Le Vent de la Chine Numéro 36

du 14 au 20 novembre 2005

Editorial : LA CHINE, CHAMPIONNE DU MONDE DES ENERGIES RENOUVELABLES

Qui l’eût cru? Avec 37GW de capacité installée, la Chine est n°1 mondial des Energies Renouvelables , n°2 en éoliennes (20 GW), et figure parmi les leaders en mini-barrages, énergie solaire (PV), fosses à méthane.

Son plan d’avenir est immense : d’ici 2020, elle veut porter les renouvelables de 7 à 15% de son parc (France = 12%, Canada 17%),doubler ses éoliennes, et investir150MM², sur appels d’offres internationauxx. Applicable dès janvier 2006, sa loi des énergies renouvelables favorisera tels investissements en allégeant leur taxation, à présent de 7,5% !

Et pourtant, en même temps, la Chine prétend ouvrir sous 15 ans 300 à 500 centra-les à houille sale, refuse toute critique, et toute réduction de ses émissions de CO² et autre mercure. Ainsi, le Canada qui ferme 9 centrales dans l’Ontario, verra son effort annulé par la Chine en quelques mois – les pluies acides n’ont pas de frontière !

Pour autant, Pékin est sérieux dans sa quête d’un avenir propre, avide de  technologies. Il vient de tenir (7-8/11) sa 1ère conférence internationale, le BIREC, avec 1200 experts de 100 pays -ministres, industries, banques, ONG. C’est donc une Chine contradictoire et mutante que l’on découvre, comme en témoigne  Stéphane Dion, ministre canadien de l’environnement qui s’apprête à recevoir (nov-déc), 10.000 participants à la Conférence Mondiale de Montréal, pour négocier une suite au protocole de Kyoto.

Stéphane Dion, Mini-interview :

Q: Que peut offrir le Canada à la Chine, dans son effort pour passer aux énergies renouvelables?

R : Nous sommes experts en toutes énergies…Toutes figurent sur notre territoire -pétrole, gaz, nucléaire, charbon… En hydroélectricité, nous sommes n°1. Pour les aider à passer au charbon propre par exemple, l’expertise canadienne sera déterminante. Nous avons un projet de coopération sur deux ans en ce domaine.

Q : Mais justement, peut-on dès aujourd’hui espérer équiper les 300 à 500 futures centrales chinoises avec votre technologie du « charbon propre »?

R : Pas encore. Cela reste aujourd’hui trop cher. Mais on peut les aider à réduire leurs émissions.

Q : Qu’attendez-vous de la Conférence de Montréal ?

R : Un texte conjoint des 180 pays. Nous n’avons que quelques décennies pour diviser par deux nos émissions de gaz à effets de serre, ou en subir les conséquences. Sans accord global, pas de salut. Le cheminement est lent, mais il n’y a pas d’alternative ! 

Q : comment la SEPA, l’agence nationale de protection de l’environnement, peut-elle dynamiser ses ONG environnementales pour l’aider dans sa tâche…

R: c’est la question que m’ont posé les cadres chinois. J’ai répondu : «laissez les, vivre hors votre contrôle et vous critiquer. C’est leur travail». Alors ils ont changé de sujet. Mais 10 ans avant, ils n’auraient pas posé la question: ils évoluent vite, contraints par leur pollution!

 

 


A la loupe : USA – indigestion forcée de textiles chinois !

A onze jours de l’arrivée de G.W. Bush à Pékin (19-21/11), Chine et USA conviennent sur le tard (8/11) d’un régime de quotas textiles, apparemment à l’avantage de la Chine.

Washington réclamait 7,5%/an de hausse des exports sur 34 produits: il obtient une hausse graduelle de 8-10 à 17% d’ici 2008 !

