Le Vent de la Chine Numéro 8

du 5 au 11 mars 2001

Editorial : editorial_8_2001

Face aux 3000 élus, le Plenum de l’ANP, cette semaine (5-15/03), affronte une question impossible: à quand la réforme politique? L’échéance du XVI. Congrès en oct. 2002, qui nommera une équipe dirigeante «de la 4ème génération» (sous la férule probable du vice-Président Hu Jintao, 58 ans) bloque d’ici là toute innovation.

Mais les événements du début 2001 donnent plus d’actualité au débat: immolations du Falungong, regain de criminalité, taxes illégales, corruption et baisse du revenu paysan de 108Y en 1999, tandis que la Chine aurait perdu 100.000km² de terre arable en 50 ans, deux fois la surface arable du Japon… Aussi, bien des édiles ont affûté leurs questions, et 120 ministres (ou vice-ministres) ont reçu consigne de rester en ville durant la session, à disposition de l’Assemblée… De tels égards ne changent toutefois pas la donnée fondamentale: pas de réforme politique, que Jiang veut remplacer par un slogan et deux actions Le slogan: «gouverner par la vertu», signifie s’appuyer sur la morale -comme depuis 52 ans- pour prévenir la corruption. Une des actions consiste à intégrer au Parti les hommes nouveaux, chevaliers d’industrie. Tentation pragmatique mais qui risque d’ouvrir la porte aux clans et mafias, comme le redoute le Secrétaire du Parti au Zhejiang: «les patrons risquent de manipuler scrutins et organisations de la base»… L’autre projet tend vers cette même «banalisation» du PCC: il s’agirait, d’ici 2 ans, d’ôter tout pouvoir aux cellules du Parti en EE, leur laissant un rôle d’autorité morale, et «séparant l’administration de l’industrie».

Pour le reste, les débats seront consacrés au 10. Plan présenté ce lundi, et à ses orientations déjà connues : accentuation du « rôle du marché » (du secteur privé), de la qualité sur la quantité, de la défense de l’environnement, de la priorité à l’Ouest, de la préparation à l’OMC. Le Plan détaillera 40 objectifs économiques dont 20 nouveaux. Trois lois populistes-sociales seront débattues, dont celles du mariage (amendements), des erreurs médicales, et de la lutte contre la désertification. Le projet, honni, de taxe d’essence est une fois de plus reporté, quoique le prix à la pompe ait recommencé à descendre – l’Etat est souverain dans son pré carré, la politique -mais partout ailleurs, prend garde !

 


Editorial : ANP 2001 – Gouverner par la vertu – en attendant la nouvelle équipe…

Face aux 3000 élus, le Plenum de l’ANP, cette semaine (5-15/03), affronte une question impossible: à quand la réforme politique? L’échéance du XVI. Congrès en oct. 2002, qui nommera une équipe dirigeante «de la 4ème génération» (sous la férule probable du vice-Président Hu Jintao, 58 ans) bloque d’ici là toute innovation.

Mais les événements du début 2001 donnent plus d’actualité au débat: immolations du Falungong, regain de criminalité, taxes illégales, corruption et baisse du revenu paysan de 108Y en 1999, tandis que la Chine aurait perdu 100.000km² de terre arable en 50 ans, deux fois la surface arable du Japon… Aussi, bien des édiles ont affûté leurs questions, et 120 ministres (ou vice-ministres) ont reçu consigne de rester en ville durant la session, à disposition de l’Assemblée… De tels égards ne changent toutefois pas la donnée fondamentale: pas de réforme politique, que Jiang veut remplacer par un slogan et deux actions Le slogan: «gouverner par la vertu», signifie s’appuyer sur la morale -comme depuis 52 ans- pour prévenir la corruption. Une des actions consiste à intégrer au Parti les hommes nouveaux, chevaliers d’industrie. Tentation pragmatique mais qui risque d’ouvrir la porte aux clans et mafias, comme le redoute le Secrétaire du Parti au Zhejiang: «les patrons risquent de manipuler scrutins et organisations de la base»… L’autre projet tend vers cette même «banalisation» du PCC: il s’agirait, d’ici 2 ans, d’ôter tout pouvoir aux cellules du Parti en EE, leur laissant un rôle d’autorité morale, et «séparant l’administration de l’industrie».

