Le Vent de la Chine Numéro 37

du 21 au 27 novembre 2005

Editorial : RONDE DE DOHA – L’UNION EUROPEENNE SEULE CONTRE TOUS !

D’ici 2015, par la ronde de Doha, les 149 pays de l’OMC veulent créer 300MM$ d’échanges, en taillant taxes, quotas et subsides.

Prochaine étape: le 6. Sommet ministériel, à Hong Kong (13-18 décembre), sorte de Foire au démantèlement des protectionnismes. Cette ronde s’inscrit sous une tonalité spéciale: le rattrapage des pays pauvres, en ouvrant aux marchés riches, leurs produits agricoles. Or au jour J-22, les fusibles chauffent : l’accord reste encore hors de portée !

Cette semaine vit la tournée asiatique du Président Bush, en Chine les 19-20/11. Tout en tentant de la forcer à réévaluer son RMB-¥, voire à se démocratiser, Bush chercha l’alliance avec elle, entre autre pour isoler l’Union Européenne dans la ronde de Doha. A Pusan, au sommet de l’APEC (Coopération Economique de la zone Pacifique) les 15-19/11) R. Portman, Secrétaire américain au commerce, suivait la même démarche.

Les USA ont offert de couper leurs tarifs agricoles de 60% –mais sans inclure leurs subventions à la production. L’Union Européenne a offert la coupe de 47% sur 92% des produits verts, mais sous conditions, dont le maintien d’un privilège pour ses 60 ex-colonies des ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), et des concessions multilatérales sur les industries et les services

Tollé général : Etats-Unis et tiers-monde réclament une concession bien plus forte, que l’Union Européenne n’est pas en mesure de donner, vue l’obstruction par Jacques Chirac —qui craint le démantèlement de la PAC (politique agricole commune), « vache à lait » de la France .

Le grand problème, pour l’Union Européenne, est qu’hormis Union Européenne et US, le reste du monde n’a pas encore fait d’offre, et que la dérégulation voulue exclut les secteurs secondaires et tertiaires, essentielle aux Européens. Les PVD partent du principe que «c’est aux riches de faire le 1er pas». La Chine soutient le tiers-monde, mais évite de parler, par prudence (pour éviter de faire tout capoter), et par refus de nouvelles concessions -estimant avoir déjà payé lors de son adhésion en 2001.

En conséquence, elle sera peu écoutée en cette enceinte, où «ce sont ceux qui paient l’orchestre, qui le dirigent»!

Enfin, l’ambiance morose exprime l’inquié-tude et le désir des camps de s’absoudre à l’avance d’un échec. Pourtant, la situation n’est pas si sombre. Les concessions pointent à l’horizon, de pays émergents, tels l’Inde qui veut l’ouverture des services, le Brésil qui veut plus d’ouverture agricole…

Pascal Lamy, Secrétaire général de l’OMC (organisation mondiale du commerce) propose un sommet supplémentaire en mars, espérant dans l’intervalle, convaincre Paris de lâcher du lest. Un grain de sable historique pourrait inverser la vapeur: les émeutes en France, qui suggéreraient les 149 pays de donner un sursis à l’Hexagone, pour surmonter sa crise !


A la loupe : Ciel de lit bleu pour les célestes tisserands

Dix mois d’incertitude s’achèvent pour les producteurs textiles : balisés et à long terme, les accords d’export avec l’Union Européenne puis les Etats-Unis (VdlC n°36) permettent aux groupes chinois d’investir en toute quiétude.

On avait vu les grands projets de la filature Hongkongaise Yangtzekiang.

A présent Shenzhou International, n°1 chinois du tricot à l’export, vend en « avant-première » pour 4M² de parts offertes en bourse au 24/11, (5,2%), à trois bons clients japonais, Sojitz, Chori et Itochu. Le Japon absorbe 90% de la production de Shenzhou. D’autres investisseurs viennent d’Europe, séduits par cette source lainière au meilleur rapport qualité/prix. 55M² de cette recette boursière (63%) iront à des usines nouvelles, y compris au Cambodge, profitant de sa taxation réduite, et viseront l’Amérique : en ’06, les pulls Shenzhou made in Cambodia, seront 94M aux USA, +25%.

