Le Vent de la Chine Numéro 2

du 16 au 22 janvier 2006

Editorial : Recherche & Développement: un plan de salut public !

Les 9-11/01 ont vu à Pékin la conférence nationale sur l’innovation : meeting suivi par 1000 cadres du Gotha politique et industriel, 4ème du genre depuis 1949.

Chen Jinpei, vice ministre  des sciences et des technologies résuma l’enjeu :  « sans stratégie d’innovation, la Chine ne sera pas leader technologique mondial » !

Deng Nan, fille de Deng Xiaoping, Présidente de la CAST (Académie chinoise de Technologie spatiale) dénonça le retard en Recherche & Développement : les compagnies chinoises ont 30 fois moins de brevets que celles des US, et 99% n’en déposent pas : 80% des brevets locaux sont déposés par l’étranger. 50% de la technologie utilisée est empruntée, 60% des équipements importés. 20 à 30% du produit des ventes de GSM ou d’ordinateurs repartent en royalties.

La Chine n’investit en R&D que 1,23% du PIB , contre plus de 2% aux pays riches – mais l’effort a doublé en 5 ans. L’usine chinoise n’utilise que 6 à 7% de robots, bien moins qu’ailleurs. Même si, en 2006, 29MM$ de robots devraient être vendus (+15%)… Le plus gros retard est dans les sciences de la vie, et dans l’intégration. La Chine va mieux en métallurgie, cristallogenèse, informatique, astrophysique ou nanotechnologie. Pour rattraper, Hu Jintao et Wen Jiabao annoncent un plan sur 15 ans, de la CAST, avec tous les corps de l’Etat

A l’instar du Japon 40 ans en arrière, Pékin choisit ses filières : conservation de l’eau et de l’énergie, systèmes anti-pollution et de défense, robots, équipements et matériaux composites, biotechnologies, espace, mer, aéronautique et sciences «frontières».

Vaste programme, doté de plusieurs outils : Le ministère des finances

[1] paiera des 10aines de MM$ en subventions, et

[2] taxera l’im-port d’équipements complets, au profit des cellules et éléments-clé favorisant la délocalisation.

[3] Les jeunes formés en Occident seront (davantage) encouragés à revenir. Les quasi-3M de diplômés locaux /an seront at-tirés vers la recherche.

[4] Tandis que le régime veut faire reculer le piratage intellectuel—cette fois, pour raisons internes !

A 1ère vue, voici un plan ambitieux, pour s’affranchir de la dangereuse dépendance technologique. Mais dans l’analyse, deux points – politiques, bien sûr- manquent à l’appel :

– La R&D traîne les pieds en Chine, faute de liberté. Surtout dans ses 1000 universités qui ignorent l’art du débat, et confient la recherche aux mandarins. Or, avec une politique de subvention, ce travers sera renforcé.

– Le plan compte sur le privé pour relancer  la R&D. Mais les grands groupes, seuls capables de mener une recherche cohérente, sont à 98% publics.

Autrement dit, l’Etat veut faire de la R&D, mais aussi, faire l’impasse sur la cause pre-mière du mal—l’absence de démocratie !  

 

 


A la loupe : Nigeria, Bolivie : 2 occasions en or (noir!)

La jeune hydre pétrolière chinoise déploie ses tentacules—vers l’Afrique comme vers le Cône sud, ses deux meilleurs territoires de chasse.

Au Nigeria, la CNOOC (China National Off-shore Oil Corporation) fait sa première percée hors-frontières, en reprenant pour 2,25MM$ les 45% de parts du gisement offshore Apko, propriété de la Sapetro, prête-nom de Theo Danjuma, ex-ministre local «enrichi». On note sur cette affaire, la défaite de l’ONGC (Oil and Natural Gaz Corporation) Inde, seconde victoire chinoise  en quelques mois – après la reprise à l’arrachée d’un contrat angolais par la CNPC (Compagnie Nationale Pétrolière). Ce qui ne veut pas dire qu’entre ces deux pays-Goliath assoiffés d’hydrocarbures, nulle entente ne soit possible : au contraire, les deux pays signent à Pékin (12/1) un mémo de synergie d’achats !