Pour le reste, les débats seront consacrés au 10. Plan présenté ce lundi, et à ses orientations déjà connues : accentuation du « rôle du marché » (du secteur privé), de la qualité sur la quantité, de la défense de l’environnement, de la priorité à l’Ouest, de la préparation à l’OMC. Le Plan détaillera 40 objectifs économiques dont 20 nouveaux. Trois lois populistes-sociales seront débattues, dont celles du mariage (amendements), des erreurs médicales, et de la lutte contre la désertification. Le projet, honni, de taxe d’essence est une fois de plus reporté, quoique le prix à la pompe ait recommencé à descendre – l’Etat est souverain dans son pré carré, la politique -mais partout ailleurs, prend garde !

 


A la loupe : L’acier rattrapé par sa rouille

Fouetté par la croissance (8%), la demande publique et le plan national de sauvetage, l’acier chinois s’est bien tenu en 2000, après 6 années de crise. La fermeture de petites unités (106 entre jan-sept), et les quotas de production ont stimulé la reprise.

Ceci a permis à Baosteel (Shanghai), d’entrer en bourse ("A") en nov, avec un record de recettes –950M$. Après avoir bouclé son assainissement, débauché 200.000 métallos en 5 ans et fait éponger la plus forte «ardoise» du pays (770M$, par trois structures de défaisance), Anshan (Liaoning) a presque doublé ses profits avec 31,4M$ de jan à sept!

2001 se présente moins bien.

– Les prix repiquent du nez, ce qui pourrait inciter les aciéries à accroître la production au-delà de la demande.

–  La Chine ne fournit pas assez d’aciers spéciauxlaminés ou inox-, dont elle importera 20Mt en 2001 et plus après la suppression, dans l’OMC, des quotas et licences d’import sectoriels.

–  «Exporter ses problèmes», devient toujours plus dur: les lobbies UE et US ont chacun lancé une plainte antidumping contre les exports chinois, surtout les laminés à chaud (45.000t/mois vers la seule UE).¯ Enfin, l’appel chinois à la coopération étrangère ne soulève pas l’enthousiasme des partenaires globaux: n°1 et 2 mondiaux, Nippon Steel et Pohang St. (Corée) ont refusé d’investir dans Baosteel, tant qu’il n’aura mené à bien son inscription en bourses de NY/HK, prévue pour mi-2001.

Le 28/2, Baosteel révisait à la baisse ses profits en 2001, de 341M$ à 313M$:à l’évidence, la convalescence des aciers chinois, dure plus que ne le souhaiterait le sidérurgiste shanghaïen!■

 


Pol : de Xiamen à Canton, la bise siffle!

· Quelques jours avant l’ouverture du Plenum de l’ANP, pour faire place nette, s’est achevée une 2de série de procès de cadres de haut rang, impliqués dans la méga affaire de corruption de Xiamen (6,4MM$ de contrebande, 3,6MM$ en évasion de taxes). Le 27/02, cinq tribunaux du Fujian ont condamné 129 personnes – dont 91 fonctionnaires, et 4 à mort. Le même jour, Li Jizhou, ex Vice-Ministre de la Sécurité Publique et -ironiquement- ex vice-leader du Groupe Anti Contrebande, était jugé à Pékin, accusé d’avoir reçu 1,2M$ en  hongbao (pots de vin), de Lai Changxing, patron de Yuanhua, l’entreprise écran au coeur de la carambouille. Lai est en fuite au Canada, dans l’attente d’une décision sur sa demande d’asile. Le plus gradé parmi les 273 fonctionnaires, chefs de police et cadres mouillés dans ce scandale, Li risque la peine de mort -ce serait une première.

Au même moment, un autre procès fleuve fut bouclé à Canton. 7M$ avaient été détournés en restitutions d’impôts pour exportations fictives : sept peines capitales, manière, entre Canton et Xiamen, de mettre la maison en ordre avant l’ouverture de la session de l’ANP !


Argent : les chinois flambent pour le marché ‘B’

· Le feu vert de la CSRC aux investisseurs chinois en bourse «B» (cf VdlC n°07) a eu l’effet prévisible.

