Le Vent de la Chine Numéro 25

du 10 juillet au 31 août 2003

Editorial : L’Eté des affaires, ou un Premier ministre aux os durs

Une tendance frappe en Chine, en ce début d’été : l’épisode du  SRAS à peine fini, se multiplient les affaires à un rythme inégalé. Egalement inquiétante, l’absence de réponse : le pouvoir semble tout faire pour occulter, plutôt que pour affronter et rechercher une solution. Effort en pure perte, et cela aussi est nouveau: la presse prend des risques inégalés pour dénoncer ces cas. Entre médias et pouvoir, un bras de fer est net, avec pour victime  l’état de grâce éphémère qui avait entouré le tandem Hu Jintao-Wen Jiabao suite à leur action efficace contre l’épidémie. A l’évidence, cette audace nouvelle est liée au SRAS : face à la maladie, l’opinion prend le PCC pour son «sauveur», mais n’oublie pas les 5 mois de silence. Voici quelques unes de ces affaires : 

• l’affaire des prêts  de la BdC tourne court. Zhou Lu, boss de la Banque de Chine à Shanghai est congédié pour prêts irréguliers à un capitaliste local, mais Liu Jinbao, son homologue à HongKong, est absous pour les 250M$ prêtés au promoteur Zhou Zhengyi. Les 2 dossiers sont gérés par Huang Ju, dernier Secrétaire du PC à Shanghai -qui a pu être partie prenante en ces affaires.

• Près de Yan’an (Shaanxi, l’ex-QG de Mao durant la Longue Marche), des milliers d’investisseurs manifestent (27/6) contre la confiscation de leurs puits de pétrole, «renationalisés» sans compensation.

• Chengdu (Sichuan) est secouée par la mort d’une fille de 3 ans (7/7), par la négligence criminelle de policiers qui avaient arrêté sa mère toxicomane, sans  vérifier ses appels à l’aide. Chengdu a d’abord tenté d’étouffer l’affaire, puis 2 policiers ont été écroués et 5 chefs suspendus.

• Ouyang Zhongmou, Prsdt du groupe Putian, étoile du Ministère des Industries de l’Information, est arrêté (6/7) pour 120M$ de fraudes financières sur 7 ans, tandis que la CCB annonce une « punition » à 500 employés, pour 120M$ de prêts fictifs ou frauduleux l’an dernier, tout juste épinglés par la Cour des Comptes.

• Un trafic de plaques sensibles pour rayons X (40M$) est éventé à Canton.

• En fuite depuis avril après détournement de M$, une ex-vice maire de Wenzhou (Zhejiang) est déchue de sa carte du Parti.   

La passivité de Pékin est ambiguë : témoigne t’elle d’une division (les nouveaux leaders ne peuvent imposer la transparence,vu l’opposition des anciens)? Ou bien d’un consensus , par tradition et pour affronter les défis présents (combler le retard de croissance ) ? En tout cas, cette vague d’affaires trahit l’affaiblissement rapide des pouvoirs publics, face à la corruption, et à la liberté de la presse. C’est peut-être confronté à ce risque que Wen Jiabao se sent contraint, face à une délégation d’économistes hongkongais (27/6), de réitérer sa promesse, malgré le SRAS, de tenir le cap des réformes, tout en précisant à toutes fins utiles : « j’ai de la persistance dans mes os »!


A la loupe : Le temps des inondations est revenu !

Voici revenu le temps des crues, fruit de la rencontre entre les trombes côtières d’été et de la fonte des neiges de l’hiver au massif du Kunlun (1/3 du territoire à l’Ouest, à 4000 voire 6000m de hauteur). En Chine de l’Est, la soif de terres a fait coloniser les lacs et marais: la nature, à ces moments, reprend ses droits : pour protéger les villes, l’homme ouvre les vannes, dynamite les digues, forçant 1M à la fuite (souvent réfugiés sous tentes), et causant (au 9/7) 298 morts.

