Le Vent de la Chine Numéro 10
Début décembre 2003, la CBRC, tutelle des banques publiques, publiait un plan de désendettement à leur profit: quoique fort attendu, il fut accueilli avec scepticisme : pour refaire leur capital et éponger leurs dettes (prêts insolvables) d’un montant de 150 MM$ (chiffre officiel) voire 500MM$, le plan n’avançait aucun moyen nouveau, et seulement une mise de fonds infime, 12 à 15MM: les comptes n’étaient pas justes!
Comme souvent en politique financière, ce plan visait à brouiller les cartes, le temps de préparer des mesures bien plus fortes, telle la levée du verrou historique, idéologique sur toute alliance bancaire avec l’étranger.
Le 02/01 était officialisée la 1ère fusion : celle de l’ICBC-Asia (filiale internationale de ICBC, cotée en bourse de HK), avec l’ex-Belgian Bank, filiale de Fortis. Le groupe belgo-néerlandais prendra 9% de la nouvelle entité, en échange des activités « retail & commercial banking » de sa filiale HKgaise (n°9, 700 emplois) – coût de la transaction, évalué à 277M$.
Commerciale dans son essence, cette opération a été voulue par le nouveau pouvoir chinois : Fortis a été choisi au nom du bon climat immémorial entre Chine et Belgique. A l’origine, ICBC pensait céder 20% : taux tronqué par le Conseil d’Etat, mais Fortis reçoit la garantie d’un gel de ce %age, moyennant un droit de réinvestissement en cas d’augmentation du capital. On doit s’attendre par ailleurs, à ce que la nouvelle entité ICBC-Fortis-Asia Hong Kong opère très bientôt d’autres acquisitions-synergies avec un ou plusieurs autres groupes financiers internationaux.
Ainsi, ICBC, 1ère banque chinoise avec 400M de comptes, recevra des MM$ d’actifs frais qui lui permettront d’accélérer son « retour dans le noir » (dégraissant son capital de ses 22% de dettes avouées), et son propre passage en bourse à l’étranger (prévu pour 2005 ou 2006). D’autre part, ICBC deviendra la 6ème banque du «rocher» – et pourrait se retrouver, une fois cette vague d’expansion achevée, en position de talonner la Banque de Chine (HK) comme n°1 chinois à Hong Kong.
Bien sûr, d’autres accords sont en gestation dans l’ombre, entre les trois autres grandes banques publiques et des principales petites banques municipales ou privées, et de ténors étrangers comme BNP Paribas, Citibank, Standard Chartered, Crédit Suisse ou Deutsche Bank. L’entrée annoncée de Fortis dans ICBC est la 1ère mesure réaliste, préconisée depuis des années par l’étranger, pour recapitaliser cette banque chinoise, et l’émonder de ses mauvaises pratiques – boucher le tonneau des Danaïdes.
Elle porte d’autre part la griffe de la tutelle CBRC, moins d’un an après sa fondation en mars 2003 : preuve claire d’une volonté des autorités de changer de cap, d’urgence !
Depuis l’annonce de l’adhésion au 1er mai 2004 de 10 pays d’Europe centrale et Méditerranée à l’Union Européenne, la Chine réclame des compensations commerciales.
En 2003, ce marché représentait pour Pékin 6MM$ (contre 72MM, au reste de l’UE).
Pékin (et avec elle, US, le Japon et bien d’autres) craint que certains produits jusqu’alors libres, soient désormais soumis à quotas, notamment en chaussures, céramiques et linges de table.
Le ministre du Commerce déplore aussi la taxe communautaire applicable, dès août, sur tout produit électroménager, de 2 à 3% pour son recyclage futur, ainsi que l’embargo dès 2006 sur tout produit contenant des matières comme plomb ou mercure : les exports chinois baisseront de 20% – à moins que les industriels ne bifurquent très vite vers des produits plus respectueux de l’environnement…
Mais le jour venu (le 15/3, avec la venue à Pékin du commissaire européen en charge de l’OMC, Pascal Lamy), Bruxelles mettra tout sur la table, le déficit commercial européen de 47,4MM² en 2002 (+3,2%), la baisse moyenne de 9% à 4% des tarifs douaniers chez les nouveaux membres, les économies aux exportateurs chinois en frais de gestion et de change…
Pour toutes ces raisons, le 2d partenaire commercial de l’UE ne peut rêver à d’immenses concessions.
