Le Vent de la Chine Numéro 19
Après le séisme, la vie reprend—la Chine retourne à sa routine. Trois vieux démons viennent la hanter cette semaine, dossiers ignorés depuis des décennies. Mais signe de mutation historique, tous sont en effervescence, porteurs d’embryons de solutions!
[1] Avec Taiwan, depuis l’arrivée aux affaires du Président Ma Ying-jeou (20/05), c’est « l’amour ».
En Chine du 31/05 au 5/06, Wu Poh-hsiung, l’insulaire chef du Kuo Min Tang, reçut la vague promesse que l’armée gèlerait le déploiement de missiles contre l’île (qui sont déjà 1300), et préparerait leur démantèlement -dont Ma fait justement une pré condition à toute discussion. D’autre part, le Bureau des affaires taiwanaises reçoit un chef plus jeune (55 ans) et dynamique, Wang Yi, vice ministre. Enfin, Pékin offre de négocier tambour battant (11-14/06) la réouverture des lignes aériennes directes, voire un siège à l’OMS, l’organisation mondiale de la santé…
Le chef de l’Etat taiwanais de son côté, fait preuve de la même bonne volonté en rouvrant le mausolée de Chiang Kai-shek, qu’avait fermé son rival indépendantiste, Chen Shui-bian. Et déjà se profilent de gros contrats, le raccordement à Taiwan au réseau chinois de cartes de débit UnionPay (pour ravitailler les millions de futurs touristes chinois), l’installation à Xiamen de Hon Hai, n°1 mondial de l’électronique, qui ouvrira une usine d’écrans LCD avec 40.000 employés sur 800.000m², au prix « de milliards d’Euro »…
[2] Sur le 19. Anniversaire du massacre de la Place Tian An Men (4/06/1989), Ma Ying-jeou s’est adressé au leadership en termes ambigus, mi critique, mi louangeur, marquant sa volonté de rappeler publiquement cette date-phare, mais d’éviter de blesser le régime… Cette année encore, sur le continent, tout a été fait pour occulter la commémoration, sur internet (100.000 policiers virtuels), et sur la place. Intimidées, les 128 «mères de la Place » (ayant perdu leur enfant la nuit fatale) cessaient «provisoirement» d’exiger la révision du verdict officiel sur le printemps de Pékin (celui d’«activité contre-révolutionnaire»), dans l’espoir d’une hypothétique pension -car bon nombre d’entre elles vivent proches du besoin. Des voix de l’étranger ont réclamé l’élargissement des 130 dissidents de l’époque encore en prison—le pouvoir s’en est « indigné ». On voit ainsi la survivance de l’intransigeance officielle, mais avec deux légers progrès. Des dissidents se disent «plus à l’unisson » avec le régime, souhaitant s’associer à l’action nationale d’aide aux sinistrés du Sichuan. Et d’autre part, c’est à ce moment, 10 ans après sa mort, que sort l’évaluation du massacre par l’ex-Président Yang Shangkun : 15.000 arrêtés, 70 exécutés, 600 morts par balles… C’est un voile levé sur un très lourd secret d’Etat. Amorce d’un dégel ?
[3] Au Tibet 90 jours après les émeutes, règne la tension. 80 nonnes auraient été arrêtées depuis le 14/05 à Dragkar Ganzi, Sichuan, et la Chine dénonce trois tentatives d’attentats à la bombe—16 arrestations depuis le 14/05.
Protégé de Hu Jintao et déjà l’homme fort au Toit du monde, Zhang Qingli vient d’être promu Secrétaire provincial. Enfin, pour cause de « reconstruction au Sichuan », Pékin vient de repousser la 2ème ronde de palabres avec le Dalai Lama, fixée au 11/06… Seule nouvelle non négative : à Lhassa, les autorités affirment préparer la réouverture du Tibet au tourisme étranger, pour début juillet !
