Le Vent de la Chine Numéro 29

du 9 au 15 septembre 2007

Editorial : Energie : l’égoïsme sacré

Entre les sommets de Davos à Dalian et de l’APEC Coopération Economique de la zone Asie-Pacifique – à Sydney (6-7/09), tous les sujets (environnement, énergie, sécurité, commerce…) renvoient les uns aux autres, jeux de miroirs, qui exposent l’interdépendance croissante entre les pays, et ses complexités encore mal maîtrisées !

A Sydney, en matière de lutte contre le réchauffement climatique, Hu Jintao causa la surprise en défendant victorieusement l’ONU (Organisation des Nations Unies) et son plan de Kyoto, contre la tentative de projet unilatéral de G.W. Bush. L’APEC discuta aussi, en termes peu concluants, de sécurité des produits (chinois, sous-entendu!), et de relance de la ronde de Doha, dont les chances de succès se précisent, à en croire  Pascal Lamy,  Secrétaire Général de l’OMC – lorganisation mondiale du commerce.

Le plan d’action chinois « énergies renouvelables » fut dévoilé le 4/09 par Chen Deming, de la NDRC, National Development and Reform Commission, « chef d’orchestre adjoint » de l’économie chinoise : 200MM² à dépenser d’ici 2020, dont 80% par les entreprises, incitées par des aides diverses.

De ces fonds, plus de la moitié iront aux grands barrages à l’Ouest. 30 GW de capacité iront à la biomasse, notamment au biofuel, dont la Chine veut produire d’ici là 50MTEP. En éoliennes, à 30GW d’ici 2020, l’objectif reste très en dessous du potentiel : Pékin s’est donné comme priorité de garder une politique tarifaire favorable au «made in China», sans s’inquiéter des pertes et retards que cette protection induira, en terme d’investissements et de technologies de pointe. Au nom des fleurons de l’industrie européenne, et du consommateur chinois, Jorg Wuttke, Président de la Chambre de commerce européenne s’en plaint (5/09), dénonçant une «distorsion aux promesses faites à  l’OMC».

En marge de l’APEC, la CNPC, la compagnie nationale pétrolière,  signe un lourd contrat gazier avec Woodside (4/09), dont Shell est actionnaire à 34%. Durant 20 ans, Shell fournira  jusqu’à 3Mt /an de GNL du gisement de Gorgon, moyennant 49MM$.

Affaire très politique. CNPC renonce à 5 ans de fronde pour faire baisser les prix «aussie» : c’est que dès 2013, il aura besoin de ce gaz, pour ses terminaux GNL (gaz naturel liquéfié) en construction à Rudong (Jiangsu), Dalian (Liaoning) et Tangshan (Hebei). Mais avec ce contrats et d’autres, la Chine prouve à l’Australie, sans bavure, quel est son vrai client, allié et avenir. La Chine va prendre en Australie pétrole, bois, laine, minerai de fer, uranium —face à cela, Washington a peu à rétorquer.

Revenons à ce patriotisme énergétique chinois: grâce à lui, Sinopec, avec 106MM² de revenu en 2006, demeure la firme la plus riche du pays. Cette année, peu patriotes, elle et CNPC, qui se partagent le quasi-monopole du raffinage, ont préféré exporter, pour profiter des meilleurs prix étrangers. D’où un début de pénurie : au Fujian, au Heilongjiang, les chauffeurs font la queue aux pompes, et en août, 46.000t de carburant importé fut débarqué à Zhuhai et à Ningbo—c’était une 1ère…

C’est pourquoi étranglés par CNPC et Sinopec (qui réservent le stock à leurs propres stations, 49% du parc national), les pompistes indépendants se retirent et cèdent leurs stations aux étrangers: Total vient de racheter 20 stations au Liaoning. Tandis que Pékin envisage d’imposer aux raffineurs un quota pour les privés, de 5 à 10% de leur production -manière de rafistoler le marché, sans casser leur monopole !

