Le Vent de la Chine Numéro 17

du 14 au 20 mai 2006

Editorial : Liens Pékin-Vatican : un pas en arrière, un pas en avant !

Entre l’Eglise catholique et la Chine, une crise vient d’éclater. Jusqu’à avril, Pékin et le Vatican avaient un arrangement : dirigée par son Secrétaire général Liu Bainian, l’Association Patriotique Catholique désignait les évêques, mais consultait Rome. L’élection de Benoit XVI (Pape non issu d’un pays communiste) avait permis d’aller plus loin: les évêques consacrés, recevaient en chaire l’annonce la bénédiction pontificale.

La rupture a eu lieu les 30/04 et 3/05 : deux évêques furent désignés à Kunming (Yunnan) et Wuhu (Anhui) sans l’accord du Pape, qui menaçait d’excommunication! Liu Bainian prétendit que Rome, informée, aurait « oublié de répondre »…

Qui a voulu cette rupture? Confronté à une renaissance de la demande spirituelle, surtout dans les campagnes,  le pouvoir souhaite mieux contrôler son clergé avant de rétablir les liens formels. Sur 92 diocèses, 42 n’ont plus d’évêques. Or, qui nomme ces évêques, tient l’église. On note que les prélats désignés par le régime, sont jeunes, sur leur 40aine, faits pour durer…

Mais pour autant, Pékin ne veut pas briser sa paix religieuse. Après les 2 ordinations sauvages,  une autre suivit le 7/5 à Shenyang (Liaoning) —celle de Paul Pei Junmin,  approuvée par Rome -convenue en commun. Pour confirmer le souci d’apaisement, le 9/5, Pékin sortait de sa réserve -fait très rare- pour réaffirmer son désir « sincère et volontaire » d’améliorer les relations. L’église de l’ombre pour sa part, évoque une angoisse matérialiste de certains prélats officiels, de perdre les cures et prébendes rendues par l’Etat, et qu’ils ont détournées à leur profit.

La crise couvre aussi un conflit d’hommes: Liu n’est pas prêtre, mais aurait voulu l’être. Joseph Zen, l’archevêque de Hong Kong juste nommé, est vu à Pékin en «ennemi», et ne manque pas une occasion pour réaffirmer l’exigence de liberté et droits de l’homme. Or ces deux hommes se connaissent bien, et Liu, quoique moins légitime, croit comme lui agir dans l’intérêt de ses ouailles, en les représentant auprès du régime…

Enfin, le 14/5, un 4ème prélat était intronisé à Ningde (Fujian) contre le Pape : le fléau du pouvoir oscille de nouveau dans l’autre sens, privilégiant la défense de ses hommes, à la réconciliation.

NB : Dans cette crise, le bas clergé fait les frais, déchiré entre autorités temporelle et spirituelle, et les pressions pour boycotter, ou bien soutenir ces ordinations. Et en fin de compte, Pékin expose ses divisions et atermoiements, autant incapable de réconcilier, que de rompre !  

 

 


A la loupe : Les capitaux prennent le large (et vice versa)

« L’économie chinoise est forte, mais son capital ne fait pas le poids» : cette petite phrase de L. Wong, Président de la Bourse de Singapour, explique le flirt actuel du capital chinois et étranger, hors du moule de la bourse de Shanghai et Shenzhen !

La Chine ouvre le QDII (Qualified Domestic Institutional Investors), facilité permettant aux gros clients chinois d’accéder hors Chine à des valeurs sûres, moyennant ses propres règles. Le1/05, elle autorise le Fonds national de pension à y placer jusqu’à 20% de ses avoirs, aujourd’hui de 26,5MM$. Le but est d’aider ce régime de retraites à trouver 100MM$ qui lui manquent pour faire face à ses obligations. Le Fonds pourrait avoir placé 2,4MM$, hors de Chine d’ici décembre, dont 0,8 nouveaux.

Au total, le QDII devrait exporter vers la bourse de HK, en 2006, 2MM$, et 12MM$ d’ici 2010. Parmi ses autres clients (outre le fonds de pension)  figurent les 300.000 fortunes privées, fortes de 400MM$. Autant dire que le HKSE – la Bourse de Hong Kong est (logiquement) le gagnant n°1 de cette course au capital chinois, devant les places boursières de Singapour ou New York ! 

