Le Vent de la Chine Numéro 4
A part les annonces traditionnelles de soutien à la croissance, une façon de préparer le nouvel An lunaire (12/2) consiste dans le reserrage de l’ordre, «très important et urgent but politique», selon Jia Chunwang, ministre de la sécurité publique (23/01), qui met ses hommes en garde contre le piège d’un «esprit négatif et fatigué de la guerre» !
C’est de la campagne Yanda («frapper fort») qu’il est question, ininterrompue depuis 2000, officiellement soldée par 128.000 arrestations de septembre à novembre 2001, et un nombre record d’exécutions. Le spectre des nuisances s’élargit chaque année: triades, violence, vagabondage, voire usines de pétards et mines privées illégales, devenues trop meurtrières. Les conflits sociaux s’aggravent. A Luoyang (Henan), au moins 2000 pensionnés ont bloqué l’avenue centrale le 21/01, dénonçant les hausses de salaires des cadres et l’oubli de leur propre misère.
Non sans paradoxe, plus le piratage industriel est réprimé, plus il fleurit : en 2001, 277 marchés de gros de l’audiovisuel ont été fermés, 91M de CD et cassettes diverses détruites. Et pourtant, dit le vice représentant US Joseph Papovich, 90% des logiciels en Chine restent illégaux.
La corruption s’aggrave: 174.633 cas ont été recensés en 2001, 1.400 hauts fonctionnaires ont été punis : +30%. Pékin veut reprendre en main le trafic des taxes à la natalité sauvage, perçues localement, pour des montants souvent excessifs. Le projet consiste à en adapter le montant au revenu local, afin d’enrayer la divergence croissante et explosive entre misère rurale et prospérité urbaine. Pékin veut aussi toucher directement ces taxes. Le problème consistera à faire appliquer le texte – les cadres villageois ne se laissent pas déposséder de leur privilège.
De même, le pouvoir tonne contre les voyages des cadres à l’étranger, Macao surtout, pour y jouer au casino. Tout fonctionnaire pris sur le fait risque la perte de son job, ou de sa carte du PCC. A condition d’être dénoncé, ce qui est rare : en 3 ans, seuls 133 membres ont été exclus.
La liste des bonnes résolutions trahit l’exigence du régime à maintenir stabilité et croissance, mais aussi l’aggravation des maux -les choses ne s’arrangent pas !
NB : Zhu Lin, femme de Li Peng, dans la presse cette semaine, récuse des accusations de jeu boursier et d’influence.
A part les annonces traditionnelles de soutien à la croissance, une façon de préparer le nouvel An lunaire (12/2) consiste dans le reserrage de l’ordre, «très important et urgent but politique», selon Jia Chunwang, ministre de la sécurité publique (23/01), qui met ses hommes en garde contre le piège d’un «esprit négatif et fatigué de la guerre» !
C’est de la campagne Yanda («frapper fort») qu’il est question, ininterrompue depuis 2000, officiellement soldée par 128.000 arrestations de septembre à novembre 2001, et un nombre record d’exécutions. Le spectre des nuisances s’élargit chaque année: triades, violence, vagabondage, voire usines de pétards et mines privées illégales, devenues trop meurtrières. Les conflits sociaux s’aggravent. A Luoyang (Henan), au moins 2000 pensionnés ont bloqué l’avenue centrale le 21/01, dénonçant les hausses de salaires des cadres et l’oubli de leur propre misère.
Non sans paradoxe, plus le piratage industriel est réprimé, plus il fleurit : en 2001, 277 marchés de gros de l’audiovisuel ont été fermés, 91M de CD et cassettes diverses détruites. Et pourtant, dit le vice représentant US Joseph Papovich, 90% des logiciels en Chine restent illégaux.
La corruption s’aggrave: 174.633 cas ont été recensés en 2001, 1.400 hauts fonctionnaires ont été punis : +30%. Pékin veut reprendre en main le trafic des taxes à la natalité sauvage, perçues localement, pour des montants souvent excessifs. Le projet consiste à en adapter le montant au revenu local, afin d’enrayer la divergence croissante et explosive entre misère rurale et prospérité urbaine. Pékin veut aussi toucher directement ces taxes. Le problème consistera à faire appliquer le texte – les cadres villageois ne se laissent pas déposséder de leur privilège.
De même, le pouvoir tonne contre les voyages des cadres à l’étranger, Macao surtout, pour y jouer au casino. Tout fonctionnaire pris sur le fait risque la perte de son job, ou de sa carte du PCC. A condition d’être dénoncé, ce qui est rare : en 3 ans, seuls 133 membres ont été exclus.
