Le Vent de la Chine Numéro 25

du 4 au 10 juillet 2004

Editorial : Statut d’Economie de Marché : la Chine déçue !

Le 28 juin porta, au 1er  Ministre Wen Jiabao, une déconvenue.

En visite à Bruxelles, il avait posé la demande du statut d’économie de marché (SEM). Un mois après, tombe la réponse, fin de non recevoir : « C’est non, pour l’instant! »

L’Union Européenne (UE) affirme avoir tranché selon 5 critères , dont un seul serait atteint : l’absence de troc d’Etat à Etat.

Sur les autres, la copie serait à revoir:

1. l’interférence de l’ Etat (taxation),

2. une loi de comptabilité des Cies pour que leurs bilans soient validables,

3. l’égalité de droits de propriété /faillite (incompatible avec l’actuel protectionnisme régional),

4. et la transparence (l’indépendance) des banques.

Si Pékin s’est risquée à cette aventure, c’est parce qu’elle souhaitait une reconnaissance morale de ses efforts pour entrer au club des nations, ponctués par la révision de 3000 lois/règlements commerciaux.

Pour autant, sa quête suivait aussi un but bien pragmatique, pallier sa vulnérabilité aux rétorsions commerciales, suite aux accusations de «dumping» (pour monnaie trop basse, par exemple).

Faute de statut d’économie de marché, l’Europe peut refuser les coûts de production avancés par Pékin pour ses produits, et établir une sanction sur la base des chiffres d’autres pays comme Singapour. La Chine étant le moins cher, toute autre référence aboutit à des coûts plus élevés!

Par ce système, l’Union Européenne garde 32 sanctions et 22 enquêtes en cours ! Des experts parlent de cartelisation du commerce extérieur de l’Union Européenne, imposant sur son marché les prix minima de ses lobbies, tout en pratiquant elle-même le dumping mondial de ses montagnes de viande, blé, lait etc…

Aussi peut-on comprendre le rejet ombrageux de ce jugement par Pékin (29/6). D’autant plus «saumâtre», que l’UE avait accordé ce même SEM à la Russie, autre ex-dinosaure à économie d’Etat !

Pourquoi ce tournant envers la Chine, chez une Union Européenne dont les 25 pays agissaient jusqu’ alors comme s’ils n’avaient rien à lui refuser?

Peut-être à cause de l’art souriant et âpre du pays, d’obtenir des concessions. L’Union Européenne a exprimé collectivement ce qu’elle ne pouvait dire individuellement !

Enfin, rien ne vaut la reconnaissance d’un problème, pour concevoir la solution : Bruxelles prépare sa liste de desiderata, et dès le 15/7, une délégation chinoise partira  rouvrir les négociations—sur la prochaine sanction (textile), et sur le statut d’économie de marché !!

 


A la loupe : Poker automobile – Renault sort une carte !

Des années d’avatars malaisés, entre négociations secrètes et l’échec en 2001 d’une petite  JV à Xiangfan, Hubei, (pour le montage du véhicule utilitaire Trafic), suggéraient que Renault piétinait aux portes de la Chine.

Le 29/6,  le groupe trouve enfin l’entrée.

Son partenaire, Dongfeng, est évident : l’associé de Nissan, filiale Renault à 44%.

Le n°4 européen produira 150.000 Mégane dès 2006, puis 150.000 Logan en 2010 («la voiture à 5000² »). Deux créneaux aux antipodes de l’échelle des prix, encore peu exploités en Chine, et qui bénéficieront (atout décisif, pour la Logan) d’un label de qualité internationale.

L’état major de Louis Schweitzer a encore des choix à faire, tel celui du site d’implantation.

La synergie de chaînes de montage avec Nissan est  tentante, soit à Canton, soit à Xiangfan (sites des chaînes nippones). Mais Shenzhen a aussi ses charmes, qui offrirait des conditions attractives, outre son port en eaux profondes et le vivier de savoir-faire du voisin hongkongais.

L’investissement, au montant également inconnu,  sera à 50/ 50%. Sur la méthode d’implantation, on peut lire l’influence nippone : après un long immobilisme, tout sort d’un coup, quasi «prêt à l’emploi» (comme chez Toyota à Tianjin).

D’ici 2010, Renault-Nissan pèsera « bien plus qu’1M de véhicules » : cela pourrait faire de lui n°2 (ou  n°1!) du marché chinois.

Quant à Dongfeng, avec cette 5ième alliance étrangère (champion de Chine), il apparaît de plus en plus comme un investisseur étatique vivant des participations (forcées) dans ses partenaires, y compris PSA, Kia (Corée), et Honda … avec enfin, pour ce groupe de l’intérieur du pays, un poids lourd mondial, Renault-Nissan, lui permettant de se mesurer à ses deux rivaux, de la côte, FAW et SAIC !

