Le Vent de la Chine Numéro 41

du 16 décembre 2002 au 5 janvier 2003

Editorial : editorial_41_2002

Il est des Noël chinois «avec», et d’ autres «sans». «Avec», les magasins et hôtels sortent leurs Santa Klaus, les marchés ruissellent d’étoiles et faux sapins, les églises illuminées offrent leurs concerts de musique sacrée…

En cette période critique entre 2 gouvernements, c’est une année «sans» : les paroisses se calfeutrent, et la mode chrétienne, même sous ses formes païennes, garde profil bas. Ce qui en dit plus sur la capacité publique à contrôler l’opinion, que sur l’existence de cette dernière. Par compensation, à la chinoise, de multiples nouvelles apparaissent, rassérénantes -ersatz pour la fête frustrée.

Q Ainsi les adolescentes de 13-18 ans ont adoré la sélection de Hainan pour le «Miss Monde2003» (cf plus bas): 65% d’entre elles,à Pékin, choisissent comme futur job relations publiques, mannequins ou actrices.

Q Les patriotes amoureux des arts se réjouissent qu’un Fonds National de l’Héritage Culturel ait racheté (6/12) 3,6M$ un manuscrit Song (XI.) signé Mi Fu, jusqu’alors aux mains d’un musée privé nippon obligé de s’en défaire : «c’est le bon moment pour nous, d’entrer sur le marché des arts pour rapatrier nos trésors», dit M. Tang, le conservateur : «avec la crise, les prix baissent et l’offre abonde»

Q Yexe Zhoige, fillette tibétaine de 9 ans, était orpheline et en échec scolaire à Maqu (Gansu). L’organisation charitable Bourgeon de printemps lui a donné, ainsi qu’à 20 autres orphelins de même origine et condition, une maîtresse et un foyer – une famille de substitution !

Q Les philanthropes s’émeuvent de ce train médical prêté par la Chine au Viêt-Nam (c’est une première) : 500 pauvres de Hanoi y reçoivent gratis, durant 6 semaines, l’opération de la cataracte, par 3 médecins – ils sont aussi nourris-logés à bord, une nuit, le temps de se remettre.

Q Cadeau à une antique famille pékinoise : la réouverture du tombeau, rénové, du général Ming Yuan Chonghuan (29/11), libère Mme She Youzhi du serment fait par son ancêtre 16 générations avant, de garder le site durant 372 ans sous la Lune et le vent.

Q Enfin, Yi Xingquan, ex-ingénieur en prison, a été inscrit en MBA à l’université de Chongqing. D’aucuns vitupèrent, car le cours est gratuit et même dispensé dans sa cellule. Plainte sans objet, pensent les geôliers: « Yi, condamné à perpétuité, a bien droit à un sens à son existence » !


Editorial : Noël chinois en demi-teinte!

Il est des Noël chinois «avec», et d’autres «sans». «Avec», les magasins et hôtels sortent leurs Santa Klaus, les marchés ruissellent d’étoiles et faux sapins, les églises illuminées offrent leurs concerts de musique sacrée…

En cette période critique entre 2 gouvernements, c’est une année «sans» : les paroisses se calfeutrent, et la mode chrétienne, même sous ses formes païennes, garde profil bas. Ce qui en dit plus sur la capacité publique à contrôler l’opinion, que sur l’existence de cette dernière. Par compensation, à la chinoise, de multiples nouvelles apparaissent, rassérénantes -ersatz pour la fête frustrée.

1. Ainsi les adolescentes de 13-18 ans ont adoré la sélection de Hainan pour le «Miss Monde2003» (cf plus bas): 65% d’entre elles,à Pékin, choisissent comme futur job relations publiques, mannequins ou actrices.