Même confiance chez Weiqiao, le plus gros cotonnier d’Asie avec 150.000 cousettes. Autour de Zouping (Shandong) en 2004, ses quatre parcs industriels produisirent quelques 543,000t de fil et 131.000km de coupon de toile à jeans. Après des années haletantes de croissance au rythme de 50%, voire 86%/an (en 2002), Weiqiao se calme : les deux prochaines années ne verront plus qu’une croissance de 26%, avec 1,4MM² de chiffre, dont 10% de profit. La relance est déjà prévue pour 2007, croissance substantielle, dans le textile, mais sans acquisitions majeures». La stratégie est fixée jusqu’à l’an 2010, inspirée (telle que décrite par Zhang Bo son Président) par Sunzi le stratège antique, et par Mao Zedong : «Frapper, se retirer, puis frapper plus fort encore!»

NB : En dépit de son gigantisme, Weiqiao ne fait que 6% de la production nationale, ce qui en dit long sur l’atomisation du secteur cotonnier en 7306 firmes. D’autre part, Weiqiao manifeste face aux quotas UE-US une belle indifférence : seuls 6% de ses produits partent vers l’Union Européenne ou les US !

 

 


Joint-venture : Espagne, Hu Jintao charge les moulins à vent

—  En Espagne (14-15/11), le Président Hu Jintao a apporté de l’air au moulin chinois en signant le contrat de Gamesa (n°2 mondial de la spécialité) de 355 éoliennes de 850 KW (turbines, sans tours), à livrer d’ici 2008 à 5 filiales locales du groupe Long Yuan, moyennant 160M².

236 iront à Tongyu  (Jilin),  54 à Yumen (Gansu), 36 à Yichun (Heilongjiang), 29 à Huanren (Liaoning). Les turbines seront faites en Chine, coup d’envoi de décennies de travail : pour 60M², le groupe de Vitoria bâtit à Tianjin une usine de 100.000m² qui produira dès la mi 2006, 400Mgw/an (équivalent de 470 turbines G52 ou G58) puis 700 Mgw. Ajouté à ses ventes précédentes en 2005, Gamesa a fourni en Chine 556Mgw, ce qui rend lce groupe ibérique, leader asiatique incontesté.

NB : assez rare en ce pays pour le spécifier, le contrat a été remporté sur appel d’offres international.

— L’alliance (11/8) de Lafarge (55%) et Shui On (Hong Kong, 45%) donne naissance au cimentier n°3 du pays.

Sans perdre de temps, la JV acquière (38M$) Shuangma, entreprise d’Etat de trois cimenteries, leader du Sichuan. Rien sans rien : pour remettre à niveau et occuper le marché, ce sont 160M$ qu’il faut encore débourser, en épongeage de dettes et apport d’équipements à la hauteur de la tâche. En échange, dans le panier de la mariée, le groupe mixte trouve un marché du Sud-Ouest avec 200M habitants qui dévorent 100Mt/an de ciment.

L’affaire renforce les capacités de Lafarge Shui On de 20,7%, soit 21Mt/an, dont 5,6Mt au seul Sichuan dès fin 2005, voire 7Mt, après achèvement de la seconde ligne à Dujiangyan.

 

 

 


A la loupe : Course à l’énergie, l’étau se resserre!

CNPC (15/11), la compagnie nationale pétrolière vient de signer avec la vénézuelienne PDVSA un nouveau contrat d’achat de pétrole : 6 Mm3/an de brut, 3,5 Mm3/an de fuel, s’ajoutant aux 4MMm3/an déjà livrés par Caracas.

Si le Président Chavez tient parole, le rythme de livraison atteindra 47,7 Mm3/an  d’ici fin 2006, confirmant l’alliance stratégique entre ces deux pays aux antipodes. Mais alliance n’empêche pas nuance : sur ses gains plantureux dus à l’envolée du cours de l’or noir, Chavez place 6MM$ en fonds spécial, pour rembourser (d’avance) les investissements chinois sur son sol, convenus en décembre dernier, tels ces 50000 logements sociaux ou la réhabilitation de cinq gisements. C’est ainsi que Chavez, non sans génie, parvient à diversifier sa clientèle, mais avant tout, à conserver sa souveraineté sur sa manne noire—ne pas se lier les mains!

