Le Vent de la Chine Numéro 8

du 16 au 22 mars 2009

Editorial : Taiwan surfe vers la Chine

Tandis que la semaine voit s’achever la session annuelle de l’ANP, d’extraordinaires re-mises en cause ont lieu sur l’autre bord du détroit de Taiwan, au tempo inouï : un raz-de-marée semble balayer 60 ans de positions raidies dans la résistance à la Chine.

Bref rappel : depuis décembre 2001, le parti autonomiste DPP régnait, porté au pouvoir par une majorité d’insulaires d’ethnie Hakka et Min-nan rêvant d’indépendance. Mais la crise économique, la vigilance sourcilleuse de la Chine et sans doute aussi, l’incompétence de l’équipe dirigeante autour du Président Chen Shui-bian, ont ramené l’île à ses réalités: au fait que son sort est lié (ne serait-ce que par la géographie) à la nation chinoise.

Aussi le cabinet nationaliste (KMT) de Ma Ying-jeou,    aux affaires depuis mai 2008, tente la démarche inverse: il s’applique à gérer l’inévitable, et à négocier avec Pékin  le meilleur accord, avec pour seules limites, la sauvegarde de la souveraineté insulaire et la capacité d’acceptation des concitoyens. Les liaisons directes sont déjà rétablies, postales, maritimes, aériennes, voire routières: un viaduc est « en route » entre la chinoise Xiamen et les îlots taiwanais de Qinmen. A présent, Ma veut négocier un traité commercial préférentiel -Pékin est déjà prêt à lui offrir en échange son siège à l’OMS et son accord de libre échange avec l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

Ma prépare aussi un tout aussi ambitieux organe de contact entre les deux armées : par une reconquête de la «confiance mutuelle», il veut éliminer les «secteurs malsains dans les relations bilatérales» (sic), les 1500 têtes de missiles pointées vers l’île, dont le nombre augmente toujours. Une fois ces objectifs atteints, Ma vise l’ultime but et l’oeuvre de sa vie, le traité de paix. Tandis que la réunification, si jamais, serait pour «au moins 30 ans après». Mais quel progrès par rapport à 10 ans en arrière où, sur Qinmen, on me montrait fièrement la ligne Maginot locale, dressée dans l’attente de « l’ennemi » !

L’opposition même se retrouve entraînée dans cette irrésistible dérive. Subtilement, le PCC offre soudain de faire inviter à Pékin, Annette Lu, l’ex-vice Présidente indépendantiste—une de ses ex-bêtes noires d’hier. L’invitation vient de la CCPPC, l’instance consultative, et est formellement libellée au nom de la Présidente… du journal Formosa Post, que  Mme Lu est sur le point de lancer : manière créative de contourner les problèmes de droit international. Or face à ce ballon d’essai, les réactions au sein du DPP révèlent une ouverture d’esprit inattendue: invité à faire connaissance, le DPP pour l’instant encore sur la touche, semble prêt à dire «banco»!

Seul dans sa prison (depuis décembre, accusé d’extorsion, abus de pouvoir et autres chefs qui pourraient lui valoir la perpétuité), Chen Shui-bian milite pour la création d’un nouveau parti « de l’indépendance ». Mais la proposition semble un « hurlement dans le désert », et n’être qu’une stratégie illusoire pour se protéger de la justice. Voire le refus désespéré d’atterrir d’un rêve sans fruit : d’admettre le ratage du pari de toute sa vie…

 

 


A la loupe : Chine—Obama : première coopération… en Afghanistan?

Au sud-est de Kaboul, le gisement de cuivre d’Aynak (Afghanistan) sera bientôt exploité par le groupe chinois MCC (China Metallurgical Construction  Corp) : avec 240Mt de réserves à ciel ouvert, c’est la plus grosse mine vierge au monde. Battant en nov. 2007 quatre offres concurrentes, cette firme d’Etat s’engageait à investir 3MM$ dans une route, une liaison ferrée (la 1ère du pays) Pakistan-Ouzbékistan, une centrale électrique de 400Mw pour alimenter Kaboul et la fonderie. Sans compter la base-vie, les écoles, les hôpitaux, l’adduction d’eau… Grâce à ce chantier le plus gigantesque qu’ait jamais connu le pays, d’ici 2016, 50.000 emplois locaux seront ouverts, dont 10.000 directs. 60 ingénieurs entament leur formation en Chine en 2010. La Chine en retirera 20 à 30 ans d’approvisionnement en ce minerai.  Le cabinet Karzai lui, aura des centaines de millions de US$ en royalties.