Les crues de 2003 s’annoncent exceptionnelles. Sur tous ses 1000km, la Huai a franchi son pic historique de 1991, par exemple à Zhaoji (Anhui), à 27,59m soit 1m de plus. Les digues cèdent: 760.000 soldats et miliciens en alerte max., dans l’eau jusqu’à la taille, mains nues, se passent les sacs de paille tressée remplis de sable pour endiguer la crue. Les éleveurs voient leur poisson s’enfuir, et leur bétail blé ou soja noyé. Les médecins tournent 24h/24 pour prévenir malaria, encéphalite B, et diarrhées.

Et ce n’est que le début : 10 provinces touchées  (Anhui, Henan, Jiangsu, Guizhou, Hunan, Hubei, Shaanxi, Sichuan, Guangxi, Zhejiang) doivent recevoir ces jours-ci 100mm de pluie par jour en moyenne. Le bilan vient de doubler, avec 2M d’hectares emblavés perdus, et 100M de gens affectés. 1/3 des 86.000 réservoirs du pays risquent de céder…

NB : le barrage des 3 Gorges  met en service (9/7) sa 1ère turbine, la plus grosse du monde, 7.700t et 700.000KW de capacité. Mais il n’a pas -encore- prouvé son efficacité comme moyen préventif des crues, plus fortes que jamais sur les bas et moyen cours du Yangtzé!

 


Joint-venture : La Chine à l’assaut de la forêt russe

On s’en souvient peut-être, les trois grands portails internet chinois, Sohu, Sina et Netease étaient tous tombés du paradis en 2000, pour la même raison : l’éclatement de la “bulle” technologique mondiale. Tous à l’époque, se voyaient “hypermarchés virtuels ”, tous étaient surévalués au Nasdaq. Aucun n’avait de métier irremplaçable. Leur purgatoire s’est arrêté en mai, grâce au SRAS. Ils avaient eu 30 mois pour créer des messageries, pubs et synergies avec China Telecom et Unicom, décuplant leur audience et se dotant de revenus fixes. C’est alors que la Chine s’est mise deux mois en 40aine, créant pour ces sites un véritable marché captif: au Nasdaq depuis janvier,  leurs titres fusèrent de 240% à 450%. Afin de battre le fer pendant qu’il est chaud, les trois soeurs émettent pour 290M$ d’obligations sur 20 ans, à taux “0” mais offrant l’option de conversion en actions, tant que le cours ne dépasse pas 23 à 27% du prix d’émission.

Autre secteur, autre réaction  post-SRAS : China Southern tente sa chance sur la place boursière de Shanghai, et émet (10/7) 1MM de Parts A, pour en tirer 327M$ d’épargne. Ce qui lui permettra à la fois de combler son trou de caisse de 26M$ de jan à avril et de payer 20 Boeing 737 déjà commandés. Ce sont 23% de ses actifs que le groupe cantonais place ainsi en bourse. A 2,7Y /part, China Southern brade : ce prix représente 18 fois le bénéfice par action de l’an passée, score inacceptable en d’autres temps! Et encore, Ch. Southern a de la chance : Shanghai Airline se voit contrainte de vendre deux B737, déjà payés (44M$) mais non amortis, cédés à prix secret à CUA, Cie militaire. Son actionnaire principal, Alliance Invest (groupe municipal, 56% des parts) doit aussi lui “prêter” 36M$ à court terme pour l’aider à faire face à ses charges.

— Depuis avril, Jeux Olympiques obligent, la Chine se cherche une fleur nationale. Candidats: lotus, pivoine, chrysanthème, orchidée et prunier. Cette quête illustre la montée en sève de la fleur en un pays qui l’ignorait 15 ans avant mais s’est rattrapée, accueillant à présent 1/3 des surfaces horticoles globales. Pour l’instant, ces efforts se font sans productivité : la fleur chinoise ne compte que pour 0,5% du marché mondial, contre 10% aux Pays-Bas, dont 70% de la production part à l’export! Gâté par presque tous les types de climats, le Yunnan s’est imposé comme le roi de la fleur coupée, avec 1,1MM de tiges en 1999 (1/2 du marché). La province totalisait alors 220M$ en ventes de fleurs, dont 6M$ à l’export.