Détenteur de 24% du gisement et son opérateur, Total espère en tirer 225.000 barils/j dès  2009, soit 9% de la production nigériane : 79.000 iront à la CNOOC. A moins que le Président Obasanjo ne décide de saisir 50% des parts, au nom de la corruption de son ex-ministre. Mais Li Zhaoxing, le Ministre des affaires étrangères, de passage à Abuja, devrait trouver les arguments pour l’en dissuader. Li passe du 10 au 19 entre Cap vert, Sénégal, Mali, Libéria, Nigeria et Lybie : à la chasse au pétrole, et surtout, d’influence mondiale et géostratégique.

NB : de janvier à octobre, propulsés au pétrole, les échanges sino-africains ont monté de 39%, à 32MM$!

En Bolivie, c’est la démocratie aveugle qui favorise la Chine : Evo Morales, le Président socialiste juste élu, va nationaliser le gaz (2d gisement du continent), tout en cherchant à retenir les multinationales « pour coopérer »… Les 8-9/1, il était donc l’invité de Hu et de Bo Xilai, Ministre du commerce extérieur. Sans expérience diplomatique ni appuis, Morales doit faire le plein de ses amitiés. Il se présente en toute candeur comme «l’allié idéologique» de la Chine (comme le vénézuélien Hugo Chavez). Il promet de vendre du gaz à la Chine. Il demande des investissements, que Hu lui promet, de la part de groupes « puissants et prestigieux »… Morales penche vers Pékin, exalté par le fantôme de la liberté enfin reconquise sur la finance yankee : la Chine ne voudra pas rater sa chance de s’imposer comme alliance alternative , politique mais aussi commerciale aux USA.

 

 


Joint-venture : La Peugeot 206 ‘China’, et son banquier

—Après achèvement (octobre) de la ligne Golmud-Lhassa, le Tibet est relié au réseau ferré national – pour le bonheur de certains, les regrets d’autres. L’ouverture est pour juillet 2006, avec trains directs depuis la côte.

 De Shanghai, la traversée prendra 53h, et 200², un tiers du prix de l’avion. Signés Bombardier (Canada), les wagons seront les plus modernes, pressurisés (avec oxygène en option, contre le mal de l’altitude), pour franchir un col à 5072m. A noter la délicate attention aux étrangers, maintenue avec cette liaison-fer : les 500$ du visa. Mais les usagers du Dragon Express ne s’en apercevront pas, payant sans sourciller 4000$ le voyage. Dragon Express est un produit TZG Partners (JV sino-US), en liaison avec Qinghai-Tibet Railways, du ministère des chemins de fer. Pour l’achat des 51 wagons et leur aménagement par Aman Resorts (hôtellerie de luxe), Société Générale a baillé le prêt de 130M$ sur 15ans. Dragon Express musardera 4 jours en route, permettant d’admirer les sites, et d’apprécier le lit King size, le majordome et le bain chaud. A quand le prochain film « Crime du dragon Express »?

 

— Sur un marché très compétitif, mais en convalescence (+26% de ventes en’05), la 206 made in China fait son entrée (6/1). Avec 140.000 unités (+56%), DPCA (Dongfeng Peugeot Citroën automobiles) avait fait une bonne année 2005.

De cette petite cylindrée relookée pour les routes et selon les canons de la mode chinoise, le lion de Sochaux espère vendre 35.000 en 2006, pour passer la barre des 200.000 ventes (+43%). Ce qui permettrait d’estomper l’érosion en 2005 de sa marge de profit en Europe,  de 4,5% à 3,4%.

Un outil de cette stratégie sera le crédit, assumé par une JV entre PSA (25%), Dongfeng (25%) et la BOCla Banque de Chine– (50%),aux actifs de 500M². En 2005, vu la défaveur publique (pour refroidir l’économie), le crédit auto a chuté (10%, contre 20% en ’03). Aussi la JV-crédit n’espère pas de profits avant «2 à 3 ans». Mais toutes les autres (chez 6 groupes dont GM, Toyota et VW) sont logées à même enseigne. Et comme argument de vente, cette concession vaut mieux, à tout prendre, que la guerre des prix qui dévora 40% des profits des constructeurs l’an passé !