D’autres font de même, tel le Kazakhstan qui impose le principe de la majorité nationale sur la propriété de son sous-sol, s’opposant à la reprise complète de PetroKazakhstan par CNPC. Moscou l’aide à freiner cette naissance d’un parc pétrolier chinois au Kazakhstan : Nelson (future filiale de Lukoil, russe) bloque en justice la reprise à 100% par la CNPC des champs kazakhs du Nord-Buzachi.

NB: Ces 2 cas constituent un revers, dans la course de la Chine à sa sécurité d’approvisionnement.

Or, la Chine ne parviendra pas non plus, cette année, à l’objectif d’un gel des imports : les 122Mt de brut rentrés en 2004 deviendront 130Mt (+6%), pour un surcoût de 30MM$. De plus, les Cies pétrolières vont recevoir l’ordre de créer leurs réserves de carburant, jusqu’à 20% de la consommation.

D’où la nécessité plus impérieuse que jamais de discipliner le marché intérieur. Une mesure, « sous 2 ans », consistera à libérer les prix de l’énergie, tout en surtaxant tout pétrole vendu à plus de 40$/baril, et les mines houillères, aujourd’hui taxées à seulement 100²/km²/an. Cette dérégulation visera toutes les ressources—sol, eau, gaz, charbon, électricitéObjectif d’ici 2010 : un progrès de 20% en rentabilité énergétique. Enfin, quoique considérée de longue date, une mesure est exclue à court terme : la taxe au carburant. Pour l’usager, avec la hausse permanente à la pompe, cela ferait trop : l’Etat craint un moteur à explosion… sociale !

 

 


Argent : Automobile, le coup de poker de la feuille d’érable

— Signe de prospérité mais aussi de vieillissement de la société chinoise, Weigao,le fabricant shandongais de matériel médical jetable, va injecter en 2006 le même montant en usines qu’en 2005, soit 15M².

Parmi les projets figurent une JV à équipements de dialyse avec Huading (Shanxi), pour 1,5M², et le doublement de sa production de seringues jetables (élastomères moulées) à 700M d’unités, supposant 3 à 4M² de machines. Weigao peut se le permettre: en 9 mois de 2005, ses articles à forte valeur ajoutée (plus de 60% de marge), 25% de sa production, comptaient pour 63% de ses profits, qui ont progressé de 51%, à 6,6M². Le marché chinois du matériel médical lui, a progressé de 18%, tandis que les sexagénaires croissaient de 3,2% en nombre. Inscrit en Bourse de HK dans les valeurs à risque (GEM), Weigao se prévaut de son excellente santé, pour préparer son passage au tableau principal!

—  Inconnue au bataillon automobile mais déjà vivace, Maple, filiale de Geely, tourne la manivelle. Sans en avoir l’air, à Shanghai, elle a atteint une capacité de 30.000 autos/an (clones piratés de la ZX), et annonce leur décuplement sous 5 ans, moyennant l’adjonction de deux lignes, de 200.000 et 50.000 voitures/an. Pendant ce temps, depuis ses 2 centres du  Zhejiang (capacité de 200.000 autos/an, 115.000 vendues depuis janvier, Maple comprise), Geely prépare deux autres usines excentrées au Hunan et Gansu (bas salaires!), moyennant 80M² d’investissement de base. Pour 2005, Geely aura produit 140.000 voitures, chiffre en hausse de 40% sur 12 mois -beaucoup plus fort que les 11% de la moyenne nationale !

NB: en 2005, la Chine aurait produit 4,6M de voitures, et selon les données (contestables) de l’administration centrale, arriverait en 2010 à 20M d’unités, pour une demande n’ayant cru qu’à 9M. Tous les acteurs s’accordent pour reconnaître qu’on va vers « de la casse». Leur seul désaccord portant sur quel dégât, dans quel camp !  