D’autant moins que la Chine a envers Bruxelles une autre demande, la levée de l’embargo sur les ventes d’armes. Une majorité européenne se dégage en faveur, mais des pays comme Suède ou Pays-Bas souhaitent un geste préalable, significatif, sur les droits de l’homme.
La décision pourrait intervenir avant l’été : Wen Jiabao à Bruxelles en mai, tentera de porter l’estocade!
Dimanche 14/3, en clôture du Plenum, c’est sans suspense que l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) vota à 99% «pour» (2863 voix contre 27) le toilettage de la Constitution, réconciliant la Chine avec le privé.
Puis vint le morceau de bravoure : le one man show de Wen Jiabao, télévisé face à 1000 journalistes. Sur fond de palmes et fleurs roses, le 1er Ministre présenta une personnalité hybride, empruntant à Jiang Zemin (pour la citation de poèmes), et à Zhu Rongji pour les boutades et l’emploi du «je», ou l’aspect doctoral, le crayon à la main. Mais avant tout, Wen Jiabao apparut d’une sérénité exemplaire, souriant en tous temps et évitant méthodiquement de distribuer, selon la règle de ses prédécesseurs, avertissements et blâmes.
Ainsi, face à Taiwan comme à Hong Kong, l’un et l’autre accusés d’audaces libertaires (référendum pour l’un, demande d’élections directes avancées pour l’autre), Wen Jiabao n’eut que les mots de paix, stabilité et communion dans la nation.
La grande surprise vint de la priorité donnée à cette conférence.
On attendait le soutien au monde rural, ou la réforme des banques : même si Wen eut des mots forts pour les défendre, ce fut bel et bien la réforme politique qui eut droit au projecteur du 1er ministre, déclamant : «pour faire une montagne, il ne faut négliger aucune pierre : à défaut de succès dans la réforme politique, notre réforme ne réussira pas! ». Cette réforme, pour Wen, consiste en une gestion «scientifique» et «juste» de la société, le renforcement des lois (et de leur respect), et la création d’un mécanisme strict de répression des fraudes.
Force est de reconnaître que l’attente populaire et mondiale va bien plus loin que ces timides initiatives: Wen n’a rien à répondre, au reproche d’un journaliste, que «l’opinion se désintéresse des affaires de la Session, du fait que le Parti est au-dessus de la loi». Mais cette sortie apparemment gratuite de Wen, forcément calculée, ne peut signifier qu’une chose: un appel à la patience,la suggestion murmurée, qu’il va aussi loin qu’il peut!
— Dans les quelques 2000 Entreprises d’Etat (EE) cotées en bourse, on le sait, seules 30% des parts ont été émises, les autres restant incessibles.
Entre Shanghai et Shenzhen, la capitalisation dépasse les 500MM$ en valeur actuelle: comment disposer des 70% restants, afin de rapporter à l’Etat du cash fort nécessaire pour financer la Sécurité Sociale, et la facture sociale d’innombrables faillites, sans faire s’effondrer la bourse? Quadrature du cercle!
Jamais à court d’idées, Pékin explore un chemin nouveau.
Propriété publique à 71,8%, le cobaye est Wu Liangye, le riche n°1 du spiritueux, 120M$ de revenus en 2003. Le groupe, à vrai dire, s’en serait bien passé, préférant (en bonne tradition chinoise) se diversifier dans des métiers sans aucun rapport, tels auto, pharma ou cosmétiques. Mais pas le choix : le groupe rachètera puis “brûlera” une fraction des parts du min. des Finances, devenant ainsi son propre maître— à court terme, sans le moindre avantage!
— Wen Jiabao l’a annoncé, la courbe d’érosion des récoltes depuis 6 ans doit être brisée en 2004, moyennant un plan de soutien des paysans et l’abolition en 5 ans de toute taxation (sauf tabac).
Lancé en 1998, un des outils de ce réarmement rural a été confirmé par la SDRC comme le fer de lance de la campagne : les 41 bases nationales de production de blé, riz,soja et maïs. Elles ont hérité des 20% des meilleures terres, mais produisent 33% de la récolte.
L’invest depuis 1998, s’est monté à 566M$, supportés également par Pékin et les niveaux administratifs locaux.