— De Shrek à Toys Story, avec la technique du « 3D », le dessin animé a pris un nouveau bail d’existence à travers le monde. A son tour, la Chine y vient :

China Film Animation, filiale China Film, associée au britannique Treehouse co-produira Monster Club, adaptation pour écran de la BD à succès de Kit Wallis. C’est Image in Media, groupe de media international qui paie  –20M$ ! La production débutera en avril 2006.

Pour ces deux firmes, c’est la chance de pénétrer sur un marché planétaire en centaines de M$. Et pour le chinois, celle d’un crash course en techniques actuelles,  animation et effets spéciaux.

 


A la loupe : La Rivière Songhua, Cuti de la Chine !

La contamination de la Songhua en novembre 2005, fut la goutte de benzène qui fit déborder le vase de l’opinion et du pouvoir : une série d’ondes de choc vibrèrent —elles durent encore.

D’autres rejets toxiques  furent signalés en « 2de vague » : le 4/01 à Zhuzhou (Henan), le gel d’une canalisation fit fuir 6 t de gasoil dans le Fleuve Jaune, causant une nappe de 60km de longueur, qui força au chômage 63 stations de pompage, par un taux de toxicité 27 fois supérieur au plafond autorisé. Le même jour près de Xiangtan (Hunan), une maladroite tentative d’épandage des effluents d’une fonderie de zinc aboutit à l’émission de 200kg de cadmium par jour dans la Xiang, avec un pic de contamination de 25 fois la valeur permise. Là, les autorités noyèrent le poisson en réduisant le mal par 20 t de chaux vive.  La Chine s’éveille groggy face à cette pollution fluviale, qui, selon un auteur, frapperait au rythme d’une fois par semaine.

Le pouvoir tente de reprendre l’initiative: promue priorité nationale, la Songhua recevra sous 5 ans, 3MM$ d’investissements en stations d’épuration, afin que 62M de riverains sur 4 provinces, reçoivent l’eau potable avant 360M d’autres. De même, un plan national apparaît, du Conseil d’Etat, pour imposer aux cadres de faire rapport sur tout rejet toxique sous 4 heures, et aux citoyens via la presse. Faible réponse, qui rate le vrai problème : les rejets industriels fluviaux, problème immense, sur lequel les autorités n’ont pas prise !

Au sud, les autorités choisissent l’hiver, temps de hautes eaux pour lâcher 450Mm3 de la Xi (Guangxi), afin de déssaler le Delta des Perles (Canton), victime de décennies de pompage de sa nappe phréatique. Autre bonne nouvelle sur le Delta du Yangtzé : dans les années ’90, Suzhou, Wuxi et Changzhou s’étaient affaissées de 2,5 à 12 cm.

Or depuis 2002, le pompage fut interdit, 4831 puits furent remplacés par un aqueduc à 0,9MM². Le résultat est brillant : sur les 3 villes, la subsidence (l’affaissement) est réduite de 20% à 33%, et la nappe aquifère se reconstitue. Comme si Dame Nature en personne se chargeait de rappeler que sous peines graves, l’environnement ne peut plus être géré comme affaire de «sentimentalisme bourgeois»!

 

 


Argent : La joyeuse entrée à Hong Kong de Lingbao, surfeur d’or

— A Hong Kong le 12/01, ambiance entre kermesse et rodéo pour l’entrée en bourse de Lingbao (Henan), qui vendait 35% de son capital pour 92M². Mais pour des parts du second fondeur d’or chinois, l’affluence battit tous les records. Des commandes folles furent passées sur les marchés gris. Seuls 20% des acheteurs furent servis : d’où la plus-value inouïe, 48% ! Cause de l’hystérie: l’envol du cours à Londres (record depuis 1981 le 9/01: 544$ l’once), déclenchée (là encore) par une soif d’or, prêtée au pouvoir et à ses citoyens.  Laquelle soif, à son tour, a 2 origines :

[1] le taux d’ intérêt du ¥ va monter, et sa réévaluation est inéluctable. Mais l’or, valeur refuge, est vacciné contre les fluctuations.

