Le Vent de la Chine Numéro 12

du 25 mars au 31 mars 2007

Editorial : Planète bleue—Pékin, le monde, et Mère-nature

La Chine dévore 15% de l’énergie du monde, mais ne crée que 5,5% du PIB global : prix à payer pour son rôle d’usine du monde, low-cost. C’est Ma Kai, patron de la NDRC (National Development and Reform Commission) qui l’avoue au Forum national de Développement à Pékin (19/03). Et c’est le signe d’un pouvoir résolu à changer de croissance.

Le même jour, à Potsdam (Allemagne, 19/03), au sommet des  8 puissances économi-ques et de 5 autres grands pays émergents, (ensemble, auteurs des 2/3 des 3MMt /an de gaz à effets de serre), le ministre de l’environnement Xie Zhenhua confirme l’adoption imminente d’un plan national de lutte contre le réchauffement global. D’ici 2010, il vise une épargne de 20% de l’énergie, la poussée du renouvelable de 6% à 10% (16% en 2020), et l’exploitation minière de 10MMm3 de méthane de charbon, contre 200Mm3 en 2006. La Chine revendique 37.000 MMm3 de ce gaz, ou les troisièmes réserves mondiales…

Mais ce tableau idéal est terni par 2 ombres :

[1] Les experts réfutent le réalisme de tels objectifs, ne serait-ce que parce que dès cette année, et non en  2009 comme prévu, la Chine va devenir le 1er émetteur de CO², tandis que les décès pour insuffisance respiratoire explosaient, signe de recul de la qualité de l’air, cachée par la statistique socialiste. Un mauvais message, est l’abandon «provisoire» du PIB vert (taux de croissance corrigé par les dégâts sur l’environnement), suite à la fronde des 10 régions du projet pilote.

[2] Pékin se garde d’accepter une réduction contraignante de ses émissions de gaz à effet de serre après 2012, que les Etats doivent négocier à Bali en décembre 2007. Un tel geste de la Chine, même modeste, permettrait de convaincre d’au-tres pays réfractaires pour la suite du protocole de Kyoto, USA en tête. Mais Pékin botte en touche, réclamant des pays de l’Ouest un transfert systématique des technologies environnementales…

Sigmar Gabriel, ministre allemand de l’environnement, rêve, lui, qu’Etats-Unis et Europe puissent offrir aux pays émergents, en échange d’engagement de réduction d’émission de CO², des concessions agricoles au prochain round de Doha de l’OMC -un démantèlement des protections de leur agriculture. 

C’est bien sûr aussi ce qu’attend Pékin, qui vient de s’associer, dans ces négociations, au club des 14 pays membres les plus récents, dont Vietnam et Taiwan! Les 14 veulent limiter l’effort de coupe de leurs tarifs doua-niers agricoles à la moitié de ce qu’auront consenti les pays les plus pauvres, sous prétexte d’avoir déjà fait l’effort tarifaire au moment de leur adhésion. Ils veulent également garder leur droit de subventions aux paysans pour la Chine, plafonc à 8,5% du PIB agricole.

Autant dire que tant sur l’OMC verte que sur Kyoto-II bleu, la communauté internationale reste très divisée. Mais les savants constatent que cet hiver fut le plus chaud consigné dans l’histoire. Si la tendance se pour-suit, sans un seul geste de l’humanité pour changer son mode de vie, l’Allemagne prévoit, rien que chez elle, des pertes de 900MM²/an : espérons que d’ici-là, Mère-nature aura su nous mettre d’accord !

 

 


A la loupe : Grand jeu stratégique : Pékin à l’IDB, la banque latino

La réunion annuelle de l’IDB (Inter-American Development Bank) à Guatemala City (20/03) fut l’occasion d’une leçon géostratégique. Depuis 14 ans les Etats-Unis, qui détiennent 30% du capital et des voix, s’opposaient catégoriquement à la demande d’adhésion de la Chine à ce très politique organe financier de l’Amérique Latine.

Or cette fois, c’est « oui » : les palabres pour une participation infime chinoise (de 0,04% !) à l’IDB peuvent s’ouvrir ! La banque est un enjeu majeur pour Pékin : ce continent dispose de fortes res-sources en hydrocarbures, gaz, cuivre, fer ou argent. Il est aussi une porte d’entrée sur le marché US, et le sanctuaire des derniers soutiens diplomatiques de Taiwan. La position chinoise sera renforcée par l’accord de libre-échange négocié avec le Pérou (après celui passé avec le Chili). Sa place de 48ème membre de l’IDB consentira à Pékin trois avantages : l’accès aux appels d’offres régionaux, un pouvoir d’investissement au service de ses objectifs diplomatiques, et un coup de fouet aux échanges, 40MM$ en 2006, en forte progression (mais seulement un 10ème de ceux des USA avec la région) !