Après le drame du Sichuan au terrible bilan (près de 90.000 morts/ disparus, 375.000 blessés, plus de 12 millions de sans abri), administration, volontaires et armée parent au plus pressé. Vite, le génie de l’APL, l’armée chinoise, a réussi à creuser un déversoir au lac de Tangjiashan monté d’1,7m/j, menaçant 1,3M d’habitants, dont 250.000 évacués – le 7/06, ses 220Mm3 commençaient à se déverser…
Face à ce danger majeur, d’autres risques demeurent : on vient d’évacuer 5000t de produits chimiques à l’air libre et 100 sources radioactives. Epoch Times, journal dissident aux USA suggère qu’une ogive nucléaire aurait sauté sur son missile, en pleine montagne dans son silo souterrain.
Les coûts du séisme se précisent : 20 à 30 MM², huit ans d’efforts seront un minimum pour rattraper des pertes industrielles de 20MM², dont 97% concentrées entre cinq villes. Les banques ont perdu 5MM² en prêts sur actifs détruits. L’Etat a promis 7MM² dès cette année, dont 2,5 aux firmes – l’aciérie Panzhihua reçoit de la Banque de Chine 2MM² de prêts, et le cimentier Anhui Conch, une rallonge de 0,5MM². Chaque province riche doit assister un des districts sinistrés: tel le Guangdong qui parrainera Wenchuan, à l’épicentre. L’aide privée et étrangère atteint 4MM² au 3/06. Mais comment éviter la corruption, alors que déjà des détournements sont épinglés, et des fraudeurs, condamnés en procédure express, à 7,5 ans de prison? Trop d’instances concurrentes se partagent la gestion de ces fonds. L’Etat promet la vigilance, et donne en exemple son bureau des 华侨 huaqiao (Chinois de la diaspora) : protégé par 4 protocoles anti-détournement, il veut convertir ces dons, en 3 à 5 ans, dans 100 écoles et autant d’hôpitaux.
Face à leur désespoir, dans leurs villages de toile, les gens cherchent le réconfort où ils peuvent : dans la religion, notamment, bouddhisme, christianisme et islam qui connaissent un regain de fréquentation. Entre les 1800 orphelins et les innombrables parents ayant perdu leurs enfants, l’Etat s’apprête à reconstituer des familles -d’autres retrouvent le droit à d’autres enfants, d’autres celui à une opération de déstérilisation.
Mais rien de ceci n’empêche l’éveil de la colère : l’heure des comptes, pour l’effondrement de 7000 classes en tofu, construites sans architecte, ni ferraillage, ni sable, contrairement aux édifices de l’administration, qui ont tenu. Des milliers de familles tentent de déposer plainte, s’opposent à la police, qui les disperse. L’Etat offre 100² de pension par an et par disparu… Des cadres, tel Lin Qiang, n°2 de l’éducation au Sichuan, tentent d’ouvrir le dialogue, implorent leurs hommes d’accepter de reconnaître leur responsabilité—et les victimes, de leur faire confiance : seule chance d’éviter le clash, avec cette population désespérée!
Gaokao—Lycéens : la journée des braves
Du 7 au 9/06 en Chine, c’est le week-end décisif, bilan de neuf années d’études « marche ou crève » : le gaokao, concours d’entrée aux universités, où réussissent autant de jeunes qu’il y a de places, soit 5,95M pour 11M de candidats.
Dans les 2 filières (littéraire et scientifique), les jeunes affrontent une liste de questions à réponses multiples, garantissant une équité de façade. En réalité, les villes ont bien meilleure chance (70%), et certaines provinces font mieux que d’autres, tel le Xinjiang que la jeunesse «han» veut fuir pour rejoindre la côte : là, le taux de réussite avoisine les 100%.
Mais tandis que la société veut son «gaokao» et l’université qui va avec, l’Etat voit que sur les 4,95M de diplômés sortis en septembre 2007, 29% sont restés sans emploi. Il tente donc de conseiller, en alternative, les filières professionnelles. Parmi ceux qui rateront leur bac, un sondage révèle que 50% se résigneront à faire plombiers ou cuisiniers, 27% redoubleront et 23%, les plus riches iront à l’étranger ou dans des facs privées qui, en douceur, donnent des diplômes équivalents… A cette session, 96.000 jeunes ne sont pas conviés : ceux du Sichuan sinistré, à qui l’on prépare une session séparée. Angoissés, fragilisés, ils obtiendront la voie royale : un quota spécial de 2% dans tout établissement, des points de bonus, des bourses… Tout pour repartir du bon pied !