[2] la BPdC (la banque populaire de Chine) aussi, murmure son souhait d’”optimiser la composition de ses réserves” -d’acheter du métal jaune, qui n’assume qu’ 1% dans ses réserves (59% à la France, 67% aux US), de 794MM$, qui lui feront bientôt dépasser le Japon comme 1er détenteur mondial de devises. Il lui faut diversifier, sans éroder son capital : tâche difficile, presque une contradiction !

 

— C’était le monstre du Loch Ness chinois, dardant la langue hors mer de Chine, en chantiers spasmodiques bientôt déserts : le pont autoroutier Hong Kong-Macao, via 6 villes cantonaises se bâtira dès décembre 2006, réduisant à 30km la distance entre ces enclaves du delta des Perles. Coût: 4MM$-alourdi par les normes anti-typhons.

L’ouvrage profitera à l’ouest du delta, tel Zhuhai (frontière de Macao) 7 fois moins nantie que Shenzhen (aux 5,6MM² de PIB en 2004), moins servie en investissements de Hong Kong (330.000² en 2005). Avec un transport par camion réduit dès 2010, de 6h à une demi-heure, tous les espoirs de relance sont permis.

Ce projet a tant tardé, du fait d’une guerre des tycoons (magnats Hongkongais), trois ans plus tôt : Li Kashing ne voulait pas du projet de Gordon Wu, deux fois moins cher, mais qui  aurait favorisé ce dernier en lui offrant des parts de terminaux conteneurs !

 

 


Pol : Cache-cache cantonais pour Kim Jong-il

— En avril 2005, des troubles s’étaient produits à Dongyang (Zhejiang) : contre le maintien de 13 usines illégales, plombant leurs récoltes et leurs enfants, 200 vieilles femmes en sit-in depuis 15 jours, avaient été tabassées par des policiers, ensuite mis en fuite par 20.000 paysans.

Huit mois plus tard—délai court pour la justice chinoise, la réponse tombe, jugement de Salomon.

Côté administration, un nombre de cadres fut limogé (31/12), dont le maire et le secrétaire du Parti de Dongyang, pour«incapacité à préserver l’harmonie sociale». Le 9/01 (soit après, pas avant!) huit villageois sont condamnés, plutôt légèrement (4 à la prison + sursis, prison pour les autres – 5 ans au pire). Un « mouton » est relaxé.

Punir des 2 côtés, est un acte nouveau en Chine, où d’ordinaire, la loi est l’expression des actes des puissants. On y reconnaît, déjà, la griffe de Hu Jintao, et peut-être une recette de potion sociale, pour contenir l’exaspé-ration  montante de part et d’autre, sous une ombrelle nouvelle et frêle — un vernis de loi !

 

— Visite couleur de muraille de Chine pour Kim Jong- Il, le cher leader nord-coréen, qui franchit le 10/1 la Yalu à Dangdong (Liaoning) à bord de son train privé, genre Dragon Express (signe du pouvoir hérité de son père Kim Il-Sung le Grand leader).

Il était signalé le 11/01 à Shanghai, qu’il connaît déjà d’un précédent voyage. Il poursuivait sur Canton, pour parachever sa découverte de la réforme économique. Pour ajouter du mystère, débarquait à Pékin (12/1) Christopher Hill, le négociateur US pour la Corée du Nord, en provenance de Tokyo, où il avait convenu avec ses hôtes une reprise rapide du sommet à six, avec Chine, Corée du Sud, Russie, et Pyongyang. La main sur le coeur, Hill jurait n’avoir aucun plan de rencontrer le cher leader.

A Canton, le gouvernement avait déjà fait évacuer jusqu’au 16 l’hôtel White Swan, avec toutes les apparences d’y tenir un meeting direct sino-US : sous réserve d’inventaire, un tel face à face entre « l’axe du mal coréen » et le « loup impérialiste yankee» était la pièce manquante au puzzle de l’introuvable paix!     