2. Les patriotes amoureux des arts se réjouissent qu’un Fonds National de l’Héritage Culturel ait racheté (6/12) 3,6M$ un manuscrit Song (XI.) signé Mi Fu, jusqu’alors aux mains d’un musée privé nippon obligé de s’en défaire : «c’est le bon moment pour nous, d’entrer sur le marché des arts pour rapatrier nos trésors», dit M. Tang, le conservateur : «avec la crise, les prix baissent et l’offre abonde»

3. Yexe Zhoige, fillette tibétaine de 9 ans, était orpheline et en échec scolaire à Maqu (Gansu). L’organisation charitable Bourgeon de printemps lui a donné, ainsi qu’à 20 autres orphelins de même origine et condition, une maîtresse et un foyer – une famille de substitution !

4. Les philanthropes s’émeuvent de ce train médical prêté par la Chine au Viêt-Nam (c’est une première) : 500 pauvres de Hanoi y reçoivent gratis, durant 6 semaines, l’opération de la cataracte, par 3 médecins – ils sont aussi nourris-logés à bord, une nuit, le temps de se remettre.

5. Cadeau à une antique famille pékinoise : la réouverture du tombeau, rénové, du général Ming Yuan Chonghuan (29/11), libère Mme She Youzhi du serment fait par son ancêtre 16 générations avant, de garder le site durant 372 ans sous la Lune et le vent.

6. Enfin, Yi Xingquan, ex-ingénieur en prison, a été inscrit en MBA à l’université de Chongqing. D’aucuns vitupèrent, car le cours est gratuit et même dispensé dans sa cellule. Plainte sans objet, pensent les geôliers: « Yi, condamné à perpétuité, a bien droit à un sens à son existence » !


Joint-venture : crédit automobile, vroum-vroum!

· Les échanges sino-suédois au 1er semestre 2002 atteignaient 1MM$, soit-27%. Après 2 années de récession, due à une trop grande dépendance aux télécoms (à Ericsson), Stockholm veut remonter la pente. Avec l’agence Invest in Sweden, le n°2 de la SDPC Jiang Weixing a convenu (3/12) un mécanisme de promotion des investissements chinois en Suède. Un fonds d’Etat suédois est aussi annoncé,pour aider les firmes chinoises à faire le grand saut nord-européen. Idem, Gammon Skanska (10MM$ de chiffre/an entre 60 pays) et Zhuzong créent (9/12) à Pékin une JV de tunnelage de métro, avec13M$ d’investissement, (40% à Gammon, en équipement high tech). La JV s’apprête à concourir pour les lignes n°4 et n°10.

· Présent ici depuis 1979, Chia Tai, groupe thaï, triple (06/12) ses investissements au Sichuan, par un apport de 100M$, afin d’ouvrir 11 hypermarchés et une ferme de 1330ha aux produits issus des US : porc (maigre), viniculture (25M bouteilles d’ici 2008) et thé oolong (2000t). 5% des profits iront aux écoles locales – qui en ont bien besoin !

· Il aura fallu 4 ans d’efforts à CCB et Bausparkasse Schwaebisch Hall pour ouvrir leur JV, banque de prêt immobilier. Armée de 18M$ de capital (3/4 CCB), la Sino-German Housing Savings bank ouvre à Tianjin. Les privés (qui font, en 2002, 95% du marché du logement) pourront ouvrir des plans-épargne-logement -aboutissant à un prêt à bas coût, jusqu’à 80% max. du prix d’achat du home sweet home.

D’autre part, avec 12 mois de retard, Pékin s’apprête à sanctifier les banques de crédit des constructeurs auto -réclamées à grands cris par VW et par GM-, qui devraient pouvoir ouvrir début 2003. Ces firmes auront la liberté du choix – taux bas, pour accélérer le décollage des ventes, ou taux élevés pour maximiser leur profit.


Pol : les Congrès des petits frères

·En matière de villes nouvelles, la Chine affronte un dilemme cornélien : comment protéger les ceintures vertes des mégapoles (cf, VdlC N°37), et en même temps loger les 200M paysans qui quitteront la terre sous 20 ans?

La solution consiste à trouver ailleurs des terres à urbaniser : sur les 41M d’ha de terres «coopératives», que les promoteurs pourront acheter sans permis de Pékin. Ont été élues comme banc d’essai Hangzhou et Huzhou (Zhejiang), Anyang (Henan) et Wuhu (Anhui).

