Le Vent de la Chine Numéro 23

du 25 juin au 1 juillet 2006

Editorial : La Chine chevauche le tigre sibérien !

La Chine démontre toujours une frappante vitalité, par sa capacité d’initiatives en permanence, pour régler des problèmes d’équipement, en énergie par exemple, sans réagir à ses lourds problèmes sociaux du jour .

Parlant énergie, on verra (ci-contre) les percées de Wen Jiabao le 1er Ministre en Afrique. Sinopec emporte en Iran un nouveau bloc d’exploration pétrolière, Garmtsar. Mais la grande énigme vient de Russie. Contre toute attente, Sinopec vient d’ emporter le bassin d’Urdmurtneft (Oural-Ouest). TNK-BP, consortium anglo-russe cède 3MM$ ces 26 puits assurant 6Mt/an. Sinopec fait l’achat  en JV avec Rosneft, 1er groupe public, qui obtient 51% des parts. Parallèlement et sans doute en lien avec ce deal, BP entrerait au capital de Sinopec, et Rosneft « dans celui d’un pétrolier chinois» (Sinopec aussi) : pour des invests croisés à trois… 

Pékin annonce aussi des accords avec Russie, Mongolie et Kazakhstan, pour commissionner des centrales thermiques hors de ses frontières, dont elle prendra l’électricité et paiera les lignes à haute tension. En Russie, 2 méga-centrales au fuel se préparent en Sibérie. Anatoly Choubaïs, min. de l’énergie, viendrait de recevoir 75MM$ de crédits pour en construire une série!

Objection : on savait jusqu’alors Vladimir  Poutine hostile à toute cession de droits pétroliers à la Chine, même au gazoduc réclamé de longue date, Angarsk-Daqing. La Chine elle, renâclait à acheter hors frontière son électricité, craignant la perte d’autonomie. Y aurait-il eu changement instantané des deux bords, et deal ? Peu plausible! En tout cas, ces infos doivent être prises comme tendances d’un tournant encore incertain, plus que comme acquis. Restent les détails à fixer, comme le prix de l’électricité russe !

Par ailleurs, Sinopec s’allie avec McDonald pour multiplier les «stations essence-hamburgers » (drive-through). Jusqu’à 120 ouvriront d’ici 2008, à Shanghai et dans le  Sud. C’est un des moyens pour McDo de rattraper en poids KFC, deux fois et demi plus gros, avec 1.900 restaurants!

Idem Warner Music s’entend avec China Mobile, pour fournir à ses abonnés des timbres d’appel et messages d’accueil, chantés par les vedettes de son écurie asiatique. Manière de court-circuiter Baidu, qui pirate ses  produits pour les offrir gratuitement sur le net. Warner a aussi fait une JV avec le géant coréen SK-Telecom, qui reprend 6,7% de China Mobile, pour 1MM$  : autre cas d’investissement croisé triangulaire!

Décidément, tout à l’air si normal, en ce pays ou tant de choses restent tues : la censure restant le 1er bouclier de la stabilité !

 

 

 

 


A la loupe : Coup de fièvre estudiantin à Zhengzhou

Shengda, l’école de commerce de l’université de Zhengzhou (Henan), fréquentée par des fils de l’establishment, était le dernier endroit à attendre comme centre de violentes émeutes.

Et pourtant, le 15 juin à 23h00, tout éclata : 7.000 à 10.000 des 13.000 étudiants balancèrent par les fenêtres thermos, extincteurs, chaises, renversèrent la statue du fondateur. Ils sortirent dans les rues pour vandaliser voitures, boutiques et même une banque.

Face à des forces spéciales ceinturant le campus, les violences se poursuivirent tous les jours jusqu’au 20 juin.