— L’Iran du bouillant Président Ahmadinejad a sauté le pas (12/01) en reprenant sa course à la bombe: levant un front du refus international. Le 16/01 à Londres, Russie, US, Chine et l’Union Européenne tentent de répliquer,  compte à rebours à des sanctions. Pour la Chine, s’associer à la démarche ne va pas de soi, face à un vieil allié, dont elle guigne le pétrole. Mais cette fois, l’initiative vient de l’Union Européenne. La Chine aime aussi apparaître une puissance mondiale en voie de responsabilisation. Tout en donnant à Téhéran, en douceur, le signe de se dégager à temps de cette voie sans issue. La minute de vérité, pour Pékin (et Moscou) viendra lors du vote de sanctions! En tout cas, cette collaboration avec l’Ouest, met Pékin en bonne position pour négocier, les 17-18/01 à Canberra, l’import d’uranium australien moyennant une clause de non-revente à des Etats voyous!

 

 


Temps fort : Japon, Taiwan – même érosion, face à la Chine !

Entre les hauts cadres nippon Sasae et chinois Cui Tiankai, les palabres du 9/01 n’ont abouti ni sur le contentieux du forage pétrolier en des eaux revendiquées par les 2 pays, ni sur les visites du Premier ministre Koizumi au temple de Yasukuni où gisent 14 criminels de guerre. Non plus sur l’allégation par Tokyo du suicide d’un de ses diplomates en 2004 à Shanghai, victime d’un chantage par l’espionnage chinois. Shinzo Abe, dauphin désigné de Koizumi comme Premier ministre à l’automne, enfonce le clou en soutenant les thèses de son patron.

Ceci n’empêche l’opinion nippone, milieux d’affaires surtout, de s’inquiéter des suites de cette crise sur des échanges en hausse foudroyante –184MM$ en 2005. Discrètement, Pékin, Tokyo s’entendent sur des relations minimales : sur l’affaire de la Corée du Nord. Lundi, ils sont tombés d’ accord contre le concept US de punir Pyongyang, pour des affaires de blanchiment d’argent…

Détail symbolique : un Cantonais de 17ans est invité au Japon pour y apprendre le Baseball… Mini-signe (printemps en hiver), mais qui ne trompe pas, sur la volonté commune d’enrayer le dérapage !

A Taiwan, c’est plus clair.

Écrasé au scrutin de décembre 2005, Chen Shui-bian, Président autonomiste (DPP) a perdu la bataille d’une séparation en laquelle l’opinion ne croit plus, et s’apprête à vivre ses deux dernières années en camp retranché. Son dernier «dada de bataille» un peu dérisoire : bloquer l’invasion maritime de la contrebande au 春节 chunjie (29/1)! Ma Ying-jeou, Président du KMT (Kuo Min Tang), maire de Taibei, le grand vainqueur, s’apprête à faire voter par sa majorité au Yuan législatif le rétablissement des liens maritimes et aériens avec le continent. Comble d’humour noir, il menace, en cas d’obstruction, d’employer le référendum, levier que Chen pensait manier pour imposer l’indépendance…

Ce que ces succès chinois expriment, sur le fond : le recul de l’influence américaine, la montée de sa force centripète commerciale — et la patte dine de Hu Jintao !

 


Petit Peuple : La peur du tigre-femme à Zhangjiagang 

En 2005 à Zhangjiagang (Jiangsu), le complexe chimique Haobo recruta 10 vigiles, issus du temple de Shaolin, l’ordre bouddhiste combattant.

Depuis la prime enfance, ces jeunes d’humbles origines, arrachés à leurs chaumières pour cette retraite spartiate, s’étaient aguerris au kungfu. Dès l’aube (4 h), ils suaient 60 minutes de jogging effréné, suivi d’une matinée d’arts martiaux. L’après-midi, ils élevaient leurs âmes par l’étude des soutras et la présence obligatoire à de soporifiques offices: existence terne, à mesure que s’éveillaient les sens et leur troublant appel. D’autant que le père-ab-bé dirigeait à la baguette! Ainsi nos jeunes, dans l’usine, se crurent au paradis, plastronnant avec leurs uniformes et leur salaire mensuel. Même si l’unique loisir était la TV, voire de rares combats de kungfu en ville!