En 2 jours (26-27/2), pas moins de 341.000 comptes B ont ouvert, face aux 280.000 créés en 10 ans (et aux 57M de parts "A"). Afin de satisfaire la demande chaotique, les firmes de courtage ont fait des heures supplémentaires, sans obtenir de l’autorité de tutelle le nouveau délai qu’elles sollicitaient pour la réouverture du marché "B" (déjà reportée une 1ère fois, au 28 /02). Pour éviter les blanchiments, Pékin n’a octroyé ces comptes «B» qu’à ceux qui disposaient déjà d’un compte en devises avant le nouveau règlement. Malgré les mises en garde des médias, l’indice "B" a frôlé son plafond de 10%/j pendant trois jours après sa réouverture. Mais les échanges demeurent faibles: détenteurs de parts "B" et courtiers misent sur 50% de hausse à court terme. Les analystes restent prudents sur le long terme: Shanghai et Shenzhen ont monté de 136% et 63% en 2000, et certaines valeurs B sont notoirement peu sûres.

· L‘agro-alimentaire, secteur parmi les plus rentables,a vu ses ventes progresser de 9% en 2000, à 94,6MM$ dont 17,3 en taxes et profits(+12%), tandis que ses exports atteignaient 1,6MM$ (+14,6%). Les shanghaïens ont acheté 8,5MM$ de vivres, près du tiers du commerce de détail de la ville. Le 1er poste étant celui des produits d’ entretien. Cette bonne tenue traduit la croissance de la grande distribution de la pub, et simplement du niveau de vie. L’influx de consommation est des plus notables dans les produits laitiers: presque inconnus en ’90, ils enregistrent 25% de hausse de production en 2000, à 829.200t.

NB: dans Shanghai, ville pionnière, la consommation amorce déjà une autre voie, affinant ses goûts et se tournant vers d’autres catégories et ordres de prix -électroménager, déco d’intérieur, auto.

· Vision insolite en cette période d’après-fêtes, les centre commerciaux sont bondés. C’est que SETC et BPdC ont promulgué l’abolition du système de coupons – la date de péremption était fixée au 28/2.Emis par banques et supermarchés, distribués par l’Entreprise d’Etat aux employés(prime ou salaire), les bons permettaient au consommateur l’a-chat de marchandises, aux commerçant des rentrées fixes,et à tous,de contourner les taxes. Mais le manque à gagner pour les impôts et les abus (les coupons se sont négociés contre du liquide, permettant de financer une corruption indécelable) ont signé la -3 ème– mort du système : deux interdictions, en 1993 et déc. 1998 sont restées lettre morte. Les 40MMY/an de ce circuit en Chine, s’avérant un commerce bien trop lucratif !

· Tandis que HK poursuit l’érection du pont haubanné le plus long au monde (Stonecutters,1km), Nankin inaugure sur le Yangtzé, le plus long de Chine, 628m (3e mondial). L’ouvrage s’intègre à une liaison neuve de 21km, (2 ponts et une autoroute) enjambant l’île de Bagua. Cette voie d’une capacité de 60.000 véhicules/jour soulagera la circulation sur l’ancien pont, saturé (conçu pour 15.000, il en reçoit 50.000). 361M$ et près de quatre ans auront été nécessaires à sa construction, achevée sept mois en avance.

 

 


Politique : politique_8_2001

· Quelques jours avant l’ouverture du Plenum de l’ANP, pour faire place nette, s’est achevée une 2de série de procès de cadres de haut rang, impliqués dans la méga affaire de corruption de Xiamen (6,4MM$ de contrebande, 3,6MM$ en évasion de taxes). Le 27/02, cinq tribunaux du Fujian ont condamné 129 personnes – dont 91 fonctionnaires, et 4 à mort. Le même jour, Li Jizhou, ex Vice-Ministre de la Sécurité Publique et -ironiquement- ex vice-leader du Groupe Anti Contrebande, était jugé à Pékin, accusé d’avoir reçu 1,2M$ en  hongbao (pots de vin), de Lai Changxing, patron de Yuanhua, l’entreprise écran au coeur de la carambouille. Lai est en fuite au Canada, dans l’attente d’une décision sur sa demande d’asile. Le plus gradé parmi les 273 fonctionnaires, chefs de police et cadres mouillés dans ce scandale, Li risque la peine de mort -ce serait une première.

Au même moment, un autre procès fleuve fut bouclé à Canton. 7M$ avaient été détournés en restitutions d’impôts pour exportations fictives : sept peines capitales, manière, entre Canton et Xiamen, de mettre la maison en ordre avant l’ouverture de la session de l’ANP !