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres : depuis la signature, le bassin de 28km² a été infiltré par des Talibans décidés à empêcher une paix incompatible avec leur projet de république intégriste. Le danger est réel : le 3/03, une bombe a détonné, blessant trois policiers afghans en faction : les travaux sont interrompus, le temps de déminer.

Or, voilà que survient un tournant, plus improbable que le plus fou des scénarii de politique-fiction: l’US Army vole au secours de la firme socialiste, en déployant 2000 hommes de la 10ème Division de montagne de Fort Drum (NY) le long de la route et autour des bases des travailleurs chinois, entre les provinces de Logar et de Wardak. Sans doute envisagée sous le gouvernement Bush, cette synergie sino-américaine ressemble plus à Obama, et à sa stratégie de nouvelle donne. Par cette action, les Etats-Unis épaulent la Chine, et réciproquement. Donnant à la firme chinoise MCC les moyens de réussir, ils pourraient inciter Pékin à participer à la défense antiterroriste. Pékin y aurait intérêt, dans cette zone de tous les dangers, voisine de son propre Xinjiang. Pékin pourrait aussi soutenir financièrement cette armée américaine, garante de la survie de son projet stratégique. Enfin les USA pour leur part, pourraient étudier les méthodes d’aide chinoise au tiers monde, bien moins onéreuses que celles de l’Occident.

Il ne faut pas s’y tromper : cette expérience confiée, pas par hasard, à une firme d’   Etat (seule assez solide pour affronter ce risque politique), comporte un enjeu planétaire. En Afghanistan, terre vierge, 1000 gisements sont à prendre, de matériaux précieux tels or, pierres précieuses, uranium, 238Mm3 de pétrole, 424MMm3 de gaz, 1,2MMt de minerai de fer à 62% sur le site de Hajigak – dont Kaboul prépare d’ailleurs la mise en adjudication. Candidats : l’Inde—et la Chine !

 

 

 


Joint-venture : Marché de l’art – le scandale des deux bronzes, et ses suites !

Depuis dix ans, Christie’s, le groupe d’enchères du milliardaire français François Pinault présentait régulièrement à Pékin des pièces chinoises antiques, avant mise en vente à Hong Kong. L’exposition était organisée par Forever International, son partenaire local : sous lumière tamisée, dans le cadre sécurisé de l’hôtel Kunlun, les amateurs pouvaient admirer des chefs d’oeuvres rares, jades, céramiques ou toiles Ming ou Qing.

Mais après la vente à Paris de bronzes à l’effigie d’un rat et d’un lapin, le 25/02, les choses risquent de changer. L’administration chinoise du patrimoine (ACP) a annoncé des contrôles plus sévères sur les transferts d’oeuvres d’art, ceux de Christie’s en particulier, dont « les affaires en Chine souffriront sérieusement à l’avenir » (sic).

En effet, la Chine se sent prête à soulever un fameux lièvre (si l’on peut dire), en questionnant la légalité des titres sur toutes les oeuvres sorties du pays depuis le XIX. siècle en contrebande. Elle doit le faire, pour trois raisons : [1] Le patriotisme en plein effervescence dans cette nation jeune et émergente, qui considère ces ventes comme des provocations et un rappel de l’humiliante période de la néo-colonisation. Un indice parmi cent : ce jeu internet (http://2800.p0808.com) visité par 454.000 Chinois -voir photo ci-contre. [2] La masse croissante de ces exportations au noir, poursuivies aujourd’hui même -tombes et sites archéo- ou paléontologiques, sont fouillés par des paysans pour le compte de marchands d’art. [3] Les cours du marché se sont envolés en dix ans, notamment par la demande de la diaspora et des nouvelles fortunes chinoises. 

Tournant commercial et politique : Pékin s’apprête à imposer une plus forte pression sur les autres nations, pour réguler plus sévèrement les flux des reliques. Dès janvier, les Etats-Unis se sont engagés à interdire l’import de toute oeuvre antérieure aux Tang (907 après JC), sauf dotée de titres légaux. Discrètement, en coulisses, l’ACP négocie avec tous les Etats du monde le rapatriement de certaines oeuvres. Pour l’instant sans succès, vu la crainte, chez les nations riches, de l’effet « boule de neige », de demandes de pays comme la Grèce, l’Egypte, l’Iraq ou le Mexique.