Le Yunnan n’a qu’à bien se tenir : les campagnes côtières investissent ce secteur 15% plus payant que la moyenne locale (6000Y/mu,亩, càd 10.000²/ha).Ainsi, Changzhou (Jiangsu) a reconverti 80% de ses surfaces plantées. L’an passé, 37.000 foyers y ont gagné 90M$ en vendant 270M d’arbres, 0,29M de bonsaïs, 4,2M de fleurs en pot, autant de fleurs coupées.

NB : le client n°1 est public : provinces, villes et conurbations en mal d’embellissement!

· dernière minute : avec un commerce extérieur de 376MM$ pour le 1er semestre (+39%), la Chine affiche une santé insolente, et des dégâts du SRAS finalement très limités. A ce rythme, le pays aurait, fin 2003, un trafic bilatéral de 750MM$ et +130 par rapport à 2002.

 

 


A la loupe : TGV chinois-un rêve allemand brisé!

En 2001, le chancelier Schroeder emporta un succès éclatant à Shanghai-Pudong, en y vendant le Maglev – train à sustentation magnétique d’une vitesse de 500km/h. Signé Thyssen-Krupp-Siemens, le bijou  coûtait 1MM$: l’Allemagne en paya la moitié, espérant emporter le marché de la ligne Pékin-Shanghai, 1300km pour 20MM ²!

Deux ans plus tard, le rêve s’est mué en cauchemar : selon Siemens, la Chine renoncerait à cette filière. Pour le monorail d’Outre-Rhin, ne resteraient sur le tapis que les 200km de prolongation de la ligne existante jusqu’à Hangzhou (Zhejiang).

Cet échec allemand a plusieurs raisons. Le Maglev shanghaïen a eu sa part de problèmes techniques. Le gainage d’un câble a été changé (30M$). Le train n’est pas encore en service régulier!

Or, la Chine exige un outil fonctionnel pour les JO de 2008. Or, le 1er admirateur du Maglev et de l’Allemagne, Zhu Rongji est maintenant en retraite. Enfin, cette technologie encore non démontrée, même en RFA – où un chantier Maglev vient d’être annulé-, ne permet pas comme ses rivaux une utilisation « fret »… Au ministère de tutelle, des années de réflexion arrivent à leur terme: Pékin fera son choix, en fin de l’année. Le choix, selon la rumeur, serait depuis longtemps arrêté, puisqu’une ligne ferroviaire Pékin-Shanghai pouvant accueillir un TGV, serait en cours de finition !

Trois trains restent en lice : l’ICE allemand,  le TGV français (le plus rapide, et le seul qui navigue à 300km/h «croisière»), ou le Shinkanzen nippon, le plus confortable.

Les japonais pratiquent la méthode Coué, et font le forcing, forts de capacités exceptionnelles de financement, et du potentiel imbattable d’intégration des deux économies (Tokyo deviendra sous 5 ans 1er partenaire de la Chine). La France est discrète. Ses chances sont-elles moindres pour autant ? Réponse dans quatre mois!

 


Argent : Sohu, Sina, Netease – le retour des dot.com

On s’en souvient peut-être, les trois grands portails internet chinois, Sohu, Sina et Netease étaient tous tombés du paradis en 2000, pour la même raison : l’éclatement de la “bulle” technologique mondiale. Tous à l’époque, se voyaient “hypermarchés virtuels ”, tous étaient surévalués au Nasdaq. Aucun n’avait de métier irremplaçable. Leur purgatoire s’est arrêté en mai, grâce au SRAS. Ils avaient eu 30 mois pour créer des messageries, pubs et synergies avec China Telecom et Unicom, décuplant leur audience et se dotant de revenus fixes. C’est alors que la Chine s’est mise deux mois en 40aine, créant pour ces sites un véritable marché captif: au Nasdaq depuis janvier,  leurs titres fusèrent de 240% à 450%. Afin de battre le fer pendant qu’il est chaud, les trois soeurs émettent pour 290M$ d’obligations sur 20 ans, à taux “0” mais offrant l’option de conversion en actions, tant que le cours ne dépasse pas 23 à 27% du prix d’émission.