NB : une autre expérience est testée au Jiangsu: au 1/1/03, le  hukou, quasi-droit de servage liant le fermier à sa terre, est aboli dans cette province la plus riche de Chine: peu à peu, des outils d’enrichissement et d’émancipation du paysan se mettent en place.  

· La Chine politique vit entre le Congrès et l’arrivée (en mars 2003) du futur pouvoir. Au chapitre des investissements étrangers, on s’aperçoit qu’en novembre, ils ont chuté à leur niveau le plus bas de l’année, à 1,6MM$. Ce recul de l’étranger était certes attendu, mais pas si massif: il exprime des incertitudes -soit sur la reprise mondiale, soit sur la substance du Congrès.

· Suite au XVI Congrès, la moitié des 8 partis non communistes – "KMT" (version chinoise), "3-Sept.","Zhigong", «ouvriers-paysans», ont tenu leurs assises, élu leurs leaders et réitéré le serment obligatoire de coopérer avec le PCC. Si ces partis méritent mention, c’est en raison de leurs nombres non négligeables (ensemble, 530.000 membres), de leur pensée intellectuelle, et du soin jaloux que le régime met à les préserver – comme fer au feu de l’avenir!

· Hu Jintao et Zeng Qinghong, maîtres apparents et réels du futur pouvoir, se sont montrés (7/12) ensemble à Xibaipo (Hebei), haut lieu de la Révolution. Manière de dire, d’un seul coup, leur orthodoxie socialiste, et leur absence de rivalité. Dans le cadre du prochain cabinet, Zhou Yongkang, homme de Li Peng et ex-Secrétaire du Parti au Sichuan, passe au Gonganbu, ministère de la Sécurité publique, qu’il dirigera en mars 2003 sous les ordres de Luo Gan, son patron au Comité Permanent. La nomination passe pour un durcissement, tout comme le «permis à points» annoncé aux 400.000 journalistes chinois qui devront passer un «examen de conduite» pour l’avoir, permis révocable en cas d’infraction.


Argent : L’introuvable restructuration de Cosco

· En 2000, le gouvernement a promis de mettre les Cies privées à égalité devant le crédit bancaire. Mais cette offre était en conflit avec l’ordonné  aux banques, d’éviter les mauvais prêts. Or ces firmes privées surtout PME – sans capital ni compta sérieuse, sont des clients à risque : les guichets leur restaient clos!

Pour aplanir l’écueil, la BPdC, la Banque Populaire de Chine, annonce un nouveau taux de prêts pour PME : du taux pivot +30% jusqu’alors alloué au privé (contre les+10% octroyés aux Entreprises d’Etat), on passera en janvier à un taux "majoré", pour permettre à la banque de réduire son risque.

· Relique maoïste, la Cosco porte le redoutable honneur d’être une des plus grosses EE (80.000 jobs),et dirigée à l’ancienne (par un PDG-Secrétaire du Parti),minée par ses 10.000 métiers – de la marine à la banque, du trading au portuaire, à l’assurance et à l’immobilier. Comment devenir rentable, pour cet armement de 600 cargos (capacité de 23Mt), alors que l’OMC démantèle les protections étatiques et que le secteur affronte la crise partout dans le monde – le récent lockout de la côte Ouest US, a coûté à la Cosco 23M$

Pour y parvenir, la compagnie maritime nationale se lance dans sa Nième restructuration tous azimuts en cours. Fixée depuis 1999, la structure de base reste acquise:

1. le trafic conteneurs à Shanghai (120 navires et, sous 3ans, 300.000 TEU de capacité : il veut passer n°3 mondial);

2. le vrac à Tianjin, et

3. le trafic général à Canton.

La nouveauté tient à la volonté de trouver plus de partenariat chinois ou étranger -même en bourse-, et une gestion plus rationnelle. Cosco vient ainsi de créer sa holding financière. Mais comme le vaisseau-amiral du socialisme chinois ne fait rien pour se dégraisser de ses secteurs déficitaires, il lui faudra longtemps essuyer des pertes. Prix à payer pour sa structure en manteau d’Arlequin, étant à la fois aux mains, selon ses actifs, de l’Etat central et des provinces !