L’argent chinois sort, et les compagnies chinoises en demande de crédit, en font autant : l’épargnant étranger et même le chinois (via QDII) investissent dans les titres chinois à HK et à Singapour, laquelle fêtait le 5/05 sa 100ème valeur : Midsouth (Shandong), +40% au 1er jour. Avec 15,5MM$, ces 100 titres totalisent 5% de la capitalisation : en un an,  la valeur moyenne de la firme chinoise y a monté de 50%, à 150M$.

Enfin, Shanghai et Shenzhen remontent aussi, ayant gagné 24 et 25% depuis janvier (contre 15% à Hong Kong, selon indice Hangseng) : les réformes (cf VdlC n°16) portent leurs fruits. A 34 banques et fonds étrangers, via le système QFII (Qualified Foreign Institutional Investors), l’Etat a octroyé pour 6,6MM$ de droit d’investissement. Les assureurs réclament de pouvoir y tripler leur présence de 5 à 15% de leurs 200MM$ de patrimoine soit pour 2006, si l’Etat acceptait, +20MM$ d’achats de parts!

On voit donc émerger une perméabilité des capitaux de et vers la Chine. Telle ouverture était urgente, pour maintenir la croissance chinoise, alors que les investisseurs étranger donnent des signes de lassitude – vu l’érosion de l’avantage concurrentiel

 


Joint-venture : CBMI – usine chinoise pour Bordeaux

— La Chine ne se satisfait plus de bâtir les usines des pays en voie de développement : à Bassens, port de Bordeaux, CBMI (n°1 du montage de cimenteries) assure avec l’allemand Loesche le lot Mécanique et procédés de la dernière usine Lafarge, usine de laitiers, substitut écologique du klinker dans le ciment. Pour 20M², Loesche fournit le broyeur, et CBMI l’installe. D’ici l’automne, l’usine tournera, avec une capacité de 250.000t/an.

Pour CBMI, c’est la percée en France (il était déjà en Italie et Espagne), aidée par les relations anciennes avec Lafarge en Chine, pour qui il a créé les usines de Chongjing et Dujiangyan. CBMI est d’ailleurs sur les rangs pour sa prochaine usine française, dans le Var. Pour ce contrat,

CBMI a dû montrer patte blanche, sous l’angle des lois sociales. Les 50 ouvriers font les 35h, touchent leur paie selon la convention collective. CBMI a du signer la charte de l’ONU sur les pratiques éthiques en entreprise, créer une filiale pour payer les employés, recruter un cabinet de droit social… Une expérience qui vaut de l’or, pour un groupe qui débarque !           

 

— Rebondissement à vrai dire prévisible, dans la saga du duel entre Société Générale et Citigroup, pour la reprise de la Guangdong Development Bank en faillite.

Tablant sur ses vieilles relations à Canton et celle du partenaire Carlysle, déjà maître minoritaire de la Shenzhen Development Bank, Citigroup espérait un changement de loi et revendiquait 40% de GDB. Société Générale tablait sur le respect du plafond à 20%. Pékin venait de déclarer l’offre US irrecevable. Aussi Citigroup change son fusil d’épaule et recalibre son montage sur celui de Société Générale, pour se limiter à 20% des 85% de parts offertes, et à 700M$ d’investissement.

L’offre demeure néanmoins en «infraction» puisque avec la prétention de  Carlysle sur 9%, les deux compères dépassent le plafond des 25% autorisés aux consortium étrangers. Reste à savoir la réaction de la tutelle bancaire CBRC !

NB : déclarer recevable la nouvelle offre de Citibank, a fortiori l’agréer, ferait risquer à Pékin un reproche de manque d’équité.

 

 


A la loupe : Chine-Japon: rabibochage au bout du tunnel ?

Si l’on reparle encore des rapports sino-nippons, en crise depuis cinq ans, c’est que des signes émergent, évoquant une embellie.

Certes, la grogne mutuelle se poursuit sans désemparer, Pékin intimant à Tokyo de rembarquer les 700.000 armes chimiques oubliées en 1945 en Mandchourie (Jilin), Tokyo priant Pékin d’expliquer ses 16%/an de hausse du budget militaire depuis 1994 (35MM$ en 2006, voire probablement 100MM$).