Avec ces fonds, elles ont pu ouvrir 260.000ha de production de semence, et 300.000m² de silo et stations de pompage, qui alimentent 6000km de canaux d’irrigation. Un autre système dont ces bases vont directement jouir, est la subvention directe, 20¥/亩 mu (0,07ha), moyennant un fonds d’1,2MM$/an, au terme d’un mécanisme déjà testé dans l’Anhui, qui sera désormais ouvert aux 13 provinces “grenier à blé” du pays, assurant les trois-quarts des récoltes.
— La proximité des élections présidentielles en Russie est peut être pour quelque chose dans la fin de non-recevoir opposée à la demande chinoise de leaser 65% du port sibérien de Posyet (cf VdlC n°15).
Refus implicite, notifié par la rumeur d’une reprise par le sidérurgiste russe Mechel. Demandeuse, la province du Jilin ne semble pas plus chanceuse avec le port de Zarubino presque en faillite, dont les propriétaires russes préfèrent accumuler les déficits. Posyet traite 835.000t de fret (+37%) en 2003—30 ans plus tôt, il a été conçu pour le double. Un tel investissement croisé, pour export de charbon et autres produits vers Japon et US, est en discussion entre tous ces pays depuis des lustres. “Ils produisent du charbon et nous aussi”, dit un cadre d’une firme russe charbonnière, “cela n’a pas de sens d’aider sa propre concurrence”.
NB : La Chine (et pas la Russie concentrée derrière l’Oural) semble seule capable de développer cette Sibérie désertique, ce qui effraie légitimement les autochtones!
— Du 1 au 5/3 à Pékin, Pervez Butt, Président de la Commission Pakistanaise à l’énergie atomique a quasiment bouclé l’achat de Chasnupp-II, 2d réacteur nucléaire chinois à installer à Chasma (Punjab), d’une capacité égale (300MW, faible puissance), et d’un coût de 650M$. La 1ère centrale fonctionne depuis 1999.
Les 2 pays insistent que ce contrat est d’usage exclusivement civil -mais comme Chasnupp-I, Ch-II produira du plutonium, matière 1ère de la bombe pakistanaise, obtenue avec l’aide de la Chine.
NB: Islamabad vient aussi de tester avec succès (9/3) un missile capable de transporter une ogive nucléaire sur 2.000km.
— Chose rare en Chine, une campagne se mobilise contre un projet public, visant l’érection de 13 barrages sur la vallée de la Nu (Yunnan). Un des derniers pôles mondiaux de biodiversité, ce bassin abrite 22 minorités ethniques en un éco système rassemblant 50% de la faune (80 espèces dont le fameux léopard des neiges) et 25% de la flore chinoises (7000 plantes).
La SEPA, la CASS et 15.000 pétitionnaires de l’Union des volontaires Verts de Chongqing, voire Wen Jiabao en personne voient l’agonie de ce patrimoine, et l’envoi en enfer de 50.000 autochtones. Initialement prévu pour 2003, le chantier a été repoussé.
A long terme toutefois, les chances de réussite sont hasardeuses, alors que la Chine est en rupture de courant.
Cet affrontement rappelle celui autour du barrage des Trois Gorges en 1993 : alors, 1000 députés avaient voté contre, et un moratoire avait été promis par le pouvoir, “pour 5 ans”. Deux ans après, les travaux débutaient.
Dans une Chine en manque d’énergie, l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) a tenu un débat très vif sur l’état du secteur, avec un réseau électrique incapable de suivre la demande (2090 milliards de Kw/h en 2004).
Un des problèmes identifié tient au gâchis : 1Kw/heure aux US rapporte 8$, contre 8¥ en Chine.
La demande est immense en pétrole, avec des imports de 91Mt en 2003 (+31%).
Les plus grands efforts vont au secteur gazier où d’ici 2020, dit Bai Rongchun, directeur «énergie» à la SDRC, 27MM$ iront dans un réseau de 50.000km de gazoducs et infrastructures. Alors, la Chine consommerait 200MM m3 de LPG, dont 80 importés (Russie et Asie Centrale).
N°1 de l’offshore, la CNOOC fait parler d’elle.