· Datang se fait prêter (08/12) 1,2MM$ par la BdA. Ce sont 6MM$ que le géant pékinois de l’électricité (4 centrales, 8 Cies de production) a reçu depuis janvier : montée en puissance voulue par l’Etat afin d’assurer la «privatisation», début ’03, de State Power, et le rachat par 4 ou 5 groupes semi-publics de ses 100MM$ d’actifs (cf VdlC n°6 et 31).

NB : au Sichuan, sans faire de bruit, Linfeng, privé, ose prendre (3/12) 51% de Jialing, l’ex-JV électrique d’Enron, colosse US aujourd’hui brisé. Belle affaire : Jialing « pesait » 362M$ d’invest, Lingfeng l’investit pour 50M$ ! 


Politique : politique_41_2002

·En matière de villes nouvelles, la Chine affronte un dilemme cornélien : comment protéger les ceintures vertes des mégapoles (cf, VdlC N°37), et en même temps loger les 200M paysans qui quitteront la terre sous 20 ans?

La solution consiste à trouver ailleurs des terres à urbaniser : sur les 41M d’ha de terres «coopératives», que les promoteurs pourront acheter sans permis de Pékin. Ont été élues comme banc d’essai Hangzhou et Huzhou (Zhejiang), Anyang (Henan) et Wuhu (Anhui).

NB : une autre expérience est testée au Jiangsu: au 1/1/03, le  hukou, quasi-droit de servage liant le fermier à sa terre, est aboli dans cette province la plus riche de Chine: peu à peu, des outils d’enrichissement et d’émancipation du paysan se mettent en place.  

· La Chine politique vit entre le Congrès et l’arrivée (en mars 2003) du futur pouvoir. Au chapitre des investissements étrangers, on s’aperçoit qu’en novembre, ils ont chuté à leur niveau le plus bas de l’année, à 1,6MM$. Ce recul de l’étranger était certes attendu, mais pas si massif: il exprime des incertitudes -soit sur la reprise mondiale, soit sur la substance du Congrès.

· Suite au XVI Congrès, la moitié des 8 partis non communistes – "KMT" (version chinoise), "3-Sept.","Zhigong", «ouvriers-paysans», ont tenu leurs assises, élu leurs leaders et réitéré le serment obligatoire de coopérer avec le PCC. Si ces partis méritent mention, c’est en raison de leurs nombres non négligeables (ensemble, 530.000 membres), de leur pensée intellectuelle, et du soin jaloux que le régime met à les préserver – comme fer au feu de l’avenir!

· Hu Jintao et Zeng Qinghong, maîtres apparents et réels du futur pouvoir, se sont montrés (7/12) ensemble à Xibaipo (Hebei), haut lieu de la Révolution. Manière de dire, d’un seul coup, leur orthodoxie socialiste, et leur absence de rivalité. Dans le cadre du prochain cabinet, Zhou Yongkang, homme de Li Peng et ex-Secrétaire du Parti au Sichuan, passe au Gonganbu, ministère de la Sécurité publique, qu’il dirigera en mars 2003 sous les ordres de Luo Gan, son patron au Comité Permanent. La nomination passe pour un durcissement, tout comme le «permis à points» annoncé aux 400.000 journalistes chinois qui devront passer un «examen de conduite» pour l’avoir, permis révocable en cas d’infraction.


A la loupe : Chine – face au monde, son triomphe commercial peut-il se maintenir?

La Chine a reçu (9/12) son ultime trophée :  il s’agit (symbole !) du concours Miss Monde 2003, qui ira à Sanya (Hainan). En 2002, La Chine a stocké 50MM$ d’IDE et autant en recettes d’exports textiles (janvier-octobre): succès écrasants, pour un pays le plus courtisé sur terre !