 

 

 

 


Temps fort : Avant le XVII. Congrès : recolorier l’image

A la veille du «shiqida» (十七大, XVII. Congrès), Pékin communique beaucoup.

Vers l’extérieur, c’est pour enrayer sa perte d’image, consécutive aux rappels de produits défectueux, qui n’en finissent pas —aux USA, Mattel, le n°1 du jouet, en est à son 3ème rappel.

Vers l’intérieur, c’est pour réitérer les promesses face aux crises du moment—qualité des produits, inflation, pollution, coût du logis… Beaucoup de propagande, mais pas seulement. Une partie des nouvelles « positives » de la presse reflète des succès commençant à apparaître, de politiques lancées depuis plusieurs années. D’autres parmi ces nouvelles, annoncent un objectif à long terme, dont la réalisation incombera à la prochaine administration…

Ainsi, sans chiffres (secret d’Etat), la Cour Suprême prédit une forte baisse des peines de mort, depuis sa propre entrée en fonction (au 1/01/2007) comme instance d’appel obligatoire. La chute la plus forte concerne les escroqueries et la corruption. La Cour prévoit aussi une procédure plus équitable pour les preuves matérielles, le contre-interrogatoire, l’audition de témoins, la durée du procès.

Le 1er ministre Wen Jiabao lance au 1/10 une réforme de la sécurité sociale qui va bouleverser la donne de la santé chinoise. Aujourd’hui, 80% du budget national va aux cadres. Depuis 1994, seuls les employés, urbains et résidents peuvent cotiser – ce qui exclut leurs enfants, les migrants et les chômeurs. Mais au 1/10, suite aux préparatifs de l’agence interministérielle de Mme Wu Yi, les 79 plus grandes villes doivent élargir la couverture à tous, et ce plan sera élargi à « presque » tous d’ici 2010. Le problème étant bien sûr celui du financement : on obtiendra une meilleure couverture à la côte, qu’au Tibet…

Le Conseil d’Etat vient d’ordonner aux villes de fournir aux pauvres, d’ici 2010, des HLM de 60m², des «ça-m’suffit» en vente subventionnée, et du « haut de gamme pour pauvre » à prix fixe. La capitale ouvre le bal, préparant sous 3 ans, 300.000m² de HLM, 10Mm² de logement à bas prix, et 10Mm² à prix fixe!

Enfin, au tableau public des bons sentiments, entre inévitablement l’écologie : sur plusieurs milliers de PME inspectées par les limiers de la SEPA le long du Yangtzé, du Fleuve Jaune, de la Huai ou de la Hai, 400 usines viennent d’être fermées comme irrécupérables. 762 autres sont immobilisées ou taxées (71M²).

NB : l’amende de pollution va être déréglementée pour atteindre jusqu’à 30% du coût des dégâts publics. D’autre part, symptomatiques d’une audace nouvelle des citoyens, les fauteurs de plus en plus sont repérés suite à dénonciation : depuis sa création en 2004, ce service de la SEPA (State Environmental Protection Administration) a vu le nombre d’informateurs téléphoniques doubler chaque année, pour atteindre les 800 au 1er semestre !

 

 


Pol : Chine : la multiplication des évêques

La multiplication des évêques

Wen Jiabao est à Dalian (Sommet de Davos), Hu Jintao à Sydney, (APEC), et  tous les autres édiles de la nation ont les yeux rivés sur le XVII. Congrès.

C’est le moment que choisit Liu Bainian, «n°2» (en fait, patron) de l’Association Patriotique Chinoise, l’église officielle catholique, pour annoncer une imminente abondante moisson d’évêques, avec ou sans l’aval du Pape.

Le problème de Liu : un concordat est inévitable, probablement proche, apportant la réconciliation et le retour du Pape en Chine. Las de voir proliférer sectes et chapelles clandestines, Pékin veut rendre aux églises « bona fide » les moyens de formation suffisamment de prêtres, et d’assurer leur discipline interne. Pour vider de son sens cette normalisation où il perdra tout, (et avec lui, tous les prélats « rouges »), Liu doit remplir tous les postes avec ses ouailles. Pour ce faire, il a un alibi en or : 40 diocèses sur 97 sont sans évêque et de ce fait se meurent – la foi n’attend pas. Et Liu a l’intelligence de nommer des hommes jeunes (moyenne 40 ans), bien formés en séminaires.