Voyant venir la vague, des maisons d’enchères s’inquiètent, parlent de « s’autoréguler » – par exemple, en se dotant de critères d’évaluation du risque politique de telle ou telle mise en vente. Ne serait-ce que pour protéger un marché mondial de l’art qui valait 54MM$ l’an passé, et leur image éclaboussée après le sabotage de l’enchère des deux bronzes par Cai Mingchao, lui-même marchand d’art. Aux dernières nouvelles, Cai qui semble avoir agi de son propre gré, regrette son coup de tête qui le grille à jamais dans son milieu. Quant aux deux bronzes, dit Pierre Bergé, le propriétaire par qui le scandale arriva, « ils resteront chez moi – nous continuerons à vivre ensemble» – indifférents au chaos qu’ils auront contribué à faire éclater sur le marché mondial de l’art !

 

La marmite chauffe, pour Coca-Cola

L’offre de reprise de Huiyuan par Coca-Cola échoit le 23/03 : Coca propose 2,4MM$ pour le rachat amical du n°1 des jus de fruits (42% du marché), dont il multipliera les emplois et les exportations, grâce à son réseau mondial de vente. Or, voilà que Coca-Cola double la mise, à grand fracas, annonçant 2MM$ d’investissement dans ses opérations chinoises (soit plus du double de ce qu’il a déboursé en 30 ans en ce pays). Le 6/03, il ouvre aussi  un centre d’innovation technologique à60M$ à Shanghai… La difficulté pour la Chine, est de concilier cette concentration avec la loi des monopoles : Coke pèse déjà 56% du marché chinois des boissons gazeuses. Mais Coke a pris soin d’offrir un prix généreux, ostensiblement supérieur au prix du marché. Pékin doit aussi mettre sur de bons rails sa coopération avec Obama. Enfin, des groupes chinois veulent aussi s’étendre à l’étranger, comme Sinalco qui prétend reprendre pour 19,5MM$, 18% de Rio Tinto : autant d’arguments qui laissent présager que le groupe d’Atlanta n’a pas trop à redouter…

 

 


A la loupe : Chine- Obama : premières confrontations

Le 9/03, la confrontation entre l’aviso d’observation Impeccable et une flottille de 5 «chalutiers» de l’armée – APL, rappelle l’attaque en 2000 contre l’avion espion américain EP-3: en la même zone (à 120km de Hainan), et en des époques comparables (deux mois après l’intronisation d’un nouveau Président. La mission de l’Impeccable était -comme celle de l’EP-3- de routine : il faut voir dans l’incident  un test de  la réactivité du Président Obama, doublé d’un avertissement de ne plus considérer la zone économique exclusive chinoise comme terrain d’exercice. Après l’incident, les 2 pays se sont accusés d’illégalité. Ce  qui est sûr, est que la Chine veut empêcher—chose compréhensible- les Etats-Unis de surveiller sa toute nouvelle base sous-marine de Hainan. Pour le reste, savoir lequel des deux bords avait le droit pour lui, hors des 12 milles marins de souveraineté chinoise, est affaire de juristes, sans grand intérêt, le seul « droit » primant en l’occurrence, étant la force.  

Le 11/03 à Washington, tout sourires, Yang Jiechi le ministre des Affaires étrangères rencontra sa collègue Hillary Clinton, puis le Secrétaire au Trésor Tim Geithner, puis (12/03) Obama. Le 1er entretien permit d’aborder la question du Tibet -thème incontournable pour le Parti Démocrate. Les diplomates déroulèrent aussi le vaste agenda des coopérations à négocier, héritage des huit années de travail avec l’administration Bush. Puis avec Geithner, ce fut une autre affaire, avec une composante de concertation, et une de confrontation. Les deux hommes cherchèrent des actions communes contre la récession, mais le nouveau chef des finances américaines dut aussi  évoquer l’offensive en préparation pour redémarrer ses exportations et «inciter» la Chine à réduire les siennes. Le Congrès prévoit dès 2009 une loi qui imposera au représentant au commerce Ron Kirk, d’identifier chaque année les barrières à l’export, et de présenter des contre-mesures.