Surtout, le Japon s’attend à voir son 1er ministre Junichiro Koizumi s’incliner le 15/8 au mémorial de Yasukuni, devant les cendres de criminels de guerre. Ce qui ne manquera pas comme les autres fois, d’alimenter la fureur de la Chine, de la Corée et des autres. Koizumi récidiverait, pour ne pas se déjuger avant de confier les rênes à son successeur en octobre. Mais cette fois, son geste devrait avoir moins d’effet sur la crise sino-nippone : s’agissant d’une dernière fois, d’un homme aux réactions prévisibles, et sur le départ.

Cependant, d’autres sons viennent infirmer ces gesticulations rituelles. A Tokyo, des voix ne se privent pas de dénoncer l’«arrogance» du 1er ministre nippon. La presse chinoise fait honneur à Ryuzo, moine shintoïste venu prier en Mandchourie dans un ex-camp japonais. Tout en révélant que 51% des nippons souhaitent un pardon complet de leur pays à la Chine, ou bien davantage de compensation pour les crimes du Mikado dans les années 1930-’40.

Cette semaine à Tokyo, une 5ème ronde de négociations aura lieu pour un partage acceptable du gaz en mer de Chine, dont la CNOOC prépare l’exploitation unilatérale. Des forums interministériels sont prévus pour régler d’autres différends tel celui des îles Diaoyu-Sankaku. Et si Pékin accepte, dès les 23-24 mai, les ministres des aff. étrangères pourraient rétablir le lien direct, en marge d’un sommet asiatique, à Doha

Tout cela est loin de faire le printemps, mais un pli semble pris : Japon et Chine savent combien ils ont perdu dans la dispute stérile (lui en marché chinois, elle en investissement nippon), sans compter le risque de conflit armé à l’avenir, à cause de ce conflit pétrolier. Dès lors, on n’attend plus que la sortie de Koizumi pour entamer la convalescence -qui sera longue !

 

 


Argent : Tianjin, Xiamen, Haikou -la régate rêvée des ports célestes

— La semaine fériée du 1er mai  était belle, avec ses 146M de touristes (+20%), les 5,85MM² aux hôtels et agences (+25%, à 40²/tête), tandis que le commerce affichait 28MM² de recettes, +16%.

Incidemment, cette hausse était la même que celle des salaires des cadres (contre 15% à celle du privé). Mais curieusement, le succès n’est pas partout de mise. Moins encore, là où il est vérifiable, comme à Hong Kong: 360.000 vacanciers chinois n’y assurent qu’une hausse de 3,5%, et les ventes ont baissé de 5 à 6% (électronique) à 3% (chaussure). Mis à part le probable «bidonnage» des chiffres par les cadres désireux d’afficher du chiffre,  que se passe-t-il ?

La presse ne le cache pas : le Chinois vit mal cette semaine d’enfer où on lui double les prix, pour un service minable dans des circuits engorgés, sur des routes dangereuses (« 100 morts » à Pékin et sans doute beaucoup plus en réalité). L’on voit les fissures de ce tourisme autoritaire, dont la finalité n’est pas l’homme mais les firmes. L’alternative étant l’étalement des vacances et des loisirs « à participation ajoutée» (musées, trekking, stages etc).

— D’ici 2010, la capacité des ports passera de 3,8MMt à 5MMt. Des géants sortent des cartons du ministre Li Shengli.

[1]Tianjin explose, sous un concept plus ample destiné à désengorger le Hebei mais aussi le Dongbei (160M d’habitants) : Binhai, sur 2270km²  de surface,  doublera avant 2010 sa capacité en conteneurs à 10M d’unités, s’offrira un chenal en eaux profondes (pour navires de 250.000t), un terminal GNL, un port pétrolier de 300.000t, 16 appontements. Il en coûtera 5MM², prêtés par la BoCom.

[2] Mr Li tente de faire le ménage, fusionner de nombreux petits ports méridionaux, et sacrifier les rivalités sur l’autel des économies d’échelle. Deux nouveaux groupes portuaires sont annoncés, « pas moins importants » que Tianjin, Shanghai et Shenzhen.

Xiamen (Fujian) fera la liaison avec Taiwan, dont Pékin voit l’ouverture proche. Y seront rattachés Zhangzhou (terminal pétrole/gaz), Fuzhou, Quanzhou et Putian.