Son bilan pour 2002 est d’une splendeur pharaonique. Le PNB aura augmenté de 8% à 1235MM$. Le revenu/habitant a augmenté de 50$, à 961$/an, et (surtout) l’investissement privé de 18% (janvier-oct.). Une enquête à travers l’Asie place la hausse des salaires chinois au 1er rang, avec ceux d’Inde et  de Corée du Sud. L’export à haussé de 24% – et le trafic du port de Shenzhen de 49%, atteignant les 7,5MM TEU. Suite à quoi les réserves en devises ont monté à 280MM$ (+25%), tandis que l’épargne passait à 1020MM$ (+18%) – presque un an de PNB !

Sur quoi repose un tel succès magique, dans un monde en récession? Le limogeage par George W. Bush du Secrétaire au Trésor Paul O’Neill (7/12), est interprété comme signe de volonté d’abandonner l’impossible slogan du dollar fort, pour celui d’un Yuan fort! En 2002, l’excédent chinois sur les US atteindra 80MM$, (+20%). Le Japon aussi, accuse la Chine de pratiquer le jeu auquel il a longtemps brillé : surexporter grâce à une monnaie faible. Le Yuan serait de 10 à 15% sous sa valeur réelle.

Pékin maintient le circuit en rachetant d’abord les recettes d’export de ses firmes, puis en échangeant leurs réserves en yuan avec des bons d’Etat. Ainsi, par ce jeu de pompe à dollars à sens unique, il peut financer la survie de ses EE, à commencer par ses banques.

Résultat : 12 mois après l’entrée chinoise à l’OMC, banques et assurances des US, du Japon et de l’Union européenne piétinent à sa porte, tandis que les industries traditionnelles du Sud Est asiatique agonisent, brusquement privés de leurs marchés mondiaux par des niveaux de salaires au moins 4 fois plus hauts.

Avec 86% de biens en surproduction sur son marché, la Chine exporte sa déflation !

Aussi l’admiration intense du monde envers la Chine, se double d’une tension, et le FMI résume bien le sentiment planétaire, en affirmant : « il est temps pour la Chine de passer à un système de change de devises plus flexible » – un yuan librement convertible! Pékin refuse net, et maintient sa défense invariable: pas besoin de réévaluer -d’autant moins que l’afflux d’IDE et l’export chinois, sont là pour longtemps ! Le risque de conflit commercial se pose donc : à moins de concessions chinoises pour alléger les difficultés de ses partenaires, la Chine fera face à une coalition commerciale, des plaintes US, et à une demande de retour de quotas textiles à partir de 2005!

A défaut de réévaluer, Pékin peut faire trois choses :

1.  ouvrir plus vite le robinet des imports;

2.  libéraliser l’export de capital chinois, notamment d’IDE -de nombreux groupes comme Haier ou Legend sont mûrs pour cela;

3.  baisser ses taux d’intérêt.

NB : Aucune décision n’est attendue avant mars2003, date d’entrée en fonction du nouveau Conseil d’Etat, ni en fait, avant un an !

Enfin, lors d’une conférence nationale économique, la Chine vient de fixer ses priorités en 2003.

Tous ses efforts iront dans la hausse du revenu agricole (donc, pas trop d’ouverture des imports), la création d’emploi (donc, pas de hausse du yuan) et dans le refroidissement d’un immobilier au bord de l’explosion (cf Vdlc n°40). Autrement dit, la Chine demeure les yeux fixés sur ses soucis intérieurs (qui sont grands!), et les profits attendus de l’OMC seront non négociables, car déjà imputés à la cause intangible de ce régime : la stabilité !


Temps fort : Shanghai : Vivendi souffle à Disney la palme!

L’annonce aurait servi, au besoin, à essuyer un échec dans la course à l’Expo de ‘010. A présent, elle fait «cerise sur le gâteau» : Shanghai s’offre (08/12) le 1er mégaparc d’attraction de Chine, signé Vivendi Universal, titulaire de 5 unités du genre, entre Espagne, US et Japon. Dans Pudong, le parc couvrira 80 puis 255ha (cinq fois celui d’Osaka), et divertira 8 millions de visiteurs dès 2006 – sur des thèmes hollywoodiens (Spiderman, Jurassic Park), ou du cru, tel «le voyage à l’Ouest».