La fatigue et les chaleurs, la proximité de l’examen de fin de semestre expliquent en partie cette rage. Mais

Shengda avait un motif en plus : c’était une de ces écoles repêchant, pour beaucoup d’argent (2500$), les recalés au bac, tout en leur promettant un diplôme de l’université de Zhengzhou, sa maison-mère, ce qui était incorrect par rapport aux étudiants plus studieux et doués. L’Etat avait ordonné, à travers le pays, de mettre fin à cet abus. Par manque de courage, le principal avait obtempéré, sans préparer les jeunes, dont le diplôme se trouvait dévalué, et les chances d’emploi réduites : dès 2005, 60% des 4,1M de la dernière promotion traînent à trouver embauche. La situation est donc bloquée. L’Etat ne peut faire marche arrière, sauf à institutionnaliser un abus affaiblissant la crédibilité de l’université. Les jeunes de Shenda ont renoncé formellement à l’action violente, mais  boycottent l’examen, attendant la « restitution » de « leur » diplôme. Mais l’Etat se trouve face à une situation unique : c’est la 1ère série manifestation depuis le printemps de Pékin (1989) et elle est plus violente que les marches pacifiques de l’époque.

NB : l’instabilité à Shengda n’est pas la seule. Du 12 au 21/6, jusqu’à 9.000 autres étudiants de l’université du Sichuan (Campus Tiang’an) se livrèrent à des actes  de vandalisme pour protester contre l’extinction des feux qui les empêchaient de suivre les épreuves nocturnes de la  coupe du monde de football. Ces actions n’ont rien de politique pour l’instant-, mais néanmoins insurrectionnelle : excellent moment pour l’Etat, pour réagir avec doigté, ce qu’il semble faire, pour l’instant!

 

 


Joint-venture : Bras de fer / minerai de fer : c’est l’heure des comptes

— Les mois de bras de fer pour la fixation du tarif annuel du minerai de fer débouchent sur l’heure des leçons : ayant claironné des mois le contraire, l’interprofession chinoise appuyée par Pékin a du signer (20/6) la hausse mondiale de 19%, succédant à celle de 71% en 2005.

Pékin aurait pu, dit un expert, limiter ses pertes en transigeant à 10% dès mars avec les marchands de Rio Tinto, CVRD  et BHP-Billiton, au lieu d’insister pour une baisse. Plus d’étude de marché et de souplesse lors des négociations, est une des règles que se promettent de suivre les aciéries. Les aciéries chinoises sauve la face en déplorant la “rupture des règles” et en annonçant une rue bataille en 2007, avec pour atout inédit sa position d’acheteur de référence, remplaçant le Japon. La Chine exigera un code de conduite (sinon un contrat) à long terme, et une solution rationnelle aux écarts entre tarifs brésiliens et australiens. Côté fournisseurs, on sait les tensions inévitables, du fait du déséquilibre pour 2 à 3 ans entre offre et demande. Enfin pour nettoyer devant sa porte, la Chine veut fermer, d’ici 5 ans, 55Mt de mauvaises capacités, pour désengorger le marché en amont et en aval, et nettoyer sa pollution. Mais selon les experts, ce sont 100Mt qu’il faut trancher pour être réaliste, alors que la production est passée de 140Mt en 2003 à 276Mt en 2005, et que les acteurs géants grandissent toujours!

NB : en cas d’affaiblissement de la demande, les conséquences seraient immédiates, empêchant de répercuter sur les prix, la hausse du minerai !

— SAIC, la marque shanghaienne aux longues dents s’affirme parmi les groupes auto locaux, comme celui ayant le plus de chance de percer.

En 20 ans à l’école de ses partenaires étrangers (VW et General Motors), elle a gagné 13,5% du marché: assez pour organiser, avant 2010, une qualité et un réseau de vente de niveaux mondiaux. D’ici là, 1,7MM$ auront été investis en usines et en une écurie de 30 modèles propres, y-compris dans les prochains mois.

La capacité aura été portée à 300.000 /an, dont 15% exportés. Le nombre d’ingénieurs au bureau d’études va aussi décoller de 700 (dont 150 hérités de Rover, repris en 2005), à 4.000 en 2015. SAIC a aussi repris pour 500M$, 51% de Ssanyong, n°1 coréen du 4×4. Mais surtout, SAIC place à sa tête Phil. Murtaugh, ex n°2, puis n°1 de GM-Chine. Avec 32 ans de métier dont 10 en Chine, il combine la compétence de management US, une connaissance pratique des marchés mondiaux, du chinois et de SAIC !

 

 

 


A la loupe : La Chine investit dans son voisinage

L’explosion que connaît la Chine tous azimuts, se traduit aussi par l’ouverture des frontières : pour influencer ses voisins, faire de leurs territoire son hinterland, il faut des routes et postes frontières. Comme on verra, la Chine y travaille, à toute vapeur !

