Le Vent de la Chine Numéro 36

du 7 au 13 novembre 2011

Editorial : Cannes – un G20 kidnappé

Au G20 des 3-4 novembre à Cannes, le président chinois Hu Jintao rencontra un problème qu’avait connu Charles de Gaulle un demi-siècle en arrière : voulant soutenir financièrement des pays d’Afrique, le Président français avait alors dû affronter une coalition de mécontents menés par un certain Pierre Poujade, hostile à toute aide hors frontières au nom du slogan «la Corrèze, plutôt que le Zambèze ».

À Cannes, Hu avait été suivi par les critiques d’une presse et de millions d’internautes cocardiers, inquiets de voir gaspiller l’épargne durement gagnée des Chinois, au profit d’Européens «gâtés et dépensiers». Le slogan était : « Wenzhou » (la métropole du Zhejiang dans la tourmente financière), « plutôt que Ouzhou » -l’Europe!

De fait, la menace éphémère par le 1er ministre grec d’un référendum sur le plan de sauvetage de son pays, avait escamoté l’agenda du G20, portant sur la réforme de la finance mondiale et la défense de l’²uro. Comment pour Pékin, concevoir un soutien à un bloc si fragilisé ? Et si Athènes quittait l’Euro (l’UE), que devenait son invest de 2009, de concession de 35 ans du port du Pirée pour 4,3MM² ?

Aussi, alors que Hu réitérait son «soutien moral » à l’Union Européenne et à son hôte Nicolas Sarkozy, son vice ministre des finances Zhu Guangyao précisait que toute idée d’achat de dette européenne était prématurée. Pékin avait fermé la porte à tout financement direct dans le FESF, Fonds de Stabilité Européen, dans lequel, selon la chancelière Angela Merkel, aucune nation n’était prête à investir!

De toute manière, même sans la foucade de G. Papandréou, les divergences parmi les 17 pays membres de l’Eurozone auraient suffi à bloquer les décisions : ils n’étaient pas prêts, fût-ce à discuter d’une discipline communautaire budgétaire, ni à laisser Bruxelles émettre des Eurobonds à la place des bons d’Etat. Au G20 manquait aussi le consensus sur les contrôles des flux de capitaux: pas d’accord (vu l’hostilité immuable britannique, US mais aussi chinoise) sur une taxe des flux financiers.

Avec 24h de recul toutefois, ce G20 jugé « décevant » présente malgré tout quelques avancées. Ainsi la Chine, comme d’autres pays à réserves monétaires, s’engage à relancer sa consommation intérieure, accélérer la course de son marché des changes vers plus de flexibilité, tout en freinant l’accumulation de ses réserves, ce qui devrait entraîner la hausse du ¥uan. D’autres principes sont acquis, telle la recapitalisation du Fonds monétaire international, quoique non chiffrée: ce en quoi sa cheffe Christine Lagarde voit la liberté future des Etats bailleurs de fonds, d’y investir sans limite.

D’autre part, Pékin, et bien d’autres pays riches en cash (Brésil, Japon) n’ont pas dit leur dernier mot, sur le soutien à l’Euro. Contrainte et forcée, l’Italie de S. Berlusconi a dû proposer au G20 de laisser le FMI et Bruxelles surveiller ses comptes, pour se porter garants de son retour à la respectabilité budgétaire. Une fois que l’Europe aura montré cette «patte blanche», Pékin se dit officieusement prêt à lui confier 100MM² : pour soutenir son 1er marché à l’export et ses 650MM² d’obligations des Etats membres, et surtout investir dans l’influence sur le vieux continent.

Sur ce dernier point, Hu Jintao donna a contrario la preuve d’un déficit. Alors qu’il déclarait hier vouloir «bâtir avec N. Sarkozy un partenariat global stratégique sino-français de type nouveau», aucune déclaration bilatérale n’avait lieu à l’issue du Sommet. Au contraire, c’est avec Obama que le 1er magistrat français se produisait sur TV5 pour célébrer les liens entre les deux peuples. Signe que sur le fond, les alliances historiques demeurent l’ancrage primordial, et les récentes, un investissement sur l’avenir—pas sur le présent !