Et dans l’île de Hainan, Haikou recevra le vrac et le pétrole/gaz, pour devenir la base d’échanges avec l’Asie du Sud-Est, après rattachement de Basuo et (côté continent) Zhangjiang et Fangcheng.

 

 


Pol : Le cartel de Medellin en échec à Canton

— En janvier, le DEA (le bureau américain anti-drogue ) informa ses collègues Hongkongais et chinois du départ du Brésil d’un lot de schnouffe vers Canton, direction Hong Kong.

 Le tuyau suffit pour tendre la souricière. Un mois se passa: entre les 3 polices, le secret tint bon. Puis vers le 10/3, de faux acheteurs et vrais flics de Hong Kong, se présentèrent aux vendeurs, obtinrent un échantillon. Les 15 et 17 /05, ce fut le signal du coup de filet : entre Shenzhen, Hong Kong et Zhongshan, 142kg de came furent saisis, valant 13M$, de très loin le record national. Neuf bandits furent serrés (3 Colombiens, 1 Vénézuélien, 2 Hongkongais, 3 Chinois) dont deux eurent la chance de leur vie, étant pris sur le Rocher, à la justice plus douce. Le gang voulait monter une base à Hong Kong pour réexporter sa cocaïne latino vers l’Afrique de l’Ouest et la Thaïlande, concurrençant la dope du Triangle d’or.

La  chance de briser dans l’oeuf cette filière nouvelle, n’a pas été gâchée : en toute discrétion, le bureau du DEA à Pékin fonctionne et coopère déjà depuis 2001 !

NB : Contrairement aux apparences, la police ne gagne pas cette guerre en Chine. Au 1er trimestre, les saisies, qui constituent 1/10 du trafic réel, ont augmenté de 435%, dont la moitié en hallucinogènes de synthèse, genre Ice ou Ecstazy.

 

— Explicable par les ambitions pétrolières et géo-stratégiques de Moscou et Pékin (de contrer les USA), un front sino-russe protège depuis des mois l’Iran contre la menace de sanctions, suite à sa course unilatérale à la bombe atomique au-delà d’un ultimatum au 30/05 par l’ONU.

Mais le glacis se fendille, résultat de tractations discrètes.

Le 10/05, le Trésor US renonce à sa vieille antienne contre la Chine, de la taxer de «manipulation monétaire», ce qui aurait pu ouvrir la voie à des rétorsions US sur les exportations chinoises. Le même jour, R. Zoellik, secrétaire d’Etat déclare que Pékin ne fera pas veto à des sanctions de l’ONU contre l’Iran. Faisant ainsi point d’orgue (28/04) à la confidence de K. Kozachev, élu russe proche du Président Poutine : Russie et Chine «pourraient» tolérer une résolution «imposant» à Téhéran l’arrêt de son programme nucléaire agressif. Sous peine de sanctions ultérieures…

NB : Rien n’est joué : l’Europe, pour l’heure, prépare une offre de garanties de sécurité à l’Iran, en échange de l’abandon de son plan nucléaire !

 

— Par la voix de son Vice 1er ministre Mark Vaile, Canberra dit haut et fort son impatience, face à l’immobilisme des négociations pour l’accord sino-australien de libre-échange.

Contredisant les promesses de Wen Jiabao l’an passé, rien n’a bougé. L’Australie accuse de blocage ses partenaires chinois, avides de minerais et d’énergie australiens, mais pas prêts à ouvrir leur marché au lait, à la viande et au blé «aussie», meilleur marché et de meilleure qualité. Cette pointe d’exaspération vient peut-être de la nouvelle promesse de Wen en avril, de régler tout cela… sous deux ans !

Le gouvernement australien doit se dire que la Chine sait faire plus vite, quand elle le veut : le 8/05, elle annonce une participation de 267M$ dans la 1ère tranche de la Zone de libre échange de Lekki (Lagos), au Nigeria -moins agressif, il est vrai, comme rival industriel. Mais cette tentation protectionniste de la Chine est incompatible avec son espoir de réorienter l’Australie, d’une alliance américaine vers son propre centre de gravité !

 


Temps fort : Tagong, Cangyan — deux villages magiques marient passé et avenir !

Le 1er mai, fuyant les villes, il est temps d’aller rejoindre la Chine profonde. Le Vent de la Chine voyagea à 1500km d’écart, du Sichuan au Hebei : il y retrouva cette même volonté neuve du régime, de restaurer le patrimoine local, l’écologie, réhabiliter l’architecture !

