Le Vent de la Chine Numéro 35

du 5 au 11 novembre 2007

Editorial : Aider la Chine à stopper la locomotive folle

Quelque chose de stupéfiant se passe en Chine, vrombissement issu des entrailles de la planète, qui attire les énergies, crédits et technologies des cinq continents. C’est de la surchauffe dont nous parlons, que Pékin combat depuis cinq ans, avec des résultats toujours moins plausibles. Les dernières statistiques laissent pantois !

De janvier à septembre 2007, la croissance a atteint 11,5% (+0,4%). A +25,7%, l’investissement fixe n’a pas varié depuis janvier, insensible à l’appel du 1er ministre Wen Jiabao de lâcher le pied. La production industrielle qui n’avait augmenté que de 12,5% en 2006, fuse à 18,5%. A +15,9%, les ventes au détail alimentent une inflation de 6,2%. Bien sûr, c’est pour l’export que tournent ces usines, qui connaît en 7 mois une hausse de 27,1%, un excédent commercial de 186MM$, contre 177MM$ pour tout  l’an dernier. A 7,45¥ pour 1$, le yuan passe (2/11) un nouveau pic.

Tout se joue à la bourse, à l’appétit insatiable.

Petrochina vient de vendre pour 8,9MM$ d’actions. Morgan Stanley croit que le groupe serait n°2 mondial en capitalisation (437MM$) derrière Exxon. Alibaba, la galerie virtuelle, vient d’y écouler pour 1,5MM$. Les chemins de fer préparent leurs ventes pour 3,8MM$, entre les places de Hong Kong et de Shanghai… La bourse chinoise vaut 3700MM$, 20% de la reine mondiale américaine…

Face cette chevauchée fantastique, l’Etat, impuissant, veut «incessamment» procéder au 6ème resserrement du crédit de l’année. La SEPA, l’agence nationale d’environnement, prétend bientôt priver d’export toute firme pollueuse. Zeng Peiyan, le vice 1er, exprime (30/10) le désir du Conseil d’Etat de faire payer à leur juste prix l’eau, les énergies, le sol : moins pour se prémunir de la tempête de plaintes internationales à l’horizon (comme celle qu’Eurofer vient de déposer à Bruxelles contre l’acier chinois), que pour calmer la furie exportatrice et produire enfin pour l’intérieur -de manière plus durable, moins gaspilleuse et sale.

En outre, croulant sous le cash des gens sortant leur épargne pour la jouer en bourse et se faire une retraite, les financiers font leur shopping hors Chine : l’ICBC, la Banque de l’Industrie et du commerce, s’adjuge 20% de la Standard Bank, d’Afrique du Sud (5,56MM$). Le Fonds national de sécurité sociale (FNSS) négocie 10% de fonds américains tels Carlyle ou TPG. Pour la 1ère fois, de tels placements ne sont pas lus, à l’étranger, comme des « coups stratégiques » de Pékin (même si ce dernier les encourage, pour alléger la pression à la réévaluation), mais comme des investissements commerciaux classiques.

La surchauffe a bien des sources:

[1] la hausse de productivité en Chine (oblitérant celle des salaires et matières 1ères),

[2] les impôts légers ou l’énergie à prix cassés,

[3] la pompe à bras pas cher de l’exode rural.

Mais le ressort ultime de la spirale infernale est ailleurs. Il se trouve dans les 160 grandes entreprises d’Etat (GEE) qui produisent en 2006 pour 1600MM$, (60% du PIB), tout en épongeant le meilleur du crédit et des marchés, étouffant toute concurrence sous elles: même intérieurement, les cartes sont pipées! A la tête de ces GEE siègent de hauts cadres du Parti, dont 20 viennent de monter au Comité Central du PCC : leur demander de mettre à la diète leur propre « vache à lait», serait naïf! 

Mais comment stopper cette locomotive lancée sans freins ni mécano sur une pente abrupte, tirant derrière elle le pays entier ? On commence à deviner que le salut ne pourra plus venir que de l’étranger, Europe et USA !