Elle veut rehausser sa production de 21Mm3 d’équivalent pétrole en 2003, à 37Mm3 en 2008 (+70%), dont 30% produits à l’étranger, et 50Mm3 en 2010. Elle va rapatrier son propre pétrole étranger, grâce à une JV avec Sinopec, qui détiendra 40% des 24M$ du capital. Elle compte aussi dépenser 12MM$ en usines pétrochimiques et en projets de LPG, dont 50% en JV nationales ou étrangères.
Par tous ces investissements, CNOOC réduit son écart de savoir-faire, avec des leaders comme Shell ou BP.
Sinopec pour sa part obtient (8/3) 40.000km² de zone à explorer en Arabie Saoudite, sur le bassin de Rub Alkhali. Investissement risqué, 300M$ en 10 ans : les experts anglo-américains doutent qu’il s’y trouve assez de méthane pour le rentabiliser…
Cet effort immense pose une énigme politique: quelle place réserver à l’étranger.
Le gazoduc Urumqi-Shanghai fonctionnera fin 2004, avec 12 mois d’avance -selon le ministre Ma Kai.
Mais les trois groupes supposés y participer pour 45% (Shell, Mobil, Gazprom) restent à la porte, peut-être « pour toujours ». Malgré une faiblesse technique explicitée par un très grave accident fin décembre 2003 (cf VdlC n°1/IX), les consortiums chinois reportent par tous les moyens le partage inéluctable de leur monopole…
— Le Plenum a orchestré un tournant -attendu!-, en matière de réforme financière. Quoique cette mutation soit appelée à bouleverser le paysage financier au cours des prochaines années, elle a été présentée sans fanfare, par touches dispersées, pour éviter de faire des vagues!
Le projet le plus fort est ce règlement sur les activités bancaires dérivées (le droit pour la banque de faire de l’assurance ou de la bourse).
Dès le 1/9/2004, les banques pourront s’y livrer de manière spéculative, affranchies de l’obligation de se limiter à des activités du type fonds de réserve.
Prix pour ce privilège : les banques se voient imposer une masse d’objectifs arides, tels limiter d’ici 2007 leurs coûts à 35-45% du chiffre d’affaire, ou leurs mauvaises dettes à 5 voire 3%. La masse des mauvaises dettes des quatre grandes banques atteint officiellement 231MM$ (20,4%), dont 44MM$ (28,4%) au seul Dongbei.
La Commission de régulation boursière (CBRC) compte sur l’étranger pour dépanner d’abord, BdC et CCB qui offrent à l’étranger, « à saisir » 20% de leurs parts, avant d’aller en bourse d’ici 2005.
Dans la foulée, 2 groupes US, AIG et Newbridge s’apprêtent à placer 250M$ et 175M$ (7% et 5%) dans Minsheng, banque privée déjà investie à 1,2% par IFC (Banque Mondiale).
Pour 400M$, Carlyle reprendrait 25% de China Pacific, n°3 de l’assurance-vie.
Par anticipation d’une percée de la finance étrangère -aujourd’hui capitalisée à 48MM$ (1,4% du secteur), la CBRC demande à chaque banque opérant sur son sol deux rapports audités par an.
En politique de prêts, confrontée à la surchauffe du crédit, la tutelle refuse d’augmenter les taux, mais envisage de porter d’ici 2007 la réserve bancaire à 8%, et à limiter les prêts fonciers à 30% de l’investissement total. Mesure qui n’affecte pas l’objectif de libéralisation: en 2010, presque tous les types de comptes-capitaux devraient être convertibles!
En matière d’impôt industriel, la taxe d’entreprise aux taux de 33% pour Chinois et 17% pour étrangers, serait harmonisée d’ici mars 2005, et les étrangers recevraient d’autres privilèges pour compenser leur perte.
Enfin, en matière monétaire, UBS croit que Pékin réévaluera son ¥ d’ici juin-août, de 1 à 3%.
— Un petit escargot émeut le Plenum. En soi, qu’il remonte la rive nord du Yangtzé au-delà du 35°Parallèle ne serait pas grave, s’il n’était vecteur de la schistosomiase, mal de l’homme et du bétail, dont 1M de Chinois souffrent.3520km² sont déjà infestés. La cause de cette remontée est le réchauffement global, mais aussi le creusement du canal Sud-Nord, du Yangtzé vers le Fleuve. Jaune et la Chine assoiffée.