A 10heures de Chengdu à travers crêtes alpines et cols enneigés, c’est Tagong, hameau tibétain à 3800 m d’altitude, aux maisons de granit, toits d’ardoise, portes liserées de blanc, volets gravés d’arbres, chevaux et conques polychromes, et bordé de sa lamaserie, son joyau.

Vision joyeuse, incroyable en Chine : aucun béton ni tour ne déflore Tagong. A 70% Tibétains, les gens vivent de l’élevage de yak (pour sa fourrure, sa viande, son beurre), et d’un tourisme inspiré par Pékin, grâce à des normes et à des primes à la restauration. Au bénéfice des touristes, les jeunes se parent de leurs tenues ethniques et posent -1¥ la photo. Sur une ardoise, dans l’auberge, un mot d’anglais discret : «Merci de nous faire vivre, par votre visite».

D’un autre côté, à 5 heures de Pékin, derrière Shijiazhuang, se cachent des trésors d’architecture tel Cangyan, monastère perché sur un précipice de 100m. Par les routes sinueuses, des plantations nouvelles, noyers et fruitiers. Les murs de pierre sèche ont été remontés à l’ancienne. Les villages sont propres et restaurés. Partout se dressent les slogans «Ecotourisme! Restauration de notre environnement»… On s’efforce de réparer des décennies de dégâts des brigades de production, pour forcer à pousser un blé inadapté à ces collines arides, au ciel aujourd’hui ocre…

Clairement, à travers ces régions, une révision a lieu : réconciliation avec la nature et non plus son massacre. Et face au Parti, l’amertume du passé s’estompe : la politique volontariste fait naître une hésitante gratitude !

 

 


Petit Peuple : Rebecca, la secrétaire sacrée  ‘vache’!

Le 8/04 à Pékin, Lok Soonchoo, Président d’EMC (US) aurait mieux fait de rentrer chez lui après dîner au lieu de repasser au bureau: Rebecca sa secrétaire avait fermé, et il avait oublié sa clé. Enragé, il lui ordonna par mail de ne plus s’absenter à l’avenir sans  en référer aux chefs!

En tel cas, tout Chinois s’excuse platement. Rebecca elle, fut l’électron libre, le cas sur 1million! Par un « reply » nucléaire destiné à tout le groupe en Chine, elle se rebiffa : «boucler le bureau était son devoir à elle. Oublier ses clés était sa faute à lui. Tout chef qu’il était, il n’avait le droit ni de toucher à ses heures de repos, ni de se dispenser d’être poli».12h plus tard, la toile nationale vibrait de cet acte d’insolence – feifeiyangyang («brûlant comme la vapeur, léger comme la poussière»). Des millions d’internautes sacrèrent Rebecca, la plus «vache» secrétaire du pays (c’est un compliment).

Ce que l’histoire révèle, est le malaise chinois face aux rapports de travail plus clairs et plus égaux, à la mode de l’Ouest, peu dans la façon locale. Mais dans cette inquiétante liberté, jusqu’où aller ? A la rébellion ?

Sur les 50000 sondés par Sina.com, 70% votèrent contre Lok, 75% pour Rebecca. Son atout-maître fut de répondre en chinois, à un message en anglais, langue interne de la multinationale – telle une Jeanne d’Arc se levant pour bouter l’anglais barbare hors du pays ! Ce rejet a un précédent : en 1966, un lycéen avait rendu copie blanche, et dénoncé l’impérialisme du sujet d’examen: Mao avait soutenu le cancre, donnant ainsi le signal de départ de la Révolution Culturelle!

Pour sa faute, Rebecca fut chassée. Mais Lok fut «démissionné», par une maison-mère craignant la pub indésirable. Ainsi cet incident banal en soi, vient contre toute attente d’attirer l’attention nationale : c’est qu’il révèle un spasme rare, d’une société en pleine douleur d’accouchement de son avenir !

 

 


Rendez-vous : Foire des nouvelles technologies à Shenyang

Shanghai, 16-18/05: Foire de l’Immobilier

 

Shenyang, 18-21/05: Exposition des nouvelles technologies de pointe

 

Shanghai, 18-20/05: Int’l Metal Expo