 

 


Temps fort : Une nouvelle mémoire pour Pékin : le musée UCCA

En février 1989, au Musée national des Beaux Arts de Pékin, une exposition allait faire date : « China avant-garde » mobilisait les artistes de la «new wave» (1985- 1990) contre la tentation conservatrice à révoquer la politique d’ouverture de Deng Xiaoping. Surtout, elle choquait. On y voyait une artiste tirer au revolver dans une cabine téléphonique. Une autre, interpréter la célèbre recette culinaire des «crevettes ivres», sur le ventre d’une belle nue… Toute l’intelligentsia se battit pour venir voir ce concentré de contestation de toutes les valeurs du temps, et après trois jours, le régime ferma l’exposition organisée par un certain Fei Dawei. Les mois suivants, débutaient les événements du printemps de Pékin !

Pour ceux qui vécurent ce moment, c’est un choc de retrouver ce lundi 5/11 quasiment la même, intitulée « ’85 new wave », présentée par le même curateur —de retour en son pays après 18 ans d’exil. La présentation se tient à quelques kilomètres de là, à l’espace « 798 », complexe industriel offert à la Chine par la RDA dans les années ’50, reconverti depuis en quartier de musées et galeries.

Le mystère du retour de cette expo séminale aux 30 artistes aujourd’hui de renom international (Wang Guangyi, Zhang Xiaogang…), s’éclaire : à l’époque même, le baron belge Guy Ullens et son épouse Myriam, collectionneurs visionnaires, avaient acquis une bonne part du catalogue. Puis en 2005, ils reprirent les deux plus grandes halles de l’espace 798, entretemps restaurées par l’architecte français J.M. Wilmotte.

Le musée UCCA  « Centre Ullens d’art contemporain » voyait le jour le 5/11 : 8000m² (le plus grand musée privé du pays), 3 salles,  2 niveaux, aux éclairages et à l’humidification ultramodernes – puits de lumière, bouquets de fibre optique, GPS suivant la rotation du soleil. Par sa présence, l’UCCA a contribué à faire classer la zone «798», la mettant à l’abri des appétits des promoteurs. La démarche est de type humaniste, car c’est en Chine, aux Chinois que les Ullens restituent leur art. L’espoir est de créer à l’UCCA des expos et inspirations croisées «Est-Ouest ». Quant aux autorités, ravies de voir atterrir sur leur sol cet espace leur faisant gagner quelques années en technique, elles soutiennent la démarche, enthousiastes !

Pour autant, l’investissement sera sans doute rentable. Partout en Chine, des musées surgissent, projets de mécènes sachant compter, lançant la Chine dans une nouvelle époque après 60 ans de sous investissement et de culture sous haute surveillance. Aujourd’hui, des Chinois paient jusqu’à 4M$ les toiles d’autres Chinois. Assouvissant un vieux rêve des Chinois pour se recomposer une âme qui les reflète, « reboiser l’âme humaine » ! 

 

 


Pol : Chang’E, le satellite lunaire sur son orbite

Iran—la diplomatie du sur-place

Un nombre certain de hauts diplomates étrangers étaient à Pékin la semaine passée, pour tenter de démêler l’écheveau iranien.

Le ministre français des affaires étrangères Bernard Kouchner (31/10) dut brider son ton ferme vis-à-vis de Téhéran, afin de consolider d’abord le lien avec son homologue chinois Yang Jiechi. L’israélienne Tzipi Livni quitta Pékin le même jour, après avoir averti : si les puissances laissaient libre cours à l’Iran dans son programme nucléaire, Tel Aviv ne resterait pas sans rien faire. Tout en rappelant à la Chine qu’un Etat intégriste, doté de l’arme nucléaire, constituerait une menace pour toute la région, jusqu’à la Chine-même. Même Abdullah-II, roi de Jordanie, toujours ce même jour, répétait à Hu Jintao ce message feutré…

De concert avec la Russie de Vladimir Poutine, la Chine bloque depuis des mois toute sanction sérieuse de l’ONU contre le régime, afin d’empêcher les USA d’y exercer leur influence, et surtout de leur barrer la route du pétrole iranien. Le 2/11, la conférence des six pays membres permanents du Conseil de Sécurité à Londres le 2/11, n’a pas changé de cap : les six « avancent » – très lentement – vers une 3ème résolution d’ici la session de décembre, et des sanctions, si l’Iran ne montre d’ici là aucune concession. Pour les Etats-Unis, le sous secrétaire d’Etat Nich. Burns se dit « déçu ». Un tout petit progrès à tout le moins : présidée par M. ElBaradei, l’IAEA (International Atomic Energy Agency) a promis de dire en décembre, si le programme nucléaire iranien comporte ou non un volet militaire.