Au registre financier, on est dans la pénombre. L’investissement de 870M$ semble bas, face aux 2,8 MM$ du Disneyland qui se bâtit à HK. Un autre chiffre, pour Shanghai, parle de 1,7MM$, à terme. Vivendi avancerait 100M$ d’abord, et posséderait 25, puis 33% des parts. Les deux partenaires sont Waigaoqiao (négoce,

immobilier) et Jinjiang (hôtellerie) -c’est à dire la mairie !

Un autre mystère est celui de Disney, qui avait abouti l’été dernier à une lettre d’intention avec la mairie de Shanghai -et qui à présent, affirme qu’il ne mettra pas les pieds à Shanghai « avant 2010 ». Que s’est-il passé ?

Vivendi, en tout cas, en pleine restructuration (ayant vu son titre fondre de 74% depuis jan.), pouvait avoir besoin d’un beau contrat chinois, sur un site au succès assuré – après l’arrivée du circuit de formule 1 dès 2004, avant l’exposition Universelle de 2010, au coeur d’une région densément peuplée de 80M de Chinois parmi les plus riches.

Pour Shanghai, c’est une manne qui va tomber, avec 10.000 emplois créés et 100.000 dérivés. La métropole avait besoin d’élargir la panoplie de ses attractions – pour l’instant limitées au Bund, architecture des années ’30, et au front de fleuve à Pudong.

Ce n’est qu’un début, pour ces parcs planétaires en Chine: Disney-Shanghai est reporté, non annulé et Pékin se réveille: quoique désargenté, il parle d’un autre parc Vivendi d’un coût de 0,9MM$, à ouvrir d’ici 2008, pour les Jeux Olympiques !


Petit Peuple : Héros! – le petit Noël de Zhang et Tan

· "Héros!", le film de Zhang Yimou qui sort ce lundi,relate la traque haletante de Qin Shihuang l’homme appelé à créer l’empire (-221 avant JC), par une bande de tueurs. Sujet risqué, après le flop subi par Cheng Kaige en 1999 sur ce thème! Aussi le pape du 7.art chinois s’est-il assuré l’ai-de du compositeur Tan Dun, encore auréolé par son oscar pour  Tigre et Dragon. Pour les 90 minutes de bande originale, Tan Dun recruta un grand orchestre, 50 choristes, des tambours nippons et Itzhak Perlman, qui dut jouer contre son âme, outre son Stradivarius, un vieux crin-crin monté de cordes de soie, afin de recréer les sons de l’ère des Royaumes Combattants. De cette rencontre Est-Ouest jaillit un fascinant dialogue entre le yin, chant élégiaque des héroïnes Flocon de neige et Lune, et le yang rauque et aigre des assassins Sans nom et Epée brisée -violence virile et blizzard des steppes du nord… Rien que pour sa musique envoûtante,   huichang dangqi («qui remue souffle et tripe»), "Héros!" promet de déplacer les foules.

Mais au fait -pourquoi le XXI.s. (Zhang Yimou, Chen Kaige, voire le français José Frèches avec son cycle romanesque "le disque de jade") met-il tant de passion à se replonger 23 siècles en arrière? Peut-être précisément parce que cette époque à bout de souffle lui semble refléter le mieux son identité, et son espoir. L’empire présent lui a déjà transmis tout son héritage. Or, la culture chi noise porte en elle la promesse de renaissance, comme le Phoenix. C’est ainsi que comme ses ancêtres,  la Chine moderne attend, larve endormie, le coup de cisaille dans sa chrysalide, vers un nouveau cycle! En ce sens, ce film visionnaire par son anachronisme, est le symbolique

cadeau de Noël de Zhang et de Tan à leur pays!


Rendez-vous : Université Beida : Forum économique

· 4-5 janv. Pékin, Université Beida : Forum économique

· 6-11 janv. Harbin : Foire de l’habillement et des équipements de sports d’hiver