Le Vent de la Chine Numéro 26

du 27 août au 2 septembre 2006

Editorial : Surchauffe estivale tous azimuts!

« Il faut enrayer la croissance aveugle d’industries voraces et polluantes », fulminait le Président Hu Jintao dès le 21/7. Propos repris le 16/8 par Wen Jiabao, le 1er Ministre, qui blâme Yang Jing, Président de Mongolie Intérieure, pour avoir fait construire pour 8,6GW de centrales thermiques illégales -sans permis pour les études techniques, l’octroi du sol et les marchés publics. Averti par Pékin, Hohhot avait accéléré le chantier, au prix d’un accident (6 morts) en juillet 2005!

La Mongolie Intérieure n’est pas seule : tout le pays fait de même, suggérant que la surchauffe est surtout affaire d’indiscipline «froidement» calculée. Dès la fin 2004, 122GW de centrales « au noir » se bâtissaient -l’équivalent d’un parc thermique britannique : le chiffre a encore monté aujourd’hui!

Cette dérive est un effet pervers de l’OMC, (l’organisation mondiale du commerce) : depuis 2001, le commerce extérieur chinois augmente de 30%/an. Au 1er semestre, il atteignait 795,7MM$, dont 61,5 d’excédent (+55%) : nerf de la guerre pour les provinces et leurs investissements fixes, 562MM$ au 2d semestre, soit +30,5%, pour une croissance nationale record de 11,3%.

Face à l’incendie, l’autorité monétaire de la BPdC, (la Banque centrale), manie la pédale douce : il s’agit de ne pas briser la croissance, l’export, ni ruiner entrepreneurs et épargnants. Il faut décloisonner le marché monétaire avant de l’ouvrir. Quatre actions homéopathiques furent prises depuis avril, limitant les prêts bancaires et rehaussant le taux d’intérêt, le dernier, le 18/8, portant le taux pivot de 5,31% d’octobre 2004, à 6,12%.

La preuve de l’échec, se lit dans l’instabilité croissante du RMB du 17 au 21/8, usant la limite des 0,3%/jour autorisés, et forçant la banque à intervenir. Idem, les masses d’argent «chaud» en quête d’un coup opportuniste ont plus que décuplé de mai à février, à 12,5MM$. Comme si l’Etat ne pouvait plus attendre, et s’apprêtait à laisser  son Yuan monter,  fluctuer à 0,5% voire 1% par jour…

Face au dossier Wal-Mart, Hu Jintao est plus chanceux. Le géant de la grande distribution américaine rejetait toute entrée du syndicat unique chinois, l’ACFTU, dans ses 60 surfaces chinoises.

Suite à deux ans de campagne, sur ordre direct de Hu, Wal-Mart dut souffrir l’ouverture d’une 1ère section, le 29/8, suivie de 17 autres, et même d’une cellule du Parti. Jubilant, l’ACFTU (150M d’affiliés, 1,2M de branches) espère 13M de nouveaux membres en 2006, 200.000 sections, surtout parmi les 150.000 firmes étrangères, dont seulement 26% sont syndiquées. Loin de viser par cette percée un militantisme actif (ex. grèves) l’ACFTU vise simplement, pour ses cadres, de grasses prébendes dans ces riches firmes!

 

 


A la loupe : Opération judiciaire ‘place nette’

Une série de procès politiques se tient à travers l’empire, en toute discrétion —durant la trêve estivale, histoire de remettre les compteurs à « zéro ».

1. Après plus d’un an de détention, le correspondant Hongkongais du Straits Times (Singapour), Ching Cheong comparaît à Pékin (15/8), pour espionnage pour Taiwan, il aurait été pris à Canton, négociant l’achat d’enregistrements secrets du Secrétaire Général du PCC en disgrâce Zhao Ziyang, aujourd’hui décédé. Finement, son journal se réjouit de l’ouverture du procès : car une fois condamné, il peut être expulsé !

2. Autre journaliste, chinois et (depuis peu) chrétien, Zan Aizong, est libéré (18/8) après une semaine de détention pour avoir dénoncé sur Internet la destruction d’une église protestante en construction dans le  Zhejiang -mais ce chef d’édition est déclaré « inapte » à son emploi au Quotidien de l’Océan.