Inde-Chine : petite lutte entre « amis »
Entre Inde et Chine, la jeune amitié (8 ans) n’a pas éteint un contentieux ancien, sur le tracé des frontières.
En janvier, la visite à Pékin du 1er ministre Manmohan Singh avait permis la création d’une commission, pour traiter ces revendications territoriales. Ce qui n’empêche Delhi, à la veille de la visite du min. des affaires étrangères Pranab Mukherjee (5-7/06), de réitérer une fin de non-recevoir aux visées chinoises sur le Sikkim, annexé par Delhi depuis 1975. Pour le reste, l’entente cordiale fut de rigueur.
A défaut de son homologue Wen Jiabao (appelé d’urgence au Sichuan sur le site du séisme), Mukherjee rencontra le vice Président Xi Jinping, pour préparer les exercices militaires conjoints de décembre, un coup de fouet aux échanges de 40MM$ en 2007 à 60MM$ d’ici 2 ans, pour ouvrir des zones économiques communes et inaugurer un Consulat général à Canton.
NB : comme pour illustrer la confiance encore fragile envers son voisin, Delhi rouvrait (2/06) la base aérienne de Daulatbeg Oldi, la plus haute du monde (4937m), fermée depuis 1966. Il annonçait aussi la réouverture prochaine de deux autres bases au Ladakh oriental, toutes à la frontière chinoise. Stratégiquement parlant, explique un expert militaire indien, Daulatbeg ne vaut pas grand-chose. Mais durant le dernier conflit indo-pakistanais (1999), la Chine aurait tenté «24 fois» de s’en emparer, et « en face, 13 projets du même type sont en cours- nous nous sommes réveillés tard».
Fièvre française toujours, mais bénigne !
Le passage de la flamme olympique à Paris a laissé des traces. De multiples efforts français publics et privés, démonstration d’amitié, compassion et aide à l’après-séisme, ne peuvent dissiper une brume de ressentiment.
Ainsi, le Bureau du tourisme de Pékin a notifié aux agences le retrait temporaire de la France, sur la liste des destinations touristiques privilégiées, ordonnant de facto aux agences de cesser la vente de voyages vers l’Hexagone. Les grands tours opérateurs chinois (CITS, CTS) confirment des annulations vers Paris en juillet, juin étant déjà engagé. En France, commerce, hôtellerie et voyagistes pâlissent, craignant de perdre une part des 700.000 touristes chinois de l’an passé, qui dépensaient entre 1000 et 1500² en sorties et magasins (on en attendait 800.000 cette année).
Mais selon nos sources, les choses sont plus nuancées. D’abord, l’interdit ne vaut que pour la France, non pour l’Europe. En pratique, tous les tours atterrissent à Roissy—et les touristes, même par patriotisme, ne vont pas se priver d’un tour aux Galeries Lafayette. D’autre part, l’interdit, pour l’instant, ne vaut que sur Pékin, et ne serait élargi à l’ensemble de la Chine, que (nous dit-on) en cas de geste inamical de Paris (la mairie), envers la Chine, avec une personnalité étrangère…
Haixin : «cherche aciérie à acheter, désespérément»
Le grand plan de restructuration des aciéries entre en approche finale.
D’ici 2010, dix groupes doivent assurer 50% de la production. Toute firme n’atteignant pas 10Mt/an, sera inéligible aux droits préférentiels de la NDRC (émission d’obligations, ouverture de nouvelles unités) – donc condamnée. Sous le couperet, 1000 PME se résignent à l’inévitable, mais les 70 hauts fourneaux dépassant le 1Mt/an paniquent pour rattraper le peloton destiné à survivre. Tel Haixin, second aciériste du Shanxi, de m. Li Zhaohui.
Cette année, Haixin fera 5,8Mt, mais prétend en atteindre 15Mt sous trois ans: en achetant à tour de bras des plus petits que soi. Avec son conseiller McKinsey, M. Li épluche les listes des aciéries à remettre, des mines australiennes à racheter, et surtout celle des étrangers partenaires potentiels. M. Li n’a pas le choix : pour doubler sa capacité sous trois ans, Haixin doit trouver 1,5MM².