 

 


Aviation : Ciel et Espace, la Chine explore—toute seule

Pékin, 3 novembre, 1h35 : l’insomnie du 1er Ministre Wen Jiabao, cette fois, a une raison plutôt joyeuse. Depuis le centre de commande spatiale de Pékin, la Chine vient d’arrimer Shenzhou-8, cabine inhabitée, à Tiangong-1, la station prototype, sur orbite depuis septembre à 343 km de la Terre. Il aura fallu deux jours de course-poursuite et cinq manoeuvres humaines, suivies d’un téléguidage par laser et ondes. L’exercice sera répété deux fois en 2012, dont une avec un (ou une !) « Taïkonaute » à bord. La station, elle, attendra 2020 pour être opérationnelle. 

La Chine avance – seule- à la conquête de l’espace : la Russie ne vise plus les vols habités et les USA ne comptent tester leur prochaine fusée qu’en 2017. Tiangong-1 espère peser 66t en 2020, bien moins que la Station spatiale internationale de 431t (dont elle n’est pas membre).

A proprement parler, elle n’est qu’un remake des ancêtres russes et US, lancés 40 ans plus tôt. Mais son programme, contrairement aux autres, est en plein essor ! En 2011, elle aura lancé 20 fusées, 25 satellites (n°2 mondial, derrière la Russie). En 2012, elle ira sur la Lune (vol non-habité). Elle accélère aussi son programme Beidou avec 35 satellites « GPS » —alors que l’Europe vient de lancer ses deux 1ers « Galileo » depuis Kourou (Guyane), via une fusée russe Soyouz.

La Chine marche vers l’espace à l’écart des nations, par consentement mutuel, ou par tradition. Il y a d’une part les restes de souci maoïste d’indépendance stratégique. Et de l’autre, l’ambiguïté de sa démarche militaire : témoin, sa destruction par un missile d’un de ses propres satellite en 2007. Après le succès de la mise en orbite de Shenzhou-8, les savants chinois ne manquaient pas de relever la précision du tir, avec une marge de « 12m seulement – record chinois, peut-être mondial de précision ». A bon entendeur…

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La Chine ne pense pas qu’à son avenir de puissance spatiale, mais aussi à celui de son aviation (marché de +7,2%/an d’ici 2030) et à l’envolée de la note de fuel de sa flotte. Le pétrole sera taxé par le système de l’Union Européenne des crédits carbones. Pékin le combat encore, mais le sait inéluctable. Or, à ce poison, existe un antidote : le biocarburant qui, face aux carburants fossiles, émet 85% de moins de CO2.

Le 29/10, avec pour cobaye un Boeing 747-400 vieillissant, Air China procédait à son 1er vol propulsé par ce biofuel. Durant une heure, autour de Pékin, un des quatre réacteurs carbura à un mélange de kérosène et d’essence de jatropha, une euphorbiacée aux graines pleines à 35% d’huile, annoncée dès les années 2000 comme miraculeuse, car cultivable sur des sols arides, donc non concurrente des cultures alimentaires. En 2007, l’administration nationale des forêts prédisait que, sous 13 ans, avec l’apport d’autres plantes, le pays en tirerait 6 millions de tonnes de bio-diesel. Depuis, 200 000 ha ont été plantés, notamment au Sichuan et au Yunnan.

Mais selon un témoin direct, le rendement de cette culture « politique » n’est pas au rendez-vous : elle survit bien sur sols secs, mais sans rien produire. Elle est même toxique et invasive, ce qui lui a valu une interdiction de culture en Australie. Un groupe comme BP a même revendu pour un petit million de $ sa JV de culture expérimentale.