La volte-face des États-unis vient en partie d’H. Paulson, le Secrétaire d’État au Trésor depuis fin 2006, notoirement plus conciliant que son prédécesseur J. Snow. Elle doit surtout à la tonitruante irruption en décembre du projet concurrent de Banco del Sur, une idée du lider vénézuélien H. Chavez qui affranchirait le Cône méridional d’une sujétion aux US (le siège de l’IDB est à Washington!) Or, la Banco del Sur déjà soutenue par l’Argentine, l’Équateur, la Bolivie, voire le Brésil, devrait naître en juin avec 7MM$ de capital, concurrente très plausible à l’IDB qui prête 6MM$/an. En vieux conflit avec les USA, Le Venezuela est l’allié stratégique de Pékin (11MM$ d’accords commerciaux!), même si des frictions apparaissent récemment. Les USA ne pouvaient donc pas prendre le risque de laisser la Chine voter pour la banque d’en face. Ils baissent les bras, sacrifiant Taiwan.

Pour Taipei, c’est une bataille perdue. Observatrice à l’IDB depuis 1991, elle avait accordé à la banque 15M$ en mars 2006, pour abreuver les 14 États d’Amérique centrale qui la soutiennent. Trop peu, face à l’artillerie lourde de Pékin. 200MM$ de réserves en devises qu’elle s’apprête à investir par le biais de sa nouvelle agence commerciale, et qui intéressent particulièrement les pays latinos venus à Guatemala City, Argentine en tête.

 

 


Joint-venture : FedEx crée la concurrence intérieure

FedEx crée la concurrence intérieure

FedEx, la messagerie américaine, permettra dès le 28 mai l’envoi de colis entre 19 métropoles côtières, avec livraison garantie sous 24heures.

Le géant de Memphis n’est pas le 1er à s’attaquer à ce marché intérieur : l’allemand DHL offre un service similaire depuis 2004, fort de ses 20 ans de partenariat avec Sinotrans, l’ancien monopole public, qu’il a absorbé par étapes. OMC oblige, les autres grands, UPS (US) et TNT (Pays-Bas) vont suivre vite. Originalité de la démarche de FedEx : la distribution garantie sous 24h, grâce à Okay Airways, 1ère compagnie aérienne privée low-cost du pays (depuis 2004), dont les 3 Boeing 737 relieront ces villes de nuit, tout en faisant leur trafic passager de jour. A Hangzhou Xiaoshan (Zhejiang), FedEx prépare son hub de tri à 4M$, d’une capacité de 9000 colis/h. DHL dispose du sien à Shenzhen et UPS en prépare un à Shanghai Pudong.

Ainsi, la bataille depuis les années ’80, entre les messageries à travers le monde, trouve en Chine un nouveau terrain, leur permettant de maintenir leur croissance -en Chine, la demande croit d’au moins 20%/an.

NB : autre acteur sur cette scène : une foule de petites messageries locales, sur un marché très cloisonné. Dans un 1er temps, leur présence tirera les prix et prestations vers le bas.

 

Chine : la revanche des grands noms du houblon

Avec 291Mhl de bière avalée en 2005, la Chine est le 1er marché mondial, qui a crû de 16% (10.8MM$) l’an passé. Le secteur se concentre: plus que 536 brasseries contre 900 il y a 10 ans.

Dans les années 90, les brasseurs étrangers ont souvent souffert à vouloir imposer leurs marques et leurs goûts. Les survivants sont ceux ayant réussi à racheter par 10aines les petites unités, baisser les coûts et garder les marques et qualités locales.

A ce jeu, le leader est Sab-Miller (anglo-sud-africain, 15% du marché, 46 brasseries), suivi de Anheuser-Bush (US, 14% du marché, contrôlant 27% de Tsingtao), puis de Yanqing (Pékin), Inbev (ex-Interbrew) et Kingstar (Henan). A présent, sur ce marché qui mûrit vite, une nouvelle tendance apparaît : pour s’imposer hors de leurs fiefs, les grands groupes orchestrent un retour vers la qualité et/ou les marques. Anheuser attaque avec sa Budweiser brassée locale (vers 200 villes, sous 5 ans), sa Harbin (33 nouvelles villes) et sa Corona made in Mexico. Le roi Sab-Miller l’a précédé avec la Snow, née à Shenyang,dont il fait son produit phare mondial avec 25Mhl l’an dernier. A l’affût, Carlsberg, « chassé » de Shanghai en 2000 et « réfugié » au Qinghai, veut investir 880M$ en Asie sous trois ans et allonger sa production de 15%/an.

