Le Vent de la Chine Numéro 18

du 24 au 30 mai 2009

Editorial : Sur le front anti-fraude, du nouveau

Au tournant du siècle, le Président Jiang Zemin lançait régulièrement ses vastes campagnes policières «yanda» (严打, « frapper fort ») pour impressionner, sinon décapiter la corruption. Aujourd’hui une purge plus discrète, mais plus efficace déferle, signée Hu Jintao, en partie pour satisfaire une population fragilisée par la crise et détestant les fraudes des puissants, en partie pour préparer la guerre de succession—l’après 2012…

 A Canton, sont limogés ou arrêtés quatre des plus hauts cadres, à la tête du bureau du travail, de la police, de l’anti-corruption ou du tribunal d’instance. Au Henan, c’est le cas de Xiao Shiqing, 46 ans, ex-Président de Galaxy (2de maison de courtage). A Pékin Zhao Huayong, 61 ans, ex-«empereur» de la CCTV, la télévision nationale, est limogé pour avoir toléré contre l’avis des pompiers, trois feux d’artifices sur une des tours de la CCTV le 9/02. Cette tour, orgueil de la capitale, joyau des architectes hollandais Rem Koolhaas et Ole Schereen, était réduite en fumée, causant près d’1 MM$ de perte (incluant les frais de démolition).

Même tour de vis dans l’armée. Sans précision sur ses fautes éventuelles (secret militaire, strictement respecté en Chine), son commandement est averti par Hu Jintao en personne de mieux combattre l’indiscipline, la luxure, l’hédonisme, le gaspillage et « toute déviation… due à une perte de foi dans le Parti et son idéologie ». 

Si la campagne de Hu Jintao donne plus de résultats, c’est qu’on assiste à un progrès dans les méthodes, traduisant une volonté politique accrue. Les firmes surtout chinoises opérant en Chine mais enregistrées aux British Virgin Islands (BVI), principaux véhicules de nettoyage d’argent sale par le biais des fonds d’investissements, sont dans le collimateur : les offices des impôts promettent d’éplucher leurs comptes, avec des techniques fidèles aux normes internationales. Le but est de prélever 10% de dividendes, avec effet rétroactif au 01/01/2008.

Le soutien du public est sollicité : depuis janvier, des lignes de téléphoniques confidentielles sont multipliées. Début mai, le Procureur suprême rémunère le délateur : jusqu’à 10% de «sa» saisie (jusqu’à 200.000¥), et 5000¥ pour des affaires non financières. Cette prime doit aussi compenser l’informateur pour son risque, car les corrompus au bras long s’empressent de faire embastiller leur dénonciateur pour… corruption. Dans ce contexte, toute la Chine a reçu avec fascination ce message délibéré du pouvoir, la remise en liberté « faute de preuves» de deux bloggeurs du Henan, incarcérés suite à leur acte de courage… De tels efforts ont permis, en cinq ans, de faire condamner 300.000 corrompus, dont 80% sur dénonciation.

Signalons quand même les limites de cette campagne. Limogés avec fracas, des cadres sont rétablis un peu plus loin tel Bao Junkai, n°2 national de l’hygiène: après son renvoi à l’automne suite à l’affaire Sanlu, il a été repêché et promu par ce même bureau en décembre 2008.

D’autre part, des journalistes, des hauts cadres risquent la prison, pour s’attaquer aux barons rouges ou aux lobbies : la corruption se protège derrière le Parti.  Les actions nouvelles marquent un progrès, mais il manque, pour un grand nettoyage, la clé de voûte, pratiquée depuis 20 ans avec grand succès à Hong Kong : l’indépendance judiciaire, et la liberté de la presse. Une étape que Pékin n’est pas -encore- prête à franchir.

 

 


A la loupe : De l’eau dans le gaz de la reprise?

Crédit Suisse tempère la reprise chinoise, constatant un recul des ventes d’électronique, de la consommation d’électricité et surtout de l’export (-22,6% en avril). Aussi l’Etat lance de nouvelles actions pour conserver ce redémarrage si durement payé !