Le problème du Pape : il veut bien « partager » le pouvoir de la nomination des prêtres, mais pas l’abandonner. Liu dépend trop du parti communiste chinois et ne constitue aucune garantie de séparation entre l’église et l’Etat.

Le problème de Pékin : il va avoir besoin du Vatican, et pourrait vouloir composer, face à l’encombrant allié qu’il s’est lui-même créé. Mais il doit assurer sa solidarité socialiste à tout organe de l’Etat—même une église. Même si les intérêts divergent !

 

OMC : première passe d’armes

En février dernier, Mexico et Washington lançaient ensemble leur plainte conjointe contre la Chine devant l’OMC.

Pékin a alors usé de son droit de veto pour six mois, et après deux tentatives ratées de conciliation, USA et Mexique viennent de redéposer la requête, immédiatement jugée recevable. Constitué à Genève le 31/08, le panel international va évaluer si les restitutions à l’export (grâces de TVA) octroyées par la Chine à ses industriels sont conformes ou non aux normes du corps mondial des échanges. Il s’agit, de loin, du plus important litige jamais déposé devant l’OMC. Pékin répond en niant tout : certaines des aides seraient déjà éliminées, d’autres partiraient au 1/01/2008, avec l’entrée en vigueur de la loi révisée de la taxe sur le revenu.

Que Pékin soit ou non en train de régler cette vieille distorsion, cette plainte est plus révélatrice de ce qu’elle tait que de ce qu’elle traite. Elle reflète l’impatience grandissante des partenaires d’une Chine à l’industrie tournée sur l’export, tandis qu’elle-même laisse ses pirates en liberté et protège encore ses services, son marché de l’équipement et tout secteur encore non compétitif.                                

NB : Washington maintient une autre plainte devant la même instance, contre l’irrespect de la propriété intellectuelle en Chine —tandis que depuis mars, l’Union Européenne poursuit Pékin contre la taxation discriminatoire de ses producteurs de pièces automobiles.

 

Le retour des conflits ethniques

A 10M disséminés à travers l’empire, reconnaissables à leur calotte blanche, les Hui forment la minorité musulmane la plus volumineuse de Chine.

Depuis des lustres, l’Etat mène envers eux une politique prudente et protectrice, n’hésitant pas à leur octroyer privilèges et passe-droits au nom de la paix sociale. Mais cela ne suffit plus. Le 17/08, à Shimiao (Shandong), des milliers de Han et de Hui en ont décousu en des combats de rue, avant que police et armée ne parviennent à imposer le couvre-feu. Au départ, un incident banal —un jeune pickpocket Hui pris sur le fait, tabassé, suite à quoi ses proches mirent à sac l’artère principale, provoquant les rassemblements de haine et de panique… Bilan de l’émeute : un mort (musulman), quelques dizaines de blessés de part et d’autre.

De même, durant trois semaines entre les 4 et 22/08 à Gande (Tibet), des centaines, puis des milliers de Tibétains, laïcs ou dans les ordres ont maltraité la minorité Hui vivant parmi eux, détruit un restaurant et une petite mosquée. En une tentative de rétablir l’ordre, 20 Tibétains ont été arrêtés—deux moines du monastère de Tongkyab restent sous les verrous.                      

NB : La majorité de ces incidents qui abondent, le plus souvent secrets, révèlent l’implication de bien d’autres minorités, tels les Tibétains et les Ouighours. Sur le fond, les Hui craignent leur disparition dans le creuset économique de la Chine du XXI. siècle. Les Han eux, estiment « avoir assez donné ». L’Etat sépare les combattants, et ne sait que faire.