Bientôt, bien sûr, surgit le problème. Face aux rares filles de l’usine, nos godelureaux rougissaient comme pivoines, ayant été formés à 谈虎色变tan hu se bian, «pâlir rien qu’à parler du tigre» (euphémisme bouddhiste pour la femme) – mais restant tenaillés d’un lancinant désir !

En désespoir de cause, Haobo fit appel au journal local, qui publia leur quête de nourritures terrestres, agrémentée d’une honnête promesse de convoler sous les liens du mariage. A cet appel si peu commun, comment réagiront les filles de Zhangjiagang? Refuseront-elles de déniaiser ces jeunes, les dénigrant comme sans fortune ni avenir ? Ou bien, devinant en eux une source cachée de volupté sans pareil, avec leur force virile et leur vertu, voudront elles goûter aux 小子xiaozi, «petits diables de Shaolin»? L’avenir dira !

 


Rendez-vous : Pékin, Conférence internationale des donateurs sur la grippe aviaire

—Après achèvement (octobre) de la ligne Golmud-Lhassa, le Tibet est relié au réseau ferré national – pour le bonheur de certains, les regrets d’autres. L’ouverture est pour juillet 2006, avec trains directs depuis la côte.

 De Shanghai, la traversée prendra 53h, et 200², un tiers du prix de l’avion. Signés Bombardier (Canada), les wagons seront les plus modernes, pressurisés (avec oxygène en option, contre le mal de l’altitude), pour franchir un col à 5072m. A noter la délicate attention aux étrangers, maintenue avec cette liaison-fer : les 500$ du visa. Mais les usagers du Dragon Express ne s’en apercevront pas, payant sans sourciller 4000$ le voyage. Dragon Express est un produit TZG Partners (JV sino-US), en liaison avec Qinghai-Tibet Railways, du ministère des chemins de fer. Pour l’achat des 51 wagons et leur aménagement par Aman Resorts (hôtellerie de luxe), Société Générale a baillé le prêt de 130M$ sur 15ans. Dragon Express musardera 4 jours en route, permettant d’admirer les sites, et d’apprécier le lit King size, le majordome et le bain chaud. A quand le prochain film « Crime du dragon Express »?

 

— Sur un marché très compétitif, mais en convalescence (+26% de ventes en’05), la 206 made in China fait son entrée (6/1). Avec 140.000 unités (+56%), DPCA (Dongfeng Peugeot Citroën automobiles) avait fait une bonne année 2005.

De cette petite cylindrée relookée pour les routes et selon les canons de la mode chinoise, le lion de Sochaux espère vendre 35.000 en 2006, pour passer la barre des 200.000 ventes (+43%). Ce qui permettrait d’estomper l’érosion en 2005 de sa marge de profit en Europe,  de 4,5% à 3,4%.

Un outil de cette stratégie sera le crédit, assumé par une JV entre PSA (25%), Dongfeng (25%) et la BOCla Banque de Chine– (50%),aux actifs de 500M². En 2005, vu la défaveur publique (pour refroidir l’économie), le crédit auto a chuté (10%, contre 20% en ’03). Aussi la JV-crédit n’espère pas de profits avant «2 à 3 ans». Mais toutes les autres (chez 6 groupes dont GM, Toyota et VW) sont logées à même enseigne. Et comme argument de vente, cette concession vaut mieux, à tout prendre, que la guerre des prix qui dévora 40% des profits des constructeurs l’an passé !

— De Shrek à Toys Story, avec la technique du « 3D », le dessin animé a pris un nouveau bail d’existence à travers le monde. A son tour, la Chine y vient :

China Film Animation, filiale China Film, associée au britannique Treehouse co-produira Monster Club, adaptation pour écran de la BD à succès de Kit Wallis. C’est Image in Media, groupe de media international qui paie  –20M$ ! La production débutera en avril 2006.

Pour ces deux firmes, c’est la chance de pénétrer sur un marché planétaire en centaines de M$. Et pour le chinois, celle d’un crash course en techniques actuelles,  animation et effets spéciaux.