Le Vent de la Chine Numéro 12

du 31 au 6 avril 2002

Editorial : editorial_12_2002

Le 26/3 vit le passage de Shimon Perez, le min. israélien des affaires Etrangères. Malgré ses inquiétudes face à la guerre en cours, Zhu Rongji se garda de presser pour un retrait de Tsahal des zones sous contrôle palestinien (pression inutile, et peu dans le style chinois) mais se contenta de plaider «l’arrêt des conflits, pour retrouver au plus vite le climat où la parole peut reprendre». Entre-temps, les deux pays doublaient le fonds commun de R&D en agronomie, voire (sans doute) en armements. Tout en enterrant, moyennant une lourde pénalité israélienne (350M$), l’affaire de l’Awacs non livré par Tel Aviv, suite au veto US… Dans sa gestion du dossier «Israël», Pékin montre sa méthode: éviter de marginaliser, garder intacte son influence!

Du 23 au 26 à Pékin, Megawati Soekarnoputri, Présidente d’une Indonésie en grande convalescence politique et économique, trouva du soutien, sous la forme de 400M$ de prêts, et plusieurs déclarations d’intention entre Pertamina et Petrochina, les groupes pétroliers nationaux. Pertamina est bien partie pour remporter le marché gazier du terminal de Shenzhen (valeur: 10MM$), et réalisera avec Petrochina plusieurs projets d’explorations en JV sur son sol (on– et offshore), d’une valeur de 100M$. 4 consulats généraux furent échangés –Shanghai, Canton pour Jakarta, Surabaya et Medan pour Pékin. On est loin de la guerre froide des années ’65-90. Pékin semble vouloir saisir la chance de regagner de l’ascendant sur le 3ème géant d’Asie, et 1er  Etat musul-man du monde, avec 210M d’âmes dont 8 à 9M de chinois.

Enfin, la visite du 1er Ministre belge Guy Verhofstadt, permit la signature d’un fonds d’investissement pour PME. Bruxelles y recycle 9M ², fruit de la revente à Alcatel des actifs publics  belges dans Shanghai-Bell, le géant chinois du téléphone . Avec la quote-part chinoise (50/50) et privée belge, 50 à 70M² devraient être réunis, permettant de financer les 1ers pas et le mariage de petites firmes des deux bords -gîte, personnel, formation…

Au début du XX. siècle, la Belgique avait déjà recyclé des fonds en Chine. A l’époque des traités inégaux, elle avait réinvesti (dans les chemins de fer de Tianjin) les réparations imposées à Pékin par ses occupants. Sans le savoir, 100 ans plus tard,Bruxelles réagit de la même manière: perpétuant l’image ancrée en Chine, d’un pays industrieux et coopératif!


Editorial : une diplomatie chinoise à toute vitesse !

Le 26/3 vit le passage de Shimon Perez, le min. israélien des affaires Etrangères. Malgré ses inquiétudes face à la guerre en cours, Zhu Rongji se garda de presser pour un retrait de Tsahal des zones sous contrôle palestinien (pression inutile, et peu dans le style chinois) mais se contenta de plaider «l’arrêt des conflits, pour retrouver au plus vite le climat où la parole peut reprendre». Entre-temps, les deux pays doublaient le fonds commun de R&D en agronomie, voire (sans doute) en armements. Tout en enterrant, moyennant une lourde pénalité israélienne (350M$), l’affaire de l’Awacs non livré par Tel Aviv, suite au veto US… Dans sa gestion du dossier «Israël», Pékin montre sa méthode: éviter de marginaliser, garder intacte son influence!

Du 23 au 26 à Pékin, Megawati Soekarnoputri, Présidente d’une Indonésie en grande convalescence politique et économique, trouva du soutien, sous la forme de 400M$ de prêts, et plusieurs déclarations d’intention entre Pertamina et Petrochina, les groupes pétroliers nationaux. Pertamina est bien partie pour remporter le marché gazier du terminal de Shenzhen (valeur: 10MM$), et réalisera avec Petrochina plusieurs projets d’explorations en JV sur son sol (on– et offshore), d’une valeur de 100M$. 4 consulats généraux furent échangés –Shanghai, Canton pour Jakarta, Surabaya et Medan pour Pékin. On est loin de la guerre froide des années ’65-90. Pékin semble vouloir saisir la chance de regagner de l’ascendant sur le 3ème géant d’Asie, et 1er  Etat musul-man du monde, avec 210M d’âmes dont 8 à 9M de chinois.