Argent : Huiyuan—la chevauchée fantastique

Encore en gare, le « Hong Kong-stock express » prend du retard

A 7,5MM$, la seconde plus importante entrée mondiale en bourse de l’année se prépare. Elle concernera la banque CCB, la banque de la construction, n°2 du pays, et elle se fera à Shanghai et en Yuan.

Pour l’Etat, c’est bien, dans son souci d’assécher le marais des liquidités. Dans le même ordre d’idée, même si au fond, il ne croit pas à la surchauffe, l’Etat vient de porter à 12,5% (+0,5%) le seuil des réserves bancaires.

Pour une rare fois, la CCB manque de chance. Sa tentative d’entrer en Bourse, entre en collision avec celle de l’Etat, dite « HK-Stock-express », d’ouvrir le droit illimité pour les citoyens de boursicoter à Hong Kong, au HKSE, depuis les places de Tianjin, Shanghai et Shenzhen. C’est que à peine connues ces deux annonces, les « red chips » de titres comme CCB, à Hong Kong, ont commencé à monter en valeur, et à réduire l’écart entre leur cours Hongkongais (en HK$) et celui sur le point d’être souscrit (en RMB) à Shanghai. En clair, Shanghai s’effrite, ce qui n’était pas le but du jeu.

Du coup, échaudée, la CSRC (China Securities Regulatory Commission) retarde le départ du « HK-stock express », et prépare pour la CCB des handicaps, afin de décourager ou plutôt retarder ce type de vocation !

NB : La Bank of America qui détient déjà 8,52% de la banque de la construction, soutient son partenaire, en plaçant 150M$ dans une JV de leasing en énergie et  chemins de fer, dont elle tiendra 24,9%.

 

Huiyuan—la chevauchée fantastique

Huiyuan, le plus important presseur de nectar  de fruits en Chine, poursuit une course haletante au réinvestissement. M. G. Mouw son vice Président veut le faire croître « à deux fois le rythme du marché », en empiétant sur les marchés de la concurrence et ceux des marchés parallèles, sodas et eaux.

En 2006, Huiyuan produisait 1,8Mt de nectar, 38,8% du marché. Son profit avait doublé, à 22M². Comment fait-il ? Tout d’abord, il suit la demande. Après avoir consommé 20 ans boissons carbonées et jus bas de gamme (moins de 25% de fruit), le Chinois veut de la qualité.

Or, la matière 1ère est surabondante (60% du fruit mondial, produit en Chine) —même si la pomme surenchérit cette année à +40%. De plus, l’Etat encourage l’agroalimentaire: en ouvrant trois usines l’an dernier (Huanggang, Chengdu, Xiangyang), Huiyuan a obtenu une grâce d’impôt. Enfin, le marché reste embryonnaire – le Chinois ne consommant que 3,4l/an, 1/10ème de l’Américain. Cette année, deux nouvelles usines sont prévues, grâce aux 400M$ engrangés en février en bourse de Hong Kong. Sa capacité de pressage aura augmenté de 10%, à 2Mt de jus.                        

NB : Ceci est bon pour Danone, en litige avec sa filiale Wahaha, mais aussi actionnaire à 22% de Huiyuan, affaire qui marche !

 

 


A la loupe : Médecine : l’étonnante redécouverte du professeur Xue

Depuis son Institut national de médecine chinoise (à Pékin), le professeur Xue Ligong pratique depuis 30 ans une microchirurgie antique, qu’il a découverte dans le Neijing (内经), manuel médical remontant à l’ère de Jésus-Christ. Alors, explique le Pr Xue, l’acupuncture comportait 9 aiguilles et non une seule : « grande », « longue » ou « ronde », chacune pour un usage spécifique, dont 8 ont été oubliées.