Aussi, l’avenir de cette coopération privilégiée avec le gouvernement américain est tout sauf garanti !


Economie : « Sauveur de l’Euro » et tombeur de l’OMC

Sauveur potentiel de l’Euro, la Chine est aussi un redoutable membre de l’OMC, (l’organisation mondiale du commerce). Dès son entrée en 2001, le Ministère du Commerce recrutait 200 jeunes juristes diplômés d’Europe et des USA pour se défendre des dizaines de plaintes des pays des cinq continents, contre son flot de produits pas chers sur leurs marchés. Ils ont monté des dossiers, chiffres à l’appui, pour contrer ceux des plaignants, et poussé les entreprises à remiser des pratiques indéfendables (enfants-ouvriers). De la sorte, en peu d’années, la Chine se fait entendre :

[1] le 28/10, l’OMC désavoue une taxe de l’Union Européennecontre la chaussure chinoise. Les industriels européens produisant en Chine (Hush Puppies, Adidas) sourient, exigeant le remboursement des taxes perçues. Et les Eurocrates perdent leur image d’arbitre, remplacée par celle d’une administration lobbyiste.

 [2] le 30/10, 7 groupes américains réclament au Bureau Fédéral du Commerce une taxe de 100% sur les imports chinois de panneaux solaires (2,2 milliards$ en 2011), sur-subventionnés. Pékin les accuse d’« hypocrisie » Washington leur ayant offert 1 milliards$ en 2010. 

De toute manière, même en Chine, le secteur tourné à 95% vers l’export, prend la crise de plein fouet, ne fonctionnant plus qu’à 74%, voire 25% de ses capacités ce trimestre ! [3] enfin, le 31/10, pour ses 10 ans à l’OMC, la Chine voit USA, Union Européenne et Japon déplorer qu’elle fasse  obstacle au déploiement chez elle de la finance étrangère. Reproches qu’elle balaie d’un revers de main : Pékin ne doit par exemple rien à « Visa » et « Mastercard », maisons, selon elle, « non financières » (sic).


Joint-venture : Marché chinois des commodities – GDF SUEZ place ses pions

En signant leur accord de synergie le 31/10 à Pékin, G. Mestrallet, PDG de GDF SUEZ et Lou Jiwei, du fonds souverain CIC ( China Investment Corporation), offrent à leurs groupes un « tournant historique ». Révélée cet été, l’affaire voit CIC injecter 2,9 milliards d’² dans le géant mondial des « commodities » (eau, gaz, électricité) contre 30% de sa branche Exploration-Production et ses 10% de parts dans le pôle de liquéfaction de gaz Atlantic LNG, sur l’île antillaise de Trinité-et-Tobago.

Cet argent frais permet à GDF SUEZ de réduire son immobilisation de capitaux (40,7 MM² fin juin) et d’accélérer sa pénétration mondiale, selon sa vocation, définie à sa naissance par fusion en 2008. En Chine, CIC peut parrainer GDF SUEZ dans le marché du GNL (Gaz Naturel Liquéfié), dont la consommation doit quadrupler d’ici 2020 à 400 milliards de m3. Avec ses parts, la CIC a intérêt à promouvoir son allié, en lui trouvant des partenaires. 

Comme dans l’autre contrat signé le même jour avec Cnooc (n°1 des hydrocarbures offshore), de mise à disposition d’un méthanier regazéificateur, pour «plus de 250 millions de $ ». Affaire précédée l’an dernier d’un autre contrat avec la même Cnooc, de livraison de 43 méthaniers (2,6 millions de tonnes de GNL) de 2013 à 2016, pour plus d’1 milliard de US$. 3ème importateur mondial de GNL, GDF SUEZ dispose de la flotte spécialisée pour livrer le marché chinois.