 Au Sud-Ouest, Qiangba Puncog, Président du territoire du Tibet signe à Lhassa avec 7 diplomates indiens la réouverture au 30/6 de la route de Nathu-La (4.545m, Lhassa-Calcutta, 1010km). C’était l’axe des échanges sino-indiens en 1900, fermé depuis la guerre en 1962. Sans attendre, le marché de Yadong, au col, s’y est informellement rouvert, drainant 5.000 frontaliers et 450.000$ de chiffre. Delhi vient d’établir sa liste de 28 produits autorisés à l’export : textiles, aliments. La réouverture aidera le commerce bilatéral à franchir les 20MM$ – contre 19MM$ en 2005 !

NB : cette route rencontre côté indien un problème de démocratie, que la Chine ne connaît pas : deux peuplades dont les territoires sont traversés par la route,  protestent qu’elle tuera leur culture et leur économie!

Au Nord-Ouest, Hamid Karzai le Président afghan rencontre à Pékin Hu Jintao (18-21/06), et signe entre leurs pays un traité d’amitié et 15 accords de coopé (militaire, agricole, touristique, formation de 200 cadres etc.). Pékin octroie 8M² d’assistance, et un tarif douanier « zéro » au 1/07pour 278 produits afghans. Mais surtout, une petite phrase de Karzai résonne : L’Afghanistan devrait servir de « plaque tournante des échanges entre Chine, Iran et Turkménistan!».

Au Sud-Est, au Vietnam, autre zone d’influence bataillée entre USA et Chine, Hanoi et Pékin posent la 1ère pierre d’un pont de 300m de long à Kim Thanh sur la Rivière rouge frontalière. L’objectif avoué est d’ajouter, d’ici 2010, près de 2MM$ aux échanges (de 8,3MM$ en 2005), moyennant 25$ d’investissements supportés paritairement.  Le pont sera ouvert fin 2007.

NB : comme les Indiens au Tibet, Karzai a été invité au Xinjiang. Deux régions traditionnellement instables et sous contrôle rapproché. Que Pékin laisse les voisins directs s’y rendre, est preuve de confiance, dans la région comme dans le voisin, sur la solidité de son ordre. Ou a tout le moins, un goût du pari  – le retour à une vie normale s’esquisse !

 

 

 

 

 


Argent : Martingale pour les assureurs auto chinois

— A compter du 1/07, l’assurance auto au tiers est obligatoire -elle n’était jusqu’à présent pratiquée que par 35% des 130M de véhicules chinois. (42 types) sont concernés, pour des polices de 180¥/an (scooters) à 1.800¥/an (berline 5-6 places). La contravention entraînera amende de 2,5 fois le coût de l’assurance, voire la confiscation du véhicule. Le règlement de la CIRC (China Insurance Regulatory Commission) permettra d’appliquer la loi de mai 2005, indemnisant en tout cas le piéton ou vélo accidenté: la victime ou sa famille touchera instantanément 60.000¥ max., dont 50.000¥ en cas de décès ou visage défiguré, et 8000 pour soins. Il s’agit d’une police «sans pertes ni profit».

22 compagnies ont été habilitées -aucune étrangère, car l’assurance-auto ne figure pas parmi les devoirs chinois envers l’OMC (l’organisation mondiale du commerce). Tel texte était exigé par les assurances, afin d’assumer cette charge, alourdie par un fonds national pour verser la compensation en cas de défaut d’assurance -le fonds se retournera ensuite contre le chauffard pour recouvrement.

NB1 : la Chine souffre, dit l’OMS (l’organisation mondiale de la santé), 220.000 morts de la route/an. Cette mesure veut sensibiliser et intéresser le chauffeur à plus de sécu routière!

NB 2 : Parmi les contradictions de ce texte audacieux, cette assurance doublonnera au moins pour un an, à celle déjà souscrite (avec indemnisation différée). Et le taux fixe du paiement et du remboursement partout en Chine, à Lhassa comme à Shenzhen, aux niveaux de développement très différents.

— Venant d’engranger en bourse de Hong Kong, 13,7MM$ d’épargne—4ème record de l’histoire boursière, la BoC, la Bank of China doit renvoyer l’ascenseur en allant en bourse de Shanghai, pour lui donner un profil de place financière internationale.