[1] Pour soutenir la consommation, Pékin quintuple à 733M$ ses primes au remplacement de fourgons et minibus. Il avance aussi 292M$ pour subventionner 10% des échanges standard d’appareils ménagers. Le dernier plan du genre était limité aux produits bas de gamme, pour le monde rural : celui-ci est étendu à tous produits et tout acheteur. L’Etat en espère la « création » voire plutôt le sauvetage de 3M d’emplois.

[2] Le pouvoir annonce une nouvelle série de grands chantiers. Cette semaine, ce sont 6,3MM$ dédiés à des travaux de dragage du Yangtzé, pour en porter le fret de 1,2MMt (2008) à 1,8MMt en 2019. D’ici 2011 d’autre part, le stimulus aura doté les deltas des Perles et du Yangtzé de 3 à 4 grandes raffineries, augmentant la capacité nationale de 18% à 405Mt. Mais avec de tels objectifs, le Conseil d’Etat a toujours plus de mal à faire croire que ce plan de reprise consacrerait 38% de ses fonds à l’environnement : confronté au dilemme d’un objectif « vert » ou bien de +8% de croissance, Pékin aurait opté sans hésiter pour la 2de option…

[3] Autre souci de l’Etat : se protéger d’une érosion du US$, inévitable alors qu’Obama émet pour 3000MM$ de bons fédéraux pour financer le stimulus américain. Or, fin 2008, déjà les  2/3 des 2920MM$ de réserves chinoises sont en « devises ou or », dont plus de la moitié en dollars. Pour se protéger, la Chine fait acheter massivement des matières 1ères par ses firmes, profitant des cours mondiaux déprimés : 57Mt de minerai de fer en avril (+33%), tout en fermant la moitié de ses propres mines, 400.000t de cuivre que Chinalco fait même financer par l’épargne, émettant une obligation de 10MM¥.  Pour le pétrole, la Chine renforce son objectif en cours de tripler sa réserve de 30 à 90j.

Un autre avantage de cette stratégie de stockage de produits minéraux mondiaux, méthode est politique : elle lui permet de réduire son excédent commercial, et de le garder à un niveau « optiquement » acceptable aux autres blocs, Union Européenne et US.

Une autre manière de se prémunir contre l’érosion du US$, est l’investissement chinois hors frontières. Pékin s’apprête à permettre aux firmes chinoises de conserver une part de leurs profits en devises, réalisés hors du pays. De même, HSBC et BEA (Bank of East Asia) reçoivent le feu vert pour la 1ère obligation en yuan à Hong Kong. Tous ces encouragements à l’investissement extérieur, qui se montait déjà à 169MM$ (+40%) en 2008, vont permettre, selon P. Bennett (SocGen) d’alléger la pression à la hausse du ¥, à condition toutefois d’améliorer vite la qualité des prêts des banques.  A cet effet, la CBRC (China Banking Regulatory Commission) s’apprête à endiguer la marée actuelle de détournements des crédits du stimulus vers la bourse : en confiant les fonds directement à l’utilisateur, tout en maintenant sa responsabilité légale au bailleur!

 

 


A la loupe : Amérique, Europe – Opération séduction

La vie continue : en décembre 2008, les 27 Etats Européens avaient souffert de l’annulation par Pékin du Sommet de Lyon, suite à la rencontre de N. Sarkozy avec le Dalai Lama. Ce 20/05 à Prague, vient de marquer la fin officielle de la discorde. Sans toutefois apporter aucune initiative majeure dans ce dialogue euro-chinois. A Prague, les «vieilles» questions ont été remisées, comme les Droits de l’Homme ou le Yuan trop faible, cause partielle du fort excédent chinois (173MM² l’an dernier). Priorité a été donnée à la préparation du sommet de Copenhague (COP 15) contre le réchauffement global, en décembre. En quête d’un «nouvel ordre global», les 27 veulent que la Chine s’engage avec eux à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Mais Pékin, pour l’instant, ne parle que de réduire… Sa hausse d’émissions de 50% d’ici 2050, moyennant 5.800MM$ en dépenses environnementales : on est décidément très loin du compte, et les négociateurs auront fort à faire pour trouver l’accord !