À terme, cette synergie vise tous les métiers de GDF SUEZ, tel le retraitement et la distribution d’eau, où elle a créé en 35 ans, 26 JV de retraitement comme à Chongqing ou Shanghai. Ici, les besoins sont sans limites, vu la baisse de 13% des réserves d’eau de 2000 à 2009. Le XII. Plan (2011-2015) vise l’économie d’eau de 30% par point de PIB pour une consommation de 620 milliards de m3 (599 millairds de m3 en 2010). L’État annonce 609 millions de $ en 10 ans de réparation du système d’irrigation, cofinancé par le niveau local, avec 10% de ses ventes foncières.

D’autres marchés potentiels sont aussi importants, tels le chauffage et la climatisation urbaine collective, voire le nucléaire aujourd’hui « sous cloche », mais où le groupe dispose d’un savoir-faire et de grandes ambitions, tant dans les centrales de 3ème génération que dans la 2nde vie de centrales en bout de course.

Mais ce dont on parle peut-être le plus, autour de cette alliance, est le marché de l’étranger – associant des banques chinoises, comme ICBC (accord piloté par CIC, en voie de finalisation) et des industriels chinois sur des marchés où la Chine est bien placée (Asie du Sud-Est, Afrique, Amérique Latine).

Cet espoir éclaire le risque pris par CIC, en s’adossant pour la 1ère fois à un groupe industriel non chinois, et en réalisant son plus gros investissement en devises depuis sa création en 2007 -supérieur même aux 3 milliards de $ qu’il avait placé dans le fonds Blackstone (USA) en 2008. Cette mise ne lui avait pas réussi, sombrant quelques mois plus tard dans la crise qui valait à CIC une « ardoise » totale de 6,7milliards de US$. Mais pour ce fonds d’Etat, à l’heure du grand blizzard monétaire mondial, la pire des solutions serait de ne rien faire de ses 409 MM$ en devises, et d’attendre passivement la suite des événements, renonçant à placer et à diversifier.


Environnement : Pollution : voile sur la ville

Début octobre, la chape de smog est tombée sur le nord de la Chine, causant des dégâts occultés. Les 30-31/10, la visibilité était réduite à 200m, forçant l’annulation de centaines de vols, fermant (autour de Pékin) 6 autoroutes, tandis que les parents renonçaient à porter leurs petits à la crèche…

La météo promettait que la « légère pollution » se dissiperait sous la « pluie ou neige cette semaine » (jamais venue). Les habitants eux, par millions, se renvoyaient sur Weibo (le twitter chinois) l’indice de l’ambassade américaine, bloqué sur « malsain » (unhealthy) ou « dangereux ».

L’espoir de changement vient de la promesse de Zhao Hualin, Secrétaire d’Etat au contrôle de la pollution (22/09), d’un relevé des particules de 2,5 µm (microns). Causées par les voitures et le brûlis des champs, elles représentent 50% de l’air nocif, causant asthme, cancers pulmonaires, maladies cardiovasculaires dont meurent 1 million, bientôt 2 millions de Chinois par an. Dès maintenant, sous cette nouvelle échelle, 66 des 77 villes, parées du statut outrageux de « ville modèle environnementale », ont été déchues de leur titre.

Ce ne peut être, pour l’Etat, qu’un 1er pas : la « loi atmosphérique » de 1987, inappliquée et de toute manière obsolète, a besoin de révision. Aux USA, la « Clean Air Act » – imposant entre autres des normes obligatoires aux pots catalytiques- a sauvé 200 000 vies en 2010, prévenu 18 millions de maladies infantiles (économisant 80 milliards de US$ de frais de santé), tout en générant 3,2 millions d’emplois depuis son vote en 2002…


Argent : La Chine riche s’exile

Depuis l’été 2010, l’US Trade Department constate des transferts de fortune venus de Chine, avec rachats d’affaires ou de biens à des prix trop élevés, suggérant une hâte suspecte.

Deux études paraissaient, en février par Merchants Bank et Bain&Co, et en novembre par Hurun (expert en fortunes chinoises) et la Banque de Chine.