Mais pas pour toujours : dans les années ’70, ce jeune praticien, assigné au Qinghai lors de la Révolution culturelle, constata qu’arthrite ou rhumatisme, contrairement à la foi traditionnelle, n’étaient pas l’effet du froid humide sur les articulations, ni d’une piètre circulation, mais d’une contraction du muscle (经筋) enveloppant l’articulation. Trop sollicité, le muscle formait une boule compressant la veine ou le nerf, d’où la douleur. Compulsant le texte antique, il eut alors l’idée de faire appel à l’aiguille dite «longue et ronde» (长圆针changyuanzhen). Avec sa lame de 2mm de long, il passa sous le derme et s’attaqua à la boule pour en re-séparer les fibres, tout en libérant sa surface d’une couche de débris cartilagineux.

Selon praticiens et patients, le résultat est d’un succès surprenant : même anciennes, des douleurs aigues disparaissent en quelques minutes, pour de bon. Des genoux, des épaules bloquées se libèrent. 600 points de douleur à travers le corps peuvent être ainsi traités, au moyen d’une anesthésie locale légère, sans traumatisme postopératoire. Enseigné à l’Institut national, le changyuanzhen a été homologué par le ministère de la santé : déjà plus de 3000 médecins y ont été formés, de Chine et de l’étranger (Indonésie, Hong Kong, Allemagne). Un manuel de 500 pages est publié—un site internet est en construction…

Avant d’avoir la reconnaissance mondiale, un long chemin demeure au changyuanzhen, qui remet en cause bien des idées admises par la science. Mais cette technique offre bien des séductions, comme celle d’un coût quasi-nul, d’un confort élevé et d’un outil nouveau -ils sont rares- contre la sclérose de l’organisme : face au vieillissement de toutes les sociétés, et à l’explosion des coûts de la santé, le changyuanzhen a forcément un bel avenir.

 

 


A la loupe : APEC: Hu Jintao, l’Onusien

Le sommet de Sydney, des 21 chefs d’Etat de l’APEC (Coopération Economique de la zone Asie-Pacifique), vient de s’achever. G.W. Bush comptait en être le pivot, par ses initiatives en terme d’environnement, de sécurité et de commerce : mais rien ne s’est passé comme il l’espérait. 

En matière de réchauffement climatique, Bush proposait aux 21 Etats de «dépasser» la convention de Kyoto (ses quotas nationaux de coupes des émissions de CO²), par une approche volontariste et facultative de hausse de leur «intensité énergétique». Mais Hu Jintao dynamita cette approche: « à réchauffement global , dit-il, pas de solution régionale. C’est à l’ONU (l’organisation des Nations Unies) que revient la compétence ». Soutenu par la Malaisie, l’Indonésie, la Thaïlande et les Philippines, Hu affirmait pour la 1ère fois la primauté d’une règle mondialiste… Face à ce blocage, Bush dut se résigner, au communiqué final, à un objectif commun de hausse de rentabilité énergétique (dénoncé par tous comme «trop peu, trop tard»), mais aussi à cette primauté du cadre onusien du plan de Kyoto-II, dont les négociations débutent en décembre à Bali (Indonésie).

Ainsi, quoique leader du 1er pays pollueur mondial, Hu apparaît comme l’homme responsable, qui ramène dans le giron de l’ONU les USA, pollueur n°2. Il en profite pour distiller son concept de «responsabilités communes mais différenciées», et adjurent les riches de réduire leur pollution et transférer aux pauvres leurs technologies propres…

Au chapitre sécurité, G.W. Bush était venu négocier le maintien d’une alliance contre l’intégrisme islamique. Mais les exercices navals en mer du Bengale au même moment (4-11/09), entre Inde, Japon, USA et Australie, et un «trilogue» entre ces trois derniers le 8/09, semblaient bien nourrir le vieil objectif américain de « contenir » la Chine. Le malaise était entretenu par ces informations convergentes : l’APL (l’Arméee populaire de libération) aurait « hacké » les sites internet de la défense entre Washington, Paris, Berlin et Londres : un tel soupçon n’améliora pas l’image de la Chine ni la confiance envers elle !