Ce résultat est moins favorable que celui obtenu par l’Union Européenne dès le 11/6 (8 à 12,5%/an) -prime à la bonne coopération? Les Etats-Unis ont-ils dû céder pour sauver leur Sommet Bush-Hu? Cet accord, en tout cas, n’a pas adouci les moeurs: Bo Xilai, ministre du commerce, rappela son aversion envers ces compromis restrictifs, permettant à l’Ouest de renier une liberté textile déjà octroyée. Tandis que poussé par son Congrès et ses lobbies industriels, déçu par ce résultat comme par ses 200MM$ de déficit bilatéral pour l’année, Bush brandit le spectre de «sanctions commerciales» si Pékin ne rehaussait son  ¥ d’«au -25%». Faisant fi des objections chinoises, il reçut à la Maison Blanche le Dalai Lama (9/11), et annonça un sermon à  Hu Jintao sur les «libertés religieuses». Avant le Sommet multipartite à Pékin sur la Corée du Nord, il traita encore (6/11) Kim Jong-il de «tyran» -érodant ainsi l’entente obtenue par la Chine à la rencontre d’octobre : ici, on peut lire le refus par les US d’une paix coréenne qui ne viendrait pas d’eux, et une ambiance moins teintée de bonhomie que de confrontation.

 Afin d’alléger l’atmosphère du Sommet, Pékin lance une campagne de 75 jours de chasse aux produits piratés à travers l’empire. Pour rasséréner, les 2 pays annoncent aussi la reprise d’échanges militaires (formels et limités!), et reprogramment la visite de Hu Jintao aux USA en 2006 – la dernière ayant été annulée pour cause de typhon. Mais suffira-ce à détendre la rencontre, et faire passer les envies de coopération devant celles de rivalité ?

 


Joint-venture : ICBC, fiançailles pétro-bancaires

Ô Anguille sous roche : sous la houlette de JP Morgan (US), deux fonds publics du Moyen Orient, Abu Dhabi I.A. (Emirats) et Kuweit I.A. négocient leur entrée dans la ICBC, la 1ère banque commerciale de Chine (20% du marché, 21.000 agences). Le ticket d’entrée atteindrait 1MM$ pour chacun.

En août, un consortium germano-US (Goldman Sachs, Allianz, Amex) a déjà repris 10% de l’ ICBC pour 3MM$. La Chine serait demandeuse de cette alliance arabe, pour se rapprocher financièrement de la 1ère ressource de pétrole mondial.

NB: c’est logiquement à l’ICBC de préparer son passage en bourse étrangère, début ’06, après la CCB, dont l’opération a connu un réel succès: 8MM$ de parts vendues, ont permis au groupe  (10/11) une rallonge de 15%, pour 1,2MM$. Mais ce succès complique les tractations pour la ICBC : l’entrée préliminaire de banques étrangères à la CCB (la banque de la construction) s’était négociée à 1,2/1. Or, l’entrée en bourse a constaté une valorisation d’1,98/1: humainement, les appétits chinois augmentent !

Ô Yangtzekiang Garment, filature hongkongaise suit son fil d’Ariane en Chine, et investit 29M$ pour créer (par rachat de 100% de ses parts dans 7 filiales) la JV Wuxi Talak, plus grande filature du pays. Investissement global : 180M$. Les partenaires sont la mairie de Wuxi (46%) et Enchantment (5%). Yangtzekiang détient 49%, et 6 des 11 sièges de directeurs.

La logique de cette concentration est simple et sereine, face à la remontée des quotas euro-US : les quotas s’appliquent au vêtement, pas au fil. Cette production de luxe sera vendue aux usines textiles disposant des quotas, ou qu’ils soient dans le monde—y compris, aujourd’hui, en Italie !

 

 

 


A la loupe : Hu Jintao, l’Européen!

En tournée européenne (8-14/11, Londres, Berlin, Madrid), le Président Hu Jintao était venu pour toucher les dividendes de la montée en puissance de son pays, et maintenir l’équilibre avec les US, dont il reçoit le Président G.W. Bush juste après (cf colonne de droite).

En ce sens, le contrat aéronautique signé à Londres est symbolique : 1,1MM² de commandes chinoises de moteurs Rolls Royce pour 20 A320, et de fournitures chinoises d’éléments d’ailes pour Airbus. Mais pour les USA, en même temps, 50 Boeing dont la moitié en leasing, pour 5MM$.

La Lloyd’s obtient une licence en Chine, marché de réassurance qui promet à long terme au vénérable britannique de dépasser ses actuels 9MM$ de chiffre aux US. Arup, consultant d’ingénierie, a reçu le contrat de design des trois 1ères villes satellites «écologiques» en Chine (20.000 habitants chacune). 