A la loupe : La Chine contre la fuite des cerveaux

L’américain ETS gère trois tests mondiaux, TOEFL, GMAT et GRE, base d’évaluation des universités US et canadiennes pour recruter leurs étudiants étrangers. Le 21/2, ETS a intenté trois procès contre New Oriental School, (NOS) n°1 chinois du bachotage (ayant à son actif, 50%  des étudiants chinois aux USA). Alerté par des notes «anormales», ETS accuse NOS d’avoir  détourné et fourni à ses jeunes une partie des sujets d’exams – 3 descentes de police chez NOS, en 5 ans, ont permis la saisie de documents suspects.

NOS, d’autre part, a notoirement vendu "l’apparence du langage courant", en employant des stylistes anglo-saxons pour "ré-écrire" les candidatures. Cette école très prospère négocie avec ETS un accommodement hors tribunal, dont l’américain accepte le principe, car "il y a trop d’étudiants impliqués".

En effet: si NOS fermait, une quantité de clones apparaîtraient en son lieu et place, tant la demande en études expatriées est forte, surtout aux US, cible des 2/3 des étudiants chinois. En 1998/1999, la Chine est devenue le premier vivier d’étudiants étrangers des US, avec 51.000, (+8,6% sur 12 mois). Cette tradition d’expatriation pour études, re-monte en fait à 150 ans. Parmi les plus grands noms, figurent Sun Yatsen (US), Deng Xiaoping (France) et Jiang Zemin (URSS), qui une fois de retour, jouèrent des rôles pivots dans l’histoire de leur pays.

Aujourd’hui, cette migration pose un problème: des jeunes partis aux US entre 1978 et 1996, seuls 15% sont retournés. La fuite des cerveaux s’ajoute au fait que la Révolution Culturelle a privé le pays d’une génération d’universitaires.

La Chine manque de M d’économistes, médecins ou avocats. Pour enrayer l’hémorragie, le pays tente les recettes classiques: salaires élevés, permis de résidence dans les grandes villes… Mais en fin de compte, le meilleur appât, pour les jeunes expatriés, serait plus de réforme économique -et politique !


Joint-venture : UE- le crépuscule des lampions chinois

· En juin 2000, sous le coup d’une enquête anti-dumping de la Commission européenne, pour les exports d’ampoules à basse consommation d’énergie, l’interprofession chinoise opta pour rejeter l’offre de conciliation du plaignant Philips, et confia sa défense à un cabinet d’avocats français. L’enjeu était de taille: 60% de ces ampoules éco. vendues dans l’UE (100M$/an) venaient de la RPC. Mais la décision préliminaire de Bruxelles (16/2), a grillé les espoirs des producteurs : 74,4% de taxes à 200 producteurs, et jusqu’à 59,6% à huit autres. Sauf infirmation du verdict en appel, le marché de l’UE est bel et bien fermé au cartel chinois: avec plus de 20% de taxes, "finis les profits" affirme une firme touchée.

· Février fut difficile pour les firmes japonaises, en Chine. JAL affronta les accusations de racisme de 100 passagers chinois (discriminés lors d’une escale), et les importations de la Pajero Mitsubishi furent interdites, après découverte de vices cachés dans le circuit de freins. Yamaha a attaqué en justice, pour vol de marque (21/2) Huatian (Zhejiang) et Nihon Yamaha (enregistrée au Japon un an plus tôt): en JV depuis octobre, Huatian/Nihon vendaient des motos sous le nom de Yamaha en alphabet, et  nihon ("Japon") en idéogrammes. Ne laissant rien au hasard, Nihon avait aussi déposé Nihon Honda, Nihon-Suzuki, Nihon-Kawasaki et Nihon-Matsushita! Yamaha, qui compte deux joint ventures en Chine (à Chongqing, Hunan), a de bonnes chances d’obtenir gain de cause.

 

 


Temps fort : Chine/USA – la dérive involontaire

Inévitables après l’émergence simultanée, en 1998, de la crise asiatique et d’une dissidence virulente, 18 mois de reprise en main en Chine ont érodé le capital d’entente péniblement créé entre Pékin et USA depuis 8 ans. Hasard et Cour Suprême ont fait coïncider avec ce raidissement, l’arrivée de G.W. Bush, qui voit en la Chine «plus un rival qu’un partenaire» (image tirée des années ’80 et de la Guerre Froide).