Cependant Hu Jintao pour sa part, veut influencer la refonte de l’ordre financier mondial, à Londres au sommet du G20 (2/04). Quelques mois plus tôt, on voyait se profiler une alliance sino-européenne dans ce but. Mais les choses changent, sous la dégradation rapide des rapports, qui suit les progrès de la crise mondiale : pour prévenir les attaques de son opinion, le régime est obligé de distribuer les critiques à l’extérieur. Dès lors, c’est d’une action euro-américain qu’on entend parler, pour imposer à Pékin de réévaluer son ¥ de 30% ou de subir de lourdes taxes sur ses exports. Projet voeu pieux, sans doute, car  Obama, pour financer son propre paquet de relance, devra vendre des bons du Trésor à la Chine, ce qui donne à cette dernière des moyens de pression. 

Enfin, Chine et USA doivent s’accorder pour adhérer ensemble, en tant que membres à part entière, au plan de l’ONU contre le réchauffement global, dont le rendez vous est fixé à décembre 2009 à Copenhague. D’ici là, ils devront négocier ensemble les efforts de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, qu’ils sont prêts à consentir : leur meilleure chance, pour limiter les frais, est de parler alors d’une seule voix !

 

 


Argent : Conjoncture : Jean qui pleure, Jean qui rit

Sur l’évolution de la crise en Chine, les chiffres de conjoncture publiés sur le mois de février offrent un tableau bigarré et contradictoire. Prenez l’indice des prix à la consommation (CPI) : il baisse de 1,6%, 1er déclin en 6 ans, signe de la chute de consommation d’autant plus remarquable, que 12 mois plus tôt, il avait augmenté de 8,7%. La chute des prix industriels (PPI) est de 4,5% : baisses attribuées par l’Etat aux cours mondiaux plutôt qu’à la demande intérieure. Mais l’export de janvier et février a baissé de 21%, et l’import de 34%, réduisant l’excédent commercial de 39MM$ en janvier, à 4,8MM$ en février. L’immobilier a fait un « crash landing », de +11% en janvier 2008 à -1,2% le mois passé. Du coup, d’autres secteurs crient famine, comme le club des milliardaires amputé de 19 membres, sur les 42 de l’an dernier. Exsangue, l’industrie des microprocesseurs n’espère plus que dans les réseaux des télécoms 3G à équiper. Frappé de plein fouet par la chute du commerce de détail et des cours du carton, de l’alu etc, le recyclage prive des Chinois les plus pauvres de leur gagne-pain -les bateaux d’ordures de l’Ouest ne sont plus déchargés. Et des groupes comme Baosteel tentent de se désengager de leur JV d’acier avec celui de Handan, d’un investissement de 2,84MM$…

Analyse : 20M de nouveaux chômeurs végètent en quête d’un nouveau job – dans la hantise de voir épuisées sous quelques mois, leur maigre épargne. Or deux segments du «stimulus» au moins, ne passent pas dans leur but recherché -la relance du commerce et de la production : celle placée par les firmes en bourse et dans l’immobilier, et celle utilisée à sauver des banques et grandes entreprises  d’Etat de la faillite, après avoir spéculé. Ces aides paient les salaires de millions d’employés, qui ne produisent plus… Ce qui explique les dernières mesures de l’Etat en février, de limiter les prêts à 1000MM¥ contre 1620 en janvier (tout de même le quadruple de février 2008). De même, la tutelle instruit les banques de porter à 150% leurs réserves contre les mauvais prêts: limitant le crédit.

Restent les bonnes nouvelles, signes selon Pékin que le plan fonctionne et que la Chine va sortir de la crise : China Railway construction obtient quatre contrats pour 4,1MM$. Troisième banque du pays, la Banque de Chine va recruter 10.000 jeunes. La coupe des taxes auto a permis en février une remontée des ventes de 25%, à 607.000 pour les voitures. Et surtout, les investissements dans les usines et l’immobilier ont augmenté de 26,5% en janvier-février, à 150MM$. L’acier redémarre, à +7,9% de production en février, et le ciment à +17%. La consommation d’énergie voit sa baisse enrayée à -3,7%, contre -17,5% en novembre : boostée par des chantiers comme le second gazoduc Ouest-Est. Xing Ziqiang, économiste à la China Investment Corp (CIC) prédit pour 2009 une hausse des investissements fixe en ville, de 14%…

 

 

 


Pol : Bruits de couloirs au Grand Palais du Peuple (suite et fin de l’ANP)

Une session sous restriction

Pour ces deux sessions de l’ANP et de la CCPPC, 5000 élus et plus, ont eu la consigne de maintenir leurs frais au niveau du budget de l’an dernier -solidarité oblige.