En Allemagne (10-12), Hu rencontra un gouvernement double, le chancelier sortant G. Schroeder (SPD) et l’entrante A. Merkel (CDU), ce qui supprima toute possibilité d’aborder le thème de l’abrogation de l’embargo sur les ventes d’armes tant espérée  par Pékin. L’avenir de cette question est médiocre : le nouveau gouvernement de coalition (et derrière, G.W. Bush!) y est opposé. Mais ce poids lourd industriel, avec ses 46,3MM² d’échanges en 2004, peut se le permettre. Les deux pays parlèrent donc surtout «commerce», qu’ils envisagèrent de doubler (par rapport à 2003) « avant 2010 » !

Fait inattendu, mais bien démonstratif de l’influence allemande en ce pays: Siemens -dont le projet, avec Thyssen Krupp, de TGV « Maglev » en Chine a échoué notamment pour raison technique – obtient un contrat de 60 rames de TGV conventionnel, pour un budget de 669M². Sept autres contrats furent signés durant la visite, pour un montant global équivalent.

Signalons encore, parmi les politiques nouvelles, cet accord d’extradition signé à Madrid, premier à engager une coopération policière poussée avec la Chine. Contradictoirement, dans les trois capitales, manifestèrent des opposants pro-tibétains ou démocratiques : l’Europe s’affirmant ainsi peut-être la dernière région à maintenir cette contestation populaire face à la Chine !

 

 


Argent : Datang, le roi du téléphone 3G, mis à nu

Ô En 2006, la chaîne pékinoise de supermarchés Wumart veut se doter de 50% de surface supplémentaire, moyennant 40 à 50M² d’investissement.

Dans la capitale, Wumart tient 496 supermarchés, 10% du secteur. Ce bond en avant, il peut se le permettre du fait de ses profits en hausse de 56% au 3ème trimestre  à 3,6M², qui lui ouvrent large l’accès au crédit bancaire. Une autre source de financement va être la bourse de HK, qui vient d’accorder son feu vert (25/10) pour son transfert du GEM (tableau des valeurs à risque) vers le principal.

Le groupe poursuit à toute vapeur sa croissance, +41% en surface en septembre (201.000m²). But: couper l’herbe sous le pied aux étrangers tels Wal-Mart et Carrefour (n°1 et 2 mondiaux) qui à compter du 11/12, géreront leurs magasins sans partage. La question étant de savoir si ce choix stratégique ne leur facilitera pas le rattrapage d’un concurrent ayant privilégié l’“occupation du territoire” sur la qualité des produits, le service, le prix ou  l’attention au consommateur.

Nb : Conscients de leur retard, les groupes chinois cherchent et parfois parviennent à débaucher des «pro» étrangers, pour mettre à niveau leur parc commercial et  accélérer leur montée en compétence.  

Ô Datang, le roi (autoproclamé) du téléphone 3G «chinois», est nu !

Depuis 2004,  ce groupe pékinois poids lourd national, doit affronter sa 2ème enquête de la CSRC, (la Commission de régulation boursière) pour fraude boursière.

En fait, depuis sa naissance en 1998,  son passé  remonte, tumultueux et trouble. Dès 2000, Datang avait «oublié» de signaler à des investisseurs l’existence d’un emprunt de 30M² et d’un contrat de 260M². En 2003, il était impliqué dans la fraude boursière d’un autre groupe.

Aujourd’hui, Warburg Pinkus (US) dénonce sa rupture d’une promesse de vente d’actifs, alors que son PDG Wei Shaojun s’est envolé en juin, et que ses ventes ont chuté de 39% au 30/9 -les pertes atteignent 19,5M² ! L’enquête de la CSRC va lui coûter cher -dès le 8/11, son titre chutait de 10%, max. réglementaire ! En effet, son grand atout, le téléphone portable à haut débit (technologie TD-SCDMA), n’est que d’avenir.

Avant de devenir la norme en Chine, elle doit franchir une série de tests de certification : l’action des limiers boursiers ne pourra que ralentir le processus, ce qui pourrait forcer le groupe chinois, pour se sauver, à faire ce qu’il a toujours refusé : passer sous les fourches caudines d’un contrôle étranger !