NB : Haixin prépare l’entrée en bourse pour 2010. Autant par patriotisme que dans l’espoir de faire valider un partenariat étranger ce que Pékin qui n’aime guère, Haixin figure au sommet de la liste de sa province, des donneurs aux victimes du séisme.
Une série rare d’accidents frappe la Chine de 2008 : le gel du siècle en janvier, l’explosion émeutière à Lhassa en mars, la catastrophe ferroviaire de Zibo en avril, le tremblement de terre en mai. Voilà qu’elle se poursuit par un orage inédit en 12 ans : une hausse de + 8,2% de l’inflation, dépassant les 20% dans l’alimentaire.
Tout se passe comme si ces «signes du ciel» avaient ébranlé la confiance du pays.
L’indice des directeurs d’achat, qui décrit les commandes des usines, a chuté de 59,2% en avril à 53,3% en mai, presque au seuil de la récession (50%) : pour les patrons, les niveaux de prix et la demande prévisible ne justifient plus l’effort stakhanoviste de hausse de la production des années précédentes.
Avec -4% des ventes d’appartements au 1er trimestre contre +16,6% douze mois plus tôt, l’immobilier sombre dans la morosité. Sentant le vent tourner, Morgan Stanley met en vente son parc shanghaien de 101 appartements (+ de 20 000m²) pour 110M² – avouant ainsi sa foi en une tendance baissière.
La bourse elle-même a repris sa dégringolade, à son plus bas niveau en 6 semaines (-2,5% au 4/06), du fait des pressions de l’Etat sur les prix de l’acier (Baosteel s’est engagé à ne pas gonfler ses prix au 3ème trimestre, afin de soutenir la reconstruction au Sichuan) et du charbon (Shandong, Shanxi ont bloqué sur leur sol les prix du charbon-vapeur).
Mais ce faisant, on entre dans une courbe maléfique : la baisse du pouvoir d’achat entraîne celle de la consommation, et consolide la dépendance envers l’export tandis que des masses de «hot money» (100MM$ en avril, selon StanChart) fusent vers la Chine, dans l’attente de la réévaluation inéluctable. Tandis que les PME les plus faibles succombent au travail de sape des hausses des salaires et des matières 1ères.
On note le souci constant du pouvoir, de ne toucher à nul levier de l’export. Le pétrole à la pompe vaut la moitié du cours mondial -les pétroliers touchent un chèque pour leur manque à gagner. Le ¥, en deux mois, n’a augmenté que de 0,9% par rapport au US$ – et pas d’enchérissement des taux d’intérêt… L’objectif clair est annoncé par la Banque centrale : maintenir un Yuan bas pour limiter la baisse attendue de l’export – les experts annoncent une baisse de l’excédent commercial, de 10% du PIB en 2008, à 9,5% en 2009.
Pour «faire quelque chose», Pékin annonce du bout des lèvres, l’ouverture de la bourse aux firmes étrangères et un accès plus large pour les chinoises, aux places étrangères : ceci, pour alléger la pression à la réévaluation et couper l’herbe sous le pied aux fonds spéculatifs. Mais on est loin du compte : alors qu’une phase de vaches grasses s’achève, Pékin tergiverse sur des réformes pourtant préparées depuis des années, pour préparer son industrie à la donne (moins gaspilleuse, plus écolo) de demain…
Elle couvait depuis quatre ans, la refonte des télécoms. La voilà qui sort (24/05) et l’on comprend mieux les années de tractations, vu la complexité du partage de quatre marchés nationaux (fixe, sans fil, net, satellite) entre 6 groupes qui s’échangent des branches ou meurent, pour renaître en trois. 10 ans après la dernière refonte, la philosophie a évolué, du modèle commercial « monopole d’un service » à la « concurrence multiservices »- la reconnaissance du « client-roi ». Par contre, tout ce monde demeure sous la triple chape d’acier du contrôle financier, administratif et policier : information et communication demeurent l’instrument n°1 du leadership. Aussi l’étranger, quoique technologiquement dominant, reste à la porte. Enfin, quoique ces échanges impliquent des transferts d’actifs en dizaines de MM$, pas un Yuan physique n’est dépensé: tout se fait par échange de titres, à l’amiable, entre membres du même club…
Pour cette refonte, il était temps!