Chang ‘E, le satellite lunaire, sur son orbe

Nommé d’après l’héroïne légendaire, Chang’E, le satellite lunaire chinois a été lancé (24/10) avec succès —comme 96 des 102 autres fusées spatiales chinoises depuis 1970.

Dès le 1/11, par petites poussées de ses boosters, l’engin étirait son orbite ellipsoïde, devant parcourir 1,56Mkm avant d’atteindre la Lune. Le premier jour critique était le 5/11, celui de l’entrée sur orbite lunaire, où toute erreur de pilotage ferait perdre l’appareil, par crash sur sol sélène ou par perte de contrôle dans l’espace. Une autre journée rouge est prévue le 7/11, jour du passage sur orbite rapprochée, à 200km de la surface. Si tout va bien, les 1ères données scientifiques de la mission voleront vers la Terre le 18/12. La suite est plus ambitieuse encore : l’alunissage d’un robot en 2012, d’un astronaute en 2020, l’ouverture d’une petite station permanente habitée de type Mir.

Dans ces buts, le programme annonce trois outils nouveaux :

[1] une 4ème aire de tir depuis l’île de Hainan, tropicale, économisant le fuel par une route plus courte (comme Kourou en Guyane, pour les lancements européens) ;     

[2] un lanceur Longue Marche V de puissance triple, pouvant arracher 25t à l’attraction terrestre contre 9 aujourd’hui (diamètre de 5,4m contre 2,4m au Longue Marche IIIB, nouveau carburant d’hydrogène et de kérosène); le tir inaugural est pour 2010;

[3] des barges maritimes pour acheminer les lanceurs de l’usine de Tianjin à la base de Hainan -pour l’heure, les vecteurs voyagent par train, par sections de 15m montées à l’arrivée. Tout ce programme nourrit des ambitions stratégiques, mais aussi et surtout commerciales : pour rivaliser avec l’ESA et sa fusée Ariane V, son atout maître qui lui offre un monopole des satellisations de charges lourdes — plus pour longtemps !

 

 


Argent : Banque de Pékin: je fais ta fortune, tu fais la mienne

Banque de Pékin : je fais ta fortune, tu fais la mienne

En entrant en bourse le 19/09, la Banque de Pékin vient d’éclairer la zone obscure qui entoure la source de la fortune de ces banques chinoises, et des riches.

En 1997, la Banque de Pékin ruinée, était restructurée pour se doter d’actionnaires de l’ombre.

Dix ans après, pour son 1er jour en bourse, les parts se dilatèrent de 81%, et  transparence oblige, les 1ers actionnaires furent révélés : c’étaient en fait leurs parents qui, bien informés, leur avaient constitué un bas de laine très pistonné. Wu Pengzhen, n’avait que 13 ans, quand il reçut des auteurs de ses jours, pour 10M de ¥ de parts, qui font à présent de lui un milliardaire (en yuans)  à 23 ans.  De même, Zheng Yuxuan n’avait qu’un an quand, sans le savoir, il acquit pour 2,7M de titres qui le mettent dix ans après, à la tête de 300 petits millions !

Mais qu’on ne s’y trompe pas. Ce genre de gâterie n’est accessible qu’à un club très restreint. En tout cas, il reste fermé à une catégorie, celle des campagnes (60% de la population), qui, source de la Banque centrale) ne reçoivent que 6% des 25.310MM¥ de prêts consentis de janvier à juillet, et ne réalisent que 2% des 37.090MM¥ d’épargne dans la période. Ce qui confirme l’adage éculé : les paysans ne sont vraiment « pas dans le coup »!

Pétrole : au bonheur des monopoles

Brisant sa promesse du mois passé, Pékin ose hausser de 500¥/tonne le prix de l’essence, +10%. Il le fait, forcé par la pénurie à la pompe.