Autre secteur, autre réaction  post-SRAS : China Southern tente sa chance sur la place boursière de Shanghai, et émet (10/7) 1MM de Parts A, pour en tirer 327M$ d’épargne. Ce qui lui permettra à la fois de combler son trou de caisse de 26M$ de jan à avril et de payer 20 Boeing 737 déjà commandés. Ce sont 23% de ses actifs que le groupe cantonais place ainsi en bourse. A 2,7Y /part, China Southern brade : ce prix représente 18 fois le bénéfice par action de l’an passée, score inacceptable en d’autres temps! Et encore, Ch. Southern a de la chance : Shanghai Airline se voit contrainte de vendre deux B737, déjà payés (44M$) mais non amortis, cédés à prix secret à CUA, Cie militaire. Son actionnaire principal, Alliance Invest (groupe municipal, 56% des parts) doit aussi lui “prêter” 36M$ à court terme pour l’aider à faire face à ses charges.

— Depuis avril, Jeux Olympiques obligent, la Chine se cherche une fleur nationale. Candidats: lotus, pivoine, chrysanthème, orchidée et prunier. Cette quête illustre la montée en sève de la fleur en un pays qui l’ignorait 15 ans avant mais s’est rattrapée, accueillant à présent 1/3 des surfaces horticoles globales. Pour l’instant, ces efforts se font sans productivité : la fleur chinoise ne compte que pour 0,5% du marché mondial, contre 10% aux Pays-Bas, dont 70% de la production part à l’export! Gâté par presque tous les types de climats, le Yunnan s’est imposé comme le roi de la fleur coupée, avec 1,1MM de tiges en 1999 (1/2 du marché). La province totalisait alors 220M$ en ventes de fleurs, dont 6M$ à l’export.

Le Yunnan n’a qu’à bien se tenir : les campagnes côtières investissent ce secteur 15% plus payant que la moyenne locale (6000Y/mu,亩, càd 10.000²/ha).Ainsi, Changzhou (Jiangsu) a reconverti 80% de ses surfaces plantées. L’an passé, 37.000 foyers y ont gagné 90M$ en vendant 270M d’arbres, 0,29M de bonsaïs, 4,2M de fleurs en pot, autant de fleurs coupées.

NB : le client n°1 est public : provinces, villes et conurbations en mal d’embellissement!

· dernière minute : avec un commerce extérieur de 376MM$ pour le 1er semestre (+39%), la Chine affiche une santé insolente, et des dégâts du SRAS finalement très limités. A ce rythme, le pays aurait, fin 2003, un trafic bilatéral de 750MM$ et +130 par rapport à 2002.

 

 


Pol : Lei Feng

· En Chine de 2003, en tout bien tout honneur, tout peut servir dans la course à l’argent. Même Lei Feng, le soldat maoïste mort au service du peuple à l’âge de 22 ans, qui avait été canonisé en héros national. Hier utilisée par la propagande et les journaux, ses photos se retrouvent à présent sur internet ou en soutien de pub, nostalgie garantie sur facture. C’est alors que Zhang Jun, l’auteur des 200 clichés qui consacrèrent sa légende, a imaginé d’ester en justice pour faire reconnaître ses droits d’auteur. Or, au tribunal du Liaoning, il vient (27/6) d’obtenir gain de cause : désormais, il faudra payer pour exploiter le logo du soldat bénévole révolutionnaire! A 77 ans, Zhang affirme avoir agi pour le principe: toute royaltie ira à des oeuvres sociales conformes à l’esprit de son ex-camarade de régiment. Enfin, ce débat est bien théorique : Zhang s’attend à des réticences des utilisateurs, pour commencer à payer ce qu’ils ont consommé gratis depuis ’40 ans: il en va de Lei Feng comme de l’eau courante, tout se taxe !