Pour autant, rien de tout ceci n’empêcha Hu de convenir avec l’australien J. Howard, d’un rendez-vous pour 2008, un dialogue stratégique de sécurité. Canberra n’a pas le choix, vus les centaines de MM$ de produits que la Chine s’apprête à lui acheter: l’obligeant à réviser ses alliances !

 

 

 


Joint-venture : JCDecaux toujours plus haut

JCDecaux toujours plus haut

Fruit de dix ans de travail, JCDecaux vient de renforcer son alliance avec le métro de Shanghai.

Déjà titulaire de la publicité sur les cinq lignes existantes (dans les rames, et à quai), le champion européen de l’annonce obtient (4/09) l’exclusivité sur toutes les lignes de la tête du Yangtzé—y compris les trois lignes nouvelles d’ici l’Exposition Universelle de 2010 (70M de visiteurs, dont bon nombre en métro), et les 5 qui suivront d’ici 2012.

D’ici là, il fournira en supports publicitaires 250 stations, et atteindra 6M de voyageurs par jour. Pour ses 15 ans d’exclusivité, JCDecaux estime ce marché à 1,5MM², ce qui n’y apportera qu’une hausse de 1,5% à son chiffre d’affaires. Pour ce contrat, le montant de la royalty concédée à la compagnie du métro n’a pas été dévoilé.    

NB: JCDecaux a offert le 13/06 à Paris, 10.000 vélos publics Vélib et leurs stations : contrepartie pour la concession de 1700 panneaux muraux. Alors, à quand le Vélib à Shanghai?

 

Assurances : la patience, vertu zurichoise

L’étranger fait sa place dans la publicité chinoise, dans l’alimentaire, mais dans la finance, c’est une autre affaire. Zurich Financial, un des acteurs mondiaux de l’assurance, veut sa part du marché chinois, et pour y parvenir, a pris 20% du n°4 chinois (en recettes) New China Life.

Est-ce lié ou non? Récemment, Guan Guoliang, le président de New China Life avait placé 1,3MM² des réserves du groupe en immobilier de qualité, mais en infraction aux règlements de tutelle. Sur quoi le gouvernement a simplement racheté une minorité de contrôle des parts, et limogé le PDG. Malgré ces vagues, Zurich vient d’engranger un 2d assureur, Best Harmonious, après en avoir repris 24,5% pour un montant tenu secret. Les autres actionnaires étant des investisseurs privés. Rebaptisé Zurich Insurance Brokers (Beijing) Ltd, le groupe est une petite structure, mais Zurich en a meilleur contrôle, et espère recruter sous deux ans, 1000 courtiers sous sa bannière.                 

NB : en ce pays avec nouveaux riches mais sans sécurité sociale, le marché de janvier à juillet, a progressé de 22%, à 41MM² : de quoi voir venir!

 

 


JO : Pollution, terrorisme, et poulet vierge

Pollution, terrorisme, et poulet vierge

ª A 11 mois des Jeux Olympiques, le ministre hongrois de la défense Imre Szekeres offre à Pékin son laboratoire mobile (déjà à Athènes en 2004), en prévention d’une attaque massive par arme biologique.

ª Courtoisie mise à part, les USA ne supportent plus le smog pékinois, pourtant moins grave la semaine passée : ils préparent le logement de toute leur équipe à Cheonan en Corée du Sud, d’où ils s’entraîneraient hors pollution, avant d’être acheminés au site de leur épreuve par pont aérien, au strict moment nécessaire…

ª le gastronome aventureux devra faire son deuil de traductions folles des plats dans les auberges pékinoises, telles « poulet vierge », « foie braisé ‘mari et femme’ » ou « tofou de la grêlée » : 400 versions correctes en anglais châtié sont recommandées sur internet—les patrons auraient, dit la presse, le droit de refuser…

ª Par contre, durant les Jeux, dans la rue ou dans les stades, en cas de scandale, qu’il s’agisse d’un slogan dissident, ou du désespoir trop affiché d’un supporter déçu, le régime est clair :

le bon citoyen doit (1) faire taire, et en cas d’échec, (2) dénoncer sans retard l’individu suspect auprès de l’agent voisin.