Il se trouve que ce semestre a aussi vu un frein à la relation avec l’autre géant partenaire, les USA, le temps de l’investiture d’Obama. Est-ce un hasard, ou plutôt l’effet d’une rivalité, si la semaine de la reprise des liens avec l’Europe, voit aussi celle avec les USA ? Le 18/05, Obama désigne son ambassadeur à Pékin. Surprise : à ce poste-clé, il place Jon Huntsman, sénateur républicain de l’Utah, 49 ans. Voilà qui rappelle la nomination par Sarkozy du socialiste D. Strauss-Kahn au Fonds monétaire international à New York, écartant un rival potentiel tout en amputant l’opposition d’une de ses têtes.

Mais cette promotion va plus loin qu’un simple jeu de pouvoir. Comme son prédécesseur C. Randt, Huntsman est bon sinologue, diplomate (ex-ambassadeur à Singapour), et connaisseur du monde des affaires. Après avoir sourcillé sur ce choix de cet ancien missionnaire mormon à Taiwan, Pékin l’a accepté, peut-être suite à son adoption d’1 fillette chinoise. Plus sûrement, suite à son plaidoyer en faveur d’un partenariat exclusif en matière de réchauffement global, que leurs pays se préparent ensemble au  COP 15. Voilà qui ne peut que plaire à la Chine, les 2 plus grands pays pollueurs du monde s’organisant pour occuper ensemble le terrain de l’avenir : l’environnement!   Tim Geithner, grand argentier d’Obama arrivera à Pékin les 1 et 2/06, pour préparer la reprise du Dialogue Stratégique et Economique. Comme pour l’Europe, la question du ¥ disparaît de l’agenda, pour laisser la place centrale au thème écologique. Manière la plus claire de situer les enjeux de ces (d)ébats : sollicitée par l’Europe comme par l’Amérique, la Chine prend son temps pour choisir son partenaire de demain !

 

 


Argent : Baidu rattrapé par son image

Début mai Baidu, n°1 de la recherche en ligne (6200 actifs, 469M$ de chiffre 2008) coupe de 1000¥ (soit 30%) les salaires des publicitaires, augmente les objectifs de vente sous peine de perte de leurs commissions. Les agents se rebiffent par deux  jours de grève, conduisant à une marche de centaines de plaignants aux bureaux du travail de Shenzhen et Canton.  A ce tournant bizarre, quatre raisons sont citées.

[1] Sur les 4 à 500.000 PME disposant d’un budget de publicité en ligne, trois quarts sont clients de Baidu : continuer à démarcher un marché déjà conquis, c’est gâcher son argent. [2] En crise, les mêmes  PME  coupent  leurs budgets: là encore, les agents perdent leur utilité. [3] Google, le rival remonte la pente, en offrant légalement les musiques à télécharger que Baidu permet de pirater. Google vient de faire chuter le titre Baidu au Nasdaq (NY) de 5,55%. [4] Baidu se voit rattrapé peu à peu par sa réputation, après un scandale il y a six mois, ayant listé dans son moteur de recherche des hôpitaux sans licence, mais lui versant des bakchich.

Tout cela suggère chez Baidu un mauvais temps annoncé – la nécessité de mûrir.

 

 


Pol : Elle court, elle court, la grippe A

Elle court, elle court, la grippe A

Sur le front du virus H1N1, le 21/05, à Pékin, un cas était suspecté à l’hôpital sino-japonais et un hôtel était discrètement réquisitionné pour quarantaine. La Chine reconnaît 7 cas, dont 4 nouveaux (une italienne détectée au Tibet, un Chinois venu des USA via Corée et HK, trouvé dans le train de Canton)… Plus grave, 41 écoliers de Ulan Qab (Mongolie Intérieure), fiévreux, sont isolés. Comme durant la crise du SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère), la presse veut éviter la panique et n’évoque que les premières sorties de patients guéris, ou cet affabulateur puni pour avoir feint la maladie afin d’avoir droit à une visite gratuite. Mais par ses préparatifs draconiens (300 labos de fortune installés, frontière népalaise aux trois quarts fermée), le ministère de la santé montre qu’il se prépare, à l’instar du monde, à une pandémie : en Chine, elle se traduirait par des millions de cas, des transports et une économie paralysés.

La bonne nouvelle ; le H1N1 est peu mortel (0,7%). La mauvaise : il touche surtout les jeunes, jusqu’à 30 ans.