3. Avocat de renom, Gao Zhisheng qui avait défendu toutes sortes de gens de la base contre l’abus des cadres (propriétaires pétroliers, néo-syndicalistes, paysans) est inculpé (15/8) pour «activités criminelles». Il était déjà interdit de prétoire depuis deux ans.

4. Chen Guangcheng, activiste, aveugle, en prend (23/8) pour 4 ans et trois mois pour «troubles de l’ordre public» et «destruction de biens ». Chen aurait eu 2 défenseurs commis d’office. On lui reproche d’avoir dévoilé face à la presse américaine la stérilisation forcée de 7.000 femmes du canton de Linyi (Shandong).

NB : au départ, le pouvoir était plus réservé, promettant enquête et reconnaissant l’existence d’un abus de pouvoir. Une décision au sommet semble avoir réactivé la responsabilité collective — Chen paie peut-être pour avoir été désigné par Time Magazine, parmi les 100 hommes les plus influents au monde.

5. En détention préventive depuis décembre 2004, Zhao Yan, assistant au New York Times, quoiqu’absout, faute de preuves, du chef de « divulgation de secrets d’Etat », est condamné (24/8) à trois ans pour « fraude ».

C’est un signal à la presse, de ne pas toucher aux affaires des grands de ce monde : Zhao Yan avait annoncé 15 jours à l’avance le départ de Jiang Zemin de son dernier mandat, de Président de la Commission militaire! 

 

 

 


Joint-venture : SEB—Supor mettent la pression

Ces dernières années, ce sont plutôt les firmes chinoises qui  rachètent les étrangères, en électronique, électroménager voire auto.

Aussi le français SEB sema la surprise en proposant 240M² pour jusqu’à 59% de Supor (Zhejiang), n°1 chinois de la cocotte-minute, qui utiliserait les fonds pour renforcer son avance sur le marché local et ouvrir une usine au Vietnam. Sous la pression, la concurrence explose : Double Happiness (Zhuhai) et ASD, n°2 et 3, vocifèrent face à la presse, et tentent de faire bloquer la transaction. Leurs arguments : « une alliance superflue—la Chine est de toute manière imbattable », et ce contrôle assurerait à Supor un gain inéquitable en compétitivité, leur faisant risquer la fermeture… Par ses accents protectionnistes, la démarche du tandem rappelle celle de Sanny, groupe de chariots élévateurs qui avait dénoncé la reprise de Xugong, n°1 local, par l’Américain Carlysle : depuis octobre, le deal est caduc, faute de feu vert. Dans le cas de SEB-Supor, on n’en est pas là – mais tous les candidats repreneurs industriels en Chine, ont les yeux fixés sur ce dossier

 


A la loupe : Les maladies nouvelles du Céleste Empire

1. Le bocavirus humain (HBoV) entre en Chine. Isolé en Suède en août 2005, aux symptômes proches de la pneumonie, il affecte la respiration des enfants. Le 1er cas a été repéré à Chenzhou (Hunan), le 21 août —6 autres ont suivi depuis dans la même ville.

NB : le pouvoir joue la transparence. La leçon de la grippe aviaire (où l’Etat vient d’admettre que son 1er cas remontait à 2003, et qu’il l’avait ignorée, au milieu de l’épidémie du SRAS), semble vite apprise !

2. Effort d’autant plus méritoire que les nuages s’accumulent sur le front de la santé des jeunes : une enquête en 2005, juste publiée par le ministère de l’éducation  établit à 1/4 la proportion des jeunes citadins en surcharge pondérale -contre 1/500 en 1985, et 1/5 au tournant du siècle.

Fruit d’un modèle nutritionnel américain erroné (symbolisé par KFC et McDonald), du planning familial (la concentration de tendresse et de sucreries de tout un clan sur un héritier unique), et de la hausse des revenus.

3. L’enquête montre aussi l’évolution inquiétante de l’autre pathologie des enfants chinois, la myopie dont souffrent désormais 60% des collégiens, 83% des lycéens et étudiants, contraints à toujours plus de bachotage nocturne – contrepartie des Coke et hamburgers-, pour affronter le terrible contrôle continu, les examens intermédiaires. La conjonction d’une mauvaise lumière, de mauvaises lunettes et des idéogrammes, cause une baisse générale, prématurée de la vue !