—  6.000 voitures de métro d’ici 2010, sur 1500km de voies (tunnels ou surface) supplémentaires, dans 50 villes : telle est l’estimation au bas mot de la tutelle chinoise. L’investissement frisera les 60MM², minimum plausible pour faire face à la nouvelle demande des 15M/an de nouveaux citadins issus de l’exode rural, qui vont augmenter avec l’abandon proche du système du hukou, anachronique servage foncier. L’argent public ne suffisant pas, les capitaux privés sont attendus, et les fournisseurs étrangers (Alstom, Bombardier (Canada), Siemens (Allemagne) sont invités à échanger leurs matériels contre des parts dans les sociétés exploitantes. Dès mai 2005, le canadien annonçait à ses usines de Qingdao-Sifang, la création d’une chaîne de bogies, en plus de son usines de wagons de Jilin, pour honorer ses 800M$ de contrats!          

 

 


Pol : Une Chine qui voit la vie en rose

— Cette semaine, cinq foyers de H5N1 vinrent s’ajouter aux autres (Xinjiang, Hunan), portant leur nombre à quinze en un mois : la pandémie aviaire est aux portes

D’ autre part, le ministre de la santé admet  trois cas humains contaminés à cette grippe aviaire, dont deux morts (mais pour l’heure, aucun signe de mutation du virus vers l’homme!). Aux grands dangers, les grandes préventions : le min. de l’agriculture annonce la plus grande campagne de vaccination de l’histoire humaine et vétérinaire : 14,2MM de poulets et canards à vacciner dans les semaines à venir, aux frais de l’Etat, qui prétend disposer d’assez de laboratoires pour produire 16MM de doses par an. En fait, déjà 12MM de volailles seraient déjà protégées. Gardant en mémoire l’incompétence, lors de l’épidémie de SRAS (2003) sous Jiang Zemin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les experts mondiaux acclament l’efficacité et la transparence nouvelle.

— Personne n’y croirait, si l’information provenait du département de la propagande. Mais c’est un institut de sondage neutre (le Pew Research Center, de Washington), sur la base des réponses de 2.191 gens de Pékin, Chengdu, Guangzhou, Shanghai, Shenyang et Wuhan, qui affirme cette vérité iconoclaste : les Chinois croient en des lendemains qui chantent —ils sont même au monde la nation la plus confiante en l’avenir. 76% attendent une qualité de vie meilleure sous 5 ans. 50% estiment avoir « personnellement progressé » depuis 5 ans : deux réponses où la Chine est en tête de 17 pays, talonnée par l’Inde, autre grande optimiste motivée par son économie. Ils sont 57% à se dire «moyennement heureux», et 29% « très ».

Autre réponse insolite, voire dérangeante : faisant fi de la stagnation de la réforme politique, 72% se disent satisfaits des « conditions nationales » (de leur Etat), chiffre à comparer aux 57% de mécontents américains et aux 73% allemands. A cette étude édifiante, toutefois, deux bémols :

[1] les paysans, les moins heureux, ne sont pas sur la photo ;

[2] et le fort patriotisme, surtout face à un sondeur étranger, peut infléchir les réponses dans le sens d’une « censure positive » – histoire d’à tout prix, montrer la Chine, côté jardin plutôt que côté cour !

 Hu Yaobang, père conceptuel de la réforme de Deng, réhabilité (18/11).

Festivités escamotées mais non supprimées (en l’absence même de Hu Jintao, et 350 invités au lieu des 2000 prévus !), par crainte de réveiller un passé, un tournant politique encore très frais dans les mémoires. Pas question, en particulier, de réviser le jugement sur les événements de la place Tian An Men, ni le verdict sur Zhao Ziyang, le grand compagnon de Hu Yaobang. Pour autant, la réhabilitation a eu lieu, et est irréversible —premier pas !

 


Temps fort : Le marché du cuivre voit rouge !

Pariant sur la baisse du cuivreLiu Qibing (trader au bureau national des réserves, SRB) avait placé au London Metal Exchange (LME), un certain quota du métal rouge sous contrat à terme : le risque semblait léger, Liu avait amplement le temps de racheter la position pour sa livraison au 21/12.