La liste des bonnes résolutions trahit l’exigence du régime à maintenir stabilité et croissance, mais aussi l’aggravation des maux -les choses ne s’arrangent pas !
NB : Zhu Lin, femme de Li Peng, dans la presse cette semaine, récuse des accusations de jeu boursier et d’influence.
Une étape neuve a été franchie le 20/01 dans la construction du barrage des Trois Gorges sur le Yangtzé, le futur plus grand du monde, d’une capacité électrique de 18.000 Mw.
Les artificiers ont dynamité Fengjie, ville de 2300 ans, une des 116 qui doit disparaître. Ont volé en fumée une mairie, deux usines, une cheminée. Dès 2003, l’ouvrage atteindra les 181m de hauteur prévue, et les cinq écluses les plus grandes du monde fonctionneront: dès lors débutera le remplissage, immergeant sur son avancée des trésors oubliés. Rebâtis, villes et villages revivent déjà au sommet des falaises, ultramodernes. Le vrai défi apparaîtra en ’09, une fois créée une mer intérieure de 650 km de long, où se déversent 23 MMt d’effluents (cf VDLC n°3/VII) : il faudra d’ici là avoir réalisé les 200 centrales d’épuration promises , pour 5MM$ – et qu’elles suffisent.
Sur le Mékong ( Langcang, en chinois), débute la construction du barrage de Xiaowan, futur n°2 du pays, d’une capacité de 4.200Mw pour un coût de 2,7MM$. Une série de 8 barrages (dont 2 déjà en place) s’annonce sur le fleuve et ses affluents, qui produira 15.600Mw -presque autant que les 3 Gorges. L’énergie future du Yunnan (43M d’hts). Ce programme se réalise sans l’accord des pays en aval, riverains de la moitié du cours (de 4840km) – Birmanie, Laos, Cambodge, Viêt-nam. La Chine s’apprête à octroyer 5M$ en aide aux deux 1ers pour rendre navigables 290km de rapides, pour un trafic fluvial transfrontalier. Pari sur l’avenir.
· Après 18 mois d’hibernation, le projet de Dulan (Qinghai) refait surface. Fin 1999, le projet avait été primé par la Banque Mondiale. Pour 80M$ dont 40 à charge de la banque, Dulan, investissait dans un réseau d’irrigation, de routes, de quoi installer 60.000 colons en plein désert. Les objections vinrent de l’étranger :
¬ Dulan faisait partie de l’ancien Tibet,
la pop. attendue allait modifier l’équilibre ethnique, ®et la BM avait violé ses propres règles de sélection de projets. Le projet fut retiré, et peu après – les deux faits sont peut être liés-, le statut de PVD fut retiré à la Chine, réduisant les interventions de la BM des 2/3.
Depuis sept. 2001, les travaux à Dulan sont engagés -aux frais de la Chine seule. Le projet apportera réel mieux-être, eau et subsistance à des dizaines de milliers de démunis. Au prix d’une mutation- les pasteurs mongols et tibétains feront place aux riziculteurs hui et han.
· Dans Tianjin depuis fin 2001, des douzaines de passants sont agressés en plein centre par des gens se disant séropositifs, qui les piquent d’une seringue, causant panique et désertion des artères commerçantes. Le lien avec l’épidémie de Sida du Henan n’est pas établi, mais cette pratique, pour l’instant tue par la presse, est inquiétante du fait de son efficacité et du peu de re-cours dont disposent les pouvoirs publics, face à des gens n’ayant rien à perdre, et prêts à tout pour faire passer leur appel à l’aide.
Une manière de réponse, est l’ouverture (23/01) d’un Centre national de prévention et de contrôle des maladies, doté de 12 départements (tel celui «Sida»), espace de conseil, de formation, et prévention. Ce Centre sera plus «médical» et moins «politique», et plus présent dans les provinces, sur les lieux des besoins. Un palliatif certainement insuffisant par rapport à l’explosion de maladies (Sida, mais aussi tuberculose et hépatites), mais qui permet de débloquer la situation, en dotant la médecine de nouvelles structures.
· Le 24/01 ; Qian Qichen, vice 1er Ministre annonce soudain que le DPP (Taiwan), n’est "fondamentalement" pas séparatiste, et que l’on peut donc «dialoguer». Ceci, malgré le fait que le Parti indépendantiste au pouvoir, vienne d’annoncer (VDLC n°3/VII) la délivrance d’un passeport "Taiwan" nouveau et impertinent. Au virage de Pékin, 3 motivations :
À Le DPP qui vient de gagner ses élections, est là pour longtemps ;
Á G.W. Bush, allié de Taiwan, et dont Pékin courtise plus que jamais l’amitié, arrive dans trois semaines (21-22/02) ;
Á Â prévue pour le 2d semestre, la relance régionale passe par la détente.