L’objectif pour les deux émissions étant une session de 15% de ses actifs, et HK ayant vu le placement de 12%, l’émission de Shanghai le 5/07 occupera 3%: ce sera le record national, avec 2MM$ attendus. Comme de règle, 96 clients institutionnels seront servis d’avance (assurances, fond d’invest…)

Cependant, cette entrée de la BoC en bourse de Shanghai pourrait rencontrer un obstacle: soucieuse de refroidir enfin la frénésie d’invests, la BPdC, (la banque populaire de Chine), écrème plus que de coutume les liquidités hebdomadaire des banques -qui servent à acheter les valeurs boursières. De jan. à mai, la masse monétaire a grossi de 19,1%, les invests fixes de 30% à 253MM², impliquant une hausse des prêts irrécupérables. Il s’agit donc pour Wu Xiaoling, vice gouverneur de la BPdC, de « retirer les bûches de sous la marmite ». En essayant de ne pas vider l’enfant (la bourse, les parts BoC) avec l’eau du bain !

 

 


Pol : Le plongeon de deux grands corrompus

— Dans le VdlC n°22, on évoquait la révocation de Liu Zhihua (11/06), vice maire de Pékin pour corruption sur les contrats juteux des Jeux Olympiques de 2008.

Puis c’est à Liu Xiaoguang, Président de Beijing Capital (bras économique de la mairie de Pékin) d’être suspendu (17/06). On parle de pots-de-vin versés par un investisseur étranger pour reprendre le terrain du Beijing Morgan Center, qui aurait disparu à travers les sables du désert, causant sa plainte… A l’évidence, le gouvernement pratique une soudaine «tolérance zéro » envers deux grands corrompus – mais pourquoi maintenant… Et d’autres suivront-ils ?

— Dernier avatar aux négociations avec la Corée du Nord, l’ultime régime stalinien, qui s’amuse à inquiéter ses voisins par sa menace de bombe atomique et de tests de missiles. Pyongyang prétend tester son Taepodong-2 d’une portée de 6000km (d’autres parlent de 11.000km). USA, Japon et Australie sont en alerte.

Or la Chine, de concert avec la Russie, fait pression par la voix de son ambassadeur Wang Guangya (20/06) pour que le tir soit avorté : les deux pays se rangent derrière l’action des USA. Dick Cheney, secrétaire américain à la Défense, relativise la situation : la précision de la fusée étant à ce jour, «basse». Mais la Corée du Nord se rappelle de la belle panique suscitée en 1998, quand son Taepodong-1, de courte portée, avait survolé le Japon.

Dans un autre développement parallèle, la Chine vient de contraindre discrètement le Président iranien Amhadinejad, de passage à Shanghai (VdlC n°22) à négocier avec l’Occident l’abandon de son programme nucléaire, sur la base d’un plan de l’Union Européenne.

NB : la Chine marque ainsi ses limites, tout en maintenant son soutien à des régimes mal vus de l’Ouest, à cause de leur absence de respect des droits de l’homme !

— Ecartée de la Coupe du monde de football, notamment, disent les clubs, par l’incurie de la CFA (l’association chinoise de football), sa structure d’encadrement responsable de la préparation de l’équipe nationale, la Chine compense par des nuits blanches au petit écran, et le spectacle des matchs des autres pays.

On parle au moins de trois décès, une femme, deux hommes morts d’arrêt cardiaque. Ge Zuquan, lui, (29 ans) sauta par-dessus son balcon durant le match Pays-Bas/Côte d’Ivoire (16/06), se brisant colonne, bassin, coude et poignet. Coupable : l’alcool, et les six heures de décalage horaire…

On frémit d’avance, à l’hécatombe que causera, un jour, une coupe du Monde, jouée en Chine !  

 


Temps fort : Amitié sino-africaine, au relent de brut

En janvier, Li Zhaoxing, min.des affaires étrangères se rendait en Afrique, suivi du Président Hu Jintao en avril, et à présent du 1er ministre Wen Jiabao (17-24/06): trois missions en sept mois indiquent l’importance stratégique du continent noir pour la Chine !