NB : le marché reste caractérisé par son cloisonnement et encore peu rémunérateur : les trois premiers brasseurs ne tiennent que 35%, et ont fait l’an passé un maigre 100M$ de profits.

 

Minerai de fer – la Chine, marché captif de l’Inde ?

Le 1er mars, le rififi vient soudain d’Inde, qui alourdit de 6,8$/t sa taxe sur le minerai de fer à l’export. C’est un coup dur pour les aciéries chinoises, dépendantes à 23% des importations d’Inde. Pour les seuls contrats en cours, le supplément est de 500M$. Cette hausse intervient alors que l’an passé, VdrC (Brésil), BHP-Billiton (Australie), avaient imposé une hausse de 79%.

Après menacé l’Inde de boycott, plus de 10 aciéries chinoises sont passées à l’acte, forçant 20 minéraliers à rebrousser chemin en haute mer, tout en cherchant d’autres fournisseurs. Mais ce genre de bras de fer ne vaut qu’à court terme, l’Inde pouvant livrer en 7 à 12 jours contre 45j au Brésil. Les aciéries chinoises peuvent tenir jusqu’en mai -ensuite, elles devront soit signer ailleurs, soit trouver un accommodement avec New Delhi, qui sera diffficile, puisque celui-ci agit sur demande de son industrie de l’acier, et veut lui réserver « son » propre minerai, dans un contexte mondial où la pénurie n’est plus loin !

 

 

 


A la loupe : Taiwan : l’identité nationale se forge

Leader du Democratic Progressive Party (DPP), Chen Shui-bian a succédé depuis l’an 2000 comme président de Taiwan, à un Kuo Min Tang corrompu et usé par 50 ans de pouvoir. Mais quoique réélu en 2004, Chen et son parti autochtone-indépendantiste se sont très vite retrouvés atteints des mêmes stigmates : depuis septembre dernier, une frange importante de l’opinion réclamait sa démission. A 14 mois de la fin de son mandat, avec 20% des voix, il n’incarne plus, chez la base, les espoirs de démocratie et d’une nation légale.

Or, quoiqu’il soit «attendu» par la justice une fois levée son immunité, voilà qu’il «fonce» contre toute attente, multipliant les actions pour reprendre la main, polir son image et laisser un héritage. Subtilité: tout en tenant sa quadruple promesse de l’an 2000, de maintien du statu quo à l’égard de Pékin,Chen a multiplié les initiatives et beaucoup fait pour mûrir l’identité nationale, préparant l’île à l’indépendance.

Parmi ces « petits pas » :  la suppression du nom de « Chine » des administrations et sociétés publiques, la purge des références chinoises dans les manuels d’histoire, l’apparition des 1ers timbres au nom de « Taiwan », le déboulonnage des statues de Chiang Kai-chek. Dernière action, chargée de symbole: un projet de loi linguistique, débattu au Yuan législatif (Parlement) depuis le 20/03, qui consentira le même statut à l’école et à la TV, au taïwanais (minnan hua) et au hakka, qu’au mandarin, la langue officielle depuis 1949. Pour l’avenir, sont dans les cartons un projet de nouvelle constitution et de « 2e République », et le passage d’un régime présidentiel vers un régime parlementaire. Au plan diplomatique, Chen nomme (18/3) Joseph Wu, un des meilleurs politologues locaux, ambassa-deur (informel) et avocat de l’île à Washington : c’est le 1er membre du DPP à assurer cette fonction.

Contestée et redoutée du KMT, cette politique  porte ses fruits. Dans un sondage réalisé par le DPP, 69% des citoyens voient en Taiwan  « un pays souverain et indépendant, et non une partie de la Chine », 71% veulent une entrée à l’ONU sous le nom de Taiwan, tandis que seuls 16,8% s’identifient comme « Chinois », contre 23,2% cinq ans auparavant.

Autant de résultats donnant au DPP l’espoir de rebondir à l’approche des élections. En face, au sein d’une droite divisée en multiples tendances individualistes (et en candidats), Ma Yin-jeou, leader et favori de ce scrutin, a fort à faire pour se distancer de son embarrassante inculpation de corruption.