Enfin, la visite du 1er Ministre belge Guy Verhofstadt, permit la signature d’un fonds d’investissement pour PME. Bruxelles y recycle 9M ², fruit de la revente à Alcatel des actifs publics  belges dans Shanghai-Bell, le géant chinois du téléphone . Avec la quote-part chinoise (50/50) et privée belge, 50 à 70M² devraient être réunis, permettant de financer les 1ers pas et le mariage de petites firmes des deux bords -gîte, personnel, formation…

Au début du XX. siècle, la Belgique avait déjà recyclé des fonds en Chine. A l’époque des traités inégaux, elle avait réinvesti (dans les chemins de fer de Tianjin) les réparations imposées à Pékin par ses occupants. Sans le savoir, 100 ans plus tard,Bruxelles réagit de la même manière: perpétuant l’image ancrée en Chine, d’un pays industrieux et coopératif!


A la loupe : Un programme espace qui décolle !

A Kourou (Guyane), en présence du Président Jiang Zemin, la Chine vient de lancer dans l’espace (26/3) Shenzhou3, sa 3ème cabine spatiale inhabitée. La base française proche de l’Equateur permettant à la Chine une forte économie d’ergol, carburant de la fusée Longue Marche2F. C’est une grande première, dans la coopération avec l’ Agence Spatiale Européenne (ASE).

Précédemment, deux tirs avaient été lancés depuis Jiaquan (Gansu).  Shenzhou 2 (mai 2001) abritait à bord une petite ménagerie -un singe, un chien, un lapin et des escargots, récupérés après une semaine de vol orbital. Shenzhou-3 abrite un appareillage complet simulant la vie humaine, et des équipements pour conduire des expériences astronomiques, de biogénétique et de cristallogenèse (production sous vide de matériaux de synthèse).

Ce programme revendique des budgets tenus secrets, en dizaines de MM$. Sa finalité est politique (image du pays), militaire (applications pour les lancements de missiles) et commerciale -c’est le 24ème tir réussi depuis 1996, quand un vecteur avait explosé au sol, tuant (au moins) 6 personnes.

En ’01, il était question d’effectuer un lancement habité dès 2002, voire de poser un vaisseau sur la Lune -rejoignant ainsi les USA, et dépassant la Russie. Sagement, les scientifiques préfèrent alléguer des difficultés techniques, la minceur du budget, et reculent l’échéance à 2005.Succès néanmoins remarquable pour un pays en développement, qui établit à la face du jour la vitesse des progrès accomplis!


Pol : la police en sous-effectifs

· Les manifestations ouvrières de Daqing et de Liaoyang s’éteignent sous silence. Les médias chinois par contre évoquent un soir troublé, à Xi’an (24/03), après le match de foot entre Guoli l’équipe locale, et Yizhong de Qingdao (Shandong). Après un penalty qui égalisa en temps d’arrêts, les fans se déchaînèrent aux cris de "sifflet noir" (arbitre marron), détruisirent les sièges, brûlèrent 4 voitures de police (et d’autres) et lapidèrent les forces de l’ordre toute la nuit. Le châtiment fut exemplaire: taxé de 100000Y, Guoli perd indéfiniment son terrain. L’association chinoise de football, la CFA, ne pouvait pas rester passive – c’est le 2d incident grave à Xi’an depuis 2000! L’affaire arrive au coeur d’une polémique brûlante. Les arbitres en Chine sont achetés, les matchs aussi. A Pékin, un arbitre a été arrêté (17 /3) pour corruption. Des Présidents de club aux fans, l’opinion réclame le grand nettoyage. La justice est d’accord -mais ses meules broient lentement.

· Lors d’une conférence Nationale de Sécurité Publique à Hangzhou (Zhejiang, 22/3), le ministre Jia Chunwang prie la police de se recentrer sur la prévention de la criminalité, laissant l’accessoire tels la collecte des dettes ou des taxes, le contrôle des naissances ou le renvoi des prostituées à leur village.Les mairies doivent payer ses salaires com-plets et à temps,fournir à chaque commissariat armements, radios, gilets pare-balles,et au moins 5 policiers par bloc d’ici 2 ans. Il faut dire que le problème de la police -jamais exprimé avec tant de franchise est grave: avec 1,6M d’effectifs, elle compte 1,2 policiers pour 1000 hts, taux le plus bas du monde. La police paie son désinvestissement. 20 ans plus tôt, la Chine avait très peu de délinquance – à présent, elle explose!

NB: d’autres missions non évoquées par le min., alourdissent la tâche de la police, tel le contrôle de toutes sortes de dissidents, dont le Falungong, qui affirme avoir souffert, à Changchun (Jilin), 5000 arrestations et 100 morts, suite au détournement par la secte du câble TV municipal : défi inacceptable pour les pouvoirs locales!