 

 


Petit Peuple : Chongqing – un retour risqué à la nature

Le citadin chinois a souvent gardé la fibre paysanne – sa montée à la ville, le plus souvent, date de 25 ans à peine. La nostalgie puissante de ce passé qui vient encore, est le ressort du drame de Xiao Jianyong et sa femme Li Huajuan, à Cipingba (Sichuan).

A Chongqing en 2000, ces deux jeunes venaient d’avoir leurs diplômes d’informatique et d’hôtellerie, et montaient leur firme de vente en gros d’ordinateurs : métier lucratif, à condition de travailler dur. Trois ans de cette existence, avaient laissés Xiao et Li épuisés, mais riches de M de yuans et d’autres biens sous le soleil : ils décidèrent alors de vendre leur fonds de commerce et vivre de leurs rentes—ils avaient 28 ans.

C’est en 2004, chez un ami du Hubei voisin qu’ils rencontrèrent le rêve qui devait captiver leur existence : se faire maraîcher. Tel Dr Jekyll et Mr Hyde, l’affaire avait deux visages. L’un idyllique, prétendait retourner à la nature et à ses rythmes, et telle Marie-Antoinette au Trianon, peigner les agneaux, jeter le pain aux canards et taquiner le goujon… L’autre se voulait technique et capitaliste : ils aspiraient au succès financier, en produisant les légumes dont la ville raffolait, et à bon prix, hors saison. Ils avaient choisi Cipingba, où la saison est décalée de deux mois par l’altitude (1350m). Dans la terre jaune, ils creusèrent un entrepôt  pour les 80t de leur future récolte ; ils bâtirent leur maison (jacuzzi, Wifi) : acquirent le tracteur, le semoir dernier cri. Ils plantèrent 47ha de radis. A l’automne ’05, ayant écorné leur patrimoine d’1,3M¥, ils étaient prêts….

C’est alors que tout dérailla. Durant des mois, la pluie disparut, brûlant la moitié des plantations. Puis vint la flambée du diesel, qui telle une nuée de sauterelles de l’Apocalypse, découragea les camionneurs de s’aventurer loin des villes : la mort dans l’âme, le silo menaçant de pourrir, ils durent jeter leurs radis aux cochons.

En décembre, ils furent bien heureux que leur mentor accepte de leur prêter 200.000 ¥, et de pouvoir brader leur appart en ville (320.000 ¥), afin de payer les employés et planter pour la campagne de 2007…

Cette fois, ils avaient cru agir avec logique, en choisissant un légume « spécial sécheresse », comme le piment, dont ils plantèrent 35ha. Mais le mauvais sort était encore là pour leur faire la nique : des trombes apparurent, qui réduisirent en pulpe fétide la plupart des espaliers rougissants…

Ils en sont là : l’ultime espoir repose sur les 25ha de soja et de maïs d’automne, pour peu que le ciel se dégage et leur laisse le temps de récolter…

Bien seuls dans leur désastre, nos deux apprentis maraîchers cauchemardent, sentant tout près d’eux « l’eau profonde et le feu ardent» (水甚火热, shui shen huo re) – l’insécurité qui hante.

Pour autant, refusant les conseils patelins, ils refusent de retourner en arrière, à la ville. D’abord, parce qu’ils sont des battants, et savent que la victoire se mérite, par le courage. Ensuite, car en toute chose, la Chine accède en un éclair, à un stade que l’Ouest a mis un siècle à atteindre. En l’occurrence, la pensée écologique, le désir, après avoir cassé la nature, de la protéger et rétablir. Une passion qui comme toute autre, n’a pas de prix !

 

 


Rendez-vous : Le rendez-vous annuel de la Foire de Xiamen

8-11 sept. Xiamen Int’l Fair

12-14 sept. Shanghai : CITEXPO, Salon du pneu et métiers dérivés + Automotive Testing Expo China

12-15 sept, Shanghai : Salon du meuble

13-15 sept. Shanghai: Asia Golf Show