Cependant les experts US estiment le nouveau prix équivalent à celui de leur pays avant taxe, c’est à dire bas, mais pas le plus bas. Qu’un tel niveau de prix, disent-ils, mène à la pénurie, ne peut s’expliquer que par une distribution inefficace, ou bien par le fait que Sinopec (et autres marchands) refusent d’approvisionner, afin de forcer l’Etat à monter ses prix (ou ses subventions), malgré ses déjà plantureux profits.

La tutelle se console en espérant, par son geste, débrider l’abcès, se rapprocher du cours mondial et inciter l’usager à l’économie. Dernier arrivant sur ce marché, la Cnooc, 3ème pétrolier local et spécialiste de l’offshore, investit à toute vapeur pour prendre sa part du gâteau : il annonce 1000 stations services d’ici 2010 à travers le pays, en pleine propriété ou en franchise. Il n’en a aujourd’hui que … 22.

Cnooc prépare aussi les raffineries nécessaires : sa nouvelle unité de Zhongjie (Hebei), acquise le 12/10 pour un montant secret (il veut la porter sous 3 ans à une capacité de 10Mt), son unité en JV de Huizhou (Canton) avec Shell, qui ouvre début 2008.                                             

NB : Le festin n’aura qu’un temps. Pang Xiongqi, vice Président de l’Université du pétrole, rappelle que le pic de production sera atteint dès 2015 (à 190Mt/an), et celui du gaz, à 120MMm3, en 2035.

 

 


A la loupe : Deux réformes aux sorts divers : alimentaire et santé

Sur la qualité des produits, la Chine entière est unanime pour réformer, et vite : en dépend sa bonne image, ternie par des mois de scandales à répétition !

A Canton depuis juillet, les 1726 fabriques de jouets habilitées à exporter ont été inspectées : seules 272 s’en sont tirées indemnes. 764 ont vu leur licence retirée ou suspendue, et 690 autres se sont vues astreintes à investir dans la sécurité.

Depuis septembre d’autre part, les contrôleurs d’hygiène ont arrêté 774 contrefacteurs de vivres, remèdes ou semences, et cinq pesticides à haute toxicité sont interdits. Tels sont les premiers résultats de la campagne «au lance-flammes», de Mme Wu Yi, avant de partir pour une retraite qu’on imagine hyperactive, selon son style.

Entre-temps, le Conseil d’Etat vient d’envoyer au Parlement, son projet de loi de la qualité alimentaire, destiné à relayer le manteau d’Arlequin qui encadre les millions de PME et groupes d’industrie et de commerce.

La loi-cadre renforce ou complète les normes à toutes les étapes, de la production à la péremption. Elle impose au producteur une analyse de risque sécuritaire, et resserre les contrôles à l’usine, sur le marché intérieur, à l’import et à l’export. Li Changjiang, ministre de la qualité, a fait partie des rédacteurs, et a peut-être pris les conseils de Margaret Chan, la Hongkongaise directrice générale de l’OMS (l’organisation mondiale du commerce), à Pékin le 31/10. « Impressionnée » par ces efforts, M. Chan avertit—quand même- qu’il faudra des années pour que tout rentre dans l’ordre.

Côté santé tombent des mauvaises nouvelles, suite de la pollution et d’une alimentation qui s’enrichit en graisses :

[1] en 10 ans, les cancers du sein ont augmenté de 31% à Shanghai et 23% à Pékin —mais ce bilan qui reste plus bas qu’en Occident, pourrait résulter paradoxalement d’un recensement plus fiable.  

[2] Les naissances à handicap ont augmenté de 41% depuis 2001, signifiant que 0,8 à 1,2M de bébés naissent à problème, sur 20M/ an, dont 30 à 40% décèdent, et dont seuls 20 à 30% seront soignés. Ce fléau s’aggrave dans les campagnes, et surtout près des bassins miniers, tel le Shanxi.

[3] Selon Mme Chan, le système de santé en milieu rural chinois est si mauvais que des centaines de M de paysans l’évitent. De ce fait, leur mauvaise santé est un facteur majeur de leur pauvreté.