Argent : photo virtuelle de la récolte 2002

· la BPdC et la Banque du Japon viennent de s’échanger (27/3) pour 3MM$ en Yen et Yuan, afin de prévenir toute attaque sur la devise chinoise. Le Japon poursuit cette pratique avec plusieurs pays de la région- tout en maintenant sa politique de dévaluation passive. Commentaire de J. McCallum, Secrétaire d’Etat canadien aux finances, de passage à Pékin: « c’est une des seules choses que le Japon puisse faire pour relancer son économie, et c’est bon pour tous, Corée exclue: il n’est pas bon que la seconde puissance commerciale mondiale, reste en panne depuis 10 ans». Ce swap monétaire indique que Tokyo veut maintenir un bon voisinage – en attendant, à très long terme, le Fond Monétaire proposé depuis ’97 à l’ASEAN à Chiangmai !

· Les prévisions agricoles en 2002 font apparaître, cette année, une volonté accrue de culture spéculative. Selon un sondage officiel auprès de 77000 fermes du pays, les surfaces plantées en oléagineux vont progresser de 4,6%, à 15,3M ha (et la récolte, selon le ministre Du Qinglin, à 29Mt),celles sucrières,de 10,3% (récolte 87Mt), celles de melon/pastèque, +4.4% et celles légumières de +3.8% (445Mt), les surfaces de tabac augmentant de 3%. Les plus grands progrès sont enregistrés par les plantes médicinales (+18,%) dont les prix se sont envolés en 2001. Le chanvre recule de 6,2%, à 0,3M ha. Le coton verra sa production bondir de +20% à 5,3 Mt, et les céréales poursuivent leur chute lente, -1,9% et 450Mt.

·Le 24/3, à Canton, 400 candidats de tout le pays ont tenté leur chance dans un concours pour 49 postes de cadres supérieurs de 38 GEE du Guangdong, la plupart pesant plus d’1,2 MM$ d’actifs. Ce mode de sélection est encore rare en Chine – où traditionnellement, joue plutôt l’ancienneté et les relations. Ici, 37% des candidats disposaient d’une maîtrise, et 80% un passé de direction supérieure. Déjà en 2001, la province avait recruté par concours dans ses ministères quelques dizaines de directeurs et chefs de division.


Politique : politique_12_2002

· Les manifestations ouvrières de Daqing et de Liaoyang s’éteignent sous silence. Les médias chinois par contre évoquent un soir troublé, à Xi’an (24/03), après le match de foot entre Guoli l’équipe locale, et Yizhong de Qingdao (Shandong). Après un penalty qui égalisa en temps d’arrêts, les fans se déchaînèrent aux cris de "sifflet noir" (arbitre marron), détruisirent les sièges, brûlèrent 4 voitures de police (et d’autres) et lapidèrent les forces de l’ordre toute la nuit. Le châtiment fut exemplaire: taxé de 100000Y, Guoli perd indéfiniment son terrain. L’association chinoise de football, la CFA, ne pouvait pas rester passive – c’est le 2d incident grave à Xi’an depuis 2000! L’affaire arrive au coeur d’une polémique brûlante. Les arbitres en Chine sont achetés, les matchs aussi. A Pékin, un arbitre a été arrêté (17 /3) pour corruption. Des Présidents de club aux fans, l’opinion réclame le grand nettoyage. La justice est d’accord -mais ses meules broient lentement.

· Lors d’une conférence Nationale de Sécurité Publique à Hangzhou (Zhejiang, 22/3), le ministre Jia Chunwang prie la police de se recentrer sur la prévention de la criminalité, laissant l’accessoire tels la collecte des dettes ou des taxes, le contrôle des naissances ou le renvoi des prostituées à leur village.Les mairies doivent payer ses salaires com-plets et à temps,fournir à chaque commissariat armements, radios, gilets pare-balles,et au moins 5 policiers par bloc d’ici 2 ans. Il faut dire que le problème de la police -jamais exprimé avec tant de franchise est grave: avec 1,6M d’effectifs, elle compte 1,2 policiers pour 1000 hts, taux le plus bas du monde. La police paie son désinvestissement. 20 ans plus tôt, la Chine avait très peu de délinquance – à présent, elle explose!

NB: d’autres missions non évoquées par le min., alourdissent la tâche de la police, tel le contrôle de toutes sortes de dissidents, dont le Falungong, qui affirme avoir souffert, à Changchun (Jilin), 5000 arrestations et 100 morts, suite au détournement par la secte du câble TV municipal : défi inacceptable pour les pouvoirs locales!


A la loupe : Tuberculose – une campagne urgente!