 

 


Pol : La France déjante, la Chine déchante

Ô A 1000 jours des Jeux Olympiques de Pékin 2008, les choses s’accélèrent.

De passage, une mission du CIO – le Comité international olympique donne son satisfecit sur les préparatifs, à une réserve près : ayant démarré trop vite ses 34 chantiers, Pékin risque frais d’entretien et lézardes prématurées. Cui Dalin, vice-Président du Comité Olympique chinois estime «impossible» (10/11) que son équipe batte l’américaine au palmarès des médailles. Accès de modestie qui traduit la prise de conscience d’une crise du sport chinois, suite au fiasco des jeux nationaux entachés de dopage et de corruption, reflets du vieillissement de la structure politique du sport. Cette sujétion inspire à Pékin un plan subtil.

En sollicitant de faire transiter la flamme olympique par Taiwan, il fait à sa province rebelle un cadeau embarrassant : traversant le détroit avec la torche aux  5 anneaux, elle sera contrainte à un premier retour symbolique à la mère patrie ! Prudent, le CIO réserve sa réponse au plus tard possible—pas avant  2007.

Ô Après des ans de préparatifs, la Flandre (belge) lance sur son sol la Joyeuse Entrée de la Chine et des petits dragons, Hong Kong et Singapour.

Sa stratégie en 8 points pour attirer les investissements chinois est novatrice et pragmatique, avec pour fer de lance un Bureau de renseignement programmé en Chine, et 9000km plus à l’Est, au plat pays, un Centre de services pour compagnies chinoises, abritant experts en administration et management, et interprètes-traducteurs.

D’autre part le Flanders Invest & Trade, agence de soutien des firmes flamandes en Chine, ouvre (1/1/06) ses services aux Cies chinoises, son site internet en mandarin, avec à la clé une panoplie d’incitations fiscales, s’ajoutant aux atouts déjà connus de la Chine des affaires, tels son port d’Anvers, son marché richissime et sa position au coeur de l’UE! Cerise sur le gâteau, courant novembre, 2 délégations de 80 hommes d’affaires sillonnent Chine et Asie, menés l’une par le 1er min. belge Guy Verhofstadt, l’autre (flamande only) par la ministre Fientje Moerman, ministre de l’économie, des sciences et techniques. 

Ô Les violences urbaines qui viennent de secouer la France, ne sont pas restées inaperçues à Pékin – ne serait-ce que parce que des Chinois de France en auraient été victimes.

A Paris du 4 au 7/11, 6 entrepôts privés chinois s’embrasaient, tandis qu’à Besançon 3 étudiantes taiwanaises, une pékinoise étaient blessée dans un incendie à l’Université de Franche-Comté. A vrai dire, on ne connaît pas la cause de ces dégâts.

L’intéressant dans cette couverture de la presse chinoise, est la double anxiété qu’elle trahit : celle d’un rejet sinophobe (réel ou rêvé), tels ceux constatés ces dernières années en Indonésie et en Amérique Latine, fruit de jalousie qu’inspire le succès de l’immigration chinoise aux groupes locaux pauvres; et celle relative à cette instabilité, mauvaise surprise dans un pays riche et développé.

China Daily (8/11) fait cette rarissime mise en garde, proche de l’ingérence, à un pays étranger ami : « les balles ne peuvent pas soigner la colère ou la frustration des jeunes arabes ou africains ». Ce qu’on y lit, entre les lignes : la Chine ne veut pas perdre l’illusion que la richesse est garantie de stabilité !

 


Temps fort : Grippe aviaire: nouveau visage de la Chine épidémiologique !

L’explosion d’un quatrième foyer de grippe aviaire à Gongtai (Liaoning, 4/11) avait provoqué des mesures radicales : quarantaine des sites et de 116 hommes, 10M de volailles abattues, vaccination de 14M d’autres…

Ceci n’a pas empêché 4 nouveaux nids du virus H5N1 d’apparaître entre cette province et le Hubei (12/11).