L’alerte est assez grave pour qu’en février, le Conseil d’Etat centralise la lutte, reprenant le dossier aux sept provinces touchées. Pour éviter ce genre d’accident à l’avenir, la Chine se met au “développement durable”, et veut introduire sous 3 ans le “PIB vert”, projet–pilote destiné à évaluer chaque année le coût de la croissance en terme de bien–être et de conservation du patrimoine naturel!
— L’immobilier est un dossier qui divise l’ANP, entre entrepreneurs politiques qui passent les villes au pilon, et expropriés souvent mal relogés et indemnisés. Pourtant, les villes insalubres ont bien besoin de reconstruction, tel Pékin dont le plan, à terminer avant les Jeux Olympiques (JO) de 2008, concernera 350.000 foyers et 1,1M d’âmes, dit le maire Wang Qishan, justifiant les évictions. En mesure d’apaisement, le ministre du Sol a suspendu un nombre inconnu de permis de 拆成 chaicheng (démolition) dans 26 villes. Mais seulement à titre provisoire, le temps de (sic) «rectifier les erreurs» des promoteurs!
— Ersatz de dialogue, les motions sont un des innocents piliers de l’institution de l’ANP, permettant aux plaintes de remonter à la surface. Un élu, Zhao Linzhong s’est rendu célèbre sous le sobriquet du “roi de la motion”, dont il a déposé 500 depuis son élection en 1998. Le cru 2004 pour le Plenum fut prolifique, avec 1374, dont environ un tiers seront étudiées au fil de l’année. Une motion et un thème se distinguent du lot.
Celle-ci indique le folklore mi-poétique, mi-patriotique de la session : ayant réuni le plus grand nombre de signatures (111), elle offrait de faire du gingko l’”arbre national”.
Plus sérieusement, 10% des motions concernent le thème sanctifié par Hu et Wen en personne : la condition paysanne!
— Face aux députés, la Chine officielle se veut phare des pays en voie de développement (PVD), sous l’angle de la R&D où elle a investi 15MM² l’an passé, soit 1,32% de son PIB – 12 fois plus qu’en 1990. Elle est aussi au 5. rang mondial, pour le nombre de thèses dans les revues scientifiques internationales. Montée en puissance, donc! Mais ce qu’on ne dit pas, est que cette recherche reste des décennies en arrière de celle d’UE ou des US, grevée de handicaps. Elle n’échange pas ses résultats : tant par tradition que par hiérarchie, elle est secrète. Elle est trop souvent à court terme et dans le rentable immédiat. Enfin, ses budgets vont trop souvent aux pistonnés, plus qu’aux méritants.
— Logiquement en Chine, la Marine nationale est le corps de l’Etat connaissant le mieux l’archipel des Spratley, petit paradis de palmiers et de plages au large des Philippines, ignoré du monde et de ses pollutions. Ce qui explique que le contre-amiral Wu Shengli ait milité (7/3) en faveur d’une mise en valeur de ses ressources, moyennant l’ouverture accélérée de chantiers “pour préserver (à défaut de l’environnement) l’unité et les intérêts nationaux”. L’amiral voudrait voir ports de pêche, plates-formes pétrolières et villages vacances chinois pulluler sur les 100 îlots. Des lois devraient être votées pour “mieux protéger la souveraineté de la nation”.
NB : les Spratleys sont disputées par 6 pays riverains qui pour l’instant, les traitent de facto
comme un sanctuaire commun.
— Au Parlement, le traditionnel débat sur la condition de la femme fut d’une franchise de bon aloi, et vibrant de nouvelles pas toujours rassurantes. En effet, l’égalité des sexes semble s’éloigner sur la ligne d’horizon. Au Guangdong (Canton), la femme suit deux années scolaires de moins que l’homme (contre une, moyenne nationale), et Xu Chulian, patronne de la Fédération locale des femmes, s’inquiète de voir de plus en plus de jeunes filles rechercher une vie facile hors du besoin, comme 二奶 ernai («2de poitrine»), au risque de se faire rejeter 10 ans plus tard.
La femme chinoise n’occupe que 21% des postes de direction, contre quasi 50% (égalité absolue) en Suède.
Les avortements sélectifs (= l’élimination des bébés-filles) ne cessent de progresser.