NB : obésité, myopie, ces syndromes trahissent le stress des adultes à concevoir moins, celui des enfants à étudier trop. Transitoires donc, appelés à disparaître, mais pour l’heure en plein essor !

4. La dernière maladie nouvelle est plus inattendue: une espèce d’escargots d’Amazonie parasite 160.000 ha de rizières du Guangxi, détruisant les récoltes.

Collectés et envoyés dans les bons restaurants de la ville, ces géants gastéropodes noirs se mangent émincés, crus ou légèrement étuvés —et transmettent le virus de méningite des vers dont ils sont le vecteur. Plus de 100 Pékinois sont affectés, certains gravement. Heureusement, pour l’heure, pas de risque de contagion détecté !

 

 


Argent : Téléphone 3G – grosse fatigue

— Une fois de plus, le MII, le Ministère des industries de l’information, tutelle des télécom recule l’attribution des licences « 3G », pour raison technique : son standard TD-SCDMA, n’est pas prêt.

Les tests prennent du retard, faute de compatibilité avec les filières WCDMA (Europe) et CDMA -2000 (USA). La 1ère licence, dans le standard-maison bien-sûr, sortira au 1er trimestre 2007 – date-limite pour fonctionner lors des Jeux Olympiques de Pékin. Elle irait à China Telecom, champion de la ligne fixe qui joue à qui perd gagne, se voyant forcé de s’équiper dans une technologie moins mure, dont peu d’usagers voudront. Peu après, Netcom et surtout China Mobile devraient profiter des standards étrangers (aux applications plus alléchantes) pour rebondir.

En effet, après 10 ans de croissance vive, le secteur se tasse, avec une courbe en juin de 7,8% contre 11,8% un an plus tôt. Avec 365M de lignes, le téléphone fixe perd de son lustre. Avec 426M d’appareils, le portable va à peine mieux -la saturation guette. China Mobile mène la danse, ayant pris 80% des nouveaux abonnés au 1er semestre. Les autres se partageant les miettes – Netcom avec +7,7%, Unicom avec +11% – qui à moins de lancer son propre réseau 3G (CDMA-2000?), voit se dresser le spectre d’une fusion avec China Mobile…

—  100MM² : c’est le montant que Pékin entend «mettre à l’eau» d’ici 2010, dit (22/8) le ministère de la construction.

De ce montant, 48,5MM² iront aux canaux d’adduction, notamment au futur canal Yangtzé-Fleuve Jaune. 32,4MM² en retraitement et distribution, reviendront aux villes, où 50 ans de bricolage ainsi qu’un exode rural brutal (75M de nouveaux citadins en 6 ans) laissent 278 villes sans système d’épuration, et 30 autres, avec un système « passoire », perdant 70% de la ressource. Avec 2200m3/an, le Chinois moyen dispose du quart de la moyenne mondiale ! Or, le retraitement n’atteint que 50% (le reste va dans les fleuves!), et la surconsommation non-renouvelable dépasse 10MM m3/an.

La tarification n’aide pas : le prix perçu, quand il l’est – ce que 150 villes ne tentent même pas de faire- ne fait que 20% du coût de remplacement…

Pour enrayer la catastrophe, le ministère n’a qu’une solution : l’étranger, qui pour l’instant, contrôle moins de 10% du marché. Place donc au capital et à la technologie de groupes anglais, allemands, ou français comme Veolia qui offre déjà, sur fonds propres, ses services à 110M de citadins, et voit devant lui un marché inépuisable, avec bien plus de villes candidates qu’il n’en peut traiter! 

— 12 ans : c’est ce qu’il a fallu à Shanghai pour rétablir à Pudong sa bourse pétrolière (18/8) : apprentissage nécessaire pour éviter le retour du chaos spéculatif vécu lors de ses quelques mois de premiers pas en 1993. Doté de près de 10M², la SPE (Shanghai Petroleum Exchange) est une JV entre Jiulian, Cie municipale et 4  pétroliers dont CNPC (la compagnie nationale pétrolière) et Sinopec, avec 65 traders, 10 dépôts et 2 banques. Ouvrant après 3 ans de test, la SPE  traitera le fuel, puis bitume, méthanol et glycol, puis brut et GNL.