 

 

 

 

 


Argent : Banque-assurance-investissement, tiercé gagnant

Banque-assurance-investissement, le tiercé gagnant

     Depuis janvier, les assurances, riches de 60MM², peuvent placer dans les autres métiers financiers jusqu’alors statutaire-ment cloisonnés, banque, et  fonds d’investissement.

N°1, China Life s’associe au géant Citigroup, via la Guangdong Development Bank, dont ils ont pris l’an dernier la gestion et 20% des parts chacun. Ensemble à long terme, ils offriront à leur clientèle différents services tels que la gestion d’actifs, des cartes de crédit ou l’e-commerce.

En face, Ping An le n°2 (propriété à 17% d’HSBC, la 3ème banque mondiale) s’apprête à devenir le 1er assureur à racheter un fond d’investissement, Jiutian Securities, en difficulté suite à des placements aléatoires l’an passé. Jusqu’à présent, Pékin, prudente, n’avait jamais laissé faire. Elle semblerait prête à tolérer désormais un rachat de 35% du fonds d’une valeur (théorique) de 50M². Mais China Life serait déjà en train de reprendre un autre fonds, China Credit Trust Co. Et les deux «compères», ensemble, viennent de s’offrir chacun 5% de la China Minsheng pour 1,1MM² !

réseau 3G — China Mobile dévoile son plan

     Dans la course aux licences de mobiles 3G, China Mobile semble hériter celle dont personne ne voulait : celle du système local dit TD-SCDMA, moins mûr que les concurrents Union Européenne et Etats-Unis.

En effet, le 1er opérateur mondial lance (19/3) un appel d’offres de 2MM² pour déployer les 15.000 réémetteurs nécessaires au réseau qui couvrira 2M d’usagers privilégiés, dans 8 métropoles. Ce choix a un sens: avec ses 310M d’usagers, China Mobile est le plus apte à assumer ce cahier de charges ingrat. Son bénéfice net de + 23,3% pour 2006 (à 6,6MM²) lui permettra de financer l’opération, tout en entrant en bourse de Shanghai, sans léser les profits de son partenaire Vodafone qui détient 3,8% du capital.

Pour l’attribution des contrats, ZTE pourrait empocher 35%,  Datang et son allié Alcatel-Shanghai-Bell, pareil. Les autres, TD-Tech (Huawei/Siemens), la JV Putian /Nokia,et Ericsson auraient les miettes. Pour créer ce réseau, les délais sont serrés : octroi des contrats en avril, début des travaux en mai, essais commerciaux pour octobre. L’octroi officiel des trois licences devrait se faire dans 12 mois: handicap imposé par le Ministère des industries de l’information aux autres systèmes et à leurs opérateurs, pour laisser China Mobile prendre de l’avance !

 

 


Pol : Port: citadelle chinoise au Proche-Orient

Tensions sociales…

     En préparatif du XVIIe Congrès, et face aux JO qui s’en viennent, la pression politique s’accentue sur la société.

La mairie de Pingdu (Shandong) demande à ses employés (16/03) de « contrer » la libéralisation offerte à la presse étrangère, en taisant les mauvaises nouvelles. Zhou Yongkang, ministre de la police, avertit ses hommes de débusquer les «forces hostiles», sectes ou séparatistes (21/03). D’autres règlements «provisoires» sont annoncés pour renforcer dans Pékin durant les Jeux la surveillance des ondes radio et des lieux publics à partir de 10ainesde milliers de caméras.

Internet essuie déjà une surveillance drastique :  8 web-TV ont fermé depuis septembre(dont CCZTV, le 20/03), pour diffusion de reportages sans licence. Aegean Sea, portail de nouvelles, avait été fermé en septembre : Zhang Jianhong, son éditeur est condamné à Ningbo (Zhejiang, 19/3) à six ans pour «subversion» et «diffamation de la nation». Le 24/02, Zong Fengming (87 ans), est arrêté pour avoir publié à HK les Conversations emprisonnées posthumes de Zhao Ziyang, l’ex-1er Secrétaire mort l’an passé en disgrâce.

Face à cette pression publique pourtant, la contestation ne faiblit pas. Les procès de journalistes contre l’État se multiplient, comme celui intenté en diffamation par Sheng Xueyou, pigiste pékinois, contre un cadre de la mairie de Qitaihe (Heilongjiang); ou celui de Dai Huang, 79 ans, contre la censure de ses mémoires (en 3ème tirage !). Enfin, après l’émeute de Yongzhou la semaine passée (VdlC n°11), quelques centaines de manifestants bloquent les trains à Guixi (Jiangxi, 22/03) par peur de coupes de salaires et pensions. Toute cette agitation dans la marmite explique les tours donnés au couvercle.