 


Joint-venture : Avalanche de tacots chinois aux USA ?

— La TV couleur voit un remake du scénario de la coopération “forcée”, vécue dans le DVD.

Copiant la recherche de l’étranger, l’un comme l’autre purent en un temps record produire en masse à bas prix, gagnant ainsi leur marché intérieur et se taillant de belles parts à l’étranger. Mais au risque de subir de ruineux procès pour piratage : pour régulariser, deux techniques sont disponibles.

1. Changhong, n°1 de la télévision en Chine (12M de postes,16% du marché en 2003), signe un accord de partenariat stratégique multimedia avec Microsoft (27/6) : la firme de Chengdu recevra les technologies avancées de Microsoft pour créer des modèles digitaux. En retour, la compagnie de Bill Gates (à Pékin la semaine dernière) gagne l’accès au réseau de détaillants de Changhong.

2. En DVD, les propriétaires ont déjà fourni leurs brevets à l’association des producteurs chinois, moyennant royalty de 5$/unité.

La presse économique prête à Intel des négociations en ce sens, sur les écrans plats (TV) utilisant son standard : 0,05$ /unité d’abord, puis 2 à 4$ selon modèle.  NB : Intel dément… mais Forbes reprend l’info!

— En 2003, Dentsu, géant japonais de la publicité passe en 1ère position sur le marché chinois pour le revenu.

Contrairement à l’Union Européene ou aux US, chacun aux mains de quelques grands, la Chine, 5 ème ou 6ème mondiale (6,1MM²) est atomisée entre 90000 PME de pub, protégées par leurs establishments politiques locaux: occasion pour Dentsu, qui y augmente son chiffre de 51% l’an passé, à 233M².

Sa force de frappe est renforcée par le déclin de l’intervention étatique, et la montée en puissance en Chine des boîtes nippones, dont le système de coopération privilégiée (keiretsu) finit par s’imposer : ses deux principaux clients sont Toyota et Canon!

NB : un prochain client pourrait être Renesas, le n°3 mondial du micro processeur (réincarnation, sur ce produit de Hitachi et Mitsubishi Electric) qui s’apprête à mettre 276M$ sur ses deux usines (Pékin, Jiangsu) pour y tripler la production à 60M de « puces »  par mois, passant à 5% du marché.

D. Shelburg,courtier auto d’Arizona,veut écouler aux US d’ici Noël, via 100 vendeurs franchisés,  60.000 voitures et vans de marques 100% chinoises, Geely, Great Wall et Gonow, à moins de 10.000$ pièce. Selon nos sources, aucune chance : ces véhicules “ne tiennent pas la route”, face aux normes US.

Même pour une offre de qualité, le marché mondial n’est pas prêt : la tentative d’export par Volkswagen, VW-Chine, de 6000 Polo vers l’Australie s’est soldée par un échec. Shelburg pousserait ce bluff pour servir sa position en bourse yankee.

NB: dans l’automobile aussi, s’annoncent en Chine des retentissants procès pour piratage. En tête de liste, les marques locales citées!

 

 

 


A la loupe : Hong Kong et Pékin, condamnés à s’entendre!

Le 1er juillet, tandis que S. Hussein comparaissant devant son juge en Irak, splashait les écrans de TV, à Hong Kong, une scène décisive passait inaperçue. Durant 5h, la RAS vivait la plus grande manif depuis 1989, 530000 marcheurs en T-shirts blancs sous la chaleur torride, scandant leurs slogans dérangeants, «le pouvoir au peuple».

Par rapport à la manif historique de 365 jours avant (réveil de HK, après 6 ans de transfert sous souveraineté chinoise), la capacité de mobilisation avait augmenté de 6% !

Ce n’était pas faute, pour Pékin, d’avoir tenté de remonter cette pente. En un an, des MM$ ont été déversés sur le Rocher, par des milliers de touristes chinois par jour (visas individuels, nouveauté!).

L’accord commercial CEPA a été signé, ouvrant de fortes concessions de marché. La Chine finance aujourd’hui 90.000 emplois à HK, tient 20% de la banque et de la bourse, 25% de la marine…

Politiquement, ces derniers jours, des paroles fleuries avaient été dites, offrant la fin de 15 ans d’interdiction de séjour à Martin Lee, le leader de l’opposition, décrié comme traître jusqu’à hier.

Mais l’opinion hongkongaise reste -inévitablement- intraitable. La liberté une fois goûtée, ne se négocie pas. Hong Kong exige, et Pékin refuse, le suffrage direct pour le Gouverneur et son Parlement (Legco).

Pour Pékin, c’est donc un échec sans appel à 7 ans de tentative de subjugation douce.