Avec ces règles désuètes, les opérateurs fixes comme China Telecom étaient saignés à mort (moins 880 000 clients en avril). A l’inverse, ceux sans fil caracolaient, tel China Mobile empochant 8MM² de profits en 2007.C’est donc sans enthousiasme, pour un montant secret que China Mobile s’offre Railcom, déficitaire, (l’ex-réseau fixe des chemins de fer).
China Unicom, n°2 du portable, reçoit la branche fixe de Netcom (23,8MM$), mais cède à China Telecom sa branche portable CDMA (15,9MM$). Ainsi, China Unicom peut désormais se mesurer «à armes égales» (au GSM) avec China Mobile. Tandis que China Telecom paie -un peu trop cher-, son ticket d’entrée au gras marché du portable, et espère rassembler d’ici quelques mois 100M de clients. Il récupérera une subvention de 30 à 45% du coût de cette reprise, ainsi que Satcom, l’opérateur de satellites. Et il cherche un « investisseur stratégique ».
Le grand chambardement mettra 4 mois (ou plus) à se réaliser. L’artisan de la réforme voit le confort d’un usager désormais doté d’une facture unique – au risque de décevoir d’autres attentes, telle la qualité de connexions ou la liberté du choix des services..
Déjà évalué à 105MM$, le marché des télécoms chinois voit devant lui des lendemains qui chantent, avec 60% de la population restant à abonner au mobile. Une fois les fusions parachevées, il restera à Pékin à attribuer les 3 licences de 3G : sa propre création TD-SCDMA (la moins désirée, déjà octroyée à China Mobile avant les J0), l’européenne WCDMA et l’américaine CDMA-2000.
Bien des risques demeurent: pour l’investisseur, celui d’un marché où l’acteur n°1 reste l’Etat; celui de l’énorme avance de China Mobile sur des rivaux qui devront s’endetter lourd pour s’aligner; et surtout, l’incapacité de ce système dirigiste, à absorber vite les progrès techniques de l’étranger, faute d’en tolérer jusqu’à présent la concurrence, malgré les engagements donnés à l’OMC, l’organisation mondiale du commerce.
Matières 1ères : shopping hors frontières
En période de coup de feu sur les matières 1ères, la stratégie chinoise d’achats de réserves à travers le monde est plus que ja-ais d’actualité, à tout prix, payé sur les abondantes finances de l’Etat et des firmes.
[1] En Australie, Sinosteel inflige un revers peut-être décisif à Murchison, son rival pour la reprise de Midwest: il porte sa part du minéralier de 33 à 40%, surenchérissant à 1,3MM$ et surtout, acceptant de renoncer au contrôle majoritaire. Midwest est une position à prendre : sous 5 ans, sa production de 1,1Mt de minerai de fer annuels devrait passer à 16,5Mt.
[2] Plus osé, Jiangxi Copper et China Metallurgical emportent pour 30 ans la concession de la mine de cuivre d’Aynak en Afghanistan, prospectée dès les années ’80 par l’URSS. Nul ne s’était jusqu’alors risqué à l’exploiter, en raison des infrastructures importantes nécessitées, une centrale thermique de 400MW et une ligne ferrée, à travers des zones d’insécurité… Les deux compagnies paieront 808M$ selon une source, 3,5MM$ selon une autre. La mine doit être ouverte sous 60 mois -la ligne ferrée ira du Xinjiang au nord, au Pakistan (4000 km via Tadjikistan) -il s’agit donc aussi d’un projet politique arrimant l’Afghanistan à la Chine. Jiangxi Copper paiera 20% du projet, mais rachètera au moins 50% de la production. Il y aurait, sous la roche, pour 11Mt de cuivre pur.