La tuberculose (TB)est en plein retour en Chine. Lancée dès 1991, une campagne de l’OMS était annoncée comme «un succès remarquable» -on espérait éradiquer le fléau d’ici 2002.C’était compter sans un repli mondial de la santé durant les années 1990,la chute de l’URSS et de sa prévention épidémiologique de masse, la paupérisation paysanne en Chine après 1995. Sous une hygiène précaire, des hivers humides et froids, la Chine rurale compte 400M de porteurs de TB, 6M de malades (très contagieux!), dont 3,2 incurables, et 260.000 décès par an. Sauf à réagir vite, ces chiffres auront doublé d’ici 2010: épée de Damoclès sur la santé chinoise !

Ce qui explique les moyens énergiques mis en oeuvre, 0,8MM$ d’ici 2010,dont 104M prêtés par la BM et 37 offerts par Londres. Le plan vise à doter tout dispensaire de base de la machine à rayons X de détection, et des doses de chimio-thérapie pour traitement complet. Trop de malades en effet abandonnent à mi-parcours, faute de moyens : le résultat est, dans l’organisme, la mutation du germe-souche, qui devient presque inattaquable, à un coût social incalculable.

Objectif du plan : en inspectant 680M de gens d’abord, puis toute la population progressivement, il espère repérer et guérir 2M de cas.

Cette réaction est d’autant plus urgente, que la tuberculose peut combiner son effet à celui du SIDA. Privé de ses défenses immuno actives, le sidéen infecté de TB est vite emporté. En Europe, les séropositifs succombant de la TB sont rares. En Chine, ils seront 1/3, disent les médecins. Or, les séropositifs (inconnus et non soignés) pourraient être aujourd’hui 6M de cas: la Chine est consciente de n’avoir pas une minute à perdre, dans la lutte contre deux fléaux à la fois !

NB: sans attendre, le Guangdong lance son propre plan de dépistage/soins gratuits, et espère repérer 250000 malades, et économiser 96M$ de frais hospitaliers, coût du « non soin » de la TB !


Joint-venture : à Shanghai – le bal des gaufriers

· Dès 2001,BP et PetroChina signaient une JV de réhabilitation/gestion de 1000 stations services du Guangdong et du Fujian. BP prenait 49% de la JV pour 350M$. Shell suit, en annonçant (24 /3) avec Sinopec, n°2 national, une future JV de 200M$ pour 500 stations dans le Jiangsu et 40 à Pékin, Tianjin et en Chine du Sud.

NB: Sinopec contrôle 28% des 90.000 stations du pays, contre 13% à PetroChina. Avec sa participation au gazoduc Urumqi Shanghai, ses gisements, usines de lubrifiants et de bitume, l’investissement de Shell en Chine va tripler d’ici 2005, passant à 5MM$.

· signée le 4 déc 2001, Shanghai Symphony, JV, voit enfin le jour. AT&T a 25% des parts, le reste allant à Shanghai Telecom (ST) et Shanghai investissement. Si la JV a eu tant de mal à démarrer, c’est qu’elle fut imposée par l’Etat (le MII, tutelle du secteur) qui voulait un banc d’essai aux services IT à participation étrangère, tandis que ST craignait la concurrence à sa maison mère, China Telecom (qui tient 3 voix sur 6 au conseil d’administration.). Sous la marque Unisiti, Symphony vendra ses services dans Pudong, puis Shanghai, Pékin, Canton, Shenzhen – et la Chine.

NB : Déjà sensible lors de l’éclatement de CT, fin 2001, en 4 firmes, cette volonté d’ouverture du MII force à repenser son image, étant jusqu’à hier perçu comme forteresse des intérêts publics!

· Depuis la chute des prix des «puces» en décembre 2001, la concurrence fait rage dans la production de leur support, les «gaufres», avec l’émergence de chaînes en 8 voire 12 pouces de largeur contre 4 jusqu’alors. Dans ce domaine, la Chine compte une Mecque, Shanghai, à qui tous les ténors font une place. Aujourd’hui, seuls deux groupes y produisent en 8 pouces –SMIC et Huarong-NEC, mais les choses bougent. TSMC et United Micro (leaders taiwanais) préparent leur arrivée à Shanghai ET à Taiwan, mais assurent que l’île «restera à long terme le centre mondial le moins cher». 3 nippons, Ferrotec, Toshiba, Mitsui vont installer à Shanghai, pour 145M$, le plus grand «gaufrier» du pays, et veulent produire pour 210M$/an, pour l’export uniquement (leurs propres besoins) dans les 1ères années. Enfin, Shanghai qui a vu sa production de puces multipliée par 15 en 5 ans, crée le parc électronique de Zhangjiang (Pudong), d’un coût de 18MM$ dont 9, pour circuits intégrés. Elle y attend pour 10MM$ d’investissements, et 10 firmes/chaînes spécialisées en "chips".