En réponse, le vice ministre Gao Qiang a promis de publier vite le plan de réforme de la santé, bloqué depuis plus d’un an en un déchirant débat. C’est que c’est la Xème réforme en 15 ans, et que toutes ont échoué : cette fois, pas le droit à l’erreur. Toute le débat achoppant sur une question lancinante : comment répartir les coûts entre paysan, province et niveau central, pour obtenir un rapport qualité-prix présentable.

 

 


A la loupe : Le Congrès, et après…

Une fois rangés les tambours et les cors du XVII. Congrès, c’est le temps du bilan.

A posteriori, on constate des nominations au Bureau Politique, en fonction des factions plutôt que du mérite, et le déchirement de l’appareil entre le groupe de la ligue de la jeunesse communiste chinoise (LJCC) pour le Président Hu Jintao, et celui de Shanghai pour l’ex-vice Président  Zeng Qinghong, aujourd’hui en retrait, sinon à la retraite.

 

       Parmi les hommes promus pour le compte de Hu Jintao, figurent :

– Li Keqiang (54 ans), ex Secrétaire du Liaoning,

– Li Yuanchao (57 ans), chef du département de l’organisation du Parti, (remplace de He Guoqiang), ex- Secrétaire du Jiangsu

– Wang Yang (52 ans), étoile montante, ex-Secrétaire à Chongqing, qui ira début 2008 prendre ce même poste au Guangdong.

 

       Les fidèles de Zeng Qinghong incluent :

– Meng Jianzhu (60 ans), ex Secrétaire du Jiangxi, relayant

– Zhou Yongkang, comme patron du MSP,

– Wang Anshun, possible maire de Pékin après les JO.

 

Bonne nouvelle : 13 membres du Bureau Politique sont juristes et économistes, et non plus ingénieurs, promettant plus d’ouverture et de compréhension des problèmes sociaux.

Mais mauvaise nouvelle : on a préféré les apparatchiks, ex-Secrétaires de provinces, à de bons experts tels Ma Kai (patron de la NDRC, la Commission de développement et de réforme), Zhou Xiaochuan (gouverneur de la Banque centrale), ou Liu Mingkang (chef de la CBRC, la Commission de régulation bancaire).

 

       Concernant la composition des commissions et des cabinets, il faudra attendre : c’est à l’ANP, le Parlement, de « voter » ces nominations au pouvoir civil, en mars 2008. Mais dès à présent, bien des rumeurs courent. Ainsi, on aurait 3 vice 1ers ministres :

 

– Li Keqiang aurait charge des taxes, de l’industrie et du transport. Poste lourd, à travers lequel Hu Jintao espère le voir damer le pion à son rival Xi Jinping, qui relaie Zeng Qinghong, comme Vice Président. 

– Zhang Dejiang (61 ans), le gauchiste formé à Pyongyang, gérerait commerce, santé et qualité des produits, postes légués par Wu Yi -d’aucuns s’inquiètent de l’adéquation du profil à l’emploi?

– Wang Qishan (59 ans), maire de Pékin, gendre de Yao Yilin, relaierait Zeng Peiyan au plan, aux transports et aux finances.

 

                Parmi les autres nouveaux venus, figurent :

– Zhang Wenyue, 63 ans, succède à Li Keqiang au Liaoning,

– Yu Zhengsheng, 62 ans, fils d’un très haut cadre sous Mao, ex-Secrétaire au Hubei, relaie Xi Jinping à Shanghai,

– Liu Yandong (61 ans), seule représentante du beau sexe au Politbureau — depuis le départ de Wu Yi, la plus gradée du PCC!

 

NB : nommée pour être remarquée, Huang Yan, prochain Boss de l’urbanisme à Pékin, remarquable à 4 titres : femme, 43 ans, diplômée en Belgique, et membre d’aucun parti.

 

 


Joint-venture : Le TGV monte en vitesse

Un million de voitures pour General Motors

General Motors, la multinationale américaine de l’automobile, avance mieux en Chine que chez elle, où elle franchit en 2007 la barre des 1M de ventes (+20%), contre 20.000 en 1099. Ce qui lui permet, comme dix ans plus tôt, d’investir en lourd, pariant sur une rupture technologique en ce pays, contrairement à Europe ou Amérique, trop rivés aux technologies du pétrole, pense le groupe. La Chine n’a pas les moyens, ni l’équipement d’un avenir auto « tout pétrole ».