 

Dérapage de Shinzo Abe : Pékin ferme les yeux

     En apparence, le 16/03, Shinzo Abe, 1er Ministre nippon a commis un impair en contestant que durant la guerre coloniale (1937-45), des Chinoises avaient été forcées pour plaisir des soldats du Mikado.

A Pékin, Wen Jiabao a d’ailleurs réagi en réduisant de 5 à 3 jours sa visite prévue pour avril. Mais cette «foucade» après 6 mois d’efforts pour se réconcilier est aussi peu compréhensible que la tolérance de Wen, après des années de campagne de colère publique anti-nippone.

Notre interprétation : Abe donne de la face aux ultra-nationalistes, pour leur compenser leur vaine attente qu’il reprenne les visites de son aîné Koizumi au sanctuaire de Yasukuni, un geste qui mettrait le feu aux poudres.  Cette compensation a pu être convenue avec Pékin.

Par ailleurs, 20 historiens des deux pays ont siégé deux jours (20-21/03) pour tenter de dégager une vision partagée de l’histoire. Sans succès, mais avec un agenda de poursuite des travaux. Ailleurs, deux lois se préparent à la Diète (Parlement), visant la protection des firmes pétrolières off-shore du Japon qui opèrent dans sa « zone maritime exclusive » contestée par Pékin. Mais ce geste ne fait qu’accélérer le besoin d’un accord bilatéral, sans envenimer les rapports. Wen viendra à Tokyo vers le 11/04 pour « fondre la glace », en réponse à la visite d’Abe en octobre à Pékin.  Les deux hommes assisteront à une séance d’opéra chinois, et Wen exprimera ses amitiés directement aux élus de la Diète.

 

Port : Citadelle chinoise au Proche Orient

 Au Pakistan, près du détroit d’Ormuz (frontière d’Iran), le port de Gwadar a été inauguré le 20/03.

D’un coût de 248M$ payés à 80% par la Chine, concédé pour 40 ans à PSA Int’l (Ports & Services Authority, filiale de Temasek, le bras commercial de Singapour), c’est un port stratégique en eaux profondes, au coeur des deux-tiers des réserves pétrolières mondiales. Il permettra à la Chine de sécuriser sa route maritime du Moyen-Orient, d’Iran, d’Asie Centrale et d’Afrique, en évitant le dangereux détroit de Malacca, 2000km plus bas.

Un terminal pétrolier se construit, flanqué d’un futur axe ferroviaire, routier et d’un oléoduc à destination de Kashgar (Xinjiang), à travers tout le Pakistan. Une raffinerie, un complexe pétrochimique et un aéroport sont aussi négociés. Pour le Pentagone, la Chine, par ses alliances, enfile patiemment un collier de perles de l’Océan Indien au Golfe Persique (Chittagong au Bengladesh, ports en Birmanie etc.) ports « commerciaux » pouvant aussi accueillir sa marine militaire. Cela dynamite les rêves américains de « containment » naval de la Chine, et inquiète l’Inde, voyant le rival prendre pied dans sa zone d’influence !

 

 


Temps fort : Un vieux rêve chinois, voler de ses propres ailes

Le 26/02, le Conseil d’Etat a repris un rêve de 40 ans : créer un avion gros porteur (plus de 150 places) 100% chinois. Avec l’implication des groupes AVIC I et AVIC II, une société « concept » recevrait 5 à 6MM² d’enveloppe initiale pour un projet de construction à présenter d’ici 2010. Un consortium public-privé prendrait le relais, pour une sortie commerciale en 2020. Pragmatiquement, des coopérations extérieures seront acceptées, là où la Chine ne saura pas faire. L’objectif est clair : récupérer pour la Chine une part d’un marché intérieur évalué à 2900 appareils d’ici 2025 (pour 262MM²), puis concurrencer Airbus et Boeing sous tous les cieux du monde.

Ce n’est pas la 1ère fois que Pékin tente ce pari stratégique.

Dès les années ’70, elle lançait le projet Shanghai Y-10, clone de 10 Boeing-707 acquis en 1972. Faute de base technologique, 10 ans d’efforts ne permettaient de sortir que deux appareils, obsolètes d’emblée, sans acquéreurs. Tirant la leçon de son échec, Pékin s’orientait 2 ans après (1985) vers une JV avec l’américain McDonnell Douglas pour construire le MD-90 issu du bon vieux DC-9. Là encore, le projet tourna court, car les US constatèrent après 10 ans un détournement d’outillage à des fins militaires.