L’objectif  est quadruple:

1. rapatrier de Singapour, en Chine, un marché stratégique, avec 82Mt au 1er semestre (+17% pour le brut, +48% pour les produits raffinés),

2. mettre à pied d’égalité dans un même cadre les produits étrangers et les locaux, qui atteignaient 91Mt au 1er semestre (+2,1%).

3. Par les contrats à terme, amortir les hausses violentes, tel le doublement des cours constaté depuis 2004.

4. Avec 110.000t contractées en 2005, cet outil est encore dans les langes. Mais il est un pas, dans la démarche de Shanghai pour reprendre sa première place financière d’Asie !

 

 

 

 


Pol : Dalai en Mongolie – la prière, outil diplomatique!

— En apparence, on assiste à une embellie pétrolière entre Chine et Russie : le 19/7, la CNPC – la compagnie nationale pétrolière – a pris 500M$ de parts du groupe public Rosneft, à son entrée en bourse de Londres.

Le 9/8, Sinopec a pu racheter pour 4MM$, Urdgurtneft, gros gisement sibérien d’une Joint venture russe de British Petroleum (BP). Deux permis espérés depuis longtemps, d’entrée chinoise sur le marché russe des hydrocarbures.

Mais un regard en profondeur apporte des nuances. Sinopec est contraint de céder 51% de son gisement gratuitement à Rosneft, quitte à se rembourser sur les 1ères ventes. CNPC doit se contenter des 0,5MM$, après avoir réclamé pour 3MM$ – alors que BP, Petronas ont chacun reçu 1MM$…

Entre ces géants séparés par la culture et l’histoire, la prévention reste entière, confirmée par l’absence de progrès sur le dossier de l’oléoduc que Moscou veut diriger vers Nakhodka (Japon, Corée), et dont Pékin demande une patte d’oie vers Daqing (Heilongjiang)! Les accords de cet été ressemblent au minimum faisable, pour sauver les apparences !

— En 2002, La Mongolie Extérieure avait reçu le Dalai Lama, bravant le déplaisir du puissant voisin. Ce 21/8, il « remet cela » – pourquoi?

D’abord, en rappel de l’histoire et de la religion mongole, indissolublement liée à celle du Tibet. Puis par l’idée bouddhiste d’un pouvoir de faire évoluer les passions négatives, avec le temps, par la prière. En 2002, la Chine avait puni la Mongolie en coupant deux jours sa ligne ferrée vers le sud, et ses exports de cuivre, « marché captif ». Cette fois, elle s’est contentée de condamner la visite en termes vagues, et de retarder 12h le vol Pékin-Ulan-Bator du 23/8, prétextant “mauvais temps” -sous un soleil radieux ! En somme, “ça” s’est mieux passé cette fois – la Mongolie a vu juste!

— Imperceptiblement, Japon et Chine préparent l’après-Koizumi, et évitant les sujets qui fâchent, discutent sur les petites choses utiles—la grippe aviaire, par exemple.

Les industriels nippons, de même, ne vont pas sacrifier leur précieux marché chinois aux chaleurs nationalistes de leur leader sortant : Sony annonce 156 M² d’invest en Chine cette année,  moitié en usines, moitié en logistique et recherche, pour développer sa production de téléviseurs et d’appareils photo numériques. Le géant d’Osaka, qui produisait l’an dernier pour 3,7MM² au Céleste empire, voit la Chine dépasser le Japon sous 2-3 ans comme son 1er marché.

Fuji de même, s’allie avec le chinois SVA pour produire des filtres colorés pour écrans LCD, et y investiront 211 M², dont 25% au nippon. Dans 15 mois, l’usine de 500 employés sortira 70.000 filtres par an, surtout destinés à NEC, co-investisseur, qui veut s’affranchir des équipementiers nippons faisant la loi sur leur marché.

Deux signes de l’industrie nippone de confiance en l’avenir chinois, et que « les chameaux aboient, la caravane passe »! r

 

 

 


Temps fort : Du Cône sud à l’Afrique – émergence d’un hinterland chinois !

Pour se créer un hinterland, base de matières premières et réceptacle de ses produits, Pékin poursuit sa course planétaire hyperactive !