 

 


Temps fort : Brésil – les nouvelles alliances

Lula, le flamboyant  Président brésilien, est reparti chargé de contrats : 13 accords d’export de poulet et de boeuf en Chine, trois satellites conjoints sous quatre ans et 10MM$ de prêt chinois à Petrobras. Arrêtons-nous sur ce dernier deal, qui marque un tournant. Aidée par le besoin désespéré de la Chine en hydrocarbures, Brasilia a tiré le meilleur d’un pays pourtant notoire pour sa dureté en négociation. Contre ce prêt à 6,5%, le Brésil lui garantit pendant 10 ans 200.000 baril par jour, au cours du  marché : ni tarif bloqué, ni prise chinoise de capital. Petrobras conserve la maîtrise complète de son produit, contrairement, par exemple, à l’Australie qui ne peut empêcher les groupes chinois d’entrer au capital de ses mines.

Ce contrat permettra à Petrobras de développer Tupi, gisement sous l’océan Atlantique, qui nécessitera 174MM$ d’investissement en cinq ans: le jeu en vaut la peine, avec des réserves  estimées entre 5 et 8MMbarils. Aussi Sinopec, qui voyait l’an passé ses réserves baisser de 6,4%, peut ré étoffer son patrimoine. Ce type d’accord en rappelle d’autres, juste signés par la Chine: tels les 25MM$ payés à Rosneft (Russie) en échange de 15Mt/an durant 20 ans, ou d’autres avec Kazakhstan ou Venezuela.

L’accord brésilien contribue à modifier la carte des échanges planétaires : en avril, la Chine dépasse les USA comme 1er partenaire commercial du Brésil, avec 3,2MM$ d’échanges en avril contre 2,8MM$ aux « States ». C’est la fin du «hinterland» US, bastion commercial que Washington avait su préserver durant un siècle, au nom de sa fameuse doctrine Monroe.

Entre ces nouveaux alliés, il n’en faut pas plus pour rêver plus loin : éliminer le dollar comme monnaie de leurs 42,5MM$ d’échanges de l’an dernier (jan-oct), et commercer dans leurs propres devises, pour s’épargner les commissions de change. Lula propose  aux autorités monétaires chinoises et brésiliennes de mettre au point «dans l’année» une «régulation». Déjà, un accord a été conclu en septembre dernier, permettant le règlement en Yuan pour le minerai ou soja brésilien. Et en décembre, la banque centrale brésilienne octroyait une licence à la Bank of China pour une filiale.

Mais face à ce projet, nombreuses sont les réserves, telle celle du Gouverneur de la Banque du Brésil pour qui prétendre échanger entre deux monnaies non convertibles, tient du «bavardage» – même avec l’Argentine, le Brésil n’y est pas parvenu!

On peut pardonner au leader du pays de la samba de se laisser griser par ses succès. L’essentiel est ailleurs. Il réside dans la fulgurance, entre ces pays, jeunes et géants, d’échanges basés sur une complémentarité réelle -énergie chez l’un, capacité industrielle chez l’autre. «Nous n’avons réalisé que 10% de notre potentiel », estime Lula.

Projet irréaliste aujourd’hui, mais qui préfigure le futur ordre mondial. Brésil, Chine, et bien d’autres viennent de se griller les ailes à la planche à billets américaine, laquelle tourne aujourd’hui plus que jamais. Avec la vitalité et le volontarisme des pays émergents, la marche mondiale vers une devise neutre, ne devrait pas tarder des décennies !

 

 


Petit Peuple : Nanchang, un fantôme improbable

Petit contremaître dans une usine de cigarettes à Nanchang (Jiangxi), Zhou Daqiang harcelait A-Yu sur son portable, sans même la connaître. Ayant trouvé son numéro par hasard en mars 2009, il la croyait libre de tout engagement. Après onze jours d’appels incessants, semblant capituler, elle accepta de le voir. Ne doutant plus de sa victoire, le Don Juan de pacotille ne s’inquiéta pas trop du moment étrange qu’elle avait choisi pour le rendez vous, en pleine nuit noire dans un parc.