Aussi R. Wagoner, DG-Chine de GM, prétend-il alors équiper sous 5 ans, jusqu’à 50% de sa production chinoise en moteurs hybrides et à carburant organique. Pour y parvenir, il annonce un centre de recherches géant à Shanghai, en énergies nouvelles (fuel cell, éthanol), et autres designs avancés. Le budget de 250M$ concerne un campus General Motors, dont le centre de R&D fait partie. Un autre centre à 5M$ en cinq ans, verra le jour à Pékin dans les mêmes domaines, en collaboration avec le partenaire SAIC (Shanghai Automobile Industry Co.) et l’université Tsinghua, en plus des 1300 chercheurs que GM entretient avec SAIC. Grâce à cela, dès 2010, General Motors compte fournir en Chine 10.000 véhicules hybrides.                   

NB : GM ne le dit pas, mais ses chercheurs nationaux sentent le vent du boulet : moitié moins coûteux, l’effort de R&D de GM en Chine, pourrait rendre redondante celle de GM en Amérique

Le TGV monte en vitesse

Le hasard veut que Pékin octroie à Bombardier (Canada) un contrat à 1MM² en TGV (31/10), un jour avant que son ambassadeur ne soit convoqué suite à l’entretien à Ottawa entre le 1er ministre Harper et le Dalai Lama. Mais l’usine BSP de Qingdao (Shandong), JV entre Bombardier, Power Corp (Ca) et China South Loco. a besoin d’ouvrage!

Sont commandés 640 wagons (quarante rames, 16 voitures) automoteurs dont la moitié avec couchettes, à vitesse max. de 250km/h. Les livraisons s’échelonneront entre février 2009 et août 2010. La part du contrat dévolue à Bombardier s’élève à 40%. Bombardier collectionne aussi les contrats de métro (740 voitures en 18 mois), et conforte ainsi sa position privilégiée sur ce marché.                                          

D’autre part, le montage financier pour la ligne Pékin-Shanghai apparaît, annonçant l’imminence des travaux. Son coût vient d’être révisé de 13 à 22MM².

Le chantier sera supervisé par un groupe de 26 hauts cadres, dont le vice 1er Zeng Peiyan, les mi-nistres Ma Kai (NDRC) et Liu Zhijun (chemins de fer). La gestion de l’outil reviendra à une Corporation des TGV Pékin-Shang-hai, au capital de 11MM², dont 35% au ministère, le reste des parts saupoudré entre sept provinces ou villes, des banques, assurances, le fonds de la Sécurité Sociale, un fonds étranger – encore anonyme. Apparemment, les investisseurs ne se bousculent pas : les 1ers profits n’apparaîtront que 10 ans après. Mauvais argument de vente, en cette Chine encore abonnée aux profits à court terme !

 

 


JO : La tension monte

[1]  A Olympie, les Jeux Olympiques étaient le temps d’une trêve: Pékin qui s’en souvient, plaide auprès des 192 Etats membres de l’ONU pour qu’ils cessent tout conflit durant «ses» Jeux !

Dans le même souci sécuritaire, Liu Qi, maire et Mr JO, annonce une rallonge budgétaire des Jeux, de 1,6MM$ à 2MM$ (due aussi à la hausse du ¥uan).

[2] UNEP (l’agence environnementale de l’ONU) et CIO étaient à Pékin le 26/10 pour un bilan de la lutte antipollution : au beau milieu d’une terrible boule de smog… «Bravo pour les efforts», conclut l’UNEP, «mais peut être insuffisant ». Tandis que Jacques Rogge, Président du CIO, craint le report de certaines épreuves, puis se rétracte le lendemain: l’atmosphère pékinoise, lors des Jeux, sera «parfaitement gérable » !

[3] Plus de publicité pour les stars des stades – l’administration des sports l’exige. Tous en retraite, jusqu’aux JO! Même Liu Xiang, le recordman du 110m haies.

Mais une telle claustration est-elle raisonnable? s’interrogent consultants et experts. Les sponsors (Coke, Nike et d’autres…) eux, se regardent, perplexes et lésés.