Mais peu après, mystérieusement, le marché flamba : depuis 2 mois, le cours a bondi de 600$/tonne. C’est alors que la catastrophe est apparue dans toute son étendue : Liu aurait placé pour 150 à 200.000t au London Metal Exchange, volume énorme, trois fois l’inventaire total du LME au 11/11… Ce qui laisse penser que des acteurs sur cette bourse auraient spéculé à la hausse, attendant au tournant leur racheteur captif… Le montant du rachat aurait atteint 800M$, la perte sèche 200M$, essuyée en silence par le régime, et depuis des semaines, Liu a disparu. Le Bureau national des réserves fait le gros dos, nie même que Liu émarge parmi son personnel, et tente de faire rebaisser les cours en organisant en catastrophe deux ventes aux enchères de 20.000t. Avec ses 1,3M tonnes de réserves, il devrait aisément calmer le jeu mondial. Mais l’affaire fait désordre!

D’autant que la mésaventure n’est pas isolée. En juin, China Aviation Oil (CAO) à Singapour, avouait soudain 550M$ de dettes, après des spéculations malheureuses de son patron (en fuite!) sur le kérosène.

Le marché découvre ainsi cette classe de traders chinois issus du sérail socialiste, pas toujours habiles ni bien renseignés mais très protégés, optimistes vu la croissance irrésistible de leur pays, qui jouent gros, gagnent souvent, avant d’«atterrir» sur un crash retentissant. La CAO s’en remet lentement, au prix de son indépendance: Temasek (du gouvernement de Singapour) et British Petroleum sont sur les rangs pour son rachat.

Tel sort ne peut advenir au SRB—mais la SASAC, tutelle des grandes entreprises d’Etat, voit bien qu’elle a un problème structurel !

 


Petit Peuple : ‘Mourir d’aimer’, façon chinoise

Le problème du lycéen Gao Yu, à Chengdu (Sichuan), était sa carrure d’athlète. A son insu, il ravagea le coeur de sa prof, Su Li. Un jour d’été 2005, la raison de Su chavira : dans son bureau, porte bloquée, sous l’appât d’une inscription future au meilleur lycée de la ville, elle le séduisit. Pour Gao, la découverte des sens fut d’abord merveilleuse, même si interdite. Puis elle lui pesa : il n’avait pas choisi, et surtout, à 35 ans, Li avait l’âge de sa mère: son image d’autorité morale s’évanouit, laissant place à celle d’une prédatrice instable et avide. Bientôt, Gao vit chuter son attention en classe, ses notes, tandis qu’il se murait dans le silen-ce. Sa mère le cuisina—il avoua…

Elle l’emmena à la police, mais maldonne, celle-ci refusa la plainte : la loi ne connaissait de viol que de l’homme sur la femme, et pas  l’inversion de yin et yang (颠倒阴阳, dian dao yin yang)! Ce cas n’est pas rare en Chine : la justice traite toujours plus de cas d’agressions d’adolescents par des femmes—signe qu’en cette ère post-maoïste, les hommes ne sont pas les seuls sujets du désir. Est-ce un hasard?

En 1969, une affaire similaire défraya la chronique en France, laissant des traces indélébiles dans sa mémoire. Ayant suborné son élève, Gabrielle Russier avait été traînée dans la boue par la presse, embastillée, et s’était suicidée.  Cette fin dramatique avait valu à l’enseignante (passée à la dignité d’héroïne fatale) l’absolution du Président G. Pompidou (citant un vers de Paul Eluard), et du cinéaste A. Cayatte (dans son film “Mourir d’aimer”). Sans s’interroger une seconde, sur le préjudice à la 1ère victime, l’ado, oublié ou déjà coupable. La Chine elle, réagit avec plus de maturité et de pragmatisme. Ni suicide, ni procès: l’opinion se satisfait des 10.000¥ payés par Su Li à la mère de Gao Yu en pretium doloris, et s’interroge gravement sur les moyens de modifier la loi, afin de protéger ses garçons. Preuve qu’il n’est point de petits droits de l’homme. La Chine s’offre la démocratie qu’elle peut, discrètement, sans jamais perdre le fil ni l’espoir !

 

 

 


Rendez-vous : Canton, Foire au vélo

21 nov – 22 nov, Hong Kong: Salon des PME

—  22 – 25 nov, Canton : Bicycle China 2005