Le lendemain sous la Lune, il la vit -effectivement très belle. Elle lui apprit son nom, et qu’elle était depuis 2008 ingénieur de l’université locale de technologie. Il ne put que remarquer sa froideur distante, la pâleur du teint, et comme un souffle dans sa voix. Enfin, quand elle lui remit sa photo et lui serra la main, il tressaillit en rencontrant ces doigts glacés. Il fallut qu’elle l’invite «à demain, ici, même heure », pour qu’il reprenne confiance.

    Au bureau, il ne cessait de contempler la photo quand Fang Ling sa collègue la lui arracha comme par jeu, et s’écria: «comment peux-tu avoir la photo de A-Yu »? « Tu la connais ? », s’étonna-t-il.

«Bien sûr, on était ensemble en fac : c’était la plus belle fille de toute la promotion ». Alors, Daqiang de se rengorger, se vantant qu’elle allait bientôt tomber dans ses bras. « Mais mon pauvre ami, s’écrie Fang Ling, t’es tombé sur la tête -A-Yu est morte il y a un an d’un accident de voiture ». « Comment çà ? », dit le gars désarçonné qui, pour se rassurer, reprend le cliché et regarde : alors, l’inquiétude s’empara de lui, car sur le papier glacé, la fille avait disparu : la photo était blanche !

Alors commença pour lui une période pétrie d’angoisse mal dissimulée. A présent, c’était A-Yu qui appelait, et lui qui posait les lapins aux rendez-vous nocturnes. Ses sommeils étaient tardifs, légers, hantés de cauchemars. Le jour le retrouvait épuisé, incapable de se concentrer sur son travail.

Trois nuits plus tard, alors qu’il rentrait de garde, on frappa à la porte de sa chambrette, dans la résidence des employés. Il était minuit. Zhou voulut allumer, mais alors se produisit un incident inédit : le néon qui servait de lampadaire tomba en panne. Entendant que la porte s’ouvrait, Zhou regretta d’avoir oublié de mettre le loquet. Quelqu’un pénétra, gémissant. Levé en catastrophe de sa couche, Zhou brandit son portable en guise de lampe de poche, et se mit à hurler: visage grimé comme pour un film de série « B », blafarde, terreuse, aux rigoles de sang sur les joues, A-Yu le dévisageait en lui tendant les bras et murmurant des mots ridicules: «Daqiang, sauve moi, j’ai trop froid, dans l’au-delà». Tandis qu’elle ricanait, il s’enfuit en petite tenue, sauta par la fenêtre – et court encore.

L’instant d’après, explique notre source, la lumière revint comme après la fin du spectacle, pour éclairer les complices tordus de rire : A-Yu, son fiancé (car contrairement à ce que croyait Zhou, elle n’était pas seule dans la vie), Fang Ling, la collègue de Zhou ayant fait ses études avec la fausse fantôme.

Le reste n’était que trucages: la pâleur (fond de teint), la main glacée (par un pack congelé), la photo effacée (par un produit chimique, sur la main de Fang Ling). Exaspérée par le harcèlement du bellâtre, A-Yu avait fait appel à ses amis. Les deux femmes avaient dissuadé le fiancé d’infliger à Zhou une correction, remplacé par ce scénario glauque pour punir le « crapaud » d’avoir rêvé à « manger la chair du cygne » (癞蛤蟆 想吃天鹅肉, lài há ma xiǎng chī tiān é ròu). 

A notre avis, même si l’attitude du petit cadre était désagréable, la plaisanterie infligée par les trois autres était inutilement cruelle. Elle fait penser à une revanche petite, moins contre le dragueur que contre la fadeur de la vie en province.

Au moins,  l’histoire donne une idée de la manière dont le monde chinois imagine l’au-delà, en des termes pas très différent de celui de l’Occident.

Elle est également édifiante, sur la puissance toujours écrasante de la superstition  en Chine: résultat décevant, après 60 ans d’éducation socialiste en faveur des lumières. Mais chassez le naturel – il revient au galop !

 

 


Rendez-vous : A Shanghai, les Salons du bâtiment, cuisine et salle de bain

25-28 mai, Shanghai : IBCTF, Salon de la construction et du bâtiment

25-28 mai, Shanghai : KBC, Salon chinois de la cuisine et de la salle de bain

27-29 mai, Shanghai : BIOFACH China, Salon et Congrès des produits bio

28-31 mai, Pékin : PALM, Salon d e l’audio, des lumières, de la musique, et de leurs technologies