Gagné, le combat avec Taiwan pour les liens diplomatiques est désormais du passé. Ce qui importe pour Wen, est de souligner la solidarité tiers-mondiste  entre Afrique et Chine, hier victimes de «6 siècles de colonisation », et d’ «1 siècle d’agression étrangère»,  ainsi que la «main secourable» 

chinoise, qui a envoyé 16.000 médecins. Pékin veut consolider une liaison qui lui fournit en 2005, 30% de son pétrole importé, 21% du coton, pour 39,5MM$ d’échanges.

En l’Egypte de Hosni Moubarak, Wen prête 60M$ pour exploiter le phosphore, prospecter les hydrocarbures. Il avance 66M$ au Ghana pour améliorer les télécom (en  filière chinoise). En Afrique du Sud, la Chine se prépare à entrer dans les mines d’uranium et signe un accord d’autolimitation de l’export textile. Surtout, elle accélère l’arrivée de 2 centrales de liquéfaction du charbon avec Sasol, aux Shaanxi et Ningxia. En 2010 ces JV d’un investissement de10MM$ produiront 12-16Mt de carbopétrole/an, et réduiront l’import de 15%. Dix autres centrales pourraient suivre!

Enfin, l’Angola reçut 2MM$, venant s’ajouter aux 3 déjà prêtés. 9MM$ de prêt sont projetés, sans conditions, garanti par les livraisons de pétrole. Déjà 1/4 du brut angolais prend le chemin du pays du Milieu.

On aura remarqué la différence de traitement entre ces huit pays visités, et une constante : les meilleurs amis, les mieux traités sont les producteurs de pétrole!

 

 


Petit Peuple : Zang Qin, stratège de la course en maraude

L’envol des prix du carburant étrangle les taxis. Aussi est-il bien pâle, le taximan d’hier, et disparue sa verve acide sur les grands de ce monde, qui enchantait le passager : le voilà qui rumine d’un air sombre ses traites, qui ne lui laisseront de ses 12h/jour, qu’un désolant 200²/mois…

Pourtant, Shanghai a l’exception, un Paganini du volant mercenaire: Zang Qin, dont les 42 ans (dont 17ans au volant) n’ont pas ébréché la faconde. Contre les coups de Noroît de la conjoncture, Zang a sa botte secrète. A arpenter sa ville, il a appris que rien ne servait de jouer de la pédale de gaz: il fallait partir à point, et dans le bon quartier. En deçà de 34,5¥/h, il perdait de l’argent. La soi-disant tranche horaire d’or, entre 17h30 et 18h n’apportait que ruine, le profit s’évaporant dans les embouteillages. Zang a donc fait le choix d’y prendre sa pose et de repartir quand les collègues jettent l’éponge.

Un moment faste est 21h, quand les cols blancs quittent après les heures supplémentaires, pressés de regagner le bercail. Autre clé : l’examen du client! L’homme à la valisette sur le parvis de l’hôpital, garantit longue course et beau pourboire, moyennant un peu de  palabres et sourires! Avec tous ces trucs du métier, Zang amasse vaille que vaille le quadruple des autres!

Le 14/3, Zang chargea Liu Run, boss de Microsoft-Shanghai. En chemin, il narra sa méthode: Liu en resta coi et décida sur le champ de l’inviter à haranguer ses troupes. Timide, Zang refusa d’abord, pour céder 3 jours après. Une fois au pupitre, ce causeur de génie conquit son parterre d’ingénieurs et chefs de service.

Depuis lors, conférences, interviews et articles de presse se succèdent sur l’alchimiste du 亡羊德牛wang yang de niu, tournant le mouton en boeuf (le plomb en or). Les sociologues dissertent gravement sur la durabilité du modèle. Une agence de pub veut le débaucher pour un clip télévisé. Zang Qin, qui, en trois semaines, n’a plus touché à son volant ne s’en soucie guère: ou bien sa vie décolle, ou bien il la reprend, à l’intersection où il avait chargé le commodore. Dans un cas comme l’autre, il est gagnant!

 

 


Rendez-vous : Canton, Salon de la logistique et du transport

21-23/06, Pékin: Salon de l’Agriculture

 

17-24/06, Tournée de Wen Jiabao dans 8 pays d’Afrique

22-24/06, Pékin: Exposition internationale du Tourisme