Selon la 1ère, 27% des Chinois disposant de 15 millions de $ auraient déjà émigré, et 47% seraient sen train de le faire, ayant accompli les formalités. Selon la 2de, 14% des 980 millionnaires chinois en $ seraient déjà partis, et près de la moitié s’y prépareraient. Ces chiffres, dont le sérieux est incontestable (vu la qualité des auteurs des études), semblent refléter une crise de confiance envers l’Etat, même de la part des riches.

A cette migration, ces études prêtent des motivations convergentes.

Les fortunes s’exilent :

[1] Pour mettre leurs enfants dans de bonnes écoles. À rapprocher des 300 000 jeunes qui étudient à l’étranger, avec un taux de progression de 20-30% par an (600 000 prévus en 2015). Malgré des équipements modernisés (nouveaux locaux, terrains de sport, ordinateurs), l’école chinoise n’a pas le niveau mondial ;

[2] Ils partent pour assurer la sécurité de leurs biens, échapper aux enquêtes de corruption et à la vindicte de jaloux, notamment aux chasses aux sorcières sur internet ;

[3] Après des études ou de courts séjours à l’étranger, ils sont prêts pour le grand saut : la qualité de vie, de l’air, des services (système de santé), le climat culturel, sont de puissants moteurs ;

[4] et c’est seulement en 4ème position qu’apparaît la peur d’un effondrement économique chinois – ils n’y croient pas vraiment. Ces départs expriment plus un vote critique, pour la lenteur de l’évolution des moeurs politiques.

L’enquête ne mentionne pas que, pour certains, émigrer c’est aussi pouvoir donner librement naissance à un 2ème enfant et contourner le planning familial. Pourtant, en cas de retour au pays, les amendes restent en vigueur (sauf si l’enfant a été déclaré à l’ambassade en sollicitant un « permis de voyage », avant de décider de sa nationalité définitive, à 18 ans révolus), mais l’Etat maintient leur montant à un niveau largement acceptable pour ces fortunés, ne souhaitant pas non plus décourager leur rapatriement.

L’Etat tente tout de même de réagir par la mise en place de toute une série de contrôles financiers afin de surveiller les fuites de capitaux (notamment via les institutions de jeu à Macao).

La dernière en date vise les hauts cadres. Depuis l’été, dans 10 provinces, pour un an, un projet pilote retient les passeports des candidats aux voyages (privés ou d’affaires), le temps pour la province de vérifier l’état de leurs finances. Chaque année, des milliards de $ en fuite sont repérés et la Chine réclame—parfois avec succès—l’extradition des coupables.

Malgré tout, les départs ne s’arrêtent pas, mais s’amplifient, attestés par la multiplication d’achats de biens immobiliers coûteux dans les pays riches, et celle de visas d’« investisseurs » délivrés à des Chinois, moyennant dépôts de très gros montants dans le pays d’accueil.

Tout cela peut avoir des conséquences pour l’économie chinoise : désinvestissements, recul de l’emploi et de la consommation… L’État a donc tout intérêt à enrayer l’hémorragie.


Petit Peuple : Le dialogue de deux peuples éternels

Hébreux et Hans se rejoignent en une série de signes invisibles au commun des mortels, pourtant évidents. Ils sont parmi les plus anciens peuples et ont franchi les millénaires par l’attachement à leurs règles, à leurs liens claniques et leur contrat du Ciel. Ils gardent fidélité obstinée à leur héritage immatériel, à leur diaspora essaimée sur les 5 continents, à une cosmogonie maîtresse dans tous domaines de leurs vies -du business à la cuisine, des lois morales, à la médecine…

La Chine accueillit Israël tôt sur son sol. Des traces de présence juive sont attestées dès le 8èmesiècle, puis au 9ème à Kaifeng (Henan), avec une communauté célèbre de Youtai (犹太, « juif »), transcription, semble-t-il, fidèle de l’araméen yehudai et du grec Juda, une des 12 maisons d’Israël.