· Après ses étapes au Japon et aux US, le nouveau prsdt Sud-coréen Roh Moo-hyun reprend son bâton de pèlerin, direction Pékin (7-10/7), dans l’espoir d’arracher la présence de Séoul au débat de paix (nucléaire) sur la Corée du Nord. Espoir illusoire : Entré en fonction un mois avant Hu Jintao -qu’il rencontrait pour la 1ère fois-, Roh n’obtint qu’une déclaration commune de bonnes intentions, évitant comme la peste de spécifier quelles nations iraient aux pourparlers. Les Présidents signèrent aussi un accord de coopé judiciaire et un système de médiation des conflits commerciaux. Ces résultats peuvent sembler minces, vu l’importance réciproque des 2 pays.

Depuis le rétablissement des liens diplomatiques en 1994, la Corée du Sud est passée 3. partenaire de la Chine. Les échanges bondissent, +40% de jan à mai, à 23MM$, dont les 2/3 au profit de la Corée. L’exercice 2002 est aussi étonnant: 44MM$ (contre 5MM$ en 1994), et les 2 pays pensent franchir la barre des 100MM$ d’ici 5 ans. C’est ce qui explique le seul progrès enregistré entre Hu et Roh, dans le seul domaine où ils sont d’accord : une rencontre annoncée par Roh pour octobre, avec Chine et Japon, en marge du sommet de l’Asean à Bali : afin de préparer un accord triangulaire de libre-échange, fondation d’un bloc commercial, contrepoids à l’UE et aux USA!

· Cette affaire délicate décrit avant tout l’autonomie réelle des provinces sur tout domaine non idéologique, ainsi que leur hantise de ne plus maîtriser la propagation du virus du SIDA. A la fois victime et responsable de 10 ans d’une collecte de sang rémunérée effectuée sans les moindres précautions, le Henan compterait 1M (voire bien plus) de séropositifs ni déclarés, ni assistés, dans leurs villages. Le 17/6, quelques 200 séropositifs du village de Xiongqiao attaquèrent la préfecture de Wulong, détruisant du matériel. Ils protestaient contre la suppression des 24$/mois par malade pour ses soins, et le détournement de 6000$ publics destinés à construire un dispensaire local. La nuit du 22/6, par rétorsion, 500 à 600 policiers envahirent le village, s’introduisant dans les logis, frappant et détruisant à tour de bras. Bilan : 12 blessés et 13 appréhendés, qui seront inculpés de « vol », pour leurs destructions du 17/6.

· Première à Pékin et quatrième fois en Chine, une femme accuse en justice son ex-patron pour  harcèlement sexuel. Malgré le risque de perte de salaire et de la considération de ses voisins (de sa famille), Lei Man, 25 ans, affirme avoir préféré quitter son emploi en oct. 2001, devenu un enfer à cause de la traque de l’employeur,  Jiao Bin, vice-directeur de la Cie d’ordinateurs Founder Order. Non content de la contraindre à démissionner après des mois de ce jeu, Jiao avait interféré dans sa quête d’autres emplois, et même réussi à la faire arrêter brièvement lorsqu’elle avait porté plainte. Elle réclame 6000$ et des excuses. Curieusement, le principal témoin de la victime présumée, se trouve être le propriétaire de la firme -un homme. Jiao lui, ne s’est pas présenté au tribunal -ce serait à ses yeux une admission de culpabilité. Il nie tout, et réclame 600$ « de dommages moraux ». On ignore l’issue du procès—les 2 parties se sont refusées à un arrangement hors-prétoire. Si la justice est si timide sur ce type d’affaires (deux des 3 autres plaignantes ont été déboutées), c’ est qu’elle touche à un problème fondamental de société. 71% des pékinoises se disent victimes de harcèlement sexuel, 54% de blagues sexistes, 29% d’exhibitionnisme, 27% de voyeurisme, 2% d’appels anonymes, et  27% ont été contraintes à des contacts non désirés.