Depuis, tout concourt à envenimer les choses:

1. le rapport d’Amnesty (cf VDLC n°7), Ëcelui du Département d’Etat (26/02),

2. l’annonce par Bush d’une motion de censure contre la Chine au Comité «Droits de l’Homme» de l’ONU, à Genève en mars,

3. les frappes anglo-US en Irak, contre une cible installée par une firme chinoise…

4. des membres de la Chambre des Représentants ont versé la goutte faisant déborder le vase en parlant contre la candidature de Pékin aux JO, tandis que ÏWashington annonçait (1/03) des ventes d’armes imminentes à Taiwan: assez pour réveiller, en Chine, le spectre de l’isolement !

Mary Robinson, le Directeur aux Droits de l’Homme à l’ONU, a «payé pour les autres»: venue (26-27/2) à Pékin poursuivre une coopé dans le cadre d’un protocole d’accord vieux de six mois, elle plaidait pour l’abolition des  laogai (camps de réforme) et un meilleur traitement pour Xu Wenli,fondateur du Parti de la Démocratie (malade, en prison) … A Pékin, l’envoyée de l’ONU, à haut niveau, a été fraîchement reçue. Pékin d’autre part (28/2) a aussi affirmé à Washington, que les droits de l’H. aux USA ne s’étaient pas arrangés en 2000, mais que les camps chinois étaient tenus avec compassion !

Ces joutes rhétoriques n’empêchent pas la volonté, en filigrane, de conciliation: le bureau de l’ANP a ratifié, le même jour, la Convention Internationale sur les Droits Eco’Socio’ et culturels, paraphée en 1997 (tout en rejetant la section, capitale, sur les libertés syndicales). La candidature aux JO, n’étant évidemment pas étrangère à cette modération, et marquant les bornes de la volonté chinoise d’auto-affirmation !

 


Petit Peuple : à araignée, araignée et demie

· En 1992 en province du Hubei, Jingliu, verrerie d’Etat dont Wang Changlin était directeur ployait sous les dettes. Wang alla quêter conseil auprès du Grand Timonier, sur la meilleure manière de conduire sa galère! Une première citation de Mao, malheureusement non relatée, lui inspira le dégraissage des effectifs pléthoriques. Une autre phrase, "lutter pour s’améliorer, plutôt que pour des gains insignifiants", fournit au directeur le concept d’une longue marche en R&D, et d’une retraite stratégique de ses gras marchés du Hebei et du Shanxi. En prime, la même année, Mao lui rappela l’impératif de «donner aux masses»: c’était évidemment  les stock options qu’annonçait le Président du PCC! La stratégie révolutionnaire a formidablement réussi: Jingliu pénétra des nouveaux marchés avec ses produits relookés, fit son come-back sur les anciens, remboursa ses dettes en 1996, et a fait 7,8M$ de profits en 2000.

A quand l’inscription au programme de MBA de Harvard, du petit Livre Rouge?

· Alain Robert, "l’homme araignée", roi de la grimpe sur gratte-ciel (qui compte à son palmarès, parmi des 10aines d’édifices sur les 5 continents, l’Empire State Building et bien sûr la Tour Eiffel) ne décolère pas: venu à Shanghai début janvier, s’offrir les 88 étages de la Tour Jinmao (orgueil de Pudong), il dut faire antichambre en vain durant des semaines : pas d’autorisation. Sa réputation l’ayant précédé pas question cette fois de jouer les fils de l’air: il était «filé» en permanence. Mais à peine l’acrobate reparti dégoûté (15/02), et les gardes de la tour prenant (croyaient-ils) un repos bien mérité, Han Qizhi, paysan de 31 ans natif de Hefei (Anhui) fut pris d’une pulsion irrésistible: le 18/02, crachant dans ses mains et tombant la veste, il s’agrippa à la structure d’acier et entreprit l’ascension en bras de chemise et chaussures de ville, insensible aux imprécations des vigiles rouges pivoines. A quelques mètres du sommet, il fut happé par la poli-ce, les mains en sang, alors qu’il se reposait sur la balancelle des lave-carreaux. Han n’avait jamais rien gravi de sa vie. Sommé de s’expliquer, il avoua qu’il avait espéré obtenir par cet exploit, un peu de pub pour son échoppe de chaussures. C’est ce qu’on appelle  bao hu ping he -«combattre le tigre à main nue, franchir le fleuve à pied»: l’audace, jusqu’à l’inconscience. Dessaoulé de l’aventure par deux semaines à l’ombre (il est sorti le 3/3), Han jure, bon enfant, de ne plus recommencer. Contrairement à Robert qui, lui, prétend «retourner à Shanghai dans l’année» – entre le Jinmao et lui, c’est désormais une affaire personnelle!