Concrètement, cela se traduit par des tarifs serrés dans les 23 hôtels -déjà bienheureux de ce marché «captif » qui leur assure un taux de remplissage rare. Pour le reste, la hiérarchie prévaut : chambre 5 étoiles pour les élus de Hong Kong, 4 étoiles pour les cantonais, 3 pour la plupart des autres. L’égalitarisme règne sur le ticket-repas : 100¥ par personne, par jour, sans distinction de sexe ou d’origine.

Les universités se rebiffent

Depuis ’89, les universités repoussent les murs pour décupler leurs étudiants, aujourd’hui 25M. Elles l’ont fait sans autre aide de l’Etat qu’un droit d’emprunt en banque. A présent, par la voix de Zhou Qifeng, Président de Beida, elles se rebiffent : « nous n’avons nulle raison de rembourser nos 73MM$ de dettes… C’est à l’Etat notre propriétaire, d’éponger nos ardoises». Et comme une exigence ne vient jamais seule, elles repoussent aussi l’«absurde» idée d’un enrôlement militaire de leurs jeunes, histoire de les tenir hors du marché du travail jusqu’à la reprise !

Hong Kong -une consigne, un cadeau

Pas très populaire, Donald Tsang, le chef de l’exécutif de Hong Kong. Aux élus du «rocher », Xi Jinping, leur interlocuteur suprême passa la consigne de soutenir leur chef de l’Exécutif, afin de l’aider à réussir son pari de créer 60.000 jobs cette année, après injection d’1MM HK$. Les Hongkongais eux, étaient venus avec une demande plus terre-à-terre : que la Chine renforce par diverses mesures le marché de l’or au détail, comme « placement alternatif ». Marché dont HK est expert, disposant d’un fort secteur de la joaillerie. «Si les Chinois investissaient 1% de leur épargne en or, dit un élu, cela ferait un marché de 25MM²/an »: Pékin va réfléchir !

Prix tchèque pour «Don Quichottes»

Liu Xiaobo et ses compagnons avaient rédigé la Charte ’08 en s’inspirant de la Charte ’77 de Vaclav Havel, dissident à l’époque , aujourd’hui président. Le 12/03, le Tchèque lui renvoie l’ascenseur, lui décernant le prix « Homo Homini » de sa fondation People in Need. Fait remarquable, deux des signataires, Xu You et Cui Weiming, ce dernier le traducteur de Havel, étaient présents pour recevoir le prix, au nom de Liu en détention.

Le grand bond vert en avant

Lancée en 1978, la Grande Muraille verte progresse. Chaque 12/03, journée nationale de l’arboriculture, 12M de cadres, ouvriers modèles et membres du Parti partent en campagne, bêche et pioche en main, pour planter peuplier, eucalyptus, mélèze… On en est à 50Mha (une France), et d’ici 2050, cette ceinture Est-Ouest de 4480km aura octuplé, occupant 42% du sol national. Elle ira d’Urumqi à la mer, pour faire barrière aux tempêtes de sable de Mongolie et Sibérie. Dès maintenant, prétend Zhang Xudong, de l’académie forestière, les 175Mha de forêt du pays suffiraient à photosynthétiser les 1,6MMt d’oxyde de carbone émis chaque année. Selon la loi, tout citoyen devrait planter trois arbres par an… La grande muraille verte est en Chine l’argument n°1 pour exonérer le pays de l’accusation d’irresponsabilité face au réchauffement global. Mais cet enthousiasme est tempéré par les objections des experts. Faute de pluies, cette forêt meurt à peine plantée, (10% disparus à l’hiver 2008). Souvent plantée en une seule essence, elle n’a pas de biodiversité, donc pas de faune. Surtout, dit Simon Lewis, de l’université de Leeds, elle ne peut offrir qu’un 1er pas, utile à court terme, mais insuffisant face au réchauffement climatique. Seule la baisse des émissions de CO² constitue une réponse valide !