Conséquence probable : offertes par Taibei, les liaisons directes (navales, télécom, aériennes) pourraient intervenir dans l’année.
Limite : Qian invite les « DPP », mais sans préciser qu’ils le seront sous le statut de leur Parti. Ils devront donc refuser. Le DPP n’en affiche pas moins son ravissement face à l’embellie inespérée !
· sic transit gloria mundi…les 400.000 t. d’acier de haute qualité, triés des ruines des Twin Towers de New York, prennent le chemin des aciéries d’Asie, par lots de 30.000 à 50.000t, au prix de 120$/t. L’Inde, la Corée sont repreneurs -ainsi que Baoshan (Shanghai).
· Le Trésor US a frappé la BdC d’une amende de 20M$ pour malversations par sa filiale à NY. Sur la sellette, Wang Xuebing, son Prsdt de 1993 à 2000 (cfVdlC n°3/VII). Les banquiers occidentaux restent perplexes : jeune (49 ans), brillant, Wang était le plus jeune patron, de la plus vieille et prestigieuse banque. Déjà sa mutation en 2000 à la tête de la CCB, avait surpris – ce n’était pas une promotion. Bien d’autres cadres à la Banque de Chine (BdC) ces dernières années, ont perdu leur poste, voire la vie, dans des conditions obscures (accident, suicide). La Chine n’a pas tenté d’étouffer l’affaire, qui ruine les espoirs de la BdC de passer à court terme en bourse de NY et de HK. Enfin, Wang est le 2d protégé de Zhu Rongji déchu depuis nov., après Xu Kuangdi, maire de Shanghai… La revue de référence Caijing («Finances») dénonce la pratique des nominations politiques à la tête des banques par le Département de l’Organisation du PCC, et à un niveau de salaire trop bas, sans rapport avec le niveau des compétences et le poids des responsabilités!
· La CNPC, pétrolier chinois n°1, a racheté les 30% parts de la BERD dans deux gisements en Azerbaïdjan pour 52M$, entre Caspienne, Mer noire et Géorgie. Ces achats de réserves à l’étranger, pas toujours à des conditions commerciales, remonte à plusieurs années – le groupe est ainsi co-propriétaire d’un grand gisement au Kazakhstan. L’objectif est de couvrir la demande future (qui va exploser) en pétrole importé, et apprendre tous les métiers du pétrole pour profiler en « major » mondial. En même temps, une hausse du prix du gaz naturel a pris effet (+ 0,36 cents/m3, soit 2 à 3 % par rapport à jan 2001). Mesure qui permettra de gagner jusqu’à dix ans dans la rentabilité du futur gazoduc Urumqi-Shanghai, au risque de freiner l’implantation des clients industriels en bout de ligne: les prix actuels étant déjà supérieurs aux cours mondiaux.
NB : Au fil des ans, dans le bras de fer permanent entre pétroliers et utilisateurs, soucieux de renforcer un secteur "stratégique", le Conseil d’Etat privilégie toujours les premiers!
· Shanghai Airlines emprunte 423M$, dont 265 auprès de la BdC, afin d’acquérir 20 appareils à Boeing d’ici ’05, doublant ainsi sa flotte déjà majoritairement sous l’étendard du constructeur de Seattle, qui lui livrera dès ’02 quatre B737-800. L’an 2001 a été faste, avec 20,5M$ de profits – record de 16 ans d’existence. Shanghai Airlines croit à la reprise : avec l’appui de la mairie, il annonce son entrée à la bourse locale, et veut y puiser 120M$ – pour commencer !
·L’OMC va accélérer les mutations de l’univers productif paysan, qui est majoritairement arriéré, pauvre et en retard technologique. Consciente du défi, la CAAS, académie des sciences agricoles, se donne trois ans pour se muer en pôle de sciences et techniques, et convertir 15 de ses 37 laboratoires de recherches en une vingtaine d’entreprises actives dans la production et la transformation alimentaire, dont elle espère plus que doubler son volume d’affaires à 60M$. La CAAS prend conscience que la subvention et la recherche «in vitro» dans les niches de l’Etat, ne suffiront plus – et que la recherche étrangère arrive, avec son dynamisme et ses financements !