Sur le fond : le néo-libéralisme chinois moderne a eu comme effet secondaire l’éveil d’une soif immense de plaisir. D’où beaucoup plus de relations, de prostitution…et de harcèlement. Chez les victimes, la conséquence a été la prise de conscience de la liberté de se défendre et d’agir sur la loi. Au delà du bien et du mal, ces évolutions témoignent de l’apprentissage d’une société aux chances et au limites de la liberté individuelle !

 

 

 


Temps fort : HK : coup de théâtre, et saut dans l’inconnu

La manifestation le 2/7 de  0,5M de Hong Kongais contre un projet de loi anti-sédition, a tout changé dans les rapports entre HK et Pékin.

Dès le 3/7 sous l’influence du tandem Hu Jintao – Wen Jiabao, le Politbureau exigeait le compromis. Le 5/7, Tung Chee-Hwa, Président de l’exécutif, annonçait 3 amendements qui de facto, enterraient la loi : les associations interdites en Chine restaient tolérées sur le rocher, les perquisitions restaient illégales, sauf avec mandat, et la liberté de presse était réaffirmée. Tung n’exigeait plus qu’un vote, pour sauver la face. Mais même là, il fut désavoué, surtout par James Tien, Président du Parti libéral (pro-Pékin), qui démissionna de son cabinet (6/7)!

Ainsi, l’iceberg a basculé.

– Passive depuis 1997, la rue découvre son pouvoir de crier au monde son rejet du leader impopulaire (35% de soutien).

– Pour la 1ère fois, la grande bourgeoisie d’affaires affiche un souci de l’avenir de l’île, supérieur à ses intérêts privés.

– Juste avant sa démission, Tien venait de rencontrer à Pékin, en voyage éclair, Liu Yandong, protégé de Hu Jintao. Hu et Wen, lors de récentes rencontres avec Tung, ne l’ont pas félicité (comme de tradition) pour son bilan : évidente critique de l’homme mis aux commandes par l’équipe précédente!

Prudente, l’opposition maintient le profil bas. Tout le monde doit à présent digérer la nouvelle donne. Le 9/7, une manifestation nocturne interdite de 50.000 personnes réclamait le départ de Tung, dont les jours semblent comptés…

Pékin peut-elle renoncer à mettre au pas sa RAS? Jusqu’où  peut aller Hong Kong dans la fronde, après ses 6 ans de traversée du désert des libertés? Tout dépendra du pragmatisme des deux bords, et de la capacité de Pékin à choisir entre ses  approches opposées : laisser HK vivre, ou la punir pour son passé “décadent”, comme elle le fit 50 ans plus tôt avec Shanghai!

 


Petit Peuple : Mettez un coeur dans votre moteur

— En juin 2002 à Fengtai (Pékin), M. Yang constata une malfaçon dans l’appartement qu’il venait d’acheter et, faute d’obtenir réparation du promoteur, partit en procès, défendu par l’avocat Ding, un « ami d’ami». Sans attendre, Ding lui ponctionna 25.000Y en honoraires et frais administratifs. Une fois l’argent versé, plus rien ne se passa, si l’on excepte les multiples appels de M. Yang : durant plus de 6 mois, Ding fit le mort. Apparemment illimitée, la patience de Yang s’épuisa pourtant, quand il découvrit que sans son accord, l’avocat avait retiré sa plainte. Furieux, il exigea du juriste indélicat qu’il lui rende les pièces du dossier, et son argent. Sans succès, comme on s’en doute! Yang intenta donc une 2de action, avec un 2d avocat contre son avocat. Lors du verdict, coup de théâtre : Maître Ding n’était pas plus avocat que lui-même le Grand Timonier. L’étude dont il se réclamait n’existait pas. La facture remise contre le