11 mars 2009 L’instinct de l’instant’,

Un demi-siècle de photo de Marc Riboud, à l’honneur au Musée de la Vie romantique (Paris)

 


Temps fort : Fin de la session de l’ANP—Wen Jiabao, l’arrangeur

Comme pour  adoucir l’image  dure d’un Parti communiste chinois qui vient de réaffirmer son fier rejet de la démocratie à l’Occidentale.  Wen Jiabao , lors du face à la presse  du 13/03, a cultivé l’image d’un homme modéré et courtois, semant les concessions à tous vents :

Wen fait les délices de la bourse en affirmant avoir assez de munitions pour compléter le plan de stimulus si nécessaire. Mais il se dit soucieux pour ses 681MM$ de devises en bon du Trésor. Suite à quoi de l’autre côté du Pacifique, Obama via son service de pres-se, accourut le rassurer: « les investissements aux USA sont les plus surs du monde» !

La surprise arrive à propos du Tibet. Après l’inévitable couplet sur les succès et la justesse de la politique chinoise au Toit du monde, Wen Jiabao change soudain de ton : «des rencontres entre émissaires du Dalai Lama et nous (comme les trois tenues l’an passé) peuvent encore avoir lieu… La clé, est que le Dalai démontre sa sincérité… afin que l’on aboutisse ». Le prélat lamaïste est encore taxé de mensonge, mais non plus de menées sécessionnistes, et la porte des négociations est rouverte au moment où l’on ne l’attendait plus.

Serait-ce pour résister à sa propre dynamique d’isolationnisme, à un moment où plus que jamais, elle a besoin d’aide? Ou parce que jusqu’à présent, le Tibet, subjugué, se tient calme ?

Dans la foulée, par rapport à la France avec qui la relation, depuis des mois, est au plus bas, le 1er ministre explique le mécontentement de son pays, non plus par la rencontre de décembre entre Sarkozy et le Dalai, mais seulement par le style « trop voyant » de celle ci. Wen Jiabao récapitule ces 30 ans de relation franco-chinoise, en les jugeant «positifs», et invite l’Hexagone à «éclaircir sa position», le plus vite sera le mieux, dans l’Intérêt «de la Chine et de la France, mais aussi de l’Europe»: exprimant le désir d’en finir. Selon une rumeur parisienne pourtant, la prochaine chance de retrouvaille Sarkozy – Hu Jintao, à Londres, ne sera pas saisie : Paris refusant de s’excuser, suivant l’attente pékinoise…

A propos de Taiwan, le 1er ministre a confirmé la préparation de différents accords, et s’est dit prêt à « négocier et coordonner » l’entrée de l’île dans diverses instances internationales. Et c’est là que Wen a placé son morceau de bravoure préparé à l’avance, que tout chef du gouvernement joue à la presse mondiale en cette occasion: « Je voudrais visiter Taiwan, notre terre sacrée… Mais j’ai 67 ans, et [si vous me faites trop attendre], je viendrai en rampant, faute de pouvoir marcher». La réponse du Président Ma Ying-jeou ne s’est pas faite attendre: «abrogez d’abord votre loi anti-sécession, qui autorise votre armée à nous envahir sous certaines conditions : La Chine ne peut gérer la relation sino-taiwanaise unilatéralement et par la force » !

 

 

 

 


Petit Peuple : Jiangyou : le retour du fils captif

En nov. 2000, la presse chinoise publiait à grand tambour l’info sensationnelle : 100.000 jeunes femmes, 13.000 enfants enlevés venaient de recouvrer la liberté, suite à un rare coup de filet à travers le territoire, qui ne se renouvela plus depuis.

L’enlèvement est hélas une tradition séculaire en Chine: les zones rurales riches en argent mais pauvres en enfants, commandent progéniture aux gangs qui s’approvisionnent dans celles populeuses et mal nanties.

Si le calvaire de Wang Ren mérite sa place en nos colonnes, c’est en raison de la durée infiniment longue de sa séquestration, et de sa fin atypique.