Au fil des dynasties, les paroisses juives y connurent des hauts et des bas. Genghis Khan, au 13ème siècle, écrasait d’un mépris égal Hébreux et Musulmans, les traitant d’ «esclaves» – on en retrouve la trace dans la désobligeante clé du Chien dans leur idéogramme. L’empereur prohibait aussi leurs cuisines rituelles « halal » comme « kasher », et leur imposait les plats mongols. Surtout, il interdisait la circoncision, sous peine capitale. Pourtant au début du 20ème s. une importante communauté juive s’installe à Harbin, nourrie par les vagues d’immigration russe (Pogroms, guerre russo-japonaise, Révolution d’octobre).

Depuis, la confession israélite a disparu de la population chinoise. Toutefois, un Institut d’études hébraïques fonctionne à Nankin, depuis 1992.

A travers le pays, une firme rabbinique américaine fait fortune, en testant la qualité des jambons et poissons fumés destinés à l’export, afin d’en certifier la conformité aux rites, son label kasher garantissant leur qualité phytosanitaire, service très prisé des deux rives du Pacifique !

Dans le conflit opposant Israël au monde arabe, si le régime (pétrole oblige) penche pour ce dernier, la rue elle, vote pour le peuple juif. Elle apprécie l’image d’Epinal d’un David, coincé géographiquement, face à un Goliath qui l’entoure, mais parvenant à s’imposer militairement. Plus encore, elle reste béate d’admiration face à son génie commercial – autre passion commune aux 2 peuples.

Ici, les livres de financiers tels George Soros ou Paul Stiglitz se vendent « comme des petits pains », nourrissant le rêve de réussir, en arrachant à ces experts, leurs recettes magiques.

Cette foi chinoise dans un don de voyance du Peuple Elu à faire fortune, prend parfois des expressions burlesques. En septembre dans sa grande école parisienne, une étudiante chinoise se promenait, non sans ostentation, avec son dernier livre de chevet— l’Ancien Testament. Quand ses profs et ses camarades, plutôt impressionnés lui demandaient si elle avait reçu l’appel de la foi, « Non ! », répondit-elle, sourire en coin, son père lui avait prescrit la lecture du « Livre des Juifs », afin d’en extraire « les secrets de leurs succès d’affaires ».

Sur les rapports entre Fils du Ciel et Fils de David circule une vieille boutade, située dans le Bronx, dans un New York aujourd’hui révolu : le patron d’un commerce kasher reçoit la visite d’un coreligionnaire, et commande à son serveur chinois des cafés. Ce jeune répond poliment, et dans un yiddish parfait, ce qui ne manque pas de désarçonner le visiteur. Il félicite donc le patron sur la qualité de la langue hébraïque de son garçon au pair (car telle était sa position). Mais l’autre coupe court : « tais-toi donc- il croit qu’il apprend l’anglais ». La mésaventure putative du barman chinois suggère, entre ces communautés dures en affaire, un duel dans la rouerie, où tous les coups sont permis.

Sur cette anecdote, un ami chinois concluait en citant le proverbe « ěr yú wǒzhà » (尔虞我诈). Mot à mot, il se traduirait par : « tu me pièges et je te triche ». Tandis qu’une traduction plus libre donnerait : « à malin, malin et demi » !


Rendez-vous : A Canton, les Salons du Vin et de l’Agriculture

7-9 novembre, Shanghai : CIAAR, Salon de l’Air conditionné et de la réfrigération

8-10 nov, Canton : INTERWINE China + Salon de l’Agriculture

9-11 novembre, Shanghai : CEF, Salon de l’électronique

9-11 nov, Chengdu : API China, Salon de l’industrie pharmaceutique

9-11 novembre, Pékin : IPVSEE, Salon de l’énergie photovoltaïque

11-12 novembre, Canton : Salon de la fixation (Fastener)