magot, avait été établie au nom d’un cabinet disparu. Ding avait  la da qi zuo hu pi (拉大碍 作虎皮), «déployé l’étendard et revêtu la peau du tigre» pour se prévaloir fallacieusement d’un pouvoir juridique qu’il n’avait pas ! Cette leçon arriva hélas trop tard, et le juge n’a pas dit au malheureux Yang comment récupérer son pécu-le pour lui permettre d’entamer le vrai procès, celui contre le promoteur. Ce dernier, au passage, a sans doute graissé la patte de l’avocat marron pour obtenir le retrait de la plainte contre  

lui! Aux dernières nouvelles Ding est en fuite, poursuivant sous des cieux ensoleillés l’exercice de ses véritables talents d’affabulateur!

—A Guilin (Guangxi), en juillet 2002, Li Xingjie chargea deux hommes, sans se rendre compte que ces paysans desperados se préparaient à lui faire un mauvais sort, pour faire main basse sur sa recette et son taxi. Ce métier en Chine est si dangereux, qu’un règlement tente de protéger les chauffeurs de leurs clients par une sorte de grossière cage en fer. Mais un détail vint empêcher le crime: les truands n’étaient pas aguerris. Ils ignoraient aussi les vertus uniques de Mme Li: compassion, écoute et bagout, qui finirent par jue chu feng sheng (绝处逢生), la «tirer miraculeusement d’un cas désespéré». Dès les 1ères minutes, sous l’émotion peut-être, le premier se tordit de douleurs au ventre: la chauffeur insista pour faire arrêt à une pharmacie, et comme ils étaient à sec, elle paya de sa poche le médicament, qui le tira d’affaire. Ce bienfait ne les empêcha pas quelques km après, sous la menace de poignards, de la maîtriser et de prendre le volant. Ligotée, depuis l’arrière, Li vit tout de sui-te que le jeunot n’avait pas son permis :

Petit frère, sais-tu conduire?

-Je n’ai jamais conduit que des tracteurs…

-Je peux t’apprendre!

Et la prisonnière lui révéla les mystères de l’embrayage, des gaz et du frein, tandis qu’eux lui confiaient leur misère et mal de vivre. Quelques km plus loin, dans une côte âpre, elle récupéra le volant. Trois heures après, ils la laissèrent filer avec sa voiture – elle leur offrit sa bourse… Li avait promis de ne pas les dénoncer. Elle rompit sa parole: trop de collègues étaient morts égorgés ces derniers temps. Mais elle vint les défendre et par son témoignage, ils n’en prirent, respectivement, que pour 2 ans et six mois – un verdict inespéré. Ensuite, elle vint les revoir à la prison, leur porter des oranges et des vêtements. Très fâchés au début, les deux apprentis malfrats se radoucirent, et remercient aujourd’hui leur belle pilote de les avoir remis sur le droit chemin. Ils promettent même de ne plus chercher à l’égorger, leur peine une fois purgée !

 

 


Rendez-vous : Deux Festivals de la cervoise, concurrents !

21-25 juillet, Dalian: Foire commerciale

22-24 juillet, Dalian: 5è Conférence des ministres des Finances de l’ASEM

29-31 juillet, Foire d’été Shanghai: (produits généraux + pièces rechange industrielles)

15-31 août, Qingdao : Festival de la bière

1 août- 30 sept., Dalian: Salon int’l de la bière, avec les poids lourds étrangers (Budweiser, Carlsberg) et chinois (Yanjing, Tsingtao).

10-13 août, Shanghai: Salon du livre

14-16 août, Shanghai : Exposition de la finance internationale et de la banque d’affaire

19-20 août, Pékin: Séminaire acquisition de firmes locales par le capital étranger

28-31 août, Chengdu: Foire Internationale de la Construction