Temps fort : AUTO, OMC: tout le monde sur la photo !

Avril à octobre – saison où les ventes automobiles passent en turbo en Chine, est un moment privilégié pour sortir les nouveaux modèles. Tout le monde est de la partie, vétérans comme outsiders, plaçant leurs pions avant la baisse des taxes à 25% d’ici 2006, OMC oblige.

VW présente sa Polo (compact, 1,4l, 15.700$) et compte sur 30.000 ventes en 2002. VW a désormais 4 modèles, avec Passat, Bora et Audi A6, et prépare une «un litre» écolo et pas cher (8500$): tel est le marché désormais: la voiture familiale, démocratique! GM poursuit sa lancée avec la Sail (20% du marché des petites cylindrées, 50.000 ventes prévues). DCAC a un modèle chinois encore non dévoilé. Présent depuis 1986 par ses chassis Iveco, Fiat  a sorti (22/3) sa Palio (invest 300M$), dont elle rêve vendre 50.000 en 2003. Toyota annonce sa Ya-ris, et Ford prépare une (1ère) sortie.

On aurait pu s’attendre à la mort de sa JV Beijing Jeep, déficitaire et dépassée : Daimler-Chrysler crée la surprise en voulant reconduire l’accord pour 30 ans- tout en encourageant avec son partenaire Beijing Auto une JV avec Hyundai, dont il a 10% : deux fers au feu !

La Chine semble protéger «ses» marques, en distribuant au compte goutte les licences d’importation : des milliers de véhicules neufs, nippons ou coréens, attendent dans les zones sous douanes, et les prix montent.

Le marché semble se préparer à une mise sur orbite: les acheteurs solvables devant sextupler d’ici 2005, à 32M (ventes de 2001: 750.000 unités). Dernier point, et non le moins intéressant: les fabricants locaux de pièces montent en puissance. Wanxiang, de Xiaoshan(Zhejiang), ambitionne un exercice 2002 d’1,2MM$ (dont 25% à l’export). Ce gpe privé est en bourse (Shanghai et Nasdaq), détient 18 filiales étrangères et rachète à l’étranger, pour se renforcer sur les marchés US, du Moyen Orient et de Corée du Sud: par le créneau des pièces, la Chine automobile pénètre le marché mondial !


Petit Peuple : cancre de génie en Mongolie

· Imaginez un jeune garçon à la croisée de trois routes: à gauche un gratte-ciel, à droite une librairie, en face un chemin de voyages et de jeux. La tour, c’est l’avenir programmé par le monde des adultes -lucratif mais sans âme. La librairie, c’est le lycée en train de faire de lui un  xuefuwuche ou «polard» (littéralement, «qui apprend par coeur 5 charrettes de livres»… Voilà qui ressemblerait à un roman pour jeune. Mais dans l’histoire qui nous concerne, c’est l’événement littéraire de la saison : le roman a été écrit par l’ado lui même, plongeant le pays dans un mélange confus de consternation et d’admiration. Elève jusqu’alors terne d’un collègue privé de Baotou (Mongolie intérieure), Haixiao, 13 ans, en fin de congés estivaux, n’avait pas rédigé une seule des 10 dissertations imposées pour la rentrée. Par contre, il avait son manuscrit de 220 pages, pamphlet sur sa vie de collégien, au titre sans ambiguïté de : «Trop fatigué pour aller à l’école». Avec l’accord de son père, il substitua aux dix pensums, ses 10 chapitres. Du proviseur au maître, l’établissement fut subjugué. L’élève était certes insolent. Mais à la rhétorique scolaire éculée, il avait substitué une oeuvre personnelle! Publié, le roman suscita la même polémique dans les arcanes littéraires. A Pékin, de vieilles barbes lui offrirent une présélection au Prix Mao Dun de la Jeunesse, en échange d’un autre titre plus révérencieux : «inacceptable», trancha l’écrivain en herbe, refusant de tomber dans le panneau.

NB: en l’an 1966, un autre étudiant avait lui aussi renâclé à un sujet «trop bourgeois» : suivi par des milliers d’autres et l’aile gauchiste du PCC, il avait donné le signal de la Révolution Culturelle. Chez Haixiao, le refus est le même, mais le potache de l’époque refusait d’écrire, moins par rejet d’une morale, que par ignorance : il avait remis, non un roman, mais copie blanche. Nuance immense, qui marque le chemin parcouru depuis lors !