[1] A Mme Bachelet, Présidente du Chili, il a fallu 8 bons mois pour signer l’accord de libre échange avec la Chine, 1er pays du Cône-sud à sauter ce pas essentiel.

L’accord ouvre l’entrée hors taxe à 92% des produits chiliens, contre 50% aux produits chinois. La levée complète des taxes serait pour 2016. Le Chinois Minmetals verse 550M$ à Codelco (firme d’Etat, n°1 mondial du cuivre), pour s’assurer 15 ans d’approvisionnement privilégié en minerai.

NB : 3 autres accords sino-latino de libre échange sont imminents, avec Pérou, Equateur et Panama.

[2] A Pékin cette semaine, Hugo Chavez, le Président vénézuélien tisse la trame d’une ambitieuse coopération.

Le groupe CITIC paiera 75% pour construire 20.000 logis (total=1,2MM$!) sous 2 ans -indispensable pour lui faire gagner les élections en décembre. Pékin financera le rééquipement d’une mine d’or, d’un champ pétrolier au bassin de l’Orénoque, fournira des tankers, un complexe pétrochimique géant (2MM$), un réseau de fibre optique, des lignes de chemin de fer, un système d’irrigation

Caracas paiera en or noir et portera ses livraisons de 150.000 barils /jour en 2005 à 200.000 barils/jour en 2006 voire 1Mt en 2016, si tout va bien. Pour l’Etat andin, c’est un desserrement inespéré de la dépendance «yankee» et pour la Chine, un coin enfoncé dans le bloc US !

[3] Enfin, en Afrique, après le Libéria et le Sénégal, c’est au tour du Tchad de lâcher Taiwan pour la Chine, en juillet, après 10 ans de flirt insulaire. Les données du contrat restent secrètes.

Taiwan prétend que Pékin aurait offert un deal qu’on ne peut refuser, tel le soutien contre le Soudan, et l’arrêt de l’armement chinois à ses propres rebelles. Pékin pourra aussi aider à développer le pétrole tchadien enclavé -l’évacuer vers la mer par son oléoduc soudanais en construction.

C’est donc pour sa survie que N’Djaména change de Chine. A Taiwan, il reste encore 24 pays qui le reconnaissent -le vent tourne !

 

 


Petit Peuple : Shaanxi – Shandong, rechute anthropophage

Le 16/8, le destin frappa le temple taoïste de Tiewadian (Shaanxi): 6 moines, 4 pèlerins périrent d’une main anonyme qui lassa au mur les mots macabres, du sang de l’abbé, “il l’a cherché !” Mis à prix (5.000²), l’assassin fut pris 1 mois après : Qiu Xinghua, 47ans, fermier que le prieur aurait chassé quelques jours plus tôt du sanctuaire. Mais vite, la police subodora un mobile plus complexe : les entrailles et les yeux de l’abbé avaient été hachés et frits, acte d’anthropophagie qui rappelait le roman classique “Voyage à l’Ouest”, et l’obsession maniaque des monstres de dévorer le saint moine Xuanzang, pour incorporer ses vertus -sagesse, vision, immortalité. 

Un mois avant, à Heze (Shandong), 9 patrons de PME furent frappés d’une expropriation violente et sans délai : alors que 200 manoeuvres cassaient leurs usines, un Rambo-apparatchik les provoqua en lutte à mort, leur confiant que l’Etat les avait “engraissés comme gorets, pour les égorger à présent”.

 La démarche du cadre-psychopathe reflète celle du paysan-tueur. Pour le compte de la mairie, il voulait “dévorer” ses victimes pour s’approprier leurs vertus d’entrepreneurs privés, et lui offrir ce qui lui faisait carence : leur dynamisme, créativité et prospérité.

Les 2 hommes tentaient follement de rétablir un passé légendaire et sanguinaire. Mais à tenter d’”étuver le sable pour faire à manger” (蒸沙做饭 zheng sha zuo fan), ils couraient à l’échec : faute de savoir distinguer leurs rêves morbides, du temps présent, et du progrès !

 

 


Rendez-vous : Salon Intertextile de Shanghai

28-30 août, Shanghai, Foire Intertextile de la maison  

 

30 août,    Kim Jong-il en visite en Chine?