[3] Au Niger, pays enclavé où elle exploite déjà deux gisements, la CNPC, la compagnie nationale pétrolière, ose s’engager pour 5MM$ sur le bloc d’Agadem, pour en explorer puis exploiter les 324M de barils de réserve. L’an dernier encore, ce pétrole était considéré inexploitable. Mais aujourd’hui, à 130$/baril… Il faudra construire un pipeline jusqu’à Zinder (600km), et une petite raffinerie (20.000 barils/j) pour les besoins locaux. Le reste revenant en Chine via le Nigeria.
A Hong Kong, l’ICBC passe et gagne
1ère banque en Chine, dans la botte des 10 majeures mondiales, l’ICBC reçoit le 2/06 l’agrément de l’autorité boursière à Hong Kong pour une banque d’investissement destinée à préparer les entrées en bourse de HK (HKSE) de groupes chinois en parts « H ». Ce type d’émissions d’au moins 100M² était jusqu’alors l’apanage de géants américains tels Morgan Stanley.
L’ICBC tient déjà sur le rocher deux branches de courtage (dont ICEA, filiale conjointe avec BEA), mais manque d’un réseau international. Elle aura donc moins de problèmes à trouver ses clients (parmi les 2,72M de firmes chinoises ayant un compte chez elle) qu’à les servir… D’autre part, il se trouve que jusqu’au 28/05, l’ICBC était au coude à coude à Hong Kong avec China Merchants pour la reprise de Wing Lung,ban-que familiale. Alors que la surenchère s’envolait, Pékin était intervenu, imposant un prix max. (à 2,85 fois la valeur comptable, soit 4,5MM$), puis un vainqueur, Merchants. Dans ces conditions, la licence à l’ICBC apparaît un lot de consolation, octroyé moins par HK que par la Chine. Moyennant une légère entorse au principe de non-ingérence de «一国两制, «un pays deux systèmes».
Dongfang Electric, Phoenix qui renaît de ses cendres
Sous le séisme, Dongfang Electric a perdu son usine de Hanwang, 500 hommes et 700M$ d’actifs.
Mais le soutien public arrive : pour ses 1ers besoins, ce n°2 national des turbines à vapeur recevait de sa tutelle SASAC (State-Owned Assets Supervision and Administration Commission), 71M$. Puis le 24/05, il annonce une commande de 648M$ du groupe Huaneng pour six centrales thermiques de 660Mw ou éoliennes, destinées au Shaanxi. Un autre contrat important, lui vint d’un autre électricien, Huadian.
Par ailleurs, à plus longue échéance, Donfang Electric s’est vu confier, avec son partenaire Alstom, la fourniture des turbines géantes de 1,75Gw chacune, destiné aux deux réacteurs nucléaires commandés en 2007 à Areva pour le site de Taishan (Guangdong). Il y en a pour 300M² à partager. Pour l’heure, Dongfang tente de se réorganiser, et délègue à la concurrence en Chine et ailleurs certains contrats sur son carnet de commande, afin de pouvoir honorer ses échéances. Une phase de redistribution qui pourrait profiter à Alstom, son partenaire historique !
ª Pékin affiche sa hantise quotidienne d’un “risque sécuritaire sans précédent” lors des Jeux, et s’équipe : 204 chiens pour sa brigade cynophile, 5M$ de matériel policier des USA. Pour les étrangers, il émet un code de conduite en 57 points, restreints les visas, suspend tous les festivals. Résultat inévitable et sans doute attendu : pour les Jeux, seules 44% des hôtels sont réservés !
ª Wei Sheng, médecin, a planté dans son crâne et sur son torse 2008 épingles aux couleurs olympiques. Il bat ainsi son propre record “Guinness” de 1790 aiguilles en 2004. Un autre supporter s’est fait tatouer sur le front les 5 anneaux de Coubertin.
ª Sharon Stone a tout gâché. Après avoir accusé la Chine d’avoir provoqué le séisme par le mauvais karma de sa répression à Lhassa, elle est déclarée persona non grata en Chine, y compris au festival du cinéma de Shanghai, cette semaine. Tandis que Dior, craignant à juste titre des retombées pour le groupe en Chine, l’a rayée de sa campagne de charme dans le pays.
ª A Vienne, en visite le 30 mai, le Président français Nicolas Sarkozy a déclaré publiquement que “boycotter les Jeux Olympiques, n’était pas une bonne chose”. Et la rumeur parisienne assure que son avion pour Pékin est déjà réservé !
