Hong avait reporté sa vie sur son métier, et surtout sur Laïka, qu’elle aimait comme sa fille : à présent, elle ressentait ce manque comme la fin du monde. Car c’était le troisième compagnon canin qu’on lui dérobait de la sorte : injustice, agression intolérable.

Elle se rendit au commissariat du quartier. Un officier désabusé lui évoqua les dizaines de milliers de disparitions par an, chiens, chats ou pigeons, enlevés lors d’une vadrouille ou chez l’habitant, pour une rançon, une vengeance, une pulsion kleptomaniaque du collectionneur, ou pour être mangés. La majorité n’est jamais retrouvée. 

Une fois la plainte déposée, dans l’heure, elle émit l’annonce à ses milliers d’amis, fournisseurs et clients, par texto et par e-mail. Elle la retransmit aussi sur son micro blog. Puis, malgré le fait qu’aucune réponse ne lui parvint, elle posta toutes les heures un message sur l’état de l’enquête. Comme par exemple sa visite du lendemain sur le lieu du rapt, dans diverses tours de résidence, accompagnée d’un agent de sécurité qui lui permit de visionner les films du trafic : elle se revit à vélo, vit la chienne folâtrer derrière elle, et disparaitre de l’écran…
Finalement, c’est trois jours après que son portable sonna : l’appel du dénouement ! Un quidam annonçait avoir recueilli la Samoyed l’avant-veille, la croyant perdue. 

Le soir après le travail, quand elle vint reprendre possession de son bien, une Li Hong éperdue oublia ses soupçons. Gauche et presque malgracieux, le sauveteur avait refusé toute récompense, et même son offre de dîner avec elle, comme elle l’en avait longuement prié. Du coup, Li Hong versa encore une larme. C’était bien sûr pour dissiper la tension de ces trop longues heures d’attente. Mais elle était aussi soulagée pour une autre raison. Durant ces deux jours et demi, une certaine image de sa société n’avait cessé de la tarauder, celle d’un groupe social devenu sauvage, où trop d’êtres étaient prêts à dévorer leur prochain s’ils le voyaient vulnérable, celle d’une Chine où l’homme était devenu un loup pour l’homme, et même pour un chien Samoyed. 

Mais comme cet homme lui rapportait son bien, c’était la preuve qu’il ne l’avait pas volé. Par conséquent, la Chine entière ressortait blanchie de l’aventure – aussi blanche que Laïka. 

Simple et bien sage, Li Hong préférait gommer la possibilité que l’homme et sa compagne aient enlevé Laïka, puis réalisant les moyens qu’elle déployait pour la retrouver, ils avaient préféré la rendre pour limiter les risques. Li Hong préférait garder sa gratitude toute sa vie « gravée en son cœur et ciselée sur ses os » (刻骨铭心, kègǔ míngxīn), même si, au fond, elle savait bien qu’elle se leurrait… A l’avenir, leurs promenades ensemble, Li Hong et Laïka les feraient tout de même avec la laisse !


Rendez-vous : Rendez-vous de la semaine du 10 au 16 septembre 2012
Rendez-vous de la semaine du 10 au 16 septembre 2012

11-12 septembre, Pékin, Wireless China

11-14 septembre, Shanghai : Salon du Meuble

12-14 sept. Shanghai : CITEXPO, Salon int’l du pneu

13 sept. Shanghai, 15 sept. Pékin : Access MBA 

14-16 sept. Shanghai : Expat Show 

14-16 sept. Shanghai : China Luxury Property & Home Deco Show

14-16 sept. Pékin : Salon des équipements de santé

15-17 sept. Shanghai : Salon de la Franchise