A Jiangyou (Sichuan), on n’était pas riche en 1982. C’est dans la cour de la mairie que le petit Ren était parti regarder la télé noir et blanc, avec sa grande soeur, les devoirs faits, l’après midi du 11 mars. Une heure après, sentant une petite faim, il était rentré seul en leurs pénates. Passant le porche, il fut abordé par un grand escogriffe inconnu, qui  lui proposa aimablement de le ramener sur son vélo.Ca faisait une trotte jusqu’ à sa maison : justement, il passait par là… On n’est pas bien méfiant, dans ces montagnes, surtout quand on est garçonnet de 5 ans: il se mit à califourchon sur le porte bagage. Mais quand ils arrivèrent à hauteur de chez lui, l’homme pédala comme un dératé. Et quand Wang Ren se mit à hurler (beaucoup trop tard, ils étaient déjà hors du village), l’homme lui passa sur les livres un doigt enduit de drogue, qui l’endormit : il venait de tout perdre (identité, liberté, famille) – sauf la vie.

Après les 40h de train en larmes, à plusieurs kidnappés et plusieurs geôliers, il fut vendu à Liaocheng (Shandong), 3000km plus à l’Est. Il s’appelait désormais Yue Suimin, du nom des acquéreurs. Wang alias Yue ne fut pas mal traité : c’était pour perpétuer son nom (sinon son sang) que ce clan l’avait acheté, et il le traitait comme un fils, déversant sur lui ses espoirs. Des 13 ans qui suivirent, pourtant,  Wang garde mauvais souvenir. L’amour qu’on lui portait ne suffisait pas à gommer la mémoire. Il ne se donna jamais, mais devint perturbé par sa double identité, le conflit entre la gratitude due à sa « famille », et le regret du paradis perdu. Du matin au soir, compromettant sa réussite scolaire, Wang restait «dans les nuages du logis des parents »      (白云亲舍 bái yún qīn shè): son seul refuge. Plusieurs fois, il s’attira les foudres du père d’adoption : pour avoir reposé la question de son origine, de sa famille de sang.

Interrompant ses études peu après le bac, il prit ses distances: réfugié à Pékin, il s’était trouvé un emploi -et recherchait à moment perdu, ses parents sur internet, au cybercafé. Un site existait, «宝贝回家 Bao Bei Hui Jia» («le petit chéri rentre à la maison»), offrant une aide pour les rassemblements familiaux et une assistance psychologique. Des volontaires l’aidèrent à dépasser son traumatisme, prendre ses marques, prendre femme. 

La merveille, dans cette histoire, est que ses parents aussi, comme lui, n’avaient jamais cessé de le chercher. Par cercles concentriques, ils sondèrent  le Sichuan, puis le pays. Puis comme ces démarches restaient sans fruit, à l’orée du 3ème âge, ils passèrent sur internet, se mirent à l’ordinateur. Un parent de Guangzhou montait à Pékin pour suivre les Jeux Olympiques : ils lui remirent des milliers d’affichettes à distribuer en route. C’est grâce à cette annonce que des mois plus tard, l’association tian xia xun ren wang 天下寻人网 («retrouver les gens sous le ciel ») s’intéressa à leur cas, soutint leur recherche.

Dès lors, les événements s’accélérèrent, automatiques. En février 2009, comparant leurs fiches, les associations, firent le lien et après vérification (histoire de prévenir les faux espoirs), informèrent Wang Ren. Le soir même, à Jiangyou, le vieux Wang Qihao recevait l’appel d’un inconnu: Wang Ren, son fils de 32 ans ! C’est ainsi que la famille passa son 1er « chunjie » réunie, et même complétée de la bru enceinte.

Croyant plus que jamais à sa bonne étoile, Wang Ren remercie le boeuf, l’empereur astral de l’année, de lui avoir été propice, lui ayant octroyé à la fois un fils, et ses parents !

 

 


Rendez-vous : A Shanghai, les Salons du packaging de luxe, des semi-conducteurs et laser

15-17 mars, Pékin : Salon du marché du vin en Chine

17-18 mars, Shanghai : Salon LUXE PACK – du packaging de luxe

17-18 mars, Shanghai : Salons des matériaux pour semi-conducteurs, des composants électroniques, et salon du laser et de la photonique

18-20 mars, Shanghai : Salon des routes et du trafic

18-21 mars, Canton : Salon de l’ameublement, décoration intérieure