[4] Jusqu’alors, pour tricher aux compétitions et critériums, écoles et provinces gommaient jusqu’à trois ans de l’âge de leurs «poulains». Désormais, c’est fini : à partir de décembre 2007, une base de données identifiera 41.000 athlètes, et tous auront leur carte d’identité !

 

 


Petit Peuple : A Canton—être Bill Gates ou rien!

En ce pays dont l’histoire récente fut gommée, la jeunesse qui veut se démarquer, prend ses idéaux hors frontières – en Amérique, la terre promise ! A Canton, Shen Ran suit l’exemple de Bill Gates, le marchand de logiciels. Certain d’être la réincarnation (avant l’heure) du magnat, il aspire au même des-tin, dans le Céleste Empire.  

Natif de Kunming (Yunnan), Shen Ran s’est distingué dès la tendre enfance de ses camarades par une créativité débridée, qui fit de lui l’auteur de gadgets tels ce rétroviseur agrandissant l’angle mort, ce pot catalytique très révolutionnaire, ce peigne de douche avec doseur de shampoing intégré.

 A l’instar du fondateur de Microsoft, Shen Ran revendique la même haine de l’école, trop casanière à son goût. Ce n’est que pour plaire à ses parents qu’il entra en 2004 à l’Université du pétrole à Pékin. Il n’y tint que 3 jours, avant d’en ressortir furieux, et d’aller à Canton à l’Université technologique méridionale, où il changea deux fois de faculté. Montrant ainsi ses tâtonnements dans la recherche de sa voie.

Quoiqu’il se dépeigne volontiers sous les traits d’un original, Shen Ran se révéla en septembre 2006 parfaitement conformiste, en marchant dans les traces de 10aines de M de Chinois vers la bourse de Shanghai. Il y joua les 14.000¥ alloués par sa famille pour financer ses frais d’inscription et ses besoins du prochain semestre. Or, 3 jours plus tard, son choix de titres à l’aveuglette lui avait fait griller 30% de son pécule -désastre! Poussé par la nécessité, Shen Ran mit à l’abri les miettes de sa fortune, puis tel Bouddha, se retira au désert de sa chambrette. S’astreignant à des tours de cadran afin de pouvoir sauter des repas, il s’initia 6 h./jour (en plus du cursus normal) aux arcanes de l’agio, perça le secret des pics de fluctuation des titres, domestiqua les caprices des cycles boursiers et les mystères de la corbeille.

Quatre mois plus tard, il se sentait prêt, ferme sur ses jambes. La bourse chinoise vrombissait comme un essaim de guêpes, sur le point de prendre l’envol historique qui bouleverserait le monde : il y retourna, et réussit cette fois des placements miraculeux.

Son vrai coup de génie fut de placer sur internet ses pronostics quotidiens, auprès de QQ, la messagerie en ligne : vite,  il compta 100 disciples, dont la masse éblouie augmenta à rythme hyperbolique. En janvier, il remporta le prix boursier de la Guangdong Development Bank, en prédisant au mieux l’évolution de valeurs fictives : ce fut le triomphe !  

Dès lors, sacré gourou d’un fonds privé de 10M¥,  ce garçon de 22 ans a lancé la prochaine étape de son plan de vie «en mode Bill Gates»: gagner assez pour jouer dans la cour des grands, se présenter dans une industrie stratégique, pour y placer, en plus de ses espèces, les trésors virtuels de ses propres brevets!  

Si, après tout cela, Shen Ran devient bien millionnaire, rejoignant son héros yankee, ce se-ra grâce à une chance phénoménale, mais aussi à son toupet :  pour avoir osé, après son premier échec, « réorganiser ses tambours et drapeaux» (重整旗鼓, chong zheng qi gu) -préparer la prochaine bataille, et pour finir, gagner la guerre!  

 

 


Rendez-vous : A Shanghai et Canton : Salon de la Franchise

3-10 novembre, Pékin : Semaine de la mode

7-9 nov., Shanghai : RE China Asia Expo, Salon mondial de l’imprimerie

8-9 nov., Shanghai, puis 12-13 à Canton : Salon de la franchise