Alors que l’humanité engendre 105 garçons pour 100 filles, le taux chinois est passé de 108 en 1982 à 117 en 2000, voire 130 à Hainan et à Canton. Le résultat sera probablement, en 2020, la présence de 40M de jeunes hommes sans femmes, avec pour corollaire ces signes de crise sociétale déjà présents : viol, prostitution, rapt et mariages forcés.
A défaut de pouvoir offrir à la condition féminine une nouvelle donne, le forum mit à l’honneur deux infos en forme de deux gadgets.
[1] A Jinan (Shandong), un tribunal de 7 juges du beau sexe fut mis sur pied pour traiter les affaires de violence conjugale (il aura de quoi faire, ce mal frappant 30% des foyers), et
[2] Gu Xiulian, Présidente de la Fédération nationale, annonça que le programme spatial chinois commencerait dès 2005 à recruter et former des taikonautes chinoises—sans oublier, bien sûr, les compatriotes de HK et de Macao !- pour les envoyer dans ses prochains tirs de capsule Shenzhou : histoire qu’enfin, de cette manière inattendue, la femme “occupe la moitié du ciel” !
— Pour définir le budget de l’Armée Populaire de Libération (APL) cette année, il a fallu jouer fin.
En 2003, pour la 1ère fois en 13 ans, la hausse n’avait pas franchi le cap des 10%, et l’état-major ne se privait pas de se plaindre : vu le poids de la “notre nouvelle Grande Muraille” dans la vie publique, impossible, cette année, de réitérer l’exploit sans s’attirer des foudres. Mais si l’enveloppe était trop lourde, comment maintenir l’idée d’une priorité au monde paysan?
Finalement, le budget kaki fut majoré (6/3) de 11,6%, à 25MM$ -un 12ème du budget national. De toutes manières, de tels chiffres ne signifient pas grand chose : entre son patrimoine foncier voire industriel, ses crédits secrets d’achats d’armes à l’étranger et de recherche, son budget réel, dit le Pentagone, plane furtivement entre 55 et 100 MM$. Et la Grande Muette, cette année, démobilisera 0,2M de ses 2,5M de soldats : un petit pas dans la longue marche pour faire de l’APL, à l’horizon 2050, le principal contrepoids à l’hégémonie militaire des US!
Daling avait tout pour faire un village sans histoire.
Mais en 1957, le cadastreur en décida autrement, en plaçant arbitrairement en son milieu la frontière triangulaire entre Pékin, Tianjin et le Hebei. En l’épicentre, gît la ferme des Jia, écartelée.
Dans la maison de l’Ouest, Jingfu le cadet (76 ans) et Jingbao le benjamin sont Pékinois (arrondissement de Pinggu).
5 mètres plus à l’Est, Jingsheng l’aîné se retrouve Tianjinois.
Toutes leurs vies ont été chamboulées. Des lois locales défendues bec et ongles, induisent des prix, règlements et chances inégaux. Au téléphone portable, pour que Jia appelle Jia, les appels sont invariablement interurbains -ruineux: suivant le temps qu’il fait, suivant que l’on parle de la cuisine ou de la chambre, c’est le pylône le plus puissant qui impose son réseau…
Généralement parlant, c’est la tribu de Jingfu et Jingmao qui s’en sort le mieux : pas de taxes illégales, l’eau et l’électricité avant tout le monde,de meilleures routes, plus d’usines font que le revenu moyen est supérieur de 1500¥. Donc, pas question pour les filles de Daling (Tianjin), de baisser les yeux sur les garçons des voisins : il ne leur faut que les gars de Daling (Pékin), pas moins.
Même drame à l’école : à moins d’allonger 80¥/ mois, les mômes de Tianjin ne peuvent fréquenter l’école du village, à 150m, et doivent marcher tous les jours 8km!
Finalement, la situation n’a qu’un seul (maigre) avantage pour tous : en coeur, le clan des Jia a opté pour enregistrer ses voitures au nom d’un cousin dans le Hebei, moins cher et moins procédurier. Quand au journaliste ayant déniché ce merveilleux pataquès, il fait remarquer, non sans finesse, que 鸡鸣三省 ji ming san sheng, chaque matin, le même coq chante sur les trois provinces !
— 17-19/3, Shanghai: Expo de la lingerie
— 18-21/3, Canton: Foire du meuble
— 20/3: Scrutin Présidentiel et référendum à Taiwan
— 25-27/3, Shanghai: Séminaire industrie auto