· Après 18 mois d’hibernation, le projet de Dulan (Qinghai) refait surface. Fin 1999, le projet avait été primé par la Banque Mondiale. Pour 80M$ dont 40 à charge de la banque, Dulan, investissait dans un réseau d’irrigation, de routes, de quoi installer 60.000 colons en plein désert. Les objections vinrent de l’étranger :
¬ Dulan faisait partie de l’ancien Tibet,
la pop. attendue allait modifier l’équilibre ethnique, ®et la BM avait violé ses propres règles de sélection de projets. Le projet fut retiré, et peu après – les deux faits sont peut être liés-, le statut de PVD fut retiré à la Chine, réduisant les interventions de la BM des 2/3.
Depuis sept. 2001, les travaux à Dulan sont engagés -aux frais de la Chine seule. Le projet apportera réel mieux-être, eau et subsistance à des dizaines de milliers de démunis. Au prix d’une mutation- les pasteurs mongols et tibétains feront place aux riziculteurs hui et han.
· Dans Tianjin depuis fin 2001, des douzaines de passants sont agressés en plein centre par des gens se disant séropositifs, qui les piquent d’une seringue, causant panique et désertion des artères commerçantes. Le lien avec l’épidémie de Sida du Henan n’est pas établi, mais cette pratique, pour l’instant tue par la presse, est inquiétante du fait de son efficacité et du peu de re-cours dont disposent les pouvoirs publics, face à des gens n’ayant rien à perdre, et prêts à tout pour faire passer leur appel à l’aide.
Une manière de réponse, est l’ouverture (23/01) d’un Centre national de prévention et de contrôle des maladies, doté de 12 départements (tel celui «Sida»), espace de conseil, de formation, et prévention. Ce Centre sera plus «médical» et moins «politique», et plus présent dans les provinces, sur les lieux des besoins. Un palliatif certainement insuffisant par rapport à l’explosion de maladies (Sida, mais aussi tuberculose et hépatites), mais qui permet de débloquer la situation, en dotant la médecine de nouvelles structures.
· Le 24/01 ; Qian Qichen, vice 1er Ministre annonce soudain que le DPP (Taiwan), n’est "fondamentalement" pas séparatiste, et que l’on peut donc «dialoguer». Ceci, malgré le fait que le Parti indépendantiste au pouvoir, vienne d’annoncer (VDLC n°3/VII) la délivrance d’un passeport "Taiwan" nouveau et impertinent. Au virage de Pékin, 3 motivations :
À Le DPP qui vient de gagner ses élections, est là pour longtemps ;
Á G.W. Bush, allié de Taiwan, et dont Pékin courtise plus que jamais l’amitié, arrive dans trois semaines (21-22/02) ;
Á Â prévue pour le 2d semestre, la relance régionale passe par la détente.
Conséquence probable : offertes par Taibei, les liaisons directes (navales, télécom, aériennes) pourraient intervenir dans l’année.
Limite : Qian invite les « DPP », mais sans préciser qu’ils le seront sous le statut de leur Parti. Ils devront donc refuser. Le DPP n’en affiche pas moins son ravissement face à l’embellie inespérée !
Après le Sommet de Tokyo (21-22/01), tenu pour recevoir des donateurs ses 1ers fonds de reconstruction, le gouvernement provisoire afghan et son leader Hamid Karzai reçurent 4,5MM$, dont 4,6M$ de la Chine -Seulement.
Puis Karzai fit halte à Pékin, où il satisfit Zhu Rongji sur la question ouighoure, confirmant que les groupes armés du Turkestan Oriental étaient soutenus par al Qaida, et qu’il extraderait les prisonniers ouighours vers la Chine, «sans tolérer davantage l’existence de forces terroristes en son pays».
C’est alors que la Chine annonça le trentuplement de son assistance, à 150M$. Tang Jiaxuan, le ministre des affaires étrangères aurait promis de reconstruire des projets chinois (routes, écoles) détruits par la guerre, et offert du déminage – compétence chinoise. Par son volume, le montant de cette aide crée sans doute un record chinois – le dernier, dans les années 1990, aurait été offert au Nigeria, comme incitation à maintenir en Chine la reconnaissance diplomatique.
Il s’agit donc tout à la fois de
Ê prévenir une tentative de Taiwan pour souffler ce pays à prendre, de Ë rattraper une partie de l’influence cédée en Asie Centrale aux USA,
Ì tout en monnayant la livraison des débris du séparatisme ouighour.
A noter ici, le revirement de Pékin sur la question du Xinjiang: hier vu comme «d’ordre intérieur», Pékin veut aujourd’hui associer l’étranger, par pragmatisme.