A Xi’aishu (Hebei), comme en beaucoup d’autres villages, il n’y a pas que le blé ou le pré que l’on « fauche », mais aussi les tracteurs et charrettes, les bols et baguettes, les boeufs et moutons, tout le peu que les paysans possèdent est dérobé – par eux-mêmes, entre eux.
« Ce sont les gars de la préfecture d’à côté », claironne le maire Yang Wengong : « nous sommes à la frontière, c’est trop tentant. Une fois le coup fait, ils se replient chez eux – on ne peut pas les poursuivre ».
C’est sans doute vrai, mais ça n’explique pas tout. Au fond, qu’est ce qui pousse un pauvre à en dérober un autre ? Et sur-tout, que peut-on faire ?
Ce genre de questions, Jing Buchun, fermier, se les ressassait depuis sa jeunesse. Il l’avait constaté, les vols avaient lieu à la faveur de la nuit, faute d’éclairage. En 1987, il eut l’idée de rétablir la pratique antique des vigiles : apprivoiser la nuit par des rondes à heure fixe. Tenir le voleur à l’écart avec sa lanterne. Avertir le distrait de boucler sa porte, d’enchaîner son «boeuf de fer»…
Pour quelques 100aines de ¥, il planta au sommet du village un puissant haut-parleur, puis instaura le rite, immuable depuis 20 ans, de parler aux bonnes gens à minuit sonnant, pour les encourager à protéger leurs biens sous la Lune. Harangue suivie d’une marche solitaire de 3 heures à travers les rues et ruelles désertes.
Au début, on ne peut pas dire que son initiative ait ravi tout le monde en cette bourgade de 20.000 âmes. Les insomniaques furent dérangés par ses appels intempestifs. Même si bientôt, la majorité admit « ne plus pouvoir se passer de son appel qui rassure ». Bien des citoyens dérangés par son appel à le suivre dans ses marches, préférèrent leur confort : ils le laissèrent tomber un à un. Sa femme-même, espérant l’arracher à son duel avec les moulins à vent, le traita de vieux fou. C’est qu’outre sa croisade de vigile et son labeur aux champs, Jing devait s’astreindre à 1000 petits jobs tous moins lucratifs les uns que les autres, pour payer les études de ses 4 enfants: il aurait mieux fait, pensait-elle, de s’occuper de ses affaires, et renoncer à un héroïsme qui – tout le monde sait ça – n’apporte que des coups de bâtons.
Au nom de cette vérité, des intrus s’introduirent chez Jing durant sa ronde, pour lui piquer deux poêles à charbon : tentative de dissuasion, qui échoua! Une autre nuit, il prit sur le fait deux larrons à moto, mais eut le dessous : ils l’étrillèrent, le laissèrent pour mort. Depuis, il ne sort plus qu’avec deux lampes de poche- dans l’espoir de faire croire qu’il est n’est pas seul…
Mais rien de tout cela ne peut décourager Jing, le héros d’acier : depuis peu, en plus de ses rondes, il se lève à l’aube, pour balayer sa rue.
Enfin, à l’âge de 62 ans, un miracle est venu : un journaliste, curieux de rencontrer l’altruiste obstiné, a rencontré tout le village, et même sa petite-fille, la seule au fond, qui croie en lui, et l’appelle : « Grand-père, le seul homme, ici !»
Au reporter, Jing a pu confier son rêve secret : que la grand-rue soit enfin éclairée, aménagée, pimpante et humaine. Que le voisinage en conçoive joie et dignité, et perde l’envie de se détrousser. Seulement alors, le vieillard promet de raccrocher ses lampes au râtelier, et de ne plus aller «travailler en tenue d’étoiles et de lune » (披星戴月 pi xing dai yue) : passer ses nuits blanches pour le compte de l’humanité !
09-11 juin, Canton : Salon int’l pour les tissus, fibres textiles, habillement, confection et coloration de textiles
10-13 juin, Pékin : Salon transmission et du contrôle industriel
11-13 juin, Shanghai : CRC Expo, sur le commerce de détail
11-13 juin, Qingdao : Salon du carton ondulé et de l’emballage