Devant la perspective d’élections partielles du 12/9, où malgré un système « bidouillé », l’opposition pourrait prendre le contrôle du Legco, ce qui pour Pékin, serait la fin du monde. L’avenir semblerait donc un typhon à l’horizon, à moins que…

7 années ont forcé l’opposition à mûrir et conclure, avec formidable pragmatisme : il n’y a pas d’alternative, à vivre avec Pékin. Dans une lettre ouverte aux leaders du PCC, la veille de la marche, M. Lee tente d’apaiser leurs deux angoisses : plus question de séparatisme, ni d’exportation vers Canton du militantisme démocratique.

Pékin étant elle aussi en quête d’interlocuteur non fantoche à Hong Kong, les conditions semblent soudain remplies pour négocier : c’est -peut-être- une page d’histoire qui se tourne, et en tout cas une alternative -la seule—au cataclysme!

 

 


Argent : Nouveaux Crésus fragiles, les assurances !

— L’assurance chinoise vit son printemps:les jeunes nouveaux riches s’offrent des assurancesvie (2/3 du marché), qui ne seront honorées que 30 ans après.

C’est la corne d’abondance : les actifs atteignent 103,6MM², dont 20% glanés de janvier à mai.

Ces groupes récents ont peu de dettes, et croulent sous les fonds! Aussi peut-on comprendre que 28 amateurs locaux fassent le siège de la CIRC, pour être les 1ers depuis 1996, à obtenir une licence. Renforcement de l’assurance “nationale” voulu, en vue de l’ouverture complète du secteur d’ici fin 2004 (OMC oblige!) et parce qu’en nombre, les étrangères (67 filiales, 37 groupes) dépassent les chinoises (une 15aine).

Mais chez cette mariée trop belle, les plus clairvoyants annoncent les soucis futurs.

Presque tous ces actifs sont disponibles (95MM²), placés à 53% dans les banques, 31% dans les obligations et 6,9% dans les fonds mutuels.

On note la part faible de la bourse, et des investissements directs (hôtels, industries etc). Mais “qui rit samedi, dimanche pleurera”: les groupes doivent diversifier et trouver des havres sûrs, pour faire face à leurs immenses obligations futures.

La SAFE, tutelle des devises, s’apprête à leur donner un début de satisfaction, en permettant le placement de leurs 6,6MM² de monnaies étrangères sur les marchés étrangers des capitaux! 

— Malade, la bourse chinoise n’excite plus l’envie! L’index “H” (parts chinoises) de HK a baissé d’1/3 en 3 mois. Eclaboussé par la plainte contre China Life en bourse de NY, Ping An, n°2 de l’assurance nationale n’obtient que 1,48MM² à HK, moins 12,5% qu’espéré (22/6).

Shanghai se traîne à son plus bas niveau depuis novembre (28/6). Voulue pour relancer la pompe, l’ouverture  du marché 2daire (VdlC n°19) à Shenzhen a fait un flop. Les 8 valeurs de départ avaient été allégées pour décoller (25/6): elles le firent, jusqu’à 325%, mais pour retomber trois jours après au cours plancher permis par la loi (-10%)!

Dans ce climat morose, les affaires qui marchent ressortent d’autant plus : Li-Ning (“Adidas”chinois créé par un gymnaste médaillé olympique habile en affaires), fit un tabac, empochant 56M² à Hong Kong (28/6), qui prirent le lendemain 12,7% de plus-value.

Idem, Mengniu, 1ère laiterie de Chine place (10/6) 144M² de parts, qui gagnent 24% dans la nuit. Un autre placement qui devrait bien marcher, sera celui de Shenhua, n°1 houiller (100Mt en 2003, 7% de la production nationale, +29%), qui vendra 1MM² de parts. Son atout : investir avec le sud-africain Sasol, 3MM² au Shaanxi, dans une usine de carburant-voiture à base de charbon, via gazéification intermédiaire. Basée sur cette technologie d’avenir, l’usine tournerait en 2007, pour produire 30Mt en 2020!

 

 


Pol : Belle de Nords-Coréens – Pékin agacé

— Contre le Sida, la Chine poursuit sa lente mobilisation.

En dépistage, l’effort va au Henan, où 16.000 cas (paysans contaminés par vente de leur sang) sont dentifiés.

180000 suspects seront testés d’ici septembre : les centres de dépistage passeront à 300 (+30%) dans le pays. L’effort est mince face aux M de suspects ayant vendu leur sang, ou héroïnomanes – qui font les 2/3 des séropositifs en Chine: sur les 840.000 porteurs estimés, moins de 10% sont identifiés et le chiffre réel (inconnu), pourrait atteindre le décuple. En traitement, pour 2004, le budget de 47M² augmente de 20%. Ici, Wang Longde, vice-ministre de la Santé, annonce une bonne nouvelle : le 3TC, 1er médicament utile contre le Sida (car bien toléré) arrivera au 3ème trimestre : GlaxoSmithKline a accepté de baisser son prix—secret, vendu directement à l’administration. Le même 3TC restera en pharmacie au prix normal, efficace aussi contre l’hépatite B.