3ème essai : au tournant du siècle, AVIC- I (l’héritier de CATIC (China National Aero-Technology Import & Export Corp), le partenaire de MDD) reprenait la technologie léguée par MDD, pour bâtir un petit porteur (78 à 105 places), l’ARJ-21, très inspiré du DC-9. Initialement prévu en 2005, le 1er vol attendra 2008 : 40% du projet, et les organes essentiels (avionique, cockpit…) ont été délégués à des firmes US. Pendant ce temps, de son côté,  AVIC-II ouvrait à Harbin en 2004, avec Embraer (Brésil), une JV de montage du biréacteur de 50 places ERJ-145.

L’assimilation des techniques étrangères est aidée par Pékin, qui impose, en retour de ses commandes d’Airbus et de Boeing, toujours plus de sous-traitance pour ses deux AVIC, une participation à la recherche et construction des derniers modèles (A-350, A380, Dreamliner), et même, pour cette année, la 1ère chaîne de montage de l’A320 hors d’Europe, à Tianjin.

Armée de cette expérience, de son marché intérieur « patriotique » et de ses réserves financières, la Chine se donne le temps pour mettre en place ce qui lui manque encore : un service d’entretien, de service après vente sur les cinq continents, et fondamentalement, une image sans faille de fiabilité.

 

 


Petit Peuple : Kunming : maldonne sur la boulangère

Qui ne se souvient de la ritournelle de Joe Dassin, sur cette amourette des faubourgs, entre un grand niais et une vendeuse de petits pains au chocolat ?

Servi par le hasard, Le VdlC a le plaisir de vous en offrir à présent une version chinoise, à la sauce du Yunnan. Ce grand dadais de Zhiyuan, ingénieur élec-tronique à Kunming, soupirait pour Ling, la vendeuse de galettes et de mantou de son quartier. Mais timide maladif, rougissant rien que d’y penser, il avait conçu ce moyen moins risqué (croyait-il) d’aborder sa belle : en l’appelant sur son portable, ayant obtenu son numéro d’un ami commun.

Malgré ce climat émollient et tropical, les choses débutèrent mal : tandis qu’il sonnait anxieusement, Ling refusa de prendre l’appel d’un inconnu. Les jours suivants il relança, par SMS :elle resta de glace :                       

on se connaît ?       -moi oui, de vue           -d’où çà ?                   -de ta boutique…                Cette réponse la plongea dans une perplexité visible :

mais quelle boutique ?             -aucune importance, je veux juste chatter…, fit Zheyuan, fuyant -sentant qu’il tenait le bon bout… Pendant des mois, il fit ainsi sa cour virtuelle, avec succès croissant : de voeux en poèmes, Ling se dégela… En fin de compte, c’est elle qui lui donna rendez-vous au café du coin, et lui assigna de porter une rose, pour le reconnaître.

Ce fut alors l’instant de tous les dangers – ça passe ou ça casse ! Car la fille qui apparut à Zhiyuan, (voix mise à part) lui était inconnue, et elle se présenta à lui, non comme Ling, mais comme Yingzi. Ébahi, il cria à l’imposture, tandis qu’elle, indignée, ripostait en brandissant les SMS du volage, avant de s’enfuir, offensée !

La faute revenait à l’ami farceur, qui avait donné à Zhiyuan le numéro d’une autre… Cependant entre-temps, le cerveau troublé de l’informaticien tournait comme l’éclair.

Avec cette Yingzi – puisque Yingzi elle s’appelait – les mois passés sur SMS avaient été heureux. Leur affinité ou « attraction magnétique à 500km » (you yuan qian li lai xianghui, 有缘千里来相会), était incontestable. Et elle était secrétaire informatique – métier proche du sien…

Tandis que Yingzi retirée sous sa tente, attendait le verdict en tremblant, Zhiyuan attendit un mois, pour sauver la face, avant de retourner à elle, et lui démêler tout ce micmac : ils se sont mariés à la fête du printemps !

 

 


Rendez-vous : Green and Energy efficient Building Exhibition

26-28 mars, Beijing : Intelligent, Green and Energy efficient Building Exhibition

28-30 mars, Canton : Flow Expo China, Salon des valves, tuyauteries, fixations

 

30 mars – 2 avril, Dalian : China Build