Pire: des poulets auraient été vaccinés avec un vaccin «bidon» de la Cie mongole Jingyu (listée en bourse de Shanghai !!!). Autant dire, comme le 1er Ministre Wen Jiabao (c’est un euphémisme!) que l’épidémie n’est «pas sous contrôle». Wen était en visite inopinée à l’un des foyers, à Jinzhou. A Pékin, furent fermés 168 marchés aux volailles et oiseaux d’intérieur (7/11).

Les clients se font rares et les prix s’effondrent, laissant fermiers et vendeurs dans une semi misère -l’Etat compense, mais pas assez.

Cependant, dans la gestion de cette crise, par rapport à l’épidémie du SRAS de 2003, un tournant a été pris—la Chine du pouvoir central a tiré la leçon. Sous le système de santé rénové par la vice 1er Ministre Wu Yi, la réaction à la crise est immédiate, conforme aux normes mondiales, et le régime ne craint plus de communiquer. Ainsi, face à la mort suspecte d’une fillette au Hunan (VdlC 34), décrite d’abord comme «pneumonie», Pékin se déjuge, et sollicite le verdict de l’OMS – l’organisation mondiale de la santé.

Aussi, la réponse se mondialise. A  Genève, une conférence mondiale de 400 membres vient (7-9/11) d’établir un plan d’action.

Celui-ci évalue à 1,5MM$ les coûts d’éradication du virus en Asie (y compris en Chine!), et de mise au point d’un vaccin -une fois que le virus aura muté. 35M$ sont débloqués pour 6 mois d’action immédiate en Asie, et une conférence de pays donneurs aura lieu les 17-18 janvier – à Pékin, qui est reconnu comme un des lutteurs cruciaux ! Enfin, le sommet de l’APEC (18-19/11, Pusan) doit lui aussi organiser des exercices de préparation à la pandémie, pour 2006 !

NB : Depuis le 1/11/2005, Roche (Suisse), titulaire du Tamiflu, ne livre plus son remède qu’au gouvernement  !

 

 


Petit Peuple : Hong Kong/Chongqing, 1 pays, 2 pleureuses

En Chine, le métier de pleureuse est discret, mais vital à l’heure de la mort.

Entre Hong Kong et le continent,  les différences d’interprétation de cette tradition sont manifestes, justifiant un possible nouveau slogan : “1 pays, 2 pleurs”!

Sur le Rocher, Dai Ximei a porté son art au sommet de la virtuosité, exigeant chaque jour de longues vocalises. Sa prestation compte 4 mouvements:

dies irae -cris déchirants à genoux, frappant des mains au sol,

récitatif pathétique d’eulogie et formules rituelles,

climax tragique (envolées lyriques d’insoutenables sanglots),

decrescendo, mélopée de tendres souvenirs, et sombres accès de douleur poignante. Pour ce requiem de 2h, aidé (vu l’âge, 76 ans) d’un magnéto, Dai touche 2000HK$ par prestation!

A Chongqing, Ke Zejuan gagne 10 fois moins, pour un concert plus fruste, mais tellement plus vrai! Pas de décibels d’emprunt chez elle, mais du soul, un blues qui la fit reconnaître dès ’75. Alors jeune mariée, elle pleurait la perte de son mari-truand, condamné à perpète : subjugué par la puissance fauve des hurlements, devinant le succès en perspective,un agent des pompes funèbres l’engagea -début d’ une carrière légendaire! En oct.’05, en tentant la belle, affolé de captivité, son mari trouva la mort. A sa crémation, l’entourage attendait de la veuve un concert inoubliable, pour saluer l’âme au ciel (zai tian zhi ling,在天之灵):il n’eut droit qu’à un couple de soupirs. Mais le lendemain,sa stupéfaction ne connut plus de bornes, quant au prochain client, Ke fit une mater dolorosa plus grandiose que jamais. Alors, pour son mari, avait-elle eu le coeur sec, et avait-elle réservé son organe, pour ceux qui  paient? Ou bien avait-elle, par pudeur, préféré honorer son homme hors commerce?  Même pour les proches de Ke Zejuan, l’ambiguïté reste entière !

 

 


Rendez-vous : Shanghai – bal des PME sino-françaises

Ô 16-22 nov, Shanghai: Convention PME franco-chinoises (300 françaises, 500 chinoises).

Ô  20-22 nov, Pékin: Chinese Outbound Tourism Forum