Pour Kaboul, l’intérêt de bonnes relations avec Pékin est aussi stratégique : les deux partagent une frontière, et un ennemi intégriste. Kaboul est aussi en manque de soutien contre les appétits régionaux qui se réveillent,
tels ceux de l’Iran, aux missions armées déjà qui rodent dans la région de Kandahar. .
Cette visite à Pékin était le 1er échange entre les deux pays. Le second aura lieu le 6 février : un vice-ministre chinois se rendra à Kaboul, pour rouvrir l’ambassade, fermée depuis 1993
Le bibendum de Michelin fait au Céleste Empire un Grand Prix mémorable, venant en 2001 de quadrupler sa production de pneus à carcasse radiale : (4,2M, contre 1M en ’00. Entre sa JV de Shen-yang et celle de Shanghai, la plus grande usine de Chine, il a investi 320M$. A temps pour profiter de la vaste expansion attendue des marchés intérieur (triplement d’ici ’05, pour le pneu radial, favorisé par l’abolition d’une taxe spécifique), et extérieur grâce à l’entrée à l’OMC. Les deux autres grands, Goodyear (US) et Bridgestone (J), qui tiennent, avec Michelin, 60% du marché mondial, ont en Chine la même stratégie -à échelle plus modeste. Goodyear veut tripler à 5,3M d’ici ’05 sa capacité à Dalian (Liaoning), et Bridgestone, à Tianjin, veut passer à 0,75M.
Couvant en coulisse depuis novembre dans les milieux informés de Pékin, il s’agit d’une des plus énigmatiques affaires depuis 20 ans: livré quatre mois plus tôt des USA, le Boeing 767 présidentiel s’est avéré truffé de micros. Pourtant, Washington comme Chine l’affirment, l’affaire restera sans suites!
Le 15 juin 2000 : CASC, Cie d’import-export liée aux milieux militaires, prend possession d’un B767 neuf repris à Delta Airlines. Le client est China United, branche civile de l’armée de l’air, en charge des voyages du Président. Durant un an à San Antonio (Texas), l’avion reçoit une chambre à coucher et une salle de bain, avant d’être livré en juin 2001.
Après la découverte en oct.’01 des engins d’écoute, lors d’un vol de test, la vingtaine d’experts militaires qui avaient été présents aux US lors des travaux, et deux hommes de la CASC sont interrogés. Partie prenante dans le contrat, Avitra, firme spécialisée de Singapour, se défend vertement: "le client… n’a émis aucune plainte pendant ni après les travaux"…
L’Amérique semble hors cause – ni Seattle, ni Washington n’avaient à gagner à prendre cette initiative aussi risquée qu’amateur – les micros étaient en trop grand nombre (27 !) pour faire «pro», disent les experts. C’est pourtant par la presse anglo-US, et non par la chinoise, que l’affaire s’est ébruitée – quelque part, «on» voulait que le monde sache : les micros avaient été placés dans la tête du lit, et autour de la baignoire – oreilles indiscrètes.
Tout le reste apparaît flou, et résume assez cette période difficile : les responsables provenant d’une constellation politico-militaire à l’avant-veille d’une passation de pouvoir.
Depuis HongKong, des experts spéculent que cette mésaventure de Boeing, pourrait profiter à Airbus, qui attend notification d’un contrat d’une trentaine d’appareils à travers la Chine, pour 2,7MM$. Rumeurs démenties par l’intéressé!
Ayant raté l’examen de mi-semestre à l’école de Xuanwu (Pékin), le jeune Sun (nom d’emprunt) se retrouvait avec un carnet déplorable et une réunion de parents d’élèves 2 jours après – la tuile! Il crut trouver la parade en envoyant au meeting une mère intérimaire, recrutée dans une agence du même nom. Mais les choses dérapèrent. La professeur, fine mouche, réalisa que cet-te paysanne au regard torve et à la mine coupable faisait une mère bien improbable. Devant l’assemblée, elle eut tôt fait de la confondre. La suite s’embrouilla extrêmement, à mesure
qu’entrèrent en action de nouveaux protagonistes. Le Bureau de l’Industrie et du Commerce du quartier estima que l’agence d’intérim avait fourni un service illégal à un mineur. La demoiselle de l’agence rétorqua, indignée, qu’elle ne servait, par principe, que les parents – la fraude devait venir d’ailleurs. La fausse mère s’effondra en sanglots, alléguant n’avoir rien compris. Un professeur de droit barbu statua qu’il n’y avait pas de loi permettant d’épingler ce délit-là : c’est ainsi qu’un yi wu suo chang («maître en rien du tout » – cancre) a suscité un vide juridique, de quoi occuper journalistes, juristes, éducateurs et Parlement pour des mois!