— A Nanning (Guangxi), Takayuki Noguchi, membre d’une ONG nippone, a pris (27/6) pour  8 mois de prison, après avoir tenté de faire passer deux Nord-coréens au Cambodge.

En comptant la préventive, il sera bientôt libre et expulsé. Par ce 1er verdict contre un japonais, Pékin traduit son exaspération face au problème des réfugiés coréens tentant de faire la belle via son territoire : en 2003, 8000 d’entre eux, saisis, ont été rendus à Kim Jong-il, et depuis 2002, deux cents (seulement) ont réussi dans leur tentative.

NB : sans compter les 4 réfugiés (30/6) dans l’école allemande à Pékin : eux, ont gagné!

 


Temps fort : Les zoos dans la fournaise, les géoparcs à la fraîche !

Les zoos de Chine ont chaud, pas seulement de la canicule : trop chers, les mairies sont tentées de les liquider, sans égards pour leurs jeunes clients, ni prendre de gants.

Déjà 16 d’entre eux ont été fermés ou liquidés à des parcs privés.

Celui de Kunming (Yunnan) réchappa de justesse : pressenti, malgré ses 5000 bêtes et 3M d’entrées/an (mais seulement 2M² de recettes) pour une fusion avec un safari, il devait être dépecé au terme d’un contrat secret et léonin : une fuite dans la presse, une rare mobilisation de l’opinion le sauvèrent sur le fil!

Pékin est dans l’oeil du typhon. Ce plus vieux zoo du pays, d’époque Qing (1906), dit le 3ème plus grand du monde (6000 animaux, 93 ha) suscite les convoitises de promoteurs, à 700² le m² à l’achat, pour un profit du centuple… On lui reproche des embouteillages, des odeurs fauves, et à tout hasard… le SRAS! Ici aussi, la presse s’émeut : affaire à suivre !

Heureusement, en 2 autres domaines de l’écologie chinoise, les choses vont mieux.

1. Côté prairies, dont la Chine détient 10% au monde (65Mha), les 16M ha aujourd’hui protégés, doivent gagner 50% d’ici 2010, et une police des prairies naît, qui pourchassera pollution et vandalisme.

2. Les Géoparcs prolifèrent depuis peu. Ils sont 85, occupant les plus beaux sites, monts, glaciers, forêts, marais. Huit d’entre eux viennent d’être classés sites de l’UNESCO. Ils commencent à générer emplois et revenus, attirant une clientèle aisée, qui s’arrache ainsi quelques jours à l’enfer urbain (29% de visiteurs  de plus qu’en 2003)… Peut-être un 1er -petit- pas vers une réconciliation entre la Chine et sa nature !

 


Petit Peuple : Géante gamberge d’un moinillon

— Sous la dynastie Tang (7ème siècle), la déesse Guanying demanda à l’empereur Taizong de trouver l’homme d’une mission spéciale: le jeune moine Xuan Zang.

Rebaptisé Tripitaka (“3 paniers, en sanscrit), il reçut l’ordre d’aller en Inde quérir les textes sacrés nécessaires pour rétablir la paix chinoise. Après moults avatars, il revint chargé d’un fabuleux butin: 5048 livres fondateurs, hormis le fameux 西游记 Xiyouji, Voyage à l’Ouest, récit apocryphe de ses mythiques aventures, flanqué de ses disciples (le singe Sun Wukong, le cochon Zhu Bajie, et le frère-soudard Sha Heshang)…

En 2004, grande nouvelle : la Chine prépare la réédition du Tripitaka, monumentale encyclopédie du bouddhisme, dont les originaux sanscrits ont depuis lors disparu.

Cinq ans de travail écrasant attendent les experts. Pour reproduire les vinaya (règles), sutra (discours) et abhidhamma (commentaires) de l’édition Qing de 1738,  ils ancreront 79.036 planches originales de bois gravé (60cm par 30m de long!), et imprimeront par contact sur un vélin traditionnel de Xuanzhou (Anhui). Les monastères et communautés qui recevront le privilège d’acquérir cette édition-Dragon, partiront avec 7245 volumes: 1625 titres qui nourriront des siècles de vie et quête spirituelle à travers 5 continents.

Entamant son périple 13 siècles en arrière, le moinillon n’imaginait pas qu’il causerait cette épopée planétaire. 千里之行,始于足下Qian li zhi xing, shi yu zu xia – “Une marche de 1000 li, commence toujours par un premier pas”!  

 

 

 


Rendez-vous : A Pékin, des salons électroniques

6-9/7, Canton : Foire CBD (construction, décoration)  

7-10/07, Pékin : Salons électroniques + réseaux  

7-10/7, Pékin:  Foire EP (équipements électriques)